Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

FRANCE CULTURE (20 avril 2009) Emission « La fabrique de l’histoire », Michel Vaujour, série « Une semaine à fleury-Mérogis »

Michel VAUJOUR, ancien braqueur, aujourd’hui scénariste, dans le documentaire « Ne me libérez pas je m’en charge », de Fabienne Godet, revient sur son parcours.

FRANCE CULTURE (21/04/2009) Michel Foucault et les historiens dans l’impensable de la prison, Emission LA FABRIQUE DE L’HISTOIRE

FRANCE CULTURE (21 avril 2009) Emission « La fabrique de l’histoire », les prisons pour enfants, série « Une semaine à fleury-Mérogis »

FRANCE CULTURE (22 avril 2009) Emission « La fabrique de l’histoire », Episode « Ras les murs », série « Une semaine à fleury-Mérogis »

Extraits et dialogue avec Jacques et Nicole Lesage de La Haye autour de « Ras les murs », émission emblématique de Radio Libertaire sur le monde carcéral, créée il y a très exactement 20 ans.

FRANCE CULTURE (22&23 avril 2009) Emission « Sur les docks », Une semaine à fleury-Mérogis

 » Nous avons pu exceptionnellement procéder, dans une volonté affichée de transparence, à une série d’enregistrements pendant une semaine. Ces reportages relaieront la parole des détenus et des membres de l’Administration pénitentiaire (surveillants et travailleurs sociaux), sur les trois sites bien distincts que comprend sur un terrain de cent quatre-vingt hectares à douze kilomètres d’Evry (Essonne) cette prison, mastodonte pénitentiaire. Nous les commenterons en direct du local de l’atelier radio situé dans l’aile rénovée de Fleury-Merogis (la tripale D2 inaugurée par Rachida Dati le 27 octobre 2008) avec pour chacune des émissions un invité en direct associé à la vie de cet établissement. Puis, nous passerons le relais à « Du grain à moudre » ».

FRANCE CULTURE (25 avril 2009) Emission « Le magazine de la rédaction », Récit de la prise d’otage du psychologue de Fleury-mérogis (en 2008)

«Un lundi banal, commence Vivien Lhermitte. Une succession d’entretiens et, à 11 heures, Florent Bianchi.» Spécialiste de l’opéra – il coache des ténors -, Vivien Lhermitte anime à Fleury un atelier de musicothérapie. «Ce jour-là, j’ai eu l’impression que Florent Bianchi n’était pas vraiment présent. Il m’avait habitué à mieux. Malgré sa carapace de «dur», il savait exprimer de très belles émotions avec la musique.» 11 heures 30, l’atelier se termine. Le psy et le détenu sortent du bureau. Brusquement, Bianchi se retourne. «Il m’a dit: je peux pas rentrer en cellule, je vais péter les plombs. Il m’a saisi à la gorge: je vous prends en otage.»

Petit focus, dans l’excellent ouvrage de P Van Voorhis et E Salisbury (2022), sur certaines limites auxquelles les professionnels peuvent être confrontés.

EXIGENCES CONTEXTUELLES
« L’environnement correctionnel lui-même est à l’origine d’une foule de questions et d’exigences. Le conseiller y est confronté régulièrement et son travail en est d’autant plus difficile et stressant. La capacité du conseiller à négocier efficacement ces exigences déterminera, dans une large mesure, sa susceptibilité à l’épuisement professionnel qui affecte si souvent les professionnels de l’aide. Plusieurs des exigences contextuelles les plus importantes sont examinées dans cette section.

Travailler dans un environnement bureaucratique
Une prison est l’exemple même de la bureaucratie. C’est une organisation dominée par les règles et la paperasserie, qui ignore souvent les individus au profit des procédures  (Pollock, 1998). En outre, les établissements pénitentiaires adhèrent à un style de gestion paramilitaire avec une chaîne de commandement verticale (Elliott & Verdeyen, 2002). De toute évidence, certaines personnes se sentent plus à l’aise que d’autres dans une telle structure et s’y adaptent plus facilement. Les professionnels du traitement correctionnel peuvent notamment avoir du mal à faire face à la régimentation et à la rigidité si endémiques au fonctionnement des prisons. Les conseillers qui tentent de « contourner le système » se heurtent au proverbial mur de briques et finissent par être frustrés, désillusionnés et peu ou pas utiles aux délinquants. Les conseillers qui, en revanche, consacrent leur temps et leur énergie à se faire une place au sein de la bureaucratie deviendront des membres précieux de l' »équipe » correctionnelle.

Gérer l’excès de paperasserie
Le dossier écrit est l’élément le plus important du système de justice pénale. Quelle que soit l’importance de l’événement, tout ce qui est fait pour, par ou à un délinquant trouve son origine ou son aboutissement dans un rapport ou un dossier correctionnel (Schrink, 1976). La nature et la fonction exactes des rapports et des dossiers, ainsi que le type de personne chargée de les élaborer et de les tenir à jour, varient quelque peu en fonction de l’étape du système de justice pénale concernée. Au niveau correctionnel, c’est le conseiller qui est le plus responsable de la collecte des informations et de la rédaction des rapports. Plusieurs types de dossiers et de rapports différents doivent être élaborés périodiquement pour chaque délinquant. En raison du grand nombre de détenus dans un cas typique, la paperasserie qui en résulte peut souvent être énorme. Le temps consacré à la paperasserie réduit les possibilités pour le conseiller d’interagir avec le client. Malheureusement, certains conseillers inefficaces ont appris à se cacher derrière cette paperasse. Une évolution positive qui peut aider le conseiller correctionnel à mieux gérer la paperasserie est la disponibilité croissante d’ordinateurs personnels et de logiciels relativement bon marché.

Gestion d’un grand nombre de dossiers
Les conseillers doivent souvent s’occuper d’une centaine de détenus. L’ampleur de la charge de travail est encore aggravée par le fait qu’il y a généralement une rotation assez rapide des détenus qui en font partie. Si le séjour moyen d’un détenu dans un établissement est de deux ans et qu’un conseiller a une charge de travail de 125 détenus, il se peut qu’il ne connaisse jamais vraiment l’un d’entre eux avant sa sortie.
Non seulement la charge de travail est importante, mais elle est également très variée. Le conseiller doit accepter tous les détenus qui lui sont assignés, et il existe peu de possibilités de développer une clientèle spécialisée. Souvent, les détenus ont peu de choses en commun, si ce n’est qu’ils ont été reconnus coupables d’un crime et condamnés à un établissement ou à un programme correctionnel. Il n’est pas rare qu’un conseiller d’un établissement hébergeant des délinquants adultes ait à sa charge des détenus qui ont été condamnés pour meurtre, vol, viol, pédophilie, conduite en état d’ivresse, ivresse publique, et bien d’autres délits encore.
Sous une telle pression, le conseiller correctionnel peut être tenté de se concentrer sur les détenus avec lesquels il aime interagir plutôt que sur ceux qui ont le plus besoin d’aide. Les délinquants doivent être vus parce qu’ils ont besoin d’être vus, et non parce qu’ils veulent organiser leur temps libre en fonction du conseiller. De même, ils ne doivent pas être vus uniquement parce que le conseiller aime interagir avec eux et qu’il est capable de rationaliser le fait qu’il ne peut de toute façon pas aider tous les détenus dont il s’occupe.

Répondre à l’asymétrie raciale et ethnique
Aujourd’hui, plus de 60 % des détenus sont noirs ou hispaniques, et rien n’indique que cette asymétrie raciale et ethnique va diminuer de sitôt. Les conseillers correctionnels, comme la plupart des gens, ont tendance à recourir à l’ethnocentrisme lorsqu’ils ont affaire à des personnes différentes d’eux. L’ethnocentrisme consiste à juger les autres sur la base de ses propres croyances plutôt que sur celles des autres. L’ethnocentrisme est étroitement lié à la tendance humaine trop courante à stéréotyper les autres, c’est-à-dire à juger les gens sur la base de caractéristiques de groupe supposées plutôt que de les voir et de réagir à leur égard en tant qu’individus. De toute évidence, l’ethnocentrisme et les stéréotypes sont synonymes d’échec dans un établissement pénitentiaire.
Le conseiller correctionnel peut éviter bon nombre des problèmes liés à l’ethnocentrisme et aux stéréotypes s’il adopte une approche plus sensible à la race et à l’ethnie. Une telle approche est souvent qualifiée de counseling  » interculturel  » ou multiculturel (Dillard, 1987). Plus précisément, les conseillers correctionnels doivent essayer d’élargir et d’approfondir leurs connaissances et leur compréhension des groupes raciaux et ethniques diversifiés afin de pouvoir comprendre d’où viennent ces personnes et de commencer à les voir comme des individus plutôt que comme un groupe plus large. L’ACA a également choisi de s’attaquer à l’ethnocentrisme en modifiant les sections existantes du code de déontologie afin de mieux comprendre les problèmes particuliers associés au conseil multiculturel (ACA, 2005).

