Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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bessette2« L’étude du crime – disait Henri Lévy-Bruhl – est un des éléments de première importance pour connaître et mesurer les valeurs courantes dans une société ». Et il est vrai que la sociologie criminelle apparaît dès les débuts de la sociologie, chez Durkheim notamment, qui considérait le crime dans sa relation à la peine, c’est-à-dire par rapport à la réaction sociale qu’il suscite – je cite : « Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune. Nous ne le réprouvons pas parce qu’il est un crime, mais il est un crime parce que nous le réprouvons ». Et avant lui, Quetelet avait mis en évidence, par l’analyse statistique, ce qu’il appelait une « constante relative de la criminalité », une sorte de taux social du crime, en somme. Si l’on observe la structure sociale des chiffres de la criminalité, les proportions relatives des hommes et des femmes, la surreprésentation des jeunes et des classes populaires, la nature respective des crimes par rapport aux catégories socio-professionnelles, une remarquable stabilité dans le temps vient accréditer cette thèse. L’ambition de Jean-Michel Bessette est donc d’élargir la focale de la sociologie à tous les aspects de ce fait social et d’intégrer à une anthropologie du crime les données statistiques, juridiques et économiques – puisqu’il est prouvé que les crises ou la montée du chômage ont également une influence – mais aussi linguistiques, psychologiques, neurologiques et cognitives.

 

(…) Cette répartition socio-professionnelle de la criminalité présente-t-elle également une forme de stabilité à travers le temps ?

C’est un phénomène structurel, un peu comme si chaque catégorie socio-professionnelle secrétait une forme criminelle spécifique, et cette variable conserve une influence majeure, comme dans les viols sur mineurs où le clergé, les instituteurs, mais aussi les contremaîtres, l’armée ou la police se taillent la part du lion, toutes personnes ayant, comme on dit, autorité. Ce sont d’ailleurs les crimes contre les personnes qui sont les plus nombreux, 64%, et parmi eux les viols qui représentent près de la moitié des condamnations, les crimes contre les biens comptant pour 34% de l’ensemble et ceux contre la chose publique 2% seulement.

Parmi d’autres perspectives ouvertes par le regard anthropologique à partir de l’analyse des statistiques, il y a celle qui révèle le lien étroit entre criminalité et degré d’intégration à la société. Par exemple les veufs (y compris ceux qui ont expédié leur compagne dans l’autre monde), les divorcés et les célibataires sont surreprésentés dans la population criminelle, le mariage et la famille étant une norme prépondérante d’intégration. De même, le degré d’exposition aux tensions générées par le monde du travail augmente considérablement la probabilité de se retrouver devant une cour d’assises. C’est ce qui explique la moindre criminalité des apprentis, qui cumulent pourtant deux facteurs globalement favorables : la jeunesse et l’appartenance au monde ouvrier. A bon entendeur, salut (et là je m’adresse aux politiques)

Jacques Munier

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LE FIGARO (27/09/13) Exécution des peines: «On passe notre temps à courir après les personnes condamnées»

(…) «On parle des 68.000 détenus enfermés, mais il y a surtout 170.000 condamnés en milieu ouvert suivis par l’administration pénitentiaire», rappelle incidemment un directeur de prison. Des détenus particuliers qui sont pris en charge par les Services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), services sur lesquels repose déjà l’essentiel de la politique pénitentiaire.

Contrôles lacunaires

Les professionnels de la justice font bonne figure mais serrent les dents, car quel que soit leur rôle dans la chaîne pénale, tous reconnaissent que «l’intendance ne suit pas». Faute de moyens et nonobstant l’engagement des personnels. En quelques années, «nous sommes soudainement passés de 70 dossiers à plus d’une centaine par conseiller d’insertion et de probation», souligne le directeur d’un des plus grands services d’insertion et de probation de France.

D’un bout à l’autre de l’Hexagone le constat est donc le même: le suivi des personnes condamnées qui ne sont pas incarcérées est indigent. Et le contrôle, quand il s’opère, reste bien lacunaire. Il y a par exemple cette fiche de suivi d’un condamné mentionnant que l’homme serait détenteur d’«une carte de résident», mais que celle-ci n’a pu être présentée car «elle serait en préfecture». Ou encore cette mention faite dans le dossier d’un plâtrier condamné d’une promesse d’embauche dans un commerce de bouche… mais le document manque. Quant à la domiciliation de cet autre délinquant, elle serait bien chez un parent mais les justificatifs font aussi défaut.

