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Qu’est-ce que le métier d’assistant de justice ?

Découvrez dans les vidéos ci-dessous en quoi consiste le métier d’assistant de justice et ses différentes missions :

Les missions pénales et la médiation et mesures :

Les missions civiles et l’accueil des victimes :

Les missions de l’assistant de justice présentent 4 axes principaux : les missions pénales, les missions civiles, l’accueil aux victimes et l’accueil social.

Dans le cadre des missions pénales, l’assistant de justice mène 2 missions : une mission d’enquête et une mission de guidance.

D’une part, l’assistant de justice réalise des enquêtes sociales à la demande d’un juge, d’un directeur de prison ou du procureur du Roi. Ces rapports fournissent des informations sur la situation familiale, sociale et professionnelle du justiciable et aident les autorités judiciaires et administratives à prendre une décision appropriée relative à une peine, une mesure (ex. : probation [1], libération conditionnelle, congé pénitentiaire, surveillance électronique, etc.) ou une modalité d’exécution d’une peine.

D’autre part, l’assistant de justice accompagne l’auteur d’infraction(s) dans l’exécution de la peine ou de la mesure décidée par le juge. Un travail de suivi est réalisé au travers d’entretiens réguliers. L’objectif est d’éviter la récidive et de favoriser la réussite de l’insertion sociale du justiciable.

Quant aux missions civiles, elles consistent principalement en la réalisation d’études sociales civiles. Elles permettent de mettre en relief la situation de vie actuelle des familles et des enfants pour soutenir des décisions du tribunal de la famille liées à l’exercice de l’autorité parentale et à l’hébergement des enfants. Ces missions sont souvent réalisées dans le cadre de divorces ou de séparations.

L’assistant de justice est également chargé de l’accueil des victimes. Avec l’accord du magistrat, il peut leur donner des informations sur les étapes de la procédure et sur les décisions prises dans le cadre de leur dossier. Il peut être présent lors de l’audience ou pendant la restitution des pièces à conviction.

Enfin, lors des missions d’accueil social de première ligne, l’assistant de justice accueille, informe et répond aux questions des citoyens. Il intervient dans les domaines pour lesquels les Maisons de justice sont compétentes. Ce service est gratuit et anonyme. Pour autant, l’assistant de justice ne propose pas de conseils juridiques. Pour cela, il oriente les victimes et les proches vers un service approprié. Il peut également les diriger vers une aide psychologique si ceux-ci en ressentent le besoin.

 [1] Alternative à la peine de prison qui peut être prononcée par le juge comme modalité d’exécution d’une peine principale (généralement l’emprisonnement).

 

Compétences & actions

  • Maîtriser les techniques d’entretien et la méthodologie de rédaction de rapports suivant les principes de déontologie
  • Connaître le domaine juridique et des notions de criminologie, de victimologie, de pénologie, de sociologie, de psychologie et de psychiatrie
  • Analyser une situation familiale, sociale et professionnelle
  • Responsabiliser le justiciable
  • Créer un sentiment de confiance
  • Annoncer des nouvelles difficiles
  • Gérer des situations conflictuelles
  • Conseiller et aider
  • Analyser, évaluer et intégrer de l’information
  • Respecter le cadre professionnel

 

Savoir-être

  • Sens du contact
  • Sens de l’écoute et de la communication
  • Tolérance et ouverture d’esprit
  • Goût pour le travail en équipe
  • Patience et calme
  • Résistance au stress
  • Flexibilité
  • Fermeté
  • Autonomie
  • Esprit d’initiative

 

Cadre professionnel

Les Maisons de justice ont été créées en 1999 pour rendre la Justice plus accessible et efficace. En 2011, lors de la 6ème réforme de l’Etat, leurs compétences ont été transférées aux communautés. En Belgique, il existe 28 Maisons de justice dont 13 réparties sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En 2015, elles prenaient en charge près de 65.000 dossiers par an. L’assistant de justice est engagé en tant que salarié au sein des Maisons de justice. Ses horaires de travail sont réguliers.

L’assistant de justice entretient également de bonnes relations avec un réseau de partenaires constituant des aides à la réinsertion.

Au royaume uni, certaines unités pénitentiaires sont spécialisées dans le travail avec des personnes plus dangereuses souffrant de troubles graves de la personnalité ; elles utilisent le modèle PIPE (psychologically informed prison environment).  Il existe un programme de groupe intensif basé sur le modèle de la communauté thérapeutique à la prison de Grendon, qui s’occupe de certains des prisonniers les plus problématiques. Toutes ces unités bénéficient d’un niveau élevé de participation de la part des psychologues.

Résumé de la recherche PIPE

Contexte

Les environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (PIPE: Psychologically Informed Planned Environments ) constituent un élément clé de la stratégie de lutte contre les troubles de la personnalité (Department of Health (DH) & National Offender Management Service (NOMS) 2011). Au moment de la recherche, NOMS et le NHS soutenaient six sites pilotes PIPE : deux dans des prisons pour hommes, deux dans des prisons pour femmes et deux dans des locaux approuvés pour la probation (AP). Un autre site dans une prison pour hommes a été mis en place au cours du projet.

