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Au royaume uni, certaines unités pénitentiaires sont spécialisées dans le travail avec des personnes plus dangereuses souffrant de troubles graves de la personnalité ; elles utilisent le modèle PIPE (psychologically informed prison environment).  Il existe un programme de groupe intensif basé sur le modèle de la communauté thérapeutique à la prison de Grendon, qui s’occupe de certains des prisonniers les plus problématiques. Toutes ces unités bénéficient d’un niveau élevé de participation de la part des psychologues.

Résumé de la recherche PIPE

Contexte

Les environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (PIPE: Psychologically Informed Planned Environments ) constituent un élément clé de la stratégie de lutte contre les troubles de la personnalité (Department of Health (DH) & National Offender Management Service (NOMS) 2011). Au moment de la recherche, NOMS et le NHS soutenaient six sites pilotes PIPE : deux dans des prisons pour hommes, deux dans des prisons pour femmes et deux dans des locaux approuvés pour la probation (AP). Un autre site dans une prison pour hommes a été mis en place au cours du projet.

Les PIPE sont des environnements confinés, spécifiquement conçus, où les membres du personnel reçoivent une formation supplémentaire pour développer une meilleure compréhension psychologique de leur travail. Cette compréhension leur permet de créer un environnement plus sûr et plus favorable, qui peut faciliter le développement des personnes qui y vivent. Les PIPE sont conçus pour mettre l’accent sur l’environnement dans lequel ils opèrent et reconnaissent activement l’importance et la qualité des relations et des interactions. Ils visent à maximiser les situations ordinaires et à les aborder d’une manière psychologiquement informée, en prêtant attention aux difficultés interpersonnelles, y compris aux problèmes qui pourraient être liés aux troubles mentaux (NOMS & DH, 2012).

Les PIPEs ne sont pas une intervention de traitement, ils sont plutôt conçus pour permettre aux délinquants de progresser à travers un parcours d’intervention, en maintenant les développements réalisés précédemment, et en soutenant la transition et le développement personnel à des étapes importantes de leur parcours (NOMS & DH, 2012). En milieu carcéral, l’essai sur le terrain du modèle PIPEs est appliqué à la mise en place d’unités de progression pour les délinquants qui ont récemment achevé des programmes de traitement et de lutte contre la délinquance de haute intensité. Pour l’essai sur le terrain dans la communauté, l’approche PIPE est appliquée aux populations délinquantes existantes dans les centres de détention provisoire.

Conception de la recherche

NatCen Social Research a mené une recherche qualitative pour examiner les principales caractéristiques des PIPE. L’objectif n’était pas d’évaluer les PIPEs pilotes, mais de fournir une articulation objective de l’activité des PIPEs et d’identifier ses ingrédients clés. La recherche a également permis d’identifier les leçons tirées des projets pilotes, qui sont discutées ici pour aider à informer les futurs projets.

Trois sites pilotes ont été sélectionnés à dessein pour faire l’objet d’études de cas : une aile pour délinquants sexuels dans une prison pour hommes, un centre de détention provisoire accueillant des hommes condamnés pour des délits violents (mais pas exclusivement) et une unité dans une prison pour femmes.

Le travail sur le terrain a consisté en des entretiens approfondis et des discussions en petits groupes avec le personnel stratégique et opérationnel, des entretiens approfondis avec les détenus et les résidents de l’AP, et des observations vidéo des principales activités du PIPE. Un atelier a ensuite été organisé, auquel ont participé les parties prenantes du NOMS et du NHS, ainsi que des représentants des sept sites pilotes. Comme il s’agit d’une étude qualitative, il n’est pas possible d’estimer la prévalence de certains points de vue et expériences.

Points clefs

Mise en oeuvre de PIPE

L’approche PIPE s’appuie sur un certain nombre de modèles théoriques, en mettant l’accent sur l’importance et la qualité des relations (NOMS & DH, 2012). Le personnel et les détenus/résidents du PA ont identifié les éléments suivants comme étant des éléments clés du modèle PIPE :

Établir et maintenir des relations et des interactions améliorées :

  • Actions et comportements du personnel : Les exemples incluent : le personnel cherche à comprendre le comportement difficile des délinquants et à aborder les significations et les problèmes sous-jacents ; l’accent est mis sur une communication et une interaction respectueuses ; le personnel passe du temps avec les détenus/résidents du PA de manière informelle et s’implique dans les activités du PIPE ; et tient compte de leurs idées et de leurs suggestions lorsque cela est possible.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe complète, cohérente et clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble. L’un des principaux enseignements tirés des sites étudiés est que des approches incohérentes et un engagement variable de la part du personnel peuvent nuire à la qualité de l’interaction avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces fonctions est également essentiel à l’efficacité du programme PIPE.
  • Interaction entre les détenus et les résidents du PA : L’interaction entre les détenus et les résidents du PPA a été jugée meilleure dans tous les sites étudiés que dans les unités comparables non PIPE, et les détenus ont été jugés plus calmes et moins hiérarchiques. Bien que cela soit également vrai pour le PIPE dans une certaine mesure, il a été estimé que la rotation relativement élevée des résidents, dont beaucoup passaient une grande partie de la journée en dehors du PIPE, posait un problème. Les activités planifiées proposées par le PIPE, telles que les groupes structurés et les sessions créatives, ont été considérées comme facilitant une interaction saine entre les résidents.
  • L’environnement physique a également été un important facteur de facilitation. Le fait que l’unité PIPE soit située dans une zone distincte et autonome a été perçu comme encourageant une communication positive et aidant les détenus à former un groupe plus cohésif. Les lieux informels d’interaction sont considérés comme jouant un rôle clé dans la normalisation de l’interaction et la promotion de comportements responsables et coopératifs.
  • Le personnel était très conscient de l’impact déstabilisant que pouvaient avoir certains détenus/résidents du PA, et certains ont été jugés inadaptés au PIPE en termes de motivation ou d’attitude à l’égard de l’approche PIPE. Les établissements pénitentiaires PIPE ont parfois hébergé des  » pensionnaires  » aux côtés des détenus PIPE, car les problèmes de capacité de l’établissement ne leur permettaient pas d’avoir des cellules vides. A ce stade initial du développement du PIPE, il était inévitable que ce mélange de prisonniers dilue l’expérience du PIPE et ne soit pas conforme aux directives du NOMS et du DH (2012).

Soutien formalisé aux délinquants:

  • Il s’agissait pour un agent personnel/travailleur de clés de rencontrer régulièrement son détenu/résident PA pour discuter de son expérience du PIPE, de ses comportements positifs ou négatifs et des facteurs qui les sous-tendent, de son histoire en termes de vie personnelle, de comportement délinquant et de toute expérience de traitement, ainsi que de ses projets pour l’avenir. Les détenus du PIPE et les résidents de l’AP ont généralement une opinion positive de ces relations, en particulier lorsque le personnel est ouvert, honnête, ne porte pas de jugement et partage ses propres expériences. Parmi les difficultés identifiées, citons : les horaires de travail ou d’autres engagements limitant la disponibilité du personnel ; les approches incohérentes et l’engagement variable des différents membres du personnel ; l’équilibre entre le soutien et le rôle de surveillance – qui doit être géré avec soin avec les détenus/résidents du programme d’assistance pour maintenir la confiance. Dans le centre de détention provisoire, il est également nécessaire de maintenir la cohérence entre l’agent personnel/le travailleur clé et le responsable des délinquants.

Suivi et gestion du comportement

  • On craint que certains délinquants qui suivent des programmes de haute intensité n’aient pas mis en pratique ce qu’ils ont appris. Le PIPE est conçu pour  » tester  » les délinquants en surveillant la manière dont ils fonctionnent dans un environnement favorable, à la fois au quotidien et dans le cadre d’activités planifiées (NOMS & DH, 2012). Le personnel du PIPE joue un rôle clé dans le suivi et la documentation des progrès (ou de l’absence de progrès) des délinquants et dans l’identification des comportements délinquants parallèles. Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été décrits comme étant pleinement conscients de la fonction d’observation et de suivi du PIPE, mais dans certains cas, cela a été ressenti comme ayant eu un impact négatif sur leur confiance dans les agents du PIPE. Comme pour d’autres aspects de la mise en œuvre du PIPE, l’adoption d’une approche cohérente par l’ensemble du personnel a été jugée importante, mais non sans difficultés.

Impacts émergents

Le personnel a estimé que les résultats escomptés des PIPE n’avaient pas été clairement communiqués. Dans les prisons ayant fait l’objet d’une étude de cas, cette situation a pu être exacerbée par le fait que le responsable clinique n’était pas en poste au début de la mise en œuvre pour expliquer les objectifs et les résultats escomptés des PIPE, tels qu’ils sont décrits dans les documents de spécification des services (NOMS, 2010a ; NOMS, 2010b). Cependant, tant le personnel que les détenus/résidents du PA ont suggéré une série d’impacts émergents découlant des PIPE. Il est important de souligner que la recherche a eu lieu peu de temps après la mise en œuvre et alors que les PIPEs étaient encore en cours de développement. Par conséquent, tous les impacts possibles et les résultats spécifiés n’auront pas été pleinement réalisés ou compris à ce stade.

  • La possibilité accrue de communiquer dans des contextes formels et informels a été perçue comme ayant conduit à une amélioration des relations entre les détenus et les résidents du PA. Cela a été démontré par le fait que les délinquants reconnaissaient quand les autres avaient besoin de soutien. Le personnel a également indiqué qu’il y avait moins de brimades dans les unités PIPE que dans les autres quartiers de la prison.
  • L’amélioration des contacts par le biais de sessions avec des agents personnels ou des travailleurs clés, de groupes structurés, de sessions créatives et d’interactions informelles a permis d’améliorer la qualité des relations entre le personnel et les détenus/résidents du PA. Le personnel a indiqué que ces opportunités avaient permis d’établir des relations avec les délinquants, ce qui a permis au personnel d’être plus à même de les interpeller sur leur comportement. Il a également été noté que des relations plus positives avec le personnel du PIPE constituaient un modèle pour les délinquants quant à la manière d’interagir avec le personnel d’autres établissements, ainsi qu’avec les services à la sortie de prison.
  • Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été considérés comme plus responsables de leurs actions et de leurs comportements. Au sein de l’AP, le personnel a estimé que le nombre de rappels avait diminué et que le respect des conditions du permis s’était amélioré. Cependant, certains membres du personnel se sont demandé si ces réductions n’étaient pas plutôt le résultat de changements dans le comportement du personnel, c’est-à-dire que le personnel signale moins d’incidents plutôt qu’il n’y ait moins d’incidents.
  • Les délinquants ont indiqué que le renforcement positif de la part du personnel du PIPE les aidait à maintenir les acquis du traitement. Cependant, le personnel a également reconnu les limites des unités PIPE dans le traitement des comportements complexes et problématiques.

Principales conclusions

Cette étude a été conçue pour explorer les caractéristiques des environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (Psychologically Informed Planned Environments (PIPEs) par le biais d’une recherche qualitative dans trois sites pilotes d’études de cas.

