Ressources en psychocriminologie et criminologie
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BIG EVENT!

Elliot LOUAN, Responsable d’Etudes et de Recherches, IERDJ – CPIP, présentera le 03/04/23 le dispositif CHANGES au public de Forensia, qui est le centre de formation de l’institut Philippe Pinel à Montréal (intégré au cycle des « conférences midi »).

SAVE THE DATE! Conférence zoom gratuite, le 03 avril 2024, à 18h00 heure française (12h à 13h à Québec)

CHANGES est la déclinaison du dispositif STICS (Strategic Training Initiative in Community Supervision) de Guy Bourgon, un programme de formation des agents de probation qui comprend:

Un enseignement de Compétences de base correctionnelles utilisables en entretien :

  • Écoute active
  • Rétroaction
  • Renforcement efficace
  • Désapprobation efficace
  • Modélisation

Des techniques d’intervention :

  • Clarification des rôles
  • Les « Couleurs » assignées aux comportements
  • Fixation d’objectifs collaboratifs
  • « Spot le chien »
  • Analyse des Séquences de comportements
  • Identifier les « cassettes » , ces dialogues intérieurs liés aux comportements
  •  Résolution de problèmes

Lien : https://forensia.ca/conferences/2023-12-06/

Elliot LOUAN: Responsable d’Etudes et de Recherches, IERDJ – CPIP ; chargé de formation probation/criminologie : formateur pratiques correctionnelles fondamentales (Core Correctional Practices) et évaluation des risques de récidive ; chargé d’enseignement DU Sciences Criminelles Angers, DU Evaluation et Prevention de la Récidive Lille, DU Criminologie ICP, M2 DHEP ENAP ; Intervenant occasionnel ENM, ENAP, SPIP, EP ; Membre du Comité National Violences Intra-Familiales (CNVIF) Commission Recherche ; candidat au doctorat en criminologie. Formé aux outils d’évaluation des risques suivants : VRAG, SORAG, HCR-20, LS-CMI, ODARA-ERVFO, STATIQUE-99R, STABLE, AIGU, SARA.

Programme Thinking for a Change  

Voici le très interessant programme US « Thinking for a Change » utilisé dans le système correctionnel US . Un programme axé sur les approches cognitivo-comportementales,  les approches resolutives de problème et le travail sur les habiltés sociales.

Thinking for a Change  (T4C) est un programme intégré de changement cognitif et comportemental dont les auteurs sont Jack Bush, Ph.D., Barry Glick, Ph.D., et Juliana Taymans, Ph.D., dans le cadre d’un accord de coopération avec le National Institute of Corrections (NIC). Le T4C intègre des recherches sur la restructuration cognitive, le développement des compétences sociales et l’apprentissage et l’utilisation des compétences en matière de résolution de problèmes.

t4c
T4C est composé de 25 séances qui s’appuient les unes sur les autres, et contient des annexes qui peuvent être utilisées pour élaborer un programme  afin de répondre aux besoins cognitivo-comportementaux continus de votre groupe. Toutes les séances ne peuvent pas être suivies en une seule séance, de sorte qu’un cycle de formation typique peut durer 30 séances. Les séances doivent durer entre une et deux heures. Idéalement, le programme est dispensé deux fois par semaine, avec un dosage minimum recommandé d’une fois par semaine et un maximum de trois fois par semaine. Les participants doivent avoir le temps de faire les exercces ou « devoirs » obligatoires entre chaque séance.

Le programme est conçu pour être dispensé aux adultes et aux jeunes impliqués dans la justice, hommes et femmes. Il est destiné à des groupes de huit à douze personnes et ne doit être dispensé que par des animateurs formés. En raison de sa structure intégrée, T4C est un groupe fermé, ce qui signifie que les membres doivent commencer au début d’un cycle et ne peuvent pas rejoindre le groupe en cours de route (la cinquième séance est un point limite logique pour les nouveaux membres du groupe).

Le programme T4C est dispensé par des professionnels de l’administration pénitentiaire dans les prisons, les centres de détention, les services correctionnels communautaires, les services de probation et de libération conditionnelle.

Pour en savoir plus:

En décembre 1997, le National Institute of Corrections (NIC) a implanté un nouveau programme cognitivo-comportemental destiné aux délinquants et a demandé à plusieurs services correctionnels au plan local et fédéral d’expérimenter et d’évaluer le programme, Thinking for a change (T4C). Le vif intérêt manifesté par le milieu correctionnel pour participer au projet a nécessité l’élargissement de l’expérimentation et l’ajout de plusieurs sites expérimentaux à l’étude de terrain. Depuis son introduction, le programme T4C a été implanté dans plus de 40 États dans différents organismes correctionnels. Ces organismes comprennent les systèmes correctionnels d’Etat, les prisons locales, les programmes correctionnels en milieu communautaire et les services de probation et de libératio conditionnelle. Des hommes et des femmes délinquant(e)s, adultes ou mineur(e)s, ont participé à l’étude. Plus de 5000 employés du système correctionnel ont été formés pour animer des groupes auprès des délinquants. Près de 28500 personnes ont participé à la formation Thinking for a Change: Advanced Practicum (formation des formateurs), qui permet aux professionnels de former des animateurs supplémentaires au sein de leurs institutions ou organismes afin de dispenser le programme.
Parallèlement à l’évolution de la recherche sur l’efficacité du programme, les différents milieux correctionnels ont fait part de leur intérêt pour dispenser un programme d’intervention cognitivo-comportementale de qualité, orienté vers le changement s’appuyant sur les données probantes.

