« Les efforts de prévention du harcèlement sexuel et de la violence sexuelle axés sur les pairs constituent un domaine évident, mais négligé, sur lequel il convient de concentrer les ressources. Plus d’un tiers des délits sexuels commis contre des enfants de moins de 18 ans sont perpétrés par d’autres enfants de moins de 18 ans (Finkelhor, Ormrod, & Chaffin, 2009). Des études basées sur la population aux États-Unis, Norvège et en Suède indiquent que 4 à 5 % des garçons âgés de 14 à 20 ans déclarent avoir forcé quelqu’un à commettre un acte sexuel (Borowsky, Hogan, & Ireland, 1997). Bien que ces résultats démontrent l’importance cruciale de prévenir l’initiation à des comportements sexuels nocifs, l’importance de ces efforts de prévention est encore soulignée par le fait que près de 50 % des adultes qui ont commis une infraction sexuelle déclarent que leur première expérience sexuelle a eu lieu avant l’âge de 18 ans (Abel, Mittelman, & Becker, 1985 ;Groth, Longo, & McFadin, 1982 ; Marshall, Barbaree, & Eccles, 1991). Bien que l’on sache que la grande majorité des jeunes qui ont eu des comportements sexuels néfastes ne continuent pas à le faire et ne deviennent pas des adultes sexuellement abusifs (Caldwell, 2010, 2016), des efforts fructueux pour prévenir l’apparition de comportements sexuels préjudiciables chez les jeunes permettraient clairement dereduire la victimisation dans une mesure qu’aucun autre type d’intervention n’est susceptible d’égaler (Rothman, 2016).
Une intervention de prévention bien conçue se concentrerait nécessairement sur les facteurs de risque connus pour l’initiation d’un comportement sexuel nuisible chez les jeunes : c’est-à-dire sur les caractéristiques ou les risques individuels, relationnels, communautaires et sociétaux, dont on sait qu’ils augmentent la probabilité que les jeunes se livrent à des actes sexuels préjudiciables (Centers for Disease Control and Prevention, 2004 ; Rothman, 2016).
Les recherches menées au cours des 20 dernières années indiquent que la majorité des facteurs qui prédisent un comportement sexuel illégal ou préjudiciable chez les jeunes ne sont pas spécifiques à la perpétration de dommages sexuels, mais prédisent également la délinquance générale (Caldwell, 2002). En effet, les jeunes qui ont vécus des experiences sexuelles nuisibles sont beaucoup plus susceptibles de s’engager dans des comportements délinquants ou antisociaux non sexuels (par exemple, la violence non sexuelle et la délinquance générale) que de subir des dommages sexuels, révélant qu’il existe un chevauchement considérable entre les jeunes qui se livrent à des actes de violence sexuelle et ceux qui se livrent à des actes de délinquance non sexuelle.
sexuels et ceux qui commettent des actes de délinquance non sexuelle (Caldwell, 2007, 2010 ; Seto & Lalumière, 2010).
Parmi les facteurs de risque de délinquance générale que l’on retrouve également chez les adolescents qui ont commis des comportements sexuels illégaux comprennent un mauvais fonctionnement scolaire, une délinquance non sexuelle antérieure, un âge plus jeune au moment de la première commission d’une infraction non sexuelle et l’appartenance à un groupe de pairs antisociaux (Spice, Viljoen, Latzman, Scalora, & Ullman, 2013 ; Worling & Langton, 2015).
Les facteurs qui pourraient être uniques (ou plus étroitement associés) à la délinquance sexuelle chez les jeunes sont les suivants (Carpentier, Leclerc, & Proulx, 2011 ; Curwen, Jenkins, & Worling, 2014 ; Hanson & Morton-Bourgon, 2005 ; Letourneau et al., 2009 ; Letourneau et al., 2013 ; McCann & Lussier, 2008 ; Nunes, Hermann, Malcom, & Lavoie, 2013 ; Salter et al., 2003 ; Seto & Lalumière, 2010 ; Spice et al., 2013 ; Tharp et al., 2013 ; Wanklyn, Ward, Cormier, Day, & Newman, 2012 ; Worling & Långström, 2006 ; Worling & Langton, 2015) :
- opportunités de commettre des délits sexuels/supervision inadéquate des adultes,
- intérêts ou éveils sexuels atypiques/déviants (c’est-à-dire l’éveil sexuel envers des enfants prépubères et/ou la violence)
- la victimisation sexuelle dans l’enfance,
- le fait d’être témoin ou victime de violence intrafamiliale,
- la négligence parentale,
- la qualité du lien affectif entre le parent et l’enfant,
- la force affective du jeune (c.-à-d. sa capacité à donner et à recevoir de l’affection, à se préoccuper des autres, à exprimer ses sentiments et à reconnaître les sentiments douloureux)
- le fait d’avoir vécu dans une famille où les limites sexuelles étaient mal définies,
- préoccupations sexuelles,
- une mauvaise autorégulation,
- l’isolement social,
- exposition précoce à la pornographie,
- un comportement sexuel précoce/un comportement sexuel non normatif prépubère,
- le fait d’avoir eu plusieurs types de comportements sexuels,
- caractéristiques de la personnalité antisociale,
- le manque de connaissance des processus et des procédures permettant d’établir des relations sexuelles respectueuses,
- des attitudes favorables à la délinquance sexuelle.
Nombre de ces facteurs de risque sont modifiables et ont été ciblés avec succès par des interventions éprouvées auprès de jeunes qui ont déjà eu des comportements sexuels illégaux
(Dopp et al., 2017). Récemment, certains de ces facteurs de risque ont fait l’objet de programmes de prévention en milieu scolaire ciblant le début de la perpétration par les adolescents dans le contexte de la violence sexuelle entre pairs ou de la violence sexuelle dans les fréquentations (Clinton-Sherrod et al., 2009 ; Espelage, Low, Polanin, & Brown, 2013 ;Foshee et al., 2004 ; Taylor, Stein, Mumford, & Woods, 2013). (…) Il a été démontré que certains de ces programmes réduisent les actes de violence sexuelle à l’encontre des pairs. Il est intéressant de noter que les garçons semblent bénéficier davantage des programmes dispensés dans des classes mixtes (Clinton-Sherrod et al., 2009).
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