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DASH : Un outil central pour évaluer le risque en matière de violences conjugales

Dans le champ de la criminologie appliquée et de la protection des victimes, disposer d’outils fiables pour évaluer le risque est essentiel. L’un des instruments les plus utilisés dans le monde anglo-saxon est le DASH, acronyme de Domestic Abuse, Stalking and Honour-Based Violence. Développé au Royaume-Uni par Laura Richards, ancienne analyste comportementale à Scotland Yard, cet outil s’est imposé comme une référence dans l’évaluation du risque de violence domestique, de harcèlement criminel et de violences liées à l’honneur.

Qu’est-ce que le DASH ?

Le DASH est un outil standardisé de repérage et d’évaluation des risques, utilisé principalement par les forces de l’ordre, les services sociaux, les professionnels de la santé et les associations spécialisées. Il a été conçu pour :

  • Identifier les facteurs de risque immédiats dans les situations de violence domestique ;
  • Faciliter une communication interprofessionnelle claire et rapide ;
  • Déclencher si nécessaire une mise à l’abri urgente ou un plan de protection de la victime.

L’outil s’appuie sur 27 questions standardisées, posées directement à la victime (ou remplies par un professionnel selon le contexte), et permet de mesurer l’imminence du danger.

Sur quels risques s’appuie-t-il ?

Le DASH évalue une série de facteurs de danger reconnus par la recherche scientifique comme prédictifs d’une aggravation de la violence ou d’un passage à l’acte létal. Parmi eux :

  • La récence et la fréquence des violences ;
  • Les menaces de mort, de suicide ou de violences contre les enfants ;
  • La présence d’armes ou l’accès à celles-ci ;
  • La jalousie excessive, le contrôle coercitif ou le harcèlement après séparation ;
  • Les conduites à risque (addictions, troubles mentaux, isolement social) chez l’auteur ;
  • Le contexte culturel ou familial favorisant des violences liées à l’honneur.

Pourquoi est-il utile ?

Le DASH permet une approche structurée, fondée sur des données probantes, pour identifier les situations où le danger est élevé. Il facilite la prise de décision rapide, notamment en matière de protection judiciaire (ordonnances d’éloignement, intervention des services sociaux, mesures d’hébergement d’urgence, etc.).

Dans certains cas, il permet de mobiliser une conférence MARAC (Multi-Agency Risk Assessment Conference), réunissant différents professionnels autour des cas à haut risque afin d’assurer une réponse coordonnée.

Limites et enjeux

Comme tout outil, le DASH ne remplace pas le jugement clinique. Il est un aide à la décision, mais son efficacité dépend :

  • De la formation des professionnels à son usage ;
  • Du climat de confiance permettant aux victimes de répondre honnêtement ;
  • De sa mise à jour en fonction des nouvelles connaissances sur la dynamique des violences conjugales.

En France, bien que des outils similaires existent (comme le VIOLENCI ou les grilles du protocole de repérage du danger imminent), l’usage du DASH est encore rare, mais inspirant pour les pratiques professionnelles en développement.

Pour aller plus loin

  • Télécharger la grille DASH (en anglais) : SafeLives UK – DASH RIC
  • Formation gratuite en ligne : certaines plateformes proposent une initiation à l’utilisation du DASH pour les professionnels intervenant auprès de victimes.
  • Richards, L. (2009). Domestic Abuse, Stalking and Harassment and Honour-Based Violence Risk Identification Checklist (DASH).

 

https://safelives.org.uk/wp-content/uploads/Dash-risk-checklist-quick-start-guidance.pdf 

SafeLives Dash risk checklist_FR

Stalking Assessment and Management (SAM)

SAM est un outil de type Structured Professional Judgment (SPJ), conçu spécifiquement pour évaluer et gérer les risques liés au stalking. Il a été développé par P. Randall Kropp, Stephen D. Hart, David R. Lyon et Jennifer E. Storey entre 2001 et 2008

Contenu et structure

  • 30 items répartis en trois domaines (10 items chacun) :

    Domaine Description
    Nature du stalking comportements concrets : collecte d’infos, menaces, violences…
    Facteurs du stalker obsession, colère, instabilité émotionnelle, dépendance…
    Vulnérabilités de la victime réponse incohérente, manque de ressources, instabilité…
  • Pour chaque item, on évalue sa présence actuelle ou passée, puis sa pertinence pour le risque futur .

 Processus en 6 étapes

  1. Recueil d’informations

  2. Codage des 30 items

  3. Appréciation de leur pertinence

  4. Élaboration de scénarios plausibles de risque futur

  5. Planification de stratégies de gestion adaptées

  6. Formulation d’un avis global :

    • Priorisation du dossier

    • Risque de récidive de stalking

    • Risque de violence physique grave

    • Pertinence de la peur de la victime

    • Urgence d’action

    • Délai de réévaluation

Fiabilité et validité 🧠

  • Fiabilité inter‑juges (ICC) :

    • Facteurs/rubriques : plutôt bonne à correcte Researchgate

    • Jugements conclusifs : variable (ICC .39 à .80 pour priorisation; .71 pour stalking, .44–.60 pour violence grave) criminal-justice
  • Validité concurrente : bonne corrélation avec le PCL:SV et le VRAG (psychopathie et violence) Wiley online

  • Validité prédictive :

    • Étude suédoise (2009) : nombre d’items présents corrélé avec le risque perçu Sage Journal

    • Étude US (2016) : score « Nature du stalking » prédictif de récidive. Score du stalker non. Les vulnérabilités de la victime non disponibles – Researchgate

Avantages et limites

+ Points forts :

  • Couvre des facteurs propres au stalking, non présents dans les instruments de violence générale academia.edu.