Des dossiers faits «de déclaratif et de conditionnel là où les documents précis s’imposent», souligne un juge d’application des peines. Ce responsable de centre de semi-liberté le dit ouvertement: il regrette ne pas avoir «d’information précise sur certains de mes détenus qui rentrent tous les soirs mais dont je ne sais pas précisément s’ils sont allés travailler comme prévu ou s’ils étaient ailleurs durant la journée…. Je brûle parfois de décrocher mon téléphone pour vérifier par moi-même, mais je n’en ai pas droit.» Et de conclure: «S’il y a peine, il doit y avoir contrainte. La perte de sens est là.»

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RTS (28/09/2013) Prison: la réinsertion sous pression

Le meurtre d’Adeline (socio-thérapeute suisse de la pâquerette)  a créé une onde de choc dont on ne mesure pas encore la portée. Plusieurs cantons ont décidé de restreindre les sorties de détenus, ce qui touche de nombreux établissements pénitentiaires. Exemple avec la prison de Bellechasse dans le canton de Fribourg.

Cet établissement qui comporte des unités sécurisées mais aussi un vaste secteur en milieu ouvert, pratique la resocialisation progressive. De nombreux détenus ayant écopé de courtes peines ou en fin de peine travaillent dans les ateliers ou les champs du domaine agricole. A Bellechasse, la mort de la socio-thérapeute genevoise a fait monter la tension d’un cran.

Un reportage de Francesca Argiroffo, réalisé par Cyril Delemer.

http://download-audio.rts.ch/la-1ere/programmes/le-12h30/2013/le-12h30_20130928_standard_quinze-minutes_102ed685-a812-4911-93e7-54e4d544da3f-128k.mp3

FRANCE CULTURE (2013) L’altruisme

septembre 22nd, 2013 | Publié par crisostome dans Non classé - (0 Commentaire)

FRANCE CULTURE, Emission de Frederic Lenoir, « Les racines du ciel »  (22/09/2013) L’altruisme

Une émission intéressante sur l’altruisme et tous les comportements coopératifs, qui ont fait l’objet de programmes étonnants pour les susciter ou les apprendre dans certaines écoles américaines. 

FCMatthieu Ricard, Moine bouddhiste, auteur, traducteur, photographe. Il vit au monastère de Shechen au Népal et consacre la totalité de sos revenus et droits d’auteurs à de nombreux projets humanitaires. Il est membre de l’Institut « Mind and Life », une association qui approfondir la compréhension scientifique du fonctionnement de l’esprit pour réduire la souffrance intérieure.

Son dernier livre  «plaidoyer pour l’altruisme, la force de la bienveillance» Nil éditions septembre 2013

Son site personnel : matthieuricard.org

Un DVD sortie, octobre 2013 : Matthieu Ricard «sur le chemin de la compassion» un film de Jeanne Mascolo de Filippis Editions Montparnasse

Re-offending by offenders on Community Orders: Preliminary findings from the Offender Management Community Cohort Study

The Offender Management Community Cohort Study (OMCCS) is a longitudinal cohort study of adult offenders who started Community Orders between October 2009 and December 2010.

This report summarises preliminary findings from the Offender Management Community Cohort Study (OMCCS) on levels of re-offending among offenders who received Community Orders. It looks at the factors associated with re-offending including offenders’ needs, attitudes and their relationship with their Offender Manager. The findings presented here are provisional and are based on incomplete re-offending data. The figures may change once the analysis is finalised.

EXTRAIT:

Attitudes of offenders

Emerging findings suggest that offenders with more with pro-criminal attitudes and more negative attitudes towards their sentence were more likely to re-offend.

  • More than half (59%) of offenders who had the most pro-criminal attitudes (those that made them susceptible to offending) re-offended compared with 21% of those with the least pro-criminal attitudes.
  • 44% of offenders who ‘disagreed’ or ‘strongly disagreed’ that their sentence was mainly a punishment re-offended compared with 27% of those who ‘strongly agreed’.

omccs-summary

Voir également, à partir des résultats de cette recherche, le commentaire très éclairant sur la démarche évaluative à l’anglaise que fait Russell Webster :

Relationships and ongoing assessment are key to reducing reoffending (Russell Webster, 08/2013)

Assessment is a continuous process

The authors found that Offender Managers used the formal assessment process (OASys) to target those more at risk of reoffending and to manage and plan sentences but that they also appeared to exercise their professional judgement to either prioritise among formally identified risks or identify other risks not captured by formal assessment.

This pragmatic approach was judged to be an appropriate response to the complex needs of offenders, although it was also determined by the availability of local services. The two needs most frequently addressed in sentence plans were substance misuse and accommodation.

Interestingly, the authors noted that assessment of some needs (particularly “Attitudes” and education and training) tended to be more accurate later in the community sentence, when the Offender Manager had developed a relationship with the person they were supervising.

Similarly, offenders’ feedback on their Community Order was particularly positive when they perceived that the Offender Manager understood their needs.

