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Le programme Catch22 de lutte contre les gangs au Royaume-Uni est une initiative multidimensionnelle combinant interventions en milieu carcéral et communautaire, avec une approche centrée sur la réduction des risques, la réhabilitation et la prévention.

Interventions en milieu carcéral

  • Identification précoce et gestion des risques : Les équipes de Catch22 rencontrent les nouveaux détenus dans les 48 heures suivant leur arrivée en prison pour évaluer leur affiliation aux gangs, identifier les tensions communautaires et recommander des mesures préventives (comme des restrictions de mouvement). Cette phase inclut une collaboration avec la police, les services de probation et d’autres agences pour gérer les détenus à haut risque.
  • Programme R.O.A.D. (Rehabilitation Offering Another Direction) : Un programme phare sur 5 jours, conçu pour réduire les attitudes pro-criminelles. Il utilise une approche trauma-informed et restaurative pour aider les participants à réfléchir à leurs choix passés, améliorer leurs compétences communicationnelles et fixer des objectifs prosociaux. En 2023, 80 % des participants ont montré une amélioration de leur comportement en détention et une réduction des attitudes criminelles .
  • Résolution de conflits et médiation : Catch22 facilite des médiations entre détenus impliqués dans des incidents violents, avec un taux de résolution positif de 100 % en 2023. Cela inclut la gestion de rivalités entre gangs et la prévention des récidives .
  • Gestion de cas complexes : Un suivi individualisé pour les détenus à haut risque (comme ceux sous surveillance pour automutilation ou pour violence), avec 100 % d’amélioration des attitudes prosociales chez les participants en 2023 .
  • Formation du personnel pénitentiaire : Des modules sur la culture des gangs, la violence juvénile et les stratégies de désengagement, augmentant de 63 % la confiance des participants à signaler des activités liées aux gangs .

 Interventions communautaires

  • Prévention et désengagement : Travail avec les jeunes à risque (jusqu’à 25 ans) pour éviter leur entrée dans les gangs, via des programmes sur les relations saines, les conséquences des choix, ou la santé sexuelle. Par exemple, le service Kent County Lines and Gangs cible l’exploitation criminelle et les « county lines » (réseaux de trafic de drogues) avec des interventions sur mesure .
  • Soutien aux familles et aux écoles : Implication des proches et des institutions éducatives pour créer un environnement stable, en utilisant des outils comme l’**Outcome Star** pour mesurer les progrès des jeunes .
  • Réinsertion post-carcérale : Collaboration avec les services de probation et les employeurs pour offrir des opportunités d’éducation, de formation et d’emploi. Le programme **Straight Up** à Birmingham, financé par le gouvernement, propose des plans personnalisés incluant des activités de diversion (musique, sport) .

Approche holistique et partenariats

  • Modèle « 3P » (Place, Purpose, People) : Catch22 vise à garantir à chacun un logement stable, un but (éducation/emploi) et un réseau relationnel positif, considérés comme essentiels pour rompre avec les gangs .
  • Collaboration académique : Partenariats avec des universités (ex. Cambridge) pour évaluer l’efficacité des interventions. Par exemple, une recherche menée à HMP Leeds a confirmé l’impact positif des services Catch22 sur la réduction des violences .
  • Formation des professionnels: Des sessions pour les travailleurs sociaux, enseignants et policiers sur la culture des gangs et les stratégies de désengagement, avec 99 % des participants rapportant une meilleure compréhension post-formation .

Résultats et reconnaissance

  • Réduction de la violence : À HMP Thameside, les incidents violents mensuels sont passés de 86 à 26 après l’intervention de Catch22, évitant 60 victimes potentielles par mois .
  • Récompenses : Prix Butler Trust en 2015 pour les services à HMP Thameside; Certificat d’excellence en 2018 pour le modèle jeunesse à HMYOI Feltham, avec des changements comportementaux positifs chez plus de la moitié des participants .

Financeurs : Soutien du Ministère de la Justice, des Commissaires de police (ex. Kent VRU), et de donateurs privés. Le programme Kent County Lines est cofinancé par le PCC (Police and Crime Commissioner) .

