Ressources en psychocriminologie et criminologie
Header
3 sources de traumas infantiles (ACE)

3 sources de traumas infantiles (ACE)

Le champ pénal intégre désormais de plus en plus la dimension psychotraumatiques dans ses prises en charge, compte tenu de  la base traumatique considérable de la population sous main de justice.

les « Trauma-Informed Practices » (Pratiques tenant compte des traumatismes) plaide en faveur d’une pratique et d’une réflexion tenant compte des traumatismes au cœur des services médico-légaux.

Il fournit un cadre théorique compatissant pour comprendre les liens entre les traumatismes et la délinquance. Il donne également des conseils pratiques sur la manière de travailler avec les problèmes qui sont particulièrement associés à des antécédents de traumatismes en milieu pénal et médico-légal, tels que l’automutilation et la toxicomanie, ainsi que sur la manière de travailler avec des groupes qui sont particulièrement vulnérables aux traumatismes.

Ce cadre théorique balaye également les aspects organisationnels de la fourniture de soins tenant compte des traumatismes, non seulement pour les usagers, mais aussi pour le personnel qui travaille dans des environnements médico-légaux difficiles et dangereux.

Trauma-informed-Care-et-Alliance-Therapeutique – AICS

Pratique prenant en compte les psychotraumatismes

Le traumatisme fait référence à l’expérience d’une menace réelle ou perçue sur la vie ou l’intégrité corporelle d’une personne ou d’un proche. Le traumatisme provoque un sentiment écrasant de terreur, d’horreur, d’impuissance et de peur. Le traumatisme « ponctuel » implique l’expérience d’un événement unique au cours duquel une personne a été menacée, tandis que le « traumatisme complexe » fait référence à un stress cumulatif, répétitif et généré par la personne elle-même (par exemple, des abus continus dans le contexte de relations familiales ou intimes).

Compte tenu de la nature de la population pénale, une grande partie d’entre eux auront probablement subi des traumatismes importants au cours de leur vie.

Les enfants issus de milieux négligents ou abusifs, ce qui est relativement courant parmi les populations délinquantes, éprouvent généralement des sentiments de dévalorisation, d’appréhension, de colère, de peur, d’isolement et de solitude. Ces sentiments peuvent entraîner des difficultés à établir et à maintenir des relations, à faire confiance aux autres ou à s’engager dans une affection significative et saine avec les autres.

Impacts du traumatisme :

  • Symptômes émotionnels (anxiété, peur, cauchemars, tristesse, isolement, dévalorisation, impuissance, culpabilité, honte, colère, troubles du sommeil)
  • Symptômes comportementaux et cognitifs (confusion, difficultés de concentration, retrait des autres, méfiance à l’égard des autres, perte d’intérêt pour les activités, évitement).

Les pratiques tenant compte des traumatismes font référence aux services qui sont conscients et sensibles à la dynamique des traumatismes. Malgré la prévalence des traumatismes dans notre société, de nombreuses personnes et organisations qui fournissent un soutien professionnel ne prennent pas en compte ou ne reconnaissent pas l’impact des traumatismes, et ne réagissent donc pas de manière sensible à l’expérience d’un individu.

Dans les établissements pénitentiaires en particulier, les individus peuvent souffrir de troubles de l’identité, de dysrégulation des affects, de difficultés relationnelles et ont souvent fait l’objet de plusieurs diagnostics antérieurs (par exemple, trouble de la personnalité limite, trouble intellectuel). L’intégration d’une approche des soins et de la facilitation tenant compte des traumatismes est donc très importante dans le contexte pénitentiaire. Une pratique tenant compte des traumatismes reconnaît l’importance des traumatismes pour l’individu et leur impact sur son bien-être émotionnel, psychologique et social. Si le traumatisme est négligé ou n’est pas traité avec sensibilité, il y a un risque de préjudice ou de retraumatisation pour l’individu et l’efficacité du traitement en cours s’en trouve réduite.

Objectifs d’une pratique tenant compte des traumatismes :

  • Créer un sentiment de contrôle et de responsabilisation, permettant aux individus de commencer à guérir et à aller de l’avant par rapport à leur victimisation passée.
  • Créer un environnement physiquement, émotionnellement et culturellement sûr pour toutes les personnes impliquées, en minimisant le potentiel de préjudice supplémentaire ou de retraumatisation.
  • Aider les individus à développer des méthodes prosociales et saines pour gérer les émotions fortes.

