Ressources en psychocriminologie et criminologie
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Découvrez ici une serie de podcast qui explique les différents roles des psychologues forensiques dans le service des prisons et de probation au Royaume Uni. 

Des missions centrées principalement sur l’évaluation psychocriminologique, mais pas que! Les psychologues forensiques interveinnent aussi dans la prise en charge de spresonnes aynat des troubles menteux sévéres, en complment par exemple des agents de probation.

https://forensicpsychologypodcast.libsyn.com/website

(La spécilaité de psychologue forensique est ouverte, au royaume uni, aux psychologues diplomés dans leurs cursus d’une license en psychologue forensique, délivrée par de nombreuses universités).

Ecoutez par exemple et notament cet indisênsable podcat de Karl Hanson (l’auteur de la statique 99-R):

 

En 1944, le psychiatre anglais John Bowlby découvre un lien entre des séparations affectives dans l’enfance et le risque de basculer dans la délinquance.

Se fondant sur ces découvertes, il fonde la théorie de l’attachement, qui fait des liens affectifs précoces une nourriture essentielle du cerveau.

Ses travaux mettront fin aux pratiques éducatives distantes qui avaient cours jusqu’au début du xx e siècle.

À sa sortie du lycée, le jeune Bowlby est banalement poussé par son père – un chirurgien renommé de Londres – vers des études de médecine. Au cours d’un stage, il se découvre une passion pour la psychologie du développement, et décide alors d’aller étudier à Cambridge. Alors que ses capacités intellectuelles sont remarquées par ses enseignants, il renonce à une carrière de prestige pour prendre un poste d’enseignant dans une école pour enfants difficiles : jeunes en rupture familiale, atteints de troubles du comportement, voire délinquants… Devant cette réalité, il ne peut manquer de s’interroger sur le lien entre l’environnement dans lequel évoluent ces enfants et le développement de leurs névroses.

C’est ce qui le décide à se spécialiser en psychiatrie. En 1944, Bowlby entame ses premiers travaux sur l’effet de la séparation chez des enfants hospitalisés, qu’il peut suivre plus facilement, et dont certains ont vécu des expériences de séparation précoce. Chez ces enfants, Bowlby observe que l’absence maternelle à court terme engendre un état de détresse dont il décrit le développement en trois phases : une phase de protestation (l’enfant se rebelle contre la séparation), de désespoir (il sombre dans une profonde tristesse) puis de détachement (il annihile en lui tout sentiment d’affection). Après ces premières constatations, Bowlby s’intéresse aux carences relationnelles précoces chez les jeunes délinquants et découvre que plus de la moitié d’entre eux ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois au cours des cinq premières années de leur vie. Parmi eux, certains présentent même des troubles graves que John Bowlby nomme psychopathie sans affection, ou incapacité à se soucier des autres. Il se doute alors que la privation  maternelle durant les premières années de vie entraîne souvent de lourdes conséquences.

À la demande de l’Organisation mondiale de la santé, il y entame une étude portant sur les besoins des orphelins dans le contexte de l’après-guerre, ce qui lui permet de décrire les effets de la carence maternelle sur le long terme. Après avoir évalué le Q.I. de ces enfants et leurs attitudes émotionnelles, il n’a plus aucun doute. La privation maternelle engendre une perte de la concentration intellectuelle et une intelligence réduite, ainsi qu’une inaccessibilité à ses propres affects et une absence de réaction émotionnelle aux autres. Dans une fraction importante de ces cas, Bowlby note également une agressivité accrue et le développement de certaines formes de délinquance.

Parmi les jeunes délinquants étudiés par Bowlby, plus de la moitié ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois avant l’âge de cinq ans.

La privation maternelle entraîne une perte de concentration et une intelligence réduite, nota John Bowlby dans ses études sur les enfants ayant été séparés très tôt de toute
figure d’attachement. À l’inverse, un bon attachement favoriserait le développement des capacités cognitives.

Source: Cerveau&psycho n°99, mai 2018, Laura poupon (university collége de londres), « Bowlby, à la recherche de la tendresse

Fazel S, Wolf A. (2018) Choisir un outil d’évaluation des risques à utiliser dans la pratique : un guide en 10 points

Résumé

Avec l’augmentation du nombre d’outils d’évaluation des risques et d’algorithmes cliniques dans de nombreux domaines de la science et de la médecine, cet article de perspective présente une vue d’ensemble des résultats de recherche qui peuvent contribuer à éclairer le choix d’un instrument pour une utilisation pratique. Nous prenons l’exemple des outils d’évaluation du risque de violence dans la justice pénale et la psychiatrie légale, où il existe plus de 200 instruments de ce type et où leur utilisation est généralement obligatoire. Nous présentons 10 questions clés que les chercheurs, les cliniciens et les autres professionnels devraient se poser lorsqu’ils décident de l’outil à utiliser, et qui sont également pertinentes pour les politiques publiques et les responsables des services. Ces questions s’appuient sur deux éléments : la recherche qui sous-tend la validation externe, et la dérivation ou le développement d’un instrument particulier. Nous recommandons également quelques lignes directrices pour la rédaction de rapports, tirées des lignes directrices de consensus pour la recherche sur les modèles de pronostic.