  • Les études de cas sur les PIPE ont permis de tirer un certain nombre d’enseignements sur les principales caractéristiques du modèle PIPE.  L’établissement et le maintien de relations sûres entre le personnel et les détenus/résidents des locaux agréés (PA) ont été considérés comme essentiels. Les délinquants ont souligné l’importance de la disponibilité du personnel et d’une interaction respectueuse au quotidien dans la gestion et l’organisation du PIPE, ainsi que la mise en place de mécanismes de soutien formel pour les délinquants par le biais de sessions régulières de l’agent personnel/travailleur clé, de groupes structurés, de sessions créatives et de séances de groupes structurés et des activités informelles.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble.  L’un des principaux enseignements tirés des études de cas est que les approches incohérentes et l’engagement variable du personnel peuvent nuire à  l’interaction utile avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces rôles est également essentiel pour une mise en œuvre efficace du PIPE.
  • La communication sur les PIPEs doit passer par tous les niveaux d’opération afin qu’il y ait un leadership stratégique approprié au sein des établissements  et que le personnel de première ligne en ait une bonne compréhension. Cela permet de s’assurer que le PIPE est soutenu à la fois par les personnes qui y travaillent et par l’ensemble de l’établissement ou de la zone de probation. Ceci est particulièrement important lorsque le personnel ne faisant pas partie du PIPE est susceptible de saper l’éthique du PIPE ou de poursuivre des objectifs contraires à ceux du PIPE.La communication doit également s’étendre aux résidents potentiels afin qu’ils comprennent bien l’objectif et les paramètres du PIPE.
  • Une autre leçon tirée des études de cas est que le fait d’avoir des détenus non PIPE (ou « logeurs ») dans l’unité peut compromettre l’impact potentiel du PIPE dans les prisons. Il peut être de créer des unités exclusivement occupées par des détenus du PIPE dans la phase initiale de développement du PIPE, mais il convient de prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la culture de l’établissement. Il faut cependant prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la mise en œuvre de PIP. L’objectif à long terme est de fournir une population de détenus répondant aux critères du cahier des charges des PIPEs.

enabling-pipe-research-report.pdf (publishing.service.gov.uk)

Si le lien est brisé enabling-pipe-research-report

Pour en savoir plus:

Un lien vers le site du ministère de la justice du Royaume-Uni, qui donne plus d’informations. sur le rôle des psychologues pénitentiaires UK: https://prisonandprobationjobs.gov.uk/roles-at-hmpps/psychologist/life-as-a-forensic-psychologist/

un lien pour accéder a une serie de podcast qui explique les différents roles des psychologues dans le service pénitentiaire: https://forensicpsychologypodcast.libsyn.com/website

ARTE.TV, emission « 42 » (2022) Y a-t-il un psychopathe en nous ?

❓Y a-t-il un psychopathe en nous?
👉 C’est la question posée par ce court documentaire d’Arte.tv, qui évoque entre autres la check-list de Hare, la PCL-R
👉Il y est abordé également les travaux de James Fallon sur les spécificités du fonctionnement cérébral des psychopathes et les caractéristiques génétiques prédisposantes.
👉Si la figure du tueur en série fascine Hollywood, la plupart des psychopathes ne sont pas des assassins. Malins, ils se fondent dans la masse. Alors comment les reconnaître ? Et sont-ils dangereux ?

FEDERAL PROBATION JOURNAL, Gary S. Cuddeback (Virginia Commonwealth University), Tonya Van Deinse (University of North Carolina at Chapel Hill), Ashley D. Givens (University of Missouri—Columbia), Andrea Murray Lichtman (University of North Carolina at Chapel Hill), Mariah Cowell (University of Utah); Elena DiRosa (University of North Carolina at Chapel Hill) (2022) Les personnes atteintes de maladies mentales dans le milieu pénal : Problèmes complexes et meilleures pratiques

 

Extrait:

LES PERSONNES EN PROBATION qui souffrent de maladies mentales graves sont confrontées à des défis complexes liés à l’instabilité du logement, les problèmes de consommation, au chômage, aux traumatismes, aux problèmes de santé physique comorbides et aux symptômes de maladies mentales qui rendent leur supervision plus difficile (Garcia & Abukhadra, 2021 ; Givens & Cuddeback, 2021 ; Lurigio et al., 2003). Cela est d’autant plus important que la population sous surveillance communautaire (milieu ouvet) s’élève à près de 4,3 millions de personnes et que des estimations prudentes suggèrent qu’environ 16% des personnes sous surveillance communautaire souffrent d’une maladie mentale (Oudekerk & Kaeble, 2021). Par rapport aux personnes en probation qui ne souffrent pas de maladies mentales, les probationnaires atteints de maladies mentales sollicitent davantage les agents de probation en raison de l’augmentation de leurs besoins criminogènes et non criminogènes, en particulier les limitations fonctionnelles et les problèmes de consommation, qui exigent plus de temps, d’énergie et de ressources de la part des agents de probation (Skeem & Petrila, 2004). Les probationnaires atteints de maladies mentales présentent également de faibles taux d’adhésion aux traitements de santé mentale (Kreyenbuhl et al., 2009 ; MacBeth et al., 2013). En outre, les personnes en probation qui souffrent de maladies mentales ont des taux élevés de violations et de révocations de la probation (Eno Louden & Skeem, 2011) et subissent des conséquences plus importantes que celles qui ne souffrent pas de maladies mentales (Eno Louden & Skeem, 2011 ; Prins & Draper, 2009).

À bien des égards, les stratégies de suivi en probation pour les personnes atteintes de maladies mentales ressemblent à celles appliquées aux probationnaires sans maladie mentale (par exemple, il est essentiel d’aider à obtenir un logement sûr et adéquat, des opportunités d’emploi et des soutiens prosociaux) ; cependant, l’obtention d’un logement, d’un emploi et d’un soutien social est souvent plus difficile pour les personnes atteintes de maladies mentales, en particulier pour celles qui sont sous main de justice. Il est donc primordial d’aborder ces questions dans le cadre d’une orientation de supervision axée sur la résolution des problèmes et en tenant compte des défis particuliers auxquels sont confrontées les personnes atteintes de maladies mentales. Dans cet article, nous nous concentrerons sur les défis de la supervision des personnes atteintes de maladies mentales graves qui sont en probation. Plus précisément, nous allons (a) définir les maladies mentales graves et persistantes ; (b) discuter des besoins complexes des personnes atteintes de maladies mentales dans le système de justice pénale ; et (c) décrire les pratiques fondées sur des preuves et d’autres interventions pour les personnes atteintes de maladies mentales dans le système de justice pénale.

Que doit savoir le personnel de probation sur les maladies mentales graves et persistantes?

La maladie mentale sévère et persistante, ou maladie mentale grave, est généralement définie comme la conjonction d’un diagnostic, d’une incapacité et d’une durée (Goldman et al., 1981). Le diagnostic fait généralement référence aux diagnostics les plus profondément invalidants, tels que la schizophrénie, le trouble bipolaire et/ou la dépression majeure. Ensuite, l’incapacité suggère qu’une personne est si profondément malade qu’elle a du mal à fonctionner dans la communauté sans un traitement et un soutien importants pour les problèmes de santé mentale. Enfin, la durée suggère que le diagnostic invalidant dure depuis plusieurs années ou plus (Goldman et al., 1981). Il est important de noter que Goldman et al. (1981) ont proposé cette définition en réponse à la nécessité, à l’époque, de fournir des lignes directrices pour définir et compter les personnes atteintes de maladies mentales.

Depuis, d’autres groupes ont proposé des méthodes et des définitions similaires (Parabiaghi et al., 2006 ; Ruggeri et al., 2000 ; Schinnar et al., 1990), bien que ces définitions n’aient pas été formellement appliquées aux populations de personnes atteintes de maladies mentales impliquées dans la justice, et que des estimations fiables du nombre de personnes en probation atteintes de maladies mentales sévères et persistantes restent difficiles à obtenir. En outre, bien qu’il existe d’autres diagnostics de santé mentale, tels que la dysthymie, les troubles anxieux ou le stress post-traumatique, la maladie mentale sévère et persistante – souvent abrégée en SPMI (severe and persistent mental illness) ou SMI (severe mental illness) – est utilisée pour décrire les personnes souffrant de maladies mentales invalidantes. Étant donné que les agents de probation rencontrent régulièrement des délinquants souffrant de dépression, de troubles bipolaires et de schizophrénie, nous allons prendre le temps de décrire chacun de ces diagnostics.

