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Présentation du formulaire « ONE Interview Worksheet »

Le trés productif département des services penitentiaires de Washington a publié un « formulaire d’entretien« , a savoir une sorte de  « fiche arrivant » destinée à relever un maximum d’informations et de commencer à structurer l’évaluation (traduction FR en bas de l’article).

Outre la liste des items à explorer, il est proposé aux utlisateurs une stratégie de questionnement à travers des exemples de questions à poser.

Le formulaire « Washington ONE Interview Worksheet » est un guide structuré développé par le Washington State Department of Corrections pour mener des entretiens de gestion de cas auprès de personnes placées en détention ou sous supervision ; il s’appuie sur les principes du modèle Risk-Need-Responsivity (RNR) afin d’identifier efficacement les facteurs de risque et de besoin criminogènes, et d’adapter la prise en charge aux caractéristiques individuelles de chaque personne.

Le formulaire s’inscrit dans une logique d’évaluation actuarielle combinée à une dimension clinique : il structure l’entretien pour recueillir des informations sur le parcours de vie, l’environnement social, la santé mentale, les comportements à risque et les ressources prosociales de l’interviewé.

Structure générale

  1. Introduction de l’entretien : explication du cadre, consignes de neutralité et de clarté de langage pour instaurer un climat de confiance.

  2. Sections thématiques :

    • Historique résidentiel et familial : lieux de vie, soutien social, conditions de logement avant l’infraction

    • Éducation et emploi : parcours scolaire, qualifications, expériences professionnelles récentes

    • Influences sociales et pairs : cercles d’influence, fréquentations, soutiens prosociaux ou délinquants

    • Usage d’alcool et de drogues : fréquences, contextes, antécédents de traitement

    • Santé mentale et troubles associés : repérage de symptômes, antécédents psychiatriques, besoins de suivi

    • Aggression, attitudes et comportements : manifestations de violence, croyances délinquantes, motivation au changement

Le document recommande une posture neutre, l’utilisation d’un langage simple, et l’évitement de questions suggestives. Il souligne l’importance de pauses possibles, compte tenu du caractère émotionnellement exigeant de l’entretien doc.wa.gov.

Utilisation en pratique criminologique

Ce formulaire est conçu pour :

  • Structurer l’évaluation des besoins et mieux planifier les interventions psychosociales et réhabilitatives, conformément aux évidences issues du modèle RBR

  • Faciliter la consignation systématique des informations, favorisant la comparabilité entre dossiers et le suivi longitudinal des progrès individuels

  • Optimiser la coordination entre professionnels (probation, psychologues, travailleurs sociaux) en fournissant un référentiel commun

Le « Washington ONE Interview Worksheet » constitue un outil précieux pour les praticiens en criminologie et en justice pénale souhaitant structurer leurs évaluations de manière rigoureuse et fondée sur la recherche. En intégrant pleinement les principes RBR, il contribue à planifier des interventions personnalisées visant à réduire la récidive et à favoriser la réinsertion sociale.

Formulaire arrivant washington_case-mgmt-wa-one-interview-worksheet

En version originale: case-mgmt-wa-one-interview-worksheet 

Construire une relation collaborative : Modèle EPICS ( Effective Practices in Community Supervision)

Importance d’une APPROCHE ÉQUILIBRÉE
– Les agents de probation formés à l’EPICS qui ont une grande fidélité au modèle (EPICS & CCP) étaient beaucoup plus susceptibles d’être perçus comme fiables par les délinquants dont ils s’occupaient.
– L’étude a montré que plus la confiance entre le délinquant et l’agent augmente, plus les chances d’être arrêté à nouveau diminuent (Labrecque et al. 2013).

IMPORTANCE DE LA CLARIFICATION DES RÔLES
« La recherche suggère qu’un travail efficace avec des clients involontaires se caractérise par des discussions claires, honnêtes et fréquentes sur le rôle de l’intervenant et le rôle du client dans le processus de pratique directe ». (Trotter, 2006)
La clarification des rôles doit être considérée comme l’une des compétences clés dans le travail avec les clients involontaires et a été liée à de meilleurs résultats avec les probationnaires (Andrews et Bonta , 2010).

COMPOSANTES DE LA CLARIFICATION DES RÔLES
– Le double rôle de l’agent de probation
– Éléments flexibles ou inflexibles
– Attentes du délinquant

Exemple: 

« J’ai mentionné qu’une partie de mon travail consisterait à vous aider à travailler sur les pensées et les comportements qui ont pu jouer un rôle dans le fait que vous vous retrouviez en probation. Pendant le temps que vous passerez avec moi, nous utiliserons des outils tels que la chaîne délictuelle, le renforcement des compétences et la résolution de problèmes afin de vous aider à mieux gérer les situations à risque à l’avenir. ».

RÔLE D’AIDANT: Expliquer au PPSMJ que le rôle du personnel est également de l’aider à résoudre les problèmes qu’il rencontre pendant la période de suivi :

  • Aider à fournir des conseils, un soutien et des interventions
  • Identifier les objectifs à atteindre
  • Être ouvert sur les stratégies (interventions) qui seront utilisées au cours des entretiens
  • Aider la personne à reconnaître les situations à risque
  • Travailler avec la personne  pour développer des stratégies à utiliser dans les situations à risque identifiées

 «Une partie de mon travail consiste aussi à m’assurer que vous respectiez les conditions de vos décisions de justice. Cela va impliquer un certain contrôle de ma part. Nous nous rencontrerons régulièrement, je pourrai effectuer des visites à domicile. S’il arrive que vous ne respectiez pas les décisions de justice, je pourrais avoir à en subir les conséquences. Les conséquences possibles d’un non-respect des ordonnances du tribunal sont une révocation de la probation, des peines de prison ou de détention, une augmentation de la fréquence des entretien dans le cadre de votre probation ».

