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PANSS (Positive and Negative Syndrome Scale)

Un  diagnostic de  schizophrénie repose sur une évaluation clinique, qui évalue la présence de symptômes caractéristiques de la schizophrénie, tels que :
  • Symptômes positifs : Hallucinations (souvent auditives), délires, pensée désorganisée.
  • Symptômes négatifs : Aplasie émotionnelle, anhédonie, retrait social.
  • Symptômes cognitifs : Troubles de la mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives.
  • Durée : Les symptômes doivent persister pendant au moins 6 mois, avec au moins 1 mois de symptômes actifs.
  • Exclusion : Les symptômes ne doivent pas être attribuables à une autre condition (ex. : trouble bipolaire, usage de substances, lésions cérébrales).

Certains questionnaires et échelles comme la PANSS sont utilisés pour évaluer les symptômes, faciliter le dépistage ou soutenir le diagnostic.

L’échelle PANSS est l’outil le plus utilisé pour évaluer les symptômes de la schizophrénie. Elle mesure 30 items répartis en trois sous-échelles : symptômes positifs (7 items), symptômes négatifs (7 items) et psychopathologie générale (16 items).
Utilisation : Administrée lors d’un entretien semi-structuré. Elle aide à confirmer la présence de symptômes psychotiques et à évaluer leur sévérité.
Exemple : Évalue l’intensité des délires, des hallucinations, du retrait social ou de la désorganisation de la pensée.

Il peut également être trés utile d’utilser des outils de dépistage précoce, pour reperer les signes prodromiques (signes précoces avant un épisode psychotique complet) de la maladie, chez des personnes à risque de psychose ou présentant des symptômes prodromiques :

C’est le cas du trés interessant PQ-16:

PQ-16 (Prodromal Questionnaire – 16 items) :

Il s’agit d’un questionnaire court d’auto-évaluation conçu pour dépister les symptômes prodromiques de la psychose, comme des expériences perceptives inhabituelles, des pensées paranoïdes ou des difficultés cognitives.
Utilisation : Utilisé dans des populations à risque (ex. : jeunes adultes avec antécédents familiaux ou symptômes légers). Un score élevé indique un besoin d’évaluation clinique approfondie.

Le PQ-16 vise à repérer les personnes qui présentent des symptômes perceptifs ou cognitifs inhabituels (hallucinations légères, idées de référence, etc.) afin de déterminer si une évaluation plus approfondie est nécessaire.

Structure :

Le questionnaire contient 16 questions à choix dichotomique (oui/non), centrées sur des expériences psychotiques ou quasi-psychotiques, telles que :

  • Avoir entendu des voix que les autres ne peuvent pas entendre

  • Se sentir observé sans raison

  • Croire que certains événements sont spécialement destinés à soi

  • Difficultés de concentration ou confusion mentale inhabituelle

Pour chaque réponse « oui », un niveau de détresse associé à cette expérience est souvent évalué sur une échelle de 1 à 4 (non systématiquement dans toutes les versions).

Exemple de question :
  • « Entendez-vous parfois des voix ou des sons que d’autres ne semblent pas entendre ? »
  • « Vous est-il arrivé de penser que des gens pouvaient lire dans vos pensées ? »
  • « Avez-vous eu l’impression que les choses autour de vous n’étaient pas réelles, comme dans un rêve ? »

Durée : environ 5 à 10 minutes

  • Suivi : un score élevé nécessite généralement une évaluation clinique approfondie, souvent avec une entrevue comme le SIPS (Structured Interview for Prodromal Syndromes) ou le CAARMS (Comprehensive Assessment of At-Risk Mental States).

Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), intitulé « La réinsertion des personnes détenues : l’affaire de tous et toutes » (2019), offre une analyse approfondie des défis liés à la réinsertion des personnes détenues en France, avec des recommandations concrètes pour améliorer les politiques publiques.
Le rapport s’inscrit dans un contexte de préoccupations croissantes sur l’efficacité du système pénitentiaire français en matière de réinsertion. Adopté le 26 novembre 2019, il fait suite à une saisine du Premier ministre et s’appuie sur un précédent avis de 2006 qui avait déjà alerté sur les lacunes en matière de réinsertion. Malgré des avancées, comme la création du Contrôleur général des lieux de privation de liberté et la loi pénitentiaire de 2009, les progrès restent insuffisants. La surpopulation carcérale est un enjeu majeur, avec près de 71 000 personnes détenues en 2019, contre 60 000 en 2006, et des établissements souvent surchargés (occupation moyenne des maisons d’arrêt à 138 %). Cette situation est exacerbée par une politique centrée sur la sécurité plutôt que sur la réinsertion, avec un ratio d’un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) pour 80 personnes sous supervision, loin des normes européennes.
Le rapport souligne que la prison peut avoir des effets désocialisants, déresponsabilisants, créant ou aggravant des ruptures sociales, familiales et professionnelles. Cela est particulièrement marqué pour les courtes peines, qui représentent 62 % des condamnations (inférieures à deux ans) et 46 % (inférieures à un an), mais qui ne permettent pas une préparation adéquate à la sortie.
Données et statistiques
Les données présentées dans le rapport offrent un éclairage précis sur la situation. Les taux de récidive varient fortement selon le type de libération :
  • 63 % pour les sorties sèches (sans accompagnement), ce qui reflète les difficultés de réinsertion sans soutien.
  • 39 % pour les libérations conditionnelles, indiquant un effet protecteur du suivi post-libération.
  • 34 % pour les peines de travail d’intérêt général (TIG), montrant l’efficacité relative des mesures communautaires.
D’autres chiffres soulignent les obstacles à la réinsertion :
  • Seulement 28 % des détenus ont un travail rémunéré en prison, contre 46,2 % en 2000, avec 1 205 postes pour 2 294 opérateurs dans des secteurs comme la confection, le bois ou la métallurgie, souvent des emplois peu qualifiés (tri, nettoyage) ne développant pas de compétences transférables.
  • 14 % des détenus bénéficient d’une formation professionnelle, malgré un coût mensuel moyen de 200 € par détenu pour des services comme la cantine, la télévision ou le téléphone.
  • En 2017, 28 % des personnes libérées n’avaient pas de logement, un facteur aggravant le risque de récidive.
  • Le profil des détenus montre que 44 % ont entre 18 et 30 ans, 76 % ont un niveau d’éducation inférieur ou égal au CAP, et 9 % sont sans domicile fixe, ce qui complique leur réinsertion.
Le budget de la justice en France (65,9 € par habitant) est également inférieur à celui de pays comparables comme l’Allemagne (121,9 €), les Pays-Bas (119,2 €) ou la Suède (118,6 €), limitant les ressources pour des programmes de réinsertion.
Recommandations et axes d’action
Le rapport propose quatre axes principaux pour transformer le système et favoriser la réinsertion, avec des mesures concrètes et des objectifs chiffrés :
  1. Développer les alternatives à l’incarcération :
    • Faire des alternatives une priorité de la politique pénale, avec des outils comme la surveillance électronique (2 376 peines en 2019), le TIG (36 614 peines) et les sursis avec mise à l’épreuve (120 572).
    • Atteindre 5 000 places en semi-liberté et en placement externe, contre 903 et 1 643 respectivement en 2019.
    • Améliorer la visibilité via des tableaux de bord et des indicateurs, et envisager de baisser le seuil d’ajustement des peines à deux ans (proposition rejetée par le ministre).
    • S’inspirer de modèles comme la Finlande, qui a réduit sa population carcérale de trois en 50 ans.
  2. Mettre en œuvre les moyens de la réinsertion :
    • Organiser les peines autour de la réinsertion, avec une individualisation des parcours.
    • Améliorer l’accès aux soins de santé, notamment avec des bilans de santé à l’entrée en détention, et garantir l’accès aux droits sociaux (identité, papiers de résidence).
    • Maintenir les liens familiaux, essentiels pour la réinsertion, et promouvoir la culture, le sport et l’expression des détenus.
    • Favoriser l’emploi et la formation, en transformant les contrats de travail en prison en outils couvrant les droits au chômage, à la retraite et à la formation. Par exemple, proposer des contrats spécifiques pour les détenus, avec des incitations pour les employeurs via la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
    • Adresser les problèmes de logement, avec des référents SIAO (Service d’Insertion et d’Accès au Logement) et des structures de transition, notamment pour les courtes peines, en facilitant l’accès au logement social.
  3. Faire de la réinsertion un objectif partagé :
    • Créer un comité interministériel pour fixer des objectifs et des indicateurs de réinsertion, avec un service national autonome pour le suivi des personnes libérées.
    • Développer des comités locaux de réinsertion pour coordonner les acteurs (associations, collectivités, services publics).
    • Augmenter le nombre de CPIP pour respecter les normes européennes, avec un objectif d’un conseiller pour 60 personnes (contre jusqu’à 130 actuellement), nécessitant le recrutement de 1 300 nouveaux postes en 2019, dont 400 pour les SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation).
    • Assurer une diversité des profils dans le recrutement et la formation des CPIP, avec actuellement 60 % de diplômés en droit et seulement 7 % en travail social.
  4. Encourager le débat public et l’analyse :
    • Demander à la Cour des Comptes de comparer les coûts de la détention et des alternatives, pour démontrer l’efficacité économique des mesures communautaires.
    • Étudier les profils pénaux et sociaux des détenus, leur santé mentale et physique, et leurs parcours de réinsertion, pour mieux adapter les politiques.
    • Fixer des objectifs de réduction de la population carcérale par juridiction, avec des indicateurs clairs pour mesurer les progrès.
Le rapport souligne que la France reste en retard par rapport aux standards européens en matière de réinsertion, avec des conditions de détention souvent critiquées pour leur indignité. La ministre de la Justice, présente lors du vote, s’est engagée à une expertise des propositions, mais des doutes subsistent sur la mise en œuvre, notamment en raison des contraintes budgétaires et des priorités sécuritaires. Le vote a été largement approuvé (153 voix pour, 0 contre, 2 abstentions), reflétant un consensus sur l’urgence d’agir.