Catch22 se distingue par son modèle intégré, alliant suppression des risques immédiats et travail sur les causes profondes de l’adhésion aux gangs, avec des résultats quantifiables en termes de réduction de la violence et de réinsertion sociale.

Patrick Lussier (2018) La delinquance sexuelle

Dans La délinquance sexuelle (2018), Patrick Lussier propose une analyse criminologique exhaustive du phénomène, déconstruisant mythes et présupposés et réorientant le débat vers une approche fondée sur la gestion du risque et des preuves empiriques .

L’un des apports de l’ouvrage est l’examen critique des instruments actuariels et structurés d’évaluation du risque de récidive sexuelle, combinant facteurs statiques (antécédents criminels, caractéristiques démographiques) et dynamiques (intérêts sexuels, compétences relationnelles, soutiens sociaux). Les chapitres « Moneyball et la stratégie correctionnelle » et « Risque, probabilités et récidive sexuelle démystifiés » s’intéressent notamment aux modalités de construction de ces échelles et aux facteurs de risque qu’elles retiennent.

Qui est patrick Lussier?

Patrick Lussier, professeur titulaire de criminologie à l’Université Laval, publie sous la direction de Marc Le Blanc un volume de 408 pages structuré en 18 chapitres, depuis une mise en perspective historique jusqu’aux enjeux contemporains de la « nouvelle pénologie ». L’ouvrage se divise en trois grandes parties :

  1. Fondements criminologiques et sociolégaux (chap. 1–4), où l’auteur défend l’urgence d’une analyse globale et rigoureuse du délinquant sexuel, distincte des visions purement psychiatrique ou sexologique .

  2. Instruments et gestion du risque (chap. 12–15), comprenant un panorama des registres publics, des outils actuariells (Statique-99, RRASOR, SORAG…) et structurés (SVR-20), et une démystification des notions de probabilité et de récidive .

  3. Trajectoires de vie et désistance (chap. 16–17), explorant les facteurs conduisant à l’abandon de la criminalité et les défis éthiques liés aux politiques de registre et de notification.

Principaux instruments d’évaluation du risque

1. Instruments actuariels statiques

  • RRASOR (Rapid Risk Assessment for Sex Offense Recidivism) :
    4 items simples fondés sur les données de dossier : antécédents d’infractions sexuelles, victime(s) non apparentée(s), victime(s) masculine(s) et âge de l’auteur (< 25 ans). Cet outil, développé par Hanson (1997), révèle un AUC oscillant entre 0,62 et 0,77 selon les études .

  • Statique-99 (Hanson & Thornton, 2000) :
    Échelle à 10 facteurs statiques, incluant :

    1. Âge à la condamnation (≥ 25 ans)

    2. Jamais cohabité durablement

    3. Condamnation pour violence non sexuelle (actuelle et antérieure)

    4. ≥ 4 prononcés de peine antérieurs

    5. Antécédents d’infractions sexuelles

    6. Infractions sexuelles sans contact

    7. Au moins une victime de sexe masculin

    8. Au moins une victime sans lien de parenté

    9. Au moins une victime inconnue

    10. Autres condamnations

  • Statique-99R : version révisée (2016) avec codage affiné et pondération améliorée de l’âge, permettant une calibration empirique plus précise des probabilités de récidive sur 5 et 10 ans .

  • SORAG (Sex Offender Risk Appraisal Guide, Quinsey et al., 1998) :
    Actuariel à 14 items, dérivé du VRAG, intégrant antécédents criminels, échec de libération conditionnelle, psychopathie (PCL-R), alcoolisme, statut conjugal, âge lors de l’infraction et caractéristiques des victimes. Principalement orienté vers la prédiction de la récidive violente (incluant la récidive sexuelle) .

