FEDERAL PROBATION JOURNAL, Denise A. Hines (Juin 2022) Violence entre partenaires intimes chez les personnes sous main de justice : Directives pour le personnel de probation
A propos de l’auteure:
Denise Hines, PhD, est professeur associé au département de travail social du College of Public Health de l’université George Mason. Son expertise porte sur les causes, les conséquences et la prévention de la violence familiale et des agressions sexuelles, avec une attention particulière pour les victimes de violence sous-reconnues. En tant qu’ancienne directrice du Massachusetts Family Impact Seminars, elle s’est également spécialisée dans l’application de la recherche universitaire aux décideurs politiques.
Les travaux du Dr Hines sur les victimes de violence familiale sous-reconnues ont été soutenus par des subventions du National Institute of Mental Health et du National Institute of Child Health and Human Development, tandis que ses travaux sur la prévention de la violence interpersonnelle ont été soutenus par des subventions du U.S. Department of Justice et du U.S. Department of Education. Le programme CAVE qu’elle a cofondé en 2009 alors qu’elle était membre du corps enseignant de l’université Clark a rapidement été reconnu comme un programme modèle de prévention des agressions sexuelles sur les campus. C’est l’un des sept programmes au niveau national à avoir été reconnu comme modèle par le ministère américain de l’éducation, et il a été mis en avant dans son cours en ligne intitulé « Preventing Violence and Promoting Safety in Higher Education Settings : Creating Comprehensive and Effective Programs » (Prévention de la violence et promotion de la sécurité dans les établissements d’enseignement supérieur : création de programmes complets et efficaces).
Mme Hines est l’auteur de plus de 60 articles évalués par des pairs et de deux livres sur les questions de violence familiale, dont l’un – Family Violence in the United States – est actuellement sous contrat avec Sage pour sa troisième édition. En 2013, elle a été professeur invité à l’université de Central Lancashire en Angleterre. Elle a parlé de son travail devant divers publics, notamment des coalitions d’État contre la violence familiale, le corps législatif de l’État du Massachusetts, le personnel de la politique intérieure de la Maison Blanche, le personnel de la commission judiciaire du Sénat et le Parlement canadien.
« Quel est le rôle de l’agent de probation ?
Dans de nombreuses juridictions, la plupart des auteurs d’IPV seront condamnés à une probation (avec ou sans peine d’emprisonnement) et à un traitement obligatoire (Buzawa et al., 1998). Les auteurs d’IPV présentent des difficultés particulières en raison de la relation qu’ils entretiennent avec leurs victimes, et les agents de probation doivent bien connaître les problèmes des victimes et des auteurs d’IPV et travailler en collaboration avec les prestataires de traitement (Spencer et al., 2020). Il est également important de connaître certaines des similitudes et des différences entre les auteurs d’IPV et les autres délinquants violents (Olson & Stalans, 2001). Par exemple, ils sont similaires aux autres délinquants violents sur le plan démographique et des antécédents criminels. Pour l’agent de probation, il est important de savoir qu’ils sont similaires aux autres délinquants violents en ce qui concerne la violation des conditions de leur probation et leur comportement en probation (Olson & Stalans, 2001).
D’autre part, les auteurs d’IPV sont plus susceptibles de faire état d’antécédents de toxicomanie (alcool et drogues illicites). Ils sont également plus susceptibles d’être condamnés à des délits (plutôt qu’à des crimes) et à des peines plus courtes ; les auteurs d’IPV sont plus susceptibles d’être condamnés à payer des amendes, moins susceptibles d’être condamnés à effectuer des travaux d’intérêt général, plus susceptibles d’être condamnés à suivre un traitement, et plus susceptibles d’être placés dans un programme de probation spécialisé. Fait important, ils sont plus susceptibles de revictimiser leurs victimes et leurs agents de probation sont plus susceptibles d’être en contact avec la victime (Olson & Stalans, 2001).
Ceci est lié à l’un des rôles les plus importants et uniques de l’agent de probation lorsqu’il travaille avec des auteurs d’IPV : la protection de la victime.
Protéger la victime.
