Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Philippe Bessoles (dir.) , Criminalité et récidive, Évaluation. Clinique. Thérapeutique. Interculturel
« Hors collection Psychologie »

La récidive criminelle au carrefour des épistémologies cliniques, juridiques et médico-légales, Philippe Bessoles
Introduction
L’ouvrage que nous avons le plaisir de diriger s’inscrit dans l’héritage d’une collaboration déjà ancienne avec chacun des universitaires et professionnels de la clinique, du juridique et du médical contribuant à la recherche du phénomène criminel récidivant. Cet ouvrage prolonge une dynamique ancienne de travaux interuniversitaires que le Conseil scientifique de l’université Pierre Mendès France a bien voulu soutenir par le
biais du séminaire transversal sur le thème « Récidive et criminalité » (2005-2006). Ce partenariat fructueux nous a conduit à institutionnaliser ces échanges avec les universités de Nice II Sophia Antipolis (professeur Claude Miollan), Paris VII (professeur Mareike Wolf-Fédida) et Liège en Belgique (professeur Christian Mormont).  Il nous amène depuis quelques années à échanger nos interrogations de travail et à partager certains de nos enseignements. Ainsi, notre partenariat se concrétise depuis trois ans maintenant avec l’échange d’enseignants en clinique expertale entre le DESS d’expertise de l’université de Liège (Belgique) et le master Clinique option victimologie et psychocriminologie de l’université Grenoble II. Il s’ouvre aujourd’hui sur des collaborations internationales en clinique interculturelle et humanitaire en Asie du Sud-Est (Cambodge, Thaïlande, Laos, Viêt-nam, Timor. MM. Grégoire Rochigneux et Pierre Le Roux), Océan Indien (Dr Gilles Beullier. Île de la Réunion), Pacifique Sud (Polynésie, Mme Lucette Taero) et en Amérique latine (OMS. OCHA Mmes Patricia Lavagne et Raquel Zurita, Bolivie et Équateur, professeur D. Maldavsky, Argentine) à propos de la criminalité organisée et le trafic d’êtres humains. Cette collaboration interuniversitaire de recherche s’efforce de coordonner les champs épistémologiques de la clinique, du juridique, du médical, du culturel, de l’humanitaire dans ses capacités à tisser des liens heuristiques pour la connaissance des facteurs et processus criminels récidivants. Elle illustre la volonté des collaborateurs de cet ouvrage
à clarifier et à discuter les référentiels propres à leur champ de recherche dans un souci de lisibilité et de rigueur scientifique.

PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE Criminalité sexuelle et récidive, Philippe BESSOLES

