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Glenn D. Walters et le PICTS: Inventaire Psychologique des Styles de Pensée Criminelle

mars 5th, 2025 | Publié par crisostome dans CRIMINOLOGIE
Glenn D. Walters a créé le PICTS, un outil d’auto-évaluation mesurant huit styles de pensée associés à un style de vie criminel. Cet outil est largement utilisé dans les établissements correctionnels pour évaluer et gérer les schémas de pensée criminelle, aidant ainsi à la réhabilitation des délinquants.

Théorie du Style de Vie Criminel

Walters a développé une théorie selon laquelle le comportement criminel résulte d’un style de vie spécifique, influencé par des facteurs biologiques, sociologiques et psychologiques. Cette théorie aide à comprendre pourquoi certaines personnes adoptent le crime comme un mode de vie, en intégrant des éléments comme les schémas de pensée et les comportements.
Travaux sur l’Intégration Théorique
À travers des ouvrages comme Modelling the Criminal Lifestyle: Theorizing at the Edge of Chaos et Closing the Integration Gap in Criminology: The Case for Criminal Thinking, Walters a plaidé pour l’intégration des facteurs de risque autour de la pensée criminelle, proposant un cadre unifié pour la criminologie. Ces travaux visent à réduire la fragmentation des théories criminelles et à renforcer la discipline comme science.
Son livre The Criminal Lifestyle: Patterns of Serious Criminal Conduct a reçu le prix du Livre Académique Exceptionnel 1991 de Choice Magazine, soulignant son impact. En tant que professeur à l’Université Kutztown et ancien psychologue clinique dans les prisons fédérales, son expérience pratique informe ses contributions théoriques et empiriques.

Développement de l’Inventaire Psychologique des Styles de Pensée Criminelle (PICTS)

Un des apports majeurs de Walters est le développement du Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles (PICTS), introduit en 1995.
Cet outil d’auto-évaluation de 80 items mesure huit styles de pensée présumés renforcer, soutenir et maintenir un style de vie criminel :
  • Mollification (minimisation): Les personnes qui adoptent ce style minimisent leurs actes, souvent en trouvant des excuses ou en rationalisant leur comportement. Ils se sentent ainsi moins responsables de leurs actes délinquants (« c’est elle qui m’a poussé à le faire »). 
  • Cutoff (clivage): Le style de “clivage” implique une déconnexion mentale des conséquences de ses actes, ce qui permet aux individus d’éviter tout sentiment de culpabilité ou de remords pour leur comportement délinquant (la réaction « nique tout » est le style de pensée le plus courant dans les populations carcérales).
  • Entitlement (S’arroger des droits, se sentir au dessus des lois): Les personnes qui ont une mentalité d’ayant droit pensent qu’elles méritent un traitement spécial ou des privilèges, ce qui les conduit à ignorer les règles et à être enclines à commettre des actes criminels pour leur profit personnel
  • Power Orientation (Orientation vers le pouvoir , affirmer son pouvoir sur les autres): Se caractérise par un besoin de contrôle et de domination sur les autres, qui se traduit souvent par un comportement de manipulation et d’exploitation visant à affirmer le pouvoir perçu (« il y a deux sortes de personnes, les prédateurs ou les proies, laquelle êtes-vous ? »). 
  • Superoptimism: Le super-optimisme implique une confiance excessive dans sa capacité à échapper aux conséquences négatives, ce qui conduit à des comportements à risque et à un manque de considération pour les répercussions juridiques potentielles. Ils ont souvent une attitude d’invulnérabilité. 
  • Sentimentality (Actes de gentillesse interessés ): Les individus qui utilisent ce style manipulent les autres en faisant appel à leurs émotions, en utilisant la culpabilité ou la pitié pour détourner les reproches et éviter d’assumer l’entière responsabilité de leurs actes criminels. 
  • Cognitive Indolence (Pensée paresseuse): Les personnes qui adoptent l’indolence cognitive recherchent des raccourcis et évitent la réflexion complexe et la résolution de problèmes, s’engageant souvent dans des activités délinquantes sans prendre pleinement en compte les conséquences Elles prennent des raccourcis en sachant que ces moyens mènent finalement au désastre
  • et Discontinuity (Discontinuité, Se laisser distraire ): Le style discontinu consiste à se laisser facilement distraire par ce qui se passe autour de soi. Ces personnes ont des difficultés à maintenir un engagement en faveur du changement ou à donner suite à leurs engagements ou à leurs bonnes intentions. 