L’approche du programme Thinking for a Change

Le programme T4C (Bush, Glick et Taymans, 1997) combine différentes approches visant à stimuler chez la prise de conscience que les délinquants peuvent avoir d’eux-mêmes, mais également des autres. Il intègre les champs de la restructuration cognitive, des habiletés sociales, et de la résolution de problèmes. Le programme débute par l’enseignement aux délinquants de techniques d’introspection afin qu’ils puissent évaluer leurs pensées, leurs sentiments, leurs croyances et leurs attitudes. Ce processus est renforcé tout au long du programme.
L’apprentissage d’habiletés sociales est encouragé comme alternative aux comportements antisociaux. Le programme se termine en intégrant les compétences apprises comme autant d’étapes favorisant la résolution de problèmes. La résolution de problèmes devient la stratégie centrale qui permet aux délinquants de faire face aux situations difficiles sans se livrer à des comportements interdits.

Les personnes participant au programme apprennent à reconnaître les situations qui pourraient conduire à un comportement interdit et à identifier les processus cognitifs qui pourraient l’encourager. Ils apprennent à composer et à utiliser un « rapport de pensée » comme un outil permettant de déterminer leur prise de conscience des pensées susceptibles de leur attirer des ennuis.
Dans la section du programme portant sur les compétences sociales, les participants tentent d’utiliser leurs habiletés sociales nouvellement apprises en effectuant des jeux de rôles.
Après chaque jeu de rôle, le groupe discute et évalue la performance du participant concernant le
respect des différentes étapes relatives à l’habileté sociale préalablement apprise.
Les délinquants appliquent également les différentes étapes de résolution de problèmes aux situations de leur quotidien. Les devoirs écrits, une liste énumérant les habiletés sociales et la rétroaction d’une personne qui connaît bien le participant sont des moyens utilisés par le groupe pour créer une liste d’habiletés sociales à acquérir, qui sert alors de base pour les sessions suivantes. Grâce à une variété d’approches, y compris la restructuration cognitive, le développement de compétences sociales, et la résolution de problèmes, le programme T4C vise à fournir aux délinquants les compétences ainsi que la motivation interne nécessaires pour éviter de nouveaux comportements transgressifs.

Le large spectre de sujets abordés dans le programme T4C permet de sensibiliser de nombreux
délinquants, que ce soit des adultes, des mineurs, qu’ils soient en probation, détenus ou encore
suivis dans le cadre d’une libération conditionnelle. La première étape du programme T4C est une courte séance de 15 minutes rappelant l’intérêt de participer au programme et la nécessité de le faire avec une attitude positive. De petits groupes de 8 à 12 personnes sont conseillés afin de promouvoir une rétroaction interactive et productive. Le programme peut être utilisé
simultanément ou consécutivement à d’autres programmes d’intervention.

Le programme est divisé en 22 rencontres, chacune d’une durée d’une à deux heures. Un
maximum d’une rencontre par jour doit être offert ; la fréquence optimale est de deux rencontres par semaine. Il est recommandé qu’au moins 10 rencontres supplémentaires aient lieu en utilisant
les fiches techniques d’habiletés sociales élaborées par les participants (tel qu’indiqué ci-dessus).
Les leçons sont séquentielles, et le déroulement et l’intégrité du programme sont importants. Toutefois, dans les situations ou les changements de participants ou les transferts entre établissements sont fréquents, certaines sessions peuvent être utilisées pour réorganiser ou
combiner différents groupes, ce qui permet de libérer un animateur pour débuter un nouveau groupe de participants.

Survol du programme Thinking for a Change

  • Vingt-deux rencontres avec la possibilité d’étendre le programme.
  • Dix rencontres supplémentaires sont recommandées aux participants afin d’effectuer un retour sur leurs évaluations personnelles complétées lors de la 22 e rencontre.
  • Une à deux heures de suivi par semaine.
  • Il n’est pas nécessaire que les animateurs détiennent un diplôme d’éducationspécifique, cependant, ils doivent détenir certaines aptitudes :
    • Être attentionné.
    • Aimer enseigner.
    • Comprendre les processus de groupe et les interactions interpersonnelles.
    • Être capable de diriger un groupe de personnes condamnées.
    • Suivre une formation sur le programme T4C d’une durée de 3 à 5 jours
    avec deux maîtres formateurs.
  • Déroulement des rencontres : Comprendre, apprendre et mettre en application.
    • Révision des devoirs.
    • Plan de la rencontre et brève présentation des notions qui seront abordées.
    • Définition des mots et des concepts.
    • Activités :
    -Jeux de rôles
    -Modélisation
    -Rétroaction
    -Dépliants
    -Cartes mémoire

La formation des professionnels
La formation pour les animateurs du programme T4C est disponible sur http://info.nicic.gov/t4c40/

Dans la formation autour de T4C, on retrouve:

• Un programme de 2 jours intitulé « What Are They Thinking? » (développé par le Dallas
County Community Supervision and Corrections Department, Dallas, Texas, 2004). Ce programme porte sur les processus du Thinking Reports and Problem Solving présentés dans le programme T4C. Les fondements théoriques et les éléments justifiant l’utilisation des ICC sont également abordés, ainsi que les moyens d’utiliser le programme T4C pour la surveillance et l’observation des délinquants. Une démonstration des techniques employées est également proposée.

A Manual for Delivery of Cognitive Self Change (écrit par Jack Bush du Vermont Department of Corrections, 2002) . Le manuel est un guide exhaustif pour l’utilisation du programme T4C et il comprend un aperçu des informations disponibles sur : le volet Cognitive Self Change, le volet Thinking Report, le volet Cognitive Check-ins; l’exécution du programme, la gestion de dossiers, les normes du programme, les procédures administratives, l’admission, les sorties, les procédures de transfert, les processus de groupe, la supervision et les formulaires utiles pour le programme.