Cinq principes clés de la pratique éclairée par les traumatismes :

  1. Sécurité – Les professionnels et les bénéficiaires se sentent physiquement et psychologiquement en sécurité.
  2. Confiance (et transparence)- Les sentiments de méfiance, en particulier à l’égard des figures d’autorité, sont fréquents. Le traitement doit donc être fondé sur la transparence et l’ouverture, dans le but d’instaurer la confiance et la sécurité.
  3. Choix – Le choix dans le traitement permet aux clients de reprendre le contrôle de leur vie. Bien que le choix soit limité pour les clients sous mandat judiciaire, les professionnels doivent être attentifs aux possibilités d’offrir un choix aux bénéficiaires, par exemple en ce qui concerne l’heure et le lieu des rendez-vous, les objectifs du traitement, les stratégies de traitement préférées, etc.
  4. Collaboration – Développer un partenariat avec les bénéficiaires pour comprendre leurs besoins, favoriser le respect, l’efficacité et la dignité. La collaboration fait également référence au service au niveau de l’organisation, où toutes les politiques et interactions avec les personnes doivent se faire dans un cadre tenant compte des traumatismes.
  5. Pouvoir d’agir-Autonomisation – Les personnes ayant subi un traumatisme peuvent se sentir impuissantes et désespérées dans leur situation actuelle. Permettre à la personne de jouer un rôle actif dans le traitement en s’appuyant sur ses propres forces peut favoriser la résilience, le rétablissement et la guérison.

Et ajoutons un 6e critère: (Enjeux culturels, historiques et liés au genre) : Ce sixième aspect est noté intelligemment par Janssen (2018), mais absent, quoique discuté, dans d’autres articles, dont celui de Levenson (2017). Il est indispensable de penser aussi aux traumas ou EME vécus par l’individu sur le plan culturel (p. ex.,
autochtones), historique (p. ex., violence intergénérationnelle) ou « genral » (p. ex., être intimidé et mégenré
pendant plusieurs années).

Aborder les traumatismes révélés au cours du traitement :

  • Prendre en compte et valider les sentiments et les expériences des personnes
  • Reconnaître directement le traumatisme de la personne et y répondre avec empathie.
  • Éviter de demander trop de détails sur le traumatisme (évoquer des sentiments forts dans un contexte inapproprié peut conduire à une nouvelle traumatisation).
  • Respecter les révélations des persones (éviter de minimiser l’importance des expériences des individus)
  • Encourager l’auto-efficacité et donner aux personnes les moyens de contrôler leur vie actuelle.
  • Encourager une vision optimiste et pleine d’espoir de l’avenir.
  • Être conscient que les expériences antérieures d’une personne peuvent influencer sa volonté de s’engager dans un traitement ou une alliance thérapeutique.
  • Aider la personne à replacer ses problèmes dans le contexte de sa victimisation passée.

Comment développer une relation thérapeutique bénéfique :

  • Aborder toutes les relations thérapeutiques en tenant compte des traumatismes (que la personne  se présente ou non comme ayant vécu un traumatisme).
  • Donner la priorité à l’engagement et à l’établissement de rapports dès le début du traitement (les personnes peuvent essayer de recréer une dynamique relationnelle problématique à laquelle ils sont habitués).
  • Créez un environnement thérapeutique sûr pour la personne et pour vous-même.
  • Faire preuve de transparence, d’authenticité, de cohérence et de fiabilité
  • Veillez à rester dans votre rôle et à maintenir des limites (le sentiment d’urgence d’un individu peut conduire les cliniciens à agir d’une manière qui dépasse leur rôle).
  • Travaillez sur les ruptures de la relation (par exemple, lorsque les personnes tentent de saboter la relation d’aide).
  • Favoriser un environnement calme dans lequel la personne peut éviter le stress et accéder à un fonctionnement d’ordre supérieur (par exemple, utiliser des techniques d’ancrage et de pleine conscience, encourager l’exercice physique).
  • Essayez de prévoir les périodes de déstabilisation et planifiez en conséquence (cela peut aider les personnes à se sentir contenus).
  • Soyez conscient de la manière dont l’environnement de prise en charge peut affecter les personnes (par exemple,elles peuvent être sensibles aux aspects sensoriels de la pièce tels que le niveau de bruit, la capacité à voir les autres ou à ce que les autres les voient).
  • Prendre soin de soi régulièrement (si vous ne pouvez pas vous contrôler, vous ne pouvez pas aider les personnes à se contrôler).
  • Accéder régulièrement à la supervision
  • Veiller à ce que le traitement soit sûr sur le plan culturel (comprendre tous les facteurs susceptibles d’influencer les besoins/la présentation de la personne).