Les PIPE sont des environnements confinés, spécifiquement conçus, où les membres du personnel reçoivent une formation supplémentaire pour développer une meilleure compréhension psychologique de leur travail. Cette compréhension leur permet de créer un environnement plus sûr et plus favorable, qui peut faciliter le développement des personnes qui y vivent. Les PIPE sont conçus pour mettre l’accent sur l’environnement dans lequel ils opèrent et reconnaissent activement l’importance et la qualité des relations et des interactions. Ils visent à maximiser les situations ordinaires et à les aborder d’une manière psychologiquement informée, en prêtant attention aux difficultés interpersonnelles, y compris aux problèmes qui pourraient être liés aux troubles mentaux (NOMS & DH, 2012).

Les PIPEs ne sont pas une intervention de traitement, ils sont plutôt conçus pour permettre aux délinquants de progresser à travers un parcours d’intervention, en maintenant les développements réalisés précédemment, et en soutenant la transition et le développement personnel à des étapes importantes de leur parcours (NOMS & DH, 2012). En milieu carcéral, l’essai sur le terrain du modèle PIPEs est appliqué à la mise en place d’unités de progression pour les délinquants qui ont récemment achevé des programmes de traitement et de lutte contre la délinquance de haute intensité. Pour l’essai sur le terrain dans la communauté, l’approche PIPE est appliquée aux populations délinquantes existantes dans les centres de détention provisoire.

Conception de la recherche

NatCen Social Research a mené une recherche qualitative pour examiner les principales caractéristiques des PIPE. L’objectif n’était pas d’évaluer les PIPEs pilotes, mais de fournir une articulation objective de l’activité des PIPEs et d’identifier ses ingrédients clés. La recherche a également permis d’identifier les leçons tirées des projets pilotes, qui sont discutées ici pour aider à informer les futurs projets.

Trois sites pilotes ont été sélectionnés à dessein pour faire l’objet d’études de cas : une aile pour délinquants sexuels dans une prison pour hommes, un centre de détention provisoire accueillant des hommes condamnés pour des délits violents (mais pas exclusivement) et une unité dans une prison pour femmes.

Le travail sur le terrain a consisté en des entretiens approfondis et des discussions en petits groupes avec le personnel stratégique et opérationnel, des entretiens approfondis avec les détenus et les résidents de l’AP, et des observations vidéo des principales activités du PIPE. Un atelier a ensuite été organisé, auquel ont participé les parties prenantes du NOMS et du NHS, ainsi que des représentants des sept sites pilotes. Comme il s’agit d’une étude qualitative, il n’est pas possible d’estimer la prévalence de certains points de vue et expériences.

Points clefs

Mise en oeuvre de PIPE

L’approche PIPE s’appuie sur un certain nombre de modèles théoriques, en mettant l’accent sur l’importance et la qualité des relations (NOMS & DH, 2012). Le personnel et les détenus/résidents du PA ont identifié les éléments suivants comme étant des éléments clés du modèle PIPE :

Établir et maintenir des relations et des interactions améliorées :

  • Actions et comportements du personnel : Les exemples incluent : le personnel cherche à comprendre le comportement difficile des délinquants et à aborder les significations et les problèmes sous-jacents ; l’accent est mis sur une communication et une interaction respectueuses ; le personnel passe du temps avec les détenus/résidents du PA de manière informelle et s’implique dans les activités du PIPE ; et tient compte de leurs idées et de leurs suggestions lorsque cela est possible.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe complète, cohérente et clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble. L’un des principaux enseignements tirés des sites étudiés est que des approches incohérentes et un engagement variable de la part du personnel peuvent nuire à la qualité de l’interaction avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces fonctions est également essentiel à l’efficacité du programme PIPE.
  • Interaction entre les détenus et les résidents du PA : L’interaction entre les détenus et les résidents du PPA a été jugée meilleure dans tous les sites étudiés que dans les unités comparables non PIPE, et les détenus ont été jugés plus calmes et moins hiérarchiques. Bien que cela soit également vrai pour le PIPE dans une certaine mesure, il a été estimé que la rotation relativement élevée des résidents, dont beaucoup passaient une grande partie de la journée en dehors du PIPE, posait un problème. Les activités planifiées proposées par le PIPE, telles que les groupes structurés et les sessions créatives, ont été considérées comme facilitant une interaction saine entre les résidents.
  • L’environnement physique a également été un important facteur de facilitation. Le fait que l’unité PIPE soit située dans une zone distincte et autonome a été perçu comme encourageant une communication positive et aidant les détenus à former un groupe plus cohésif. Les lieux informels d’interaction sont considérés comme jouant un rôle clé dans la normalisation de l’interaction et la promotion de comportements responsables et coopératifs.
  • Le personnel était très conscient de l’impact déstabilisant que pouvaient avoir certains détenus/résidents du PA, et certains ont été jugés inadaptés au PIPE en termes de motivation ou d’attitude à l’égard de l’approche PIPE. Les établissements pénitentiaires PIPE ont parfois hébergé des  » pensionnaires  » aux côtés des détenus PIPE, car les problèmes de capacité de l’établissement ne leur permettaient pas d’avoir des cellules vides. A ce stade initial du développement du PIPE, il était inévitable que ce mélange de prisonniers dilue l’expérience du PIPE et ne soit pas conforme aux directives du NOMS et du DH (2012).