• Thinking for a Change: Facilitator Training: Lesson Plans (développé par les auteurs du
programme T4C, Jack Bush, Barry Glick, et Juliana Taymans, 2001) est un programme de formation d’une durée de 32 heures destiné à enseigner les fondements théoriques de l’ICC et en particulier les notions sur lesquelles s’appuie le programme T4C, y compris le changement personnel basé sur les cognitions, les habiletés sociales, la résolution de problèmes et l’implantation du programme.

A noter que le programme Thinking for a Change (T4C) utilise dans un des exercices de gestion de la colère un Journal cognitif (« thinking Report ») qui se réalise en plusieurs étapes:

Les 3 étapes clefs du changement cognitif sont:

  1.  Prêtez attention à vos pensées ;
  2.  Identifiez les pensées à risque ;
  3. Mobiliser de nouvelles pensées

Étape 1 : Prêtez attention à vos pensées/émotions/sensations

Le journal cognitif est une étape utile pour s’exercer à prêter attention à ses pensées et identifiez le cas échéant ses pensées à risque.
Procédez de la façon suivante :

  • Partie 1 – Décrivez ce qui s’est passé (collez avec les faits)
  • Partie 2 – Listez toutes les pensées dont vous pouvez vous souvenir (les mots exacts qui vous venaient à l’esprit à ce moment)
  • Partie 3 – Listez tous les sentiments, toutes les émotions et ressentis corporels que vous vous souvenez avoir eu
  • Partie 4 – Listez les croyances mobilisées dans cette situation (les croyances sont des règles, principes et opinions que vous utilisez dans beaucoup de situations différentes. (Ex : « dans la vie il ne faut pas… »))

1. SITUATION

  • Décrivez objectivement les faits tels qu’ils se sont passé
  • Qui a été impliqué? Qu’ont ils dit et fait?

2. PENSÉES

  • Listez chaque pensée dont vous vous souvenez
  • Utilisez les mots exacts qui sont venus à votre esprit à ce moment.
  • Ne jugez pas vos pensées

3. ÉMOTIONS

  • Listez tous les sentiments/ressentis que vous vous rappellez avoir eu.
  • Utilisez les mots qui vous semblent juste.
  • Les ressentis peuvent être des émotions (colère, peur…) ou des sensations corporelles (chaleur, crispations….), ou les deux.

4. CROYANCES

Listez vos opinions et croyances: Opinions et croyances sont des règles, principes, valeurs ou façons de penser que vous utilisez dans beaucoup de situations différentes.

Étape 2 : Reconnaître ses pensées/croyances à risque :

  1. Est-ce que mes pensées, sentiments, opinions et croyances m’ont conduit à faire ce que j’ai fait?
  2. Quelles pensées, sentiments, opinions et croyances ont été les plus importantes pour me conduire à faire ce que j’ai fait?
  3. Comment ces pensées , sentiments, opinions, croyances m’ont conduit à faire ce que j’ai fait?

Étape 3 : utiliser des pensées alternatives :

  1. Quelles nouvelles façons de penser puis-je utiliser, pour me conduire à des conséquences
    différentes?
  2. Est-ce que je vais me sentir bien si je pense de cette façon?

journal cognitif(T4C)

FEDERAL PROBATION JOURNAL,  JoAnn S. Lee et Olivia K. Stuart, Université George Mason (2022) Jeunes adultes impliqués dans la justice : Lignes directrices pour la pratique des personnels de probation

Auteure:

JoAnn Lee est professeur associé au département de travail social. Ses recherches portent sur l’amélioration des systèmes de protection de l’enfance et de justice juvénile, des systèmes publics qui interviennent dans la vie des personnes marginalisées. Ses activités de recherche s’articulent autour des trois aspects suivants : a) améliorer notre compréhension de la transition vers l’âge adulte (18-34 ans) ; b) évaluer l’impact de l’intervention des systèmes de protection de l’enfance et de justice juvénile sur les résultats de la vie des jeunes adultes ; et c) identifier les facteurs contextuels structurels et sociaux qui contribuent à la déviance, à la délinquance ou à l’engagement dans des comportements criminels. Elle inscrit son travail dans la perspective du parcours de vie, reconnaissant l’interaction entre l’action humaine et les contextes sociaux plus larges tout au long de la vie d’un individu.

Avant de rejoindre l’université George Mason, Lee était postdoctorante au Seattle Children’s Research Institute, où elle a étudié les relations entre les contextes sociaux et les comportements déviants des jeunes. Dans sa pratique, elle s’est intéressée aux problèmes de consommation de substances chez les jeunes délinquants et les jeunes Américains d’origine asiatique, ainsi que chez les sans-abri et les jeunes en situation précaire

Extrait:

« Que doit savoir le personnel de probation sur les jeunes adultes dans la justice pénale ?

