« La violence psychologique, c’est de la violence tout court ». Campagne de sensibilisation à la violence psychologique dans le couple. Une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Wallonie et de la CoCoF
Le contrôle coercitif est une forme insidieuse et continue de violence, souvent dans un contexte conjugal et principalement constitué de micro-agressions répétées au quotidien. Il peut inclure des incidents de violence et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces, de l’isolement et des restrictions arbitraires.
Description
Définition
C’est le professeur Evan Stark qui, en 2007, conceptualise le contrôle coercitif dans son ouvrage-phare Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life. Il y explique que les hommes ont recours au contrôle coercitif comme outil de subordination des femmes. Stark estime que les hommes se sont adaptés à l’avancée des droits des femmes en adoptant des « stratégies de contrôle et de domination moins ouvertement visibles, plus subtiles, mais tout aussi dévastatrices ». Stark rapproche le contrôle coercitif d’une cage dans laquelle la victime se sent prise au piège.
Mécaniques et conséquences
Le contrôle coercitif a une dynamique genrée puisqu’il est surtout infligé à des femmes par des hommes. Les professeurs Isabelle Côté et Simon Lapierre décrivent le contrôle coercitif comme des « micro-régulations du quotidien ». Le contrôle coercitif peut comprendre des incidents de violence précis et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces voilées, de l’isolement et des restrictions arbitraires imposées par l’agresseur. Cela conduit la victime à vivre de l’isolement, de l’auto-culpabilisation, de l’hypervigilance, et une diminution de l’estime personnelle et de l’autonomie. Certaines victimes ont rapporté des niveaux élevés d’anxiété et des crises de panique.
Le contrôle coercitif peut inclure des actes de violence physique. Si elle survient, la violence physique n’est pas un événement distinct ou exceptionnel de la dynamique relationnelle: elle est plutôt un outil déployé par l’agresseur pour contrôler la victime. Le conjoint violent peut menacer de recourir à la force, et parfois y recourir, comme stratégie pour instaurer un climat de terreur et réaffirmer son contrôle. Un unique épisode de violence physique peut d’ailleurs « suffire à terroriser une victime pendant plusieurs années ». On note aussi que la présence du contrôle coercitif dans une relation est un prédicateur de violences aggravées, y compris de violences sexuelles, de féminicides et de filicides.
Modes opératoires du contrôle coercitif
Selon le modèle de Duluth développé par le DAIP – Domestic Abuse Intervention Program de la ville éponyme, aux Etats-Unis, l’auteur des violences établit son pouvoir et son contrôle de différentes manières (recensées dans le graphique synthétique « La roue du pouvoir et du contrôle »). Le recours à la violence physique et sexuelle, qui est représentée sur le pourtour de la roue, n’en est qu’une, presque marginale. Les autres sont le recours à l’intimidation, le recours à la violence émotionnelle, l’isolement, le fait de nier les violences et d’inverser la culpabilité, le fait de se servir des enfants pour atteindre sa conjointe, le fait de recourir aux menaces, le fait de recourir aux violences économiques et administratives ; et enfin, le fait d’utiliser ses privilèges masculins, ce qui permet de comprendre pourquoi les violences conjugales sont prioritairement le fait d’hommes, engagés dans des relations hétérosexuelles. Ces grandes catégories peuvent se décliner de mille manières telles que : le fait d’imposer des règles de conduite arbitraires (par exemple, l’imposition d’un couvre-feu ou l’obligation de répondre à un texto dans un délai de deux minutes) ; le fait de conduire dangereusement sous l’effet de la colère alors que la victime est passagère ; le fait d’accuser la victime d’infidélité ; le refus de consentir à un traitement médical ou à une thérapie pour un enfant qu’il co-parente avec la victime ; le contrôle de l’habillement de la victime ; le chantage au suicide, par exemple,.
Le contrôle coercitif est un cumul de tactiques abusives qui existent les unes par rapport aux autres. Cela signifie qu’une personne qui accuserait sa partenaire d’infidélité à une reprise, dans une relation autrement saine, ne commet pas nécessairement de contrôle coercitif. Cet événement sera constitutif d’un abus si il fait partie d’un schéma plus large d’humiliation, de micro-gestion et d’isolement.
Impacts négatifs du contrôle coercitif sur les enfants
Dans un contexte familial, le contrôle coercitif est un choix parental qui est préjudiciable aux enfants. Les enfants sont souvent exposés aux abus subis par leur parent, et peuvent être ciblés ou même utilisés par leur père pour contrôler leur mère. Par exemple, une étude qualitative menée au Royaume-Uni a révélé que les pères abusifs empêchent souvent leurs enfants d’interagir avec leurs mère et grands-parents, de rendre visite à leurs ami.e.s et de participer à des activités parascolaires. La chercheuse Emma Katz explique que le contrôle coercitif place les enfants dans un monde « isolé » et « contraint », ce qui peut empêcher leur croissance émotionnelle. Une autre étude a documenté comment le parent abusif parvient parfois à contrôler sa conjointe ou son ex-conjointe en recrutant leurs enfants pour saper leur relation avec leur mère, et l’isoler davantage au sein de l’unité familiale.
L’étude met en évidence la manière dont un auteur de violences peut « plaisanter et jouer, dépense de l’argent pour eux [les enfants] ou les emmener faire des choses » afin de former une alliance, ce qui peut amener les enfants à considérer le parent violent comme « amusant » et à blâmer le parent non-violent pour l’abus. [notre traduction]
Aussi, les enfants sont privés de la disponibilité émotionnelle de leur parent abusé. La thérapeute Danielle McLeod a expliqué comment un père abusif peut « s’attaquer au rôle parental de la victime » et cibler le respect des enfants pour leur mère. Cette tactique laissera souvent les mères « émotionnellement épuisées et distantes » puisque leur conjoint ou ex-conjoint les fait sentir “qu’elles n’ont plus rien à donner en tant que parent”.
Facteurs de risque
Ce sont majoritairement des hommes qui font subir le contrôle coercitif à leur conjointe. Ces violences perdurent souvent dans un contexte post-séparation. La rupture est un moment particulièrement dangereux pour les femmes qui subissent un contrôle coercitif, qui deviennent alors à risque de subir des violences graves, notamment le féminicide et le filicide
Source: wikipedia
Voire aussi: https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jr/peut-can/peut-can.pdf
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.