La santé incarcérée: enquête sur l’accès aux soins spécialisés en prison
« Problèmes dentaires, ophtalmologiques, traumatologiques, gynécologiques, dermato-logiques : autant de sujets sur lesquels des personnes détenues sollicitent l’OIP quotidiennement, parfois en urgence. Les difficultés d’accès aux soins spécialisés rapportées sont de différentes natures : délais d’attente pour obtenir un rendez-vous à l’unité sanitaire ou au centre hospitalier de rattachement, annulations d’extraction, renoncement à des soins pour éviter des conditions d’extraction indignes, impossibilité de faire entrer en détention le matériel médical pourtant prescrit par les soignants… Les freins à une prise en charge de qualité sont nombreux, et le suivi requis par certaines pathologies semble à bien des égards incompatible avec les restrictions imposées par la détention, tant en termes d’offre médicale que d’adaptation du cadre de vie.
La carence de soins spécialisés : un phénomène connu, mais peu documenté
Le principe de l’égalité des soins entre personnes détenues et population générale est inscrit dans la réforme du 18 janvier 1994 qui a transféré la responsabilité de la prise en charge sanitaire des personnes détenues du ministère de la Justice à celui de la Santé. Mais si cette réforme « a été à l’origine d’une amélioration notable de la prise en charge médicale en milieu carcéral », elle n’a pas permis de répondre aux besoins d’une population qui «cumule des facteurs de risques socio-sanitaires qui la rendent plus vulnérable aux problèmes de santé que la population générale »1. En plus d’un état de santé dégradé par rapport à la population générale, les personnes détenues voient leur santé fragilisée par des conditions de détention éprouvantes, l’insalubrité et l’absence d’activité physique favorisant la survenue et le développement de pathologies.
Malgré le caractère alarmant de ces constats, les enquêtes documentant l’état de santé des personnes détenues et les problématiques auxquelles elles sont confrontées sont pour la plupart très anciennes, rendant illusoire toute adaptation de l’offre de soins aux besoins de la population carcérale. C’est dans ce contexte que l’OIP a décidé de conduire une étude, afin de dessiner un état des lieux de l’accès aux soins spécialisés en détention, d’en identifier les points critiques et les freins, tant pour les soins délivrés à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette étude se concentre sur les soins somatiques, car la situation des soins psychiatriques, bien que tout aussi préoccupante, est mieux documentée. Les données sur l’offre de soins étant difficilement accessibles, voire inexistantes, cet état des lieux ne peut certes être exhaustif, mais il permet d’avoir une vision plus précise de la problématique spécifique de l’accès aux soins spécialisés dans les établissements pénitentiaires français(…) »
https://oip.org/wp-content/uploads/2022/07/oip-rapport-soinsspe-07-2022-planches.pdf
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