Les jeunes adultes dans la justice pénale tendent à être un sous-ensemble de jeunes adultes qui manquent de ressources et d’opportunités pour accomplir les tâches de développement de cette période. La vie de jeune adulte peut être une période de transition pleine de possibilités pour ceux qui bénéficient du soutien de leur famille et de leur établissement d’enseignement supérieur (par exemple, vivre de manière semi-indépendante dans un dortoir avec un plan de repas) (Brock, 2010 ; Schoeni & Ross, 2005 ; Waithaka, 2014). Cependant, cette période de transition peut poser des défis aux jeunes adultes qui ne bénéficient pas de ces soutiens, en particulier aux jeunes adultes qui ne peuvent pas retarder la transition vers des rôles d’adultes pendant qu’ils acquièrent le capital humain et identitaire nécessaire pour assumer ces rôles avec succès. Comme l’écrit Comfort (2012), le fait que le jeune « âge adulte soit considéré par les plus aisés comme une période où l’on peut se complaire dans les privilèges et les promesses, alors que l’on attend des jeunes adultes démunis qu’ils apprennent de la souffrance et même qu’ils s’en sortent grâce à elle, peut nous alerter sur d’autres couches d’inégalité et de désavantage qui méritent d’être explorées » (p. 319). De nombreux jeunes adultes dans le système juridique pénal ont des expériences qui témoignent du manque de ressources de leur famille. Par exemple, de nombreux jeunes adultes dans la justice pénale font état d’antécédents familiaux qui incluent le sans-abrisme ou la participation au système de placement en famille d’accueil (Morton et al., 2017). En outre, les jeunes en famille d’accueil qui sortent du système de prise en charge présentent des taux disproportionnés d’implication dans le système judiciaire pénal (Courtney et al., 2010). Par conséquent, le soutien apporté aux jeunes adultes pour les aider à réussir leur transition vers des rôles d’adultes, par exemple en facilitant leur réussite scolaire, peut faire la différence entre le jeune adulte qui deviendra un adulte productif et celui qui retournera de manière répétée vers la justice pénale.

Il faut davantage de services ciblant les jeunes adultes (Fendrich & LeBel, 2022 ; Stanley, 2016). En général, les jeunes adultes ont des besoins élevés en matière de prise en charge, notamment parce qu’ils présentent les taux les plus élevés d’abus de substances (Davis et al., 2017 ; Stanley, 2016). Plus précisément, les jeunes adultes dans le système judiciaire pénal peuvent ne pas avoir reçu les prises en charge nécessaires, tels que les services de traitement des abus de substances ou les services de santé mentale : par rapport à leurs pairs dans la population générale, ces jeunes adultes signalent des taux plus élevés d’abus d’alcool et de substances illégales (Pirius, 2019) et une prévalence plus élevée d’expériences défavorables dans l’enfance (ACE, telles que les abus ou la négligence dans l’enfance, la séparation des parents), de traumatismes et de problèmes de santé mentale (Pirius, 2019 ; Van Duin et al., 2020). Ces besoins de services non satisfaits peuvent contribuer directement à l’implication du jeune adulte dans le système juridique pénal, par exemple en raison d’une consommation abusive de substances. En outre, les besoins de services non satisfaits peuvent contribuer indirectement à l’implication du jeune adulte dans le système juridique pénal. Par exemple, la présence de traumatismes liés à l’âge dans les antécédents personnels d’une personne diminue la capacité d’autorégulation des émotions et la flexibilité cognitive (Dube et al., 2009 ; Kalia & Knauft, 2020). Déjà confrontés au manque de maturité qui caractérise cette période de développement, ces jeunes adultes peuvent avoir une multitude de besoins uniques en matière de services, qu’il s’agisse de soutien éducatif et professionnel, de développement des aptitudes à la vie quotidienne ou de soins de santé mentale tenant compte des traumatismes. Les agents de probation doivent mettre les jeunes adultes en contact avec des ressources dans le cadre de leur plan de surveillance individualisé.

Résultats de la surveillance en milieu ouvert

Certaines recherches ont montré que les jeunes adultes ont tendance à avoir de moins bons résultats en probation que leurs pairs adultes. Une étude menée au Texas a révélé que seuls 18 % des jeunes adultes avaient terminé leur période de probation de deux ans, contre 41 % des adultes âgés d’une vingtaine d’années, la plupart des cas ayant pris fin en raison d’une révocation (Cuddy et al., 2018). La violation des conditions de leur probation est la raison la plus fréquente pour laquelle les jeunes adultes sont placés en détention résidentielle (Sickmund et al., 2021). Le fait de manquer des rendez-vous ou de ne pas suivre les programmes obligatoires peut être une cause de violation de la probation d’un individu, mais il ne s’agit pas de comportements intrinsèquement délinquants. Ce sont des comportements normatifs pour de jeunes adultes en pleine maturation psychosociale et, s’ils sont traités correctement, ils peuvent aider le jeune adulte à apprendre à prendre des décisions judicieuses. Par exemple, l’obligation de participer à un programme en 12 étapes peut être une stratégie de réadaptation efficace. Cependant, il est important de savoir que les jeunes adultes peuvent avoir du mal à respecter de telles obligations – ils peuvent avoir du mal à trouver un moyen de transport ou à gérer leur emploi du temps, et peuvent donc avoir besoin d’un accompagnement supplémentaire pour les aider à gérer leurs obligations. Il est réaliste de s’attendre à ce qu’ils aient du mal à respecter leurs rendez-vous et il faut donc leur laisser une certaine marge de manœuvre pour qu’ils puissent commettre des erreurs adaptées à leur âge.

Amendes et frais judiciaires

Les programmes de probation de 48 États exigent le paiement de frais substantiels par le client, qui doit en moyenne entre 10 et 150 dollars de frais de surveillance par mois et d’autres frais fixes allant de 30 à 600 dollars tout au long de sa peine (Brett et al., 2020). De nombreux programmes prévoient également le paiement de tests réguliers de dépistage de drogues, de systèmes de surveillance électronique, de programmes spécialisés (comme la gestion de la colère ou le traitement de la toxicomanie), etc. (Brett et al., 2020). Le non-paiement peut entraîner la prolongation de la peine, voire la révocation et l’incarcération (Cuddy et al., 2018). De plus, bien que des dispenses de frais pour cause de faibles revenus soient disponibles dans la plupart des États, elles sont extrêmement difficiles à obtenir et peuvent représenter un énorme fardeau pour les individus qui doivent les prouver (Brett et al., 2020). Ainsi, les amendes et les frais sont souvent extrêmement lourds pour les jeunes adultes et peuvent avoir un impact négatif sur leur capacité à atteindre les objectifs de la vie de jeune adulte.

