Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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En 1944, le psychiatre anglais John Bowlby découvre un lien entre des séparations affectives dans l’enfance et le risque de basculer dans la délinquance.

Se fondant sur ces découvertes, il fonde la théorie de l’attachement, qui fait des liens affectifs précoces une nourriture essentielle du cerveau.

Ses travaux mettront fin aux pratiques éducatives distantes qui avaient cours jusqu’au début du xx e siècle.

À sa sortie du lycée, le jeune Bowlby est banalement poussé par son père – un chirurgien renommé de Londres – vers des études de médecine. Au cours d’un stage, il se découvre une passion pour la psychologie du développement, et décide alors d’aller étudier à Cambridge. Alors que ses capacités intellectuelles sont remarquées par ses enseignants, il renonce à une carrière de prestige pour prendre un poste d’enseignant dans une école pour enfants difficiles : jeunes en rupture familiale, atteints de troubles du comportement, voire délinquants… Devant cette réalité, il ne peut manquer de s’interroger sur le lien entre l’environnement dans lequel évoluent ces enfants et le développement de leurs névroses.

C’est ce qui le décide à se spécialiser en psychiatrie. En 1944, Bowlby entame ses premiers travaux sur l’effet de la séparation chez des enfants hospitalisés, qu’il peut suivre plus facilement, et dont certains ont vécu des expériences de séparation précoce. Chez ces enfants, Bowlby observe que l’absence maternelle à court terme engendre un état de détresse dont il décrit le développement en trois phases : une phase de protestation (l’enfant se rebelle contre la séparation), de désespoir (il sombre dans une profonde tristesse) puis de détachement (il annihile en lui tout sentiment d’affection). Après ces premières constatations, Bowlby s’intéresse aux carences relationnelles précoces chez les jeunes délinquants et découvre que plus de la moitié d’entre eux ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois au cours des cinq premières années de leur vie. Parmi eux, certains présentent même des troubles graves que John Bowlby nomme psychopathie sans affection, ou incapacité à se soucier des autres. Il se doute alors que la privation  maternelle durant les premières années de vie entraîne souvent de lourdes conséquences.

À la demande de l’Organisation mondiale de la santé, il y entame une étude portant sur les besoins des orphelins dans le contexte de l’après-guerre, ce qui lui permet de décrire les effets de la carence maternelle sur le long terme. Après avoir évalué le Q.I. de ces enfants et leurs attitudes émotionnelles, il n’a plus aucun doute. La privation maternelle engendre une perte de la concentration intellectuelle et une intelligence réduite, ainsi qu’une inaccessibilité à ses propres affects et une absence de réaction émotionnelle aux autres. Dans une fraction importante de ces cas, Bowlby note également une agressivité accrue et le développement de certaines formes de délinquance.

Parmi les jeunes délinquants étudiés par Bowlby, plus de la moitié ont été séparés de leur mère pendant plus de six mois avant l’âge de cinq ans.

La privation maternelle entraîne une perte de concentration et une intelligence réduite, nota John Bowlby dans ses études sur les enfants ayant été séparés très tôt de toute
figure d’attachement. À l’inverse, un bon attachement favoriserait le développement des capacités cognitives.

Source: Cerveau&psycho n°99, mai 2018, Laura poupon (university collége de londres), « Bowlby, à la recherche de la tendresse

Une conférence enregistrée en février 2014   l’université de Nantes.  Roland Gori est professeur émérite de Psychopathologie clinique à l’Université d’Aix Marseille, psychanalyste membre d’Espace analytique

« L’imposteur est aujourd’hui dans nos sociétés comme un poisson dans l’eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l’apparence et à la réputation plutôt qu’au travail et à la probité, préférer l’audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l’opportunisme de l’opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l’art de l’illusion plutôt que s’émanciper par la pensée critique, s’abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l’amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l’imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L’imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l’opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes.

L’imposteur vit à crédit, au crédit de l’Autre. Soeur siamoise du conformisme, l’imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l’hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l’enfer d’un monde qui tourne à vide. Seules l’ambition de la culture et l’audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l’avenir. » A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l’Université permanente de l’Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage « La Fabrique des imposteurs ».

LACAN & CENNAC (1950) Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie

13éme conférence des psychanalystes de langue française le 29 mai 1950, publiée dans la Revue Française de Psychanalyse, janvier-mars 1951 tome XV, n° 1 pages 7 à 29

DE LA RÉALITÉ SOCIOLOGIQUE DU CRIME ET DE LA LOI ET DU RAPPORT DE LA PSYCHANALYSE À LEUR FONDEMENT DIALECTIQUE

« Le crime ni le criminel ne sont pas des objets qui se puissent concevoir hors de leur référence sociologique »

http://www.psychaanalyse.com/pdf/lacan_pas_tout_lacan_1950-05-29b.pdf

FRANCE CULTURE; Emission « répliques » (22.11.2014) L’héritage de Freud

Invité(s) : Elisabeth Roudinesco, directrice de recherche à l’Université Paris VII, historienne; Fethi Benslama, psychanalyste, professeur de psychopathologie, doyen de l’UFR d’Etudes Psychanalytiques à l’université Paris-Diderot

Conférences extraites du colloque « La psychiatrie et la psychologie fondées sur des preuves ». Organisé par Franck Ramus et Tiziana Zalla de l’Institut d’Etude de la Cognition de l’Ecole normale supérieure.