Travailler avec des délinquants ayant des besoins particuliers
Les conseillers correctionnels novices sont souvent surpris de constater que leur charge de travail se compose de délinquants souffrant de maladies mentales graves, de troubles du développement et de problèmes de toxicomanie. De plus en plus, ces « délinquants à besoins spéciaux » se retrouvent dans les populations carcérales et présentent des besoins de traitement et des défis uniques pour les conseillers. Les conseillers qui travaillent avec des femmes délinquantes seront confrontés à des exigences supplémentaires, car ces délinquantes présentent souvent une variété de problèmes familiaux et sociaux, y compris leurs relations avec leurs enfants et des antécédents d’abus physiques ou sexuels. L’une des sous-populations qui a connu la croissance la plus rapide depuis les années 1960 est celle des délinquants souffrant de maladies mentales. En 1998, on estimait à près de 300 000 le nombre de détenus souffrant de maladies mentales.
mentaux étaient hébergés dans les prisons et les centres pénitentiaires, ce qui représentait 15 % de la population carcérale (Schwartz, 2003). Les institutions correctionnelles ont souvent eu du mal à répondre aux besoins de ce groupe. En 1991, on estimait que seulement 50 % des personnes souffrant d’une maladie mentale grave et 25 % de celles souffrant d’une maladie mentale modérée dans les prisons américaines recevaient un niveau de soins approprié (Schwartz, 2003).
Un autre groupe important de détenus particulièrement vulnérables aux abus dans les prisons est celui des personnes souffrant de troubles du développement. Les détenus souffrant d’un retard mental ou d’autres déficiences cognitives peuvent être des cibles tentantes pour les abus physiques ou sexuels. En outre, le premier auteur a observé que ces personnes sont souvent enrôlées par d’autres détenus pour aider à commettre des crimes au sein de l’institution. Elles peuvent également avouer des infractions dont elles ne sont pas coupables.
Sur les 1,3 million de prisonniers incarcérés dans les établissements pénitentiaires américains, 21 % des prisonniers d’État, 57 % des détenus fédéraux et 21 % des détenus de prison sont incarcérés pour des délits liés à la drogue (Bureau of Justice Statistics, 2006a).
En outre, de nombreux liens ont été établis entre l’abus de substances et le comportement criminel (Walters, 1998). Les toxicomanes font état d’une activité criminelle beaucoup plus importante et ont des casiers judiciaires plus chargés que les non-consommateurs, tandis que les personnes ayant des antécédents criminels plus importants sont plus susceptibles de faire état d’un abus de substances antérieur (Peters & Matthews, 2003). Compte tenu de l’ampleur des problèmes d’abus de substances chez les détenus, les conseillers correctionnels devraient considérer le traitement de l’abus de substances comme un élément essentiel des services de counseling offerts à la population carcérale.
population carcérale. Walters (1998) propose des lignes directrices complètes et spécifiques pour la construction et la mise en œuvre d’un traitement efficace de l’abus de substances.

L’une des conclusions les plus largement acceptées dans la recherche criminologique est que les hommes sont arrêtés à un taux plus élevé que les femmes (Holtfreter, Reisig, & Morash, 2004). Bien que l’écart entre les sexes reste important, il s’est réduit au cours des trois dernières décennies (Pollock, 1998). Les délinquantes sont beaucoup plus susceptibles de demander des services de conseil, bien qu’elles ne soient pas plus motivées par un changement sincère que leurs homologues masculins (Elliott & Verdeyen, 2002). En outre, les délinquantes recherchent activement des services de conseil pour aborder les questions d’abus sexuels/physiques antérieurs et de séparation d’avec leurs enfants (Hislop, 2001). Par conséquent, le conseiller correctionnel qui travaille dans une prison pour femmes devra fournir une variété de services de conseil à une partie importante de la population.

Fournir des services d’intervention en cas de crise
Conseiller des délinquants incarcérés ayant des tendances criminelles profondément ancrées est une tâche ardue, et un véritable changement cognitif et comportemental peut s’avérer impossible dans de nombreux cas (Harris, 1995). En effet, la pathologie du délinquant typique est considérée par certains comme non modifiable (McMackin, Tansi, & LaFratta, 2004). Par conséquent, le travail avec ces délinquants, en particulier dans les institutions, se résume souvent à une intervention en cas de crise, c’est-à-dire à aider les détenus à gérer les crises naissantes.
Les établissements correctionnels sont incontestablement des environnements stressants et les délinquants doivent faire face à toute une série de problèmes résultant de l’incarcération. Il s’agit notamment, mais pas exclusivement, de la séparation d’avec les membres de la famille, de l’imposition d’une structure dans la vie d’une personne, de la perte des stratégies d’adaptation antérieures (par exemple, la consommation d’alcool et de drogues) et de la peur de l’environnement carcéral lui-même (par exemple, la violence physique ou sexuelle) (Morgan, 2003). Certains délinquants s’épanouissent dans la structure environnementale et le « code du détenu » (c’est-à-dire les règles de conduite non écrites) (Elliott & Verdeyen, 2002). Beaucoup s’adaptent simplement et se fondent dans l’environnement, tandis que d’autres éprouvent d’importantes difficultés d’adaptation et une détresse intérieure. En conséquence, des services d’intervention en cas de crise et des services de conseil de soutien de courte durée sont nécessaires pour aider ce dernier groupe à s’adapter à sa nouvelle vie de détenu.
Les difficultés d’adaptation ne se limitent évidemment pas aux détenus nouvellement incarcérés ; au contraire, l’anxiété et le stress chroniques sont des sous-produits inévitables de l’incarcération (Morgan, 2003). Les délinquants condamnés à des peines de courte ou de longue durée sont confrontés à divers facteurs de stress et à des problèmes de vie qu’ils doivent gérer.
Par exemple, il n’est pas rare que les membres de la famille ou les proches cessent de communiquer avec les délinquants, privant ainsi ces derniers d’une précieuse source de soutien social (Lynch & Sabol, 2001). Même les délinquants proches de leur libération éprouvent de l’appréhension et de l’anxiété, ce que l’on appelle « se mettre à l’abri ». Des questions telles que la reprise de contact avec les membres de la famille, la recherche d’un emploi et l’évitement d’un comportement criminel deviennent les principaux sujets de préoccupation.
Le conseiller correctionnel sera, à un moment ou à un autre de sa carrière, appelé à fournir des services de soutien en cas de crise à des détenus suicidaires. Le suicide est la première cause de décès dans les centres de détention et les prisons, et la deuxième cause de décès dans les prisons (Morgan, 2003). Il est donc nécessaire que les conseillers connaissent parfaitement les facteurs de risque démographiques, historiques, situationnels et psychologiques du suicide (White, 1999). En outre, le conseiller devra être prêt à fournir des services de soutien aux délinquants ayant des besoins particuliers, dont il a été question dans une sous-section précédente. Enfin, le conseiller correctionnel devra sans aucun doute amené à offrir des services de soutien aux délinquants qui sont victimes d’abus physiques ou sexuels de la part de détenus prédateurs.

Survivre à la brutalité de l’environnement carcéral
Il est évident que les prisons sont des environnements brutaux. Les agents pénitentiaires assistent à des manifestations de violence de la part des détenus, reçoivent des insultes et des menaces de la part des délinquants et observent ou, si nécessaire, participent à l’application de la force physique pour maîtriser un détenu perturbateur. Une telle exposition à la violence et à l’agression peut être une pilule amère à avaler pour de nombreux conseillers ; après tout, beaucoup entrent dans le secteur correctionnel pour « aider » les délinquants et « trouver ce qu’il y a de bon » en eux. Cependant, presque tous ceux qui ont fait carrière dans le milieu correctionnel ont connu un processus de « normalisation » (Welo, 2001) qui peut atténuer le choc, le dégoût, la peur et la colère ressentis après avoir été témoins de violence et d’autres comportements antisociaux. Malheureusement, les conseillers correctionnels sont encore  confrontés à la violence et à la destruction perpétrées par les délinquants. On attend des conseillers qu’ils se familiarisent avec les rapports d’enquête et autres documents concernant les délinquants qui leur sont confiés. Ces rapports regorgent d' »histoires d’horreur sur les crimes [des délinquants], les déclarations des victimes, l’angoisse des membres de leur famille et [leur] degré de criminalité » (Welo, 2001, p. 166). L’exposition répétée aux récits de la douleur et de la misère causées par les délinquants peut conduire au cynisme, à la désillusion et, en fin de compte, à l’épuisement professionnel (Elliott & Verdeyen, 2002).

