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Prisons : quel modèle pour la France ?

28/01/2018

Face à la mobilisation des surveillants pénitentiaires et aux méthodes novatrices qui parsèment l’Europe, quel modèle la France devrait-elle adopter pour ses prisons ?

 Crédits : AFP

Les propositions actées vendredi sont « définitives » et les surveillants de prison qui se déclareront en grève demain, seront sanctionnés. Fin de la discussion pour la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui s’exprimait ce matin sur l’accord passé avec le syndicat majoritaire, l’Ufap-Unsa, après douze jours de blocages dans les prisons françaises.

Contrairement à la CGT et Force ouvrière, le syndicat a donc accepté le texte soumis par le gouvernement aux représentants des surveillants pénitentiaires. Plus de mille embauches supplémentaires d’ici trois ans, une enveloppe de 30 millions d’euros d’indemnités, une grosse commande de menottes et de gilets pare-balles, et une prise en charge spécifique pour les détenus dits « radicalisés ».

Voilà pour les mesures d’urgence, destinées à calmer le jeu… Un cache-misère en quelque sorte avant, nous promet-on, une réflexion sur le sens de la prison, le sens et l’efficacité de la peine,  qui sera conduite dans les prochaines semaines jusqu’à l’annonce fin février d’un « plan prisons » destiné à lutter contre leur surpopulation.

D’ici-là, quel modèle la France peut-elle suivre en matière de politique carcérale ? Ou à défaut de modèle, quelles sont les bonnes idées ou les dispositifs qui marchent chez nos voisins européens ? Sans prétendre pouvoir calquer de façon artificielle des solutions toutes faites, il est pour le moins intriguant, déroutant, de voir comment certains de nos voisins s’y prennent.

INTERVENANTS
  • Eva Joly (Eurodéputée EELV, ancienne juge d’instruction spécialisée dans la lutte contre la corruption)
  • Valérie Icard (Doctorante en science politique au Centre de recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (CESDIP)
  • Camille Lancelevée (Docteure en sociologie de l’EHESS)

 

UNITED NATIONS OFFICE ON DRUGS AND CRIME (2016) Handbook on the Management of Violent Extremist Prisoners and the Prevention of Radicalization
to Violence in Prisons (CRIMINAL JUSTICE HANDBOOK SERIES)

I therefore recommend that Member States: (f) Reform national legal frameworks and penitentiary systems to ensure the security of inmates, personnel and facilities and establish procedures to prevent and counter radicalization in prisons based on human rights and the rule of law (Plan of Action to Prevent Violent Extremism–Report of the Secretary-General, A/70/67 (2015), para. 50(f).)

Law and order cannot be established, and the safety and security of citizens and of the State cannot be preserved, without police and other law enforcement agencies operating in conjunction with functioning justice and corrections systems. Functional corrections systems are also a prerequisite to efforts to tackle « new » global threats, such as violent extremism and transnational organized crime, which are affecting an increasing number of conflict and post-conflict settings. (Prison Support in United Nations Peace Operations (2015), United Nations Department of Peacekeeping Operations, Department of Field Support, Ref. 2015.11.)

Obligation to Prevent Terrorism: To ensure that States fulfil their obligation to prevent terrorism, States must provide the responsible authorities the necessary specialized training and technical and material assistance. States must also adopt, as needed, non-punitive counter-radicalization and deradicalization policies and programs that include engaging and working with … prison rehabilitation programs … to ensure effective implementation and sustainability of these related measures. (Principles and Guidelines on Human and Peoples’ Rights while Countering Terrorism in Africa (2015), Part 1,B. )

An effective system for incarcerating convicted terrorists is a critical part of an effective criminal justice response to terrorism. Such a system should … prevent further radicalization of prisoners, prevent terrorist activities from being directed or supported from within the prison system, and provide for the deradicalization and reintegration of prisoners into society where possible and thereby reduce recidivism.  (Global Counter-Terrorism Forum (2012): Rabat Memorandum on Good Practices for Effective Counterterrorism Practice in the Criminal Justice Sector, Good Practice 11.)