    • A vécu avec ses deux parents biologiques jusqu’à l’âge de 16 ans
    • Inadaptation à l’école primaire
    • Antécédents de problèmes d’alcool/drogue
    • Situation matrimoniale
    • Antécédents criminels en cas de condamnation ou d’inculpation pour des délits non violents avant l’infraction de référence
    • Antécédents criminels en cas de condamnations ou d’inculpations pour des infractions violentes avant l’infraction de référence
    • Nombre de condamnations pour des délits sexuels antérieurs
    • Antécédents d’infractions sexuelles à l’encontre de filles de moins de 14 ans uniquement
    • Échec de la libération conditionnelle
    • Âge au moment de l’infraction
    • Répond aux critères du DSM-III pour tout trouble de la personnalité
    • Répond aux critères du DSM-III pour la schizophrénie
    • Résultats du test phallométrique
    • Nombre de points sur la liste de contrôle de la psychopathie – révisée
  • VRAG (Violence Risk Appraisal Guide, Quinsey et al., 1998) :
    Similaire au SORAG mais centré sur la récidive générale violente. Quelques versions révisées (VRAG-R) ont montré une AUC≈ 0,63–0,75 pour la récidive sexuelle et non sexuelle .

  • MnSOST-R (Minnesota Sex Offender Screening Tool–Revised) et RM2000 (Risk Matrix 2000) : Instruments britanniques combinant multiples facteurs statiques (nombre de victimes, type d’infraction, victimes masculines, antécédents de violence non sexuelle, etc.) .

2. Instruments structurés à composantes dynamiques

  • SVR-20 (Sexual Violence Risk – 20, Boer et al., 1997) :
    20 items codés en vulnérabilités ou forces, répartis en : facteurs sexuels (intérêts déviants, paraphilies), dynamiques relationnelles (congruence émotionnelle avec la victime, empathie), maîtrise de soi, gestion des émotions, soutien social, vécu psychosocial (stress, abus de substances, santé mentale) .

  • STABLE-2007 et Acute-2007 : composantes de l’RSVP (Risk for Sexual Violence Protocol), évaluant respectivement les facteurs de risque « stables » (pulsions, déviance sexuelle, intimacy deficits) et « aigus » (état émotionnel, proéminence de fantasmes, accès à des victimes).

Facteurs de risque récurrents

Catégorie Facteurs statiques Facteurs dynamiques
Antécédents criminels Infractions sexuelles antérieures, violences non sexuelles, nombre de peines antérieures
Victimes Victime masculine, victime non apparentée, victime étrangère Préférences sexuelles déviantes, paraphilies ciblées (enfants, viol)
Démographie et relations Âge (< 25 ans/R), célibat, jamais cohabité durablement Compétences sociales, empathie, relations intimes (stabilité, conflits)
Psychopathologie et traits Psychopathie (PCL-R), personnalité antisociale, échec libération Maîtrise de soi, impulsivité, régulation émotionnelle, alcool/drogue
Soutien et environnement Soutien communautaire/familial, stress de vie, intégration sociale

Perspective de Patrick Lussier

Lussier plaide pour une « nouvelle pénologie » axée sur la prédiction et la gestion du risque plutôt que sur l’idéologie punitive ou la psychothérapie standardisée . Il souligne toutefois les limites des outils purement statiques (absence de prise en compte des besoins criminogènes modifiables) et préconise l’intégration de facteurs dynamiques pour orienter la prise en charge et la prévention. L’ouvrage de Patrick Lussier offre un cadre rigoureux pour comprendre le phénomène des infractions sexuelles et la récidive. En décrivant et comparant les principaux instruments d’évaluation — de RRASOR à SVR-20 — il met en évidence les facteurs de risque (criminels, démographiques, relationnels, psychologiques) et insiste sur la nécessité d’allier rigueur empirique et prise en compte des dimensions dynamiques pour améliorer la prédiction et la prévention de la récidive sexuelle.

Et si le changement climatique avait une incidence sur les taux de criminalité? 

“Crime, Weather and Climate Change in Australia” (Awaworyi Churchill, Smyth & Trinh, 2023)

Cette recherche établit un lien robuste entre la température et la criminalité en Australie sur la période 2001–2019, montrant qu’une augmentation d’un écart-type de la température moyenne entraîne une hausse de 0,008 à 0,011 écart-type du taux de criminalité, soit environ 72 000 crimes supplémentaires par an sous l’effet de la chaleur ; et, sous un scénario « business as usual», le changement climatique pourrait générer 1 640 000 crimes additionnels d’ici à 2100.