 

CONSIDÉRATIONS FINALES
Ce chapitre a été consacré à l’exploration des défis nombreux et diversifiés auxquels est confronté le conseiller correctionnel. Nous espérons que le lecteur a maintenant une bonne compréhension des complexités inhérentes à l’élaboration de stratégies de conseil efficaces auprès d’une population hostile et résistante, à la résolution des divers dilemmes éthiques endémiques au conseil dans un établissement correctionnel et à la négociation des exigences contextuelles uniques du conseil en milieu carcéral. Toutefois, cette discussion serait incomplète si l’on n’abordait pas la question de la prévention de l’épuisement professionnel.
Dans un effort concerté pour aider le conseiller correctionnel à ne pas succomber à l’épuisement professionnel et à ses conséquences physiques et émotionnelles délétères, Elliott et Verdeyen (2002) ont proposé 10 stratégies de prévention de l’épuisement professionnel et de satisfaction professionnelle. Ces stratégies, appelées « Les dix commandements pour le personnel pénitentiaire », sont énumérées dans la figure suivante:

Dix commandements pour le personnel pénitentiaire. Elliott & Verdeyen, 2002.
1. Rentrer chez soi sain et sauf à la fin de la journée
2. Établir des attentes réalistes (pour soi-même, les délinquants et les autres membres du personnel).
3. Fixer des limites fermes et cohérentes.
4. Éviter les luttes de pouvoir.
5. Gérer les limites interpersonnelles.
6. Ne pas prendre les choses personnellement.
7. S’efforcer d’adopter une attitude de scepticisme sain.
8. Ne vous battez pas contre la bureaucratie.
9. Demandez de l’aide (à vos supérieurs et à vos collègues).
10. N’emportez pas votre travail chez vous.

Enfin, les auteurs de ce chapitre recommandent au conseiller correctionnel de faire de son mieux pour conserver et exercer un bon sens de l’humour. e Même l’humour dit « de mauvais goût » peut être un moyen efficace de se distancier des situations choquantes, dégoûtantes ou dangereuses, et d’éviter des réactions émotionnelles et comportementales injustifiées à de telles situations (Kauffman, 1988). De même, l’un des meilleurs moyens de faire face à la tromperie et à la manipulation de l’agresseur est de réfléchir aux leçons à tirer d’une telle victimisation, de rire de soi et de passer à autre chose (Elliott & Verdeyen, 2002). »

Tour d’horizon de la recherche : Les effets positifs des contacts familiaux pour les personnes incarcérées et leurs familles

Les recherches sont claires : les visites, le courrier, le téléphone et les autres formes de contact entre les personnes incarcérées et leurs familles ont des effets positifs pour tous, notamment une meilleure santé, une réduction de la récidive et des progrès à l’école. Voici un résumé de plus de 50 ans d’études empiriques, et un rappel que les prisons et les établissements pénitentiaires se contentent souvent d’un intérêt de pure forme pour les avantages des contacts familiaux.

par Leah Wang, 21 décembre 2021

Research roundup: The positive impacts of family contact for incarcerated people and their families | Prison Policy Initiative

Article traduit en pdf: Tour d’horizon de la recherche _ Les effets positifs des contacts familiaux pour les personnes incarcérées et leurs familles

Pour les personnes incarcérées et leurs familles, il est évident que rester en contact par tous les moyens nécessaires – principalement par des visites, des appels téléphoniques et du courrier – est extrêmement important et bénéfique pour toutes les personnes concernées. Or, les prisons sont connues pour rendre la communication difficile, voire impossible. Les gens sont incarcérés loin de chez eux et l’accès aux visites est limité, les appels téléphoniques coûtent cher et sont parfois supprimés en guise de punition, le courrier est censuré et retardé, et les appels vidéo et les technologies émergentes sont trop souvent utilisés comme un substitut coûteux (et de qualité inférieure) aux visites en personne.

Les obstacles aux contacts familiaux imposés par les prisons et les établissements pénitentiaires vont à l’encontre de décennies de recherches en sciences sociales montrant des liens entre les contacts familiaux et les résultats, notamment le comportement en prison, les mesures de santé et la récidive après la libération. Les défenseurs et les familles qui luttent pour une communication meilleure et plus facile derrière les barreaux peuvent se tourner vers cette recherche, qui démontre qu’encourager les contacts familiaux n’est pas seulement humain, mais contribue à la sécurité publique.

Les visites sont incroyablement bénéfiques : elles réduisent la récidive et améliorent la santé et le comportement des détenus

Les effets positifs des visites sont bien connus depuis des décennies, en particulier lorsqu’il s’agit de réduire la récidive. Une étude de 1972 sur les visites, qui a suivi 843 personnes en liberté conditionnelle dans des prisons californiennes, a révélé que les personnes qui n’avaient reçu aucune visite pendant leur incarcération avaient six fois plus de risques d’être réincarcérées que celles qui avaient reçu trois visiteurs ou plus. Quelques années plus tard, des chercheurs ont obtenu des résultats similaires dans le cadre d’une étude portant sur des personnes libérées sur parole de la prison d’État d’Hawaï.

Depuis les années 1970, les preuves en faveur des visites dans les prisons n’ont cessé de s’étoffer. En 2008, des chercheurs ont constaté que parmi 7 000 personnes libérées des prisons d’État de Floride, chaque visite supplémentaire reçue pendant l’incarcération réduisait de 3,8 % le risque de récidive après deux ans (dans cette étude, la récidive était définie comme une nouvelle condamnation). Quelques années plus tard, les résultats obtenus dans le Minnesota étaient similaires : Le fait de recevoir une visite par mois était associé à une diminution de 0,9 % du risque de réincarcération ; mieux encore, chaque visiteur unique d’une personne incarcérée réduisait le risque de nouvelle condamnation de 3 %[1].  Parmi les personnes qui ont reçu des visites pendant leur incarcération, les re-condamnations pour crime ont diminué de 13 % et les révocations pour violation technique de la liberté conditionnelle ont diminué de 25 % par rapport aux personnes qui n’ont pas reçu de visites.

Les visites sont également liées au respect des règles de la prison. En 2019, un chercheur de l’Iowa a constaté que l’inconduite en prison (mesurée par les citations officielles) était réduite chez les personnes qui recevaient des visites dans les prisons de l’État de l’Iowa. Sur la base de ces résultats, une visite supplémentaire par mois réduirait la mauvaise conduite de 14 % supplémentaires. « Probablement en conséquence directe de la réduction des mauvaises conduites », note l’auteur de l’étude, « une augmentation similaire des visites réduirait également la durée de détention de 11 % ».

Ces résultats s’ajoutent à ceux d’autres études récentes établissant un lien entre les visites et la réduction des comportements répréhensibles dans les prisons. Le moment choisi pour les visites peut avoir son importance, car les « privilèges » de visite peuvent rapidement être supprimés en tant que punition cruelle : Selon une étude, la mauvaise conduite tend à diminuer dans les trois semaines précédant une visite. Cela peut expliquer pourquoi des visites plus fréquentes conduisent à un bon comportement plus constant, à de meilleurs résultats globaux et à la réussite après la libération. Les familles qui rendent visite, ont conclu Holt et Miller dans l’étude californienne, sont un « agent thérapeutique de premier ordre » pour les personnes incarcérées[2].

La recherche a également montré que les visites sont liées à une meilleure santé mentale, notamment à une réduction des symptômes dépressifs – une intervention importante dans l’expérience isolée et stressante de l’incarcération. Pourtant, même avant que la pandémie ne mette un terme aux visites, et malgré ces avantages connus, les établissements pénitentiaires les ont rendues difficiles en raison de l’éloignement des lieux, de politiques sévères et d’incitations financières visant à remplacer les visites par des appels vidéo de qualité inférieure.

 

 Les appels téléphoniques réguliers à la famille améliorent les relations

Les appels téléphoniques ont tendance à être plus fréquents que les visites en personne, car ils impliquent moins d’obstacles logistiques. En fait, les principales études que nous avons trouvées révèlent que 80 % ou plus des personnes interrogées utilisent les appels téléphoniques pour contacter leur famille, bien plus que le nombre de personnes qui reçoivent des visites, et parfois plus que celles qui utilisent le courrier pour rester en contact[3].  Comme pour les visites, il a été démontré que les appels téléphoniques de la famille réduisent la probabilité de récidive ; des appels téléphoniques plus cohérents et/ou plus fréquents sont liés aux plus faibles probabilités de retour en prison.