  • Utilisable en contexte policier, judiciaire, ou clinique .

– Limites :

  • Besoin de formations spécifiques pour garantir fiabilité et pertinence .

  • Recherches existantes souvent sur petits échantillons, rétrospectives.

  • Domaine vulnérabilité victime peu étudié dans certaines validations criminal-justice

Utilisation pratique

  • Utilisable par police, professionnels judiciaires et psychologues/psychiatres judiciaires .

  • Requiert une formation (ex. cours avec Kropp, 20–40 h certifiantes) .

En résumé

SAM est un outil structuré et rigoureux, conçu sur mesure pour le stalking, intégrant la collecte d’informations, l’évaluation de facteurs propres au stalker et à la victime, la formulation de scénarios de risque et la planification concrète de stratégies de gestion. Il a démontré une fiabilité correcte et une validité encourageante, mais gagne à être utilisé avec une formation préalable et dans le cadre d’une démarche d’évaluation rigoureuse.

Stalking Assessment and Management_FR

SAMkodschema.pdf

Le cyberviolentoscope

juin 19th, 2025 | Publié par crisostome dans VIOLENCE CONJUGALE - (0 Commentaire)

Les cyberviolences conjugales, c’est quoi ?

Dans le cadre des violences conjugales, les cyberviolences sont moins connues. Elles se manifestent sous plusieurs formes, plus ou moins identifiées, et continuent d’évoluer en même temps que les usages des nouvelles technologies. Difficiles à déceler et parfois même à tracer, elles s’inscrivent dans le continuum des violences conjugales et peuvent se manifester en même temps ou suite à d’autres formes de violences (verbales, physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, administratives). Les cyberviolences conjugales font partie des violences dites invisibles et insidieuses, elles s’exercent autant dans l’espace privée que dans l’espace public.

Contrairement aux idées reçues, les cyberviolences ne touchent pas que les jeunes. En effet, 67% des appels au 3919 pour cyberviolences concernent des femmes de plus de 30 ans (Le 3919 est la ligne d’écoute nationale destinée aux femmes victimes de violences : Appelez le 3919 si vous éprouvez des doutes, des peurs, des questionnements sur une situation de violences, ou si vous avez besoin de renseignements ou besoin de soutien)

Afin d’aider à prévenir des cyberviolences, et de s’en protéger, la Fédération nationale Solidarité Femmes présente un nouvel outil à destination des femmes victimes : le cyberviolentoscope.

A l’instar du violentomètre, le cyberviolentoscope propose une pluralité de situations de cyberviolences au sein d’une relation et permet d’en mesurer la dangerosité. L’objectif est d’apporter via cet outil un premier niveau de sensibilisation autour des cyberviolences conjugales, de permettre à tout un chacun de mesurer si sa relation est fondée sur du respect, du consentement ou si des violences occurrent, dans une approche accessible et pédagogique.

Cyber-violentoscope-vff.pdf

Outils d’Évaluation/Dépistage de la Violence Conjugale


Approuvés par le Domestic Assault and Battery Advisory Board (1ᵉʳ juillet 2018)

Approved_DVEval_Assessment_Tools_7-1-2018

Légende des catégories :

  • R = Évaluation des risques

  • S = Abus de substances

  • M = Santé mentale

  • C = Combiné (Abus de substances/Santé mentale ou les trois)

  • O = Autre

  • V = Informations sur la victime


Tableau des outils approuvés

Type Nom de l’outil Description Qualifications requises Coût Plus d’informations
R Danger Assessment (DA) Aide à déterminer le risque de meurtre d’une femme par son partenaire. Nécessite une formation pour le score pondéré. Disponible en plusieurs langues. Basé sur le rapport de la victime. Formation en ligne (payante possible) Gratuit (copyright détenu par l’auteur) DANGER ASSESSMENT-5 (DA-5)_FR
R Domestic Violence Inventory (DVI) Outil pour évaluer les auteurs de violences conjugales (155 items, 30 min). Mesure : Véracité, Violence, Contrôle, Alcool, Drogues, Gestion du stress. Aucune formation Payant (en ligne) https://www.domestic-violence-inventory.com/dvi.html
R Domestic Violence Screening Instrument (DVSI/DVSI-R) Questions sur les antécédents criminels (violences, violations d’ordonnances). Facteurs : emploi, séparation récente, présence d’enfants. Approche statistique (sans jugement clinique). Aucune formation Sous copyright (autorisation requise) Contact : Joseph.DiTunno@iaud.et.gov