Contexte

La littérature internationale documente depuis longtemps l’« effet chaleur » sur l’agressivité et la violence (p. ex. Hsiang et al., 2013), mais les études australiennes étaient jusqu’ici rares et fragmentaires. Ce travail s’inscrit dans la veine des recherches économiques sur la météo et la criminalité, en mobilisant un jeu de données couvrant plus de 3 000 codes postaux australiens, complétés par des données socio-démographiques .


Méthodologie

  • Période : 2001–2019, données mensuelles.

  • Unité d’analyse : code postal (N > 3 000), corrélé aux relevés météorologiques locaux .

  • Spécifications de robustesse : variations de la source et interpolation des données de recensement confirment l’effet positif de la température, avec des coefficients compris entre 0,001 et 0,015 selon le modèle .


Résultats principaux

  1. Effet immédiat :

    • +1 écart-type de température → +0,008–0,011 écart-type de taux de criminalité mensuel news.

    • Soit 72 000 crimes en plus chaque année en Australie .

  2. Projection à long terme :

    • Sous un scénario de changement climatique non atténué, on anticipe 1 640 000 crimes supplémentaires d’ici 2100 .

    • Cette estimation intègre les tendances de réchauffement prévues et les relations empiriques établies.


Implications

  • Politiques de prévention : nécessité d’adapter les effectifs et stratégies policières aux vagues de chaleur (estimées à ~ 8 000 policiers supplémentaires par an) .

  • Inégalités sociales : les communautés à faible revenu, moins équipées pour faire face aux fortes chaleurs, seront sur-exposées à la hausse de la violence .

  • Urgence climatique : ces résultats renforcent l’argument pour des politiques d’atténuation et d’adaptation afin de limiter l’impact du changement climatique sur la sécurité publique .


Conclusion

Cette étude pionnière pour l’Australie souligne qu’au-delà des effets environnementaux, le changement climatique agit comme facteur criminogène : la chaleur extrême accroît significativement la violence, et, à terme, des millions de crimes pourraient être attribués au réchauffement planétaire. Elle invite à penser l’action publique de manière intégrée, combinant transitions énergétiques, renforcement des services de sécurité et soutien aux populations vulnérables

Exclusion scolaire et risque de violence grave (Cornish & Brennan, 2025)

Depuis longtemps, on suspecte que l’exclusion scolaire aggrave le risque de délinquance chez les jeunes, mais il est éthiquement impossible de randomiser ce type d’intervention . Les politiques éducatives récentes au Royaume-Uni ont vu une hausse significative des exclusions permanentes au terme d’automne 2023-24, suscitant des débats sur leurs effets délétères The Guardian.

Les chercheurs Cornish & Brenan ont constitué un “essai cible” en appariant étroitement chaque élève exclu avec un élève non exclu aux caractéristiques sociodémographiques et scolaires identiques . Ils ont ensuite suivi ces paires sur 12 mois, en mesurant la survenue d’infractions violentes graves et d’homicides ou quasi-homicides.

Résultats principaux

L’exclusion scolaire s’est traduite par un doublement du risque de commettre des violences graves (Hazard Ratio = 2,05 ; IC 95 % : 1,83–2,29) dans l’année suivant la décision.  
Le risque d’homicide ou quasi-homicide était également majoré (HR = 2,36 ; IC 95 % : 1,04–5,36).
Concrètement, sur 20 000 jeunes exclus, on observe près de 990 infractions violentes et 20 homicides/quasi-homicides, contre environ 500 infractions et moins de 10 homicides dans le groupe non exclu.

Implications

Ces résultats renforcent le modèle causalo-comportemental liant exclusion et passage à l’acte violent, suggérant un effet nocif direct de l’exclusion scolaire .
Ils plaident pour réduire les exclusions, tout en offrant des alternatives de soutien (interventions ciblées, accompagnement social et scolaire) aux élèves à risque .
Du point de vue de la justice pénale, l’étude invite à mieux coordonner écoles et services de probation pour prévenir la marginalisation et la délinquance juvénile .