Une étude réalisée en 2014 sur des femmes incarcérées a révélé que celles qui avaient un contact téléphonique avec un membre de leur famille étaient moins susceptibles d’être réincarcérées dans les cinq ans suivant leur libération. En fait, les contacts téléphoniques ont eu un effet plus important sur la récidive que les visites, qui ont également été examinées dans le cadre de l’étude.

Bien entendu, la réduction de la récidive n’est pas le seul avantage. Une enquête menée en 2020 auprès de parents incarcérés a montré que les relations parents-enfants s’amélioraient lorsqu’ils avaient des appels téléphoniques fréquents (hebdomadaires).

Ces résultats positifs ne sont pas passés inaperçus aux yeux des hauts responsables politiques : « Une communication significative au-delà des murs de la prison contribue à promouvoir la réinsertion et à réduire la récidive », a expliqué Mignon Clyburn de la Commission fédérale des communications (FCC) dans une déclaration de 2015 sur le coût élevé des appels téléphoniques. « Dans une nation aussi grande que la nôtre, il n’y a aucune raison légitime pour que quelqu’un d’autre soit à nouveau contraint de faire ces niveaux de sacrifices, pour rester connecté[4]. »

Compte tenu de la fréquence et de l’importance des appels téléphoniques depuis les prisons, leur coût prohibitif dans de nombreuses juridictions et la perte des « privilèges » téléphoniques en tant que punition sont à la fois inhumains et contre-productifs.

 

La correspondance postale est une bouée de sauvetage, et la supprimer ne fait que blesser les familles

Le sentiment de satisfaction que procure la réception d’un courrier personnel, la possibilité d’écrire et de lire (et relire) le courrier à son propre rythme et le coût relativement faible d’une lettre en font un mode de communication très pratique et apprécié, universel tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la prison. Et bien que le courrier en prison n’ait pas occupé une place centrale dans la littérature académique, certaines des études mentionnées plus haut ont examiné le contact par courrier dans le cadre de leurs méthodes, constatant qu’il contribuait à l’attachement parent-enfant et à la qualité de la relation.

Les lettres personnelles sont un mode de communication très pratique et apprécié des personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la prison, mais le courrier est un autre exemple de service dont les avantages deviennent évidents lorsqu’il est attaqué. En 2007, le shérif du comté de Maricopa (Arizona), Joe Arpaio, dont la cruauté est notoire, a instauré une politique de « uniquement des cartes postales » dans la prison du comté, suivie par les shérifs d’au moins 14 États. Ces politiques de cartes postales uniquement limitent considérablement la capacité des parents et des enfants à rester en contact. Une étude sur les parents incarcérés en Arizona a cité le courrier comme le mode de communication le plus courant avec leurs enfants, et ceux qui ont utilisé le courrier ont fait état d’une amélioration de leurs relations avec leurs enfants par rapport à l’année précédant leur incarcération. Les cartes postales modifient également l’argument économique en faveur de la correspondance postale : Avec le peu d’espace physique disponible pour écrire, nous avons constaté que la transmission d’informations sur une carte postale est environ 34 fois plus coûteuse que dans une lettre.

 

Ces dernières années, d’autres systèmes correctionnels ont adopté une autre politique de restriction du courrier que les défenseurs des droits de l’homme savent néfaste : L’entreprise de télécommunications Smart Communications a créé « MailGuard », un service de numérisation du courrier commercialisé en réponse aux allégations (exagérées) d’introduction de produits de contrebande dans les prisons par le biais du courrier. Les scans de lettres et de photographies effectués par MailGuard sont généralement de mauvaise qualité, et la vie privée est clairement violée lorsque le courrier est ouvert et scanné. Nous avons critiqué cette pratique et maintenons que la numérisation du courrier est un mauvais substitut à une véritable correspondance postale[5].

 

Les appels vidéo et les technologies émergentes pourraient améliorer les contacts avec les détenus si leur coût n’était pas prohibitif

Parfois appelé « visite vidéo », l’appel vidéo depuis les prisons et les centres pénitentiaires permet aux familles de se connecter virtuellement. Utilisés efficacement en complément, les appels vidéo pourraient contribuer à éliminer un grand nombre d’obstacles aux visites en personne. Cependant, nous avons affirmé à maintes reprises que ces appels ne parviennent pas à reproduire l’expérience psychologique – et donc les avantages – des visites en personne, et qu’ils ne devraient jamais être utilisés pour les remplacer. Une enquête réalisée en 2014 a révélé que les personnes incarcérées dans l’État de Washington étaient heureuses que les appels vidéo permettent à leur famille de les voir, mais qu’elles étaient extrêmement frustrées par le coût et les défis techniques importants du logiciel. Les appels vidéo sont une « épée à double tranchant » qui fournit un service médiocre tout en remplissant les poches des entreprises privées.

La plupart des défenseurs et des groupes (y compris l’American Correctional Association) s’accordent à dire que les appels vidéo ne devraient que compléter les visites en personne, et non les remplacer entièrement. (En termes de sécurité, l’argument selon lequel la plupart des produits de contrebande sont introduits dans les prisons par le biais des visites est un mythe que nous avons démenti).

En fait, la suppression des visites peut rendre les prisons moins sûres. Par exemple, lorsque les visites en personne ont été interdites à la prison du comté de Knox, dans le Tennessee, au profit de visites uniquement par vidéo, les personnes incarcérées ont perdu la possibilité d’entretenir des relations sociales saines. En conséquence, les agressions entre personnes incarcérées et les agressions contre le personnel ont augmenté dans les mois qui ont suivi l’interdiction des visites. Les données montrent également que, comme dans l’étude de l’Iowa mentionnée plus haut, les infractions disciplinaires dans la prison ont augmenté après l’interdiction.

Le taux d’agressions a augmenté après la suppression des visites en personne dans le comté de Knox (Tennessee) Bien que le bureau du shérif du comté de Knox (Tennessee) ait affirmé que les visites uniquement par vidéo seraient plus sûres, les données suggèrent le contraire : Le remplacement des visites familiales par des appels vidéo au centre de détention du comté de Knox a entraîné une augmentation des agressions entre personnes incarcérées et contre le personnel. En outre, le taux de contrebande signalée n’a pas diminué et le nombre d’infractions disciplinaires a augmenté. Voir d’autres résultats dévastateurs compilés par la coalition Face to Face Knox.

 

La recherche sur le comté de Knox n’est pas une découverte isolée : Dans le comté de Travis, au Texas, une escalade de la violence et de la contrebande a été observée après que la prison a cessé d’offrir des appels vidéo et des visites pendant quelques années pour interdire complètement les visites en personne. Ce changement a également réduit l’ensemble des contacts familiaux : Le nombre d’appels vidéo a chuté de façon spectaculaire par rapport au nombre moyen de visites en personne qui avaient eu lieu dans la prison avant le changement de politique. Il s’avère que la disponibilité des visites en personne et des appels vidéo a en fait augmenté le nombre moyen de visites mensuelles en personne. Et, sans surprise, les visiteurs interrogés ont massivement préféré les visites en personne aux appels vidéo. En 2015, le bureau du shérif du comté de Travis a rétabli les visites en personne.

 

Les technologies telles que les appels vidéo (et la messagerie électronique) ont le potentiel d’améliorer la qualité de vie des personnes incarcérées et d’aider les administrateurs des établissements pénitentiaires à gérer des installations plus sûres et plus humaines. De nouvelles recherches suggèrent que les appels vidéo pourraient même contribuer à réduire la récidive (mais uniquement lorsqu’ils complètent les visites en personne). Malheureusement, la promesse de ces nouveaux services est souvent tempérée par une volonté acharnée de transformer les personnes incarcérées et leurs familles en sources de revenus.

Les familles subissent d’énormes difficultés en raison de l’incarcération, mais le fait de rester en contact peut atténuer les effets négatifs.