C’est quoi les CCP?

avril 30th, 2025 | Publié par crisostome dans CCP - (0 Commentaire)
Les CCP sont un ensemble de pratiques fondées sur des preuves scientifiques utilisées dans les contextes correctionnels pour améliorer les résultats des personnes sous surveillance, tant en milieu carcéral qu’en supervision communautaire (probation ou libération conditionnelle).
Elles s’inscrivent dans un cadre plus large de pratiques basées sur des preuves, visant à réduire la récidive en favorisant des relations thérapeutiques efficaces et en appliquant des techniques cognitivo-comportementales.
Une source clé, un rapport du Bureau of Justice Assistance (BJA) du département de la Justice des États-Unis, évalue l’application des CCP dans le programme West Virginia Offender Reentry Initiative (WVORI), en se concentrant sur les services de pré-libération et leur conformité aux pratiques efficaces. Les CCP sont décrites comme enracinées dans les caractéristiques du personnel et les relations staff-détenus, ayant un impact significatif sur la réduction de la récidive.
Composantes des CCP
Les CCP incluent cinq dimensions principales, telles que détaillées dans le rapport BJA et corroborées par des études comme celles de Dowden et Andrews (2004).

La première composante des CCP est l’utilisation efficace de l’autorité et peut être résumée de manière convaincante comme une approche « ferme mais juste » pour interagir avec les délinquants. Plus précisément, les fournisseurs de traitements correctionnels devraient expliciter les règles formelles associées au milieu correctionnel de manière à les rendre plus visibles, compréhensibles et non ambiguës dans leur application. En outre, les prestataires de traitement doivent chercher à faire respecter ces règles par le biais d’un renforcement positif tout en évitant la domination interpersonnelle ou les abus.

La deuxième composante des CCP implique que les prestataires de traitement modèlent et renforcent de manière appropriée les attitudes et les comportements anticriminels par un renforcement positif et/ou négatif directif. L’objectif sous-jacent de cette approche est que les délinquants apprennent des modèles d’attitudes, de cognitions et de comportements prosociaux et anticriminels grâce à leurs interactions régulières avec le personnel de première ligne. Cette composante est largement basée sur la perspective du renforcement personnel, interpersonnel et communautaire (PIC-R) du comportement criminel développée par Andrews (1982). Selon cette perspective, la probabilité qu’un individu adopte un comportement criminel dépend directement des modes de communication ou des types de comportement qui sont modélisés, répétés et renforcés pour le délinquant. En d’autres termes, les délinquants doivent avoir un comportement et/ou des sentiments anticriminels modélisés et renforcés de manière appropriée pour que le traitement correctionnel soit efficace. Les membres du personnel qui renforcent ou ne contrecarrent pas les sentiments ou les comportements procriminels compromettent gravement l’intégrité des efforts de réadaptation et peuvent même accroître la récidive criminelle.

La troisième composante des CCP consiste à enseigner au délinquant des techniques concrètes de résolution des problèmes. Il s’agit de tirer parti des connaissances et des compétences du prestataire de traitement pour amener le délinquant à résoudre les principaux obstacles qui entraînent une diminution des niveaux de satisfaction et de récompense pour les activités non criminelles. Ces efforts de résolution de problèmes peuvent être mieux classés dans deux sphères d’influence, à savoir les problèmes communautaires/interpersonnels (travail, famille, éducation, pairs, financement et logement) et les problèmes récréatifs ou personnels/émotionnels.

L’utilisation efficace des ressources communautaires est la quatrième composante majeure des CCP. Elle est également communément désignée sous le nom de défense des intérêts/intermédiation (advocacy/brokerage) et est considérée comme un sous-ensemble particulier de la composante de résolution des problèmes des CCP. Le prestataire de traitement (ou plus souvent l’agent de probation) doit participer activement à la mise en place des services correctionnels les plus appropriés (c’est-à-dire l’orientation vers un emploi ou un service médical) pour le client. Il convient toutefois de noter que la valeur de ces services dépend de la mesure dans laquelle ils sont disponibles dans la communauté environnante.

La cinquième et dernière composante des CCP, les facteurs relationnels, est sans doute la plus importante. Essentiellement, cette approche soutient que l’influence interpersonnelle exercée par le membre du personnel correctionnel est maximisée dans des conditions caractérisées par une communication ouverte, chaleureuse et enthousiaste. Une considération tout aussi importante est le développement d’un respect mutuel et d’une sympathie entre le délinquant et le membre du personnel correctionnel. Cette approche affirme que les interventions correctionnelles seront plus efficaces lorsque ces types de relations existent au sein du programme de traitement.

Il convient de noter que l’utilité thérapeutique de cette dimension est étayée par la littérature sur la psychothérapie, où elle est qualifiée de capacité à favoriser une alliance thérapeutique. Dans une étude récente, Lambert et Barley (2001) ont constaté que jusqu’à 30 % de l’amélioration des patients était attribuable à ces facteurs, ce qui appuie son application dans le domaine du traitement correctionnel. » Dowden & Andrews 2004

Autre description des CCP dans la prise en charge des mineurs (Youth Justice Board (2013) A retrouver dans l’ouvrage : Evidence-Based Skills in criminal Justice)

Modélisation prosociale:

  • Modélisation d’attitudes et de comportements prosociaux à l’aide de jeux de rôle adaptés afin d’encourager les jeunes à apprendre de nouveaux comportements.
  • Utiliser des modèles d’adaptation pour montrer de manière vivante aux jeunes les stratégies prosociales qui peuvent être utilisées pour faire face à des situations problématiques.
Renforcement efficace:

  • Utiliser des renforcements positifs tels que les valorisations et les récompenses pour renforcer un comportement prosocial spécifique, plutôt que d’utiliser des mesures punitives.
  • Offrir des renforcements clairement décrits et un soutien accru immédiatement après que le jeune ait adopté le comportement souhaité.
  • Encourager le jeune à réfléchir aux raisons des renforcements et aux avantages à long terme du comportement souhaité.
Désapprobation efficace: 

  • Remettre en question une attitude ou un comportement antisocial spécifique en manifestant sa désapprobation sans porter de jugement ou d’accusation.
  • Montrer sa désapprobation d’une manière non culpabilisante immédiatement après un comportement ou un discours négatif et en expliquant les raisons de la désapprobation.Modéliser des alternatives prosociales et encourager le jeune à réfléchir aux raisons pour lesquelles le comportement est inacceptable et sur les conséquences à long terme d’un tel comportement.
  • Cesser la désapprobation une fois que le comportement est corrigé et en approuvant l’effort du jeune pour changer de comportement.
Résolution de problèmes:

  • Travailler avec les jeunes pour les aider à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes ou des compétences sociales pour faire face à divers problèmes ou situations qui les exposent à un risque de délinquance. Il s’agit de l’identification des problèmes qui affectent le comportement, d’identifier et d’évaluer les objectifs et les solutions, et de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer un plan d’action clair (sans critiquer le jeune à aucun moment).
  • Utile pour aider les jeunes à se rendre compte qu’ils ont les compétences d’identifier leurs objectifs et de résoudre leurs problèmes. Cela peut leur donner un sentiment de force personnelle, de contrôle et d’autodétermination, autant d’éléments considérés comme des dimensions clés de la désistance (voir, par exemple, Maruna et LeBel  2010 ; McNeill, 2006).
Renforcement des compétences prosociales (à l’aide de procédures structurées):

  • Une partie du processus consistant à aider les jeunes à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes consiste à travailler en collaboration avec le jeune pour identifier et mettre en pratique de nouvelles compétences prosociales.
  • Cela implique de définir clairement la compétence pour le jeune, de modéliser la compétence, utiliser le jeu de rôle pour encourager le jeune à pratiquer les compétences dans plusieurs scénarios, y compris des scénarios qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer pour le jeune de manière prosociale.
  • Cela aide le jeune à acquérir des compétences prosociales pour répondre à des situations problématiques. Un retour d’information et des recommandations d’amélioration doivent également être proposés.
Utilisation efficace de l’autorité:

  • Se concentrer sur le comportement du jeune plutôt que sur le jeune, en donnant des directives claires, en utilisant une voix normale plutôt qu’une voix intimidante ou élevée, en clarifiant les rôles et en maintenant un équilibre adéquat entre dimensions d’attention et de contrôle de la pratique, en étant encourageant, fiable et orienté vers l’action, respectueux même lorsque des problèmes de respect des règles se posent, récompensant et louant le respect des règles.
Restructuration cognitive:

  • Encourager le jeune à identifier et à décrire les situations qui déclenchent des pensées, des sentiments et des émotions à risque, qui pourraient donner lieu à des comportements délinquants.
  • Encourager le jeune à acquérir les compétences nécessaires pour les remplacer par des pensées alternatives rationnelles et prosociales.
  • Offrir au jeune la possibilité de mettre en pratique les compétences qu’il est en train d’acquérir.
Pratiques relationnelles:

  • Être optimiste quant à la capacité du jeune à obtenir un changement positif; faire preuve de respect, d’empathie, de chaleur, d’enthousiasme, de flexibilité et d’engagement à fournir de l’aide et du soutien ;
  • être axé sur la recherche de solutions;
  • faire preuve de maturité ;
  • montrer sa capacité à utiliser des jeux de rôle pour modéliser un comportement prosocial ;
  • se concentrer sur les solutions et non sur les problèmes;
  • ne pas porter de jugement.
  • De bonnes relations de travail sont considérées comme vitales pour la désistance.
L’entretien motivationnel: 

  • Pratique centrée sur le client impliquant une bonne relation de supervision qui engage le jeune, en suscitant la motivation à changer en utilisant des questions évocatrices et d’autres pour mettre en évidence les divergences entre l’état actuel et l’état souhaité, en utilisant des techniques de questionnement plutôt que de confrontation pour contrer la résistance, en aidant le jeune à développer son efficacité personnelle et en faisant preuve d’empathie.
Communication interinstitutionnelle /utilisation des ressources communautaires:

  • Offrir des services de défense et d’intermédiation en facilitant l’accès aux services d’aide sociale qui peuvent aider à résoudre les problèmes liés à la toxicomanie, les problèmes socio-économiques et les problèmes liés à l’abus de substances, les problèmes socio-économiques tels que les difficultés liées à l’éducation, au logement et à l’emploi, ainsi que d’autres problèmes connexes. (Voir Andrews et Kiessling, 1980 ; Miller et Rollnick, 2012 ; Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Gendreau et al, 2010)
Évaluation et Mesures des CCP
Les CCP sont souvent évaluées à travers des échelles et des indicateurs spécifiques pour mesurer leur adhérence et leur efficacité. Le rapport BJA fournit des données détaillées à partir d’une enquête auprès des détenus, avec des corrélations entre les perceptions des CCP et la préparation à la libération. Voici un tableau des mesures composites et leurs corrélations (Pearson’s R) avec la préparation à la libération, extrait du rapport :
Mesure Composite des CCP
Corrélation de Pearson (R)
Valeur p
Utilisation de stratégies de développement de compétences et de résolution de problèmes
.262
<.001
Modélisation et renforcement appropriés
.188
<.001
Qualité des relations interpersonnelles
.177
<.001
Utilisation efficace des ressources communautaires
.166
<.001
Engagement du personnel
.157
<.001
Utilisation efficace de l’autorité
.190
<.001
Discipline ferme mais juste
.156
<.001
Échelle de respect
.183
<.001
Échelle de jeu de rôle/répétition
.322
<.001
Échelle de compétence du personnel
.135
<.001
Échelle d’ouverture
.183
<.001
Échelle de structure
.183
<.001
Échelle de développement des compétences cognitives
.261
<.001
Échelle de modélisation
.165
<.001
Échelle de résolution de problèmes
.215
<.001
Échelle de confiance
.180
<.001
Échelle de renforcement efficace
.145
<.001
Échelle d’avocatie ou de mise en relation
.166
<.001
Échelle de désapprobation efficace
.145
<.01
Échelle de domination interpersonnelle
-.116
<.001
Ces corrélations montrent que les CCP, en particulier le jeu de rôle/répétition (.322, p<.001), sont fortement associées à une meilleure préparation à la libération, soutenant l’idée que leur adhérence améliore les résultats de réinsertion.
Impact et Mise en Œuvre
  • Une étude montre que les CCP améliorent la qualité de l’environnement carcéral et augmentent les chances de succès lors de la réinsertion (Use of Core Correctional Practice and Inmate Preparedness for Release). Par exemple, dans le cadre du WVORI (West Virginia’s Offender Reentry Initiative), 56,9 % des détenus ont suivi un cours d’orientation à la libération conditionnelle, mais seulement 12,9 % ont examiné leur plan de suivi dans les 90 jours précédant une possible libération. Ces chiffres soulignent des lacunes dans l’application, avec moins de 10 % des détenus recevant des informations sur les fournisseurs de services communautaires.
  • Etudes d’impact dans l’ouvrage Evidence based skills in Criminal Justice:

 

« Les CCP sont associés à une réduction de l’attrition, à un plus grand engagement des utilisateurs des services et à une réduction des taux de récidive (Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Trotter et Evans, 2012 ; Trotter, 2013 ; Raynor et al, 2014 ; Trotter et al, 2015). Comme le notent Latessa et ses collègues (2013) : « Ces CCP ont été validés sur plus de 700 programmes individuels pour adultes et mineurs en corrélant les scores avec la récidive des délinquants » . Ils ont été introduits pour la première fois par Andrews et Kiessling (1980), mais ont été développés par Gendreau et Andrews (1989) dans une version antérieure du CPAI, et le tableau ci dessous présente la version développée. La section G du CPAI-2010 évalue l’utilisation de toutes les CCP énumérées dans le tableau, à l’exception de la communication inter-agences/utilisation des ressources communautaires, qui est évaluée à l’aide de la section H du CPAI-2010. La plupart des CCP énumérées dans le tableau sont implicitement inscrites dans les compétences et connaissances actuelles de la justice des mineurs. dans la matrice actuelle des compétences et des connaissances en matière de justice de la jeunesse publiée par le Youth Justice Board (2013), qui stipule que les compétences devraient être utilisées pour évaluer les besoins de développement professionnel et de formation du personnel.

Les compétences ont également été conservées dans la dernière matrice (Youth Justice Board, 2016).

A notre connaissance, aucune autre étude n’a exploré l’utilisation de ces compétences dans le cadre de la justice pour mineurs en Angleterre et au Pays de Galles. dans d’autres juridictions ont montré que les CCP fondés sur des preuves ne sont pas systématiquement utilisées dans la pratique. Dowden et Andrews (2004) ont constaté que les CCP étaient «rarement » utilisés dans les programmes ou interventions dans leur méta-analyse. Ils ont constaté que l’utilisation des CCP n’était présente que dans 16% des études portant sur des interventions impliquant des gestionnaires de cas, et ils ont conclu que « la majorité des programmes qui ont incorporé des CCP dans leurs programmes sont des programmes d’intervention » : La majorité des programmes qui intégraient des éléments de CCP étaient associés à des tailles d’effet moyennes substantiellement plus élevées que les programmes qui n’en intégraient pas » . Dowden et Andrews (2004) ont également constaté que, parmi les quelques programmes qui utilisaient les dimensions des CCP, la plupart parvenaient à réduire considérablement la récidive par rapport aux programmes qui n’utilisaient pas les CCP, en particulier si les CCP étaient utilisées parallèlement aux principes Risque-Besoins-Receptivité (voir également Robinson et al, 2012). Des études récentes montrent également que les utilisateurs de services supervisés par des praticiens qui appliquent les CCP pendant la supervision de routine tendent à réduire les taux de recondamnation dans les contextes de supervision des adultes (Bonta et al, 2008 ; Raynor et al, 2014 ; Chadwick et al, 2015) et dans des contextes de justice pour mineurs (Trotter 2013, 2015). »