RÔLE DE RESPONSABILISATION è

  • Aider le délinquant à comprendre la nature du travail du personnel
  • Tenir le délinquant pour responsable
  • Contrôler le respect des conditions
  • Il est important d’expliquer clairement au délinquant les conséquences possibles d’un non-respect des attentes.
  • Être clair avec le délinquant sur les attentes en matière de comportement – être direct
  • Préciser les conséquences possibles

 « De même, au cours de nos rencontres il y aura certaines choses qui seront flexibles et d’autres qui ne le seront pas. Par exemple, le fait que nous nous rencontrions chaque mois n’est pas flexible. Cependant, je suis prêt à m’adapter à votre emploi du temps ou à l’horaire du bus pour m’assurer que vous êtes en mesure de vous rendre aux rendez-vous. Par conséquent, l’heure et les jours où nous nous rencontrons sont flexibles. D’autres éléments sont également flexibles, notamment ce sur quoi vous voulez travailler et vous concentrer en premier lieu, ainsi que l’endroit où effectuer votre travail d’intérêt général ».

DOMAINES FLEXIBLES (négociables) ET INFLEXIBLES (non négociables)  :

  • Le personnel doit être clair sur les domaines négociables (heure et jour des réunions de supervision) et les domaines non négociables (fréquence des réunions de supervision, obligation de se présenter).
  • Il est important de comprendre si les exigences non négociables sont basées sur :
    • un mandat légal
    • les attentes de l’organisation
    • les attentes du professionnel

Probationnaire : « Mon dernier CPIP ne semblait pas très intéressé par mes problèmes. Tout ce qui l’intéressait, c’était de savoir si je me présentais à mes rendez-vous et si je payais mes amendes. »

CPIP « Je pense également qu’il est important que vous vous présentiez à vos rendez-vous. Cependant, je me préoccupe des autres choses que vous faites également. En fait, j’espère que nous pourrons travailler sur d’autres problèmes qui semblent avoir conduit à votre sursis probatoire. Quelles sont les autres expériences que vous avez eues en matière de probation ? » (Source= Modèle EPICS : Effective Practices in Community Supervision)

ATTENTES DES PPSMJ :

  • Aider à :
    • Clarifier la nature du rôle du personnel en explorant les idées fausses
    • Clarifier la nature de l’expérience attendue pendant la période de suivi
  • Discuter avec le délinquant de ses expériences antérieures en matière de suivi SPIP
  • Discuter avec le délinquant de ce qu’il attend de son suivi probatoire
  • Discuter avec le délinquant de ce qu’il attend de son CPIP

Sources:

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C’est quoi les CCP?

avril 30th, 2025 | Publié par crisostome dans CCP - (0 Commentaire)
Les CCP sont un ensemble de pratiques fondées sur des preuves scientifiques utilisées dans les contextes correctionnels pour améliorer les résultats des personnes sous surveillance, tant en milieu carcéral qu’en supervision communautaire (probation ou libération conditionnelle).
Elles s’inscrivent dans un cadre plus large de pratiques basées sur des preuves, visant à réduire la récidive en favorisant des relations thérapeutiques efficaces et en appliquant des techniques cognitivo-comportementales.
Une source clé, un rapport du Bureau of Justice Assistance (BJA) du département de la Justice des États-Unis, évalue l’application des CCP dans le programme West Virginia Offender Reentry Initiative (WVORI), en se concentrant sur les services de pré-libération et leur conformité aux pratiques efficaces. Les CCP sont décrites comme enracinées dans les caractéristiques du personnel et les relations staff-détenus, ayant un impact significatif sur la réduction de la récidive.
Composantes des CCP
Les CCP incluent cinq dimensions principales, telles que détaillées dans le rapport BJA et corroborées par des études comme celles de Dowden et Andrews (2004).

La première composante des CCP est l’utilisation efficace de l’autorité et peut être résumée de manière convaincante comme une approche « ferme mais juste » pour interagir avec les délinquants. Plus précisément, les fournisseurs de traitements correctionnels devraient expliciter les règles formelles associées au milieu correctionnel de manière à les rendre plus visibles, compréhensibles et non ambiguës dans leur application. En outre, les prestataires de traitement doivent chercher à faire respecter ces règles par le biais d’un renforcement positif tout en évitant la domination interpersonnelle ou les abus.

La deuxième composante des CCP implique que les prestataires de traitement modèlent et renforcent de manière appropriée les attitudes et les comportements anticriminels par un renforcement positif et/ou négatif directif. L’objectif sous-jacent de cette approche est que les délinquants apprennent des modèles d’attitudes, de cognitions et de comportements prosociaux et anticriminels grâce à leurs interactions régulières avec le personnel de première ligne. Cette composante est largement basée sur la perspective du renforcement personnel, interpersonnel et communautaire (PIC-R) du comportement criminel développée par Andrews (1982). Selon cette perspective, la probabilité qu’un individu adopte un comportement criminel dépend directement des modes de communication ou des types de comportement qui sont modélisés, répétés et renforcés pour le délinquant. En d’autres termes, les délinquants doivent avoir un comportement et/ou des sentiments anticriminels modélisés et renforcés de manière appropriée pour que le traitement correctionnel soit efficace. Les membres du personnel qui renforcent ou ne contrecarrent pas les sentiments ou les comportements procriminels compromettent gravement l’intégrité des efforts de réadaptation et peuvent même accroître la récidive criminelle.

La troisième composante des CCP consiste à enseigner au délinquant des techniques concrètes de résolution des problèmes. Il s’agit de tirer parti des connaissances et des compétences du prestataire de traitement pour amener le délinquant à résoudre les principaux obstacles qui entraînent une diminution des niveaux de satisfaction et de récompense pour les activités non criminelles. Ces efforts de résolution de problèmes peuvent être mieux classés dans deux sphères d’influence, à savoir les problèmes communautaires/interpersonnels (travail, famille, éducation, pairs, financement et logement) et les problèmes récréatifs ou personnels/émotionnels.

L’utilisation efficace des ressources communautaires est la quatrième composante majeure des CCP. Elle est également communément désignée sous le nom de défense des intérêts/intermédiation (advocacy/brokerage) et est considérée comme un sous-ensemble particulier de la composante de résolution des problèmes des CCP. Le prestataire de traitement (ou plus souvent l’agent de probation) doit participer activement à la mise en place des services correctionnels les plus appropriés (c’est-à-dire l’orientation vers un emploi ou un service médical) pour le client. Il convient toutefois de noter que la valeur de ces services dépend de la mesure dans laquelle ils sont disponibles dans la communauté environnante.