Soutien formalisé aux délinquants:

  • Il s’agissait pour un agent personnel/travailleur de clés de rencontrer régulièrement son détenu/résident PA pour discuter de son expérience du PIPE, de ses comportements positifs ou négatifs et des facteurs qui les sous-tendent, de son histoire en termes de vie personnelle, de comportement délinquant et de toute expérience de traitement, ainsi que de ses projets pour l’avenir. Les détenus du PIPE et les résidents de l’AP ont généralement une opinion positive de ces relations, en particulier lorsque le personnel est ouvert, honnête, ne porte pas de jugement et partage ses propres expériences. Parmi les difficultés identifiées, citons : les horaires de travail ou d’autres engagements limitant la disponibilité du personnel ; les approches incohérentes et l’engagement variable des différents membres du personnel ; l’équilibre entre le soutien et le rôle de surveillance – qui doit être géré avec soin avec les détenus/résidents du programme d’assistance pour maintenir la confiance. Dans le centre de détention provisoire, il est également nécessaire de maintenir la cohérence entre l’agent personnel/le travailleur clé et le responsable des délinquants.

Suivi et gestion du comportement

  • On craint que certains délinquants qui suivent des programmes de haute intensité n’aient pas mis en pratique ce qu’ils ont appris. Le PIPE est conçu pour  » tester  » les délinquants en surveillant la manière dont ils fonctionnent dans un environnement favorable, à la fois au quotidien et dans le cadre d’activités planifiées (NOMS & DH, 2012). Le personnel du PIPE joue un rôle clé dans le suivi et la documentation des progrès (ou de l’absence de progrès) des délinquants et dans l’identification des comportements délinquants parallèles. Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été décrits comme étant pleinement conscients de la fonction d’observation et de suivi du PIPE, mais dans certains cas, cela a été ressenti comme ayant eu un impact négatif sur leur confiance dans les agents du PIPE. Comme pour d’autres aspects de la mise en œuvre du PIPE, l’adoption d’une approche cohérente par l’ensemble du personnel a été jugée importante, mais non sans difficultés.

Impacts émergents

Le personnel a estimé que les résultats escomptés des PIPE n’avaient pas été clairement communiqués. Dans les prisons ayant fait l’objet d’une étude de cas, cette situation a pu être exacerbée par le fait que le responsable clinique n’était pas en poste au début de la mise en œuvre pour expliquer les objectifs et les résultats escomptés des PIPE, tels qu’ils sont décrits dans les documents de spécification des services (NOMS, 2010a ; NOMS, 2010b). Cependant, tant le personnel que les détenus/résidents du PA ont suggéré une série d’impacts émergents découlant des PIPE. Il est important de souligner que la recherche a eu lieu peu de temps après la mise en œuvre et alors que les PIPEs étaient encore en cours de développement. Par conséquent, tous les impacts possibles et les résultats spécifiés n’auront pas été pleinement réalisés ou compris à ce stade.

  • La possibilité accrue de communiquer dans des contextes formels et informels a été perçue comme ayant conduit à une amélioration des relations entre les détenus et les résidents du PA. Cela a été démontré par le fait que les délinquants reconnaissaient quand les autres avaient besoin de soutien. Le personnel a également indiqué qu’il y avait moins de brimades dans les unités PIPE que dans les autres quartiers de la prison.
  • L’amélioration des contacts par le biais de sessions avec des agents personnels ou des travailleurs clés, de groupes structurés, de sessions créatives et d’interactions informelles a permis d’améliorer la qualité des relations entre le personnel et les détenus/résidents du PA. Le personnel a indiqué que ces opportunités avaient permis d’établir des relations avec les délinquants, ce qui a permis au personnel d’être plus à même de les interpeller sur leur comportement. Il a également été noté que des relations plus positives avec le personnel du PIPE constituaient un modèle pour les délinquants quant à la manière d’interagir avec le personnel d’autres établissements, ainsi qu’avec les services à la sortie de prison.
  • Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été considérés comme plus responsables de leurs actions et de leurs comportements. Au sein de l’AP, le personnel a estimé que le nombre de rappels avait diminué et que le respect des conditions du permis s’était amélioré. Cependant, certains membres du personnel se sont demandé si ces réductions n’étaient pas plutôt le résultat de changements dans le comportement du personnel, c’est-à-dire que le personnel signale moins d’incidents plutôt qu’il n’y ait moins d’incidents.
  • Les délinquants ont indiqué que le renforcement positif de la part du personnel du PIPE les aidait à maintenir les acquis du traitement. Cependant, le personnel a également reconnu les limites des unités PIPE dans le traitement des comportements complexes et problématiques.

Principales conclusions

Cette étude a été conçue pour explorer les caractéristiques des environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (Psychologically Informed Planned Environments (PIPEs) par le biais d’une recherche qualitative dans trois sites pilotes d’études de cas.

