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Psychopathie et cerveau: une évaluation biaisée des conséquences

février 16th, 2025 | Publié par crisostome dans Non classé

Criminologie & Psychopathie : Quand la Neurosciences Éclaire les Comportements

La psychopathie est un trouble de la personnalité étroitement lié au comportement criminel. Alors que la recherche sur la psychopathie s’est largement concentrée sur les dysfonctionnements socio-affectifs, des données récentes suggèrent que la prise de décision aberrante pourrait également jouer un rôle important. Cependant, les mécanismes au niveau des circuits qui sous-tendent la prise de décision inadaptée dans la psychopathie ne sont toujours pas clairs.

Une étude fascinante de Hosking et al. (20XX), « Disrupted Prefrontal Regulation of Striatal Subjective Value Signals in Psychopathy« , révèle un mécanisme clé derrière les comportements psychopathiques : un dysfonctionnement de la régulation préfrontale des signaux de valeur subjective dans le striatum.

Schéma des quatre domaines fonctionnels et de leurs séquelles comportementales. Les dysfonctionnements « empathie réduite » et “réaction aiguë accrue à la menace” sont représentées comme s’excluant mutuellement. (christopher. J. Patrick 2015)

« Les psychopathes sont agressifs et impulsifs, ont un mauvais contrôle de leur comportement, n’ont pas d’objectifs réalistes à long terme et n’acceptent pas la responsabilité de leur comportement gravement antisocial. Ces symptômes révèlent de profondes déficiences dans la prise de décision, en particulier lorsqu’il s’agit de concilier les coûts futurs d’une action avec ses avantages immédiats. Nous utilisons ici une stratégie d’imagerie multimodale sur un échantillon de délinquants incarcérés pour détailler un mécanisme spécifique au niveau du circuit qui peut expliquer de tels déficits dans la prise de décision. Plus précisément, nous montrons que la psychopathie est associée à une signalisation accrue de la valeur subjective au niveau du striatum ventral et à une connectivité fonctionnelle cortico-striatale médiane compromise. Chez tous les sujets, une connectivité plus faible est liée à une signalisation de valeur striatale plus forte, ce qui suggère que la connectivité cortico-striatale module l’ampleur de ces signaux. Il est important de noter que la psychopathie a modéré de manière significative la relation entre la connectivité cortico-striatale et l’activité liée aux valeurs dans le striatum ; à des niveaux plus élevés de psychopathie, la régulation supposée des représentations de valeurs striatales par la connectivité NAcc-vmPFC a été perturbée. Enfin, le modèle de dysfonctionnement évident chez les participants présentant des niveaux élevés de psychopathie a permis de prédire le nombre de condamnations pénales chez les sujets, établissant ainsi un lien avec la prise de décision inadaptée dans le monde réel.

Ces résultats s’appuient sur un nombre croissant de travaux antérieurs suggérant que la psychopathie est associée à une augmentation du volume de matière grise striatale et à une activation accrue du NAcc liée à la récompense (Bjork et al., 2010 ; Buckholtz et al., 2010 ; Glenn et al., 2010 ; Schiffer et al., 2011). Les résultats actuels convergent pour soutenir l’idée que les signaux d’évaluation striatale sont déréglés dans la psychopathie et étendent les travaux antérieurs dans ce domaine en démontrant la pertinence de ces signaux pour la prise de décision. Dans l’ensemble, ces données confirment la généralisation d’associations antérieures dans des échantillons de commodité à des individus présentant des niveaux cliniquement pertinents de psychopathie, révèlent les mécanismes au niveau des circuits qui entraînent une dysrégulation striatale, et lient la dysrégulation cortico-striatale et l’hyperréactivité striatale à la prise de décision inadaptée dans le monde réel.’

Pourquoi est-ce crucial pour la criminologie ?

La psychopathie est souvent associée à des prises de décision impulsives, une absence d’empathie et une recherche de récompenses à tout prix. Cette recherche montre que chez les individus psychopathes, le cortex préfrontal (siège du contrôle cognitif) ne module plus correctement l’activité du striatum (centre de la récompense). Résultat ? Une évaluation biaisée des conséquences, où le gain immédiat prime sur le risque ou l’éthique.

Les implications :

  • Compréhension des prises de risque extrêmes : Vol, violence, manipulation… Ces actes pourraient découler d’une surestimation de la « valeur » perçue de la récompense.
  • Interventions ciblées : En identifiant ces dysrégulations neurales, des approches thérapeutiques pourraient cibler ces circuits pour restaurer un équilibre décisionnel.
  • Prévention & Détection : Mieux évaluer les profils à risque grâce aux marqueurs neuroscientifiques.

Le lien avec la criminologie moderne :

Cette avancée rappelle que la délinquance n’est pas uniquement un « choix » moral, mais parfois le reflet de mécanismes cérébraux altérés. Pour autant, cela n’excuse pas les actes – cela invite à repenser les stratégies de réhabilitation, en combinant justice et science.

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