Lussier et al. (2011) ont constaté qu’un petit nombre de délinquants sexuels (11 %) étaient responsables de plus de 300 délits sexuels, ce qui contraste avec les 40 % qui étaient responsables d’un délit sexuel chacun.
Source: Lussier, P., Bouchard, M. & Beauregard, E. (2011). Patterns of criminal achievement in sexual offending: Unravelling the “successful” sex offender. Journal of Criminal Justice, 39, 433–444.
Résumé: « Objectif : La présente étude examine les variations significatives de la « réussite » criminelle chez les délinquants sexuels. Pour examiner le délinquant sexuel « prospère», l’étude propose un concept de réussite dans la délinquance sexuelle défini comme la capacité de maximiser les gains d’une opportunité criminelle tout en minimisant les coûts.
Méthodes : L’étude est basée sur un échantillon de délinquants sexuels masculins adultes condamnés, à l’aide de données longitudinales rétrospectives.
Résultats : Les résultats de l’étude montrent une grande variation dans les réalisations criminelles, une variation qui n’est pas corrélée avec la sévérité des peines infligées ou les scores de risque actuariel obtenus par ces délinquants. Les délinquants qui se spécialisent dans les crimes sexuels se révèlent être les plus productifs et les moins détectés. Deux types de délinquants performants émergent, le premier s’appuyant sur ses antécédents conventionnels pour cibler une victime qui peut être abusée de manière répétée pendant une longue période sans être détectée. Le second est un délinquant plus jeune qui réussit dans le sens où il est capable de mener à bien des agressions sur plusieurs victimes.
Conclusions : Les résultats suggèrent que le délinquant sexuel qui réussit n’est pas « détecté » une fois qu’il entre dans le système de justice pénale, et qu’il n’est pas non plus traité d’une manière qui pourrait le dissuader de récidiver sexuellement à l’avenir.
Lorsque l’on examine le ratio événement-victime, il est clair que la norme est de ne commettre qu’une seule infraction contre la même victime. Au total, plus de 40 % de cet échantillon se caractérisent par un ratio de productivité de 1 ou moins. En revanche, à l’autre extrémité du continuum, un peu plus de 11 % de l’échantillon avait un ratio de productivité supérieur à 300. Deuxièmement, ce qui semble avoir facilité un ratio événement-victime élevé pour les délinquants les plus productifs, c’est leur capacité à retarder la détection. Alors que pour les délinquants les moins productifs, le délai moyen entre le début de l’infraction et la sanction était légèrement inférieur à 16 mois, il était proche de 20 ans pour les délinquants les plus productifs (>600 et plus). Troisièmement, la productivité des délinquants n’est manifestement pas liée à la peine. Ainsi, le fait de commettre une ou 300 infractions contre la même victime conduit, plus ou moins, à la même peine d’emprisonnement. Il s’agit également d’une question d’évitement des coûts, c’est-à-dire que les délinquants les plus productifs ont reçu la même peine (plus ou moins) que les délinquants moins productifs, même s’ils ont été impliqués dans un nombre beaucoup plus élevé d’actes criminels.
Patrick Lussier (Université de Laval) École de travail social et de criminologie , Faculté des sciences sociales , Université Laval
Projets en cours:
- Déconstruire la notion de risque de récidive sexuelle : un observatoire international des recherches et des pratiques
- Les enfants présentant des troubles du comportement sexuel : Les services spécialisés influencent-ils leur trajectoire au sein des services de protection de l’enfance ?
- Une étude évaluative quasi-expérimentale d’un programme de traitement des délinquants sexuels en milieu carcéral
- Les voies de la violence et de la désistance
Examen du rôle et de l’impact de la réceptivité individuelle à l’intervention et de son impact sur le retour dans la communauté et la réintégration après la libération de la prison - Exploitation sexuelle chez les mineurs – Centre Jeunesse de Québec
- Un examen longitudinal du risque et des besoins à travers les trajectoires de délinquance d’intermittence et de désistance
- Comportements sexuels non normatifs chez les enfants – Étude longitudinale prospective d’enfants et de familles orientés vers le système de protection de l’enfance
- Une étude longitudinale sur la désistance de la criminalité chez les individus précédemment condamnés pour un crime sexuel
- L’étude longitudinale de Vancouver sur le développement psychosocial des enfants
- Traitement, adaptation psychosociale et récidive chez les agresseurs sexuels (GRAS)
- Dans un échantillon d’étudiants universitaires de sexe masculin ayant déclaré des comportements répondant aux définitions légales du viol mais n’ayant jamais été poursuivis, la majorité (n = 76) était responsable de presque tous les viols (439 sur 483)
- 44 étudiants ont déclaré un acte chacun. (Lisak & Miller, 2002).
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