  • Les études de cas sur les PIPE ont permis de tirer un certain nombre d’enseignements sur les principales caractéristiques du modèle PIPE.  L’établissement et le maintien de relations sûres entre le personnel et les détenus/résidents des locaux agréés (PA) ont été considérés comme essentiels. Les délinquants ont souligné l’importance de la disponibilité du personnel et d’une interaction respectueuse au quotidien dans la gestion et l’organisation du PIPE, ainsi que la mise en place de mécanismes de soutien formel pour les délinquants par le biais de sessions régulières de l’agent personnel/travailleur clé, de groupes structurés, de sessions créatives et de séances de groupes structurés et des activités informelles.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble.  L’un des principaux enseignements tirés des études de cas est que les approches incohérentes et l’engagement variable du personnel peuvent nuire à  l’interaction utile avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces rôles est également essentiel pour une mise en œuvre efficace du PIPE.
  • La communication sur les PIPEs doit passer par tous les niveaux d’opération afin qu’il y ait un leadership stratégique approprié au sein des établissements  et que le personnel de première ligne en ait une bonne compréhension. Cela permet de s’assurer que le PIPE est soutenu à la fois par les personnes qui y travaillent et par l’ensemble de l’établissement ou de la zone de probation. Ceci est particulièrement important lorsque le personnel ne faisant pas partie du PIPE est susceptible de saper l’éthique du PIPE ou de poursuivre des objectifs contraires à ceux du PIPE.La communication doit également s’étendre aux résidents potentiels afin qu’ils comprennent bien l’objectif et les paramètres du PIPE.
  • Une autre leçon tirée des études de cas est que le fait d’avoir des détenus non PIPE (ou « logeurs ») dans l’unité peut compromettre l’impact potentiel du PIPE dans les prisons. Il peut être de créer des unités exclusivement occupées par des détenus du PIPE dans la phase initiale de développement du PIPE, mais il convient de prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la culture de l’établissement. Il faut cependant prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la mise en œuvre de PIP. L’objectif à long terme est de fournir une population de détenus répondant aux critères du cahier des charges des PIPEs.

enabling-pipe-research-report.pdf (publishing.service.gov.uk)

Si le lien est brisé enabling-pipe-research-report

Pour en savoir plus:

Un lien vers le site du ministère de la justice du Royaume-Uni, qui donne plus d’informations. sur le rôle des psychologues pénitentiaires UK: https://prisonandprobationjobs.gov.uk/roles-at-hmpps/psychologist/life-as-a-forensic-psychologist/

un lien pour accéder a une serie de podcast qui explique les différents roles des psychologues dans le service pénitentiaire: https://forensicpsychologypodcast.libsyn.com/website

« L’utilisation du conseil correctionnel (suivi pénitentiaire) par opposition à la psychothérapie est un sujet de débat permanent.  Des arguments ont été soulevés concernant la différenciation des deux selon la théorie qui sous-tend la technique (par exemple, la psychanalyse comme psychothérapie), le degré de perturbation émotionnelle et de psychopathologie (c’est-à-dire que les perturbations plus graves nécessitent une psychothérapie), le cadre de travail clinique (par exemple, médical ou éducatif) et le niveau de diplôme et de formation professionnelle (par exemple, le psychiatre est un psychothérapeute, le psychologue titulaire d’un doctorat et le psychologue-conseil, titulaire d’une maîtrise, est un conseiller). En général, les psychothérapeutes sont titulaires d’un doctorat (M.D., Ph.D., Psy.D.).

Cependant, dans un sens fondamental, il est souvent difficile de déterminer où s’arrête le conseil et où commence la psychothérapie, en particulier dans les établissements correctionnels où la plupart des praticiens du traitement sont des conseillers titulaires d’une maîtrise (M.A.) ou des travailleurs sociaux titulaires d’une maîtrise en travail social (M.S.W.). Cela ne veut pas dire qu’il y a peu de différence entre le psychiatre titulaire d’un doctorat en médecine, qui peut prescrire des médicaments et qui a effectué un internat en psychiatrie, et le conseiller titulaire d’une maîtrise. Il existe des différences évidentes et significatives entre les deux. Il s’agit plutôt de souligner qu’en réalité, la plupart des professionnels du traitement clinique des établissements et des agences qui fournissent des services de conseil ou de psychothérapie aux délinquants sont formés au niveau de la maîtrise.

EFFICACITÉ DU CONSEIL ET DU TRAITEMENT DES DÉLINQUANTS

L’efficacité du conseil et du traitement des délinquants a fait l’objet d’un débat considérable parmi les praticiens et les chercheurs. Cependant, l’efficacité du conseil aux délinquants peut dépendre dans une large mesure du sens que l’on donne au mot « efficace ». Pour certains, un conseil et un traitement efficaces sont ceux qui permettent à la routine de la prison de se dérouler sans heurts, sans se soucier de préparer le délinquant à retourner et à se réadapter à la communauté extérieure. Pour d’autres, les programmes de traitement efficaces sont assimilés aux programmes les moins chers à mettre en œuvre et à maintenir en termes de coûts financiers. Enfin, pour de nombreux décideurs, membres du grand public et praticiens du système correctionnel, la réduction de la récidive représente la mesure de référence de l’efficacité.

Quel que soit le point de vue, le rôle, la fonction et le degré de réussite des programmes de traitement des délinquants ont fait l’objet de vives controverses, le soutien allant de l’accent mis sur la réadaptation et la réintégration dans la collectivité (Andrews et Bonta, 2010 ; Cullen et Gendreau, 2000; Cullen, Wright et Applegate, 1996 ; MacKenzie, 2006 ; Lipsey, 2009 ; Palmer, 1992 ; Smith, Gendreau et Schwartz, 2009) et la justice réparatrice (Van Ness et Strong, 2010) à une très faible confiance, voire aucune, dans les programmes de counseling et de traitement correctionnels (DiIulio, 1991 ; Farabee, 2005 ; Gaes et coll. , 1999 ; Whitehead et Lab, 1989).

