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FRANCE CULTURE (émission les pieds sur terre, 2025) « Je vous appelle depuis la prison d’Evin »

Détenu par la République islamique d’Iran depuis le 12 octobre 2022, Olivier Grondeau a été libéré jeudi 20 mars 2025. Nous avions commencé un dialogue avec lui, il y a quelques mois, où il nous racontait son arrestation, son procès et ses conditions de détention.

Cela faisait deux ans et cinq mois qu’Olivier Grondeau était détenu en Iran. Depuis la prison d’Evin à Téhéran, il imaginait ses premiers jours de liberté. « Ce dont je rêve, c’est d’entrer dans une petite pièce, de fermer la porte derrière moi, et d’être seul. »

Nous nous entretenions avec lui par téléphone depuis un peu moins de trois mois. Olivier Grondeau avait décidé d’intervenir dans les médias pour exiger sa libération ainsi que celle de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus, eux aussi, en Iran. Ces entretiens ont été aussi l’occasion pour lui de raconter son histoire. « Quand j’ai été arrêté, j’avais 31 ans. J’ai voyagé pendant des années d’Europe en Asie, presque toujours par la route, en traversant la Turquie, le Caucase, l’Iran et le sous-continent indien. […] J’étais parti en Inde à l’été 2014, et le voyage s’est transformé en un mode de vie qui me convenait. »

« Ces messieurs désiraient voir ma chambre, c’étaient des gens des services de renseignement »

C’est en Iran qu’il est arrêté. « C’était le matin du 12 octobre 2022 à Shiraz, grande ville du sud de l’Iran. J’étais sur le pas de ma porte, devant ma chambre, à l’auberge de jeunesse. Ça faisait une dizaine de jours que j’étais installé là-bas. Un matin, j’avais la mousse du dentifrice dans la bouche et il y avait quatre mecs en chemise qui tournaient sur la terrasse sur laquelle donnait ma chambre. Moi, je les ai pris pour des touristes au début. »

Sans beaucoup plus d’explication, Olivier Grondeau est escorté hors de l’auberge de jeunesse. « On est sorti de la chambre, ils m’encadraient, les quatre. On a traversé la terrasse où les touristes, les clients de l’hôtel commençaient à s’installer pour prendre leur petit-déjeuner. Je n’arrivais même pas à parler. Je voulais leur dire ‘mon prénom, c’est ça, je suis français, j’ai une ambassade, appelez-les’, mais j’étais tétanisé, donc j’ai rien dit. On a traversé la rue, il y avait leur voiture qui nous attendait. On est parti des petites ruelles du centre-ville, on a gagné le boulevard. À ce moment-là, ils m’ont tendu un bandeau. »

Dans les locaux des services de renseignement, menotté, il est interrogé. « On m’a demandé une sorte de résumé biographique. Tout ça, c’était en anglais. Après mes études, après mon métier, on en est arrivé à la période des voyages. Les questions se sont fait un petit peu plus précises. Ils m’ont demandé d’écrire une liste exhaustive de tous les pays dans lesquels j’étais allé avec les dates. Vous avez la consigne expresse de surtout ne pas vous retourner si jamais vous n’avez pas les yeux bandés. »

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En matière de réhabilitation, les tendances actuelles, comme celles décrites dans un article de Brookings, suggèrent un déplacement vers des approches plus réhabilitatives, avec un accent sur les communautés thérapeutiques et la thérapie cognitivo-comportementale pour améliorer la réintégration (A better path forward for criminal justice: Changing prisons to help people change). Ces approches pourraient être adaptées aux membres de gangs, bien que leur mise en œuvre reste un défi en raison des ressources limitées et de l’environnement carcéral souvent hostile.

« La culture et l’environnement des prisons sont essentiels à la santé et à la sécurité publiques. Alors qu’une grande partie du débat politique et de l’attention du public sur les prisons se concentre sur les établissements privés, environ 83 % des plus de 1 600 établissements américains sont détenus et gérés par les États.1 Cela suggère que les États sont une unité d’analyse essentielle pour comprendre les effets profonds de l’emprisonnement et le site des solutions potentielles. Le changement de politique au sein des institutions doit commencer au niveau de l’Etat, par l’intermédiaire des départements pénitentiaires. Par exemple, la Californie a donné un nouveau nom à sa division correctionnelle et l’a rebaptisée « California Department of Corrections and Rehabilitation » (Département californien de correction et de réhabilitation). Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement d’un changement de nom, mais d’un changement de politique et de pratique. Dans ce chapitre, nous repensons l’environnement thérapeutique de la prison en mettant en évidence des stratégies de développement de communautés cognitivo-comportementales en prison – des communautés cognitives immersives. Cette nouvelle approche encourage de nouvelles façons de penser et de se comporter, tant pour les personnes incarcérées que pour le personnel pénitentiaire. Pour changer de comportement, il faut changer de mode de pensée et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une stratégie fondée sur des données probantes qui peut être utilisée en milieu carcéral. Nous nous concentrons sur des recommandations à court, moyen et long terme pour commencer à mettre en œuvre ce modèle et initier des réformes de la structure organisationnelle des prisons.

Niveau d’organisation
Les États-Unis ont connu une baisse constante de la population carcérale fédérale et étatique au cours des onze dernières années, avec une population d’environ 1,4 million d’hommes et de femmes incarcérés à la fin de l’année 2019, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis 1995.2 Avec la pandémie de COVID-19 en 2020, les réformateurs de la justice pénale ont insisté pour que l’on continue à se concentrer sur la réduction de la population carcérale et de nombreux États autorisent la libération anticipée des délinquants non violents et même la fermeture de prisons. Il est donc probable que nous assistions à une réduction spectaculaire de la population carcérale lorsque les données seront compilées pour 2020.

Cependant, il est indéniable que les États-Unis continueront à utiliser l’incarcération comme sanction du comportement criminel à un taux beaucoup plus élevé que dans les autres pays occidentaux, en partie à cause de notre taux plus élevé d’infractions violentes. Par conséquent, la majorité des personnes incarcérées aux États-Unis purgent une peine de prison pour un délit violent (58 %). L’infraction la plus grave pour les autres est une infraction contre les biens (16 %), une infraction à la législation sur les stupéfiants (13 %) ou d’autres infractions (13 % ; en général, armes, infractions au code de la route et violations des règles de surveillance).3 En outre, la majorité des personnes incarcérées dans les prisons américaines ont déjà été incarcérées auparavant. La population carcérale provient en grande partie de la partie la plus défavorisée de la population nationale : principalement des hommes de moins de 40 ans, appartenant à des minorités de manière disproportionnée, avec un niveau d’éducation insuffisant. Les prisonniers présentent souvent des déficits supplémentaires liés à la toxicomanie et à l’alcoolisme, à des maladies mentales et physiques et à un manque d’expérience professionnelle.4

Selon les données compilées par le Bureau of Justice Statistics des États-Unis, la durée moyenne des peines prononcées par les tribunaux d’État à l’encontre des personnes condamnées à une peine d’emprisonnement dans une prison d’État est d’environ 4 ans et la durée moyenne du temps passé en prison est d’environ 2,5 ans. Les personnes condamnées pour un délit violent purgent généralement une peine d’environ 4,7 ans, les personnes condamnées pour meurtre ou homicide involontaire purgeant en moyenne 15 ans avant leur libération.5 Il est donc important de prendre en compte les conditions de la vie carcérale pour comprendre comment les individus réintègrent la société à l’issue de leur peine. Sont-ils préparés à devenir des membres utiles de la communauté ? Quelles leçons ont-ils tirées de leur incarcération qui pourraient les aider à changer de vie ? Parviendront-ils à éviter un retour en prison ? Quel est le meilleur moyen d’aider les citoyens qui rentrent chez eux à se réinsérer dans leur communauté ?

Malheureusement, la vie en prison est souvent semée d’embûches. La condamnation à une peine d’emprisonnement peut être traumatisante, entraînant des troubles mentaux et des difficultés à se réinsérer dans la société. Les personnes incarcérées doivent s’adapter à la privation de liberté, à la séparation d’avec leur famille et les soutiens sociaux, et à la perte de contrôle personnel sur tous les aspects de leur vie. En prison, les individus sont confrontés à une perte d’estime de soi, à la solitude, à des niveaux élevés d’incertitude et de peur, et à l’oisiveté pendant de longues périodes. L’emprisonnement perturbe les routines de la vie quotidienne et a été décrit comme « désorientant » et comme un « choc pour le système ».6 En outre, certains chercheurs ont décrit l’existence d’un « code du condamné » en prison qui régit le comportement et les interactions avec les normes de la vie carcérale, notamment « occupez-vous de vos affaires », « ne mouchardez pas », « soyez durs » et « ne vous rapprochez pas trop du personnel correctionnel ». Si ces stratégies peuvent aider les personnes incarcérées à survivre à la prison, ces outils sont moins utiles pour garantir une réinsertion réussie.