 

Le site autralien « blue knot » oeuvre à diffuser les « trauma informed principles » de façon simple et synthétique

La fiche d’information « Appliquer les principes de l’information sur les traumatismes aux conversations sur les traumatismes » a été conçue pour aider les amis et les membres de la famille à mieux soutenir les survivants dans leur vie. Elle présente les principes de l’information sur les traumatismes : la sécurité, la fiabilité, le choix, la collaboration et l’autonomisation. Ces principes constituent un bon cadre pour soutenir des relations de guérison saines. Elle montre l’importance de l’espoir et de l’optimisme dans la guérison, ainsi que l’importance de prendre soin de soi pour tous. Cette fiche d’information fait partie d’une série de ressources destinées à soutenir les personnes qui soutiennent les survivants.

Communauté professionnelle
En construisant une communauté professionnelle informée des traumatismes, qui comprend la nature des traumatismes, leurs impacts et les possibilités de rétablissement, non seulement nous soutenons et responsabilisons ceux qui travaillent avec des personnes ayant vécu des traumatismes, mais nous apprenons également à rester en bonne santé et à créer de la sécurité dans nos organisations.

Fiches d’information
La Blue Knot Foundation a élaboré plusieurs séries de fiches d’information. Celles-ci répondent aux besoins des différents groupes touchés par les traumatismes complexes, y compris les traumatismes et les abus subis pendant l’enfance. Il s’agit notamment des personnes qui en ont fait l’expérience et de celles qui les soutiennent sur le plan personnel et professionnel.

Découvrir ici les differentes fiches (EN)

 

Leur plaquette traduite reprenant l’essentiel des grands principes à aplliquer dans la conversation avec une personne ayant des sequelles post-traumatiques:

principes d’intervention prenant en compte les traumatismes__

Voir aussi: Trauma-Informed Probation Practice

https://www.russellwebster.com/trauma-informed-probation/


DÉBATDOC – HOMMES VIOLENTS : COMMENT PRÉVENIR LA RÉCIDIVE ? (LCP)

80% des hommes condamnés pour violences conjugales nient les faits qui leur sont reprochés, et 40% d’entre eux récidivent. Les conclusions du rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’égalité sur l’état des lieux du sexisme en France, publié le 23 janvier, s’inquiète de la prégnance du sexisme et même de la progression de la pensée masculiniste chez les 25-34 ans dans le pays. Que révèlent les groupes de parole et de sensibilisation aux violences conjugales auxquels peuvent participer les auteurs de ces violences ? Déni, traumatisme, injonctions à la virilité, quels sont les schémas qui se répètent ? Comment prévenir la récidive ?
Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Aline De Rolao, psychologue clinicienne , spécialisée notamment en violence conjugale et intrafamiliale, psychologue au sein du CPCA IDF (Centre de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales) et Mathieu Palain, journaliste et romancier, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis, Dans la tête des hommes violents (Les Arènes), une enquête immersive dans groupes de parole, dans une Maison des femmes et à des auditions judiciaires.

LCP fait la part belle à l’écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales….autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l’occasion d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

Les croyances sur les émotions influencent la façon dont les gens se sentent, agissent et sont en relation avec les autres.


Au cours des dernières années, des théories ont mis l’accent sur le lien entre les croyances et les émotions. De nouvelles recherches empiriques ont permis d’approfondir les effets de certaines croyances. Pour commencer, un certain nombre de psychologues ont créé des échelles d’auto-évaluation. L’Emotion Beliefs Questionnaire (EBQ), par exemple, demande aux gens dans quelle mesure ils sont d’accord avec des affirmations telles que « Les émotions négatives ne servent pas à grand-chose » et « Les gens ont beau faire, ils ne peuvent pas changer leurs émotions positives ». Une autre échelle, Individual Beliefs about Emotion (IBAE), se concentre sur des variations plus subjectives telles que « Je ne veux pas admettre que j’éprouve certains sentiments, mais je sais que je les éprouve » et « Si je me laisse aller à certains de ces sentiments, je crains d’en perdre le contrôle ».