Défis et Controverses
Malgré leurs bénéfices, la mise en œuvre des CCP peut varier selon les contextes institutionnels et culturels. Des études, comme celle sur l’initiative WVORI, indiquent que de nombreux détenus perçoivent une faible qualité des relations interpersonnelles avec le personnel, ce qui limite l’efficacité des CCP. De plus, des défis liés à la formation et à l’allocation de ressources peuvent entraver leur application, avec des débats sur la meilleure manière de standardiser leur utilisation à travers différents systèmes correctionnels.
Conclusion
Les Correctional Core Practices sont un cadre essentiel pour améliorer l’efficacité des interventions correctionnelles et réduire la récidive. Leur application nécessite une formation adéquate du personnel, une évaluation régulière et une attention particulière aux relations staff-détenu. Au 30 avril 2025, leur impact est bien documenté, mais des efforts continus sont nécessaires pour surmonter les défis d’implémentation et maximiser leur potentiel.

L’experience de Reicher et Haslam (2002) sur les prisons

avril 26th, 2025 | Publié par crisostome dans PRISON - (0 Commentaire)

L’étude de la prison de la BBC (ou BBC Prison Study), menée en 2001 par les psychologues sociaux Stephen Reicher et Alexander Haslam, est une réponse critique à l’expérience de Zimbardo. Elle revisite la question du pouvoir des rôles sociaux (gardien/prisonnier) en intégrant des méthodologies plus rigoureuses et une perspective théorique différente.


1. Contexte et objectifs

  • Répliquer Zimbardo : Comprendre si les comportements oppressifs ou soumis découlent automatiquement des rôles institutionnels.

  • Critique de la « théorie de la situation » : Haslam et Reicher contestent l’idée que les individus soient passivement contrôlés par leur environnement. Ils privilégient une approche basée sur la théorie de l’identité sociale (l’identité de groupe et l’agence individuelle influencent les comportements).


2. Méthodologie

  • Participants : 15 hommes divisés aléatoirement en « gardes » et « prisonniers ».

  • Durée : 8 jours (contre 6 prévus initialement).

  • Consignes :

    • Les gardes ne reçoivent aucune instruction explicite pour être autoritaires (contrairement à Zimbardo).

    • Les prisonniers sont encouragés à s’organiser collectivement.

  • Éthique : Surveillance renforcée pour éviter les dérives traumatisantes.


3. Résultats clés

a. Les gardes ne deviennent pas naturellement tyranniques

  • Faible cohésion : Les gardes, sans directives claires, ont peiné à imposer leur autorité.

  • Manque de légitimité : Leur pouvoir a été contesté par les prisonniers, qui ont refusé de se soumettre.

b. Résistance des prisonniers

  • Solidarité collective : Les prisonniers ont développé une identité de groupe forte, organisant une rébellion pour renverser le système.

  • Effondrement du système : Face à la résistance, la hiérarchie s’est effondrée, et les participants ont choisi de créer une structure égalitaire.

c. Rebond autoritaire

  • En réaction au chaos, une minorité de participants a tenté d’instaurer un régime autoritaire, mais cela a échoué par manque de soutien collectif.


4. Principales conclusions

  • Le pouvoir des rôles n’est pas automatique : Contrairement à Zimbardo, les comportements ne découlent pas mécaniquement des rôles assignés.

  • L’agence individuelle et la dynamique de groupe :

    • Les individus peuvent résister aux systèmes oppressifs s’ils développent une identité collective solide.

    • La légitimité perçue de l’autorité est cruciale : si elle est contestée, le système s’effondre.

  • La tyrannie émerge de choix actifs : Elle n’est pas une conséquence inévitable de la situation, mais résulte de stratégies pour maintenir le pouvoir (ex : division des groupes).


5. Apports théoriques

  • Théorie de l’identité sociale (Tajfel, Turner) :

    • Les individus agissent en fonction de leur appartenance à un groupe et de leur désir de maintenir une image positive de ce groupe.

    • Les prisonniers ont résisté car ils ont construit une identité collective « anti-système ».

  • Critique du déterminisme situationnel : Haslam et Reicher montrent que les individus ne sont pas des « marionnettes » des rôles sociaux.


6. Implications pratiques

  • Gestion des institutions : Pour éviter les abus, il faut renforcer la légitimité perçue des leaders et permettre la participation collective.

  • Résistance aux systèmes oppressifs : La solidarité et l’action collective peuvent contrer la tyrannie.

  • Psychologie des organisations : Les dynamiques de pouvoir dépendent de la façon dont les groupes négocient leur identité.


7. Critiques et limites

  • Échantillon réduit : 15 participants, ce qui limite la généralisation.

  • Effet de l’observation : Les caméras de la BBC ont pu influencer les comportements (désirabilité sociale).

  • Contexte artificiel : Comme chez Zimbardo, la simulation reste éloignée d’une vraie prison.


8. Comparaison avec Zimbardo

Aspect Zimbardo (1971) Haslam & Reicher (2002)
Résultats Soumission totale des prisonniers Résistance et effondrement du système
Rôle des surveillants Encouragés à être tyranniques Aucune consigne explicite
Théorie dominante Déterminisme situationnel Agence individuelle + identité sociale
Message central « Les situations corrompent » « Les groupes peuvent résister »

Conclusion

L’étude de Haslam et Reicher complexifie l’héritage de Zimbardo en montrant que les systèmes oppressifs ne s’imposent pas sans résistance. Elle met en avant le rôle actif des individus et des dynamiques de groupe, offrant une vision plus nuancée (et moins pessimiste) de la psychologie sociale.