Le PICTS inclut également deux échelles de validité (Confusion et Defensiveness), quatre échelles factorielles (Problem Avoidance, Interpersonal Hostility, Self-Assertion/Deception, Denial of Harm), deux échelles de contenu (Current et Historical), deux échelles composites (Proactive Criminal Thinking et Reactive Criminal Thinking) et un score général (General Criminal Thinking).
Des études ont testé sa fiabilité et sa validité dans divers contextes. Par exemple, une étude de 2007 (Correlations between the Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles and World-View Rating Scale in male federal prisoners) a montré que les échelles PICTS corrélaient significativement avec des systèmes de croyances globaux, suggérant un lien entre les styles de pensée criminelle et les visions du monde.
Une autre recherche de 2011 (Predicting recidivism with the psychological inventory of criminal thinking styles and level of service inventory-revised: screening version) a démontré que le PICTS prédisait la récidive au-delà de l’âge et de l’historique criminel, avec une taille d’effet moyenne (odds ratio) de 1,27.
Le PICTS est particulièrement utile dans les établissements pénitentiaires pour évaluer les changements dans la pensée des délinquants suite à des interventions psychothérapeutiques, comme le montre une étude de 2006 (Use of the psychological inventory of criminal thinking styles to predict disciplinary adjustment in male inmate program participants). Cette contribution a permis d’améliorer les pratiques d’évaluation et de réhabilitation, offrant un cadre standardisé pour comprendre les schémas de pensée criminelle.

Glenn D. Walters, U Kutzown

Théorie du Style de Vie Criminel

Walters a formulé la théorie du style de vie criminel, qui postule que le comportement criminel résulte d’un style de vie spécifique, caractérisé par des schémas de pensée et des comportements récurrents.
Cette théorie, détaillée dans son livre de 1990 The Criminal Lifestyle: Patterns of Serious Criminal Conduct (The Criminal Lifestyle | SAGE Publications Inc), reçu le prix du Livre Académique Exceptionnel 1991 de Choice Magazine, examine comment des facteurs biologiques, sociologiques et psychologiques interagissent pour produire un engagement à vie dans le crime.
La théorie s’appuie sur une approche dynamique, intégrant des concepts comme l’irresponsabilité, l’impulsivité et les relations interpersonnelles négatives, comme décrit dans une analyse de 2006 (Glen Walters’s Lifestyle Theory Analysis). Elle propose que le crime n’est pas un incident isolé mais un choix de vie, motivé par des stades destructeurs où la motivation passe de la peur existentielle à l’épuisement et à la maturité. Cette théorie a été étendue dans des travaux ultérieurs, comme Lifestyle Theory: Past, Present, and Future , où il combine les grandes théories passées avec la rigueur méthodologique des mini-modèles modernes.
Une application notable est son exploration des quatre regroupements de styles de vie (leader, follower, rebel, disabled), offrant une explication globale du développement des styles de vie criminels.

Travaux sur l’Intégration Théorique

Walters a plaidé pour l’intégration théorique en criminologie, un domaine fragmenté par un excès de théories. Dans Modelling the Criminal Lifestyle: Theorizing at the Edge of Chaos (2017), il introduit le concept de contenu de pensée criminelle, intégrant des théories comme la théorie générale du crime, la théorie de l’apprentissage social et la théorie de la tension générale, tout en plaçant la théorie du style de vie dans le cadre des systèmes dynamiques non linéaires (théorie du chaos). Il utilise sept principes du chaos pour expliquer les relations et processus centraux, aidant à comprendre la prise de décision criminelle et la désistance.
Dans Closing the Integration Gap in Criminology: The Case for Criminal Thinking (2019), il propose un modèle multi-étapes d’intégration théorique, organisant les facteurs de risque vérifiés autour de la pensée criminelle en triades (réseaux de trois variables) et clusters thématiques. Ce travail vise à réduire le nombre de théories criminelles et à renforcer la discipline comme science, offrant un paradigme de travail pour les chercheurs.
Ces efforts sont essentiels pour combler le fossé entre les théories micro et macro, comme illustré dans une étude de 2019 (Moderating the Criminal Thinking–Delinquency Relationship with a Free Market Cultural Ethos: Integrating Micro- and Macro-Level Concepts in Criminology), où il explore comment des attitudes culturelles, comme l’éthos du marché libre, modèrent la relation entre pensée criminelle et délinquance.
Recherche et Publications Étendues
Reconnaissance et Impact
Le livre The Criminal Lifestyle: Patterns of Serious Criminal Conduct a reçu le prix du Livre Académique Exceptionnel 1991 de Choice Magazine, un témoignage de son impact. Ses travaux sont également reconnus pour leur applicabilité pratique, comme en témoignent des études sur l’utilisation du PICTS dans des populations carcérales anglaises (Using the Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles with English Prisoners | Office of Justice Programs). Son expérience en tant que psychologue clinique dans les prisons fédérales et militaires informe ses contributions, offrant un pont entre théorie et pratique.
En résumé, les contributions de Glenn D. Walters à la criminologie sont profondes, couvrant des outils d’évaluation, des théories intégratives et des recherches empiriques, avec un impact reconnu par la communauté académique et pratique.

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