Jennifer Veilleux, co-créatrice de l’IBAE et psychologue clinicienne à l’université de l’Arkansas, trouve ce questionnaire utile en thérapie. Si les gens pensent qu’ils doivent garder leurs sentiments pour eux, par exemple, ils risquent de ne pas les révéler, même dans le cadre d’une thérapie. Si c’est le cas, ils ne peuvent pas travailler à changer leurs sentiments, dit-elle.

Ces croyances sont importantes. Les recherches montrent que les personnes qui pensent pouvoir modifier leurs émotions éprouvent un plus grand bien-être à court et à long terme. Si elles se sentent tristes ou en colère, par exemple, elles peuvent utiliser une stratégie de régulation des émotions telle que la réévaluation cognitive pour réduire leurs sentiments douloureux.

Diversement appelée recadrage cognitif, réévaluation ou remise en question, cette technique populaire s’est avérée efficace. Un étudiant qui se sent triste de sa mauvaise note, par exemple, peut se rappeler qu’il n’a pas beaucoup étudié pour cet examen, mais que s’il étudie davantage la prochaine fois, il aura de meilleures chances de réussir. Un employé qui n’est pas promu peut se demander si l’avancement d’un collègue ayant plus d’ancienneté était juste. Il en résulte une diminution des sentiments douloureux tels que la tristesse, la colère ou la honte.

 

Voir la traduction de l’EBQ: Emotion belief Questionnaire:

EBQ croyances sur les émotions

Version originale: ebq_questionnaire_and_scoring_instructions_042020

Pour en savoir plus sur l’interêt d’investiguer les croyances sur les émotions: https://www.scientificamerican.com

« Beliefs about Emotions Influence How People Feel, Act and Relate to Others.Thinking about a range of emotions as friends rather than foes improves the quality of our life »

Ou encore:

Brett Q. Ford and James J. Gross (2019) Why Beliefs About Emotion Matter: An Emotion-Regulation Perspective

ford-gross-2018-why-beliefs-about-emotion-matter-an-emotion-regulation-perspective

Résumé de « L’importance des croyances sur les émotions : Une perspective de régulation des émotions »
« Le monde est compliqué et nous avons un grand nombre de croyances sur son fonctionnement. Ces croyances sont importantes car elles déterminent la façon dont nous interagissons avec le monde. L’un des ensembles de croyances qui a le plus d’impact est centré sur les émotions, et une littérature restreinte mais croissante a commencé à documenter les liens entre les croyances en matière d’émotions et un large éventail de croyances émotionnelles, interpersonnelles et cliniques. Nous passons ici en revue la littérature qui a commencé à examiner les croyances concernant sur les émotions, en nous concentrant sur deux croyances fondamentales, à savoir si les émotions sont bonnes ou mauvaises et si elles sont contrôlables ou incontrôlables. Nous examinons ensuite un mécanisme sous-jacent qui, selon nous, peut relier ces croyances sur les émotions aux résultats en aval, à savoir la régulation des émotions. Enfin, nous soulignons le rôle des croyances sur les émotions dans diverses disciplines psychologiques et nous esquissons plusieurs orientations prometteuses pour la recherche future.

ARTE Regards (2023) : Des prisons sans murs, un autre modèle carcéral

Émission du 13/10/2023

Surpopulation carcérale, pénurie de personnel pénitentiaire et taux de récidive élevé… le système pénitentiaire en Europe ne fait pas ses preuves. En quoi des structures ouvertes pourraient-elles permettre de sortir de l’impasse ?

Les peines d’emprisonnement sur le mode classique de l’incarcération dans un établissement pénitentiaire ont rarement un effet bénéfique sur les détenus. Nombreux sont ceux qui, à leur libération, ne parviennent pas à se réintégrer et finissent par récidiver. Pourtant, des expériences prometteuses montrent qu’un autre modèle de prison est possible.

Près de Stuttgart, l’association Seehaus prend en charge des mineurs qui ont commis des délits. La détention n’est pas ici synonyme de privation totale de liberté et d’isolement : chaque adolescent partage le quotidien d’une famille et les journées sont bien remplies grâce aux activités sportives, ménagères et culinaires, à une formation, à des temps de repos et de lecture obligatoires, l’association espère aider ces jeunes délinquants à se reconstruire.