Pour aller plus loin :

Cyber Pornography Use Inventory (CPUI)

avril 23rd, 2025 | Publié par crisostome dans AICS | EVALUATION | EXPERTISES - (0 Commentaire)

Cyber Pornography Use Inventory (CPUI)

Une étude publiée en février 2015 présente une nouvelle version du Cyber Pornography Use Inventory (CPUI), inventaire composé au départ de 32 items. Les chercheurs ont procédé à la validation d’une version de 9 items (CPUI-9) regroupés sous trois facteurs : la perception de la compulsion (items 1 à 3), les efforts reliés à l’accès (items 4 à 6) et la détresse émotionnelle (items 7 à 9).

L’inventaire permet de mesurer rapidement la dépendance à la pornographie en ligne perçue par le consommateur. L’inventaire peut se répondre sur une échelle de 1 à 7 (Pas du tout à Extrêmement) ou par Vrai ou Faux.


Inventaire de l’utilisation de cyberpornographie (Traduction libre)
(The Cyber Pornography Use Inventory-9; Grubbs et al., 2015)

1. Je crois que je suis accro à la pornographie sur Internet.
2. Même si je ne veux pas visionner de la pornographie en ligne, je me sens attiré(e) par elle.
3. Je suis incapable de cesser mon utilisation de pornographie en ligne.
4. Il m’arrive de planifier mon horaire afin d’être en mesure de me retrouver seul pour visionner de la pornographie en ligne.
5. J’ai refusé de sortir avec des amis ou d’assister à des activités sociales pour avoir l’occasion de visionner de la pornographie en ligne.
6. J’ai laissé de côté des priorités pour visionner de la pornographie en ligne.
7. Je me sens honteux(se) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
8. Je me sens déprimé(e) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
9. Je me sens mal après avoir visionné de la pornographie en ligne.


Sources.

Grubbs, J. B., Sessoms, J., Wheeler, D. M., & Volk, F. (2010). The Cyber-Pornography Use Inventory: The development of a new assessment instrument. Sexual Addiction & Compulsivity, 17, 106-126.

Grubbs, J. B., Volk, F., Exline, J. J., & Pargament, K. I. (2015). Internet Pornography Use: Perceived Addiction, Psychological Distress, and the Validation of a Brief Measure. Journal of Sex & Marital Therapy, 41(1), 83-106.

CPUI_FR

AICS: Problematic Cybersexual Behavior Scale (PCBS)

avril 22nd, 2025 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

Problematic Cybersexual Behavior Scale (PCBS) de Monica M. Lackups-Fuentes (2017)

  1. Format et type de réponse

    • Le PCBS se compose d’une série d’items (tableau détaillé des items et de leur origine dans la thèse de Lackups‑Fuentes, 2017) DigitalCommons.

    • Chaque item est évalué sur une échelle de type Likert, indiquant la fréquence ou l’intensité de la pensée/comportement (par exemple 1 = « Jamais » à 5 = « Toujours », ou 1 = « Pas du tout vrai » à 7 = « Très vrai », selon la version utilisée).

  2. Structure factorielle et sous‑échelles
    Une analyse factorielle exploratoire conduite par Lackups‑Fuentes a mis en évidence trois dimensions principales du comportement cybersexuel problématique :

    1. Préoccupation (Preoccupation)

    2. Perte de contrôle (Loss of Control)

    3. Conséquences négatives (Negative Consequences) 
      Chaque sous‑échelle regroupe un ensemble d’items clairement identifiés dans le manuel de la mesure DigitalCommons.

  3. Calcul des scores

    • Score de sous‑échelle : pour chacune des trois dimensions, on additionne les notes des items qui lui appartiennent.

    • Score total PCBS : somme des scores de toutes les sous‑échelles (ou équivalente, somme directe de tous les items).

    • Interprétation : plus le score (de sous‑échelle ou total) est élevé, plus le niveau de cybersexualité problématique est important DigitalCommons.

  4. Seuils et repères

    • À ce jour, aucun seuil clinique universel n’a été formellement établi ; Lackups‑Fuentes fournit cependant dans sa thèse des statistiques descriptives (moyennes, écarts‑types) et des percentiles pour l’échantillon de validation, permettant de repérer les scores « élevés » (p. ex. > M + 1 SD).

    • Pour une utilisation clinique ou en recherche, il est recommandé de comparer les scores obtenus aux normes publiées dans la version originale de la thèse ou dans les études subséquentes de validation.


Références
Lackups‑Fuentes, M. M. (2017). Development and validation of a measure of cybersexual addiction (Thèse de doctorat). Eastern Michigan University.

Traduction FR: 

Problematic Cybersexual Behavior Scale_FR

Questionnaire des Croyances Anticipatoires, Soulageantes et Permissives (ASP)

développé par Robin, Hautekeete et Vanderstukken (2008) pour évaluer les distorsions cognitives des auteurs d’agression sexuelle sur mineur.