 

Ainsi, l’ensemble de l’expérience carcérale peut compromettre les caractéristiques personnelles requises pour être des partenaires, des parents et des employés efficaces une fois qu’ils sont libérés. Si l’on ajoute à cela le manque de formation professionnelle, d’éducation et de programmes de réinsertion, les individus sont confrontés à toute une série de difficultés pour se réinsérer dans leur communauté. Une réinsertion réussie n’améliorera pas seulement la sécurité publique, mais nous oblige à reconsidérer la sécurité publique comme un élément essentiel de la santé publique.

Malgré les conditions difficiles de la prison, les personnes incarcérées pensent qu’elles peuvent être des citoyens accomplis. Lors d’enquêtes et d’entretiens avec des hommes et des femmes en prison, la majorité d’entre eux expriment de l’espoir pour leur avenir. La plupart d’entre eux avaient un emploi avant leur incarcération et ont une famille qui les aidera à se remettre sur pied. Nombre d’entre eux ont des enfants qu’ils soutenaient et avec lesquels ils souhaitent renouer. Ils sont conscients qu’il sera peut-être difficile de trouver un emploi, mais ils pensent qu’ils seront capables d’éviter les actions qui les ont mis dans le pétrin, principalement la commission de crimes et la consommation de substances illicites.7 La recherche montre également que la plupart des personnes ayant un casier judiciaire, en particulier celles qui ont été condamnées pour des crimes violents, ont souvent été elles-mêmes des victimes. Les recherches montrent également que la plupart des personnes ayant un casier judiciaire, en particulier celles qui ont été condamnées pour des crimes violents, ont souvent été elles-mêmes des victimes. En dépassant cette binaire, nous proposons la thérapie cognitivo-comportementale, parmi une multitude d’approches thérapeutiques, dans le cadre d’une approche réparatrice plus large.

Même s’ils ont l’habitude de fréquenter d’autres personnes qui commettent des délits et consomment des drogues illicites, les individus incarcérés ont des parents et des amis pro-sociaux dans leur vie. Ils peuvent également présenter des traits de personnalité qui les empêchent de résister à un comportement criminel, notamment l’impulsivité, le manque de maîtrise de soi, la colère et la défiance, ainsi qu’une faible capacité à résoudre les problèmes et à faire face à la situation. Les psychologues ont conclu que les principales caractéristiques individuelles qui influencent le comportement criminel sont les schémas de pensée qui favorisent l’activité criminelle, l’association avec d’autres personnes qui se livrent à des activités criminelles, les schémas de personnalité qui soutiennent l’activité criminelle et les antécédents d’activité criminelle.8 Alors que le contexte contraint le comportement et les choix individuels, la motivation des personnes incarcérées à changer leur comportement est enracinée dans la valeur qu’elles accordent à la famille et à d’autres relations positives. Cependant, la plupart des environnements carcéraux posent des défis importants aux personnes incarcérées pour développer leur motivation à faire des changements positifs. Les relations interpersonnelles en prison sont difficiles car il existe souvent une culture de la méfiance et de la suspicion associée à une absence profonde d’empathie. Malgré ces difficultés, les interventions cognitivo-comportementales peuvent permettre une réinsertion réussie.

De nombreux psychologues estiment que pour modifier des comportements indésirables ou négatifs, il faut changer les schémas de pensée, car les pensées et les sentiments influent sur les comportements. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est apparue comme une intervention psychosociale qui aide les gens à apprendre à identifier et à modifier les schémas de pensée destructeurs ou perturbateurs qui ont une influence négative sur le comportement et les émotions. Elle se concentre sur la remise en question et la modification des distorsions cognitives et des comportements inutiles, sur l’amélioration de la régulation émotionnelle et sur le développement de stratégies d’adaptation personnelles visant à résoudre les problèmes actuels.9 Dans la plupart des cas, la TCC est un processus graduel qui aide une personne à prendre des mesures progressives en vue d’un changement de comportement. La TCC a été utilisée pour traiter un large éventail de problèmes, notamment diverses dépendances (tabagisme, alcoolisme et toxicomanie), les troubles de l’alimentation, les phobies et les problèmes liés au stress ou à l’anxiété. Les programmes de TCC aident les personnes à identifier les pensées négatives, à mettre en pratique des compétences à utiliser dans des situations réelles et à apprendre à résoudre des problèmes. Par exemple, une personne souffrant d’un trouble lié à l’utilisation de substances psychoactives peut commencer à pratiquer de nouvelles techniques d’adaptation et à répéter les moyens d’éviter ou de gérer une situation à haut risque qui pourrait déclencher une rechute.

Étant donné que le comportement criminel découle en partie de certains schémas de pensée qui prédisposent les individus à commettre des crimes ou à s’engager dans des activités illégales, la TCC aide les personnes ayant un casier judiciaire à changer d’attitude et leur donne des outils pour éviter les situations à risque. La thérapie cognitivo-comportementale est un traitement complet et long, qui nécessite généralement des séances de groupe intensives pendant plusieurs mois, ainsi que des devoirs individuels. Des évaluations de programmes de TCC pour les personnes impliquées dans la justice ont montré que le traitement de restructuration cognitive était significativement efficace pour réduire le comportement criminel, les personnes recevant la TCC montrant des réductions de récidive de 20 à 30 pour cent par rapport aux groupes de contrôle. Ainsi, la mise en œuvre généralisée de la thérapie cognitivo-comportementale dans le cadre des programmes correctionnels pourrait conduire à une diminution des nouvelles arrestations et à une probabilité plus faible de réincarcération après la sortie de prison. La TCC peut également être utilisée pour atténuer la culture carcérale et contribuer ainsi à la réintégration des citoyens de retour dans leur communauté.

 

Ainsi, la mise en œuvre généralisée de la thérapie cognitivo-comportementale dans le cadre des programmes correctionnels pourrait permettre de réduire le nombre de nouvelles arrestations et la probabilité de réincarcération après la libération.

Même le programme de TCC le plus solide, qui se réunit trois heures par semaine, laisse 165 heures par semaine pendant lesquelles le participant est immergé dans l’environnement carcéral typique. Un tel arrangement ne peut que diluer l’impact de la thérapie. Pour contrer ces influences négatives, la nouvelle idée est de relier les programmes de TCC en prison à l’ancienne idée des communautés thérapeutiques. Les communautés thérapeutiques – en prison ou dans la communauté – ont été créées en tant qu’approche d’auto-assistance pour la réhabilitation des toxicomanes et ont institué l’idée que la séparation de la population cible de la population générale permettrait le développement d’une communauté pro-sociale et découragerait ainsi les cognitions et les comportements antisociaux. Le modèle de la communauté thérapeutique s’appuie fortement sur le leadership des participants et exige d’eux qu’ils interviennent dans les discussions et qu’ils guident les groupes de traitement. Dans les prisons, les communautés thérapeutiques constituent une unité de logement séparée qui favorise un environnement de réadaptation.

Les communautés cognitives en prison seraient une expérience immersive de thérapie cognitivo-comportementale impliquant la restructuration cognitive, la modélisation anti-criminelle, l’acquisition de compétences, la résolution de problèmes et la gestion des émotions. Ces communautés encourageraient les participants à adopter de nouvelles façons de penser et de se comporter, 24 heures sur 24, depuis le petit-déjeuner du matin jusqu’au repas du soir et aux activités d’après-dîner, en passant par les routines quotidiennes des résidents, y compris les séances formelles de TCC. En combinant les meilleurs aspects des communautés thérapeutiques avec les principes de la TCC, on obtiendrait des communautés cognitives comportant plusieurs éléments clés : un espace physique séparé, la participation de la communauté aux activités quotidiennes, le renforcement des comportements pro-sociaux, l’utilisation de moments propices à l’apprentissage et des programmes structurés. Ce changement culturel dans l’organisation des prisons fournit une base pour les pratiques de justice réparatrice dans les prisons.

En conséquence, nos recommandations sont les suivantes :

Réformes à court terme

  • Créer la loi sur la transformation des prisons
  • Accélérer la décarcération commencée pendant la pandémie

Réformes à moyen terme

  • Encourager la réadaptation dans les prisons d’État
  • Favoriser un recours accru aux sanctions communautaires

Réformes à long terme

  • Adopter des modèles de justice communautaire de réhabilitation/restauration
  • Encourager la collaboration entre les agences pénitentiaires et les chercheurs

UNODC (2020) Manuel de programmes en justice restaurative

L’objectif principal de ce manuel est de présenter, de manière claire et concise, les avantages des programmes de justice réparatrice et les bonnes pratiques en matière de conception et d’exécution.