Irmela Abrell, qui a cofondé Seehaus, a eu l’idée originale de proposer également des séances de justice restaurative. L’occasion pour ces jeunes de dialoguer avec des victimes de faits similaires à ceux qu’ils ont commis.

La Finlande a instauré un modèle de prison dite « ouverte ». 33 % des établissements du pays n’ont ni murs, ni barbelés, ni verrous. Contrairement à l’Allemagne où le régime ouvert précède la réinsertion, en Finlande, les détenus peuvent purger l’intégralité de leur peine en prison ouverte, car leur réhabilitation sociale est l’objectif majeur de la politique carcérale.

https://www.arte.tv/fr/videos/111747-003-A/arte-regards/

« La violence psychologique, c’est de la violence tout court ». Campagne de sensibilisation à la violence psychologique dans le couple. Une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Wallonie et de la CoCoF

Le contrôle coercitif est une forme insidieuse et continue de violence, souvent dans un contexte conjugal et principalement constitué de micro-agressions répétées au quotidien. Il peut inclure des incidents de violence et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces, de l’isolement et des restrictions arbitraires.

Description

Définition

C’est le professeur Evan Stark qui, en 2007, conceptualise le contrôle coercitif dans son ouvrage-phare Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life. Il y explique que les hommes ont recours au contrôle coercitif comme outil de subordination des femmes. Stark estime que les hommes se sont adaptés à l’avancée des droits des femmes en adoptant des « stratégies de contrôle et de domination moins ouvertement visibles, plus subtiles, mais tout aussi dévastatrices ». Stark rapproche le contrôle coercitif d’une cage dans laquelle la victime se sent prise au piège.

Mécaniques et conséquences

Le contrôle coercitif a une dynamique genrée puisqu’il est surtout infligé à des femmes par des hommes. Les professeurs Isabelle Côté et Simon Lapierre décrivent le contrôle coercitif comme des « micro-régulations du quotidien ». Le contrôle coercitif peut comprendre des incidents de violence précis et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces voilées, de l’isolement et des restrictions arbitraires imposées par l’agresseur. Cela conduit la victime à vivre de l’isolement, de l’auto-culpabilisation, de l’hypervigilance, et une diminution de l’estime personnelle et de l’autonomie. Certaines victimes ont rapporté des niveaux élevés d’anxiété et des crises de panique.

Le contrôle coercitif peut inclure des actes de violence physique. Si elle survient, la violence physique n’est pas un événement distinct ou exceptionnel de la dynamique relationnelle: elle est plutôt un outil déployé par l’agresseur pour contrôler la victime. Le conjoint violent peut menacer de recourir à la force, et parfois y recourir, comme stratégie pour instaurer un climat de terreur et réaffirmer son contrôle. Un unique épisode de violence physique peut d’ailleurs « suffire à terroriser une victime pendant plusieurs années ». On note aussi que la présence du contrôle coercitif dans une relation est un prédicateur de violences aggravées, y compris de violences sexuelles, de féminicides et de filicides.

Modes opératoires du contrôle coercitif

Selon le modèle de Duluth développé par le DAIP – Domestic Abuse Intervention Program de la ville éponyme, aux Etats-Unis, l’auteur des violences établit son pouvoir et son contrôle de différentes manières (recensées dans le graphique synthétique « La roue du pouvoir et du contrôle »). Le recours à la violence physique et sexuelle, qui est représentée sur le pourtour de la roue, n’en est qu’une, presque marginale. Les autres sont le recours à l’intimidation, le recours à la violence émotionnelle, l’isolement, le fait de nier les violences et d’inverser la culpabilité, le fait de se servir des enfants pour atteindre sa conjointe, le fait de recourir aux menaces, le fait de recourir aux violences économiques et administratives ; et enfin, le fait d’utiliser ses privilèges masculins, ce qui permet de comprendre pourquoi les violences conjugales sont prioritairement le fait d’hommes, engagés dans des relations hétérosexuelles. Ces grandes catégories peuvent se décliner de mille manières telles que : le fait d’imposer des règles de conduite arbitraires (par exemple, l’imposition d’un couvre-feu ou l’obligation de répondre à un texto dans un délai de deux minutes) ; le fait de conduire dangereusement sous l’effet de la colère alors que la victime est passagère ; le fait d’accuser la victime d’infidélité ; le refus de consentir à un traitement médical ou à une thérapie pour un enfant qu’il co-parente avec la victime ; le contrôle de l’habillement de la victime ; le chantage au suicide, par exemple,.