Domestic-Violence-Screening-Inventory-Revised-DVSI-R.pdf

R Idaho Risk Assessment of Dangerousness (IRAD) Identifie les risques futurs et indices de létalité. 7 domaines : antécédents, menaces de mort/suicide, séparation, comportement contrôlant, contact policier, abus d’alcool/drogues. Aucune formation Gratuit (en ligne) Idaho domestic fact sheet_FR

Idaho domestic violence supplement_FR

262RiskAssessme_00000002800.pdf

ICA-23.002-IRAD-Card-Rev-2023.pdf

Risk-Assessment-Interactive-Form.pdf

R Ontario Domestic Assault Risk Assessment (ODARA) Outil actuariel (13 facteurs) : menaces, isolement de la victime, antécédents violents, enfants en commun, violences pendant la grossesse, etc. Formation en ligne (payante possible) Gratuit (autorisation requise) ODARA_feuille_cotation
R Spousal Assault Risk Appraisal Guide (SARA) Checklist pour évaluer les facteurs de risque chez les auteurs de violences familiales. Sources multiples. Formation disponible (payante possible) Payant (en ligne) COTATION SARA
S Global Appraisal of Individual Needs (GAIN-I) Évaluation biopsychosociale complète (diagnostic, traitement). Axé sur l’abus de substances (AXIS I). Formation requise Payant (varie) GAIN%20I%205.7.0%20full.pdf
S GAIN Short Screener (GAIN-SS) Dépistage rapide (5 min) des troubles de santé comportementale. Aucune formation Payant (varie) GAIN-SS%20Manual.pdf
S Substance Abuse Subtle Screening Inventory (SASSI) Détecte les troubles liés aux substances (items subtils et explicites). Échelles de validité/défensivité. Formation disponible Payant https://www.pearsonclinical.ca/
S Adult Substance Use Survey (ASUS-R) Enquête d’auto-évaluation (alcool/drogues). Inclut santé mentale et non-conformité sociale/légale. Module de formation en ligne (payant)
S Addiction Severity Index (ASI) Entretien semi-structuré (7 domaines : médical, emploi, drogues, alcool, légal, familial, psychiatrique). Aucune Gratuit echelle_asi-annexe_2_des_recommandations.pdf
S Drug Abuse Screening Test (DAST) Dépiste les problèmes liés aux drogues (versions : DAST-10/20/28). Combinable avec l’AUDIT. Aucune Gratuit DAST-10-drug-abuse-screening-test.pdf
S Alcohol Use Disorders Identification Test (AUDIT) Identifie la consommation dangereuse d’alcool. Administration écrite/orale. Aucune Gratuit questionnaire-audit
S CAGE / CAGE-AID Dépistage ultra-bref de l’alcoolisme (CAGE) ou des drogues (CAGE-AID). Aucune Gratuit questionnaires-dautodepistage/consommation-problematique-cage-aid
S Michigan Alcohol Screening Test (MAST) Outil ancien (1971) pour identifier les buveurs dépendants. Aucune Gratuit depistage-des-problemes-dalcool
M Personality Inventory for DSM-5 (PID-5) Auto-évaluation des traits de personnalité (25 facettes : anhéronie, hostilité, impulsivité, etc.). Professionnel qualifié Gratuit APA_DSM5_The-Personality-Inventory-For-DSM-5-Full-Version-Adult.pdf
M PID-5 Brief Form (PID-5-BF) Version courte du PID-5 (5 domaines : affect négatif, détachement, etc.). Professionnel qualifié Gratuit APA_DSM5_The-Personality-Inventory-For-DSM-5-Brief-Form-Adult.pdf
C Millon Clinical Multiaxial Inventory (MCMI-IV) Évalue les difficultés émotionnelles/interpersonnelles (25 échelles). Aligné sur le DSM-5. Diplôme avancé + formation Payant https://onlinelibrary.wiley.com
C Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI-2) Test de personnalité pour diagnostiquer les troubles mentaux (567 items). Diplôme avancé + formation Payant https://www.pearsonclinical.fr
C DSM-5 Level 1 Cross-Cutting Symptom Measure Mesure transdiagnostique (23 questions, 13 domaines : dépression, anxiété, etc.). Professionnel qualifié Gratuit https://www.psychiatry.org
C Domestic Violence Risk Appraisal Guide (DVRAG) Échelle actuarielle (14 facteurs). Combinée au score PCL-R. Professionnel qualifié Gratuit (autorisation requise) Violences conjugales : un outil d’évaluation, la DVRAG
C Hare Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) Évalue la psychopathie et risque de récidive (20 items). Diplôme avancé + formation Payant Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R)
C Hare PCL-Screening Version (PCL-SV) Version de dépistage du PCL-R (12 items). Diplôme avancé + formation Payant
C Personality Assessment Inventory (PAI) Test multifonction (22 échelles : dépression, anxiété, agression). Diplôme avancé + formation Payant https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38461694/
O Stalking Assessment and Management (SAM) Évalue le harcèlement criminel (nature, facteurs de risque/vulnérabilité). Aucune formation Payant