Il couvre un large éventail de questions relatives aux programmes de justice réparatrice : les normes applicables, les différents types de programmes, les questions de conception et de mise en œuvre des programmes, la dynamique des interventions de justice réparatrice, l’élaboration et le fonctionnement des programmes et la mobilisation des ressources de la communauté, ainsi que le suivi et l’évaluation des programmes.

L’accent est mis sur la présentation d’informations et d’exemples qui seront utiles à l’élaboration de nouveaux programmes dans divers contextes sociaux, culturels et juridiques.

Le manuel contient huit chapitres :

  • Le chapitre 1 propose une introduction simple à la justice réparatrice, à ses principes sous-jacents, à ses objectifs et à ses avantages. Reconnaissant qu’il existe de nombreuses définitions différentes de la justice réparatrice, il clarifie la façon dont elle est définie aux fins du présent manuel.
  • Le chapitre 2 présente les Principes fondamentaux des Nations Unies concernant le recours à des programmes de justice réparatrice en matière pénale (ci-après, les Principes fondamentaux) ainsi que d’autres normes internationales pertinentes concernant le recours à la justice réparatrice dans des contextes spécifiques. Il donne également des exemples de lignes directrices établies pour orienter l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de justice réparatrice.
  • Le chapitre 3 présente les types les plus courants de programmes de justice réparatrice, notamment les programmes de médiation victime-délinquant, les conférences de groupe, les cercles et les groupes ou conseils communautaires. Il traite de la relation entre la justice réparatrice et les forums de justice indigène et coutumière et évoque l’application de la justice réparatrice dans le contexte de la justice transitionnelle.
  • Le chapitre 4 explique comment les interventions de la justice réparatrice peuvent être pratiquées non seulement comme une alternative, mais aussi comme un complément au processus de justice pénale à tous les stades de ce processus, y compris : la phase préalable au procès comme moyen d’éviter les poursuites ; le procès et la condamnation ; et la phase postérieure à la condamnation comme alternative à l’emprisonnement, dans le cadre ou en complément d’une peine non privative de liberté, pendant l’emprisonnement, ou à la sortie de prison dans le cadre du processus de réinsertion du délinquant.
  • Le chapitre 5 présente certains des enseignements tirés des principaux facteurs de réussite des programmes de justice réparatrice. Il s’agit notamment de l’engagement sûr et significatif des victimes et des autres participants, de la promotion d’une orientation appropriée vers les programmes et d’une sensibilisation aux options de réparation, d’une préparation adéquate des participants, d’une facilitation compétente du processus, d’un soutien efficace au programme et d’un engagement positif de la part de la communauté.
  • Le chapitre 6 aborde la question de l’application des mesures de justice réparatrice aux infractions graves. Il examine comment répondre aux préoccupations communes concernant l’application de la justice réparatrice dans les cas d’infractions graves, notamment en ce qui concerne la sécurité et le bien-être des victimes. Le chapitre examine également la question de l’application des approches de justice réparatrice à des crimes spécifiques, tels que la violence domestique, la violence entre partenaires intimes, la violence à l’égard des enfants, la violence sexuelle et les crimes de haine.
  • Le chapitre 7 propose une approche stratégique pour la mise en place de programmes de justice réparatrice. Il passe en revue les principaux aspects d’une mise en œuvre efficace de programmes durables de justice réparatrice, notamment la nécessité d’une législation ou d’une réglementation ainsi que d’un leadership, la définition de l’organisation et de la structure du programme, l’obtention du soutien des organisations de justice pénale, l’identification et la mobilisation des atouts de la communauté et l’exploitation des forces existantes de la communauté et du système judiciaire, ainsi qu’une planification et un suivi minutieux du processus de mise en œuvre.
  • Le chapitre 8 souligne la nécessité d’un contrôle, d’un suivi et d’une évaluation du programme et examine l’importance de l’évaluation des programmes de justice réparatrice, de la mesure de leur impact et de la diffusion d’informations sur les bonnes pratiques.

https://www.unodc.org/documents/justice-and-prison-reform/20-01146_Handbook_on_Restorative_Justice_Programmes.pdf

Si le lien est brisé: Handbook_on_Restorative_Justice_Programmes

Les sept normes pour les interventions auprès des auteurs de violences domestiques (violences conjugales et intra familliales)

1. Le résultat prioritaire de l’intervention de l’auteur des violences doit être l’amélioration de la sécurité et de la liberté (espace d’action) pour toutes les victimes-survivantes, y compris les enfants.

1.1 La sécurité et la liberté de toutes les victimes-survivantes (y compris les enfants) doivent être clairement prioritaires dans la justification, la structure, les procédures et les résultats escomptés de l’intervention. Les victimes-survivantes ont le droit de savoir si leur sécurité (y compris celle de leurs enfants) est menacée.

1.2 Les interventions ne devraient pas avoir lieu sans un soutien intégré aux victimes-survivantes, pour lequel il devrait y avoir une parité de prestations. Ce soutien doit être axé sur la victime-survivante en termes de fréquence et de mode de soutien. Dans la mesure du possible, les partenariats avec des organisations « par et pour » constituent la meilleure pratique. Le même membre du personnel ne doit jamais travailler avec la victime et l’auteur de l’infraction.

1.3 Des informations claires décrivant l’intervention et les résultats escomptés doivent être fournies aux auteurs de violences et aux victimes-survivants sous différentes formes (page web spécifique, fiches imprimées) et dans des langues reflétant les populations qu’ils serviront. Il est impératif de ne pas exagérer les avantages potentiels et de souligner les risques supplémentaires.

1.4 Des lignes de communication claires et régulières doivent être établies entre les équipes d’intervention auprès des auteurs de violences et les équipes d’aide aux victimes et aux survivants afin de partager les informations, de sorte que les changements de risque puissent être rapidement communiqués et que des mesures appropriées soient prises, en veillant à ce que les victimes et les survivants (y compris les partenaires actuels et les ex-partenaires) reçoivent des informations en temps utile.

1.5 Cette norme représente l’objectif global à travers lequel les autres normes doivent être comprises.

 

2. Les interventions doivent s’inscrire dans le cadre d’une réponse communautaire coordonnée plus large, dans laquelle tous les organismes partagent la responsabilité de mettre en lumière les comportements abusifs, de permettre un changement chez les auteurs et d’améliorer la sécurité et la liberté (espace d’action) des victimes-survivantes et des enfants.

2.1 Pour que les interventions soient sûres et efficaces, les organisations spécialisées dans l’intervention auprès des auteurs de violences domestiques doivent avoir une expérience reconnue en matière de lutte contre les violences domestiques.

2.2 Le personnel du service intégré d’aide aux victimes doit partager les informations lorsqu’il existe un problème de protection. Dans le cas contraire, le service intégré d’aide aux victimes est un service confidentiel et les informations ne doivent pas être systématiquement partagées.

2.3 Les interventions doivent être ancrées dans les communautés locales et/ou avoir établi des partenariats locaux solides, y compris avec des services « par et pour », le cas échéant.

2.4 L’orientation vers une intervention auprès de l’auteur de l’infraction ne doit pas servir de prétexte pour clore un dossier, car les organismes statutaires ont des responsabilités spécifiques en matière de détention et de suivi des risques.

2.5 Lorsqu’une intervention est menée par un organisme statutaire ou au nom d’un organisme statutaire, il convient de tenir compte des exigences légales en matière de conformité et des responsabilités et obligations de l’organisme statutaire.

2.6 Les interventions doivent démontrer qu’elles respectent les meilleures pratiques actuelles en cherchant à obtenir une accréditation par le biais d’une voie appropriée telle que le Conseil des services correctionnels et le Panel d’accréditation ou les normes Respect (Home Office, 2022).

 

3. Les interventions doivent amener les auteurs à rendre des comptes, tout en les traitant avec respect et en leur offrant la possibilité de choisir de changer.

3.1 Les interventions doivent traiter les auteurs de violences avec respect en modélisant le contraire de tout ce qui est abusif, tout en les tenant pour responsables du mal qu’ils ont causé à autrui et en leur offrant la possibilité de choisir de ne pas recourir à la violence ou à l’abus.

3.2 Les interventions doivent être fondées sur des données probantes et se concentrer sur les formes de pouvoir, de contrôle et d’exploitation dont la recherche et la pratique ont montré qu’elles font partie de la violence domestique. Les interventions peuvent également inclure des stratégies d’interruption de la violence et des techniques de régulation émotionnelle dans le cadre d’un programme de travail plus large.

3.3 Les interventions visant à modifier le comportement (telles que définies précédemment) doivent tenir compte de la durée nécessaire pour atteindre les objectifs de modification du comportement. 22 séances hebdomadaires pour les programmes de travail en groupe ou 16 séances hebdomadaires pour le travail individuel peuvent être considérées comme le minimum attendu dans le cas de la violence et des abus commis par un partenaire intime [note de bas de page 2], mais certains ont besoin de programmes plus longs.