Le contrôle coercitif est un cumul de tactiques abusives qui existent les unes par rapport aux autres. Cela signifie qu’une personne qui accuserait sa partenaire d’infidélité à une reprise, dans une relation autrement saine, ne commet pas nécessairement de contrôle coercitif. Cet événement sera constitutif d’un abus si il fait partie d’un schéma plus large d’humiliation, de micro-gestion et d’isolement.

Impacts négatifs du contrôle coercitif sur les enfants

Dans un contexte familial, le contrôle coercitif est un choix parental qui est préjudiciable aux enfants. Les enfants sont souvent exposés aux abus subis par leur parent, et peuvent être ciblés ou même utilisés par leur père pour contrôler leur mère. Par exemple, une étude qualitative menée au Royaume-Uni a révélé que les pères abusifs empêchent souvent leurs enfants d’interagir avec leurs mère et grands-parents, de rendre visite à leurs ami.e.s et de participer à des activités parascolaires. La chercheuse Emma Katz explique que le contrôle coercitif place les enfants dans un monde « isolé » et « contraint », ce qui peut empêcher leur croissance émotionnelle. Une autre étude a documenté comment le parent abusif parvient parfois à contrôler sa conjointe ou son ex-conjointe en recrutant leurs enfants pour saper leur relation avec leur mère, et l’isoler davantage au sein de l’unité familiale.

L’étude met en évidence la manière dont un auteur de violences peut « plaisanter et jouer, dépense de l’argent pour eux [les enfants] ou les emmener faire des choses » afin de former une alliance, ce qui peut amener les enfants à considérer le parent violent comme « amusant » et à blâmer le parent non-violent pour l’abus. [notre traduction]

Aussi, les enfants sont privés de la disponibilité émotionnelle de leur parent abusé. La thérapeute Danielle McLeod a expliqué comment un père abusif peut « s’attaquer au rôle parental de la victime » et cibler le respect des enfants pour leur mère. Cette tactique laissera souvent les mères « émotionnellement épuisées et distantes » puisque leur conjoint ou ex-conjoint les fait sentir “qu’elles n’ont plus rien à donner en tant que parent”.

 

Facteurs de risque

Ce sont majoritairement des hommes qui font subir le contrôle coercitif à leur conjointe. Ces violences perdurent souvent dans un contexte post-séparation. La rupture est un moment particulièrement dangereux pour les femmes qui subissent un contrôle coercitif, qui deviennent alors à risque de subir des violences graves, notamment le féminicide et le filicide

Source: wikipedia

Voire aussi: https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jr/peut-can/peut-can.pdf

