Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

Prisons: quand les murs tremblent (1/4) – Enfermement de masse : la faillite d’un système

Premier volet d’une semaine consacrée aux prisons: Emission Culture monde, par Fabien Delorme, France culture, novembre 2015

Incarcération de masse, « prisons Supermax » & tolérance zéro, surreprésentation des minorités et criminalisation de pauvreté… quel visage du pays de l’oncle Sam ses prisons nous révèlent-elles ?

Le 15 juillet dernier, Barack Obama se rendait dans la prison fédérale d’El Reno (OK) une première pour un président en exercice. Une prison où sont surreprésentées, comme dans une majorité de prisons américaines, les minorités hispaniques et afro-américaines.

« Les Etats-Unis représentent 5% de la population mondiale mais 25% de la population carcérale mondiale » c’est à dire 2.26 millions de détenus, dont près de 60% de jeunes hommes noirs.

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/1_Enfermement%20de%20masse.mp3

Prisons: quand les murs tremblent (2/4) – Prisons ouvertes: la voie de la réinsertion

Avec un taux de récidive qui atteint en moyenne en France 38 %, notre modèle pénitencier traditionnel : celui de la prison fermée, miné par la surpopulation carcérale, semble à bout de souffle et ne permet pas aux détenus de se préparer à un retour au monde libre.
Sur l’île de Suomenlinna, en Finlande, la prison de Kerava accueille des détenus qui travaillent ou étudient à l’extérieur et paient un loyer. Autre exemple : à Givenich au Luxembourg où se trouve le seul établissement pénitentiaire semi-ouvert mixte d’Europe.
Dans ces établissements, la sécurité, mais aussi le lien social et le travail sont au cœur des priorités.
Pourquoi ce modèle de prison ouverte reste encore l’exception en Europe et dans le monde ?

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/2_prisons_ouvertes_2015.mp3

 

Prisons: quand les murs tremblent (3/4) – « Vers un complexe carcéro-industriel »

Le secteur des prisons privées vit des années fastes. La Corrections Corporation of America (CCA), géant américain des prisons privées, a vu depuis vingt ans son chiffre d’affaires croître de plus de 500 %. La criminalité a beau diminuer, le tout-répressif et des « clauses d’occupation » permettent de maintenir les prisons bien remplies… Bernie Sanders, candidat démocrate à l’élection présidentielle, s’est d’ailleurs prononcé très clairement à ce sujet: il veut tout simplement bannir les prisons privées.

Des secteurs du bâtiment à ceux de la restauration ou des services de santé, la gestion des établissements pénitentiaires implique une vaste mobilisation de capitaux privés.

Dans quelle mesure les lobbies qui les représentent participent à un maintien de l’enfermement de masse? Ce phénomène de privatisation des prisons est-il concentré aux Etats-Unis?

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/3_complexe_carceroindustriel_FC_2015.mp3

 

Prisons : quand les murs tremblent (4/4) – D’une prison à l’autre : la diplomatie des extraditions

La France n’extradera pas les pilotes d’Air Cocaïne et cela malgré un accord d’extradition signé en 2000 avec la République dominicaine. En effet, la France fait partie de ces pays qui n’extradent pas ses propres ressortissants , comme l’Allemagne ou encore l’Italie.
En revanche, la France peut envisager d’extrader des étrangers : c’est le cas de cet ancien oligarque kazakh, Moukhtar Abliazov, incarcéré en France depuis 2013 et dont Manuel Valls a signé le décret d’extradition – vers Moscou – récemment.
Les affaires ne manquent pas et chaque décision d’extradition, au-delà de l’accord conclu entre tel ou tel pays, semble soumise à une série de contingences tant politiques que juridiques, et elles posent plus largement la question de la souveraineté juridique des états.

Pourquoi la France, contrairement aux pays anglo-saxons refuse-t-elle d’extrader ses ressortissants ? Polanski, Snowden, Battisti : quelles sont les conséquences de ces différentes affaires sur les relations diplomatiques ? Dans quelle mesure ces accords d’extradition vont-ils dans le sens d’une harmonisation du droit sur le plan international ? Et finalement : est-il vraiment question de justice ou de politique ?

