FRANCE INTER, Emission affaires sensibles (01/06/16) 1972 : les mutins de Nancy, des barricades dans nos prisons
Sujet sensible par excellence, la prison est depuis de longues années, source de débat et d’interrogation. S’intéresser à elle, c’est se plonger dans les entrailles de notre système judiciaire, s’immiscer dans les peurs et les fantasmes de l’opinion sur les condamnés, regarder en face ces corps qu’on jette et qu’on isole pour un temps de nos regards et de nos vies, version contemporaine des oubliettes du Moyen Âge.
Pendant l’hiver 1971-1972, certains d’entre eux sortent de l’ombre et brisent le silence. Les prisonniers luttent pour leurs droits, eux qui en sont privés. Il faut bien que la société apporte une réponse aux crimes et délits, par la répression et cette réponse c’est la privation de liberté, la sentence la plus dure pour un être humain. Alors pourquoi y ajouter le sordide, l’indignation et l’indignité ? Là est le fond du problème, et làse construit le sentiment de révolte à Nancy, qui engendrera le premier procès de l’univers carcéral français, le maillon faible de la République française.Cette réputation de « Patrie des Droits de l’Homme » dont s’enorgueillit tant ce pays, a-t-elle un sens au regard des conditions de détention qui sévissent en France ? Aux côtés des détenus et des intellectuels soutenant leurs luttes, nous tendrons l’oreille derrière les murs de ces maisons d’arrêt. Ces années-là, si c’est la justice qui condamne à la prison, elle est absente de ces murs où seul le règlement édicté par les directeurs, organise, juge et réprime.
Alors comment tout cela a-t-il éclaté ? Que s’est-il passé à Toul et à Nancy pour que des prisonniers se mutinent ? Comment et pourquoi nos prisons se sont-elles révoltées en 1972 ?
Invité
Nous recevrons en seconde partie d’émission, l’écrivaine Anne Guérin, qui a écrit Prisonniers en Révolte. Quotidien carcéral, mutineries et politique pénitentiaire en France (1970-1980).
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