There seem to be two key lessons to be drawn from this research for those planning new models of service delivery:

  1. There will be dangers if the Community Rehabilitation Companies rely overmuch on the initial assessment of needs conducted by a probation officer in the Public Sector Probation Service. Needs inevitably change over time and a more in-depth assessment can be developed over time with the active involvement of the service user.
  2. Positive relationships are key to successful Community Orders.

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TRIBUNE DE GENÈVE (15/09/13) Martin Killias: «La Pâquerette est un leurre. On ne sait pas si elle est efficace»

(Martin Killias, professeur de criminologie de l’université de Zurich, est l’auteur du précis de criminologie paru en 2012 (Martin Killias, André Kuhn, Marcelo F Aebi ; Précis de criminologie).

 A l’occasion du meurtre commis par un pensionnaire de la « pâquerette » (Genève), il pose ici la question importante des méthodes d’évaluation de ces structures et des thérapies qu’elles proposent, question à étendre plus largement aux différentes prises en charge en milieu correctionnel …)

Le criminologue fulmine. Il avait préconisé une évaluation sur le long terme du centre de sociothérapie destiné à la réadaptation sociale des détenus dangereux, à son ouverture il y a 27 ans. L’idée avait été rejetée par les autorités.

Le criminologue Martin Killias critique fermement les autorités genevoises concernant le fonctionnement de la Pâquerette. C’est dans ce centre de sociothérapie, visant à resocialiser des grands criminels souffrant d’importants troubles de la personnalité, que Fabrice Anthamatten était détenu depuis 2012.

«Le discours général que l’on entend depuis vendredi est de dire que la mort tragique d’Adeline est triste mais que la Pâquerette fait un travail globalement positif. Mais on ne dispose d’aucun élément pour le dire!», réagit-il. Cette unité comportant quinze places, installée dans la prison de Champ-Dollon, est «un leurre, dans la mesure où on ne sait pas si elle est efficace».

Martin Killias connaît bien la Pâquerette. A son ouverture en 1986, le professeur de criminologie à Lausanne avait «suggéré aux autorités politiques de l’époque et aux responsables de la psychiatrie de mener une évaluation de cette structure». Pour chaque place libre et sur la base de deux candidats, le principe consistait à tirer au sort celui qui bénéficierait de soins. «On a rejeté cette idée à l’époque, par souci éthique. Et l’on estimait que la structure était trop petite pour le faire. Or, depuis 1986, plus de 250 personnes sont passées par la Pâquerette. On a raté la possibilité de l’évaluer.»

Un établissement similaire, situé dans l’Etat de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne, a montré, selon cette méthodologie, que le taux de récidive baisse de 4% entre les prisonniers suivis et ceux qui restent enfermés dans une prison standard. Et de mettre en garde: «Si l’équipe de la Pâquerette choisit des personnes qui ont des perspectives de rétablissement, cela peut fausser toute analyse.» Préconise-t-il la fermeture de la Pâquerette? «Si j’étais un décideur politique, je voudrais absolument savoir ce que cela apporte.»  Au printemps prochain, un établissement similaire, mais de grande ampleur doit voir le jour à Genève. Curabilis doit accueillir 92 détenus hautement dangereux venus de toute la Suisse romande et du Tessin. Martin Killias espère qu’une évaluation est prévue. «Dans le monde médical, c’est un standard. On n’imagine pas Novartis vendre un médicament dont l’efficacité n’a jamais été prouvée!» Il rappelle aux politiques leurs responsabilités: «Le monde politique doit imposer au monde thérapeutique un cadre d’honnêteté et de rigueur.»

Lire l’article complet sur la tribune de Genève

Premier rapport dans l’enquête administrative ordonnée par le Conseil d’Etat à la suite du décès de Mme Adeline lors d’une sortie accompagnée de M. Fabrice A., par Me Bernard Ziegler

FRANCE INTER, Emission « le téléphone sonne » (5/09/2013) Comment va s’appliquer la réforme pénale de Christiane Taubira ?

Mise en place d’une contrainte pénale alternative à l’incarcération, suppression des peines planchers, fin des sorties sèches des condamnés. Objectif principal : lutter contre la récidive.

Invités:

  • Ludovic Fossey, Juge d’application des peines à Paris, représentant de l’Association nationale des Juges d’Application des Peines
  • Géraldine Blin, Directrice du SPIP du Val d’Oise (Service pénitentiaire d’insertion et de probation), ex-directrice de prison et membre du Syndicat des directeurs pénitentiaires (SNDP)
  • Frédéric Lauféron, Directeur général de l’APCARS, l’Association de Politique Criminelle Appliquée et de Réinsertion Sociale