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/4_prisons_extraditions_FC_2015.mp3

 

Émilie Dubourg et Virginie Gautron, « La rationalisation des méthodes d’évaluation des risques de récidive », 

Champ pénal/Penal field , Vol. XI | 2014, mis en ligne le 18 novembre 2014,

URL : http://champpenal.revues.org/8947  ; DOI : 10.4000/champpenal.8947

Résumé: 

L’évaluation des justiciables revêt une importance essentielle dans le processus judiciaire de détermination de la peine. Elle permet d’individualiser la sanction au regard de leur profil et de leur situation. L’individualisation de la peine se joue désormais non plus tant au stade de son prononcé qu’au stade de son exécution, conférant un rôle important aux Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation chargés du suivi des condamnés. Leurs méthodes d’évaluation, originellement cliniques et faiblement structurées, ont été remises en cause, au regard d’instruments plus structurés, voire actuariels, principalement élaborés et mis en œuvre dans les pays anglo-saxons. Si la recherche d’une meilleure structuration du jugement professionnel des agents de probation apparaît pertinente, il convient toutefois d’interroger les différentes méthodes d’évaluation, leur fiabilité prédictive et leur impact en termes de prise en charge des justiciables. Le recours à des instruments plus structurés, a fortioriactuariels, opère en effet un glissement des finalités de l’évaluation, en l’inscrivant non plus tant dans une logique de réinsertion que dans une logique de gestion des risques de récidive.

Mots-clés : évaluation, jugement professionnel, instruments actuariels, risque,récidive

 Article: 

 

Table ronde (16/06/2011) « Le rôle des prisons et les alternatives possibles »

Marion Vacheret, professeure agrégée à l’école de criminologie de l’Université de Montréal, parle de l’échec du modèle sur lequel nous avons pensé les prisons dans les 30 dernières années au Canada, axées sur la gestion du risque des personnes judiciarisées.

« En voulant faire quelque chose de très structuré, organisé, bien ficelé, on a fait un modèle très bureaucratique, très lourd, dans lequel l’humain a totalement disparu … Finalement on travail avec des chiffres, des indicateurs qui sont des calculs de probabilités… où est la personne derrière ça, où est la réalité, elle n’existe plus!  « 

CICC; Conférence de Carolyn Coté (2015) Une approche interdisciplinaire pour mieux comprendre les réponses du public face aux criminels

Résumé de la conférence : Aux États-Unis et au Royaume-Uni, une croissance dans la population carcérale se manifeste malgré une baisse importante dans les taux de criminalité. Au Canada, le taux d’incarcération demeure relativement stable malgré la baisse du taux de criminalité. Certaines études suggèrent que les attitudes du public peuvent, en partie, expliquer cette tendance punitive. Dans le cadre de cette conférence, je traiterai des stéréotypes criminels et de mon application d’un cadre théorique développé en psychologie sociale pour mieux comprendre les réponses du public face aux criminels. Le Stéréotype Content Model a été développé au cours des 15 dernières années afin d’identifier les facteurs socio-structurels (par ex., la compétition pour les ressources et le statut social) qui influencent les perceptions de groupes sociaux, ainsi que des réponses cognitives, affectives et comportementales que ces stéréotypes engendrent. Je résumerai quelques études dans lesquelles j’applique ce modèle théorique dans le but d’approfondir nos connaissances sur les stéréotypes criminels et les attitudes punitives adoptées par le public.

FRANCE CULTURE, Emission « Esprit de justice » (22/01/2015) Comment faire baisser la violence en prison ?

Entre solitude et promiscuité, la prison est un univers qui, par-delà la privation de liberté, exacerbe les rapports de force et peut faire surgir violences individuelles ou collectives à tout moment.

La prison est revenue à la une en raison du djihadisme qui s’y propage. Mais nous n’allons pas revenir sur cette question qu’Esprit de justice a déjà abordée (Le djihadisme en prison), mais plutôt nous intéresser au problème de fond qui la sous-tend, à savoir la violence en prison sur fond de vulnérabilité.La peine est en soi une souffrance du fait de l’enfermement mais elle génère également de multiples autres violences qui ne sont pas comprises dans le pacte politique qui lie les citoyens entre eux par la loi commune. Des violences physiques, visibles que tout le monde peut imaginer, mais aussi de violences moins visibles, comme celle d’avoir à supporter une promiscuité parfois intolérable, ou encore celle de subir l’arbitraire qui est la marque de toute institution mais qui engendre dans ce contexte une frustration encore plus grande ; sans parler des pressions morales exercées par les codétenus.La prison exaspère tous les rapports de forces du dehors en les dépouillant de la protection de la sphère privée et en obligeant chacun à se faire respecter par lui-même sans le secours des formes sociales. Bref, comment comprendre la violence en prison, sous toutes ses formes, les plus apparentes aux plus insidieuses, pour mieux les combattre.
Avec l’agenda de Marie Boëton, du quotidien La Croix,
Et le reportage de Sophie Bober à Mulhouse avec un ancien détenu, Jean-Christophe Schultz, qui a passé 19 années de sa vie en prison.
Invité(s) : Corinne Rostaing, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lyon II, Betty Brahmy, psychiatre, ancienne chef du service médico-psychologique régional au Centre Pénitentiaire de Fleury Mérogis, et membre pendant six ans du Contrôle général des lieux de privation de liberté

THE GUARDIAN (23/11/14) UK’s mentally ill people more likely to be found in jail than hospital

Each decade in Britain appears to contain a symbolic, heinous murder – a crime so awful that it reflects a nation’s pathologies as well as its fears. In the 1990s, the death of James Bulger, a two-year-old who was abducted from a Merseyside shopping centre before being tortured and killed, led to the age of criminal responsibility being changed.