Beaucoup de jeunes adultes impliqués dans le système judiciaire pénal ont un niveau d’éducation plus faible et ont donc du mal à trouver des emplois réguliers et bien rémunérés (The Council of State Government Justice Center, 2015). Si un jeune a du mal à trouver et à conserver un emploi, il lui est déjà difficile de payer son logement et ses autres factures. L’ajout de ces frais de probation prohibitifs peut enfermer les jeunes dans un cycle sans fin de dettes envers les tribunaux avec la menace d’une incarcération (Albin-Lackey, 2014), tout en les empêchant de développer le capital humain que leurs pairs développent par le biais de l’université, d’études supérieures ou de stages. En outre, ces sanctions financières transforment effectivement les agents de probation en collecteurs de factures, ce qui peut aller à l’encontre de leur rôle d’agent de changement en introduisant un conflit dans la relation agent-client. Il est donc important d’attirer l’attention sur l’importance de réduire cette charge financière pour toutes les personnes en probation, en particulier pour les jeunes adultes qui peuvent manquer de soutien social, éducatif et professionnel pour payer ces frais en raison de leur stade de développement.

Quels sont les traitements fondés sur des données probantes qui ont été identifiés pour les jeunes adultes dans le système de justice pénale ?

Il existe quelques études qui examinent les pratiques de supervision communautaire. Une étude a piloté des pratiques de supervision avec de jeunes adultes et a comparé les résultats à ceux d’un groupe comparable de leurs pairs. Le projet pilote a formé une unité spécialisée pour les jeunes adultes (définis comme âgés de 15 à 25 ans) et a utilisé une combinaison de quatre pratiques prometteuses : Pratiques efficaces de supervision communautaire (EPICS), gestion des cas, connaissance de la science du développement du cerveau, soins fondés sur les traumatismes (Trauma-Informed Care – TIC) et optique d’équité et d’autonomisation (Equity and Empowerment Lens- E & E Lens) (Bernard et al., 2020). Les agents de supervision communautaire ont été formés à l’utilisation de pratiques conformes aux quatre pratiques prometteuses pour superviser les jeunes adultes, et l’étude a montré des tendances vers un impact positif sur la récidive, bien qu’une période de suivi plus longue puisse être nécessaire pour montrer des résultats plus clairs (Bernard et al., 2020). Dans une autre étude, l’accent a été mis sur l’utilisation d’incitations pour aider les jeunes adultes à s’engager à atteindre des objectifs liés à l’emploi et à l’éducation ; les incitations ont contribué à réduire la récidive et les violations techniques (Clark et al., 2022). Deux autres études ont trouvé des preuves préliminaires de l’efficacité des programmes communautaires. Youth Advocates Programs (n.d.) est l’un de ces programmes qui promeut un modèle qui identifie les besoins individuels d’une personne afin de développer un soutien communautaire et familial global. Roca (n.d.), un autre programme communautaire, s’efforce également d’identifier les besoins spécifiques des jeunes hommes adultes et de les mettre en relation avec des services éducatifs, professionnels et thérapeutiques essentiels au sein de leur communauté. Roca associe l’individu à un éducateur qui établit une relation avec l’individu et crée un espace sûr pour lui permettre d’entamer des programmes de renforcement des compétences. Les deux programmes ont enregistré une baisse substantielle des taux de récidive et une augmentation des taux d’emploi et de réussite professionnelle parmi leurs participants (Roca, n.d. ; Youth Advocates Programs, n.d.).

(…)

Exemple d’interaction

Voici un exemple d’interaction entre un agent de probation et un jeune adulte pris en charge par l’agent. Le jeune adulte a manqué un rendez-vous. L’agent de probation applique ses connaissances sur cette période de développement et utilise des interventions de psychologie positive (PPI) pour amener le jeune adulte à changer son récit et à développer un « script de rédemption ».

  • Agent de probation (AP) : Bonjour, je suis content de vous revoir. Je n’ai pas eu de nouvelles de vous depuis une semaine. Je commençais à m’inquiéter pour vous. Que se passe-t-il ?
  • Jeune adulte (JA) : Eh bien, j’ai dû m’occuper de certaines choses.
  • AP : De quel genre de choses deviez-vous vous occuper ?
  • JA : C’est mon affaire.
  • AP : C’est vrai, c’est votre affaire. Mais je veux que nous parlions de la façon dont nous pouvons mieux communiquer l’un avec l’autre pour que, si vous deviez manquer un rendez-vous, je puisse réajuster mon emploi du temps en conséquence. Vous voyez ce que je veux dire ?
  • JA : Je suppose.
  • AP : Je veux que nous travaillions ensemble pour trouver ce qui est le mieux pour vous. Parce que je sais qu’il est parfois difficile de respecter ces règles, n’est-ce pas ?
  • JA : *rires* Vous n’avez pas idée.
  • AP : Oui. Savez-vous que de nombreuses recherches montrent que, comme vous n’avez pas encore vingt ans, votre cerveau est encore en train de se développer ?
  • JA : Je ne le savais pas.
  • AP : C’est vrai. Il est donc tout à fait normal que les gens de votre âge fassent des bêtises et aient du mal à comprendre comment réagir dans des situations stressantes, ce qui peut parfois vous faire commettre des erreurs. Mais voilà : les erreurs peuvent être plus graves que pour d’autres personnes de votre âge. Je sais que vous voulez réussir. Je sais que vous voulez rester dans votre communauté avec votre famille et vos amis. Et vous méritez. Je sais que vous êtes capable de réussir parce que vous avez beaucoup d’atouts en main.
  • JA : C’est ce que vous pensez ?
  • AP : Absolument. Vous travaillez dur, vous êtes un bon parent pour vos enfants, vous vous souciez de votre famille – et vous restez solide malgré les nombreux revers que vous avez subis. Ce n’est qu’un autre de ces revers.
  • JA : Parfois, j’ai l’impression de ne pas avoir de soutien et que le poids du monde repose sur mes épaules. J’ai l’impression que je serai toujours étiquetée comme un délinquant. Je veux faire quelque chose de ma vie. Je veux aider d’autres gamins pour qu’ils ne se retrouvent pas dans la même situation que moi.
  • AP : C’est tout à fait possible. Vous n’êtes pas un « délinquant ». Je suis là pour vous aider à réussir. Je pense que d’autres enfants bénéficieraient vraiment de l’histoire de votre vie. Je veux que vous essayiez  de vous concentrer sur la façon dont vous pouvez être un mentor pour les autres parce que je pense que cela vous aidera dans votre programme.
  • JA : Cela me touche beaucoup. Je pense que cela me donnera la motivation dont j’ai besoin. Et je suis désolée d’avoir manqué le rendez-vous. Je n’ai pu trouver personne pour me remplacer, et je dois travailler pour pouvoir payer ce programme. C’est un cercle vicieux.
  • AP : Je comprends. Et si nous mettions au point un plan pour assurer une communication plus efficace à l’avenir, qui vous convienne, afin que cela ne se reproduise plus ?
  • JA : Ce serait formidable, merci.