SAMkodschema.pdf

Stalking Assessment and Management_FR

O Violence Risk Appraisal Guide (VRAG) Mesure du risque de violence générale (12 items, inclut PCL-R). Professionnel qualifié Gratuit (autorisation requise) VRAG-R-scoring-sheet-1.pdf
O Buss-Perry Aggression Questionnaire (AGQ) Questionnaire sur 4 dimensions de l’agression (29 items). Aucune formation Gratuit Questionnaire d’Agression de Buss & Perry (1993)
O Experiences in Close Relationships (ECR-R) Évalue l’attachement adulte (36 items). Formation requise Gratuit Attachment-ExperienceinCloseRelationshipsRevised
O Level of Service Inventory-Revised™ (LSI-R) Prédit la récidive et succès en probation (54 items). Aucune formation Payant (varie)
O Inventory of Offender Risk, Needs, Strengths (IORNS) Mesure les risques statiques/dynamiques et forces (130 items). Diplôme/licence sanitaire Payant https://www.nzcer.org.nz
O Patient Health Questionnaire (PHQ) Dépistage des problèmes physiques, dépression, anxiété, troubles alimentaires. Aucune formation Gratuit PHQ9_French_for_France
O Intimate Justice Scale Détecte les abus psychologiques/physiques (15 items). Aucune formation Gratuit IJS – The Intimate Justice Scale

Intimate Justice Scale _FR

V Psychological Malreatment Toward Women Scale (PMTW) Mesure la maltraitance psychologique (58 items). Auto-évaluation par la victime Gratuit (autorisation requise) Psychological Maltreatment of Women Inventory (PMWI)_ Tolman_combined with instrument
V HITS Outil de dépistage (Hurt, Insult, Threaten, Scream). Auto-évaluation par la victime Gratuit HITS_eng
V Women’s Experiences with Battering (WEB) Mesure l’expérience des victimes (non les comportements de l’agresseur). Auto-administré ou en entretien Gratuit ÉCHELLE des EXPÉRIENCES DES FEMMES AVEC LA VIOLENCE CONJUGALE_FR

E.9-Relationship_Assessment_Tool_Instructions

scrn-pw-web.pdf


Note importante :
Une formation et/ou un diplôme spécifique peuvent être requis pour l’administration et l’interprétation de ces outils. Les évaluateurs doivent respecter les exigences éthiques, légales et de formation propres à leur juridiction.

La strangulation non fatale dans les violences conjugales

La strangulation non fatale est une forme de violence conjugale encore sous-estimée dans les pratiques judiciaires, médicales et sociales, malgré son rôle critique comme indicateur de risque d’homicide. L’étude menée par Nancy Glass et al., publiée dans The Journal of Emergency Medicine, met en lumière l’importance de reconnaître cet acte comme un marqueur prédictif de tentatives ou d’homicides réussis contre des femmes victimes de violences conjugales.

La strangulation : un risque létal souvent invisible

L’étude révèle que 43 % des femmes assassinées par leur partenaire et 45 % des victimes d’une tentative d’homicide avaient subi au moins un épisode antérieur de strangulation non fatale, contre seulement 10 % des femmes victimes d’abus sans tentative d’homicide. Cette donnée indique que la strangulation est l’un des prédicteurs les plus puissants d’un passage à l’acte létal.

Pourquoi est-ce grave ? Parce que cet acte :

  • Ne laisse souvent aucune trace visible immédiate.
  • Peut entraîner des séquelles neurologiques, psychologiques ou respiratoires sévères.
  • Est sous-déclaré par les victimes qui n’en mesurent pas toujours la gravité.

Facteur aggravant reconnu dans le risque d’homicide

Après contrôle des autres facteurs de risque, les auteurs montrent que le fait d’avoir été étranglée augmente :

  • par 7,5 fois le risque d’homicide ;
  • par 6,7 fois le risque de tentative d’homicide.

L’importance de ce facteur est telle qu’il surpasse d’autres variables sociodémographiques (âge, niveau d’éducation, emploi, situation conjugale).

Des variations sont toutefois observées selon l’ethnicité : le risque relatif est plus élevé chez les femmes blanches et latinas comparativement aux femmes afro-américaines — bien que pour toutes les catégories, la strangulation reste un indicateur significatif de danger.

Implications pour les pratiques professionnelles

Les résultats de l’étude appellent une adaptation immédiate des pratiques en criminologie et dans le traitement des violences conjugales :

1. Détection systématique par les intervenants

Médecins urgentistes, policiers, travailleurs sociaux doivent systématiquement poser la question de la strangulation, même en l’absence de signes physiques apparents.

2. Évaluation renforcée du risque létal

La strangulation doit déclencher une procédure d’évaluation du danger accru (ex : outil Danger Assessment) et des mesures de protection renforcées (hébergement d’urgence, mise à l’abri, intervention judiciaire rapide).

3. Documentation médico-légale précise

Les professionnels de santé doivent consigner précisément les signes cliniques (troubles de la voix, œdèmes cervicaux, pétéchies…) pour alimenter les dossiers judiciaires et renforcer les poursuites pénales.

4. Formation des professionnels de justice et de santé

L’étude encourage le développement de modules spécifiques pour les forces de l’ordre et le personnel médical afin d’améliorer l’identification et la prise en charge des cas de strangulation.

5. Renforcement des cadres juridiques

Des États américains (comme l’Idaho) ont déjà criminalisé la strangulation comme délit spécifique, même sans lésion apparente. Une telle évolution législative est recommandée ailleurs, y compris en Europe, pour reconnaître la gravité de cet acte.