Conclusion

En émulation d’essai randomisé, cette étude démontre que l’exclusion scolaire n’est pas un simple outil disciplinaire, mais un facteur de risque accru de violences graves et d’homicides chez les jeunes. Elle contribue à la discussion sur les politiques éducatives et la prévention de la criminalité, en soulignant la nécessité d’approches plus inclusives et préventives

PQ-16 (Prodromal Questionnaire – 16 items) :

Il s’agit d’un questionnaire court d’auto-évaluation conçu pour dépister les symptômes prodromiques de la psychose, comme des expériences perceptives inhabituelles, des pensées paranoïdes ou des difficultés cognitives.
Utilisation : Utilisé dans des populations à risque (ex. : jeunes adultes avec antécédents familiaux ou symptômes légers). Un score élevé indique un besoin d’évaluation clinique approfondie.

Le PQ-16 vise à repérer les personnes qui présentent des symptômes perceptifs ou cognitifs inhabituels (hallucinations légères, idées de référence, etc.) afin de déterminer si une évaluation plus approfondie est nécessaire.

Structure :

Le questionnaire contient 16 questions à choix dichotomique (oui/non), centrées sur des expériences psychotiques ou quasi-psychotiques, telles que :

  • Avoir entendu des voix que les autres ne peuvent pas entendre

  • Se sentir observé sans raison

  • Croire que certains événements sont spécialement destinés à soi

  • Difficultés de concentration ou confusion mentale inhabituelle

Pour chaque réponse « oui », un niveau de détresse associé à cette expérience est souvent évalué sur une échelle de 1 à 4 (non systématiquement dans toutes les versions).

Exemple de question :
  • « Entendez-vous parfois des voix ou des sons que d’autres ne semblent pas entendre ? »
  • « Vous est-il arrivé de penser que des gens pouvaient lire dans vos pensées ? »
  • « Avez-vous eu l’impression que les choses autour de vous n’étaient pas réelles, comme dans un rêve ? »

Durée : environ 5 à 10 minutes

  • Suivi : un score élevé nécessite généralement une évaluation clinique approfondie, souvent avec une entrevue comme le SIPS (Structured Interview for Prodromal Syndromes) ou le CAARMS (Comprehensive Assessment of At-Risk Mental States).

Le PCL-5 (Post-Traumatic Stress disorder Checklist Version DSM5) est un questionnaire d’auto-évaluation utilisé pour évaluer les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) selon les critères du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ᵉ édition). Il est couramment utilisé pour :

  • Dépister le TSPT (PTSD).

  • Évaluer la gravité des symptômes.

  • Suivre l’évolution des symptômes après un traitement.

Structure :

  • 20 items correspondant aux 20 symptômes du TSPT du DSM-5, répartis en 4 clusters :

    1. Symptômes d’intrusion (items 1-5).

    2. Évitement (items 6-7).

    3. Altérations cognitives et de l’humeur (items 8-14).

    4. Hyperactivation neurovégétative (items 15-20).

Méthode de cotation (scoring)

  1. Échelle de réponse :
    Chaque item est noté de 0 à 4 selon la fréquence/gravité :

    • 0 = « Pas du tout »

    • 1 = « Un peu »

    • 2 = « Modérément »

    • 3 = « Beaucoup »

    • 4 = « Extrêmement ».

  2. Score total :

    • Additionnez les scores des 20 items (max = 80).

    • Un score total ≥ 31-33 suggère un TSPT probable (seuil variable selon les études).

  3. Critères diagnostiques (DSM-5) :
    Pour poser un diagnostic probable de TSPT, il faut :

    • 1 symptôme d’intrusion (≥ 1 item parmi 1-5 noté ≥ 2).

    • 1 symptôme d’évitement (≥ 1 item parmi 6-7 noté ≥ 2).

    • 2 symptômes d’altérations cognitives/émotionnelles (≥ 2 items parmi 8-14 notés ≥ 2).

    • 2 symptômes d’hyperactivation (≥ 2 items parmi 15-20 notés ≥ 2).

    • Durée > 1 mois (item 21) et altération fonctionnelle.

Interprétation

  1. Score total :

    • < 31 : Symptômes légers ou absents.

    • 31-33 : Seuil suggérant un TSPT probable (à confirmer par un entretien clinique).

    • > 33 : Symptômes modérés à sévères.

  2. Analyse par clusters :

    • Identifie les domaines les plus affectés (ex. : hyperactivation dominante).

    • Utile pour orienter le traitement (ex. : thérapie centrée sur l’évitement).