Le degré de dangerosité, particulièrement flou à circonscrire tant sur le plan sémiologique que sur le plan psychopathologique, semble cependant un critère majeur pour les magistrats quand à leurs décisions d’incarcération ou de placement en structure psychiatrique (C.Mormont, 2003). La dangerosité d’une personne semble consister à sa propension à commettre des actes dangereux à l’encontre d’autrui ou de lui même. Certains auteurs ajoutent à cette définition très générique la notion d’imprévisibilité et d’incontrôlabilité (P. Scott 1977, J. A. Monahan 1981, J. A. Monahan et H. J. Steadman, 1994), incluent les menaces sans passages à l’acte (S. A. Shah, 1981, N. Walker, 1996) ou encore l’assimilent simplement à une infraction contre les personnes et les biens (C. Debuys, 1984). Deux pondérations majeures ajoutent à la complexité de la problématique : . Nous savons que les prédictions de dangerosité sont parfaitement aléatoires (C. Montandon, 1979, J. Proulx, 1993, 1996, 1999). Les travaux de J. A. Monahan (rapportés par C. Montandon, 1979 puis par C. Mormont, 2003) « indiquent que les fausses prédictions de dangerosité varient entre 54 et 99 %, que les méthodes de prédiction soient des examens psychiatriques, des tests psychologiques, des indicateurs comportementaux ou des analyses multivariées ». D’autres recherches (V. L. Quincey, 1984, D. A. Crighton, 1997, G. J. Towl et coll., 1997) montrent que « les malades mentaux ne commettent pas plus de faits de violence que la population ordinaire ». La notion de dangerosité n’est pas non plus indépendante des normes et valeurs psycho-sociales et socio-politiques, du caractère surdéterminé de ses actes médico-légaux, de la multiplicité et du caractère composite de sa psycho-genèse,… Comme le souligne C. Mormont (1988, 2003) « la dangerosité peut présenter un caractère immédiat et critique ou être une disposition dont l’actualisation peut survenir même après un long délai ». Il serait hasardeux dans un tel contexte de prédire les risques de récidive d’une criminalité quelle que soit sa qualification et, à partir de là, élaborer des stratégies y compris thérapeutiques sans avoir au préalable clarifier a minima les enjeux à l’œuvre. Sur le plan clinique, les référentiels nosographiques ajoutent à cette complexité. Les notions de « psychopathies », « paraphilies », « états-limites », « perversions », « sujets anti-sociaux », etc. complexifient l’analyse et l’évaluation des risques. Le pronostic s’avère, de fait, dépendre plus d’une probabilité incertaine ou aléatoire. La revue bibliographique montre 12 –que des individus estimés dangereux n’adoptent jamais de conduites délictueuses ni criminelles (« faux positifs ») une fois leur incarcération accomplie ; alors que d’autres (« faux négatifs ») ne présentant pas de facteurs de risques particuliers (qui restent à préciser) commettent des délits dès leur libération.

 http://www.champsocial.com/extrait-Victime-Agresseur_Tome_4,548.pdf?champsocial_panier=c9b67163c523521d436ae24701a8323f

Modèle d’évaluation et de réadaptation des délinquants fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (2007)

big8Résumé
Élaboré dans les années 1980 et présenté officiellement en 1990, le modèle fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité est utilisé avec de plus en plus de succès pour l’évaluation et la réadaptation des criminels, au Canada et partout dans le monde. Comme son nom le sous-entend, ce modèle est fondé sur trois principes :

1) le principe du risque fait valoir que le comportement criminel peut être prédit de manière fiable et que le traitement doit être centré sur les délinquants qui présentent le risque le plus élevé;

2) le principe des besoins fait ressortir l’importance des facteurs criminogènes dans la conception et la prestation du traitement; et

3) le principe de la réceptivité décrit comment le traitement doit être fourni.

Le présent document résume le rôle de ces principes dans l’élaboration des instruments d’évaluation du risque. Il explique également pourquoi certaines interventions donnent de bons résultats et d’autres pas.

http://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/rsk-nd-rspnsvty/rsk-nd-rspnsvty-fra.pdf

Actes de la Conférence nord-américaine de psychologie de la justice pénale et criminelle 2007