La cinquième et dernière composante des CCP, les facteurs relationnels, est sans doute la plus importante. Essentiellement, cette approche soutient que l’influence interpersonnelle exercée par le membre du personnel correctionnel est maximisée dans des conditions caractérisées par une communication ouverte, chaleureuse et enthousiaste. Une considération tout aussi importante est le développement d’un respect mutuel et d’une sympathie entre le délinquant et le membre du personnel correctionnel. Cette approche affirme que les interventions correctionnelles seront plus efficaces lorsque ces types de relations existent au sein du programme de traitement.

Il convient de noter que l’utilité thérapeutique de cette dimension est étayée par la littérature sur la psychothérapie, où elle est qualifiée de capacité à favoriser une alliance thérapeutique. Dans une étude récente, Lambert et Barley (2001) ont constaté que jusqu’à 30 % de l’amélioration des patients était attribuable à ces facteurs, ce qui appuie son application dans le domaine du traitement correctionnel. » Dowden & Andrews 2004

Autre description des CCP dans la prise en charge des mineurs (Youth Justice Board (2013) A retrouver dans l’ouvrage : Evidence-Based Skills in criminal Justice)

Modélisation prosociale:

  • Modélisation d’attitudes et de comportements prosociaux à l’aide de jeux de rôle adaptés afin d’encourager les jeunes à apprendre de nouveaux comportements.
  • Utiliser des modèles d’adaptation pour montrer de manière vivante aux jeunes les stratégies prosociales qui peuvent être utilisées pour faire face à des situations problématiques.
Renforcement efficace:

  • Utiliser des renforcements positifs tels que les valorisations et les récompenses pour renforcer un comportement prosocial spécifique, plutôt que d’utiliser des mesures punitives.
  • Offrir des renforcements clairement décrits et un soutien accru immédiatement après que le jeune ait adopté le comportement souhaité.
  • Encourager le jeune à réfléchir aux raisons des renforcements et aux avantages à long terme du comportement souhaité.
Désapprobation efficace: 

  • Remettre en question une attitude ou un comportement antisocial spécifique en manifestant sa désapprobation sans porter de jugement ou d’accusation.
  • Montrer sa désapprobation d’une manière non culpabilisante immédiatement après un comportement ou un discours négatif et en expliquant les raisons de la désapprobation.Modéliser des alternatives prosociales et encourager le jeune à réfléchir aux raisons pour lesquelles le comportement est inacceptable et sur les conséquences à long terme d’un tel comportement.
  • Cesser la désapprobation une fois que le comportement est corrigé et en approuvant l’effort du jeune pour changer de comportement.
Résolution de problèmes:

  • Travailler avec les jeunes pour les aider à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes ou des compétences sociales pour faire face à divers problèmes ou situations qui les exposent à un risque de délinquance. Il s’agit de l’identification des problèmes qui affectent le comportement, d’identifier et d’évaluer les objectifs et les solutions, et de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer un plan d’action clair (sans critiquer le jeune à aucun moment).
  • Utile pour aider les jeunes à se rendre compte qu’ils ont les compétences d’identifier leurs objectifs et de résoudre leurs problèmes. Cela peut leur donner un sentiment de force personnelle, de contrôle et d’autodétermination, autant d’éléments considérés comme des dimensions clés de la désistance (voir, par exemple, Maruna et LeBel  2010 ; McNeill, 2006).
Renforcement des compétences prosociales (à l’aide de procédures structurées):

  • Une partie du processus consistant à aider les jeunes à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes consiste à travailler en collaboration avec le jeune pour identifier et mettre en pratique de nouvelles compétences prosociales.
  • Cela implique de définir clairement la compétence pour le jeune, de modéliser la compétence, utiliser le jeu de rôle pour encourager le jeune à pratiquer les compétences dans plusieurs scénarios, y compris des scénarios qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer pour le jeune de manière prosociale.
  • Cela aide le jeune à acquérir des compétences prosociales pour répondre à des situations problématiques. Un retour d’information et des recommandations d’amélioration doivent également être proposés.
Utilisation efficace de l’autorité:

  • Se concentrer sur le comportement du jeune plutôt que sur le jeune, en donnant des directives claires, en utilisant une voix normale plutôt qu’une voix intimidante ou élevée, en clarifiant les rôles et en maintenant un équilibre adéquat entre dimensions d’attention et de contrôle de la pratique, en étant encourageant, fiable et orienté vers l’action, respectueux même lorsque des problèmes de respect des règles se posent, récompensant et louant le respect des règles.
Restructuration cognitive:

  • Encourager le jeune à identifier et à décrire les situations qui déclenchent des pensées, des sentiments et des émotions à risque, qui pourraient donner lieu à des comportements délinquants.
  • Encourager le jeune à acquérir les compétences nécessaires pour les remplacer par des pensées alternatives rationnelles et prosociales.
  • Offrir au jeune la possibilité de mettre en pratique les compétences qu’il est en train d’acquérir.
Pratiques relationnelles:

  • Être optimiste quant à la capacité du jeune à obtenir un changement positif; faire preuve de respect, d’empathie, de chaleur, d’enthousiasme, de flexibilité et d’engagement à fournir de l’aide et du soutien ;
  • être axé sur la recherche de solutions;
  • faire preuve de maturité ;
  • montrer sa capacité à utiliser des jeux de rôle pour modéliser un comportement prosocial ;
  • se concentrer sur les solutions et non sur les problèmes;
  • ne pas porter de jugement.
  • De bonnes relations de travail sont considérées comme vitales pour la désistance.
L’entretien motivationnel: 

  • Pratique centrée sur le client impliquant une bonne relation de supervision qui engage le jeune, en suscitant la motivation à changer en utilisant des questions évocatrices et d’autres pour mettre en évidence les divergences entre l’état actuel et l’état souhaité, en utilisant des techniques de questionnement plutôt que de confrontation pour contrer la résistance, en aidant le jeune à développer son efficacité personnelle et en faisant preuve d’empathie.
Communication interinstitutionnelle /utilisation des ressources communautaires:

  • Offrir des services de défense et d’intermédiation en facilitant l’accès aux services d’aide sociale qui peuvent aider à résoudre les problèmes liés à la toxicomanie, les problèmes socio-économiques et les problèmes liés à l’abus de substances, les problèmes socio-économiques tels que les difficultés liées à l’éducation, au logement et à l’emploi, ainsi que d’autres problèmes connexes. (Voir Andrews et Kiessling, 1980 ; Miller et Rollnick, 2012 ; Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Gendreau et al, 2010)
Évaluation et Mesures des CCP
Les CCP sont souvent évaluées à travers des échelles et des indicateurs spécifiques pour mesurer leur adhérence et leur efficacité. Le rapport BJA fournit des données détaillées à partir d’une enquête auprès des détenus, avec des corrélations entre les perceptions des CCP et la préparation à la libération. Voici un tableau des mesures composites et leurs corrélations (Pearson’s R) avec la préparation à la libération, extrait du rapport :
Mesure Composite des CCP
Corrélation de Pearson (R)
Valeur p
Utilisation de stratégies de développement de compétences et de résolution de problèmes
.262
<.001
Modélisation et renforcement appropriés
.188
<.001
Qualité des relations interpersonnelles
.177
<.001
Utilisation efficace des ressources communautaires
.166
<.001
Engagement du personnel
.157
<.001
Utilisation efficace de l’autorité
.190
<.001
Discipline ferme mais juste
.156
<.001
Échelle de respect
.183
<.001
Échelle de jeu de rôle/répétition
.322
<.001
Échelle de compétence du personnel
.135
<.001
Échelle d’ouverture
.183
<.001
Échelle de structure
.183
<.001
Échelle de développement des compétences cognitives
.261
<.001
Échelle de modélisation
.165
<.001
Échelle de résolution de problèmes
.215
<.001
Échelle de confiance
.180
<.001
Échelle de renforcement efficace
.145
<.001
Échelle d’avocatie ou de mise en relation
.166
<.001
Échelle de désapprobation efficace
.145
<.01
Échelle de domination interpersonnelle
-.116
<.001
Ces corrélations montrent que les CCP, en particulier le jeu de rôle/répétition (.322, p<.001), sont fortement associées à une meilleure préparation à la libération, soutenant l’idée que leur adhérence améliore les résultats de réinsertion.
Impact et Mise en Œuvre
  • Une étude montre que les CCP améliorent la qualité de l’environnement carcéral et augmentent les chances de succès lors de la réinsertion (Use of Core Correctional Practice and Inmate Preparedness for Release). Par exemple, dans le cadre du WVORI (West Virginia’s Offender Reentry Initiative), 56,9 % des détenus ont suivi un cours d’orientation à la libération conditionnelle, mais seulement 12,9 % ont examiné leur plan de suivi dans les 90 jours précédant une possible libération. Ces chiffres soulignent des lacunes dans l’application, avec moins de 10 % des détenus recevant des informations sur les fournisseurs de services communautaires.
  • Etudes d’impact dans l’ouvrage Evidence based skills in Criminal Justice:

 

« Les CCP sont associés à une réduction de l’attrition, à un plus grand engagement des utilisateurs des services et à une réduction des taux de récidive (Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Trotter et Evans, 2012 ; Trotter, 2013 ; Raynor et al, 2014 ; Trotter et al, 2015). Comme le notent Latessa et ses collègues (2013) : « Ces CCP ont été validés sur plus de 700 programmes individuels pour adultes et mineurs en corrélant les scores avec la récidive des délinquants » . Ils ont été introduits pour la première fois par Andrews et Kiessling (1980), mais ont été développés par Gendreau et Andrews (1989) dans une version antérieure du CPAI, et le tableau ci dessous présente la version développée. La section G du CPAI-2010 évalue l’utilisation de toutes les CCP énumérées dans le tableau, à l’exception de la communication inter-agences/utilisation des ressources communautaires, qui est évaluée à l’aide de la section H du CPAI-2010. La plupart des CCP énumérées dans le tableau sont implicitement inscrites dans les compétences et connaissances actuelles de la justice des mineurs. dans la matrice actuelle des compétences et des connaissances en matière de justice de la jeunesse publiée par le Youth Justice Board (2013), qui stipule que les compétences devraient être utilisées pour évaluer les besoins de développement professionnel et de formation du personnel.

Les compétences ont également été conservées dans la dernière matrice (Youth Justice Board, 2016).

A notre connaissance, aucune autre étude n’a exploré l’utilisation de ces compétences dans le cadre de la justice pour mineurs en Angleterre et au Pays de Galles. dans d’autres juridictions ont montré que les CCP fondés sur des preuves ne sont pas systématiquement utilisées dans la pratique. Dowden et Andrews (2004) ont constaté que les CCP étaient «rarement » utilisés dans les programmes ou interventions dans leur méta-analyse. Ils ont constaté que l’utilisation des CCP n’était présente que dans 16% des études portant sur des interventions impliquant des gestionnaires de cas, et ils ont conclu que « la majorité des programmes qui ont incorporé des CCP dans leurs programmes sont des programmes d’intervention » : La majorité des programmes qui intégraient des éléments de CCP étaient associés à des tailles d’effet moyennes substantiellement plus élevées que les programmes qui n’en intégraient pas » . Dowden et Andrews (2004) ont également constaté que, parmi les quelques programmes qui utilisaient les dimensions des CCP, la plupart parvenaient à réduire considérablement la récidive par rapport aux programmes qui n’utilisaient pas les CCP, en particulier si les CCP étaient utilisées parallèlement aux principes Risque-Besoins-Receptivité (voir également Robinson et al, 2012). Des études récentes montrent également que les utilisateurs de services supervisés par des praticiens qui appliquent les CCP pendant la supervision de routine tendent à réduire les taux de recondamnation dans les contextes de supervision des adultes (Bonta et al, 2008 ; Raynor et al, 2014 ; Chadwick et al, 2015) et dans des contextes de justice pour mineurs (Trotter 2013, 2015). »

Défis et Controverses
Malgré leurs bénéfices, la mise en œuvre des CCP peut varier selon les contextes institutionnels et culturels. Des études, comme celle sur l’initiative WVORI, indiquent que de nombreux détenus perçoivent une faible qualité des relations interpersonnelles avec le personnel, ce qui limite l’efficacité des CCP. De plus, des défis liés à la formation et à l’allocation de ressources peuvent entraver leur application, avec des débats sur la meilleure manière de standardiser leur utilisation à travers différents systèmes correctionnels.
Conclusion
Les Correctional Core Practices sont un cadre essentiel pour améliorer l’efficacité des interventions correctionnelles et réduire la récidive. Leur application nécessite une formation adéquate du personnel, une évaluation régulière et une attention particulière aux relations staff-détenu. Au 30 avril 2025, leur impact est bien documenté, mais des efforts continus sont nécessaires pour surmonter les défis d’implémentation et maximiser leur potentiel.

Le Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form (PICTS-SF, Walters, 2006)

Le PICTS-SF est une mesure abrégée de 35 items utilisant la même échelle de type Likert en 4 points que la mesure complète de 80 items (PICTS).

La PICTS  Version 4. 0 est un inventaire de 80 items composé de deux échelles de validité (échelle de confusion révisée [Cf-r -revised Confusion] et échelle de défensivité révisée [Df-r-revised Defensiveness]), de huit échelles de style de pensée (échelle de minimisation [Mo – mollification ], échelle de coupure/clivage [Co-Cutoff], échelle d’habilitation (s’arroger des droits – entetilement) [En], échelle d’orientation vers le pouvoir [Po-Power Orientation], échelle de sentimentalité [Sn-Sentimentality], échelle de super-optimisme [So-Superoptimism], échelle d’indolence cognitive [Ci- Cognitive Indolence], et l’échelle de discontinuité [Ds- Discontinuity]), quatre échelles factorielles (échelle d’évitement des problèmes [PRB- Problem Avoidance], échelle d’hostilité interpersonnelle [HOS], échelle d’affirmation de soi/de tromperie [AST- Self-Assertion/ Deception] et échelle de déni des dommages [DNH-Denial of Harm]), deux échelles de contenu général (échelle de pensée criminelle actuelle [CUR- Current Criminal Thinking] et échelle de pensée criminelle historique [HIS-HistoricalCriminalThinking]) et une échelle spéciale (échelle de peur du changement [FOC-Fear of Change]).

Le PICTS-SF_FR_ne contient pas d’éléments nouveaux ou modifiés, il en contient simplement moins.

Comme la version originale, le PICTS-SF génère deux scores composites évaluant la pensée criminelle proactive et réactive (PCT-proactive criminal thinking- et RCT-reactive criminal thinking-, respectivement).

Les scores totaux de ces échelles composites sont calculés en additionnant les sous-échelles associées.

Plus précisément, les scores de la PCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • S’arroger des droits (entetilment: par exemple, « Je ne laisserai rien m’empêcher d’obtenir ce que je veux »),
  • l’affirmation de soi/la tromperie (Self-Assertion/Deception: par exemple, “enfreindre la loi n’est pas grave tant que vous ne blessez pas vraiment quelqu’un »),
  • et la pensée criminelle historique (Historical Criminal Thinking: par exemple, “J’ai aidé des amis et des membres de ma famille  avec l’argent que j’ai gagné en commettant des délits »).

Les scores de la RCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • Le clivage (Cutoff: par exemple, « De mon point de vue, j’ai payé ma dette et j’ai le droit de prendre ce que j’ai gagné »).
  • Évitement des problèmes (Problem Avoidance: par exemple, « Même si j’ai de bons projets au départ, je n’arrive pas à me concentrer et à rester sur la bonne voie »),
  • et la pensée criminelle actuelle (Current Criminal Thinking : p. ex. « J’opte pour la facilité, même si je sais que cela va m’empêcher de faire quelque chose de plus grand que je pourrais vouloir plus tard »).
Les propriétés psychométriques de la PICTS-SF ont été évaluées dans une étude récente, Tried and True? A Psychometric Evaluation of the Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form. Cette étude a analysé la fiabilité et la validité structurelle à partir de deux ensembles de données, incluant des adultes (hommes et femmes) en probation dans un centre de traitement résidentiel (n = 514) et des hommes en prison (n = 95). Les résultats montrent :
  • Consistance interne : α et ω ≥ .89, indiquant une fiabilité élevée.
  • Validité structurelle : Confirmatory Fit Index (CFI) = .90 et Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA) = .05, suggérant une bonne adéquation du modèle.
  • Validité discriminante : Corrélation entre .22 et .39, montrant une capacité à distinguer des constructs différents.
  • Validité postdictive : Ratio de taux d’incidents = 1.04 pour prédire les infractions disciplinaires, indiquant une utilité pour prédire certains résultats.
Ces résultats soutiennent l’utilisation de la PICTS-SF en recherche, avec une utilisation clinique qualifiée, nécessitant des précautions pour garantir son application appropriée.
Limites 
Bien que la PICTS-SF ait montré des propriétés psychométriques solides, certaines limites incluent sa dépendance à l’auto-évaluation, qui peut être influencée par des biais comme la désirabilité sociale. De plus, son application dans des populations avec des niveaux de littératie faibles pourrait nécessiter des adaptations, comme le montre une étude sur une version simplifiée pour les populations à faible niveau de lecture (Psychometric validation of a simplified form of the PICTS for low-reading level populations). Une controverse potentielle réside dans l’interprétation des scores, notamment leur pertinence clinique, qui nécessite des recherches supplémentaires pour établir des seuils d’intervention.

