Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Stratégies de prevention de la rechute: l’outil « Plan de crise conjoint »

Le plan de crise conjoint (PCC) vise à identifier les signes avant‑coureurs et les facteurs déclencheurs d’une crise.

Il indique les stratégies et les ressources à mobiliser rapidement en cas de crise, ainsi que les soins, les traitements, les stratégies comportementales à privilégier ou à éviter, dès les premiers signes avant-coureurs de la crise, soit en amont d’une éventuelle perte de capacité de discernement.

Le PCC est une forme récente de « déclaration anticipée ».

Ce type de déclaration anticipée, venue de la psychiatrie, qui a pour but de préevenir la rechute, peut être utile également en milieu médicolégal et en contexte de probation pour anticiper toute rechute dans divers comportements criminogènes (avec par exemple des signes précuseurs comme la reprise des consommations, l’isolement, l’envahissement de pensées violentes…) , en mobilisant le réseau de soutien autour de la personne, en conscientisant les signaux précurseurs d’une crise, et en établissant à l’avance des scénarios de sortie de crise.

Contrairement aux directives anticipées, le PCC résulte d’un processus de décision partagée entre l’usager et son réseau de soutien, professionnel et/ou personnel, le rôle de chacun ayant été défini en amont de la crise.

Le plan de crise conjoint (PCC) est le fruit d’une démarche commune entre une personne concernée par un trouble psychique et un professionnel, voire les proches.

La rédaction d’un PCC est une démarche volontaire qui  repose sur un processus de décision partagée. Elle fait appel à la capacité d’autodétermination des personnes souffrant de troubles psychiques.

C’est un document négocié, rédigé et validé par les différentes parties concernées.

Il  peut aider à prévenir et mieux prendre en charge une éventuelle crise.

 

Exemples de PCC pouvant être adaptés pour être mobilisés en milieu correctionnel ou en probation:

FRANCE CULTURE (Emission Esprit de justice, Antoine Garapon, 10/03/2021) Prévoir les crimes, décevoir la justice

Le numérique pénètre nos sociétés et modifie nos modes de fonctionnement, le système judiciaire n’y échappe pas, « Esprit de justice » aborde ce soir ces différents enjeux.

Le numérique a développé des programmes promettant de prévoir le crime, un vieux rêve qui a été porté à l’écran par Minority Report. Prévoir non plus le crime mais la récidive a également bouleversé la justice.

Que penser de ces nouveaux instruments qui, sous prétexte de prévoir le crime, pourraient bien décevoir la justice ?

Cela sera le thème du débat en compagnie de Bilel Benbouzid, sociologue au Laboratoire interdisciplinaire Sciences Innovation Sociétés (LISIS), auteur notamment de « Des crimes et des séismes. La police prédictive entre science, technique et divination » (Réseaux, 2017) et Angèle Christin, professeure à l’université de Stanford, auteure de Metrics at work : journalism and the contested meaning of algorithms, Princeton University Press, 2020.

 

Raymond DEPARDON (12 jours) Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience

Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d’un côté un juge, de l’autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie.

 

(suite…)

Campagne soutenue par le conseil de l’Europe

ENVOYE SPECIAL (28/01/2021) « Parler pour ne plus frapper »

Condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, des auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. De quoi faire vaciller la mécanique de la violence ?

« Je n’avais pas les mots », « pour la justice ce sont toujours les hommes les coupables », « je ne savais pas que même une gifle c’est interdit »… Parfois pour la première fois, ces auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. Ils ont tous été condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, par le parquet de Vesoul.

Confrontés aux conséquences de leurs gestes

Des éducateurs, des psychologues vont tenter de les confronter aux conséquences de leurs gestes, sur leur famille, sur eux-mêmes. Deux jours pour essayer de faire vaciller la mécanique de la violence.

Un reportage de Perrine Bonnet, Claire-Marie Denis et Mikael Bozo diffusé dans « Envoyé spécial » le 28 janvier 2021.  

(suite…)

European Network for the Work with Perpetrators of Domestic Violence

 

Lignes directrices pour l’élaboration de normes en matière de programmes de prise en charge des auteurs de violence conjugales

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

La violence masculine envers les femmes se produit dans tous les pays européens et constitue un problème grave et répandu. La violence à l’égard des femmes est une manifestation des relations de pouvoir historiquement inégales entre les hommes et les femmes, qui ont conduit à la domination et à la discrimination des hommes à l’égard des femmes et à l’empêchement de la pleine promotion des femmes, et représente une violation généralisée des droits de l’homme et un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des sexes [1].