De nombreuses études présentées ici ont mis l’accent sur les avantages des contacts familiaux pour les personnes incarcérées. Mais qu’en est-il de leurs familles ? Le temps passé à leur rendre visite, à leur écrire ou à leur téléphoner leur est-il bénéfique ? La recherche montre que oui, les contacts familiaux soulagent également la famille d’une personne incarcérée. C’est important, car le simple fait d’avoir un proche incarcéré est synonyme de mauvaise santé et d’une durée de vie plus courte. En particulier, les enfants – les « victimes cachées » de l’incarcération – sont plus exposés aux problèmes de santé mentale et aux troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives, et leurs résultats intellectuels sont moins bons que ceux des enfants dont aucun membre de la famille n’est incarcéré. (Les jeunes peuvent eux-mêmes être enfermés dans des centres de détention, ce qui transforme les parents en visiteurs ; à l’instar de la recherche explorée précédemment, les visites des jeunes enfermés se sont révélées remarquablement bénéfiques.[6]  )

La recherche suggère que les familles qui ont rendu visite à un proche pendant son incarcération présentent de meilleures mesures de santé mentale et ont une plus grande probabilité de rester ensemble après leur libération. Et une étude de 1977, expliquée dans une revue plus large de la recherche sur les contacts familiaux, a montré que les enfants qui avaient eu un comportement inquiétant lors de l’incarcération de leur père se comportaient mieux après avoir rendu visite à leur père.

Le R Street Institute résume bien la situation : Des relations familiales positives peuvent favoriser la santé psychologique et physiologique des personnes incarcérées et de leurs proches, à un moment où la santé de chacun se détériore. Lorsqu’elles sont bien menées, les visites peuvent soulager l’anxiété des enfants et atténuer certaines des conséquences de relations interpersonnelles tendues. S’occuper des familles pendant cette période critique permet tout simplement de rendre les communautés plus saines.

 

Rendre les contacts familiaux facilement accessibles devrait être une évidence pour les prisons et les établissements pénitentiaires

Bien entendu, il n’est presque jamais facile de rester en contact avec une personne incarcérée. La famille peut être confrontée à une grande détresse et à des tensions lorsqu’elle doit assumer son rôle, et l’irrégularité du calendrier et de la fréquence des contacts peut être déstabilisante pour une personne dont l’incarcération est trop prévisible et fastidieuse, alors que la vie à l’extérieur peut être tout sauf cela.

Pourtant, les recherches universitaires sont unanimes : les contacts familiaux pendant l’incarcération apportent d’immenses avantages, tant pendant l’incarcération que pendant la période de réinsertion. Les prisons et les établissements pénitentiaires devraient mettre à disposition tous les types de contacts familiaux de manière sûre et équitable, et mettre fin à la pratique consistant à supprimer les contacts en guise de punition pour violation des règles. Et comme l’accès aux visites n’est pas garanti à mesure que la pandémie progresse, les familles et les personnes incarcérées devraient bénéficier de plus de temps de téléphone et de vidéo, de moins de frais et de meilleures options de courrier afin de préserver les liens familiaux et les avantages cruciaux qui découlent des contacts familiaux.

Nous avons rassemblé ci-dessous, sous forme de bibliographie pour nos lecteurs, l’ensemble des travaux de recherche dont il est question et dont les liens figurent ci-dessus. Pour en savoir plus sur les restrictions nuisibles à la communication entre les personnes incarcérées et leurs proches, consultez nos ressources sur les visites et nos campagnes de lutte pour la justice en matière de téléphone, de courrier et de visites.

 

Bibliographie

Adams, D. & J. Fischer (1976). The effects of prison residents’ community contacts on recidivism rates Paywall :(. Corrective & Social Psychiatry & Journal of Behavior Technology, Methods & Therapy, 22(4): 21-27.

Agudelo, S.V. (2013). The Impact of Family Visitation on Incarcerated
Youth’s Behavior and School Performance: Findings from the Families as Partners Project
. Vera Institute of Justice Family Justice Program.

Bales, W. D. & D. P. Mears (2008). Inmate Social Ties and the Transition to Society: Does Visitation Reduce Recidivism? Paywall 🙁 Journal of Research in Crime and Deliquency 45(3): 287-321.

Barrick, K. Lattimore, P. K., & Visher, C. A. (2014). Reentering Women: The Impact of Social Ties on Long-Term RecidivismThe Prison Journal 94(3): 279-304.

Bertram, W. (2021). The Biden Administration must walk back the MailGuard program banning mail from home in federal prisons. Blog post. Prison Policy Initiative.

Cochran, J. C. (2012). The ties that bind or the ties that break: Examining the relationship between visitation and prisoner misconduct Paywall :(. Journal of Criminal Justice 40(5): 433-440.

Clyburn, M. (2013). Statement re: Rates for Interstate Inmate Calling Services, WC Docket 12-375. Federal Communications Commission.

De Claire, K. & L. Dixon (2015). The Effects of Prison Visits From Family Members on Prisoners’ Well-Being, Prison Rule Breaking, and Recidivism: A Review of Research Since 1991Trauma Violence & Abuse 18(2): 1-15.

Digard, L., J. LaChance, & J. Hill (2017). Closing the Distance: The Impact of Video Visits in Washington State. Vera Institute of Justice.

Duwe, G. & V. Clark (2011). The Effects of Prisoner Visitation on Offender RecidivismCriminal Justice Policy Review 24(3): 271-296.

Duwe, G. & S. McNeeley (2020). Just as Good as the Real Thing? The Effects of Prison Video Visitation on RecidivismCrime & Delinquency 67(2): 1-23.

Fulcher, P. A. (2013). The Double-Edged Sword of Prison Video Visitation: Claiming to Keep Families Together While Furthering the Aims of the Prison Industrial ComplexFlorida A&M Law Review 9 (1): 83-112.

Hairston, C.F. (1991). Family Ties During Imprisonment: Important to Whom and For What? Journal of Sociology & Social Welfare 18(1): 87-104.

Haverkate, D. L. & Wright, K. A. (2020). The differential effects of prison contact on parent-child relationship quality and child behavioral changesCorrections: Policy, Practice, & Research 5: 222-244.

Holt, N. & D. Miller (1972). Explorations in Inmate-Family Relationships. Sacramento, Calif.: California Department of Corrections Research Division.

Lee, L. M. (2019). Far From Home and All Alone: The Impact of Prison Visitation on RecidivismAmerican Law and Economics Review 21(2): 431-481.

Mooney, E. & N. Bila (2018). The importance of supporting family connections to ensure successful re-entry. R Street Institute.

Poehlmann, J. (2005). Children’s Family Environments and Intellectual Outcomes During Maternal Incarceration Paywall :(. Journal of Marriage and Family 67(5): 1275-1285.

Renaud, J. (2014). Video Visitation: How private companies push for visits by video and families pay the price. Grassroots Leadership and Texas Criminal Justice Coalition.

Renaud, J. (2018). Who’s really bringing contraband into jails? Our 2018 survey confirms it’s staff, not visitors. Prison Policy Initiative.

Sakala, L. (2013). Return to Sender: Postcard-Only Mail Policies. Prison Policy Initiative.

Siennick, S. E. et al (2012). Here and Gone: Anticipation and Separation Effects of Prison Visits on Inmate Infractions Paywall :(. Journal of Research in Crime and Delinquency 50(3): 417-444.

Tahamont, S. (2011). The Effect of Visitation on Prison Misconduct [poster presentation]. IGERT Program in Politics, Economics and Psychology at University of California, Berkeley.

Wagner, P. & A. Jones (2019). State of Phone Justice. Prison Policy Initiative.

Widra, E. (2016). Travis County, Texas: A Case Study on Video Visitation. Prison Policy Initiative,

Widra, E. (2021). New data: People with incarcerated loved ones have shorter life expectancies and poorer health. Prison Policy Initiative.

Notes:

[1] Dans cette étude, les membres de la famille et les personnes extérieures à la famille, comme les mentors et le clergé, ont été associés à cette réduction du risque de récidive.

[2] Plus important encore, Holt et Miller affirment que « les systèmes correctionnels ne peuvent plus se permettre d’incarcérer les détenus dans des zones si éloignées de leur communauté d’origine que les visites sont pratiquement impossibles ». Situées dans des endroits peu pratiques pour de nombreuses personnes, les prisons constituent un obstacle au traitement et à la réadaptation.

[3] Par exemple, dans une étude réalisée en 2020 sur les contacts entre les enfants et leurs parents incarcérés de sexe féminin, les chercheurs ont constaté que lorsque les enfants communiquaient avec leurs parents en prison, 76 % de ceux qui utilisaient le téléphone le faisaient chaque semaine, 45 % de ceux qui utilisaient le courrier le faisaient chaque semaine et 31 % de ceux qui rendaient visite à leurs parents le faisaient chaque semaine.

[4] La FCC, qui réglemente le coût des appels téléphoniques aux États-Unis, a fait des progrès en plafonnant les tarifs des appels téléphoniques dans les prisons et en mettant fin aux pratiques abusives des sociétés de télécommunications. (Nous nous sommes battus avec succès pour obtenir certains de ces changements).