PICTS-SF_FR

Source: PICTS-SF-ENG

Voir aussi: Glenn D. Walters et le PICTS: Inventaire Psychologique des Styles de Pensée Criminelle

CCP: Pratiques Correctionnelles Centrales

décembre 21st, 2024 | Publié par crisostome dans CCP - (0 Commentaire)

CCP: Pratiques Correctionnelles Centrales

Core Correctional Practices (CCPs)

« Les CCP sont associés à une réduction de l’attrition, à un plus grand engagement des utilisateurs des services et à une réduction des taux de récidive (Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Trotter et Evans, 2012 ; Trotter, 2013 ; Raynor et al, 2014 ; Trotter et al, 2015). Comme le notent Latessa et ses collègues (2013) : « Ces CCP ont été validés sur plus de 700 programmes individuels pour adultes et mineurs en corrélant les scores avec la récidive des délinquants » . Ils ont été introduits pour la première fois par Andrews et Kiessling (1980), mais ont été développés par Gendreau et Andrews (1989) dans une version antérieure du CPAI, et le tableau ci dessous présente la version développée. La section G du CPAI-2010 évalue l’utilisation de toutes les CCP énumérées dans le tableau, à l’exception de la communication inter-agences/utilisation des ressources communautaires, qui est évaluée à l’aide de la section H du CPAI-2010. La plupart des CCP énumérées dans le tableau sont implicitement inscrites dans les compétences et connaissances actuelles de la justice des mineurs. dans la matrice actuelle des compétences et des connaissances en matière de justice de la jeunesse publiée par le Youth Justice Board (2013), qui stipule que les compétences devraient être utilisées pour évaluer les besoins de développement professionnel et de formation du personnel.

Les compétences ont également été conservées dans la dernière matrice (Youth Justice Board, 2016).

A notre connaissance, aucune autre étude n’a exploré l’utilisation de ces compétences dans le cadre de la justice pour mineurs en Angleterre et au Pays de Galles. dans d’autres juridictions ont montré que les CCP fondés sur des preuves ne sont pas systématiquement utilisées dans la pratique. Dowden et Andrews (2004) ont constaté que les CCP étaient «rarement » utilisés dans les programmes ou interventions dans leur méta-analyse. Ils ont constaté que l’utilisation des CCP n’était présente que dans 16% des études portant sur des interventions impliquant des gestionnaires de cas, et ils ont conclu que « la majorité des programmes qui ont incorporé des CCP dans leurs programmes sont des programmes d’intervention » : La majorité des programmes qui intégraient des éléments de CCP étaient associés à des tailles d’effet moyennes substantiellement plus élevées que les programmes qui n’en intégraient pas » . Dowden et Andrews (2004) ont également constaté que, parmi les quelques programmes qui utilisaient les dimensions des CCP, la plupart parvenaient à réduire considérablement la récidive par rapport aux programmes qui n’utilisaient pas les CCP, en particulier si les CCP étaient utilisées parallèlement aux principes Risque-Besoins-Receptivité (voir également Robinson et al, 2012). Des études récentes montrent également que les utilisateurs de services supervisés par des praticiens qui appliquent les CCP pendant la supervision de routine tendent à réduire les taux de recondamnation dans les contextes de supervision des adultes (Bonta et al, 2008 ; Raynor et al, 2014 ; Chadwick et al, 2015 😉 et dans des contextes de justice pour mineurs (Trotter 2013, 2015). »

 

Core Correctional Practices (CCPs)

Modélisation prosociale

Modélisation d’attitudes et de comportements prosociaux à l’aide de jeux de rôle adaptés afin d’encourager les jeunes à apprendre de nouveaux comportements. Utiliser des modèles d’adaptation pour montrer de manière vivante aux jeunes les stratégies prosociales qui peuvent être utilisées pour faire face à des situations problématiques.

Renforcement efficace

Utiliser des renforcements positifs tels que les valorisations et les récompenses pour renforcer un comportement prosocial spécifique, plutôt que d’utiliser des mesures punitives. Offrir des renforcements clairement décrits et un soutien accru immédiatement après que le jeune ait adopté le comportement souhaité.

Encourager le jeune à réfléchir aux raisons des renforcements et aux avantages à long terme du comportement souhaité.

Désapprobation efficace

Remettre en question une attitude ou un comportement antisocial spécifique en manifestant sa désapprobation sans porter de jugement ou d’accusation. Montrer sa désapprobation d’une manière non culpabilisante immédiatement après un comportement ou un discours négatif et en expliquant les raisons de la désapprobation.

Modéliser des alternatives prosociales et encourager le jeune à réfléchir aux raisons pour lesquelles le comportement est inacceptable et sur les conséquences à long terme d’un tel comportement.

Cesser la désapprobation une fois que le comportement est corrigé et en approuvant l’effort du jeune pour changer de comportement.

Résolution de problèmes

Travailler avec les jeunes pour les aider à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes ou des compétences sociales pour faire face à divers problèmes ou situations qui les exposent à un risque de délinquance. Il s’agit de l’identification des problèmes qui affectent le comportement, d’identifier et d’évaluer les objectifs et les solutions, et de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer un plan d’action clair (sans critiquer le jeune à aucun moment).

Utile pour aider les jeunes à se rendre compte qu’ils ont les compétences d’identifier leurs objectifs et de résoudre leurs problèmes. Cela peut leur donner un sentiment de force personnelle, de contrôle et d’autodétermination, autant d’éléments considérés comme des dimensions clés de la désistance (voir, par exemple, Maruna et LeBel  2010 ; McNeill, 2006).

Renforcement des compétences prosociales (à l’aide de procédures structurées)

Une partie du processus consistant à aider les jeunes à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes consiste à travailler en collaboration avec le jeune pour identifier et mettre en pratique de nouvelles compétences prosociales. Cela implique de définir clairement la compétence pour le jeune, de modéliser la compétence, utiliser le jeu de rôle pour encourager le jeune à pratiquer les compétences dans plusieurs scénarios, y compris des scénarios qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer pour le jeune de manière prosociale.

Cela aide le jeune à acquérir des compétences prosociales pour répondre à des situations problématiques. Un retour d’information et des recommandations d’amélioration doivent également être proposés.

Utilisation efficace de l’autorité

Se concentrer sur le comportement du jeune plutôt que sur le jeune, en donnant des directives claires, en utilisant une voix normale plutôt qu’une voix intimidante ou élevée, en clarifiant les rôles et en maintenant un équilibre adéquat entre dimensions d’attention et de contrôle de la pratique, en étant encourageant, fiable et orienté vers l’action, respectueux même lorsque des problèmes de respect des règles se posent, récompensant et louant le respect des règles.

Restructuration cognitive

Encourager le jeune à identifier et à décrire les situations qui déclenchent des pensées, des sentiments et des émotions à risque, qui pourraient donner lieu à des comportements délinquants.