Conclusion

Le grand nombre de personnes atteintes de maladies mentales dans le système judiciaire pénal présente des défis complexes et uniques pour le personnel de probation et les autres agents du système judiciaire pénal. Pour superviser cette population, il est important de comprendre la maladie mentale et de reconnaître comment les symptômes de la maladie mentale peuvent rendre difficile le respect des exigences de la probation, ainsi que de mettre ces personnes en contact avec des prises en charges ou programmes fondés sur des preuves et conçus pour traiter l’abus de substances, l’absence de domicile, le chômage et le soutien social.

Les personnes atteintes de maladies mentales dans le milieu pénal _ Problèmes complexes et meilleures pratiques

Article original (ENG): https://www.uscourts.gov/sites/default/files/86_1_3_0.pdf

Gestion de la colère pour les clients souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives et de troubles mentaux : Manuel du participant

U.S. DEPARTMENT OF HEALTH AND HUMAN SERVICES
Substance Abuse and Mental Health Services Administration
Center for Substance Abuse Treatment

AVANT-PROPOS
La colère et les troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives coexistent souvent, ce qui augmente le risque de conséquences négatives comme l’agression physique, l’automutilation, des relations perturbées, la perte d’un emploi ou l’implication dans la justice pénale. Selon une méta-analyse de 23 études réalisée en 2014, près de la moitié des personnes ayant commis un homicide étaient sous l’influence sous l’influence de l’alcool et 37 % étaient en état d’ébriété (Kuhns, Exum, Clodfelter, & Bottia, 2014). La colère, la violence et le stress traumatique associé peuvent souvent être en corrélation avec l’initiation à la consommation de drogues et d’alcool et peuvent être une conséquence de la consommation de substances. Les personnes qui vivent des événements traumatisants, par exemple, peuvent éprouver de la colère et agir de manière violente, ainsi que faire un usage abusif de drogues ou d’alcool. Les cliniciens constatent souvent que la colère et la violence sont liées à la consommation de substances (Shopshire & Reilly, 2013).
De nombreux clients souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie ont vécu des événements traumatisants qui entraînent à leur tour une consommation de substances, de la colère et un risque accru de violence. Des méta-analyses ont démontré de manière fiable l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale dans le traitement des addictions et d’autres problèmes de santé mentale, tels que la dépression, le stress post-traumatique et l’anxiété.
Afin de fournir aux cliniciens des outils pour les aider à traiter cette question importante, le Center for Substance Abuse Treatment (Centre de traitement de l’abus de substances,  Substance Abuse and Mental Health Services Administration) a le plaisir de présenter des versions révisées et mises à jour de l’ouvrage « Anger Management for Substance Use Disorder and Mental Health Clients (Gestion de la colère pour les clients souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives et de troubles mentaux) : Manuel du participant, qui ont été publiés à l’origine en 2002.
La conception du traitement de la gestion de la colère dans ce manuel, qui a été appliquée à des milliers de clients au cours des trois dernières décennies, a été très apprécié des cliniciens et des clients. Le format du manuel se prête à une utilisation dans une variété de contextes cliniques ; il peut être adapté à différents groupes minoritaires raciaux et ethniques et des sexes, ainsi que des divers contextes de traitement, et sera un outil utile pour le domaine.

Elinore F. McCance-Katz, M.D., Ph.D.
Assistant Secretary for Mental Health and Substance Use
Substance Abuse and Mental Health Services Administration

https://store.samhsa.gov/sites/default/files/d7/priv/anger_management_manual_508_compliant.pdf

Si le lien est brisé: anger_management_manual_508_compliant

Seena FAZEL & Université d’OXFORD: OXRISK, Panel d’outils d’évaluation du risque

OxRec est un calculateur de risque en ligne permettant d’évaluer le risque de récidive chez les détenus. Cet outil a été développé par le groupe de psychiatrie et de psychologie légale de l’Université d’Oxford et est disponible sur le site OxRisk.com.