[5] Bien que de nombreuses politiques néfastes soient encore en place, certaines prisons ont fait marche arrière lorsque les familles et les tribunaux ont dénoncé ces attaques contre le courrier, comme à Portland, dans l’Oregon, en 2012 et dans le comté de Santa Clara, en Californie, en 2015.

[6] Une étude sur la fréquence des visites familiales dans les établissements pour mineurs de l’Ohio a montré que les jeunes qui recevaient régulièrement la visite de leur famille (définie comme hebdomadaire) avaient une moyenne supérieure de 2,1 points à celle des jeunes qui ne recevaient que rarement ou jamais de visite. En outre, les incidents comportementaux diminuaient à mesure que la fréquence globale des visites augmentait dans les familles des jeunes détenus. Les chercheurs notent que les jeunes blancs de cette étude avaient une moyenne générale plus élevée que les jeunes non blancs, et que des facteurs indépendants de leur volonté pourraient contribuer au calcul des moyennes générales des jeunes de différentes races ; ils suggèrent donc que les résultats méritent d’être approfondis. Ils suggèrent donc que les résultats méritent d’être étudiés plus en détail. Néanmoins, les visites familiales fréquentes ont amélioré les moyennes pondérées après avoir contrôlé la race et d’autres variables.

À propos de Prison Policy Initiative (Initiative pour la politique pénitentiaire)

« Initiative pour la politique pénitentiaire, organisation à but non lucratif et non partisane, mène des recherches de pointe pour mettre en évidence les effets néfastes de la criminalisation de masse, puis lance des campagnes de sensibilisation en vue de créer une société plus juste ».

NOTRE RÔLE DANS LE MOUVEMENT
« La recherche et le plaidoyer de la Prison Policy Initiative sont au cœur de la conversation nationale sur la réforme de la justice pénale et la surpénalisation. Parce que les données essentielles au niveau national et étatique sont souvent totalement inaccessibles, l’analyse perspicace des données de Prison Policy Initiative aident à combler ces lacunes pour attirer de nouveaux partisans et aider d’autres leaders du mouvement à atteindre leurs objectifs.

« Le stress est un tueur silencieux qui fait des ravages » (Sean Murphy, directeur adjoint du Department of Corrections de Washington).

 « Un agent pénitentiaire sur trois présente des symptômes de stress post-traumatique, un sur dix a envisagé de se suicider. Nous avons des taux élevés d’addictions ou de consommation de substances. Nous connaissons la mort environ 15 ans plus tôt que le grand public et ce sont là des statistiques effrayantes ».

Considérant les effets de la détention sur les personnels, en 2020, la département pénitentiaire de l’État de Washington s’est associée à AMEND, de l’Université de Californie à San Francisco. Le personnel s’est rendu en Norvège et dans d’autres États, tels que l’Oregon et la Californie, qui travaillent également avec AMEND.

William Young, officier correctionnel (surveillant pénitentaiire) anime depuis des années sa trés interessante chaine youtube sur le métier de surveillant, depuis la parution de son livre: « when home become a housing unit », que l’on pourrait traduire par « quand tu raménes la prison chez toi ».

Au royaume uni, certaines unités pénitentiaires sont spécialisées dans le travail avec des personnes plus dangereuses souffrant de troubles graves de la personnalité ; elles utilisent le modèle PIPE (psychologically informed prison environment).  Il existe un programme de groupe intensif basé sur le modèle de la communauté thérapeutique à la prison de Grendon, qui s’occupe de certains des prisonniers les plus problématiques. Toutes ces unités bénéficient d’un niveau élevé de participation de la part des psychologues.

Résumé de la recherche PIPE

Contexte

Les environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (PIPE: Psychologically Informed Planned Environments ) constituent un élément clé de la stratégie de lutte contre les troubles de la personnalité (Department of Health (DH) & National Offender Management Service (NOMS) 2011). Au moment de la recherche, NOMS et le NHS soutenaient six sites pilotes PIPE : deux dans des prisons pour hommes, deux dans des prisons pour femmes et deux dans des locaux approuvés pour la probation (AP). Un autre site dans une prison pour hommes a été mis en place au cours du projet.

Les PIPE sont des environnements confinés, spécifiquement conçus, où les membres du personnel reçoivent une formation supplémentaire pour développer une meilleure compréhension psychologique de leur travail. Cette compréhension leur permet de créer un environnement plus sûr et plus favorable, qui peut faciliter le développement des personnes qui y vivent. Les PIPE sont conçus pour mettre l’accent sur l’environnement dans lequel ils opèrent et reconnaissent activement l’importance et la qualité des relations et des interactions. Ils visent à maximiser les situations ordinaires et à les aborder d’une manière psychologiquement informée, en prêtant attention aux difficultés interpersonnelles, y compris aux problèmes qui pourraient être liés aux troubles mentaux (NOMS & DH, 2012).

Les PIPEs ne sont pas une intervention de traitement, ils sont plutôt conçus pour permettre aux délinquants de progresser à travers un parcours d’intervention, en maintenant les développements réalisés précédemment, et en soutenant la transition et le développement personnel à des étapes importantes de leur parcours (NOMS & DH, 2012). En milieu carcéral, l’essai sur le terrain du modèle PIPEs est appliqué à la mise en place d’unités de progression pour les délinquants qui ont récemment achevé des programmes de traitement et de lutte contre la délinquance de haute intensité. Pour l’essai sur le terrain dans la communauté, l’approche PIPE est appliquée aux populations délinquantes existantes dans les centres de détention provisoire.

Conception de la recherche

NatCen Social Research a mené une recherche qualitative pour examiner les principales caractéristiques des PIPE. L’objectif n’était pas d’évaluer les PIPEs pilotes, mais de fournir une articulation objective de l’activité des PIPEs et d’identifier ses ingrédients clés. La recherche a également permis d’identifier les leçons tirées des projets pilotes, qui sont discutées ici pour aider à informer les futurs projets.

Trois sites pilotes ont été sélectionnés à dessein pour faire l’objet d’études de cas : une aile pour délinquants sexuels dans une prison pour hommes, un centre de détention provisoire accueillant des hommes condamnés pour des délits violents (mais pas exclusivement) et une unité dans une prison pour femmes.

Le travail sur le terrain a consisté en des entretiens approfondis et des discussions en petits groupes avec le personnel stratégique et opérationnel, des entretiens approfondis avec les détenus et les résidents de l’AP, et des observations vidéo des principales activités du PIPE. Un atelier a ensuite été organisé, auquel ont participé les parties prenantes du NOMS et du NHS, ainsi que des représentants des sept sites pilotes. Comme il s’agit d’une étude qualitative, il n’est pas possible d’estimer la prévalence de certains points de vue et expériences.

Points clefs

Mise en oeuvre de PIPE

L’approche PIPE s’appuie sur un certain nombre de modèles théoriques, en mettant l’accent sur l’importance et la qualité des relations (NOMS & DH, 2012). Le personnel et les détenus/résidents du PA ont identifié les éléments suivants comme étant des éléments clés du modèle PIPE :

Établir et maintenir des relations et des interactions améliorées :

  • Actions et comportements du personnel : Les exemples incluent : le personnel cherche à comprendre le comportement difficile des délinquants et à aborder les significations et les problèmes sous-jacents ; l’accent est mis sur une communication et une interaction respectueuses ; le personnel passe du temps avec les détenus/résidents du PA de manière informelle et s’implique dans les activités du PIPE ; et tient compte de leurs idées et de leurs suggestions lorsque cela est possible.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe complète, cohérente et clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble. L’un des principaux enseignements tirés des sites étudiés est que des approches incohérentes et un engagement variable de la part du personnel peuvent nuire à la qualité de l’interaction avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces fonctions est également essentiel à l’efficacité du programme PIPE.
  • Interaction entre les détenus et les résidents du PA : L’interaction entre les détenus et les résidents du PPA a été jugée meilleure dans tous les sites étudiés que dans les unités comparables non PIPE, et les détenus ont été jugés plus calmes et moins hiérarchiques. Bien que cela soit également vrai pour le PIPE dans une certaine mesure, il a été estimé que la rotation relativement élevée des résidents, dont beaucoup passaient une grande partie de la journée en dehors du PIPE, posait un problème. Les activités planifiées proposées par le PIPE, telles que les groupes structurés et les sessions créatives, ont été considérées comme facilitant une interaction saine entre les résidents.
  • L’environnement physique a également été un important facteur de facilitation. Le fait que l’unité PIPE soit située dans une zone distincte et autonome a été perçu comme encourageant une communication positive et aidant les détenus à former un groupe plus cohésif. Les lieux informels d’interaction sont considérés comme jouant un rôle clé dans la normalisation de l’interaction et la promotion de comportements responsables et coopératifs.
  • Le personnel était très conscient de l’impact déstabilisant que pouvaient avoir certains détenus/résidents du PA, et certains ont été jugés inadaptés au PIPE en termes de motivation ou d’attitude à l’égard de l’approche PIPE. Les établissements pénitentiaires PIPE ont parfois hébergé des  » pensionnaires  » aux côtés des détenus PIPE, car les problèmes de capacité de l’établissement ne leur permettaient pas d’avoir des cellules vides. A ce stade initial du développement du PIPE, il était inévitable que ce mélange de prisonniers dilue l’expérience du PIPE et ne soit pas conforme aux directives du NOMS et du DH (2012).