Terry Robinson et Kent Berridge qui ont publié en 1993 un article de 45 pages sur les fondements neuronaux de la soif de drogue, enrichi d’un panorama des théories de la dépendance .Cet article fut suivi de tentatives répétées pour travailler sur le concept de saillance incitative et son fondement neuronal dans un article de 60 pages publié en 1998, ainsi que dans un article de 27 pages publié en 2000 . L’hypothèse générale de Robinson et Berridge (1993) est que le cerveau sera affecté par la consommation de drogue de telle manière que le système neuronal responsable du désir de drogue pourrait devenir hyper-sensible et produire alors des ‘saillances’ de stimuli liées à la drogue en forte augmentation. La saillance augmente au point où se développe la dépendance, un comportement que même les toxicomanes eux-mêmes ne comprennent pas. Ils travaillent sur une perception de la dépendance qui postule l’existence d’une condition qui annule les ‘désincitations’ normales. En fait, ils tentent de fournir un ensemble d’hypothèses fondées sur la neurologie qui permettent de comprendre pourquoi les personnes dépendantes persistent dans un comportement que la plupart des gens perçoivent comme contreproductif ou destructeur et restent insensibles à ce qui conduirait des personnes (normales) comme nous à arrêter. Un aspect essentiel de leur perception de certaines dépendances est qu’elles sont ‘obsessionnelles’, définies comme un ‘comportement compulsif, stéréotypé et répétitif’ (1993, 276) dénué de motivation rationnelle. « Le ‘désir’ évolue en soif obsessionnelle et il s’agit manifestement sur le plan comportemental de recherche de drogue et de prise de drogue compulsives. Par conséquent, selon cette perspective, le besoin de drogue et un comportement de dépendance sont dus spécifiquement à la sensibilisation de la saillance incitative ». (1993, 249). Tout au long de leur article, ces auteurs reviennent à des perceptions des comportements de dépendance aux drogues dans lesquels la poursuite de l’usage de drogues fondée sur des motivations rationnelles, compréhensibles et constructives est tout simplement absente. Ils proposent un grand nombre de références portant (principalement) sur des expérimentations animales dans lesquelles des zones particulières du cerveau sont étudiées. Etant donné la notion de ‘désir’ qu’ils retiennent (liking), l’expérimentation animale est impossible, de sorte qu’ici également ils postulent l’irrationalité du comportement de dépendance. « Le besoin est un ‘désir’ de drogue obsessionnel, irrationnel et pathologiquement intense qui ne repose sur aucune raison évidente, et qui mène à un comportement compulsif de recherche de drogue et de prise de drogue » (1993, 272). Berridge et Robinson ne parlent pas du fait de désirer désespérément une personne qui vous manque, la liberté ou des vacances, ainsi que des adaptations neurologiques (les sensibilisations) que cela entraîne, et c’est bien dommage. A moins que ces besoins ne soient compris, il n’y a pas de raison de suspecter qu’ils sont différents du besoin de drogue, excepté pour ce qui concerne leurs conséquences légales. «Une perception de la dépendance fondée sur l’incitation-sensibilisation suggère que pour ‘soigner’ véritablement la dépendance, il faut cibler directement et inverser les neuro-adaptations qui sous-tendent la sensibilisation » (1993, 271). Les techniques de TEP ou d’IRM fonctionnelle doivent jouer un rôle croissant dans la recherche de preuves de ces neuro-adaptations.

Pour en savoir plus: http://www.annecoppel.fr/limperatrice-nue-les-neurosciences-modernes-et-le-concept-de-dependance/

Timothy-Leary

L’une des études les plus célèbres en psychiatrie est celle menée sur les détenus de la prison de Concord au début des années 1960. Un groupe de chercheurs de Harvard, dirigé par Timothy Leary, a traité un groupe de détenus avec de la psilocybine, une drogue dérivée de champignons hallucinogènes. Ils voulaient savoir si les drogues hallucinogènes, associées à une thérapie, pouvaient rendre les détenus moins susceptibles de commettre des crimes à l’avenir.

Quelque temps après la libération du groupe de prisonniers, les chercheurs ont annoncé des résultats surprenants. Il était prévu qu’environ 64 % des prisonniers reviendraient au bout de six mois. Or, seuls 25 % d’entre eux sont revenus. Qui plus est, au lieu d’être incarcérés pour de nouveaux délits, la plupart d’entre eux étaient de retour en prison en raison de violations techniques de leur liberté conditionnelle. Lorsque Leary a continué à suivre le groupe de prisonniers, le taux de récidive est resté nettement inférieur au niveau attendu. Il semblait que les drogues psychoactives pouvaient faire une énorme différence dans le taux de récidive, et peut-être créer une société plus pacifique.

Cela n’a pas fait l’affaire des autorités, et il s’est avéré que cela n’aurait pas dû être le cas. Un examen à long terme de l’étude, réalisé dans les années 1990, révèle que certaines libertés ont été prises dans l’analyse des données. Bien qu’une partie seulement des dossiers ait pu être récupérée, ces dossiers constituent un échantillon aléatoire du groupe d’origine et peuvent représenter l’expérience initiale. D’une part, il semble que Leary ait comparé le taux de réincarcération des prisonniers traités 10 mois après leur libération à celui d’autres groupes 30 mois après leur libération. Rien ne prouve non plus que l’équilibre entre les nouveaux délits et les violations techniques de la liberté conditionnelle soit ce que Leary prétendait qu’il était. Il n’a compté que les raisons pour lesquelles les personnes étaient retournées en prison au départ – et si elles étaient en liberté conditionnelle, elles étaient toujours enregistrées comme retournant en prison en raison d’une violation de la liberté conditionnelle, même si cette violation de la liberté conditionnelle constituait un nouveau délit.