Comment a-t-il été développé ?

OxRec a été développé et validé en Suède, sur la base du suivi de 47 326 prisonniers libérés sur une période de 10 ans. Les variables prédictives potentielles à inclure dans OxRec ont été tirées d’un examen minutieux des données relatives aux antécédents criminels et aux facteurs sociodémographiques et cliniques, et n’ont été retenues que celles qui étaient à la fois des facteurs de risque fiables et relativement faciles à évaluer.

Tout d’abord, le modèle OxRec a été dérivé à partir des données de 37 100 prisonniers, et 14 facteurs sociodémographiques et cliniques, pour la plupart collectés de manière routinière, ont été inclus dans le modèle final. Ensuite, le modèle a fait l’objet d’une validation externe auprès d’un groupe distinct de 10 226 détenus afin d’établir sa performance dans un nouvel échantillon. Le modèle génère un calculateur de risque simple (OxRec) qui produit deux résultats – des catégories (faible, moyen, élevé) et des scores de probabilité (%) basés sur la récidive violente et la récidive tout court sur 1 et 2 ans.

La recherche qui sous-tend OxRec a été développée en utilisant les méthodes de la plus haute qualité dans le domaine, a été évaluée par des pairs et l’article original a été publié en libre accès dans le Lancet Psychiatry. OxRec a également fait l’objet d’une validation externe plus récente aux Pays-Bas (Scientific Reports), avec quelques prédicteurs adaptés pour tenir compte des besoins locaux. En outre, des validations au Tadjikistan (publiée dans Frontiers in Psychiatry et représentant l’une des seules validations externes d’un outil de justice pénale dans un pays à revenu faible/moyen) et au Royaume-Uni ont été réalisées. D’autres validations externes sont en cours en Finlande, en Suède et en Norvège, et des études de faisabilité sont en cours dans d’autres pays. Pour une bibliographie complète relative à OxRec, visitez l’onglet ‘New OxRisk tool validations’ sur OxRisk.com.

Un article récent qui traite des outils d’évaluation du risque pénal et du changement radical qu’offre OxRec a été publié dans le European Journal on Criminal Policy and Research (Journal européen de la politique et de la recherche criminelles).

Quand utiliser OxRec ?

OxRec est conçu pour prédire la récidive violente dans un délai d’un an et de deux ans dans deux populations : les prisonniers libérés et, aux Pays-Bas, il a été adapté pour être utilisé avec les probationnaires.

Qui peut utiliser OxRec ?

Les professionnels de la justice pénale et le personnel de santé peuvent utiliser l’outil OxRec, car l’évaluation des cas spécifiques nécessite l’interprétation de certaines des variables prédictives. Les personnes qui utilisent OxRec sont encouragées à lire d’autres documents de référence (y compris les articles publiés sur OxRec, tous disponibles gratuitement sur OxRisk.com) et toutes les vidéos de formation développées localement dans les différents pays.

Comment interpréter les résultats ?

Les résultats du calculateur OxRec comprennent des scores de probabilité de récidive violente dans un délai d’un an et de deux ans. Une probabilité de 10% pour 2 ans signifie qu’en moyenne, 1 individu sur 10 ayant les mêmes prédicteurs sera violent au cours des 2 prochaines années. Il s’agit d’une interprétation similaire à celle de la probabilité de pluie dans une application météo – ainsi, une probabilité de pluie de 50 % à un moment donné signifie qu’il y a une chance sur deux qu’il pleuve un jour similaire à celui d’aujourd’hui.

Le calculateur fournit également une catégorie de risque, basée sur des niveaux de risque pré-spécifiés identifiés sur le calculateur (et qui sont différents pour le risque à 1 an et à 2 ans).

Comment chaque élément doit-il être noté ?

Voir les descriptions des éléments sur la feuille de notation. La source d’information la meilleure et la plus récente doit être utilisée si possible. Certaines variables peuvent être notées comme inconnues et OxRec affichera des fourchettes de risque reflétant cette incertitude.

American Council on Science and Health (2017) Un nouveau modèle permet de prédire quels patients atteints de maladies mentales ne risquent pas d’être violents

La maladie mentale est toujours stigmatisée dans la société, en particulier pour ceux qui souffrent d’une forme grave, comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Des incidents très médiatisés, au cours desquels un malade mental a commis un crime violent, ont donné naissance au stéréotype selon lequel les malades mentaux représentent une grave menace pour la société.

Il est certainement vrai que les taux de criminalité violente sont plus élevés chez les personnes souffrant de troubles mentaux graves que dans la population générale, puisque 5 à 10 % d’entre elles environ commettent un acte de violence dans les cinq ans qui suivent le diagnostic. Cependant, la grande majorité d’entre eux ne passent jamais à l’acte. La question est donc de savoir comment les psychiatres peuvent identifier le sous-ensemble de patients les plus susceptibles de devenir violents. Il existe déjà des outils d’évaluation des risques, mais la plupart d’entre eux sont peu fiables ou trop compliqués. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Seena Fazel, a mis au point un modèle qui permet de prédire avec précision quels sont les patients qui ne risquent pas de devenir violents.

L’équipe a recueilli des données sur 75 158 patients suédois âgés de 15 à 65 ans et souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Certains de ces patients ont commis un crime violent dans l’année qui a suivi leur sortie de l’hôpital ou leur rencontre avec un psychiatre. Le modèle construit par les chercheurs est basé sur une régression multiple de 16 variables différentes, telles que le statut socio-économique et la consommation de drogues.

L’équipe du Dr Fazel a constaté que deux facteurs augmentaient considérablement la probabilité qu’une personne souffrant d’une maladie mentale grave commette un crime violent : Les antécédents de crimes violents (qui multiplient le risque par cinq) et le fait d’être un homme (qui fait plus que doubler le risque). En revanche, plus un patient est âgé, moins il est susceptible de commettre un crime violent. (Voir le graphique).

D’autres facteurs statistiquement significatifs, mais ayant un impact moindre sur le risque de violence, sont la consommation antérieure d’alcool ou de drogues, les épisodes antérieurs d’automutilation et le fait d’être hospitalisé. Il convient toutefois de garder à l’esprit que ces facteurs peuvent ne pas être à l’origine de la violence, mais plutôt servir d’indicateurs de la gravité de la maladie mentale. En effet, les malades mentaux ont souvent recours à l’automédication et les malades mentaux graves sont plus susceptibles d’être hospitalisés ou placés en institution.

Il est important de noter que le modèle a une valeur prédictive négative de 99,5 %. Cela signifie que si le modèle prédit qu’il est peu probable qu’un patient donné commette un crime violent, il y a 99,5 % de chances que le pronostic soit correct. En d’autres termes, comme l’écrivent les auteurs, « parmi les personnes identifiées comme présentant un faible risque, 199 sur 200 n’ont en fait pas commis d’infraction violente dans l’année qui a suivi ».

Malheureusement, la valeur prédictive positive n’était que de 11 %. Cela signifie que si le modèle prédit qu’un patient est susceptible de commettre un crime violent, il n’y a que 11 % de chances qu’il le fasse. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour améliorer cet aspect du modèle.

L’identification précise des patients souffrant de troubles mentaux graves qui sont probablement inoffensifs permettra aux psychiatres, aux responsables de la santé publique et aux forces de l’ordre de concentrer leur temps et leurs ressources limités sur les patients à plus haut risque. Ce modèle constitue donc une avancée considérable.

Source: Seena Fazel, Achim Wolf, Henrik Larsson, Paul Lichtenstein, Susan Mallett, Thomas Fanshawe. « Identification of low risk of violent crime in severe mental illness with a clinical prediction tool (Oxford Mental Illness and Violence tool [OxMIV]): a derivation and validation study. » Lancet Psychiatry. Online first. Published: 4-May-2017. DOI: 10.1016/S2215-0366(17)30109-8