La sécurité de la victime est l’une des priorités de l’agent de probation (Spencer et al., 2020). Le contexte et la dynamique de l’IPV font de la protection des victimes un défi permanent (Erez et al., 2004). Par rapport à d’autres délits, l’IPV est généralement un modèle de comportement plutôt qu’un incident isolé, l’agresseur ayant abusé de la victime à de nombreuses reprises avant que le système juridique pénal n’intervienne. Il s’agit donc d’un comportement routinier qui risque de perdurer en l’absence de prise en charge psychologique intensive, que l’auteur des faits ne recevra généralement pas. Dans de nombreux cas, la victime retourne auprès de l’agresseur ; les raisons de ce retour sont la peur, la dépendance financière, la pression familiale et souvent l’amour. Les auteurs d’IPV risquent donc d’abuser à nouveau de la même personne, ce qu’ils font souvent (Johnson, 2001).
Il existe probablement des liens affectifs forts entre la victime et l’agresseur, les victimes étant souvent réticentes à participer à la procédure pénale qui prévoit la punition de l’agresseur. Lorsque la victime retourne chez le délinquant pour l’une ou l’autre des raisons susmentionnées, elle peut avoir l’impression de travailler contre l’agent de probation, mais la sécurité de la victime doit rester une préoccupation majeure. La coopération proactive entre l’agent de probation, les services sociaux et les défenseurs des victimes est un moyen d’atteindre cet objectif de sécurité des victimes. Il est également judicieux de suivre une formation spécifique à l’IPV pour acquérir les compétences spécialisées nécessaires au traitement de ces affaires (Spencer et al., 2020). Un autre moyen potentiel d’assurer la sécurité des victimes est le recours à la surveillance électronique bilatérale (bilateral electronic monitoring – BEM) (Erez et al., 2004). La surveillance électronique bilatérale serait ordonnée par un juge, mais nécessite le consentement de la victime, car l’équipement doit être installé dans la résidence de la victime également, et son principal objectif est d’éloigner les délinquants de la résidence de la victime. L’efficacité du BEM a été démontrée : Dans deux études, il y a eu peu de cas où les délinquants ont pénétré dans le rayon d’action du BEM, le plus souvent lorsque le délinquant était en état d’ébriété. Une seule fois, le délinquant s’est montré ouvertement hostile. Les victimes ont également fait état d’expériences positives avec le BEM – elles ont apprécié le temps passé à l’extérieur pour reprendre le contrôle de leur vie ; elles ont également ressenti un sentiment accru de sécurité et de tranquillité d’esprit pour elles et leurs enfants (Erez et al., 2004).
(…)
Points clés à retenir
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l’IPV se produit à des taux similaires dans les relations LGBTQ+, et les hommes et les femmes sont presque aussi susceptibles de commettre des IPV. En outre, les abus bidirectionnels sont fréquents, tandis que les taux d’autodéfense sont faibles, tant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, de nombreux manuels de formation de la police partent du principe que la relation est hétérosexuelle et que l’homme est l’agresseur tandis que la femme est la victime.
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L’IPV est souvent associée à une toxicomanie, à des troubles de la personnalité, à des antécédents de traumatismes, à des antécédents d’exposition dans l’enfance d’IPV ou de maltraitance, et à des troubles du comportement.
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Les sanctions prises à la suite d’une arrestation pour IPV n’ont pas d’incidence sur la récidive. Les ordonnances de protection ont des effets variés. Les programmes d’intervention auprès des agresseurs (BIP) sont largement utilisés, mais les preuves indiquent une efficacité minime, voire nulle, sur la réduction de l’IPV et pourraient potentiellement être préjudiciables aux clients et à leurs victimes.
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Les pratiques prometteuses comprennent des modèles qui se concentrent sur la motivation et la volonté de changement, et qui intègrent des composantes liées à l’abus de substances et/ou aux traumatismes. En outre, la surveillance électronique bilatérale (BEM) s’est avérée efficace pour éloigner l’auteur de la violence de la résidence de la victime et pour garantir le respect des règles par le délinquant.
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Dans les cas d’IPV, le personnel de probation doit avant tout se préoccuper de la sécurité de la victime. Le personnel de probation doit être conscient que les IPV sont généralement le résultat de comportements routiniers.
L’article original (US) : https://www.uscourts.gov/sites/default/files/86_1_5_1.pdf
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