Conclusion

L’étude démontre que la strangulation non fatale n’est pas un simple geste de violence parmi d’autres, mais un prédicteur clinique et criminologique de premier plan pour les homicides conjugaux. Ce constat doit pousser les professionnels de santé, de justice, de police et de probation à ajuster leurs pratiques de détection, de protection des victimes et d’intervention judiciaire.

En matière de prévention des féminicides, ignorer un tel signal d’alerte serait une erreur lourde de conséquences.

Glass N, Laughon K, Campbell JC, Block CR, Hanson G, Sharps PW, Taliaferro E. Non-fatal strangulation is an important risk factor for homicide of women. J Emerg Med. 2008;35(3):329-335.

Le défi invisible : prédire la récidive en violences conjugales
En 2004, une chercheuse canadienne bouleverse un domaine où l’intuition clinique régnait encore : l’évaluation du risque de récidive chez les auteurs de violences conjugales.

Son nom ? Dr N. Zoe Hilton. Son outil ? L’ODARA (Ontario Domestic Assault Risk Assessment), un instrument actuariel bref qui transforme la protection des victimes .

Zoé Hilton : parcours d’une pionnière
Professeure de psychiatrie à l’Université de Toronto et chercheuse au Waypoint Centre for Mental Health Care, Zoé Hilton cumule les distinctions :

  • Prix d’innovation du Gouverneur général 2025 pour l’ODARA
  • Prix d’impact du président de l’Université de Toronto (2025)
  • Plus de 6 000 citations scientifiques sur les risques violences domestiques et la psychopathie

Son credo : « Transformer la recherche en outils concrets pour les policiers, juges et intervenants sociaux » .

L’ODARA décrypté : 13 questions qui changent tout
Issu de l’analyse statistique de 589 dossiers policiers suivis pendant 5 ans, l’ODARA évalue 13 facteurs clés

ODARA_feuille_cotation

  • Précision inédite : Aire sous la courbe (AUC) = 0.77 – bien supérieure aux méthodes cliniques (AUC ≈ 0.58)
  • Rapidité : Moins de 15 minutes pour compléter le questionnaire
  • Basé sur des données policières : Accessible sans expertise psychiatrique

L’impact sur le terrain : policiers, tribunaux, victimes

Dans la police
Depuis 2023, 1 800 policiers ont été formés à l’ODARA via des programmes en ligne. Résultat : « Les agents identifient 3x plus rapidement les cas à haut risque, permettant des interventions ciblées avant la récidive » (Extrait d’une étude de la Gendarmerie royale du Canada – 2024)

 Dans les tribunaux
Une étude sur 1,421 hommes suivis par la justice montre que l’ODARA permet de :

  • Hiérarchiser les intensités de traitement : Thérapies brèves pour les bas risques, interventions intensives pour les scores élevés
  • Cibler les besoins criminogènes : Traits antisociaux (OR=1.80), toxicomanie (OR=1.40)

Une innovation collaborative

L’ODARA est né d’un partenariat inédit :

  • Chercheurs universitaires
  • Services de police de l’Ontario
  • Centres de santé mentale

« Cette synergie a permis de transformer des données brutes en protocoles opérationnels » – Hilton (2025)

Critiques et limites : ce que l’ODARA ne résout pas

1. Risque de stigmatisation : Un score élevé ne signifie pas une condamnation à vie (seulement 10-15% de récidive à 5 ans)
2. Variables dynamiques ignorées : L’outil original n’évalue pas l’emploi, le soutien social ou l’engagement thérapeutique
3. Biais de genre : Conçu pour les hommes agresseurs envers des femmes

La réponse de Hilton:
– Intégration des outils STABLE-2007 pour les facteurs dynamiques
– Adaptation pour les violences LGBTQ+ via le projet CELIA

L’avenir : le projet CELIA et au-delà

En 2023, Zoé Hilton lance une initiative pancanadienne pour :

✅ Standardiser l’évaluation du risque: Langage commun entre polices municipales/provinciales
✅ Intégrer le contrôle coercitif : « Ignorer ces signes non physiques, c’est rater des occasions de sauver des vies » – Hilton
✅ Valider l’ODARA sur les femmes et minorités de genre

Trois leçons clés :
1️⃣ Les outils actuariels ne remplacent pas l’expertise humaine – ils l’éclairent
2️⃣ L’innovation en criminologie exige des partenariats durables entre chercheurs et praticiens
3️⃣ Évaluer le risque, c’est aussi identifier des chemins de réinsertion

Les sept normes pour les interventions auprès des auteurs de violences domestiques (violences conjugales et intra familliales)

Voici les 7 normes de prise en charge selon le document du Home Office Standards for Domestic Abuse Perpetrator Interventions (janvier 2023) :


1️⃣ Priorité à la sécurité et à la liberté des victimes

L’objectif principal de toute intervention avec un auteur est d’améliorer la sécurité, l’autonomie et la liberté d’action des victimes, y compris des enfants. Les interventions doivent être coordonnées avec un soutien aux victimes, sans que le même professionnel ne les prenne en charge ensemble .


2️⃣ Intégration dans une réponse communautaire coordonnée

Les interventions doivent s’inscrire dans un réseau multi-acteurs – police, services sociaux, santé, victim-support… – où chacun partage la responsabilité de surveiller le comportement dangereux et de protéger les victimes .


3️⃣ Responsabiliser l’auteur, avec respect et opportunité de changement

Il s’agit de tenir les auteurs responsables de leurs actes tout en les traitant avec respect, en les invitant à reconnaître le tort causé, et en leur offrant des opportunités concrètes de changement comportemental (ex. programmes longs de changement comportemental) .


4️⃣ Offrir la bonne intervention, à la bonne personne, au bon moment

Les interventions doivent être adaptées : format (groupe, individuel, intensif), durée, modalités d’accès, en tenant compte des besoins et du risque individuel (ex. addiction, troubles psychiques…), et éviter les approches inappropriées comme la médiation de couple .


5️⃣ Équité vis‑à‑vis des caractéristiques protégées

Les interventions doivent garantir un accès et une prise en charge équitable, en tenant compte des réalités liées au sexe, à l’origine, à l’orientation, au handicap, etc. Elles doivent éviter les stéréotypes et s’adapter aux barrières spécifiques rencontrées par certains publics .


6️⃣ Compétence et soutien du personnel

Les interventions doivent être conduites par des intervenants formés, compétents, sensibilisés aux dynamiques de violences, et bénéficiant de supervision et de soutien, notamment sur les questions d’inclusion et de diversité .


7️⃣ Surveillance et évaluation continues

Un suivi rigoureux (dossiers, collecte de données sur les bénéficiaires et les non‑bénéficiaires, taux d’engagement, résultats) doit être mis en place pour évaluer l’efficacité et améliorer en continu les pratiques. Cela inclut la prise en compte des retours des victimes et des auteurs, ainsi que des évaluations indépendantes, notamment pour les nouvelles approches .

Ces 7 normes constituent un cadre fondé sur les meilleures pratiques actuelles : centrées sur la protection des victimes, la responsabilisation des auteurs, une approche systémique, inclusive, professionnelle et fondée sur les preuves:

 

1. Le résultat prioritaire de l’intervention de l’auteur des violences doit être l’amélioration de la sécurité et de la liberté (espace d’action) pour toutes les victimes-survivantes, y compris les enfants.

1.1 La sécurité et la liberté de toutes les victimes-survivantes (y compris les enfants) doivent être clairement prioritaires dans la justification, la structure, les procédures et les résultats escomptés de l’intervention. Les victimes-survivantes ont le droit de savoir si leur sécurité (y compris celle de leurs enfants) est menacée.

1.2 Les interventions ne devraient pas avoir lieu sans un soutien intégré aux victimes-survivantes, pour lequel il devrait y avoir une parité de prestations. Ce soutien doit être axé sur la victime-survivante en termes de fréquence et de mode de soutien. Dans la mesure du possible, les partenariats avec des organisations « par et pour » constituent la meilleure pratique. Le même membre du personnel ne doit jamais travailler avec la victime et l’auteur de l’infraction.

1.3 Des informations claires décrivant l’intervention et les résultats escomptés doivent être fournies aux auteurs de violences et aux victimes-survivants sous différentes formes (page web spécifique, fiches imprimées) et dans des langues reflétant les populations qu’ils serviront. Il est impératif de ne pas exagérer les avantages potentiels et de souligner les risques supplémentaires.

1.4 Des lignes de communication claires et régulières doivent être établies entre les équipes d’intervention auprès des auteurs de violences et les équipes d’aide aux victimes et aux survivants afin de partager les informations, de sorte que les changements de risque puissent être rapidement communiqués et que des mesures appropriées soient prises, en veillant à ce que les victimes et les survivants (y compris les partenaires actuels et les ex-partenaires) reçoivent des informations en temps utile.

1.5 Cette norme représente l’objectif global à travers lequel les autres normes doivent être comprises.

 

2. Les interventions doivent s’inscrire dans le cadre d’une réponse communautaire coordonnée plus large, dans laquelle tous les organismes partagent la responsabilité de mettre en lumière les comportements abusifs, de permettre un changement chez les auteurs et d’améliorer la sécurité et la liberté (espace d’action) des victimes-survivantes et des enfants.

2.1 Pour que les interventions soient sûres et efficaces, les organisations spécialisées dans l’intervention auprès des auteurs de violences domestiques doivent avoir une expérience reconnue en matière de lutte contre les violences domestiques.

2.2 Le personnel du service intégré d’aide aux victimes doit partager les informations lorsqu’il existe un problème de protection. Dans le cas contraire, le service intégré d’aide aux victimes est un service confidentiel et les informations ne doivent pas être systématiquement partagées.

2.3 Les interventions doivent être ancrées dans les communautés locales et/ou avoir établi des partenariats locaux solides, y compris avec des services « par et pour », le cas échéant.

2.4 L’orientation vers une intervention auprès de l’auteur de l’infraction ne doit pas servir de prétexte pour clore un dossier, car les organismes statutaires ont des responsabilités spécifiques en matière de détention et de suivi des risques.

2.5 Lorsqu’une intervention est menée par un organisme statutaire ou au nom d’un organisme statutaire, il convient de tenir compte des exigences légales en matière de conformité et des responsabilités et obligations de l’organisme statutaire.

2.6 Les interventions doivent démontrer qu’elles respectent les meilleures pratiques actuelles en cherchant à obtenir une accréditation par le biais d’une voie appropriée telle que le Conseil des services correctionnels et le Panel d’accréditation ou les normes Respect (Home Office, 2022).

 

3. Les interventions doivent amener les auteurs à rendre des comptes, tout en les traitant avec respect et en leur offrant la possibilité de choisir de changer.

3.1 Les interventions doivent traiter les auteurs de violences avec respect en modélisant le contraire de tout ce qui est abusif, tout en les tenant pour responsables du mal qu’ils ont causé à autrui et en leur offrant la possibilité de choisir de ne pas recourir à la violence ou à l’abus.

3.2 Les interventions doivent être fondées sur des données probantes et se concentrer sur les formes de pouvoir, de contrôle et d’exploitation dont la recherche et la pratique ont montré qu’elles font partie de la violence domestique. Les interventions peuvent également inclure des stratégies d’interruption de la violence et des techniques de régulation émotionnelle dans le cadre d’un programme de travail plus large.

3.3 Les interventions visant à modifier le comportement (telles que définies précédemment) doivent tenir compte de la durée nécessaire pour atteindre les objectifs de modification du comportement. 22 séances hebdomadaires pour les programmes de travail en groupe ou 16 séances hebdomadaires pour le travail individuel peuvent être considérées comme le minimum attendu dans le cas de la violence et des abus commis par un partenaire intime [note de bas de page 2], mais certains ont besoin de programmes plus longs.

3.4 Les interventions visant à modifier les comportements devraient, dans la mesure du possible, utiliser un modèle de travail en groupe, parfois en combinaison avec un travail individuel. Cela n’exclut pas le recours au travail individuel lorsqu’il s’agit du modèle d’intervention le plus approprié pour l’auteur de l’infraction.

3.5 Les interventions visant à modifier les comportements face à la violence d’un partenaire intime doivent, dans la mesure du possible, être menées en personne. Le travail à distance facilité (mais pas l’apprentissage numérique/en ligne, à moins qu’il ne soit que complémentaire) peut être utilisé lorsqu’il s’agit du modèle le plus approprié et que les impacts potentiels sur les victimes-survivants ont été pleinement pris en compte.

3.6 Les interventions visant à modifier les comportements, qui se déroulent sous la forme d’un travail de groupe, doivent être animées par deux personnes, et le personnel moins expérimenté doit être associé au personnel plus expérimenté. La meilleure pratique consiste à faire coanimer les groupes par un homme et une femme, à l’exception des groupes consacrés à la violence entre partenaires intimes du même sexe, qui peuvent ne pas nécessiter d’animateur du sexe opposé.

 

4. La bonne intervention doit être proposée aux bonnes personnes au bon moment.

4.1 Les organisations doivent disposer d’un modèle de travail écrit qui définit les objectifs, la nature, le contenu et les résultats escomptés de chaque intervention proposée, ainsi que les groupes d’auteurs de violences domestiques pour lesquels elle est appropriée et la manière dont l’aide aux victimes survivantes sera intégrée.

4.2 Les évaluations doivent être proportionnées à l’intervention proposée et permettre d’identifier les besoins spécifiques liés au risque et/ou à la capacité de l’auteur à participer à une intervention. Lorsque des besoins supplémentaires ou complexes sont identifiés, un plan (et, le cas échéant, une filière d’orientation) doit être défini pour y répondre.

4.3 Les interventions doivent être appropriées à l’évaluation et pouvoir être adaptées si nécessaire. Lorsqu’une adaptation est nécessaire pour une population spécifique d’auteurs de violences (par exemple, lorsque les auteurs ont des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et/ou d’alcoolisme), il convient d’envisager une cofacilitation avec un praticien compétent en la matière.

4.4 Les processus d’évaluation doivent permettre d’identifier l’auteur principal de l’infraction et ne pas proposer d’interventions axées sur l’auteur de l’infraction aux victimes-survivantes qui utilisent la résistance. Lorsqu’un auteur peut être une victime (par exemple, les mères dans les cas de violence et d’abus fondés sur l’honneur, les adolescents qui recourent à la violence et qui ont également été victimes d’abus sexuels), il convient de prévoir une voie d’orientation claire pour les soutenir, pendant qu’ils s’engagent dans une intervention adaptée et appropriée axée sur l’auteur de l’infraction.

4.5 La participation à une intervention ne doit pas être considérée comme un moyen de maintenir ou de réaffirmer le contrôle sur un ex-partenaire par le biais de procédures judiciaires répétées ou prolongées. Les auteurs de violences qui sont actuellement (ou ont été récemment) parties à des procédures de droit privé concernant les enfants doivent être évalués par le personnel du programme, indépendamment de toute évaluation ou recommandation préalable d’une agence de référence ou d’un avocat.