3.4 Les interventions visant à modifier les comportements devraient, dans la mesure du possible, utiliser un modèle de travail en groupe, parfois en combinaison avec un travail individuel. Cela n’exclut pas le recours au travail individuel lorsqu’il s’agit du modèle d’intervention le plus approprié pour l’auteur de l’infraction.

3.5 Les interventions visant à modifier les comportements face à la violence d’un partenaire intime doivent, dans la mesure du possible, être menées en personne. Le travail à distance facilité (mais pas l’apprentissage numérique/en ligne, à moins qu’il ne soit que complémentaire) peut être utilisé lorsqu’il s’agit du modèle le plus approprié et que les impacts potentiels sur les victimes-survivants ont été pleinement pris en compte.

3.6 Les interventions visant à modifier les comportements, qui se déroulent sous la forme d’un travail de groupe, doivent être animées par deux personnes, et le personnel moins expérimenté doit être associé au personnel plus expérimenté. La meilleure pratique consiste à faire coanimer les groupes par un homme et une femme, à l’exception des groupes consacrés à la violence entre partenaires intimes du même sexe, qui peuvent ne pas nécessiter d’animateur du sexe opposé.

 

4. La bonne intervention doit être proposée aux bonnes personnes au bon moment.

4.1 Les organisations doivent disposer d’un modèle de travail écrit qui définit les objectifs, la nature, le contenu et les résultats escomptés de chaque intervention proposée, ainsi que les groupes d’auteurs de violences domestiques pour lesquels elle est appropriée et la manière dont l’aide aux victimes survivantes sera intégrée.

4.2 Les évaluations doivent être proportionnées à l’intervention proposée et permettre d’identifier les besoins spécifiques liés au risque et/ou à la capacité de l’auteur à participer à une intervention. Lorsque des besoins supplémentaires ou complexes sont identifiés, un plan (et, le cas échéant, une filière d’orientation) doit être défini pour y répondre.

4.3 Les interventions doivent être appropriées à l’évaluation et pouvoir être adaptées si nécessaire. Lorsqu’une adaptation est nécessaire pour une population spécifique d’auteurs de violences (par exemple, lorsque les auteurs ont des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et/ou d’alcoolisme), il convient d’envisager une cofacilitation avec un praticien compétent en la matière.

4.4 Les processus d’évaluation doivent permettre d’identifier l’auteur principal de l’infraction et ne pas proposer d’interventions axées sur l’auteur de l’infraction aux victimes-survivantes qui utilisent la résistance. Lorsqu’un auteur peut être une victime (par exemple, les mères dans les cas de violence et d’abus fondés sur l’honneur, les adolescents qui recourent à la violence et qui ont également été victimes d’abus sexuels), il convient de prévoir une voie d’orientation claire pour les soutenir, pendant qu’ils s’engagent dans une intervention adaptée et appropriée axée sur l’auteur de l’infraction.

4.5 La participation à une intervention ne doit pas être considérée comme un moyen de maintenir ou de réaffirmer le contrôle sur un ex-partenaire par le biais de procédures judiciaires répétées ou prolongées. Les auteurs de violences qui sont actuellement (ou ont été récemment) parties à des procédures de droit privé concernant les enfants doivent être évalués par le personnel du programme, indépendamment de toute évaluation ou recommandation préalable d’une agence de référence ou d’un avocat.

4.6 Le travail conjoint est rarement approprié dans les cas de violence entre partenaires intimes ; il ne doit être entrepris que si la victime-survivante le demande de manière proactive, une fois que le travail de changement de comportement de l’auteur a été entrepris et qu’une nouvelle évaluation de l’aptitude a été menée séparément avec l’auteur et la victime-survivante. Des mises en garde similaires s’appliquent à la médiation informelle ou formelle, à la réconciliation ou à l’arbitrage religieux pour toutes les formes de violence domestique.

 

5. Les interventions doivent être mises en œuvre de manière équitable, en tenant compte des caractéristiques protégées qui se croisent et se chevauchent.

5.1 Les interventions doivent reconnaître que les personnes issues de groupes minorisés peuvent avoir été confrontées à des obstacles et à des désavantages et que le changement est plus probable lorsque ces obstacles et désavantages sont reconnus et pris en compte.

5.2 Le fondement de la recherche du pouvoir et du contrôle s’applique à toutes les communautés, mais la manière dont il est exprimé et justifié est susceptible de varier. Le travail devrait explorer les variations dans les normes de genre et de génération et la manière dont elles affectent les mécanismes de pouvoir et de contrôle.

5.3 Il convient d’étudier les croyances individuelles, familiales et générales qui autorisent, justifient ou minimisent les abus (dans certaines situations, les victimes, les survivants et les auteurs peuvent inscrire ces croyances dans des récits de culture, de foi, de religion et/ou de valeurs communautaires), ainsi que celles qui ne les soutiennent pas. Bien que cela puisse devenir une source d’inspiration dans le travail avec les victimes-survivantes et les auteurs, il est important que les praticiens ne renforcent pas les stéréotypes de communautés entières.

5.4 Il convient d’élaborer des approches différentes pour les femmes hétérosexuelles et/ou les LGB et/ou les T auteurs de violences et d’abus entre enfants et parents. Les approches existantes devront peut-être être adaptées aux personnes issues de groupes minorisés sur la base de l’appartenance ethnique ou raciale et aux auteurs neurodivergents pour lesquels les différences/difficultés d’apprentissage, sociales et de communication doivent être prises en compte.

5.5 Un travail direct spécifique à la langue de la communauté (en tête-à-tête ou en groupe) pourrait être mis à disposition et peut être plus efficace car il permet à la fois un accès rapide et une exploration conjointe de la signification.

 

6. Les interventions doivent être effectuées par du personnel qualifié et soutenu dans la réponse à la maltraitance domestique.

6.1 Le personnel doit recevoir une formation initiale afin d’améliorer ses connaissances sur les violences domestiques, sur la manière dont les caractéristiques protégées peuvent s’entrecroiser, sur les processus locaux de sauvegarde et multi-agences et sur l’intervention dans le cadre de laquelle il travaille. Cela s’applique également aux travailleurs de soutien intégré. Le développement professionnel continu doit mettre à jour les nouvelles connaissances et pratiques, y compris l’impact sur les victimes-survivants, y compris les enfants.

6.2 Les interventions doivent être mises en œuvre et gérées par une équipe qui s’efforce de refléter les communautés qu’elle sert.

6.3 Le personnel chargé des interventions doit avoir accès à une supervision hiérarchique interne régulière et à une supervision clinique externe financée et de qualité. Le personnel qui apporte son soutien mais ne réalise pas d’interventions pourrait se voir offrir le même soutien.

6.4 Les charges de travail ne doivent pas dépasser le nombre d’interventions spécifiques pouvant être réalisées en toute sécurité et de manière équitable. Cela s’applique à la fois à l’aide intégrée aux victimes et à l’intervention auprès des auteurs de violences.

6.5 Les personnes qui commettent des violences domestiques ne doivent pas intervenir en tant qu’auteurs de violences. Tout recours antérieur à la violence domestique doit être révélé. Une vérification approfondie du Service de divulgation et de protection des données (Disclosure and Barring Service – DBS) doit être effectuée (bien que la preuve d’un changement personnel substantiel ne soit pas nécessairement un obstacle à l’intervention des auteurs).

 

7. Les interventions doivent être suivies et évaluées afin d’améliorer les pratiques et d’élargir la base de connaissances.

7.1 Des dossiers clairs et cohérents doivent être mis en place pour permettre une mise en œuvre sûre et efficace de l’intervention, ainsi que l’identification et la réponse rapide à l’augmentation des risques et des préoccupations en matière de protection.

7.2 Des données doivent être collectées sur les interventions, conformément à leur modèle de travail et à leurs exigences en matière d’orientation et de financement, y compris sur les résultats pertinents pour leur intervention et sur les personnes (et, surtout, les personnes qui n’ont pas accès à leur intervention) qui bénéficient actuellement de leur intervention.

7.3 Les expériences a) des victimes-survivantes (y compris les enfants) associées aux utilisateurs des services des auteurs de violences et b) des utilisateurs des services des auteurs de violences doivent être recueillies et utilisées comme source d’apprentissage. Il convient de mettre en place un processus transparent et un calendrier pour la collecte et la réflexion sur ces informations au sein des équipes (proportionnellement à la taille de l’organisation).

7.4 Les interventions existantes pourraient faire l’objet d’une évaluation externe. Les interventions doivent toujours faire l’objet d’une évaluation indépendante lorsque de nouvelles approches sont expérimentées.

