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Expérience: La contagion de l’agressivité et de la vengeance chez l’homme

mars 26th, 2016 | Publié par crisostome dans VIOLENCE

Emission « Specimen » de la chaine suisse RTS sur « La violence »

Un chercheur de Lausanne propose une expérience de frustration qui illustre la contagion de l’agressivité et de la vengeance sur des personnes totalement étrangères au mal qui lui a été fait…
Cette expérience illustre d’une autre façon les expériences sur la frustration-agression  de Leonard Berkowitz en 1969, réalisée avec des rats…

La théorie de la frustration-agression (John Dollard, Leonard Berkowitz)

Postulats :

  •  L’agression présupposerait toujours la présence de frustration, et la frustration provoquerait toujours l’agression. (Frustration : état psychologique qui résulte de l’impossibilité d’atteindre ses objectifs.)
  • L’intensité de l’agression serait proportionnelle à la frustration.
  • L’expression de l’agression aurait un effet cathartique, libérateur.
  • La cible privilégiée de l’agression est la source de la frustration. Cependant, en l’absence de cette source, le comportement agressif sera déplacé vers d’autres cibles, les boucs émissaires.
  • L’agression peut être inhibée totalement ou partiellement par l’anticipation d’une punition.

Exemple : Si une personne est frustrée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique, elle ne peut pas s’en prendre à ce supérieur (anticipation de punition) donc elle peut déplacer son comportement agressif sur ses collègues ou son entourage familial.

Cette théorie de la frustration-agression s’est rapidement avérée être trop simpliste pour rendre compte de la complexité du comportement agressif : elle ne fait pas appel à beaucoup de facteurs psychosociaux.

  • La frustration ne peut en aucun cas être le seul facteur déterminant du comportement agressif. Des facteurs liés à l’environnement physique peuvent être source d’agressivité (chaleur, foule…) sans qu’il y ait forcément frustration à la base.
  • Si la frustration peut favoriser des comportements agressifs, elle ne leur donne pas toujours lieu.

La théorie de la frustration-agression a été remaniée par Berkowitz : il explique dans quelles conditions la frustration aboutit à l’agression.

  • La frustration incite à l’agression uniquement lorsqu’elle suscite une émotion de colère.
  • La relation entre frustration et agression n’est pas linéaire puisqu’un taux important de frustration peut provoquer la résignation plutôt que la colère. La résignation ne provoque pas de comportement agressif.
  • La frustration, même lorsqu’elle suscite de la colère, augmente la tendance à être agressif mais ne déclenche pas forcément ce comportement.

Les facteurs déclencheurs du comportement d’agression seraient liés à des facteurs environnementaux appelés Indices Externes Facilitateurs. Ces indices peuvent être liés aux personnes présentes (cibles possibles de l’agression), à la situation dans laquelle le sujet se trouve, aux objets présents.
Berkowitz vérifie sa théorie dans une série d’expériences célèbres, dans lesquelles il montre que la présence d’indices externes facilitateurs favorise le comportement agressif chez l’individu frustré.

Expérience:

  • Les participants doivent réaliser une tâche quelconque.
  • Ils reçoivent ensuite peu ou beaucoup de chocs électriques, indépendamment de leur réussite à cette tâche.
  • Ils doivent ensuite administrer des chocs.
  • Pour la moitié des participants, des armes à feu sont visibles dans la pièce.

Résultats

  •  Les sujets frustrés infligent plus de chocs que les sujets non frustrés.
  • Pour les sujets non frustrés, le nombre de chocs administrés est plus important lorsque des armes à feu se trouvent dans la pièce.

 

 


 

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