Idées reçues sur la délinquance sexuelle parentale
Source : La délinquance sexuelle parentale , Prof Jane Goodman-Delahunty & Kate O’Brien, School of Psychology &Australian Graduate School of Policing and Security
Une étude de l’ Australian Institute of Criminology a compilé les données des AICS pris en charge entre 1989 et 2003 au « Cedar Cottage » (N=215) : tous des abuseurs intrafamiliaux (pères ou beaux-pères), d’âge moyen de 39,7ans, la majorité avaient un emploi stable (68%), la majorité était dans une relation à long terme (64% étaient mariés, 22% comme si), sur une période de suivi de 4 à 19a (moyenne de periode de suivi=9,1a).
Les données compilées de l’étude australienne des Prof Jane Goodman-Delahunty & Kate O’Brien, a montré que:
Idées reçues (donc fausses!):
- La plupart des délinquants parentaux n’ont pas de liens biologiques avec les victimes
- La plupart des victimes sont post-pubères
- [voir l’infographie sur l’âge des victimes]
- [Finkelhor (1986) passe en revue les facteurs de risque de maltraitance chez les filles. La vulnérabilité tend à être plus élevée chez les filles âgées de 10 à 12 ans, et les filles victimes sont plus susceptibles d’avoir vécu sans leur père naturel et avec un beau-père, d’avoir eu une mère employée à l’extérieur du foyer, ou malade ou handicapée, d’avoir été témoin de conflits parentaux et d’avoir une mauvaise relation avec l’un de leurs parents)]
- [A noter que les femmes qui ont été violées avant l’âge de 18 ans sont deux fois plus susceptibles d’être violées adultes (Krug et al., 2002)]
- Les garçons sont les principales victimes
- [voir l’infographie sur la répartition des victimes]
- [Pour les filles, l’agresseur est plus souvent un membre de la famille ou une connaissance. Les garçons sont plus nombreux que les filles à être abusés par des inconnus (Finkelhor (1986)]
- La plupart des auteurs d’infractions ont été victimes d’abus
- [Bien que les abus subis puissent augmenter le risque de comportements criminels, tous les délinquants n’ont pas été victimes d’abus, et tous les individus ayant subi des abus ne deviennent pas délinquants]
- Les enfants extrafamiliaux sont à risque
- [Une étude réalisée par l’Institut National d’Études Démographiques (INED) en France révèle que parmi les femmes ayant été victimes d’agressions sexuelles durant leur enfance, une grande partie des agresseurs étaient des membres de la famille]
- [une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a montré que près de 80 % des violences sexuelles sont commises par des personnes connues de la victime, souvent des membres de la famille]
- L’abus est généralement un événement isolé.
- [voir l’infographie sur la fréquence des abus]
- Les infractions pénétratives sont rares.
- [voir l’infographie sur la nature des abus]
- Les risques de récidive sont similaires aux autres délinquants sexuels d’enfants.
- [Les agresseurs d’enfants qui ciblent uniquement des victimes à l’intérieur de leur famille (auteurs d’inceste) présentent un risque de récidive systématiquement plus faible que les autres délinquants sexuels (Hanson et Bussière, 1998)]
- Voir également l’étude d’Hanson et Harris sur le sujet (2004)
- Les délinquants sexuels parentaux ne commettent que des délits sexuels
Nature et fréquence des comportements infractionnels répertoriés
- Fréquence des actes
- Nature des actes
Délinquance sexuelle parentale
- Effets durables et dévastateurs sur les victimes et les familles ; « coûts oppressifs substantiels » (Broadhurst & Ferrante (1992). Crime and Justice Statistics for Western Australia)
- Sous-représentation, diminution du nombre de poursuites, peu de condamnations, courtes peines, rareté de l’incarcération
- Recherche visant à identifier les délinquants sexuels à haut risque dans les prisons, principalement extrafamiliaux, peu intrafamiliaux
- Le profil de risque des délinquants sexuels parentaux est peu développé
- Besoins criminogènes, facteurs de protection et de risque mal définis
- Outils d’évaluation du risque insensibles à ce sous-groupe
- Les initiatives visant à gérer la délinquance parentale peu développées
Traitement en détention inefficace
- Politique axée sur l’évaluation, le traitement, l’enregistrement et la détention des délinquants sexuels extrafamiliaux à haut risque (Inhibition de la divulgation, réduction du nombre de signalements, diminution des poursuites judiciaires)
- Abuseurs sexuels parentaux évalués comme à faible risque (score 0-1 avec la STATIC-99R)
- Les peines courtes empêchent la mise en place d’un traitement
- Recherche d’une détention qui protège, exclusion du traitement
- Traitement de groupe destiné aux délinquants extrafamiliaux
- Effet négligeable sur les délinquants à faible risque (Andrews & Bonta, 2006)
- L’exposition à des délinquants à haut risque augmente la récidive chez les délinquants à faible risque (Wakeling et al 2012)
- Pas de preuve d’un traitement efficace en détention
- plus de bénéfices à participer à des interventions moins intensives
Gestion du risque des abus sexuels parentaux
- « Risque faible » mais pas “absence de risque” ; conséquences pour les victimes
- Sous-type de délinquant sexuel infantile insuffisamment étudié
- Déficit de politique pénale, nécessité d’évaluer les options alternatives
- Viabilité de réponses communautaires inconnue
- Peu de programmes de déjudiciarisation, rares évaluations formelles (Exception : NSW Pre-trial Diversion Program (1992 ; 2009)
- Le risque dynamique est la clé de la gestion
- Les instruments de mesure du risque sont insensibles aux facteurs dynamiques chez les délinquants sexuels parentaux: Recommandation de l’auteure d’utiliser la VRS-SO, l’Échelle de risque de violence – Version pour délinquants sexuels (VRS-SO, Wong, Olver Nicholaichuk & Gordon 2003))
Jane Goodman-Delahunty est professeur à la faculté de droit de l’université de Newcastle et membre du tribunal civil et administratif de Nouvelle-Galles du Sud. Formée en droit et en psychologie cognitive, elle mène des études empiriques transdisciplinaires afin de promouvoir des pratiques fondées sur des preuves pour améliorer la justice. Elle a obtenu plus de 9 millions de dollars de financement pour ses recherches et a publié plus de 200 articles et ouvrages scientifiques. Elle a été professeur invité en Chine, en Angleterre, à Hong Kong, en Inde et au Japon. Nommée membre de l’American Psychological Association en 1996, elle a été rédactrice en chef de Psychology, Public Policy, and Law. Avant d’occuper un poste universitaire en Australie, elle a pratiqué le droit pendant 20 ans dans les secteurs privé et public. Elle a été juge administratif pour la Commission américaine pour l’égalité des chances en matière d’emploi et médiatrice auprès de JAMS. Le professeur Goodman-Delahunty a dirigé des projets de recherche internationaux et formulé d’importantes recommandations pour la réforme de la justice sur des sujets tels que le harcèlement sexuel, les interrogatoires de police, les processus d’interrogation, l’interprétation juridique et l’évaluation des blessures psychologiques. Le professeur Goodman-Delahunty travaille au niveau international en tant qu’expert consultant en matière de mémoire humaine, de comportement des jurés et d’agressions sexuelles sur des enfants et des adultes.
Delinquance sexuelle parentale_goodman-delahunty
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