  3. Suivi thérapeutique :

    • Une diminution de 5-10 points est considérée comme une amélioration clinique significative.

Limites

    • Le PCL-5 est un outil de dépistage, pas un diagnostic définitif.

    • Des scores élevés peuvent refléter d’autres troubles (ex. : dépression, anxiété généralisée)

Le PCL-5  doit toujours être complétée par une évaluation clinique approfondie pour écarter les diagnostics différentiels et contextualiser les résultats.

PCL5_FR.pdf

PCL5_criterionA_form (2023).PDF

Manuel PCL-5

A quoi servent les activités en détention?

De nombreuses recherches confirment en effet que ces actions, combinées à un accompagnement global, réduisent significativement la récidive. Elles transforment les trajectoires en offrant des alternatives concrètes à la marginalisation et de ce fait confirment leur pertinence dans les politiques pénales modernes[1].

Ces actions agissent sur de multiples dimensions :

  • Réduction de l’oisiveté : Les activités structurées limitent les comportements destructeurs en détention (Bouffard et al., 2000).
  • Création de capital social : Les relations positives avec encadrants ou pairs renforcent les réseaux de soutien post-incarcération (Sampson & Laub, 1993).
  • Approche holistique : Combattre les inégalités d’accès à l’éducation, à la culture ou au sport permet de s’attaquer aux racines de la délinquance (Théorie des opportunités différentielles, Cloward & Ohlin, 1960).

Activités ludiques en prison ? L’exemple du Yoga en Milieu Pénal, un Outil Puissant pour la Réhabilitation

Et si la clé pour réduire la récidive et favoriser la réinsertion se trouvait aussi dans une pratique millénaire , qui a dès lors toute sa place en détention ?

De plus en plus d’études soulignent l’impact du yoga et de la pleine conscience dans les systèmes pénitentiaires. Voici pourquoi cette approche mérite notre attention

Les preuves scientifiques parlent d’elles-mêmes:

Muirhead, Fortune (2016) Yoga in prisons: A review of the literature
« Il a été démontré que le yoga améliore certaines variables clés liées à la délinquance (par exemple, l’impulsivité, l’agression), ainsi que des variables qui pourraient améliorer la capacité des délinquants à participer à des traitements visant spécifiquement à réduire leur risque de comportement criminel (par exemple, la dépression, l’attention, la régulation émotionnelle). (source: sciencedirect.com)

🇬🇧 Une étude menée par l’Université d’Oxford (2013) sur 100 détenus a montré que la pratique régulière du yoga réduisait significativement le stress, l’anxiété et les comportements agressifs, tout en améliorant la régulation émotionnelle (Source : prisoners-doing-yoga-may-see-psychological-benefits).

🇺🇲 Le Prison Yoga Project, fondé en 2002, a documenté des témoignages de participants soulignant une meilleure gestion des conflits et un regain d’estime de soi, essentiels pour une réinsertion réussie. (source: prisonyoga.org/ )

🇸🇪Une recherche suédoise (Kerekes et al. 2017; Yoga in Correctional Settings: A Randomized Controlled Study) conclue que : « Par rapport au groupe témoin, les participants aux cours de yoga ont fait état d’une amélioration significative de leur bien-être émotionnel et d’une diminution de leur comportement antisocial après 10 semaines de yoga. Ils ont également amélioré leurs performances au test informatisé qui mesure l’attention et le contrôle des impulsions. »

🇦🇺Une recherche Australienne (Bartels et al. 2019) sur le yoga en prison conclue que: « Nos résultats indiquent que les participants ont tiré des avantages statistiquement et cliniquement significatifs du programme, comme en témoignent les améliorations de leurs niveaux de dépression, d’anxiété, d’estime de soi, d’orientation vers un objectif, d’affect négatif et de non-acceptation. Ils ont également fait état d’une amélioration de la flexibilité, du sommeil et de la relaxation, d’une réduction de la douleur et d’une amélioration de leur bien-être mental, déclarant que le programme leur avait permis de se sentir « calmes » et « en paix ».