Soutien formalisé aux délinquants:

  • Il s’agissait pour un agent personnel/travailleur de clés de rencontrer régulièrement son détenu/résident PA pour discuter de son expérience du PIPE, de ses comportements positifs ou négatifs et des facteurs qui les sous-tendent, de son histoire en termes de vie personnelle, de comportement délinquant et de toute expérience de traitement, ainsi que de ses projets pour l’avenir. Les détenus du PIPE et les résidents de l’AP ont généralement une opinion positive de ces relations, en particulier lorsque le personnel est ouvert, honnête, ne porte pas de jugement et partage ses propres expériences. Parmi les difficultés identifiées, citons : les horaires de travail ou d’autres engagements limitant la disponibilité du personnel ; les approches incohérentes et l’engagement variable des différents membres du personnel ; l’équilibre entre le soutien et le rôle de surveillance – qui doit être géré avec soin avec les détenus/résidents du programme d’assistance pour maintenir la confiance. Dans le centre de détention provisoire, il est également nécessaire de maintenir la cohérence entre l’agent personnel/le travailleur clé et le responsable des délinquants.

Suivi et gestion du comportement

  • On craint que certains délinquants qui suivent des programmes de haute intensité n’aient pas mis en pratique ce qu’ils ont appris. Le PIPE est conçu pour  » tester  » les délinquants en surveillant la manière dont ils fonctionnent dans un environnement favorable, à la fois au quotidien et dans le cadre d’activités planifiées (NOMS & DH, 2012). Le personnel du PIPE joue un rôle clé dans le suivi et la documentation des progrès (ou de l’absence de progrès) des délinquants et dans l’identification des comportements délinquants parallèles. Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été décrits comme étant pleinement conscients de la fonction d’observation et de suivi du PIPE, mais dans certains cas, cela a été ressenti comme ayant eu un impact négatif sur leur confiance dans les agents du PIPE. Comme pour d’autres aspects de la mise en œuvre du PIPE, l’adoption d’une approche cohérente par l’ensemble du personnel a été jugée importante, mais non sans difficultés.

Impacts émergents

Le personnel a estimé que les résultats escomptés des PIPE n’avaient pas été clairement communiqués. Dans les prisons ayant fait l’objet d’une étude de cas, cette situation a pu être exacerbée par le fait que le responsable clinique n’était pas en poste au début de la mise en œuvre pour expliquer les objectifs et les résultats escomptés des PIPE, tels qu’ils sont décrits dans les documents de spécification des services (NOMS, 2010a ; NOMS, 2010b). Cependant, tant le personnel que les détenus/résidents du PA ont suggéré une série d’impacts émergents découlant des PIPE. Il est important de souligner que la recherche a eu lieu peu de temps après la mise en œuvre et alors que les PIPEs étaient encore en cours de développement. Par conséquent, tous les impacts possibles et les résultats spécifiés n’auront pas été pleinement réalisés ou compris à ce stade.

  • La possibilité accrue de communiquer dans des contextes formels et informels a été perçue comme ayant conduit à une amélioration des relations entre les détenus et les résidents du PA. Cela a été démontré par le fait que les délinquants reconnaissaient quand les autres avaient besoin de soutien. Le personnel a également indiqué qu’il y avait moins de brimades dans les unités PIPE que dans les autres quartiers de la prison.
  • L’amélioration des contacts par le biais de sessions avec des agents personnels ou des travailleurs clés, de groupes structurés, de sessions créatives et d’interactions informelles a permis d’améliorer la qualité des relations entre le personnel et les détenus/résidents du PA. Le personnel a indiqué que ces opportunités avaient permis d’établir des relations avec les délinquants, ce qui a permis au personnel d’être plus à même de les interpeller sur leur comportement. Il a également été noté que des relations plus positives avec le personnel du PIPE constituaient un modèle pour les délinquants quant à la manière d’interagir avec le personnel d’autres établissements, ainsi qu’avec les services à la sortie de prison.
  • Les détenus du PIPE et les résidents du PA ont été considérés comme plus responsables de leurs actions et de leurs comportements. Au sein de l’AP, le personnel a estimé que le nombre de rappels avait diminué et que le respect des conditions du permis s’était amélioré. Cependant, certains membres du personnel se sont demandé si ces réductions n’étaient pas plutôt le résultat de changements dans le comportement du personnel, c’est-à-dire que le personnel signale moins d’incidents plutôt qu’il n’y ait moins d’incidents.
  • Les délinquants ont indiqué que le renforcement positif de la part du personnel du PIPE les aidait à maintenir les acquis du traitement. Cependant, le personnel a également reconnu les limites des unités PIPE dans le traitement des comportements complexes et problématiques.

Principales conclusions

Cette étude a été conçue pour explorer les caractéristiques des environnements planifiés et informés sur le plan psychologique (Psychologically Informed Planned Environments (PIPEs) par le biais d’une recherche qualitative dans trois sites pilotes d’études de cas.

  • Les études de cas sur les PIPE ont permis de tirer un certain nombre d’enseignements sur les principales caractéristiques du modèle PIPE.  L’établissement et le maintien de relations sûres entre le personnel et les détenus/résidents des locaux agréés (PA) ont été considérés comme essentiels. Les délinquants ont souligné l’importance de la disponibilité du personnel et d’une interaction respectueuse au quotidien dans la gestion et l’organisation du PIPE, ainsi que la mise en place de mécanismes de soutien formel pour les délinquants par le biais de sessions régulières de l’agent personnel/travailleur clé, de groupes structurés, de sessions créatives et de séances de groupes structurés et des activités informelles.
  • Le personnel du PIPE doit comprendre et respecter la méthode de travail du PIPE. Cela peut être facilité par une équipe clairement définie qui reçoit une formation et une supervision clinique ensemble.  L’un des principaux enseignements tirés des études de cas est que les approches incohérentes et l’engagement variable du personnel peuvent nuire à  l’interaction utile avec les détenus/résidents du PA. À cette fin, le responsable clinique joue un rôle clé dans le soutien et le développement du personnel. Le recrutement d’un personnel qualifié pour ces rôles est également essentiel pour une mise en œuvre efficace du PIPE.
  • La communication sur les PIPEs doit passer par tous les niveaux d’opération afin qu’il y ait un leadership stratégique approprié au sein des établissements  et que le personnel de première ligne en ait une bonne compréhension. Cela permet de s’assurer que le PIPE est soutenu à la fois par les personnes qui y travaillent et par l’ensemble de l’établissement ou de la zone de probation. Ceci est particulièrement important lorsque le personnel ne faisant pas partie du PIPE est susceptible de saper l’éthique du PIPE ou de poursuivre des objectifs contraires à ceux du PIPE.La communication doit également s’étendre aux résidents potentiels afin qu’ils comprennent bien l’objectif et les paramètres du PIPE.
  • Une autre leçon tirée des études de cas est que le fait d’avoir des détenus non PIPE (ou « logeurs ») dans l’unité peut compromettre l’impact potentiel du PIPE dans les prisons. Il peut être de créer des unités exclusivement occupées par des détenus du PIPE dans la phase initiale de développement du PIPE, mais il convient de prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la culture de l’établissement. Il faut cependant prêter attention à l’impact de la mixité des détenus sur l’éthique et la mise en œuvre de PIP. L’objectif à long terme est de fournir une population de détenus répondant aux critères du cahier des charges des PIPEs.

enabling-pipe-research-report.pdf (publishing.service.gov.uk)

Si le lien est brisé enabling-pipe-research-report

Pour en savoir plus:

Un lien vers le site du ministère de la justice du Royaume-Uni, qui donne plus d’informations. sur le rôle des psychologues pénitentiaires UK: https://prisonandprobationjobs.gov.uk/roles-at-hmpps/psychologist/life-as-a-forensic-psychologist/

un lien pour accéder a une serie de podcast qui explique les différents roles des psychologues dans le service pénitentiaire: https://forensicpsychologypodcast.libsyn.com/website

ARTE Regards (2023) : Des prisons sans murs, un autre modèle carcéral

Émission du 13/10/2023

Surpopulation carcérale, pénurie de personnel pénitentiaire et taux de récidive élevé… le système pénitentiaire en Europe ne fait pas ses preuves. En quoi des structures ouvertes pourraient-elles permettre de sortir de l’impasse ?