Un certain nombre d’approches ont été utilisées pour tenter de mesurer l’efficacité du traitement des délinquants.  Les approches les plus respectées comprennent les mesures de suivi à long terme, après le traitement, les modèles expérimentaux (utilisant des groupes de comparaison) et les changements de personnalité ou d’attitude mesurés par des tests psychologiques.  En examinant ces approches, il apparaît que les techniques d’évaluation les plus acceptées reposent sur une méthodologie quantitative (Van Voorhis, 2006).  L’une des méthodologies d’évaluation les plus respectées utilise la technique statistique de la méta-analyse.  La méta-analyse permet de résumer les résultats de nombreuses études, combinant ainsi plusieurs échantillons de recherche en un seul grand échantillon et créant une statistique sommaire (taille de l’effet) qui évalue l’efficacité de tous les types de programmes ou de certains d’entre eux.  Les méta-analyses corrigent bon nombre des problèmes méthodologiques des études individuelles, notamment les faibles taux de base et les échantillons de petite taille (Lipsey et Wilson, 2001).  Une série de méta-analyses offre de solides recommandations concernant l’efficacité des interventions comportementales, d’apprentissage social et cognitivo-comportementales pour les délinquants (par exemple, Andrews et al., 1990 ; Lipsey, 1992, 2009 ; MacKenzie, 2006 ; Sherman et al., 1997).

Il ne fait aucun doute que les praticiens et les chercheurs continueront à débattre des mérites des techniques d’évaluation des programmes. Il est également probable qu’ils continueront à remettre en question l’efficacité des programmes de conseil et de traitement correctionnels. Cependant, il semble y avoir un consensus général parmi de nombreux praticiens et chercheurs concernant les éléments qui composent un programme de conseil ou de traitement efficace. Ces éléments sont les suivants

  1. la concentration des interventions intensives sur les délinquants à haut risque plutôt que sur les délinquants à faible risque qui sont souvent mis à mal par la rencontre d’autres délinquants et l’interruption des influences prosociales dans leur vie (voir chapitre 7) ;
  2. l’utilisation d’interventions comportementales et cognitivo-comportementales (voir chapitres 4, 8, 9) ;
  3. un haut degré d’intégrité du traitement et de qualité du programme, où le personnel adhère à la conception du programme et aux normes professionnelles (voir chapitre 16) ;
  4. une méthode permettant de faire correspondre les caractéristiques du délinquant, du thérapeute et du programme – appelée principe de réceptivité (voir chapitre 7) ;
  5. une communauté de traitement coopérative où les professionnels des soins de santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, des loisirs, de la santé mentale et de la toxicomanie travaillent ensemble dans le cadre d’une approche globale et intégrée pour intervenir auprès des délinquants et promouvoir un comportement prosocial et productif ;
  6. un soutien administratif et institutionnel permettant de fournir des ressources et des possibilités adéquates pour élaborer et mettre en œuvre un traitement significatif et des programmes connexes;
  7. une variété de compétences pratiques à la vie quotidienne et d’expériences de traitement qui renforcent la responsabilité personnelle et la pertinence tant au sein de l’établissement que dans la communauté ;
  8. l’évaluation des programmes afin (a) d’identifier et de comprendre les programmes qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas, (b) de surveiller les forces et les faiblesses des programmes efficaces, et (c) d’identifier les possibilités d’amélioration ;
  9. des stratégies de prévention des rechutes pour aider le délinquant dans la communauté à la fin de la phase formelle d’un programme de traitement dans un établissement correctionnel ; et
  10. un personnel de traitement bien formé qui a obtenu les titres de compétences appropriés.

 

CONCLUSION

Les conseillers correctionnels participent aux programmes communautaires et institutionnels destinés aux délinquants.  La nature de leur travail implique à la fois des fonctions de sécurité et de traitement. Le fait que ces fonctions soient souvent en conflit les unes avec les autres peut être frustrant pour les conseillers. Malgré tout, l’objectif principal de la plupart des conseillers correctionnels reste l’intervention pour traiter l’adaptation à la prison, la réinsertion du détenu, le risque de récidive, la toxicomanie, les traumatismes, les préoccupations familiales, la santé mentale et l’emploi.

La portée et l’objectif du conseil aux délinquants couvrent une gamme dynamique d’expertise et de responsabilité professionnelle qui continue d’évoluer et de défier les énergies créatives du conseiller qui choisit de travailler dans un environnement correctionnel.  Malgré tout, les conseillers qui réussissent possèdent de bonnes aptitudes à la communication et à la synchronisation, ainsi que la capacité de motiver les délinquants à changer. Ces compétences doivent faire appel à l’empathie, à la capacité d’écouter les préoccupations des clients de manière réfléchie et à la capacité d’aider les clients à découvrir comment leurs comportements interfèrent avec leurs espoirs et leurs objectifs.  Un conseil réussi implique également d’aider les clients à « risquer » le processus et les perspectives de changement d’une manière réaliste et planifiée. L’intention thérapeutique est essentielle et implique l’utilisation par le conseiller de l’engagement, du bon modèle, de l’empathie et de l’authenticité. Enfin, les conseillers doivent faire preuve d’humilité professionnelle, car ils comprennent et acceptent que certains délinquants changeront et d’autres non, et que la plupart des délinquants passeront par une série d’objectifs à atteindre et d’échecs.

Le débat permanent sur l’efficacité des traitements est en train d’être résolu par un certain nombre d’études impressionnantes qui montrent que certains types de programmes de conseil et de réinsertion changent effectivement certains types de délinquants. Il est clair, cependant, que les programmes qui réussissent doivent faire preuve d’un grand professionnalisme, d’une qualité élevée et d’une fidélité à leur conception sous-jacente.

Questions de discussion

  1. Quels sont les défis auxquels les conseillers correctionnels sont confrontés et que les autres conseillers n’appartenant pas au domaine correctionnel n’ont pas à affronter ?
  2. Quelles sont les capacités essentielles qu’un conseiller ou un thérapeute en milieu correctionnel doit posséder ?
  3. Qu’est-ce que l’entretien motivationnel et pourquoi peut-il être utile aux délinquants ?
  4. Qu’entend-on par sensibilité au genre et comment peut-on la démontrer ?
  5. Quels sont les six éléments de base de la communication et quel est leur lien avec les « capacités » de la question 2 ?
  6. Quelles sont les quatre façons dont les conseillers correctionnels peuvent devenir plus sensibles à la diversité ethnique et culturelle des délinquants ?
  7. Discutez du rôle crucial que jouent les spécialistes de l’éducation et des loisirs au sein de l’équipe de counseling et de traitement correctionnel. »

https://www.routledge.com/Correctional-Counseling-and-Rehabilitation/Salisbury-Van-Voorhis/p/book/9780367406455

Biographie des auteurs
Emily J. Salisbury, Ph.D., est professeur associé et directrice du Utah Criminal Justice Center à l’University of Utah College of Social Work. Elle a une formation de criminologue appliquée et concentre ses recherches sur la science des interventions de traitement correctionnel, en particulier chez les femmes impliquées dans le système. Le Utah Criminal Justice Center est un centre de recherche interdisciplinaire qui fournit aux organisations des recherches, des formations et une assistance technique fondées sur des preuves scientifiques afin de prévenir et de réduire la criminalité et la victimisation au sein de toutes les communautés, étant entendu que les approches doivent être adaptées aux besoins contextuels des organisations et des diverses populations qu’elles desservent.

Les recherches de Mme Salisbury portent sur la politique correctionnelle, l’évaluation des risques et des besoins et les stratégies d’intervention en matière de traitement, avec un accent particulier sur les femmes impliquées dans le système, les pratiques tenant compte du genre et les soins tenant compte des traumatismes. Grâce à ses travaux sur les femmes, elle a reçu le prix Marguerite Q. Warren et Ted B. Palmer Differential Intervention Award de l’American Society of Criminology Division on Corrections and Sentencing.

Patricia Van Voorhis est professeure émérite de justice pénale à l’université de Cincinnati. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont deux livres et de nombreux articles dans les principales revues de criminologie et de justice pénale. Elle a apporté son expertise à des agences fédérales, étatiques et locales sur des sujets liés à l’efficacité correctionnelle, à la mise en œuvre de programmes, aux techniques d’évaluation, aux femmes délinquantes, à l’évaluation des risques et à la classification correctionnelle. Elle a dirigé de nombreux projets de recherche financés par l’État et le gouvernement fédéral sur la classification des détenus, l’évaluation sexospécifique, la mise en œuvre de programmes et les interventions cognitivo-comportementales, et continue de mener un programme rigoureux de conseil et de recherche à la retraite. Mme Van Voorhis a reçu de nombreux prix, dont le prestigieux prix August Vollmer de la Société américaine de criminologie, qui récompense un criminologue dont les travaux de recherche ont contribué à la justice ou au traitement ou à la prévention des comportements criminels ou délinquants.

Maisons de Justice: Méthodologie de travail

L’Administration générale des Maisons de justice (AGMJ) appuie l’exercice de ses missions sur des principes méthodologiques.

Les principes de base méthodologiques des Maisons de justice sont : l’approche émancipatrice, la responsabilisation, la non-normativité, la non-substitution et la limitation des dommages éventuels causés par l’intervention pénale.

  • L’approche émancipatrice : elle se fixe comme but le développement des compétences de l’individu, au sein de son environnement interactionnel et contextuel, pour qu’il soit de plus en plus à même de prendre position de manière autonome, spécifiquement dans le cadre de l’intervention judiciaire et du mandat ou des conditions imposées.
  • La responsabilisation : elle vise à donner au justiciable la possibilité d’agir (ou de ne pas agir) dans la voie qu’il choisit avec ses moyens personnels en toute connaissance de cause. Il s’agit pour lui d’avoir une réelle connaissance du système judiciaire, des conséquences qu’il encourt s’il ne respecte pas les conditions, de la façon dont le contrôle du respect des conditions sera fait et dont l’autorité mandante sera informée.
  • La non-normativité : elle vise à construire la relation nécessaire à la guidance sociale au départ de la « vision du monde » du justiciable, de ce qu’il comprend et ressent, de ce qui fait sens pour lui, de la reconnaissance complète de son propre vécu. C’est à ce prix qu’au sein d’un cadre contraignant et normalisateur l’attitude non normative de l’assistant de justice permet la prise en compte complète du point de vue du justiciable. Cette compréhension permet au justiciable d’entrer à part entière dans la relation et d’y donner un contenu qui fasse sens pour lui.
  • La non-substitution : elle empêche l’assistant de justice d’imposer sa volonté au justiciable, de savoir à sa place ce qui est bon pour lui et d’étouffer ainsi toute autonomisation et toute responsabilisation véritable. Elle empêche également l’assistant de justice d’agir à la place du justiciable, sans l’empêcher de lui apporter l’aide dont il a besoin.
  • La limitation des dommages éventuels causés par l’intervention pénale : elle traduit dans la guidance sociale les principes de l’intervention minimale et de proportionnalité de l’intervention pénale. Elle veille aussi à attirer l’attention des autorités mandantes sur la nécessité de suspendre ou d’adapter des conditions dont l’imposition devient contre-productive voire nocive pour le justiciable.