Dans un système souvent axé sur la punition, intégrer des approches holistiques comme le yoga permet de :

✅ Réduire les tensions et les violences en détention.
✅ Préparer les individus à réintégrer la société avec des outils émotionnels solides.
✅ Aborder la réhabilitation sous un angle préventif.

Et que dit la recherche sur la médiation animale en milieu pénal ?

Sur le plan de la recherche, les programmes sont tellement différents qu’il est difficile de les comparer réellement, et d’en tirer des meta-analyses méthodologiquement solides. Mais les résultats accumulés depuis des années sont prometteurs !

Réduction des Comportements Violents

Une étude menée par Harkrader, Burke et Owen (2004) dans des établissements pénitentiaires américains a démontré que les détenus participant à des programmes de dressage canin présentaient une diminution significative des actes violents et un renforcement de leur sens des responsabilités. Ces activités favoriseraient également l’acquisition de compétences sociales essentielles pour la vie en communauté.

« Grâce à ces programmes de dressage de chiens, les détenus apprennent la responsabilité, la patience, la tolérance et les compétences en tant que dresseurs d’animaux. Les chiens constituent également un lien entre les détenus et les gardiens et réduisent les conflits entre les détenus et le personnel. » (Todd Harkrader; Tod W. Burke; Stephen S. Owen (2004) Pound Puppies: The Rehabilitative Uses of Dogs in Correctional Facilities)

Les chevaux, étant particulièrement sensibles au langage non-verbal, exigent des participants une forme de cohérence émotionnelle. Cette caractéristique permet de travailler sur la régulation émotionnelle, un déficit souvent observé chez les personnes ayant commis des actes délictueux. L’étude de Burgon (2016) a démontré que les participants développaient progressivement une meilleure reconnaissance et gestion de leurs émotions négatives comme la colère ou la frustration.

Développement de l’Empathie

Selon les travaux de Furst (2006), interagir avec des animaux permettrait aux personnes incarcérées de restaurer leur capacité à créer des liens émotionnels sains. Les animaux agissent comme des catalyseurs d’empathie, un élément clé potentiel pour réduire les risques de récidive. (Gennifer Furst (2006) Prison-Based Animal Programs: A National Survey)

Par ailleurs, le travail en groupe autour des chevaux favorise la coopération et l’apprentissage du travail d’équipe. L’étude longitudinale de Hemingway et al. (2015) a mis en évidence comment des détenus initialement isolés développaient progressivement des capacités de collaboration à travers des tâches collectives liées aux soins des équidés.

Impact sur la récidive

La revue des études (19) sur le sujet menée par Bachi (2013) montre clairement des résultats encourageants qui nécessitent d’être consolidés :

  • Trois études ont mis en évidence une réduction des taux de récidive. Un examen des dossiers du service de probation (Chianese, 2010) a révélé que les filles qui ont participé à un programme de médiation animal  récidivaient deux fois moins que les filles qui n’avaient pas été exposées à un chiot. Celles qui ont récidivé n’ont été accusées que de violations de la probation et n’ont pas commis de nouveaux délits.
  • le programme carcéral équin « Wild Mustang Program (WMP) » au Nouveau Mexique, a également fait état d’une réduction des taux de récidive parmi les 56 hommes participant au programme (Cushing & Williams, 1995). Seulement 25 % des participants ont récidivé contre un taux de récidive moyen de 38,12 % dans l’État. Il s’agissait d’une à méthodes mixtes, composée d’entretiens qualitatifs et de méthodes quantitatives
  • Ann Hemingway & Kezia Sullivan ont mis en évidence (Grande Bretagne) une diminution des violences domestqiues post intervention avec médiation équine. (Reducing the incidence of domestic violence: An observational study of an equine-assisted intervention) (“Des réductions significatives de la violence domestique et du statut d’enfant dans le besoin ont été constatées pour les familles dont un ou plusieurs membres ont suivi et achevé l’intervention assistée par la médiation équine”)

Les chercheurs attribuent ces effets positifs à plusieurs facteurs: l’acquisition de compétences transférables (patience, constance, responsabilité), le développement d’une relation significative, et l’expérience valorisante d’être en position de « soignant » plutôt que de personne à problèmes.

[1] Voir par exemple Meek & Lewis (2014) ; UNOCOC (2020), Andrews et Bonta (2010)).