Les peines d’emprisonnement sur le mode classique de l’incarcération dans un établissement pénitentiaire ont rarement un effet bénéfique sur les détenus. Nombreux sont ceux qui, à leur libération, ne parviennent pas à se réintégrer et finissent par récidiver. Pourtant, des expériences prometteuses montrent qu’un autre modèle de prison est possible.

Près de Stuttgart, l’association Seehaus prend en charge des mineurs qui ont commis des délits. La détention n’est pas ici synonyme de privation totale de liberté et d’isolement : chaque adolescent partage le quotidien d’une famille et les journées sont bien remplies grâce aux activités sportives, ménagères et culinaires, à une formation, à des temps de repos et de lecture obligatoires, l’association espère aider ces jeunes délinquants à se reconstruire.

Irmela Abrell, qui a cofondé Seehaus, a eu l’idée originale de proposer également des séances de justice restaurative. L’occasion pour ces jeunes de dialoguer avec des victimes de faits similaires à ceux qu’ils ont commis.

La Finlande a instauré un modèle de prison dite « ouverte ». 33 % des établissements du pays n’ont ni murs, ni barbelés, ni verrous. Contrairement à l’Allemagne où le régime ouvert précède la réinsertion, en Finlande, les détenus peuvent purger l’intégralité de leur peine en prison ouverte, car leur réhabilitation sociale est l’objectif majeur de la politique carcérale.

https://www.arte.tv/fr/videos/111747-003-A/arte-regards/

Timothy-Leary

L’une des études les plus célèbres en psychiatrie est celle menée sur les détenus de la prison de Concord au début des années 1960. Un groupe de chercheurs de Harvard, dirigé par Timothy Leary, a traité un groupe de détenus avec de la psilocybine, une drogue dérivée de champignons hallucinogènes. Ils voulaient savoir si les drogues hallucinogènes, associées à une thérapie, pouvaient rendre les détenus moins susceptibles de commettre des crimes à l’avenir.

Quelque temps après la libération du groupe de prisonniers, les chercheurs ont annoncé des résultats surprenants. Il était prévu qu’environ 64 % des prisonniers reviendraient au bout de six mois. Or, seuls 25 % d’entre eux sont revenus. Qui plus est, au lieu d’être incarcérés pour de nouveaux délits, la plupart d’entre eux étaient de retour en prison en raison de violations techniques de leur liberté conditionnelle. Lorsque Leary a continué à suivre le groupe de prisonniers, le taux de récidive est resté nettement inférieur au niveau attendu. Il semblait que les drogues psychoactives pouvaient faire une énorme différence dans le taux de récidive, et peut-être créer une société plus pacifique.

Cela n’a pas fait l’affaire des autorités, et il s’est avéré que cela n’aurait pas dû être le cas. Un examen à long terme de l’étude, réalisé dans les années 1990, révèle que certaines libertés ont été prises dans l’analyse des données. Bien qu’une partie seulement des dossiers ait pu être récupérée, ces dossiers constituent un échantillon aléatoire du groupe d’origine et peuvent représenter l’expérience initiale. D’une part, il semble que Leary ait comparé le taux de réincarcération des prisonniers traités 10 mois après leur libération à celui d’autres groupes 30 mois après leur libération. Rien ne prouve non plus que l’équilibre entre les nouveaux délits et les violations techniques de la liberté conditionnelle soit ce que Leary prétendait qu’il était. Il n’a compté que les raisons pour lesquelles les personnes étaient retournées en prison au départ – et si elles étaient en liberté conditionnelle, elles étaient toujours enregistrées comme retournant en prison en raison d’une violation de la liberté conditionnelle, même si cette violation de la liberté conditionnelle constituait un nouveau délit.

Mais une nouvelle recherche menée par Doblin R (1998, U d’Harvard) a relancé les investigations sur la recherche initiale de Timothy Leary (Rick Doblin (1998) Journal of Psychoactive Drugs, Dr. Leary’s Concord Prison Experiment: A 34-Year Follow-up Study, Kennedy School of Government, Harvard University, Published online: 06 Sep 2011.)

Résumé
Cette étude est un suivi à long terme de l’expérience de la prison de Concord, l’une des études les plus connues dans la littérature sur la psychothérapie psychédélique. L’expérience de la prison de Concord a été menée de 1961 à 1963 par une équipe de chercheurs de l’Université Harvard sous la direction de Timothy Leary. L’étude originale consistait à administrer une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine à 32 prisonniers dans le but de réduire les taux de récidive. Cette étude de suivi a consisté en une recherche dans les dossiers du système de justice pénale de l’État et du gouvernement fédéral de 21 des 32 sujets initiaux, ainsi qu’en des entretiens personnels avec deux des sujets et trois des chercheurs : Timothy Leary, Ralph Metzner et Gunther Weil. Les résultats de l’étude de suivi indiquent que les affirmations publiées sur l’effet du traitement étaient erronées. Cette étude de suivi confirme l’accent mis dans les rapports originaux sur la nécessité d’intégrer la psychothérapie assistée par la psilocybine avec les détenus dans un plan de traitement global comprenant des programmes de soutien de groupe non médicamenteux après la libération. Malgré les efforts considérables de l’équipe expérimentale pour fournir un soutien après la libération, ces services n’ont pas été suffisamment disponibles pour les sujets de cette étude. La question de savoir si un nouveau programme de psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine et des programmes post-libération permettraient de réduire de manière significative les taux de récidive est une question empirique qui mérite d’être abordée dans le cadre d’une nouvelle expérience.

 

CONCLUSION
L’échec de la Concord Prison Experiment à générer une réduction des taux de récidive ne doit pas être considéré comme une preuve de l’absence de valeur des psychédéliques en tant que compléments à la psychothérapie chez les criminels. Au contraire, l’échec de l’expérience de la prison de Concord devrait mettre fin au mythe des psychédéliques comme des balles magiques, dont l’ingestion conférerait automatiquement une sagesse aux criminelset créerait un changement durable après une seule ou même une seule fois. de la sagesse et créer un changement durable après une seule ou même quelques expériences.
Un changement de personnalité peut être plus probable après une expérience psychédélique cathartique et perspicace, mais seul un travail soutenu après la disparition de la drogue permettra d’ancrer et de consolider tout mouvement vers la guérison et le changement de comportement. Les expériences psychédéliques ne sont pas suffisantes en elles-mêmes pour produire un changement durable. Leary, qui a écrit sur l’importance du cadre, le savait mieux que quiconque : « La principale conclusion de notre étude pilote de deux ans est que les programmes institutionnels, aussi efficaces soient-ils, comptent peu une fois que l’ex-détenu se retrouve dans la rue. Les pressions sociales auxquelles ils sont confrontés sont si écrasantes qu’elles rendent le changement très difficile ». (Leary 1969).

Leary a pris le temps, lors de l’entretien de suivi mené peu avant sa mort, de réitérer ce qu’il avait précédemment affirmé être la principale leçon de l’expérience de la prison de Concord : la clé d’une réduction à long terme des taux de récidive pourrait être la combinaison de l’administration avant la libération d’une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine avec un programme complet de suivi après la libération, sur le modèle des groupes des Alcooliques Anonymes, afin d’offrir un soutien aux prisonniers libérés. Bien entendu, il est probable que les programmes de suivi après la libération soient bénéfiques pour toutes les personnes libérées de prison, qu’elles aient bénéficié d’une psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine, d’une aide aux toxicomanes, d’une formation professionnelle, d’un traitement psychologique non médicamenteux, de tout autre programme visant à réduire la récidive, ou même d’aucun traitement du tout. En raison des effets psychologiques profonds de la psilocybine, un programme post-libération pour les sujets ayant reçu de la psilocybine pourrait être différent, tant dans son contenu que dans son importance, des programmes destinés aux sujets ayant reçu d’autres interventions. La question de savoir si un nouveau programme de psychothérapie de groupe assistée par la psilocybine et des programmes postlibération permettraient de réduire de manière significative les taux de récidive est une question empirique qui mérite d’être abordée dans le cadre d’une nouvelle expérience.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9924845/