TABLE DES MATIÈRES

Section A : Enjeux de la psychologies de la justice pénale et criminelle
Problèmes systémiques et résultats correctionnels : Élargir le champ de la psychologie correctionnelle (C.B. Clements, R. Althouse, R.J. Ax, P.R. Magaletta, T.J. Fagan, & J. S. Wormith)
Élargissement du champ d’application du modèle d’évaluation et de traitement correctionnel fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (RBR) (D.A. Andrews)
Lignes directrices structurées pour l’évaluation de la qualité des études (L. Helmus)
Conflit sexuel et coercition (V. Quinsey)
Section B : Évaluation du risque
Le point sur l’évaluation du risque de violence : Le jugement clinique a-t-il un rôle à jouer? (M. Rice)
Comparaisons entre les sexes fondées sur le Questionnaire d’autoévaluation (QAE) : Un instrument d’évaluation du risque de récidive violente et non violente)
Évaluation de la validité prédictive de l’outil Youth Level of Service/Case Management Inventory (K. Bechtel, C.T. Lowenkamp, & E. Latessa)
Prévision de la récidive chez les délinquants adultes : Étude prospective en quatre phases (S.L. Brown & E. Zamble)
Conversion de l’échelle d’évaluation des besoins des délinquants sexuels en instrument d’autoévaluation (SONAR-SR) (M. Chajewski & K.A. Markus)
Section C : Interventions )
Risque, besoins et réceptivité : méthode heuristique d’évaluation de la qualité des interventions auprès des délinquants (G. Bourgon, R.K. Hanson, & J. Bonta)
Le traitement empire-t-il l’état des psychopathes? Examen méta-analytique (C.L. Tanasichuk & J.S. Wormith)
Méta-analyse éclairée du point de vue de la psychologie des études sur les résultats des traitements donnés aux délinquants sexuels (R.K. Hanson & G. Bourgon)
Le programme d’auto-modification du comportement cognitif du Vermont : argument en faveur d’une classification adaptée aux risques (C.M. Sadler & T.A. Powell)
Prédiction du décrochage des programmes intensifs de traitements des délinquants violents au canada (R. Gobeil & R. Serin)

NACCJPC20Proceedings_Fr_Feb20081.pdf

 

Pierrette PONCELA (2000) Les prisons et la peine

Conférence de l’UTLS

LES PRISONS ET LA PEINE

Le point de départ de notre réflexion sera la flambée d’intérêt pour cette forme de peine que sont les prisons. – Quelle(s) signification(s) peut-on lui donner ? – Est-ce une mise en question du sens de la peine elle-même ? – Sens pour qui ? – Sens par rapport à quoi ? – Est-ce un moment dans l’histoire de la prison, une sorte de crise de transformation de cette forme de peine ?

La réponse à ces questions permettra d’aborder les fondements du droit de punir, d’actualiser la pertinence de l’approche foucaldienne en termes de rationalités punitives et de proposer une réflexion d’ensemble sur le thème de la sanction à inscrire dans une économie politique du droit pénal.

Emission « Le bien commun » avec B. HARCOURT et Gilles Chantraine (01 Avril 2006)

http://www.bernardharcourt.com/audio/04-01-06-le-bien-commun.mp3

 

23 Avril 2008, Emission « le bien commun »

Bernard Harcourt interviewé par Antoine Garapon

La dangerosité, écrivait il y a plus de 25 ans Robert Castel dans un livre prémonitoire intitulé « La gestion des risques » ; la dangerosité, écrivait-il, est cette notion mystérieuse, qualité immanente à un sujet mais dont l’existence reste aléatoire puisque la preuve objective n’en est jamais donnée que dans l’après-coup de sa réalisation. Le diagnostic qui est établi est le résultat d’un calcul de probabilité ; la dangerosité ne résulte pas d’une évaluation clinique personnalisée, mais d’un calcul statistique qui transpose aux comportements humains les méthodes mises au point par l’assurance pour calculer les risques. D’où une nouvelle science (et retenez bien ce mot) : la science actuarielle. Dans le cadre d’une série d’émissions que Le Bien Commun consacre au changement de paradigme pénal actuel qui se manifeste entre autres par la rétention de sûreté, j’ai le plaisir d’accueillir ce matin un des meilleurs spécialistes de cette criminologie actuarielle en la personne de Bernard Harcourt. Bernard Harcourt est professeur à l’Université de Chicago, professeur de sociologie et de criminologie. Il n’est pas juriste — je tiens à le préciser pour nos auditeurs — et, après un certain nombre d’ouvrages dont certains ont été traduits en français, il a publié en 2007 un livre intitulé « Against Prediction. Profiling, Policing and Punishing in an actuarial Age ». Bernard Harcourt, bonjour. Est-ce que vous pourriez résumer pour un auditeur français à qui ce mot est un petit peu étranger en quoi consiste, et surtout comment est née cette idée d’une criminologie actuarielle ?

http://www.bernardharcourt.com/audio/apr-08-biencommun.mp3