 

A retrouver sur: Méthodologie de travail – Portail des maisons de justice en Fédération Wallonie-Bruxelles

« Le programme d’intervention intitulé « Gender violence: Aggressor Intervention Program » (Programme d’intervention auprès des auteurs de violences de genre) présente une série de nouveautés par rapport à l’ancien programme  : de nouvelles approches thérapeutiques dans chaque unité et un développement plus approfondi des aspects psychologiques de la violence et du pouvoir, du contrôle et du leadership. En outre, de nouvelles séances sur la violence sexuelle, la perspective du genre et l’implication des enfants en tant que victimes de la violence ont été ajoutées. En outre, un accent particulier a été mis sur la nécessité d’aborder la question de la motivation pour le traitement et la prévention des rechutes.

  • La partie I (unités 1- 5) aborde les facteurs cliniques sur lesquels le détenu doit travailler avant de commencer l’analyse des comportements violents.
  • La partie II (unités 6-11) aborde les différentes manifestations de la violence : les aspects physiques, psychologiques et sexuels de la violence et la manipulation psychologique des enfants.

À la fin, il y a deux modules supplémentaires : l’éducation sur les différences entre les sexes et la prévention des rechutes.

La durée du programme varie de 6 mois à 1 an, en fonction d’un certain nombre de facteurs, tels que le profil du détenu, le niveau de risque de rechute ou de récidive, la durée de la peine, les circonstances dans lesquelles le programme est mis en œuvre, et l’évolution du détenu. Le nombre de séances varie de 25 (programme de base) à 50 (programme intensif). Lorsque le programme est utilisé pour remplacer l’emprisonnement standard, il y a d’abord 25 séances de présence obligatoire. Le format est soit individuel, soit collectif (thérapie de groupe), généralement fermé, avec un nombre maximum de 12 participants par session et des sessions hebdomadaires (Ruiz et al., 2010).

Programme d’intervention auprés des auteurs de violence de genre

Soource: Intervention Programs for Spanish Inmate Aggressors Convicted of Domestic Violence, The Open Criminology Journal2011, 4: 91-101

Luis Millana, Research Group on Sociopsychobiology of Aggression, Complutense University of Madrid, Spain.

Article complet: https://benthamopen.com/DOWNLOAD-PDF/TOCRIJ-4-91/

Anger Rumination Scale (ARS) Sukhodolsky DG, Golub A, Cromwell EN. (2001)

L’ERC (ARS: Anger Rumination Scale) évalue les 4 dimensions liés à l’expérience de colère

Pensées de colères à posteriori (pensées consistant à ressasser un épisode de colère récent – 6 items)
Souvenirs de colère (pensées relatives à des épisodes de colère vécus par le passé – 6 items)
Pensées de revanche (pensées marquées par l’idée de vengeance – 4 items)
Compréhension des causes (pensées visant l’analyse des causes à l’origine de la survenue de l’événement générateur de colère – 4 items)

Pensées de colère à posteriori (PP):
7- Après qu’une dispute soit finie, je continue à m’imaginer en train de me disputer
8- Les souvenirs des choses qui m’ont énervé me viennent à l’esprit avant de m’endormir
9- Chaque fois que j’éprouve de la colère, je continue à y penser pendant un long moment
14- Je reconstitue dans ma tête l’événement qui m’a mis en colère après qu’il ait eu lieu
18- Les contrariétés même mineures génèrent chez moi ds pensées qui me dérangent pendant un bon moment
19- Quand quelque chose me met en colère, je le tourne encore et encore dans ma tête

Pensées de revanche (PR)
4- J’ai pendant longtemps des pensées de vengeance après qu’un conflit ait eu lieu
6- J’ai des difficultés à pardonner les gens qui m’ont blessé
13- Des images et des fantasmes de nature violente me viennent parfois à l’esprit
16- Quand quelqu’un me met en colère, je ne peux m’empêcher de penser à la manière dont je vais me venger

Souvenirs de colère (SC)
1- je ne cesse de repenser aux expériences de colère vécues dans le passé
2- je repense aux injustices qui m’ont été faites
3- je garde en moi pendant longtemps le souvenir d’événements qui m’ont mis en colère
5- Je pense à des événements qui se sont déroulés il y a longtemps , et ils me mettent toujours en colère
15- Je me sens en colère à propos de certaines choses qui me sont arrivées dans la vie

Compréhension des causes (CC)
10- J’ai eu des périodes où je ne pouvais pas m’empêcher de réfléchir à un conflit en particulier
11- J’analyse les événements qui me mettent en colère
12- Je pense aux raisons qui font que les gens me traient mal
17- Quand quelqu’un me provoque, je réfléchis à pourquoi cela m’arrive moi

