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Quatre conditions préalables aux abus sexuels

août 24th, 2024 | Publié par crisostome dans AICS

Quatre conditions préalables aux abus (D Finkelhor Child Sexual Abuse: New Theory & Research 1986)

La Lucy Faithfull Foundation utilise un modèle conçu par le sociologue américain David Finkelhor pour travailler avec les auteurs de délits sexuels à l’encontre d’enfants.

L’une des raisons pour lesquelles ce modèle est utile est qu’il ne considère pas les actions de l’agresseur de manière isolée, mais qu’il intègre également des facteurs tels que la victime et sa famille, ainsi que des facteurs sociaux et culturels.

Cette perspective attribue clairement la responsabilité à l’agresseur, mais explore également les possibilités pour les autres d’agir et, éventuellement, de prévenir les abus.

Précédemment, nous avons examiné certains des obstacles pratiques et psychologiques auxquels l’agresseur peut être confronté. Nous allons maintenant voir comment l’agresseur peut surmonter ces obstacles et passer de la pensée à l’action.

1. MOTIVATION

Il ne suffit pas d’avoir l’idée d’abuser sexuellement d’un enfant pour vouloir passer à l’acte. Certaines personnes souffrant de TOC sont obsédées par l’idée qu’elles pourraient faire du mal à un enfant, mais elles n’ont aucune envie de passer à l’acte.

L’abuseur potentiel doit avoir le désir d’agir – il s’attend à tirer quelque chose de l’abus, comme par exemple  :

    • Appréciation de la dégradation
    • Sentiment de pouvoir ou de contrôle
    • Satisfaire des besoins émotionnels
    • Gratification sexuelle

La motivation peut être particulièrement forte si l’acte revêt une grande importance pour l’agresseur potentiel (par exemple, s’il ne connaît pas d’autre moyen de satisfaire ses besoins) ou s’il se sent sûr de pouvoir le réaliser.

L’agresseur peut ne pas comprendre pleinement ses propres pulsions, ce qu’elles représentent ou d’où elles viennent.

2. CONSCIENCE (« inhibiteurs internes »)

La plupart d’entre nous savent, d’une manière ou d’une autre, que les abus sexuels constituent un risque de préjudice grave pour les enfants. Ce sentiment est renforcé par les tabous culturels qui pèsent sur les relations sexuelles avec les enfants.

Les abuseurs potentiels doivent surmonter leur propre conscience qui peut inhiber leur motivation à abuser.

Ceux qui abusent des enfants peuvent avoir recours au déni – consciemment ou inconsciemment – pour continuer à se considérer comme une bonne personne.

Les tactiques de déni les plus courantes sont les suivantes:

  • Minimisation :
    • « Je ne fais pas de mal à l’enfant »
    • « Je fais en sorte que l’enfant se sente spécial »
  • Rationalisation :
    • « La loi est mauvaise »
    • « D’autres personnes ressentent ou agissent comme moi. »
    • « c’est tombé sur moi »
  • Projection :
    • « L’enfant me contrôle »
    • « L’enfant veut cela

Une fois qu’il a surmonté sa propre conscience, l’agresseur potentiel doit commencer à impliquer d’autres personnes. Il doit identifier une victime potentielle et surmonter tout ce qui peut le protéger.

Les conséquences juridiques et sociales d’un tel acte sont immenses. Si un délinquant potentiel décide de passer à l’acte, il prend un risque énorme.

La plupart des délinquants sexuels ne veulent pas être pris en flagrant délit, c’est pourquoi l’infraction implique souvent une action délibérée menée sur une certaine période.

Les agressions opportunistes par des inconnus existent, mais elles sont rares. Dans ce cas, l’enfant a plus de chances de résister, de parler et d’être cru.

Si un agresseur veut s’en tirer, il est beaucoup plus probable qu’il s’en prenne à un enfant qu’il connaît déjà.

3. OPPORTUNITÉ (« Inhibiteurs externes »)

Le premier acte de l’infraction consiste à « créer une opportunité ».

C’est facile si l’agresseur potentiel est souvent laissé seul avec un enfant non surveillé. Il peut chercher à le faire autant que possible, notamment en se plaçant dans une position de confiance.

Dans le cas contraire, l’agresseur potentiel peut être amené à faire confiance aux parents de l’enfant ou à d’autres adultes protecteurs.

Nous ne pouvons pas toujours surveiller nos enfants et nous devons souvent nous en remettre à des adultes en qui nous espérons avoir confiance, tels que:

  • Famille – en particulier les époux/partenaires et les parents proches
  • Les amis
  • Professionnels respectés – enseignants, animateurs de jeunesse, policiers, médecins, infirmières, thérapeutes

4. RÉSISTANCE DE LA VICTIME

Enfin, l’agresseur potentiel doit vaincre la résistance éventuelle de l’enfant à l’abus sexuel.

Une résistance moindre signifie que l’agresseur a plus de chances de s’en tirer et de pouvoir recommencer.

Les abuseurs rapportent qu’ils peuvent presque instinctivement choisir un enfant vulnérable tout en ignorant ceux qui pourraient résister.
Ils peuvent contraindre l’enfant à garder un secret :

  • Grooming (séduction/manipulation)
    • Le grooming est un processus utilisé pour préparer un enfant à des abus sexuels. L’objectif est d’avoir accès à un enfant et de construire une relation avec lui. Le grooming peut prendre de nombreuses formes différentes, allant d’un contact unique pouvant inclure des avances sexuelles, à une série d’événements au fil du temps. Un adulte peut commencer par consulter des sites web pour identifier un enfant vulnérable ou se lier d’amitié avec un enfant, par exemple en prétendant avoir des hobbies ou des intérêts communs ou en utilisant la flatterie pour amener l’enfant à lui faire confiance.
  • Semer la confusion chez l’enfant
  • Intimidation
  • Corruption ou flatterie
  • les menaces
  • Blâmer l’enfant

Les abus peuvent également résulter de la force, de la menace et de la violence. Dans ce cas, quelle que soit la résistance de l’enfant, elle peut ne pas empêcher l’abus.

Source: upstream, How does it happen

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