Mais une nouvelle recherche menée par Doblin R (1998, U d’Harvard) a relancé les investigations sur la recherche initiale de Timothy Leary (Rick Doblin (1998) Journal of Psychoactive Drugs, Dr. Leary’s Concord Prison Experiment: A 34-Year Follow-up Study, Kennedy School of Government, Harvard University, Published online: 06 Sep 2011.)

Résumé
Cette étude est un suivi à long terme de l’expérience de la prison de Concord, l’une des études les plus connues dans la littérature sur la psychothérapie psychédélique. L’expérience de la prison de Concord a été menée de 1961 à 1963 par une équipe de chercheurs de l’Université Harvard sous la direction de Timothy Leary. L’étude originale consistait à administrer une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine à 32 prisonniers dans le but de réduire les taux de récidive. Cette étude de suivi a consisté en une recherche dans les dossiers du système de justice pénale de l’État et du gouvernement fédéral de 21 des 32 sujets initiaux, ainsi qu’en des entretiens personnels avec deux des sujets et trois des chercheurs : Timothy Leary, Ralph Metzner et Gunther Weil. Les résultats de l’étude de suivi indiquent que les affirmations publiées sur l’effet du traitement étaient erronées. Cette étude de suivi confirme l’accent mis dans les rapports originaux sur la nécessité d’intégrer la psychothérapie assistée par la psilocybine avec les détenus dans un plan de traitement global comprenant des programmes de soutien de groupe non médicamenteux après la libération. Malgré les efforts considérables de l’équipe expérimentale pour fournir un soutien après la libération, ces services n’ont pas été suffisamment disponibles pour les sujets de cette étude. La question de savoir si un nouveau programme de psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine et des programmes post-libération permettraient de réduire de manière significative les taux de récidive est une question empirique qui mérite d’être abordée dans le cadre d’une nouvelle expérience.

 

CONCLUSION
L’échec de la Concord Prison Experiment à générer une réduction des taux de récidive ne doit pas être considéré comme une preuve de l’absence de valeur des psychédéliques en tant que compléments à la psychothérapie chez les criminels. Au contraire, l’échec de l’expérience de la prison de Concord devrait mettre fin au mythe des psychédéliques comme des balles magiques, dont l’ingestion conférerait automatiquement une sagesse aux criminelset créerait un changement durable après une seule ou même une seule fois. de la sagesse et créer un changement durable après une seule ou même quelques expériences.
Un changement de personnalité peut être plus probable après une expérience psychédélique cathartique et perspicace, mais seul un travail soutenu après la disparition de la drogue permettra d’ancrer et de consolider tout mouvement vers la guérison et le changement de comportement. Les expériences psychédéliques ne sont pas suffisantes en elles-mêmes pour produire un changement durable. Leary, qui a écrit sur l’importance du cadre, le savait mieux que quiconque : « La principale conclusion de notre étude pilote de deux ans est que les programmes institutionnels, aussi efficaces soient-ils, comptent peu une fois que l’ex-détenu se retrouve dans la rue. Les pressions sociales auxquelles ils sont confrontés sont si écrasantes qu’elles rendent le changement très difficile ». (Leary 1969).

Leary a pris le temps, lors de l’entretien de suivi mené peu avant sa mort, de réitérer ce qu’il avait précédemment affirmé être la principale leçon de l’expérience de la prison de Concord : la clé d’une réduction à long terme des taux de récidive pourrait être la combinaison de l’administration avant la libération d’une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine avec un programme complet de suivi après la libération, sur le modèle des groupes des Alcooliques Anonymes, afin d’offrir un soutien aux prisonniers libérés. Bien entendu, il est probable que les programmes de suivi après la libération soient bénéfiques pour toutes les personnes libérées de prison, qu’elles aient bénéficié d’une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine, d’une aide aux toxicomanes, d’une formation professionnelle, d’un traitement psychologique non médicamenteux, de tout autre programme visant à réduire la récidive, ou même d’aucun traitement du tout. En raison des effets psychologiques profonds de la psilocybine, un programme post-libération pour les sujets ayant reçu de la psilocybine pourrait être différent, tant dans son contenu que dans son importance, des programmes destinés aux sujets ayant reçu d’autres interventions. La question de savoir si un nouveau programme de psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine et des programmes postlibération permettraient de réduire de manière significative les taux de récidive est une question empirique qui mérite d’être abordée dans le cadre d’une nouvelle expérience.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9924845/