 

Le Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form (PICTS-SF, Walters, 2006)

Le PICTS-SF est une mesure abrégée de 35 items utilisant la même échelle de type Likert en 4 points que la mesure complète de 80 items (PICTS).

La PICTS  Version 4. 0 est un inventaire de 80 items composé de deux échelles de validité (échelle de confusion révisée [Cf-r -revised Confusion] et échelle de défensivité révisée [Df-r-revised Defensiveness]), de huit échelles de style de pensée (échelle de minimisation [Mo – mollification ], échelle de coupure/clivage [Co-Cutoff], échelle d’habilitation (s’arroger des droits – entetilement) [En], échelle d’orientation vers le pouvoir [Po-Power Orientation], échelle de sentimentalité [Sn-Sentimentality], échelle de super-optimisme [So-Superoptimism], échelle d’indolence cognitive [Ci- Cognitive Indolence], et l’échelle de discontinuité [Ds- Discontinuity]), quatre échelles factorielles (échelle d’évitement des problèmes [PRB- Problem Avoidance], échelle d’hostilité interpersonnelle [HOS], échelle d’affirmation de soi/de tromperie [AST- Self-Assertion/ Deception] et échelle de déni des dommages [DNH-Denial of Harm]), deux échelles de contenu général (échelle de pensée criminelle actuelle [CUR- Current Criminal Thinking] et échelle de pensée criminelle historique [HIS-HistoricalCriminalThinking]) et une échelle spéciale (échelle de peur du changement [FOC-Fear of Change]).

Le PICTS-SF_FR_ne contient pas d’éléments nouveaux ou modifiés, il en contient simplement moins.

Comme la version originale, le PICTS-SF génère deux scores composites évaluant la pensée criminelle proactive et réactive (PCT-proactive criminal thinking- et RCT-reactive criminal thinking-, respectivement).

Les scores totaux de ces échelles composites sont calculés en additionnant les sous-échelles associées.

Plus précisément, les scores de la PCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • S’arroger des droits (entetilment: par exemple, « Je ne laisserai rien m’empêcher d’obtenir ce que je veux »),
  • l’affirmation de soi/la tromperie (Self-Assertion/Deception: par exemple, “enfreindre la loi n’est pas grave tant que vous ne blessez pas vraiment quelqu’un »),
  • et la pensée criminelle historique (Historical Criminal Thinking: par exemple, “J’ai aidé des amis et des membres de ma famille  avec l’argent que j’ai gagné en commettant des délits »).

Les scores de la RCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • Le clivage (Cutoff: par exemple, « De mon point de vue, j’ai payé ma dette et j’ai le droit de prendre ce que j’ai gagné »).
  • Évitement des problèmes (Problem Avoidance: par exemple, « Même si j’ai de bons projets au départ, je n’arrive pas à me concentrer et à rester sur la bonne voie »),
  • et la pensée criminelle actuelle (Current Criminal Thinking : p. ex. « J’opte pour la facilité, même si je sais que cela va m’empêcher de faire quelque chose de plus grand que je pourrais vouloir plus tard »).
Les propriétés psychométriques de la PICTS-SF ont été évaluées dans une étude récente, Tried and True? A Psychometric Evaluation of the Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form. Cette étude a analysé la fiabilité et la validité structurelle à partir de deux ensembles de données, incluant des adultes (hommes et femmes) en probation dans un centre de traitement résidentiel (n = 514) et des hommes en prison (n = 95). Les résultats montrent :
  • Consistance interne : α et ω ≥ .89, indiquant une fiabilité élevée.
  • Validité structurelle : Confirmatory Fit Index (CFI) = .90 et Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA) = .05, suggérant une bonne adéquation du modèle.
  • Validité discriminante : Corrélation entre .22 et .39, montrant une capacité à distinguer des constructs différents.
  • Validité postdictive : Ratio de taux d’incidents = 1.04 pour prédire les infractions disciplinaires, indiquant une utilité pour prédire certains résultats.
Ces résultats soutiennent l’utilisation de la PICTS-SF en recherche, avec une utilisation clinique qualifiée, nécessitant des précautions pour garantir son application appropriée.
Limites 
Bien que la PICTS-SF ait montré des propriétés psychométriques solides, certaines limites incluent sa dépendance à l’auto-évaluation, qui peut être influencée par des biais comme la désirabilité sociale. De plus, son application dans des populations avec des niveaux de littératie faibles pourrait nécessiter des adaptations, comme le montre une étude sur une version simplifiée pour les populations à faible niveau de lecture (Psychometric validation of a simplified form of the PICTS for low-reading level populations). Une controverse potentielle réside dans l’interprétation des scores, notamment leur pertinence clinique, qui nécessite des recherches supplémentaires pour établir des seuils d’intervention.

PICTS-SF_FR

Source: PICTS-SF-ENG

Voir aussi: Glenn D. Walters et le PICTS: Inventaire Psychologique des Styles de Pensée Criminelle

Les Multi-level Guidelines (MLG) de Hart et Cook, développés par Alana N. Cook, Stephen D. Hart et Randall Kropp, sont un outil d’évaluation des risques de violence de groupe (GBV), un concept défini comme des blessures physiques intentionnelles et non consensuelles perpétrées par des individus influencés par un groupe auquel ils appartiennent ou sont affiliés. Cela inclut des formes comme le terrorisme, la violence de gang, le crime organisé et même les acteurs isolés s’identifiant à un groupe.
Il repose sur 16 facteurs de risque répartis en quatre domaines : individuel, individuel-groupe, groupe et groupe-sociétal. Chaque facteur est évalué pour sa présence et sa pertinence, et l’outil fournit une formulation pour estimer la probabilité de violence future, de dommages physiques graves et d’imminence de violence.
Utilisation et validation
Les évaluations se font généralement par une équipe incluant un expert sur le groupe concerné. La recherche indique que les MLG ont été validés avec une bonne fiabilité inter-évaluateurs et sont utilisés dans plusieurs juridictions, notamment en Amérique du Nord et en Europe.

Les auteurs recommandent d’utiliser le MLG en conjonction avec d’autres outils pertinents d’évaluation du risque pour évaluer les personnes connues pour avoir commis ou soupçonnées d’avoir commis des actes de violence de groupes terroristes, ainsi que les personnes susceptibles d’être exposées à un risque de violence d’un groupe terroriste. Le MLG peut également être utilisé pour analyser dans quelle mesure la violence terroriste perpétrée par une personne doit être considérée comme étant le fait d’un groupe ou d’un individu (acteur isolé).

La structure du MLG s’inspire directement de celle des lignes directrices du Jugement Professinnel Structuré (JPS) couramment utilisées, et en particulier de la troisième version du Historical-Clinical-Risk Management-20 (HCR-20 V3 ; Douglas, Hart, Webster, & Belfrage, 2013). La procédure d’administration du MLG comprend sept étapes :

  • les évaluateurs recueillent des informations pertinentes sur le cas (étape 1) ;
  • examinent la présence et la pertinence de 16 facteurs de risque de base, ainsi que tout facteur de risque spécifique au cas (étapes 2 et 3) ;
  • élaborent une formulation intégrative du risque de terrorisme sur la base des facteurs de risque présents et pertinents (étape 4) ;
  • élaborent des scénarios de terrorisme futur sur la base de la formulation, ainsi que des plans de gestion basés sur ces scénarios (étapes 5 et 6) ;
  • et communiquent diverses opinions conclusives sur la nature des risques posés par la personne (étape 7).

Les 16 facteurs de risque de base de la deuxième version du MLG (la première version en comptait 20) reflètent quatre niveaux conceptuels ou domaines de la dynamique : individu, individu dans le groupe, groupe et groupe dans la société.

Le domaine individuel comprend des facteurs pertinents pour les personnes en tant qu’individus, indépendamment des groupes auxquels elles appartiennent ou sont affiliées (par exemple, les problèmes de santé mentale). Ces facteurs ont été modelés directement sur ceux du HCR-20 V3 ; en effet, le manuel du MLG permet aux évaluateurs d’utiliser les facteurs de risque du HCR-20 V3 pour remplacer les facteurs du domaine Individuel du MLG.

Le domaine Individuel-Groupe comprend les facteurs relatifs aux identités, aux attitudes et aux rôles des personnes vis-à-vis des groupes (par exemple, l’identité basée sur le groupe).

Le domaine du groupe comprend les facteurs liés aux processus et aux structures du groupe, indépendamment de la personne (par exemple, les normes du groupe).

Enfin, le domaine groupe-société comprend les facteurs liés au contexte social plus large dans lequel le groupe existe et fonctionne (par exemple, les conflits intergroupes).