 

Points clés à retenir

  1. Le cerveau continue de se développer jusqu’à l’âge adulte, ce qui offre au personnel de probation l’opportunité d’être un agent de changement efficace.
  2. Le passage à l’âge adulte est une période de transition où les jeunes sont très susceptibles d’adopter des comportements à risque.
  3. Les jeunes adultes poursuivent leur développement biologique (cerveau), psychologique et social, de sorte qu’ils peuvent avoir besoin d’un accompagnement pour être en mesure de respecter les rendez-vous et les engagements et d’assumer la responsabilité globale de leur propre personne.
  4. Le cerveau des jeunes adultes ressent plus fortement les récompenses que celui des adultes plus mûrs, de sorte que l’utilisation d’incitations peut être particulièrement efficace pour encourager les changements positifs.
  5. Il y a un manque de recherche et de connaissances sur les services et les interventions pour les jeunes adultes impliqués dans le système juridique pénal.

Jeunes adultes impliqués dans la justice _ Lignes directrices pour la pratique des personnels de probation

Articl source (ENG): https://www.uscourts.gov/sites/default/files/86_1_6_0.pdf

Au lieu d’une approche simpliste, Arnold Goldstein a formulé une approche multimodale en trois parties pour traiter les problèmes de comportement, de gestion des émotions et de la pensée :

  • L’intégration des compétences (skillstreaming) cible le comportement.
  • L’entrainement au contrôle de la colère (Anger Control Training) – se concentre sur les émotions.
  • Le raisonnement moral (Moral Reasoning) est une intervention cognitive.

ART enseigne explicitement un ensemble de compétences psychologiques prosociales aux jeunes qui ont des besoins spécifiques. La formation est dispensée dans le cadre d’une série de groupes d’apprentissage structurés où les jeunes sont :

  1. exposés à des exemples d’utilisation experte des comportements qui constituent les compétences dans lesquelles ils sont déficients (c’est le modelage) ;
  2. ont des occasions guidées de pratiquer et de répéter ces comportements compétents (c.-à-d. le jeu de rôle) ;
  3. ont un renforcement, une réinstruction, et des commentaires (feedbacks) sur la façon dont ils jouent leur rôle ;
  4. Encouragés à s’engager dans une série d’activités conçues pour augmenter les chances que les compétences acquises dans le cadre de la formation perdurent et soient être transférées à la maison, à l’école, au foyer, à la communauté et dans d’autres contextes du monde réel.

La question ultime pour toute intervention efficace est de savoir si elle peut résister à l’épreuve du temps. Depuis plus de 20 ans, ART a démontré, par une variété d’études rigoureuses, son efficacité à produire un comportement positif et à réduire les comportements agressifs et délinquants.

En 2001, bien que luttant contre le cancer, Arnold Goldstein s’est adressé aux praticiens de l’ART du monde entier lors d’une conférence à Malmö, en Suède. Il a été clair dans son message final à ses disciples : les stratégies et les techniques qui ont été développées par l’entraînement au remplacement de l’agressivité (ART) n’étaient que le début de ce qui pourrait être efficace pour les divers problèmes rencontrés par les jeunes d’aujourd’hui.

Bien que les modèles d’intervention soient conçus avec les meilleures intentions, ils ont souvent du mal à maintenir leur fidélité et leur efficacité. Ainsi, ART fournit aux praticiens des méthodes très spécifiques et un programme de modules comportementaux fondés sur une théorie et des recherches solides.

Voir l’intégralité de l’article (FR) : Amendola_and_Oliver_2010

version originale non traduite (ENG) : https://prepsecnorge.no/images/pdf/Amendola_and_Oliver_2010_ART_artikler.pdf

PPt de formation:  Anger-Control_slides-1-43_FR.pptx

En savoir plus sur le très prometteur programme ART: http://psychocriminologie.free.fr/?p=5592

Voir aussi sur le sujet:

Resiliency and Aggression Replacement Training with Families, Robert Caíame, Kimberlee Parker, Mark Amendola, & Robert Oliver (2011)

Family-ART

Aggression Replacement Training and Childhood Trauma, A. Mark Amendola and Robert W. Oliver (2013)