En France, une partie de la psychiatrie et de la psychologie restent encore isolées 1) des progrès considérables des connaissances accumulés ces dernières décennies grâce aux sciences cognitives et aux neurosciences, 2) des meilleures pratiques cliniques développées au niveau international, et 3) de la culture de l’évaluation des traitements et des pratiques indispensable à leur amélioration. Si la psychiatrie biologique et pharmacologique de l’adulte échappe largement à cette critique, la pédopsychiatrie et le champ des psychothérapies souffrent d’un grand retard qui se rattrape d’autant plus difficilement que la formation universitaire des psychiatres et des psychologues reste très lacunaire dans ces domaines. Ce colloque a donc pour objectif de faire connaître les principes de la médecine fondée sur des preuves, l’apport des sciences cognitives et de l’approche scientifique de l’être humain, et leur indispensable application à la psychiatrie et la psychologie.

Simon Lambrey s’attache à l’historique de la médecine basée sur des preuves en donnant l’exemple de certains traitements et d’essais cliniques et Jérôme Sackur s’intéresse à savoir si la psychologie est une science de la nature (Biologie, Chimie…), auxquelles cas elle n’aurait pas besoin de preuves.

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Intervention audio: 

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Ecouter aussi la 1ere intervention: « Les limites de la psychologie et de la psychiatrie fondées sur des croyances »

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Découvrir l’intégralité du colloque La psychiatrie et la psychologie fondées sur des preuves 6 avr. 2013 Paris (France)

FRANCE CULTURE, les nouveaux chemins de la connaissance: « La culpabilité » : psychanalyse du crime (02.07.2013)

Par Adèle Van Reeth; Réalisation : Somany Na; Lectures : Georges Claisse

Deuxième temps de notre semaine sur la culpabilité, du péché originel, hier, à la possibilité du pardon, jeudi, avec mercredi, la question de la culpabilité juridique et la difficile proportion entre la nature du crime et l’ampleur de la peine, mais avant cela, aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir le psychanalyste Paul-Laurent Assoun qui vient tenter de déceler le mystère du passage à l’acte, où ce qui fait que  tous les coupables ne sont pas des criminels devant la justice. D’où vient le désir, ou la nécessité, de franchir le seuil qui sépare le fantasme du meurtre effectif ? Comment expliquer que le crime puisse être parfois vécu comme un soulagement de la part de celui qui le commet ?  Et enfin comment rendre compte de ce sentiment de culpabilité présent chez tous ceux qui pourtant, ne sont pas des criminels ? Comme le disait Lacan, ce n’est pas le mal, mais le bien qui engendre la culpabilité.

Extraits:

  • La Maison du Docteur Edwards (Hitchcok, 1945)
  • La cérémonie (Claude Chabrol, 1995)
  • Richard III de William Shakespeare, pièce radiophonique diffusée le 18 novembre 1964 sur France Culture (reéalisation: Henri Soubeyran)

Invité(s) :Paul-Laurent Assoun, psychanalyste, professeur à l’université de Paris VII, et membre de l’UMR CNRS psychanalyse et pratiques sociales.

FRANCE CULTURE, les nouveaux chemins de la connaissance: Faut-il se libérer des contraintes ? : Défier la loi, La figure du pervers (29/05/2013)

Par Adèle Van Reeth
Réalisation : Somany Na
Lectures : Marina Moncade

Après la liberté chez Kant et Spinoza, lundi, la marche à pied, hier mardi, et avant la disposition à obéir qu’est l’habitus et la désobéissance civile, demain jeudi, c’est aujourd’hui le troisième temps de notre semaine consacrée aux contraintes, entre étreinte et astreinte, domination et libération, et pour l’occasion j’ai le plaisir de recevoir le psychanalyste Paul Denis qui vient évoquer pour vous la figure du pervers, celui qui défie la loi, afin de savoir si nous sommes tous des pervers potentiels.

Références musicales:

  • Sarah Boreo, Je suis un monstre de perversité
  • Tinderstick, Coré on stairs
  • Culture Club, Do you really want to hurt me

Archive:

  • Entretien entre Foucault et Henri Baruk ( INA, émission « Analyse spectrale de l’Occident », 16/12/1961)

Invité(s) : Paul Denis, psychanalyste et membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris.