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Troubles de l’attachement et délinquance: les travaux de Bowlby

mai 24th, 2023 | Publié par crisostome dans MINEURS | PSYCHANALYSE | Recherche

En 1944, le psychiatre anglais John Bowlby découvre un lien entre des séparations affectives dans l’enfance et le risque de basculer dans la délinquance.

Se fondant sur ces découvertes, il fonde la théorie de l’attachement, qui fait des liens affectifs précoces une nourriture essentielle du cerveau.

Ses travaux mettront fin aux pratiques éducatives distantes qui avaient cours jusqu’au début du xx e siècle.

À sa sortie du lycée, le jeune Bowlby est banalement poussé par son père – un chirurgien renommé de Londres – vers des études de médecine. Au cours d’un stage, il se découvre une passion pour la psychologie du développement, et décide alors d’aller étudier à Cambridge. Alors que ses capacités intellectuelles sont remarquées par ses enseignants, il renonce à une carrière de prestige pour prendre un poste d’enseignant dans une école pour enfants difficiles : jeunes en rupture familiale, atteints de troubles du comportement, voire délinquants… Devant cette réalité, il ne peut manquer de s’interroger sur le lien entre l’environnement dans lequel évoluent ces enfants et le développement de leurs névroses.

C’est ce qui le décide à se spécialiser en psychiatrie. En 1944, Bowlby entame ses premiers travaux sur l’effet de la séparation chez des enfants hospitalisés, qu’il peut suivre plus facilement, et dont certains ont vécu des expériences de séparation précoce. Chez ces enfants, Bowlby observe que l’absence maternelle à court terme engendre un état de détresse dont il décrit le développement en trois phases : une phase de protestation (l’enfant se rebelle contre la séparation), de désespoir (il sombre dans une profonde tristesse) puis de détachement (il annihile en lui tout sentiment d’affection). Après ces premières constatations, Bowlby s’intéresse aux carences relationnelles précoces chez les jeunes délinquants et découvre que plus de la moitié d’entre eux ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois au cours des cinq premières années de leur vie. Parmi eux, certains présentent même des troubles graves que John Bowlby nomme psychopathie sans affection, ou incapacité à se soucier des autres. Il se doute alors que la privation  maternelle durant les premières années de vie entraîne souvent de lourdes conséquences.

À la demande de l’Organisation mondiale de la santé, il y entame une étude portant sur les besoins des orphelins dans le contexte de l’après-guerre, ce qui lui permet de décrire les effets de la carence maternelle sur le long terme. Après avoir évalué le Q.I. de ces enfants et leurs attitudes émotionnelles, il n’a plus aucun doute. La privation maternelle engendre une perte de la concentration intellectuelle et une intelligence réduite, ainsi qu’une inaccessibilité à ses propres affects et une absence de réaction émotionnelle aux autres. Dans une fraction importante de ces cas, Bowlby note également une agressivité accrue et le développement de certaines formes de délinquance.

Parmi les jeunes délinquants étudiés par Bowlby, plus de la moitié ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois avant l’âge de cinq ans.

La privation maternelle entraîne une perte de concentration et une intelligence réduite, nota John Bowlby dans ses études sur les enfants ayant été séparés très tôt de toute
figure d’attachement. À l’inverse, un bon attachement favoriserait le développement des capacités cognitives.

Source: Cerveau&psycho n°99, mai 2018, Laura poupon (university collége de londres), « Bowlby, à la recherche de la tendresse

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