22_2_Amendolatfcbt

SPARCS (Structured Psychotherapy for Adolescents Responding to Chronic Stress, Rosa & Pelcovitz, 2008) est un programme qui a été utilisé avec les populations de la justice des mineurs. Mise en œuvre à l’origine dans des contextes ambulatoires, résidentiels et scolaires, cette intervention a été de plus en plus appliquée dans une variété de contextes, y compris les jeunes en famille d’accueil, les fugueurs et les refuges pour sans-abri, ainsi que les adolescents impliqués dans le système pénitentiaire (y compris les jeunes impliqués dans des gangs).
Le programme SPARCS convient aux adolescents traumatisés, qu’ils soient ou non atteints de PTSD. Dispensée en 16 sessions, SPARCS est une intervention de groupe spécialement conçue pour répondre aux besoins des adolescents traumatisés chroniques qui peuvent encore vivre dans des environnements instables et qui présentent de multiples déficiences fonctionnelles- voir le site web de SPARCS (https://www.ncchildtreatmentprogram.org/programs/sparcs/) pour de plus amples informations.

Le programme SPARCS  comprend un inventaire qui peut être utilisé pour évaluer l’exposition des adolescents au stress chronique et aux traumatismes.

Liste de vérification des antécédents traumatiques et entretien

(Source: Tafratte & Mitchell, Forensic CBT, a handbook for clinical pratice, ed Wiley Blackwell)

Taylor-Myles, Jacqueline (1998) The development and implementation of a victim empathy program for use with young offenders and at-risk youth. Masters thesis, Memorial University of Newfoundland.

Ce projet représente un programme de réadaptation qui pourrait être utilisé avec des délinquants juvéniles ou des jeunes à risque. L’un des objectifs des personnes travaillant avec des jeunes délinquants est de les voir se réhabiliter et mener une vie productive. Il existe un certain nombre de programmes de réadaptation des délinquants, mais peu d’entre eux tentent de développer un sentiment d’empathie chez le jeune délinquant. Ce programme de 16 séances a été élaboré et révisé après qu’un projet pilote ait été mené avec un groupe de délinquants au Newfoundland and Labrador Youth Center. Les résidents et un co-facilitateur ont apporté des commentaires critiques qui ont été incorporés dans ce programme. Le programme reflète la conviction que si les jeunes délinquants reconnaissent la douleur et la souffrance qu’ils ont causées aux autres, ils sont moins susceptibles de récidiver. Le projet tente d’enseigner la signification des termes « victime », « empathie envers la victime » et « victimisation », et demande aux participants d’appliquer ces connaissances à des situations courantes de victimisation.

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Violence conjugale: Programme de traitement intensif de la violence familiale (Lynn Stewart, Jim Hill, Tom Gorman, Ida Jane Graham, Déc 1999)

LE SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA ET L’INITIATIVE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE
En 1988, dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale, le Service correctionnel du Canada (SCC) a commencé à s’attaquer au problème de la violence familiale chez les délinquants sous responsabilité fédérale. Le but de l’initiative, qui est de réduire l’incidence de la violence familiale chez les délinquants, devait être réalisé par les moyens suivants :
1. la mise en oeuvre de programmes éducatifs et la création de documents d’information destinés à contester et à réfuter les croyances et les attitudes sexistes et favorables à la violence familiale;
2. la mise en oeuvre de programmes de traitement en établissement et dans la communauté, et la mise sur pied de groupes d’entraide pour les partenaires et les enfants des délinquants;
3. l’adoption et la mise en application d’une norme nationale régissant la formation des intervenants correctionnels en violence familiale; et
4. l’exécution de travaux de recherche sur l’efficacité des programmes.

RAISON D’ÊTRE DU PROGRAMME DE TRAITEMENT INTENSIF EN VIOLENCE FAMILIALE
En 1998, un examen des programmes de prévention de la violence familiale offerts aux délinquants au sein du SCC a permis de constater que tous ces programmes étaient de faible ou moyenne intensité. La norme d’accréditation des programmes correctionnels du SCC régissant le dosage de l’intervention prévoit la participation des délinquants à des programmes assez intensifs pour répondre à leurs besoins. D’après la littérature actuelle sur le sujet, une intervention d’au moins 100 heures convient pour les délinquants à risque élevé. La recension de tous les programmes connus de traitement en violence familiale n’a pas permis de dégager un seul programme de cette intensité. La Division des programmes de réinsertion sociale du SCC a donc entrepris d’élaborer l’actuel Programme de traitement intensif en violence familiale, qui a été mis à l’essai à l’établissement de Springhill en 1998-1999. En septembre 1999, la version provisoire du manuel et le cadre d’évaluation du programme ont été soumis à un groupe consultatif composé d’experts en la matière d’Angleterre, du Canada et des États-Unis. La manuel a été révisé à partir des résultats du projet pilote et des commentaires du groupe consultatif. Le programme sera lancé à l’échelle nationale en novembre 1999. Il sera offert à un établissement dans chacune des régions. Dans la région des Prairies, un Programme de traitement intensif en violence familiale pour délinquants autochtones sera offert dans un deuxième établissement.