Encourager le jeune à acquérir les compétences nécessaires pour les remplacer par des pensées alternatives rationnelles et prosociales.

Offrir au jeune la possibilité de mettre en pratique les compétences qu’il est en train d’acquérir.

Pratiques relationnelles

Être optimiste quant à la capacité du jeune à obtenir un changement positif; faire preuve de respect, d’empathie, de chaleur, d’enthousiasme, de flexibilité et d’engagement à fournir de l’aide et du soutien ; être axé sur la recherche de solutions; faire preuve de maturité ; montrer sa capacité à utiliser des jeux de rôle pour modéliser un comportement prosocial ; se concentrer sur les solutions et non sur les problèmes; ne pas porter de jugement. De bonnes relations de travail sont considérées comme vitales pour la désistance.

L’entretien motivationnel

Pratique centrée sur le client impliquant une bonne relation de supervision qui engage le jeune, en suscitant la motivation à changer en utilisant des questions évocatrices et d’autres pour mettre en évidence les divergences entre l’état actuel et l’état souhaité, en utilisant des techniques de questionnement plutôt que de confrontation pour contrer la résistance, en aidant le jeune à développer son efficacité personnelle et en faisant preuve d’empathie.

Communication interinstitutionnelle /utilisation des ressources communautaires

Offrir des services de défense et de courtage en facilitant l’accès aux services d’aide sociale qui peuvent aider à résoudre les problèmes liés à la toxicomanie, les problèmes socio-économiques et les problèmes liés à l’abus de substances, les problèmes socio-économiques tels que les difficultés liées à l’éducation, au logement et à l’emploi, ainsi que d’autres problèmes connexes. (Voir Andrews et Kiessling, 1980 ; Miller et Rollnick, 2012 ; Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Gendreau et al, 2010)

 

 

CCP: Pratiques Correctionnelles Centrales

décembre 21st, 2024 | Publié par crisostome dans CCP - (0 Commentaire)

Core Correctional Practices (CCPs)

(Pratiques Correctionnelles Centrales )

« La dernière dimension, axée sur l’évaluation des compétences relationnelles et structurantes des praticiens (pour laquelle il existe une base de données probantes internationale en plein essor – voir Ugwudike et al. 2018), a été adaptée à partir d’un instrument préexistant, la Jersey Supervision Interview Checklist (Rayor et al. 2009).
Développée et validée dans les îles britanniques (Raynor et al. 2014), cette liste aborde neuf ensembles de compétences : préparation de l’entretien, communication non verbale, communication verbale, utilisation de l’autorité, entretien motivationnel, modélisation pro-sociale, résolution de problèmes, restructuration cognitive et structure générale de l’entretien. Bien que ces ensembles de compétences correspondent largement aux pratiques correctionnelles de base énumérées à la section G du CPAI-2010 (voir le tableau ci dessous), une plus grande attention est accordée à la qualité de l’engagement de l’utilisateur du service et chaque principe de pratique est décomposé en éléments plus spécifiques (et plus faciles à observer). Par exemple, quatre éléments du CPAI exigent que les praticiens soient « ouverts, chaleureux et respectueux », « non culpabilisants, empathiques et authentiques », « flexibles, fassent preuve d’humour et soient engageants », et « enthousiastes et optimistes ». Pour mesurer ces qualités, la liste de contrôle Jersey comprend 15 éléments, dont des instructions spécifiques relatives à la qualité de la communication non verbale (par exemple, « posture ouverte/bras non croisés ») et de la communication verbale (par exemple, « surtout des questions ouvertes»).
Il est important de souligner les mises en garde concernant la nécessité de faire preuve de souplesse pour créer des « relations de collaboration authentiques » et « faire preuve d’une écoute active » (Nelson-Jones 2011 : 51), et de la réactivité culturelle dans la communication, sont fournies dans le manuel d’accompagnement de la liste de contrôle (Vanstone et Raynor 2012).
La base factuelle de ces éléments est étayée par la littérature sur la RBR, la désistance et la prise en compte du genre, de la désistance et de la littérature sur la prise en compte du genre. Par exemple, les compétences relationnelles, caractérisées par l’empathie, le respect, la chaleur, etc., sont une caractéristique clé des pratiques correctionnelles de base, tandis que McNeill identifie le « soutien soutenu et compatissant d’une source de confiance “ comme le fondement des processus de désistance (2006 : 49), et que les relations d’aide ” favorisent la croissance chez les femmes » (Bloom et al. 2003 : 55). Le modèle d’aide qualifiée d’Egan décrit l’importance de la communication non verbale, comme le fait de faire face à l’utilisateur du service, de maintenir une posture ouverte, d’être attentif et d’avoir l’air détendu, car « un état d’esprit respectueux, empathique, authentique et bienveillant pourrait bien perdre son impact si le client ne voit pas ces attitudes internes se refléter dans vos comportements externes » (Egan 2002 : 70).

1.Utilisation appropriée de l’autorité

  • Le personnel concentre ses instructions et ses commentaires sur le comportement de l’usager, sans être personnel
  • Le personnel est direct et spécifique
  • Le personnel n’élève pas la voix
  • Le personnel précise les choix et les conséquences qui en découlent
  • Le personnel est encourageant et respectueux
  • Le personnel joint le geste à la parole
  • « Une approche ferme mais juste

2. Modélisation et renforcement

  • Le personnel utilise un modèle d’adaptation – en donnant une démonstration concrète et vivante du comportement souhaité
  • Le personnel définit et modélise la compétence avant d’engager l’utilisateur du service dans une pratique progressivement difficile (c’est-à-dire un jeu de rôle).
  • Le personnel est une source de renforcement plutôt que de punition
  • Le renforcement consiste à donner ou à encourager une description immédiate et détaillée des avantages du comportement souhaité.
  • Le personnel donne ou encourage immédiatement une description détaillée du caractère indésirable des comportements antisociaux

3. Renforcement des compétences et stratégies en résolution de problèmes

Les membres du personnel aident les utilisateurs du service à :

  • Identifier le problème
  • Mettre en œuvre un plan
  • Clarifier les objectifs
  • Évaluer les options
  • Générer des alternatives
  • Évaluer le plan

