Darren Ferguson (2023) Le déni est-il un obstacle à des interventions efficaces auprès des auteurs d’infractions sexuelles ?
IRISH PROBATION JOURNAL Volume 20, October 2023
Résumé : Le déni des délits sexuels est complexe, peut entraver le développement de relations de travail positives entre l’auteur du délit et les praticiens, et peut représenter un obstacle à l’accès aux programmes de traitement nécessaires. Cet article passe en revue la littérature relative au déni et aux auteurs d’infractions sexuelles, étudie la prévalence du déni, explore la fonction et les motifs qui sous-tendent le déni et examine les résultats de la recherche concernant la relation entre le déni et le risque de récidive sexuelle. Il est important d’examiner si l’acceptation de la responsabilité est une condition préalable à des résultats positifs du traitement, en examinant les preuves empiriques à ce jour. Lorsque la recherche ne permet pas d’établir un lien sans équivoque entre le déni et la récidive, faut-il continuer à mettre l’accent sur l’acceptation de la responsabilité ? Le document explore certains développements dans les programmes de traitement et les options pour travailler avec les négateurs. Il conclut que l’exclusion des auteurs de délits sexuels du traitement, pour des raisons empiriques non fondées, prive ce groupe important de l’accès à des soutiens thérapeutiques qui pourraient potentiellement les aider et, surtout, réduire le risque de récidive.
Mots-clés : Refus, Service de probation, délits sexuels, facteurs de risque, programmes de traitement des délinquants sexuels, supervision, responsabilité, récidive.
Conclusion:
Il est évident que le déni est souvent une caractéristique importante dans le contexte des auteurs condamnés d’infractions sexuelles. Malgré des hypothèses de longue date affirmant le contraire, il existe peu d’éléments permettant d’établir un lien entre le déni et l’augmentation de la récidive sexuelle. Dans certains cas, il a été démontré que le contraire est vrai, dans la mesure où certaines recherches ont établi un lien entre le déni et la réduction de la récidive, en particulier chez les auteurs à haut risque. Il est important de reconnaître la valeur psychologique et sociale de l’acceptation de la responsabilité, tant pour les auteurs que pour les victimes. Les praticiens doivent tenir compte du dilemme éthique, car il peut être possible pour une personne de terminer le traitement avec succès sans admettre ou assumer la responsabilité de ses infractions. Inversement, les options de traitement qui donnent la priorité à l’aveu et à la responsabilité peuvent être contre-productives. Les raisons et la logique du déni sont complexes. Les recherches limitées sur la fonction du déni d’un délinquant suggèrent que la minimisation résulte de la peur de conséquences extrinsèques négatives ou d’une menace pour l’image de soi, plutôt que d’un désir de récidive. L’accent mis sur l’acceptation de la responsabilité (aveu) en tant qu’objectif du traitement peut, dans certaines circonstances, être irréaliste et peut aboutir à des situations « sans issue » pour l’individu. Lorsque les négateurs sont exclus des options de traitement, ils perdent l’occasion de contribuer à la réduction de leur risque et de celui des futures victimes. L’exclusion des négateurs du traitement semble encore plus problématique si l’on considère que les preuves suggèrent que les auteurs de délits sexuels peuvent bénéficier d’un traitement même s’ils continuent à nier leurs délits. Par conséquent, pour les praticiens, il est essentiel d’explorer et de comprendre la fonction du déni et le rôle qu’il joue dans chaque cas individuel. Le traitement des délinquants sexuels reste un domaine en développement et comme beaucoup de choses sont encore inconnues en ce qui concerne les auteurs qui nient, ce domaine nécessite des recherches continues et à long terme.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.