The next decade began with the case of 10-year-old Damilola Taylor, who bled to death after being assaulted on a south London stairwell, presaging years of concern over the rise of such attacks.

This month has seen a gruesome case which again holds up a mirror to the state of Britain. The events that led to Matthew Williams, found eating the face and eyeball of a 22-year-old woman he had lured into his room at Caerphilly’s Sirhowy Arms hotel, can be used to give a diagnosis of one of society’s most visceral ills: that prisons, not hospitals, are the place to find the mentally disturbed.

There are about 16,000 mental health beds in the NHS, while the Centre for Mental Health estimates that about 21,000 people behind bars – a quarter of the total prison population – have bipolar disorder, depression or personality disorders.

Prisons also disproportionately house those who have the most serious mental illnesses. About a quarter of women and 15% of men in prison reported psychotic episodes. The rate among the general public is about 4%.

Williams, who had had paranoid schizophrenia since he was a teenager, had been released from jail two weeks before the attack. He appeared to be a man lost, prey to delusions and hallucinations that had haunted him for years.

It’s certainly what his mother, Sally Ann Williams, thought. Interviewed by the BBC days after the murder, she claimed her son had been unable to access the medication he needed to keep his condition in check. She argued that her son, who died after police fired a Taser at him to try to force him away from his victim, should have been in hospital rather than living with little or no supervision in the community.

None of this surprises Jeremy Coid, professor of forensic psychiatry at Queen Mary University of London. He points out that less than 25% of prisoners who screen positive for psychosis subsequently received an appointment with a mental health professional after release. In a paper last year he said that failing to effectively screen prisoners’ mental health inevitably led to tragedy.

He told the Guardian: “Our work, which looked at 1,000 cases, showed released prisoners with schizophrenia are three times more likely to be violent than other prisoners, but only if they receive no treatment or follow-up support from mental health services.”

It did not have to be like this. In the dying days of the last Labour administration, ministers produced the Bradley report – a blueprint for reform of the criminal justice system and healthcare to ensure that prisoners did not languish behind bars without help. Ministers had been spurred into action by a series of hard-hitting warnings from charities such as the Prison Reform Trust, which pointed out that a third of prisons frequently saw prisoners who were too ill to be in jail.

However, the Bradley report was shelved by this government, which instead has brought about huge upheavals in the prison service and the NHS. In the past three years the public prison service has seen its budget cut by £263m and is struggling to cope with the loss of more than 12,500 (28%) of its staff since 2010 at a time of an ever-rising prison population. Probation services that will oversee the “medium and low risk” released prisoners are to be privatised.

At the same time the health service has undergone radical change. Budgets have been outstripped by patient demand, especially in mental health. In the summer the Royal College of Psychiatrists warned that NHS mental health services were “running dangerously close to collapse”. Analysis by the Health Service Journal found that there were now 3,640 fewer nurses and 213 fewer doctors working in mental health compared with two years ago.

Juliet Lyons of the Prison Reform Trust wants an independent inquiry into the issue of prisoner mental health, saying that the proposed “serious further offence review” into the Williams case does not go far enough.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site du Guardian

TED talks (2012) Jackson Katz: Violence against women—it’s a men’s issue

Domestic violence and sexual abuse are often called « women’s issues.” But in this bold, blunt talk, Jackson Katz points out that these are intrinsically men’s issues — and shows how these violent behaviors are tied to definitions of manhood. A clarion call for us all — women and men — to call out unacceptable behavior and be leaders of change.

Jackson Katz is an educator, author, filmmaker and cultural theorist who is a pioneer in the fields of gender violence prevention education and media literacy. He is co-founder of Mentors in Violence Prevention (MVP), which enlists men in the struggle to prevent men’s violence against women. Celebrating its 20th anniversary this year, MVP has become a widely used sexual and domestic violence prevention initiative in college and professional athletics across North America. Katz and his MVP colleagues have also worked extensively with schools, youth sports associations and community organizations, as well as with all major branches of the U.S. military.