Handbook_on_VEPs

FRANCE CULTURE (2018) Petite fugue et grande cavale : deux histoires d’évasion

(1ère diffusion : 8/10/2014.)

Deux histoires d’évasion, une petite fugue et une grande cavale : celle d’Hans, 6 ans, et de François, braqueur.

"La grande évasion" de John Sturges, avec Steve McQueen, James Garner et Richard Attenborough (1963).
« La grande évasion » de John Sturges, avec Steve McQueen, James Garner et Richard Attenborough (1963). Crédits : Mirisch Company / Alpha / Collection Christophel – AFP
François, après avoir été le plus grand braqueur de fourgons blindés de Belgique, raconte sa longue cavale à travers le monde.

« Je me rends compte que je suis détronché [reconnu], et la course poursuite avec la police s’accélère. François Troukens, ex-braqueur. »

FRANCE INTER (2018) « Après l’ombre », un documentaire exceptionnel de Stéphane Mercurio sur les longues peines de prison

« Après l’ombre » raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles. Le film saisit le travail rigoureux du metteur en scène Didier Ruiz avec ces comédiens « extraordinaires ». Et raconte un voyage qui va permettre à cette parole inconcevable de jaillir de l’ombre… »Après l’ombre » : un documentaire de Stéphane Mercurio dans les salles en France depuis le 28 mars 2018 © Docks 66

Eric Jayat a passé 19 ans « à l’ombre » comme on dit, transféré de prison en prison, avant d’en sortir un beau matin avec ses quelques possessions dans un sac en plastique. Un sac qu’il se fera voler, désorienté, dans le premier café où il entrera. C’est ainsi que la France, régulièrement pointée du doigt pour l’inhumanité et l’absurdité de son système carcéral, rend les détenus ayant purgé leur peine à la vie dite « normale » : sans leur permettre le moindre espoir de réinsertion. Depuis Michel Foucault, et après tant et tant de vaines promesses politiques, punir reste toujours le seul but de la prison.

Invention récente puisqu’elle n’a guère plus de deux siècles, la prison est devenue la peine de référence. Comment comprendre la place qu’elle occupe dans la société contemporaine ? Comment expliquer que le tournant punitif affecte avec une telle intensité certaines catégories de personnes ?

La prison est volontiers représentée comme un monde à part, hors de la société. Elle est de plus en plus souvent éloignée des lieux de résidence, à la marge des villes. Au terme d’une enquête réalisée au long de quatre années dans une maison d’arrêt, elle apparaît pourtant tout autre : un espace perméable aux objets et aux ressources du monde extérieur, un univers intimement lié au système pénal et à l’activité judiciaire, un miroir tendu à notre société pour y penser la manière dont on punit. Le travail des sciences sociales permet précisément de relier le dedans et le dehors, le quotidien de la détention et les débats autour de la peine, l’activité des personnels et les critiques des associations, l’expérience des détenus et les épreuves des familles. Il éclaire autrement les mondes de la prison à travers la vie de ceux qui y sont enfermés et de ceux qui y travaillent. Il interroge au bout du compte le citoyen sur la société à laquelle il aspire.

 Une conférence enregistrée en 2016.

Didier Fassin, anthropologue et sociologue, Institute for Advanced Study (Princeton) et Ecole des hautes études en sciences sociales.

 

Female inmates at the Pocatello Women’s Correctional Center are ready to take an active stance on improving their lives. They’ve joined joined the Strong Women’s Legacy, the first ever Toastmasters program to be offered at the prison.

“(This) is huge because it gives us a less likely chance not to comeback when we have more support,” inmate, and club President, Alawna Smiddy said.

Through this non-profit educational club the women learn public speaking and leadership skills. Some 20 women have voluntarily signed up, and are joined by local Toastmasters officers who facilitate the meetings. Each week the women give prepared and impromptu speeches.

Valéry Giscard d'Estaing en 1974

FRANCE INTER (2018) LES BOBINOS DE THOMAS LEGRAND, mercredi 7 mars 2018

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