Domaine
Description
Exemples de facteurs
Individuel
Facteurs liés à l’individu lui-même
Antécédents de violence, troubles mentaux
Individuel-groupe
Interaction entre l’individu et le groupe
Engagement idéologique, rôle dans le groupe
Groupe
Caractéristiques internes du groupe
Structure hiérarchique, objectifs violents
Groupe-sociétal
Relation du groupe avec la société
Soutien communautaire, impact sociétal

La présence de chaque facteur de risque est évaluée sur une échelle de trois points (N = aucune preuve de la présence du facteur de risque, P = preuve possible ou partielle de la présence du facteur de risque, O = preuve de la présence certaine du facteur de risque).

L’évaluation de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) se fait également sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les évaluations de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) sont également effectuées sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les opinions conclusives formulées sont les suivantes :

  • Violence future, également connue sous le nom de priorité des cas, reflétant la probabilité globale que la personne commette des violences en groupe à l’avenir ;
  • Préjudice physique grave, reflétant le risque que toute violence en groupe commise par la personne à l’avenir entraîne des blessures mortelles ou mettant sa vie en danger ;
  • et Violence imminente, reflétant le risque que la personne commette des violences en groupe dans un avenir proche.

Chaque facteur est évalué pour sa présence (Oui, Partiel, Non) et sa pertinence (Faible, Moyenne, Haute). Contrairement à certains outils, les MLG n’incluent pas de facteurs protecteurs spécifiques, mais les évaluateurs sont encouragés à inclure des facteurs protecteurs individualisés.

Les 20 facteurs de risque du MLG V1 (source):

DOMAINES FACTEURS DE RISQUE
Domaine individuel

 

I1. Comportement violent
I2. Escalade dans le comportement violent
I3. Comportement criminel non violent
I4. Problèmes résultant de la victimisation
I5. Problèmes de santé mentale
I6. Manque d’intégration pro-sociale
Domaine individuel et collectif

 

IG1. Identité de groupe
IG2. Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3. Engagement envers le groupe
IG4. Attitudes négatives à l’égard de l’extérieur du groupe
Domaine du groupe

 

G1. Violence au sein du groupe
G2. Escalade de la violence de groupe
G3. Normes de groupe violentes
G4. Cohésion du groupe
G5. Leadership violent fort
G6. Groupe isolé
Domaine du groupe et de la société

 

GS1. Menace intergroupe
GS2. Injustice perçue
GS3. Statut social extrême du groupe
GS4. Instabilité sociale
Voici la liste des items du MLG V2 à 16 Items (source):
Domaine Facteur de risque
Individuel I1 Problèmes de conduite (ATCD de violences)
I2 Problèmes d’attitude (mode de pensée antisocial)
I3 Problèmes d’adaptation sociale
I4 Problèmes de santé mentale
Individuel-Groupe IG1 Forte identité de groupe
IG2 Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3 Engagement fort envers le groupe
IG4 Attitude négative envers les personnes extérieures au groupe
Groupe G1 Antécédents de violence
G2 Normes ou objectifs violents
G3 Forte cohésion
G4 Forte structure de leadership/pouvoir
Groupe-Société GS1 Grande taille/ forte portée
GS2 Isolation sociale
GS3 Opère dans un contexte/environnement instable
GS4 Menacé par d’autres groupes ou en conflit avec eux
Ces facteurs sont basés sur un modèle écologique de la violence de groupe, prenant en compte les interactions entre l’individu, le groupe et la société. Les facteurs du domaine individuel, par exemple, sont modélisés d’après les facteurs de l’outil HCR-20 V3, tandis que les domaines groupe et groupe-sociétal incluent des éléments comme la structure hiérarchique ou l’impact sociétal, qui reflètent des dynamiques plus larges.

L’évaluation aboutit à une formulation qui communique les opinions sur trois aspects :

  • la probabilité de violence future,
  • le risque de causer des dommages physiques graves
  • et l’imminence de la violence.
Cela aide à prioriser les cas et à développer des stratégies de gestion.
Développement et validation:
Des études, comme la thèse de Cook en 2014, ont testé l’utilité et la fiabilité inter-évaluateurs avec 42 évaluateurs et 11 cas de GBV, montrant des résultats allant de médiocres à excellents pour les items, et de bons à excellents pour les domaines et opinions. La validité de contenu et l’utilité pratique ont été confirmées, avec une fiabilité inter-évaluateurs généralement excellente, bien que certaines évaluations (comme le risque de dommages graves) soient considérées comme « limitées».
Utilisation pratique
Les évaluations doivent être réalisées par une équipe, incluant au moins un expert sur le groupe concerné, et peuvent se faire avec ou sans entretien direct avec le sujet. Les preuves utilisées incluent des dossiers de santé mentale, des informations pénitentiaires et des informations de sécurité. Des réévaluations sont recommandées, avec un intervalle maximum de 12 mois.
Les MLG sont utilisés avant ou après une infraction , pour des individus à risque ou connus/suspects de GBV. Ils sont en usage en Amérique du Nord et en Europe, et sont accessibles à l’achat sans formation standardisée, bien que les évaluateurs doivent être des professionnels qualifiés dans des domaines comme la santé mentale, la justice pénale ou les services de sécurité.
En résumé, les MLG offrent un cadre structuré et validé pour évaluer les risques de violence de groupe, avec une approche flexible mais exigeante en termes de qualifications des utilisateurs. Leur utilisation continue en 2025, comme en témoigne leur présence dans des formations récentes, souligne leur pertinence dans des contextes internationaux.

INTERVENTIONS COGNITIVO-COMPORTEMENTALES – VIOLENCE INTERPERSONNELLE (Université de Cincinatti)

(COGNITIVE BEHAVIORAL INTERVENTIONS – INTERPERSONAL VIOLENCE)

DESCRIPTION DU PROGRAMME
Le programme des Interventions cognitivo-comportementales pour la violence interpersonnelle (CBI-IPV) de l’UCCI est conçu pour les personnes impliquées dans le système de justice pénale qui présentent un schéma récent de violence interpersonnelle et qui sont à risque modéré à élevé de récidive. L’utilisation des termes risque, risqué et haut risque dans ce programme fait référence à la probabilité qu’une personne récidive en général, ou plus spécifiquement, à sa probabilité de s’engager dans des actes de violence ou d’agression dans une relation. L’Institut des corrections de l’Université de Cincinnati (UCCI) a développé ce programme pour aider les agences correctionnelles à mettre en œuvre des pratiques fondées sur des preuves, améliorer la sécurité publique et réduire la récidive chez les individus impliqués dans la violence et l’agression interpersonnelles. Ainsi, le programme cible les domaines de besoins criminogènes liés à la violence entre partenaires intimes et à d’autres formes de violence familiale et relationnelle chez les adultes. Il inclut des activités pour le développement des compétences cognitives, sociales et émotionnelles.
Ce qui était historiquement connu sous le nom de violence domestique (DV) est souvent appelé violence entre partenaires intimes. Également connue sous les termes d’abus relationnel, violence relationnelle, abus dans les fréquentations et abus domestique, la violence entre partenaires intimes décrit des préjudices physiques, sexuels et/ou psychologiques/émotionnels causés par un partenaire intime ou un conjoint actuel ou ancien (Institut national de la justice, 2019). Elle se manifeste à travers les âges, les origines ethniques, les genres et les niveaux économiques, chez les personnes handicapées, ainsi que dans les couples hétérosexuels et de même sexe (Association américaine de psychologie, s.d.). Les sections suivantes décrivent brièvement les principaux principes et théories sur lesquels repose le programme CBI-IPV. Les stratégies clés pour aider les animateurs à gérer quotidiennement leurs groupes CBI-IPV, ainsi que les approches pour assurer une mise en œuvre réussie du programme, sont également abordées.

Aperçu du programme

Le CBI-IPV comprend 52 séances réparties en sept modules, conçu dans un format de groupe semi-ouvert. Le programme offre plusieurs points d’entrée ; cependant, la plupart des séances s’appuient les unes sur les autres. Les modules 1, 2 et 3 sont considérés comme des prérequis pour le reste du programme. Il est recommandé de dispenser toutes les séances dans l’ordre ; toutefois, certains modules offrent plus de flexibilité et peuvent être proposés dans un format ouvert. Les modules 2, 3, 6 et 7 sont considérés comme des modules fermés. Voir la Figure 2 pour une représentation visuelle. Si des modifications sont nécessaires en raison de contraintes du programme, il est fortement conseillé de contacter les développeurs du programme pour discuter et documenter toute modification convenue. Vous pouvez le faire en contactant corrections.institute@uc.edu.
Module 1 : Engagement motivationnel se concentre sur l’implication des participants dans le processus d’intervention et comprend des séances conçues pour renforcer la motivation et la préparation au changement. Plus précisément, dans ce module, les participants identifient les défis qu’ils pourraient rencontrer en travaillant à changer leur comportement violent, examinent l’impact de la violence sur des aspects clés de leur vie, explorent les écarts existant entre leur comportement violent et leurs valeurs personnelles, et analysent les avantages et les coûts d’adopter des changements de mode de vie prosociaux. Les individus apprennent également deux compétences sociales, l’écoute active et le retour d’information, qui visent à améliorer les interactions sociales à l’intérieur et à l’extérieur du groupe CBI-IPV, et établissent des objectifs qu’ils souhaitent atteindre pendant le programme. En plus de renforcer la motivation, le Module 1 cherche à développer la cohésion du groupe et la confiance dans le programme.
Module 2 : Restructuration cognitive se concentre sur le rôle que jouent les pensées des individus dans leur comportement violent et agressif. Les participants sont initiés à la Chaîne comportementale, un outil fondamental utilisé pour démontrer le lien entre les pensées et les actions des individus. Cet outil peut être utilisé comme une analyse comportementale et comme un moyen de combattre directement les pensées problématiques. Les participants apprennent également la restructuration cognitive, un processus permettant d’identifier et de défier les pensées risquées, et de remplacer ces pensées risquées par de nouvelles façons de penser qui conduisent directement à de nouveaux sentiments, actions et conséquences. Enfin, les membres du groupe ont de nombreuses occasions de jouer des rôles (c’est-à-dire de pratiquer) en utilisant leur pensée restructurée.
Module 3 : Sensibilisation à la violence introduit le concept plus large d’agression, y compris les menaces verbales, les abus émotionnels et les menaces physiques, et offre aux participants des opportunités d’explorer différents aspects de leur comportement violent et agressif. Les membres du groupe identifient des signaux d’alerte personnels qui précèdent souvent la violence et l’agression, et examinent les sentiments et émotions (autres que la colère) qui accompagnent ces actions. Au début du module, les participants apprennent un outil d’auto-surveillance appelé « Connaître vos signaux d’alerte », leur permettant de prêter une attention plus étroite à leurs comportements violents, agressifs et proches d’un dérapage. Les membres du groupe identifient les signaux d’alerte (c’est-à-dire les pensées, les signaux corporels et les sentiments), évaluent l’intensité de leurs émotions et déterminent ce qui s’est bien ou mal passé lorsqu’ils ont été confrontés à une situation déclenchant de la colère. La feuille de travail « Connaître vos signaux d’alerte » devient une composante vitale à ce stade du programme et est utilisée plusieurs fois dans ce module et dans les modules restants du programme.
Module 4 : Régulation émotionnelle déplace l’accent des pensées, des signaux corporels et des croyances des individus vers les sentiments et émotions associés aux comportements risqués. Les participants apprennent trois étapes critiques de la régulation émotionnelle et sont initiés à une compétence sociale essentielle appelée « Reconnaître vos sentiments ». Ils découvrent également des stratégies d’adaptation par la pensée et des stratégies d’adaptation par l’action. Les stratégies d’adaptation par la pensée renforcent le lien entre les sentiments et les pensées (et finalement le comportement) et enseignent aux participants des méthodes pour gérer les émotions via la restructuration cognitive. Les stratégies d’adaptation par l’action enseignent des techniques (par exemple, compter à rebours, visualisation d’images agréables, respiration profonde, ancrage et prendre une pause) qui peuvent être utilisées lorsque les participants ressentent des déclencheurs émotionnels forts et ne peuvent pas utiliser les techniques de restructuration cognitive sur le moment. Les stratégies d’adaptation par la pensée et par l’action peuvent aider les clients à ralentir et à gagner du temps pour réfléchir à la manière dont ils souhaitent réagir face à une situation qui déclenche leur colère. Les participants pratiquent la régulation émotionnelle via une compétence sociale appelée « Utiliser l’auto-contrôle » et ont de nombreuses opportunités de pratiquer les techniques d’adaptation par la pensée et par l’action pour gérer des émotions spécifiques (par exemple, colère, anxiété, tristesse, jalousie et stress) et des caractéristiques de personnalité (par exemple, jalousie, sentiment d’avoir des droits, impulsivité et faible tolérance à la frustration). Vers la fin du module, le concept de tolérance à la détresse est introduit, enseignant aux participants comment gérer les situations à haut risque via les techniques Observer et Accepter et Observer et Distraire.
Module 5 : Gestion des relations interpersonnelles aide les participants à développer des compétences liées à la construction et au maintien de relations interpersonnelles acceptables et à obtenir l’acceptation des autres. Les individus apprennent et pratiquent un certain nombre de compétences sociales visant à augmenter leur capacité à communiquer efficacement dans leurs relations interpersonnelles respectives, y compris Comprendre les sentiments des autres, Communication assertive, Répondre à la critique, Résolution de conflits, Faire face à une accusation, Gérer la colère de quelqu’un d’autre, Anticiper les risques et Retarder une conversation.
Module 6 : Résolution de problèmes initie les participants à la résolution de problèmes, un processus cognitif et une compétence sociale de haut niveau qui, lorsqu’elle est utilisée correctement, aide les individus à développer des solutions efficaces à des problèmes spécifiques. Les membres du groupe sont initiés au concept général et aux étapes de base de cette compétence et apprennent la différence entre les problèmes immédiats et les problèmes futurs. Chaque étape de la résolution de problèmes est ensuite examinée plus en détail pour s’assurer que les membres du groupe peuvent travailler sur le processus en fonction de leurs situations problématiques. Une résolution de problèmes efficace inclut l’identification du problème et de l’objectif. Un problème est un événement actuel ou anticipé sans réponse immédiate en raison d’une barrière ou d’un obstacle. Les origines du problème peuvent résider dans l’environnement (c’est-à-dire des barrières externes), dans la personne (c’est-à-dire des barrières internes), ou entre deux personnes ou plus (c’est-à-dire des conflits). Une résolution de problèmes efficace inclut également le remue-méninges d’options pour gérer un problème particulier d’une personne. Générer plusieurs options permet à la personne d’examiner les conséquences de chaque choix, puis de choisir finalement l’option qui les rapproche le plus de leurs objectifs. Enfin, une résolution de problèmes efficace inclut le développement, l’essai et l’évaluation d’un plan basé sur l’option sélectionnée.
Module 7 : Planification de la réussite conduit les participants de la création du changement à son maintien grâce au développement d’un plan de réussite individualisé en huit étapes. Les plans de réussite aident les participants à faire la transition après le groupe CBI-IPV et assurent une utilisation continue des compétences apprises dans le programme. D’abord, les membres du groupe sont initiés au concept de planification de la réussite et reçoivent des ressources pour les aider à rester sur la bonne voie à mesure qu’ils progressent à travers chaque étape. Les participants identifient ensuite les schémas de violence qui influencent leur risque de continuer à s’engager dans des comportements agressifs et violents et déterminent les situations à haut risque qui semblent contribuer à leur utilisation actuelle de l’agression et de la violence. Ensuite, les participants identifient les comportements associés aux situations à haut risque et les compétences correspondantes pour gérer ces situations. Les participants travaillent ensuite à reconnaître les comportements cibles actuels qui mènent à l’agression et à la violence et développent des moyens de gérer ces comportements en développant des facteurs de mode de vie sains. Les individus passent également du temps à identifier un réseau de personnes qui soutiendront leur réussite une fois le programme terminé, identifient les signaux d’alerte de rechute et élaborent un plan pour se remettre sur la bonne voie, et discutent de la manière dont ils peuvent transférer les compétences apprises dans le programme à la vie quotidienne.