Guide en 10 points pour sélectionner un outil d’évaluation du risque (FR)

article original: Evid Based Mental Health (2018) – https://ebmh.bmj.com/content/ebmental/21/2/41.full.pdf

Seena FAZEL & Université d’OXFORD: OXRISK, Panel d’outils d’évaluation du risque

OxRec est un calculateur de risque en ligne permettant d’évaluer le risque de récidive chez les détenus. Cet outil a été développé par le groupe de psychiatrie et de psychologie légale de l’Université d’Oxford et est disponible sur le site OxRisk.com.

Comment a-t-il été développé ?

OxRec a été développé et validé en Suède, sur la base du suivi de 47 326 prisonniers libérés sur une période de 10 ans. Les variables prédictives potentielles à inclure dans OxRec ont été tirées d’un examen minutieux des données relatives aux antécédents criminels et aux facteurs sociodémographiques et cliniques, et n’ont été retenues que celles qui étaient à la fois des facteurs de risque fiables et relativement faciles à évaluer.

Tout d’abord, le modèle OxRec a été dérivé à partir des données de 37 100 prisonniers, et 14 facteurs sociodémographiques et cliniques, pour la plupart collectés de manière routinière, ont été inclus dans le modèle final. Ensuite, le modèle a fait l’objet d’une validation externe auprès d’un groupe distinct de 10 226 détenus afin d’établir sa performance dans un nouvel échantillon. Le modèle génère un calculateur de risque simple (OxRec) qui produit deux résultats – des catégories (faible, moyen, élevé) et des scores de probabilité (%) basés sur la récidive violente et la récidive tout court sur 1 et 2 ans.

La recherche qui sous-tend OxRec a été développée en utilisant les méthodes de la plus haute qualité dans le domaine, a été évaluée par des pairs et l’article original a été publié en libre accès dans le Lancet Psychiatry. OxRec a également fait l’objet d’une validation externe plus récente aux Pays-Bas (Scientific Reports), avec quelques prédicteurs adaptés pour tenir compte des besoins locaux. En outre, des validations au Tadjikistan (publiée dans Frontiers in Psychiatry et représentant l’une des seules validations externes d’un outil de justice pénale dans un pays à revenu faible/moyen) et au Royaume-Uni ont été réalisées. D’autres validations externes sont en cours en Finlande, en Suède et en Norvège, et des études de faisabilité sont en cours dans d’autres pays. Pour une bibliographie complète relative à OxRec, visitez l’onglet ‘New OxRisk tool validations’ sur OxRisk.com.

Un article récent qui traite des outils d’évaluation du risque pénal et du changement radical qu’offre OxRec a été publié dans le European Journal on Criminal Policy and Research (Journal européen de la politique et de la recherche criminelles).

Quand utiliser OxRec ?

OxRec est conçu pour prédire la récidive violente dans un délai d’un an et de deux ans dans deux populations : les prisonniers libérés et, aux Pays-Bas, il a été adapté pour être utilisé avec les probationnaires.

Qui peut utiliser OxRec ?

Les professionnels de la justice pénale et le personnel de santé peuvent utiliser l’outil OxRec, car l’évaluation des cas spécifiques nécessite l’interprétation de certaines des variables prédictives. Les personnes qui utilisent OxRec sont encouragées à lire d’autres documents de référence (y compris les articles publiés sur OxRec, tous disponibles gratuitement sur OxRisk.com) et toutes les vidéos de formation développées localement dans les différents pays.

Comment interpréter les résultats ?

Les résultats du calculateur OxRec comprennent des scores de probabilité de récidive violente dans un délai d’un an et de deux ans. Une probabilité de 10% pour 2 ans signifie qu’en moyenne, 1 individu sur 10 ayant les mêmes prédicteurs sera violent au cours des 2 prochaines années. Il s’agit d’une interprétation similaire à celle de la probabilité de pluie dans une application météo – ainsi, une probabilité de pluie de 50 % à un moment donné signifie qu’il y a une chance sur deux qu’il pleuve un jour similaire à celui d’aujourd’hui.

Le calculateur fournit également une catégorie de risque, basée sur des niveaux de risque pré-spécifiés identifiés sur le calculateur (et qui sont différents pour le risque à 1 an et à 2 ans).

Comment chaque élément doit-il être noté ?

Voir les descriptions des éléments sur la feuille de notation. La source d’information la meilleure et la plus récente doit être utilisée si possible. Certaines variables peuvent être notées comme inconnues et OxRec affichera des fourchettes de risque reflétant cette incertitude.

Théorie, RBR et les instruments d’évaluation de niveau de service avec James Bonta (VOST)

Version sous-titrée: Pensez à activer les sous-titres!