Le Programme de traitement intensif en violence familiale est un programme de traitement cognitivo-comportemental. Contrairement aux programmes axés exclusivement sur l’apprentissage d’habiletés, il oblige les participants à révéler des renseignements personnels et leur fait comprendre comment leurs antécédents ont
contribué à leur attitude et à leur comportement de violence. Le programme est animé par deux facilitateurs (un homme et une femme) : un psychologue et un agent de prestation de programme. Lors de son évaluation initiale, chaque délinquant admis au programme devrait être confié à un conseiller principal. Ce conseiller est la personne qui accueillera le participant en séances individuelles et qui l’aidera à rédiger son autobiographie et son plan de prévention des rechutes. La première phase du programme se compose d’environ 75 séances de groupe de 2,5 heures chacune (le nombre effectif de séances variera selon la taille du groupe, mais ne dépassera jamais 78) et de 8 à 10 séances individuelles. Cinq séances de groupe devraient être dispensées par semaine, et ce, pendant environ 13 semaines. L’horaire des séances devrait être adapté au régime interne de l’établissement, mais il est recommandé de tenir une séance en matinée et une autre en après-midi un jour par semaine, puis une en matinée seulement trois jours par semaine. Ainsi, les délinquants seront libres un jour par semaine pour d’autres rendez-vous. La séance de groupe du matin est consacrée principalement à l’étude de nouveaux éléments de la matière et à la révision des devoirs de la séance précédente. Les après-midi sont réservés aux séances individuelles et aux devoirs. Les délinquants qui terminent le programme devraient participer tous les quinze jours aux séances de suivi qui en constituent la deuxième phase, jusqu’à ce qu’ils soient mis en liberté ou transférés à un autre établissement. Dans la communauté, ils devraient être orientés vers des formes de traitement qui les aideront à conserver leurs acquis. Beaucoup de bureaux de libération conditionnelle ont négocié des marchés de services avec des organismes qui offrent de tels programmes. De plus, les délinquants qui ont conservé le contact avec leurs propres enfants ou avec les enfants de leur conjointe devraient être incités à participer au Programme d’acquisition des compétences familiales et parentales, qui est animé par des facilitateurs du Programme d’acquisition de compétences psychosociales.

Module 1: Renforcement de la motivation

Séance 1: Orientation
Séance 2 : Comment bâtir de saines relations interpersonnelles
Séance 3 : Introduction à l’analyse coûts-avantages
Séance 4 : Application concrète de l’analyse coûts-avantages et définition des buts personnels
Séance 5 : Assumer la responsabilité de son comportement

Module 2 : Sensibilisation et éducation 

Séance 1: Types de comportements violents et ampleur du problème de la violence familiale
Séance 2 : Abus sexuel, respect sexuel et la Roue de l’égalité
Séance 3 : Les attitudes et les croyances qui sous-tendent la violence familiale
Séance 4 : Deux modèles pour comprendre la voilence familiale: le, Modèle ABC et la prévention des rechutes

Module 3 : Autobiographie

Séance 1: La violence  dans la famille
Séanee 2 : Présentatation des autobiographies

Module 4 : Dimension culturelle (généralités)

Séânce 1 : Messages culturels 1
Séance 2 : Messages culturels 2
Séance 3 : Changement
Séance 4: Culture et relations
Séance 5 : Les rôles de l’homme et de la femme dans une relation : Les effets d’un changement sur la communauté
Séance 6 : Valeurs exemplaires et préservation de la culture

Module 5 : Habiletés cognitives

Séance 1: a) Le modèle de traitement en violence dans les relations de couple ; b) Comment déceler ses pensées nuisibles
Séance 2 : Mettre en question ses pensées nuisibles
Séance 3 : Mettre en question ses pensées nuisibles – Séance pratique
Séance 4 : La résolution de problèmes I
Séance 5 : La résolution de problèmes II 3
Séance 6 : La résolution de problèmes III
Séance 7 : La résolution de problèmes IV – Mise en pratique
Séance 8 : La résolution de problèmes – Mise en pratique
Séance 9 : Se blanchir – Techniques de neutralisation 1
Séance 10 : Techniques de neutralisation

Module 6 : Maîtrise des émotions

Séance 1: Apprendre à reconnaître les émotions clés associées à la violence
Séance 2 : Émotions associées à la violence – suite
Séance 3 : États affectifs qui rendent la maîtrise des émotions plus difficile
Séance 4 : Apprendre à maîtriser ses émotions – Compétences qui aident à combattre le stress
Séance 5 : Autres techniques pour maîtriser ses émotions : Le temps d’arrêt et l’arrêt des pensées
Séance 6 : Comment maîtriser sa jalousie
Séance 7 : Comment maîtriser sa peur et sa dépendance

Module 7: Compétences sociales

Séance 1: Habiletés d’écoute
Séance 2 : Comment réagir aux critiques
Séance 3 : Styles de communication
Séance 4 : Mise en perspective aux fins de communication
Séance 5 : Résolution de conflits : négociation
Séance 6 : Comment réagir à un comportement difficile?
Séance 7 : Comment réagir dans une situation provocante?

Module 8 : Rôle parental

Séance 1: Comprendre les effets de la violence familiale sur les autres
Séance 2 : Remplir son rôle de parent sans violence
Séance 3 : Le partage des responsabilités parentales

Module 9 : Prévention des rechutes – Gestion des risques – Rester sur le droit chemin « à l’extérieur»

Séance 1: Comment modifier les schèmes de comportement violent
Séance 2 : Prévention des rechutes : De quoi s’agit-il?
Séance 3 : Prévention des rechutes : Chaînes comportementales
Séance 4 : Planification de la prévention des rechutes
Séance 5 : Comment faire face aux situations à risque élevé : changement dans les relations
Séance 6: Comment faire face aux situations à risque élevé • 2
Séance 7: Attitudes et émotions dangereuses
Séance 8 : Conséquences d’un mode de vie violent
Séances 9-15 : Présentation des plans de prévention des rechutes

Module 10 : Les relations saines

Séance 1 : Qu’est-ce qu’une relation saine?
Séance 2 : Qu’est-ce qui a changé?
Séance 3 : Révision du programme et tests
Séance 4: Cérémonie de fin de cours et célébration

https://www.securitepublique.gc.ca/lbrr/archives/rc%20569.5.f3%20s74%201999%20f-fra.pdf

si le lien est brisé: programme de traitement intensif de la violence famillial stewart hill 1999.pdf