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Criminalité, météo et changement climatique en Australie

mai 10th, 2025 | Publié par crisostome dans CRIMINOLOGIE

Et si le changement climatique avait une incidence sur les taux de criminalité? 

“Crime, Weather and Climate Change in Australia” (Awaworyi Churchill, Smyth & Trinh, 2023)

Cette recherche établit un lien robuste entre la température et la criminalité en Australie sur la période 2001–2019, montrant qu’une augmentation d’un écart-type de la température moyenne entraîne une hausse de 0,008 à 0,011 écart-type du taux de criminalité, soit environ 72 000 crimes supplémentaires par an sous l’effet de la chaleur ; et, sous un scénario « business as usual», le changement climatique pourrait générer 1 640 000 crimes additionnels d’ici à 2100.

Contexte

La littérature internationale documente depuis longtemps l’« effet chaleur » sur l’agressivité et la violence (p. ex. Hsiang et al., 2013), mais les études australiennes étaient jusqu’ici rares et fragmentaires. Ce travail s’inscrit dans la veine des recherches économiques sur la météo et la criminalité, en mobilisant un jeu de données couvrant plus de 3 000 codes postaux australiens, complétés par des données socio-démographiques .


Méthodologie

  • Période : 2001–2019, données mensuelles.

  • Unité d’analyse : code postal (N > 3 000), corrélé aux relevés météorologiques locaux .

  • Spécifications de robustesse : variations de la source et interpolation des données de recensement confirment l’effet positif de la température, avec des coefficients compris entre 0,001 et 0,015 selon le modèle .


Résultats principaux

  1. Effet immédiat :

    • +1 écart-type de température → +0,008–0,011 écart-type de taux de criminalité mensuel news.

    • Soit 72 000 crimes en plus chaque année en Australie .

  2. Projection à long terme :

    • Sous un scénario de changement climatique non atténué, on anticipe 1 640 000 crimes supplémentaires d’ici 2100 .

    • Cette estimation intègre les tendances de réchauffement prévues et les relations empiriques établies.


Implications

  • Politiques de prévention : nécessité d’adapter les effectifs et stratégies policières aux vagues de chaleur (estimées à ~ 8 000 policiers supplémentaires par an) .

  • Inégalités sociales : les communautés à faible revenu, moins équipées pour faire face aux fortes chaleurs, seront sur-exposées à la hausse de la violence .

  • Urgence climatique : ces résultats renforcent l’argument pour des politiques d’atténuation et d’adaptation afin de limiter l’impact du changement climatique sur la sécurité publique .


Conclusion

Cette étude pionnière pour l’Australie souligne qu’au-delà des effets environnementaux, le changement climatique agit comme facteur criminogène : la chaleur extrême accroît significativement la violence, et, à terme, des millions de crimes pourraient être attribués au réchauffement planétaire. Elle invite à penser l’action publique de manière intégrée, combinant transitions énergétiques, renforcement des services de sécurité et soutien aux populations vulnérables

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