Évaluation, placement et dosage

Une programmation correctionnelle efficace inclut la sélection des individus appropriés pour participer à l’intervention. Rappelons que le principe de risque met l’accent sur l’utilisation d’instruments d’évaluation actuarielle validés pour déterminer qui présente le plus haut risque de récidive. Les personnes à haut risque de récidive présentent de multiples facteurs de risque et besoins criminogènes, tels que des cognitions antisociales, des associés antisociaux, des caractéristiques de personnalité antisociales, des conflits familiaux et conjugaux, l’abus de substances et peu d’activités de loisirs prosociaux. Cela signifie que les agences correctionnelles doivent offrir ou avoir accès à des stratégies fondées sur des preuves qui ciblent ces domaines de besoins criminogènes et disposer de protocoles pour assurer la fidélité dans tous les aspects de la mise en œuvre.
Le principe de risque postule également que les interventions doivent varier selon les niveaux de risque, les individus à haut risque recevant un dosage de traitement plus élevé que les individus à faible risque qui devraient recevoir une intervention minimale voire inexistante. Ainsi, le CBI-IPV est flexible en ce sens qu’il peut constituer une composante spécifique d’un plan d’intervention plus large qui cible globalement tous les besoins criminogènes d’une personne. Enfin, il est important de noter que le CBI-IPV peut être dispensé dans divers contextes, y compris institutionnels, résidentiels et communautaires.
Taille du groupe
Pour dispenser un groupe cognitivo-comportemental efficace, la taille du groupe devrait permettre à chaque personne d’avoir l’opportunité de pratiquer. La taille idéale pour une intervention de groupe interactionnelle est de 8 personnes, avec un maximum de 10. Avec des animateurs supplémentaires, la taille du groupe peut être augmentée au-delà de 10, mais des exercices pratiques en petits groupes supplémentaires devraient être intégrés avec un groupe plus large. Ainsi, la taille recommandée du groupe pour le CBI-IPV est de 10 personnes maximum avec un animateur, et de 16 personnes maximum avec deux animateurs ou plus.
Durée du groupe
Chaque séance CBI-IPV est conçue pour être dispensée en 90 minutes. Si un programme dispose d’un créneau horaire plus court, attendez-vous à ce que certaines séances doivent être complétées lors du groupe suivant. Il est crucial que tous les membres du groupe aient suffisamment de temps pour pratiquer les techniques enseignées lors de cette séance. Cela, bien sûr, prolongera la durée globale du groupe.
Animation seule ou en co-animation
Bien qu’il y ait peu de preuves pour soutenir l’efficacité de l’animation seule par rapport à la co-animation des interventions de groupe, la préférence pour l’animation de groupe tend à favoriser les co-animateurs pour dispenser les séances de groupe. Cela permet à plus d’un praticien de participer aux discussions, de conduire des jeux de rôle et des exercices pratiques, et d’aider à gérer tout problème comportemental. Néanmoins, le CBI-IPV peut être dispensé efficacement par un seul animateur (avec 10 participants ou moins) à condition que l’animateur ait de l’expérience dans l’animation de groupes, connaisse bien le matériel du CBI-IPV et dispose de suffisamment de temps pour préparer les séances.
Préparation des membres du groupe
Après la réalisation des évaluations et avant la première séance de groupe, l’animateur et le participant devraient se rencontrer individuellement pour examiner les résultats des évaluations, l’orientation vers le traitement, ainsi que toute préoccupation que la personne pourrait avoir concernant sa participation au groupe. Les meilleures pratiques en intervention de groupe suggèrent que les personnes participent à une séance de préparation avant d’assister au groupe. Cette séance aide à réduire l’anxiété, à dissiper les malentendus sur le groupe et à clarifier les attentes du groupe. En fin de compte, les séances de prétraitement peuvent augmenter la rétention, améliorer la perception des participants du processus d’intervention de groupe et améliorer les résultats du groupe. Cela peut se faire sous forme de groupe d’orientation, en dyades ou en séance individuelle. Cela est particulièrement important si le groupe est conduit dans un format partiellement ouvert, car les personnes seront à différentes étapes au sein du groupe.
Mise en place du groupe
Après la réalisation des évaluations de risque et avant la première séance de groupe CBI-IPV, les animateurs devraient rencontrer individuellement les participants pour examiner les informations de référence et d’évaluation et répondre à toute préoccupation que les participants pourraient avoir concernant le programme. Les meilleures pratiques en intervention de groupe suggèrent que les personnes participent à une séance de préparation avant d’assister au groupe pour aider à réduire l’anxiété, les malentendus sur le programme et clarifier les attentes du groupe. Les séances de prétraitement peuvent augmenter la rétention des participants, améliorer les perceptions du processus d’intervention de groupe et améliorer les résultats du groupe. Le prétraitement peut être fourni via un format de groupe d’orientation, en dyades ou en séances individuelles.
Mise en place du groupe : Les dynamiques de groupe sont une construction de chaque membre et de leur relation avec les autres membres et les leaders du groupe. Plusieurs facteurs peuvent affecter les dynamiques de groupe. Ce qui suit est un examen des éléments que les agences/programmes devraient considérer lorsqu’ils déterminent l’environnement dans lequel le CBI-IPV sera fourni.
L’espace : L’agencement et la forme de la pièce ont un effet sur le ton et l’efficacité du groupe. Il est préférable d’avoir des chaises disposées en cercle ou en fer à cheval. Un cercle permet à tout le monde de se voir et ajoute au sentiment que tous dans le groupe sont sur un pied d’égalité. Un style en fer à cheval fonctionne particulièrement bien pour afficher des matériaux et cartographier les activités pendant le groupe d’une manière que tous les participants peuvent voir.
Placement des animateurs : Lors des premières séances, l’animateur devrait s’asseoir près de l’avant de la pièce ; cependant, une fois que le groupe commence à se sentir à l’aise et que les membres deviennent activement impliqués, l’animateur devrait tourner autour du cercle ou du fer à cheval. Les co-animateurs devraient s’asseoir ensemble pendant les deux à trois premières séances, puis s’asseoir séparément par la suite. En bref, les leaders du groupe devraient communiquer l’unité lorsque les groupes commencent, puis progresser davantage vers l’individualité à mesure que le groupe continue. En s’asseyant en face l’un de l’autre, les animateurs peuvent établir un contact visuel et partager une communication non verbale.
Placement des participants : Les animateurs devraient permettre aux participants de choisir leurs propres sièges pour qu’ils se sentent autonomes. Laisser les membres du groupe sélectionner où ils souhaitent s’asseoir dans le groupe renforce également le fait qu’ils ont la capacité de faire leurs propres choix. En cas de conflit ou de tension entre les membres du groupe, cependant, les animateurs devraient déterminer les arrangements de sièges pour gérer les dynamiques de groupe. Les situations peuvent s’intensifier rapidement et silencieusement, donc les leaders du groupe doivent rester vigilants.
Structure du groupe
Contenu des séances
Toutes les séances de groupe CBI-IPV sont structurées de manière similaire. Les séances commencent par un enregistrement pour permettre à chaque personne de partager brièvement comment elle se sent et de discuter de tout événement significatif qui pourrait s’être produit depuis la dernière séance. Ensuite, les participants passent en revue la liste des attentes du groupe qu’ils ont identifiées lors de la première séance de groupe et chacun à son tour examine les travaux pratiques assignés lors de la séance précédente. Les revues des travaux pratiques créent une opportunité naturelle pour les animateurs de renforcer l’utilisation par les membres du groupe des interventions et des compétences sociales en dehors du groupe. Une fois les revues terminées, les animateurs présentent le sujet et les activités correspondantes qui seront couvertes dans la séance. Les activités peuvent inclure l’enseignement, la modélisation, le jeu de rôle et la fourniture de retours. Enfin, les animateurs effectuent une brève révision de la séance pour résumer ce que les participants ont appris pendant le groupe et assignent des travaux pratiques.
Notez que les travaux pratiques font référence aux activités de devoirs assignées à la fin de presque chaque séance CBI-IPV. Les devoirs pratiques sont impératifs pour le transfert des connaissances et offrent des opportunités supplémentaires aux participants de pratiquer les compétences sociales qu’ils apprennent pendant le groupe. Les travaux pratiques aident également les gens à généraliser ces compétences à des environnements plus naturels ou réalistes. Même dans les établissements résidentiels, les gens rencontrent des opportunités où ils pourraient avoir besoin d’utiliser des compétences d’auto-contrôle, de régulation émotionnelle ou de résolution de problèmes, par exemple ; ainsi, la pratique aide à habituer de nouvelles compétences. Les travaux pratiques sont une attente du groupe que les animateurs doivent renforcer. Les recherches démontrent systématiquement que l’assignation et la réalisation des travaux pratiques sont significativement associées à de meilleurs résultats de traitement.
Les participants accumuleront beaucoup de matériaux et de documents au cours du programme, car non seulement des devoirs pratiques sont donnés, mais de nombreuses feuilles de travail en séance sont également assignées pendant le groupe. En conséquence, les animateurs peuvent souhaiter fournir aux membres du groupe des classeurs ou des dossiers afin qu’ils puissent mieux gérer et organiser leurs matériaux. Compte tenu de la nature sensible des sujets discutés dans ce programme, les animateurs peuvent également souhaiter que les participants stockent leurs classeurs/dossiers dans une zone désignée.
Intégration de séances individuelles
Il peut être bénéfique d’incorporer des séances individuelles dans le modèle de groupe CBI-IPV. Les séances en tête-à-tête offrent aux prestataires des opportunités de mettre l’accent sur les domaines où des individus spécifiques peuvent avoir besoin de pratique supplémentaire. Elles peuvent également aider les animateurs à aborder des facteurs de responsivité spécifiques, tels que la maladie mentale ou les handicaps d’apprentissage. Enfin, les séances en tête-à-tête peuvent aider à augmenter les heures de dosage pour les clients à plus haut risque. En bref, les séances individuelles permettent aux agences d’individualiser les composantes du programme pour des membres spécifiques du groupe en fonction de besoins particuliers et/ou de facteurs de receptivité.
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