4.6 Le travail conjoint est rarement approprié dans les cas de violence entre partenaires intimes ; il ne doit être entrepris que si la victime-survivante le demande de manière proactive, une fois que le travail de changement de comportement de l’auteur a été entrepris et qu’une nouvelle évaluation de l’aptitude a été menée séparément avec l’auteur et la victime-survivante. Des mises en garde similaires s’appliquent à la médiation informelle ou formelle, à la réconciliation ou à l’arbitrage religieux pour toutes les formes de violence domestique.

 

5. Les interventions doivent être mises en œuvre de manière équitable, en tenant compte des caractéristiques protégées qui se croisent et se chevauchent.

5.1 Les interventions doivent reconnaître que les personnes issues de groupes minorisés peuvent avoir été confrontées à des obstacles et à des désavantages et que le changement est plus probable lorsque ces obstacles et désavantages sont reconnus et pris en compte.

5.2 Le fondement de la recherche du pouvoir et du contrôle s’applique à toutes les communautés, mais la manière dont il est exprimé et justifié est susceptible de varier. Le travail devrait explorer les variations dans les normes de genre et de génération et la manière dont elles affectent les mécanismes de pouvoir et de contrôle.

5.3 Il convient d’étudier les croyances individuelles, familiales et générales qui autorisent, justifient ou minimisent les abus (dans certaines situations, les victimes, les survivants et les auteurs peuvent inscrire ces croyances dans des récits de culture, de foi, de religion et/ou de valeurs communautaires), ainsi que celles qui ne les soutiennent pas. Bien que cela puisse devenir une source d’inspiration dans le travail avec les victimes-survivantes et les auteurs, il est important que les praticiens ne renforcent pas les stéréotypes de communautés entières.

5.4 Il convient d’élaborer des approches différentes pour les femmes hétérosexuelles et/ou les LGB et/ou les T auteurs de violences et d’abus entre enfants et parents. Les approches existantes devront peut-être être adaptées aux personnes issues de groupes minorisés sur la base de l’appartenance ethnique ou raciale et aux auteurs neurodivergents pour lesquels les différences/difficultés d’apprentissage, sociales et de communication doivent être prises en compte.

5.5 Un travail direct spécifique à la langue de la communauté (en tête-à-tête ou en groupe) pourrait être mis à disposition et peut être plus efficace car il permet à la fois un accès rapide et une exploration conjointe de la signification.

 

6. Les interventions doivent être effectuées par du personnel qualifié et soutenu dans la réponse à la maltraitance domestique.

6.1 Le personnel doit recevoir une formation initiale afin d’améliorer ses connaissances sur les violences domestiques, sur la manière dont les caractéristiques protégées peuvent s’entrecroiser, sur les processus locaux de sauvegarde et multi-agences et sur l’intervention dans le cadre de laquelle il travaille. Cela s’applique également aux travailleurs de soutien intégré. Le développement professionnel continu doit mettre à jour les nouvelles connaissances et pratiques, y compris l’impact sur les victimes-survivants, y compris les enfants.

6.2 Les interventions doivent être mises en œuvre et gérées par une équipe qui s’efforce de refléter les communautés qu’elle sert.

6.3 Le personnel chargé des interventions doit avoir accès à une supervision hiérarchique interne régulière et à une supervision clinique externe financée et de qualité. Le personnel qui apporte son soutien mais ne réalise pas d’interventions pourrait se voir offrir le même soutien.

6.4 Les charges de travail ne doivent pas dépasser le nombre d’interventions spécifiques pouvant être réalisées en toute sécurité et de manière équitable. Cela s’applique à la fois à l’aide intégrée aux victimes et à l’intervention auprès des auteurs de violences.

6.5 Les personnes qui commettent des violences domestiques ne doivent pas intervenir en tant qu’auteurs de violences. Tout recours antérieur à la violence domestique doit être révélé. Une vérification approfondie du Service de divulgation et de protection des données (Disclosure and Barring Service – DBS) doit être effectuée (bien que la preuve d’un changement personnel substantiel ne soit pas nécessairement un obstacle à l’intervention des auteurs).

 

7. Les interventions doivent être suivies et évaluées afin d’améliorer les pratiques et d’élargir la base de connaissances.

7.1 Des dossiers clairs et cohérents doivent être mis en place pour permettre une mise en œuvre sûre et efficace de l’intervention, ainsi que l’identification et la réponse rapide à l’augmentation des risques et des préoccupations en matière de protection.

7.2 Des données doivent être collectées sur les interventions, conformément à leur modèle de travail et à leurs exigences en matière d’orientation et de financement, y compris sur les résultats pertinents pour leur intervention et sur les personnes (et, surtout, les personnes qui n’ont pas accès à leur intervention) qui bénéficient actuellement de leur intervention.

7.3 Les expériences a) des victimes-survivantes (y compris les enfants) associées aux utilisateurs des services des auteurs de violences et b) des utilisateurs des services des auteurs de violences doivent être recueillies et utilisées comme source d’apprentissage. Il convient de mettre en place un processus transparent et un calendrier pour la collecte et la réflexion sur ces informations au sein des équipes (proportionnellement à la taille de l’organisation).

7.4 Les interventions existantes pourraient faire l’objet d’une évaluation externe. Les interventions doivent toujours faire l’objet d’une évaluation indépendante lorsque de nouvelles approches sont expérimentées.