« Revenir sur un événement pour en comprendre le sens ou par exemple pour fantasmer une autre issue ne relève pas de la même stratégie cognitive. Les différences de stratégie mises en place par les individus s’accompagnent de différences dans leurs répercussions aussi bien d’un point de vue affectif, cognitif que comportemental et social. Par exemple, fantasmer une autre issue peut éviter d’éviter le comportement disruptif, ou peut être un moyen de retrouver un sentiment de contrôle en retravaillant un souvenir source de frustration ou de victimisation. Une approche différentiée des contenus de la rumination intéresse alors, aussi bien par exemple l’étude des comportements d’agression que celle visant les processus de reconstruction du souvenir . À notre connaissance, seule l’échelle de rumination de la colère (Anger Rumination Scale [ARS] propose une approche multidimensionnelle de la rumination de colère ». Reynes, E.; Berthouze-Aranda, S.E.; Guillet-Descas, E.; Chabaud, P.; Deflandre, A. (2013). Validation française de l’échelle de rumination de colère (ARS). L’Encéphale, 39(5), 339–346. doi:10.1016/j.encep.2012.11.006

ERC-echelle_de_rumination-de_la_colere

 

Évaluation des représentations sociales concernant la violence: EFAE-20

Échelle Française de représentation de l’agression expressive (20 items)  (’aprés le questionnaire EXPAGG sur les représentations sociales de la violence in : CAMPBELL A, MUNCER S, COYLE E, Social representation of aggression as an explanation of gender differences: a preliminary study. Aggrerszw Be/my 1992 ; 18 (2) : 95-108.  ; ARCHER J, HAIGH A. Do beliefs about aggressive feelings and actions predict reported levels of aggression? Br J Soc Pyschol 1997 ; 36 (1) : 83-105.)

Ce questionnaire, dénommé EFAE-20 (Échelle française des représentations de l’agression expressive à 20 items), est inspiré du questionnaire EXPAGG utilisé dans des travaux britanniques sur les représentations sociales de la violence (35> 36) et a donné lieu a une procédure de validation en français (PATY B. La violence a l’école : étude d’une représentation sociale comme facteur de stress des enseignants [Thèse de doctorat de psychologie]. Reims : Universite de Reims Champagne-Ardenne, 2004) .

Il comporte 20 items destinés à recueillir les explications privilégiées par le répondant lorsqu’il s’agit de comprendre pourquoi on peut être violent. Les réponses se font sur une échelle en quatre points allant de 1 (pas du tout d”accord) à 4 (tout à fait d’accord).

Cette échelle permet de mesurer deux facteurs :

le premier facteur regroupe des items pour la plupart relatifs à une conception de la violence comme expressive. C’est le modèle frustration-agression qui sous-tend ce facteur de représentation.
Le second facteur correspond à une représentation plus instrumentale et plus contrôlable de la violence. Il regroupe des items où l’usage de la violence est présenté comme ayant une certaine finalité.

Le premier facteur regroupe des items pour la plupart relatifs à une conception de la violence comme expressive. C’est le modèle frustration-agression qui sous-tend ce facteur de représentation. Deux items “Les gens violents emploient souvent la force simplement parce qu’ils ne voient pas d’autres moyens d’agir” et “Les personnes violentes utilisent tout simplement leur agressivité lorsqu’il leur faut agir”, bien qu’évoquant l’idée “d’utiliser ou d”employer la violence” (vision a priori instrumentale de la violence), saturent le plus sur ce facteur. C’est très certainement le caractère excusable qui est ici mis en avant. En additionnant les items composant ce facteur, on mesure donc une conception naïve d’une violence ayant souvent comme origine la frustration (sous la forme de la jalousie par exemple), des violences subies auparavant ou encore des humiliations (comme le manque de respect). La dimension mesurée par ce facteur est appelée “conception de violence expressive” (à la suite de frustrations). Basé sur dix items, ce score peut théoriquement varier de 10 à 40. A titre indicatif, la note moyenne de référence pour des adultes, enseignants d’une trentaine d’années est de 27 (SD = 4,15) .

Le second facteur correspond à une représentation plus instrumentale et plus contrôlable de la violence. Il regroupe des items où l’usage de la violence est présenté comme avant une certaine finalité. De même, c’est surtout l’image de la violence urbaine, liée aux quartiers difficiles et aux ghettos, qui y est présentée comme inéluctable ou en tout cas comme une sorte de conduite nécessaire à la survie dans ces quartiers. Exemples : “Les jeunes issus de quartiers difficiles sont obligés de recourir à des comportements violents pour s’en sortir” et “Ne jamais être agressif, c’est prendre le risque de se faire marcher sur les pieds”.
Les items évoquant d’éventuelles solutions à ces formes de violence “Il est possible d”empêcher la violence en augmentant le nombre de policiers dans les rues” et “En punissant ou en éduquant plus efficacement, il doit être possible d’éviter la plupart des actes de violence” (solutions cohérentes avec le modèle d’apprentissage de l’agression) se retrouvent avec les saturations les plus fortes sur ce second facteur. Pour résumer, ce type de représentation sociale de la violence est celui d’une violence instrumentale et urbaine dont les causes sont sociales ou identitaires, à laquelle on trouve des justifications, et surtout que l’on conçoit comme évitable par l’éducation, la punition ou la répression. La dimension issue de ce facteur est appelée “conception de la violence instrumentale et curable”. Basée sur huit items, la mesure peut en théorie varier de 8 à 32. A titre indicatif, la note moyenne de référence pour des adultes, enseignants d’une trentaine d’années est de 17,90 (SD =3,59) (30).

Deux mesures sont donc fournies par l’administration de ce questionnaire EFAE-20 : la conception de la violence comme expressive et la conception de la violence comme instrumentale et curable.

EFAE20