FRANCE CULTURE, Emission « Du grain à moudre » (27/01/14) Peut-on se passer des longues peines?
Il n’était pas le plus ancien détenu de France mais tout concourait à ce qu’il le devienne : Philippe El Shennawy, condamné à l’origine pour plusieurs braquages, devait rester en prison jusqu’en 2032. Jusqu’à ses 78 ans. Depuis vendredi, il est en liberté conditionnelle. A ce jour, il a passé 38 années en prison. Celui que ses défenseurs présentaient comme un « symbole des peines sans fin » doit désormais porter un bracelet électronique. Une surveillance judiciaire doublée d’une autre forme de pression : celle de l’ « opinion publique ». Car sur les épaules de Philippe El Shennawy repose désormais une partie du sort des autres prisonniers condamnés à de très longues peines. Qu’il replonge, et sa chute ne manquera pas d’être exploitée par ceux qui considèrent qu’un détenu doit accomplir, si ce n’est l’intégralité de sa peine, en tout cas la majeure partie de ce qui a été prononcé au moment du procès. Mais en est-on vraiment si loin aujourd’hui en France ? Depuis quelques années, la politique pénale a été considérablement durcie. Allongement de la durée d’épreuve, mise en place des peines planchers, création de la rétention de sureté,…les détenus sortent de moins en moins vite de prison. En 15 ans, la proportion de condamnés à une peine de plus de 20 ans a ainsi été multipliée par 3. Pour quelle efficacité ? Si la peine est avant tout une sanction, le séjour prolongé en prison est-il un gage de sécurité pour la société ? Et de réinsertion pour le détenu, puisque la question finit toujours par se poser ?
« Peut-on se passer des longues peines ? » C’est notre sujet du jour.
Invités : Henri Leclerc, avocat, président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme, a signé la pétition appelant à la libération de Philippe El Shennawy ; Pascal Clément, avocat, ministre de la Justice de 2005 à 2007
Le contre-point de Mélanie Chalandon : Les prisons sont-elles adaptées pour faire face à une part croissante de personnes âgées, voire dépendantes, dans leurs locaux ?
Interview de Pascal Spenle, directeur du centre pénitentiaire de Liancourt et membre du Syndicat National des Directeurs Pénitentiaires.
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