1. Objectif et contexte

L’ASP a été conçu pour identifier trois types de croyances facilitant le passage à l’acte pédophile et/ou minimisant la responsabilité morale :

  • Croyances anticipatoires : justification a priori (« si je le fais, ça ne posera pas de problème… »)

  • Croyances soulageantes : stratégies cognitives de réduction de la culpabilité (ex. « ça ne compte pas vraiment comme une agression »)

  • Croyances permissives : attitudes tolérantes vis‑à‑vis de l’acte (« c’est acceptable si l’enfant est consentant »)

Ce questionnaire s’inscrit dans une démarche de repérage des distorsions cognitives chez des populations à risque ou en traitement psycho‑judiciaire.

2. Structure et format

  • Nombre d’items : 30 (10 par dimension)

  • Échelle de réponse : Likert 0–4 (0 = « Pas du tout d’accord » à 4 = « Tout à fait d’accord »)

  • Durée : 10–15 minutes

  • Population cible : adultes auteurs d’infractions sexuelles sur mineur, en prison ou en suivi ambulatoire

3. Dimensions et définitions

 

Dimension Définition Exemple d’item
Anticipatoires Croyances justifiant par avance l’acte, en sous‑estimant ses conséquences « Je suis sûr que l’enfant comprendra mieux mes gestes affectueux »
Soulageantes Mécanismes cognitifs visant à réduire la culpabilité après l’acte « Ce qu’on a fait n’est pas vraiment grave »
Permissives Attitudes tolérant ou normalisant l’acte selon certaines conditions « S’il y a consentement, je ne vois pas ce qu’il y a de mal »

4. Modalités de passation et scoring

Nombre d’items : 30, répartis aléatoirement

    • Sous-échelles :

      • A (anticipatoires) : 10 items

      • S (soulageantes) : 10 items

      • P (permissives) : 10 items

    • Validation : Chaque item a été affecté à sa catégorie par des juges experts (pertinence et lisibilité contrôlées) Haute Autorité de Santé.

    • Calcul des scores :

      • Score A, S, P : somme des 10 items de chaque sous-échelle (0–40 points)

      • Score total A.S.P. : somme des 30 items (0–120 points)

    • Interprétation :

      • Scores élevés → forte présence des croyances dysfonctionnelles correspondantes

Item Énoncé Sous‑échelle
1 Le besoin sexuel des hommes est incontrôlable. A
2 Il y a moins de crainte à avoir dans le cadre de relation sexuelle avec un enfant. S
3 Avoir une relation intime avec un enfant soulage de la dureté du monde adulte. S
4 Dans une relation sexuelle avec un enfant, on se sent fort. A
5 Avoir une relation sexuelle avec un enfant, c’est lui montrer qu’on l’aime bien. A
6 Un enfant a besoin qu’un adulte fasse son éducation sexuelle en l’initiant au sexe. P
7 C’est agréable de savoir qu’on peut facilement se faire du bien sexuellement avec un enfant. A
8 Caresser un enfant avec une intention sexuelle permet de se sentir mieux. S
9 Dans le cadre d’une relation sexuelle avec un enfant, on se sent aimé. A
10 Si une personne n’utilise pas la force pour avoir une relation sexuelle avec un enfant, l’enfant aimera cela. P
11 Avoir une relation sexuelle avec un enfant est un moyen d’évasion. S
12 Se rapprocher sexuellement d’un enfant est le seul moyen pour réduire sa souffrance. S
13 Quelqu’un qui montre ce qu’est le sexe à un enfant est quelqu’un de bien. P
14 Avoir une activité sexuelle avec un enfant est une question de culture. P
15 Dans certaines cultures, c’est acceptable. P
16 Les enfants sont bien souvent des séducteurs et acceptent d’avoir une relation sexuelle parce qu’ils le veulent bien. A
17 On se sent moins anxieux dans le cadre d’une relation sexuelle avec un enfant. S
18 L’enfant qui a une relation sexuelle avec un adulte n’en est pas perturbé. P
19 On a davantage confiance en soi dans le cadre d’une relation intime avec un enfant. A
20 Généralement, un enfant nous accepte tel qu’on est. A
21 Les gens qui disent qu’un enfant n’a pas de sexualité se trompent. P
22 Il est agréable de lire dans le regard d’un enfant que l’on est sexuellement attrayant. A
23 Il n’y a pas de mal à se faire du bien avec un enfant. P
24 Il est valorisant d’initier un enfant au sexe. P
25 Avoir une relation sexuelle avec un enfant permet de se sentir mieux. S
26 Cela me tranquillise d’avoir une relation intime avec un enfant, car il est encore pur. S
27 Ça soulage d’être sexuellement proche d’un enfant. S
28 Avoir une relation sexuelle avec un enfant permet de se sentir moins nul. S
29 Le bonheur ne peut se trouver que pendant une relation sexuelle avec un enfant. A
30 Du moment que ça part d’une bonne intention, les gens ne font rien de mal en étant sexuellement proches d’un enfant. P

5. Utilisations cliniques et judiciaires

  • Évaluation initiale : repérer les croyances à travailler en thérapie (TCC, gestion de la récidive).

  • Suivi : mesurer l’évolution des cognitions au fil du programme de traitement.

  • Recherche : comparer profils cognitifs selon les typologies d’infractions sexuelles.

Références

Questionnaire des croyances anticipatoires