4. Facteurs relationnels

 Le personnel est :

  • Chaleureux
  • Authentique
  • Humoristique
  • Enthousiaste
  • Confiant
  • Empathique
  • Respectueux
  • Flexible
  • Engagé à aider l’utilisateur du service
  • Engageant

La communication avec les utilisateurs du service est :

  • Directive
  • Axée sur les solutions
  • Structurée
  • non culpabilisante
  • Basée sur les contingences

5. Entretien motivationnel

Personnel :

  • Développer la divergence
  • Exprimer de l’empathie
  • Amplifier l’ambivalence
  • Rouler avec la résistance
  • Soutenir l’auto-efficacité (Miller et Rollnick 2013)

6. La restructuration cognitive

Personnel :

  • Encourager la description des situations problématiques (par exemple, rapport de réflexion)
  • Faire ressortir les descriptions des pensées et des sentiments
  • Identifier les distortions cognitives
  • Guider la pratique d’une pensée alternative
  • Mettre en place des opportunités pour pratiquer une pensée moins risquée (Spiegler et Guevremont 2010 ; Gendreau et al. 2010)

Les items 1 à 4 sont adaptés de Andrews et Kiessling (1980) et de Dowden et Andrews (2004). Les items originaux incluaient également l’utilisation des ressources communautaires en tant que CCP, bien que Gendreau et al. (2010) l’aient redéfini comme une dimension individuelle de la pratique efficace, la « communication inter-agences » (évaluée dans le domaine I du CPAI), et ont ajouté les éléments de l’entretien motivationnel et de la restructuration cognitive en tant que CCP dans leur résumé des éléments clés de 2004.

Source: The Routledge Companion to Rehabilitative Work in Criminal Justice , Edited by Pamela Ugwudike, Hannah Graham, Fergus McNeill, Peter Raynor, Faye S. Taxman and Chris Trotter (2020)

Loraine Gelsthorpe & Rod Morgan (2007)  Handbook of Probation

« Jusqu’à récemment, la plupart des efforts déployés par le gouvernement dans le cadre de l’initiative « What Works » concernaient de programmes efficaces, principalement, mais pas toujours, des programmes avec du travail en groupe. Mais dès 1997, Underdown a souligné l’importance de la gestion des cas dans le cadre de What Works. Pour lui, la gestion de cas consistait principalement à guider et à soutenir le travail du programme, par une bonne évaluation, la planification, la motivation et la prévention des rechutes. Depuis lors, certains chercheurs sont allés plus loin et ont affirmé l’importance d’une bonne gestion de cas, plutôt que de programmes, pour des interventions efficaces. La relation entre l’agent et l’auteur de l’infraction est au cœur de cette démarche (voir, par exemple, Burnett et McNeill 2005).

La littérature sur les relations efficaces dans le travail social remonte à l’ére du traitement. Par exemple, Truax et Carkhuff (1967) ont souligné l’importance de l’empathie, de la considération positive ou de l’intérêt, de l’authenticité et d’une approche concrète et spécifique des objectifs. Ces éléments ont été renforcés par les recherches de Miller et Rollnick (1992) sur la valeur de l’entretien motivationnel, et par Trotter (1993) sur l’impact de la modélisation pro-sociale  par l’officier superviseur sur les taux de recondamnation. Plus récemment, une méta-analyse de Dowden et Andrews (2004) a identifié des compétences particulières du personnel qui contribuent à un travail de réinsertion efficace avec les délinquants. Il s’agit d’un usage efficace de l’autorité, d’un modelage et d’un renforcement appropriés, l’utilisation d’une approche de résolution des problèmes et le développement de relations caractérisées par l’ouverture, la chaleur, l’empathie, l’enthousiasme, la guidance et la structure,.

Il apparaît donc que la mesure de l’efficacité de la gestion des dossiers comporte au moins deux dimensions : l’efficacité du processus/organisation de gestion des dossiers et l’efficacité de la relation de travail. D’autres recherches sont nécessaires pour explorer l’influence relative de la gestion de cas et des programmes sur les résultats globaux tels que la récidive.

En résumé, le What Works a relancé la réduction de la récidive  comme un objectif central de la probation. Mais ce n’est pas tout. Il a souligné l’importance de la rigueur dans la conception de la recherche pour que les résultats soient solides. Elle a également élargi le champ des mesures d’efficacité pour inclure la conception, le ciblage et la mise en œuvre des interventions, et a attiré l’attention sur l’importance des résultats intermédiaires et de la récidive elle-même.

Le tableau ci-dessous  adapté de Underdown (1998), résume ceci de façon plus large. Cet éventail de mesures comprend des approches qualitatives et quantitatives pour trianguler les résultats et parvenir à des conclusions plus solides. En particulier, le What Works a remis l’accent sur les modèles de recherche quasi-expérimentaux et expérimentaux en utilisant des comparaisons bien appariées ou des essais contrôlés randomisés. »

Mesures d’efficacité de What Works

Sujet Mesures
1. Caractéristiques du programme ou de la conception de l’intervention Caractéristiques de l’intervention, telles que la base théorique, l’adéquation des méthodes d’intervention, la
2. Ciblage Les participants ont-ils un niveau de risque et besoins criminogènes appropriés ?
3. Animation du programme Le programme est-il délivré efficacement et  comme prévu
4. Achèvement et respect du programme Les participants achèvent-ils le programme et se conforment-ils à ses exigences ?
5. Retour d’information des parties prenantes Feedbacks des délinquants, du personnel, des prestataires externes, des juges sur l’efficacité du programme
6. Changement dans les attitudes/comportements changement dans les attitudes/comportements appropriés tels que les capacités de réflexion, la sensibilisation aux victimes, l’agressivité
7. Autres changements intermédiaires Changement dans des domaines appropriés tels que les compétences de base, la formation professionnelle, les relations familiales
8. Récidive Réduction du niveau de délinquance, y compris la fréquence et la gravité
9. Gestion de cas Qualité de l’évaluation, de la planification, de l’orientation vers des interventions adaptées au contexte et un soutien continu
10. Compétences en matière de traitement des dossiers Efficacité des relations de travail entre le personnel  et les délinquants