à l’occasion de la publication le 11 mars dernier de son rapport annuel d’activité 2013
Cétait en 2009 que s’exprimait ainsi Robert Badinter. Mais ces quelques mots, évidents, non seulement au regard des droits humains basiques mais aussi selon les termes de la loi française, paraissent toujours extraordinairement provocants pour une grande partie de l’opinion.
Comme si être privé de sa liberté devait entraîner ipso facto la perte de toutes les autres prérogatives de l’être humain : la dignité, le respect de la vie privée et de l’intégrité physique, le droit au travail, au maintien des liens affectifs, à la santé, à la réhabilitation personnelle.
En France, et la Cour Européenne des Droits de l’Homme ne cesse de le dénoncer, les conditions d’enfermement des personnes, prévenues, retenues, condamnées ou hospitalisées d’office, sont indignes d’une démocratie et contraires à toutes les conventions internationales. C’est d’ailleurs pour tenter de se mettre en conformité avec ces engagements que fut créée fin 2007 la fonction decontrôleur général des lieux de privation de liberté.
Jean-Marie Delarue, agrégé d’histoire, normalien, énarque, conseiller d’Etat, fut le premier à occuper cette fonction.
Il vient de rendre public le 6ème rapport de cette autorité administrative indépendante qu’il va quitter au mois de juin prochain.
En six ans, épaulé par une équipe exceptionnelle d’hommes et de femmes, juristes, médecins, fonctionnaires ayant une connaissance particulière de ces lieux, tous volontaires, il a visité la quasi-totalité des prisons, tous les centres d’éducations fermés et de rétention administrative, plus de 400 locaux de garde à vue et de nombreux quartiers fermés d’hôpitaux psychiatriques.
Il définit leur travail comme étant de présenter à l’opinion publique et au pouvoir politique « le thermomètre de la dignité des personnes privées de liberté, tout en étant également prescripteur de soins ».
Il pointe également le non respect de la loi républicaine au nom d’une idéologie sécuritaire qui enfle depuis des années.
Jean-Marie Delarue est ce que l’on appelait autrefois pour vanter le service public français « un grand serviteur de l’Etat », et c’est un honneur pour l’Humeur Vagabonde de le recevoir ce soir.