Les États membres d’organisations internationales telles que les Nations unies et le Conseil de l’Europe, ainsi que les pays de l’UE, sont tenus par le droit international et national d’exercer une diligence raisonnable pour prévenir, enquêter sur et punir les actes de violence, que ces actes soient perpétrés par l’État ou par des personnes privées, et d’assurer la protection des victimes [2].

La violence domestique à l’égard des femmes est un comportement de contrôle de la part du partenaire intime ou de l’ex-partenaire, qui comprend, sans s’y limiter, la violence physique et sexuelle, la violence psychologique, l’isolement, l’abus économique, les menaces, l’intimidation et le harcèlement [3]. La violence contre les femmes au sein de la famille affecte également les enfants qui ont également le droit d’être protégés et de recevoir un soutien.

Les organismes qui gèrent les programmes de prise en charge des auteurs de violences portent une grande responsabilité pour toutes les personnes concernées. Le travail avec les hommes auteurs de violence domestique vise à mettre fin à la violence et à renforcer la sécurité des victimes de la violence domestique (femmes et enfants), mais il doit également être considéré comme s’inscrivant dans un processus plus large de changement culturel et politique visant à abolir les hiérarchies entre les sexes, la violence sexiste et la discrimination sexuelle ainsi que d’autres formes de violence et de discrimination personnelles et structurelles.

Des normes sont nécessaires pour assurer la qualité du travail et surtout pour garantir que la sécurité des victimes est une priorité et que le travail ne met pas en danger les partenaires ou les enfants des participants.

Références

[1] See United Nations Declaration on Violence against women 1993.

[2] See Recommendation Rec(2002)5 of the Committee of Ministers to member States on the protection of women against violence adopted on 30 April 2002.

[3] See Respect Statement of Principles and Minimum Standards of Practice 2004.

Lignes directrices 2018

Des lignes directrices pour établir des normes sont nécessaires pour assurer la qualité d’un travail efficace et sûr avec les auteurs de violence domestique. La sécurité des victimes est une priorité et les interventions doivent garantir que le travail ne met pas en danger les femmes ou les enfants.

Les programmes dans les pays européens sont différents en ce qui concerne le groupe cible, le financement, la base juridique et de nombreux autres aspects et conditions de travail. C’est pourquoi les présentes lignes directrices n’ont pas pour but de donner des instructions détaillées. Elles visent plutôt à offrir aux programmes destinés aux auteurs de délits un cadre permettant de développer des normes spécifiques pour un travail responsable et responsable.

Des mises à jour sont continuellement nécessaires pour intégrer les nouveaux résultats de la recherche et les meilleures pratiques. En tant que tel, le présent document est conçu pour être un document vivant et dynamique, soumis à un processus continu de consultation et de révision.

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

version originale

L’Union européenne vient de publier le manuel « Engage » à destination des professionnels de première ligne pour repérer et inciter les hommes auteurs de violences conjugales à se faire aider. 

En Europe, plus d’une femme sur cinq a subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur compagnon ou ex-compagnon et 43% ont subi des violences psychologiques. En réaction, l’Union européenne vient de publier un manuel à destination des “professionnels de première ligne” pour repérer, prendre en charge et inciter ces auteurs à se faire aider. D’après les chiffres de la HAS, les médecins généralistes sont les premiers concernés puisque 3 à 4 femmes sur 10 présentes dans les salles d’attente seraient victimes de violences conjugales et 1 victime sur 5  a consulté en premier lieu un médecin suite à un incident

S’il ne s’agit en aucun cas de prendre en charge les auteurs de violences et d’identifier le processus qui a conduit aux violences, le manuel insiste toutefois sur plusieurs impératifs : repérer des signes indiquant des violences conjugales dans un discours, aborder le problème de manière directe, encourager et motiver l’auteur à suivre un programme spécialisé mais aussi ; fournir les informations et coordonnées de programmes disponibles.

Engage: un manuel à destination des “professionnels de première ligne”

Si le lien est brisé: Manuel Engage

Le manuel a également pour vocation de casser les idées préconçues. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la violence “ne s’explique pas par le fait que l’agresseur cesse de se maîtriser. La plupart du temps, il s’agit au contraire d’un choix qu’il fait dans le but de contrôler sa compagne ou ex”, précise le guide. Six “tactiques” sont généralement employées pour cela : domination, humiliation, isolement, menaces, intimidation, déni et culpabilisation.