Les instruments d’évaluation du niveau de service (LS- Level of Service) sont les instruments d’évaluation du risque et des besoins des délinquants les plus utilisés et les plus étudiés au monde. Les instruments LS sont clairement et délibérément basés sur la théorie. Plus précisément, cette famille d’instruments est fondée sur une perspective du comportement délinquant basé sur la théorie de la personnalité en général et des processus cognitifs de l’apprentissage social du comportement criminel (GPCSL- General Personality and Cognitive Social Learning). Le pont entre la théorie et les LS est le modèle Risque-Besoin-Receptivité (RBR) d’évaluation et de réhabilitation des délinquants. Joignez-vous à James Bonta pour explorer les interrelations entre le GPCSL, le RBR et le LS, tant sur le plan logique qu’empirique. Tout d’abord, les théories des variétés criminologiques sont passées en revue et certaines de leurs lacunes sont notées et, ce faisant, elles soulignent la nécessité de la GPCSL. Ensuite, l’application pratique de la GPCSL est le modèle RBR et la recherche soutenant le modèle RBR dans l’évaluation et le traitement des délinquants est résumée. Enfin, les étapes du RBR vers le LS sont décrites en utilisant le LS/CMI comme illustration du plus théoriquement développé des instruments LS.

Cours en ligne avec James BONTA sur le modèle RBR, à l’occasion de la sortie de la 6e edition de son livre de référence aevc Don Andrews: « psychologie du comportement délinquant » (psychology of criminal conduct)

Pensez à activer les sous-titres!

Élaboré dans les années 1980 et présenté officiellement en 1990, le modèle fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité est utilisé avec de plus en plus de succès pour l’évaluation et la réadaptation des criminels, au Canada et partout dans le monde. Comme son nom le sous-entend, ce modèle est fondé sur trois principes : 1) le principe du risque fait valoir que le comportement criminel peut être prédit de manière fiable et que le traitement doit être centré sur les délinquants qui présentent le risque le plus élevé; 2) le principe des besoins fait ressortir l’importance des facteurs criminogènes dans la conception et la prestation du traitement; et 3) le principe de la réceptivité décrit comment le traitement doit être fourni.

Camille Lancelevee (Thèse EHESS 2016) « Quand la prison prend soin »

« Comparaison  n’est  pas  raison »  rappelle  avec  justesse  Franz  Schultheis  :  la comparaison est en effet chose difficile. Toujours située, elle met en miroir deux réalités résultant d’histoires sociales différentes et suggère que les objets comparés pourraient être les révélateurs d’un illusoire  « modèle »  national.  La  comparaison  proposée  dans  cette  thèse  ne  sera  pas  une comparaison  « terme  à  terme »  qui  analyserait  les  situations  française  et  allemande  à  l’aune  de modèles prédéfinis mais une comparaison « méthodologique » : l’éclairage de la situation allemande permettra de mettre à l’épreuve les représentations sociales françaises. Il s’agira de déconstruire le problème social des « prisons asiles » en France. Ma thèse montrera que ce problème social résulte d’une construction sociale pétrie de représentations devenues évidentes, qui s’interposent comme un voile  « entre  les  choses  et  nous,  et  qui  nous  les  masque  d’autant  mieux  qu’on  le  croit  plus transparent »  (Lenoir).  C’est  pour  lever  ce  voile  que  je  propose  de  porter  le  regard  sur l’Allemagne, pays dans lequel la défense sociale s’est matérialisée dès le début du XXème siècle en un dispositif  cohérent.  La  comparaison  avec  la  situation  allemande  permettra  ainsi  de  mettre  en perspective les transformations à l’œuvre en France, qui participent, comme le montrera cette thèse, à  produire  un  dispositif  similaire  de  défense  sociale,  c’est-à-dire  un  dispositif  qui  tente  d’allier protection  de  la  société  et  traitement  des  individus  identifiés  comme  « dangereux ».  Ces transformations seront saisies en un point du système pénal – les prisons de Grünstadt (Allemagne) et de Tourion (France) – où j’étudierai ces tensions constantes entre soigner et punir.

 

Ces paradoxes se traduisent pour ces différents professionnel·le·s du soin et de la peine en des dilemmes moraux permanents, que les institutions carcérales françaises et allemandes cherchent à résoudre en tentant d’ordonner les pratiques professionnelles autour d’un mode d’intervention sur autrui unique, univoque  et  uniforme,  qui  mettrait  le  traitement  au  service  d’un  programme  de  réhabilitation psycho-criminologique.  Au  nom  de  cette  ambition,  qui  s’inscrit  dans  une  recherche  d’efficience institutionnelle,  il  s’agit,  en  France  comme  en  Allemagne,  d’améliorer  la  coordination  des  acteurs professionnels et la circulation des informations relatives aux personnes détenues. La comparaison franco-allemande  permet  ici  de  réfléchir  aux  enjeux  de  l’institutionnalisation  du  care :  en  France, l’analyse montre ainsi que la place accordée aux soins psychiatriques a paradoxalement pour effet de freiner la mise en place d’un suivi plus pénitentiaire ; en Allemagne au contraire, le solide ancrage de ce  suivi  individualisé  rend  difficile  l’instauration  de  relations  de  soins  dégagée  d’un  objectif  de réhabilitation  psycho-criminologique.

Quand la prison prend soin