Repérer chez un homme les signes de violences conjugales

Le manuel propose trois manières de fonctionner pour repérer un homme auteur de violences conjugales : un questionnement systématique appliqué à tous, un repérage basé sur des indices ou à partir d’informations d’un tiers. Dans le cas du questionnaire, il est préconisé d’insister sur la notion “systématique” afin d’éviter les suspicions qui pourraient mettre les victimes en danger. A charge ensuite au médecin d’établir si l’information doit rester confidentielle dans un souci de protection des victimes ou si elle peut être rendue publique, dans le cas par exemple où l’auteur sait que les faits sont connus.

Le manuel fournit également une liste d’indices permettant de mieux les repérer. D’abord par rapport au discours de l’homme :

  • si sa vision des relations de couple traduit en réalité des violences (physique, sexuelle, affective, économique, sociale)
  • la jalousie ou une envie de “contrôler” sa compagne
  • des opinions sexistes ou misogynes envers les femmes en général
  • des déclarations d’énervement, des insultes

Mais aussi et surtout, il liste une série d’indices dans le comportement qui peuvent être repérés lors de la consultation :

 

Aborder avec l’homme la question des violences conjugales 

Pour aborder avec l’auteur, les violences et la situation, le manuel préconise…

de passer de questions générales ouvertes à des questions plus spécifiques et plus concrètes quant au recours possible à la violence. En voici une illustration :

 

Comment agir concrètement ? Le médecin ou professionnel peut par exemple…

accepter les minimisations le temps de l’échange, ou examiner le point de vue d’un proche pour faire prendre conscience à l’auteur les conséquences de leur violence sur autrui. Le manuel conseille également de conserver des notes détaillées des échanges qui pourront être utiles pour des échanges avec d’autres services ou en cas de procédure juridique.

 

Motiver les auteurs de violence à se faire aider 

Les professionnels de santé peuvent se retrouver confrontés à un refus ou une opposition nette de la part des auteurs de violences conjugales à se faire aider.  Le manuel conseille de ne pas les mettre “face à la leur mauvais comportement”, mais d’essayer de “renforcer leurs propres valeurs et leurs propres raisons de changer”. L’objectif est donc de responsabiliser l’homme et ne pas hésiter à lui expliquer que beaucoup d’autres hommes ont déjà été aidés par des centres spécialisés.

Guider vers un programme pour les auteurs de violences 

Le médecin peut guider l’homme auteur de violences syndicales vers un programme spécialisé. S’il n’existe pas de programme à proximité, une prise en charge individuelle peut être envisagée. Le manuel invite les professionnels à établir un protocole destiné aux auteurs afin de pouvoir les contacter et leur donner le plus de détails possibles. Les professionnels doivent aussi informer l’homme de la raison pour laquelle il est adressé à ce programme.

 

Dilemmes professionnels et légaux 

Quand faut-il signaler aux autorités une situation à risque pour la sécurité ou le bien de la femme et/ou des enfants ? En quoi le rôle du professionnel peut-il être impacté par les obligations légales ? Et comment faire, dans ce cas, pour maintenir le lien avec l’homme ?

Le manuel insiste sur…

la nécessité de prendre en compte trois critères : l’aspect professionnel (les règles qui encadrent le comportement professionnel afin de protéger le bien-être et les droits de l’usager), l’aspect personnel (faisceau de principes et de jugements devant une situation donnée) et l’aspect légal (les violences étant des délits, elles doivent dans certains cas être signalées aux autorités compétentes). Les médecins doivent aussi se préserver de ces situations qui peuvent les atteindre personnellement, en essayant de travailler le plus possible en équipe, conserver des activités extérieures et faire des pauses.

Conséquences médicales

Les femmes victimes de violences conjugales sont deux fois plus sujettes à la dépression, deux fois plus susceptibles d’être dépendantes à l’alcool, ont 1,5 fois plus de risque d’être contaminées par le HIV, la syphilis, les chlamydias ou les gonorrhées.

Chez les enfants, assister à des scènes peut entraîner de la crainte et de l’anxiété, de la honte, des troubles du sommeil et même une dépression. Physiquement, ces enfants peuvent présenter des maux de ventre ou des maux de tête ainsi qu’une perte de concentration.

Source : le contenu de ce manuel se fonde sur une recension d’articles et d’ouvrages spécialisés, ainsi que la collaboration de professionnel.les de première ligne, d’auteurs de violences et d’expert.es travaillant avec des auteurs, ayant accepté de participer à des discussions de groupe, ou à des entretiens. Ces derniers ont été conduits dans trois pays européens (Espagne, France, Italie).

Voir sur: https://www.egora.fr