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mai 19th, 2020 | Publié par crisostome dans DANGEROSITE | PRISON - (0 Commentaire)

FRANCE CULTURE (20/04/2009) Histoire de la prison: Michel Vaujour

Histoire de la prison 1/4 :

Pour ouvrir cette semaine consacrée à l’histoire de la prison, marquée par la pensée de Michel Foucault, **la Fabrique** vous propose d’entendre **Michel Vaujour** comme grand témoin , ex-braqueur, roi de l’évasion. Pendant toute l’heure, cet entretien livre quelques impressions concrètes de l’univers carcéral : les pierres des cellules qui paraissent « se souvenir » des détenus précédents, les transferts, la télévision comme un somnifère, « l’immense perversion des rapports » entre détenus et gardiens… Mais, plus que ses célèbres tentatives d’évasion, l’émission décrit surtout le cheminement mental de Vaujour pendant ces 27 années passées derrière les barreaux. Comment il a d’abord vécu « la prison dans la prison », très solitaire, isolé (près de quatre ans sans parler), obnubilé par la seule idée de s’enfuir. Jusqu’au moment où, finalement, il a accepté de mieux jouer le « jeu » carcéral, sans changer profondément de regard sur la prison. « *La prison n’a qu’un sens, c’est en sortir* , nous dit-il. « *Elle n’a aucun autre sens.*

 

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/vaujour_FABRIQUE_DE_LHISTOIRE%2020.04.2009.mp3

 

Histoire de la prison 1/4

FRANCE CULTURE, émission les chemins de la philosophie  (09/05/2019) Algorithmes : Serons-nous bientôt jugés par des ordinateurs ?

Quels effets les algorithmes ont-ils sur la justice ? Comment le numérique a-t-il révolutionné notre langage et notre écriture, les liens qui structurent notre société ? Et qu’est-ce que cette nouvelle forme d’intelligence engendre de nouveau d’un point de vue juridique et philosophique ?

L’invité du jour :

Jean Lassègue, philosophe et épistémologue, chargé de recherche CNRS et chercheur associé à l’IHEJ, l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice

Texte lu par Hélène Lausseur :

  • Extrait de l’ouvrage de Paul Ricoeur, Le Juste IL’acte de juger, éditions Esprit, 1995

Sons diffusés :

  • Extrait du film Imitation Game, de Morten Tyldum, 2014
  • Extrait du film Minority Report, de Steven Spielberg, 2002
  • Extrait d’un journal de France Culture en mai 2015 (des policiers de Paris testent des logiciels prédictifs)
  • Extrait de la fiction France Culture Le Maladie imaginaire, de Verell Ferguson, oeuvre radiophonique de 1973
  • Chanson de fin : Alexandre London, Jury, Judge, Executioner

 

FRANCE CULTURE (29/11/2018) La grande table:  Comment rendre une justice « humaine » ?

Peut-on défendre tout le monde? Quels représentations derrière le mot « monstre », qui nous sert à qualifier les pires criminels? Et pourquoi ne pas les défendre? Avec Thierry Illouz, avocat, romancier, dramaturge, auteur de « Même les monstres » (Iconoclaste, 2018)

Réflexion sur les figures du bien et du mal, sur les principes de justice, et d’injustice, avec l’avocat pénaliste, Me Thierry Illouz, qui publie Même les Monstres (L’Iconoclaste, 2018).

Quand « défendre, c’est épuiser l’idée du mal », chercher le pourquoi de l’acte, se mettre à hauteur d’homme, faire montre d’empathie. Car l’avocat, et c’est là ce qu’on  lui reproche souvent, prend parti pour celui qu’il défend. Alors, pour qui prend-t-il parti lorsqu’il défend un criminel, un « monstre », déjà étiqueté et condamné par l’opinion avant même de comparaître?

Je pense qu’un acte seul n’existe pas. Il est toujours dans un système de corrélation avec l’histoire des gens. J’essaye d’apporter des visages, de dévoiler, de démasquer.
(Thierry Illouz)

Car, pour Thierry Illouz, l’indulgence n’est pas une faiblesse, et le mot monstre, terme « élastique » dont on ne sait pas où il commence ni où il finit, ne saurait se justifier. Défendre des criminels et non des crimes, ne pas oublier que, parfois, avant d’être bourreau, ils ont pu être victime.

[Le mot « monstre » permet de dire :] « quelle que soit ma vie, je ne suis pas ça ». Nous sommes aussi cela, nous contenons cette possibilité.
(Thierry Illouz)

Thierry Illouz porte une analyse mêlée d’expérience personnelle, entre psychanalyse de la robe et dénonciation, en appelant aux outils du droit et de la littérature. Auteur de romans, dont La nuit commencera (Buchet Chastel, 2014), prix Simenon, en 2015, et de pièces de théâtre, dont A ma troisième robe, joué en 2012 au Théâtre du Rond-Point à Paris avec François Morel, il distingue bien les deux genres, les planches et le prétoire, rejette la justice-spectacle et continue de plaider pour la défense des monstres.

J’ai un parcours, une histoire, comme tout le monde. Elle communique avec mon travail d’avocat.
(Thierry Illouz)

Extraits sonores : 

  • Pascale Robert Diard : « On ne peut plus qualifier quelqu’un de monstrueux » (L’humeur vagabonde, 26/10/2006)
  • Eric Dupond-Moretti à la Matinale de France Inter (03/11/18)
  • Sur la fin du procès de Michel Fourniret (Journal de France Inter, 28/05/2008)

 

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Déviance et société
la criminologie d’aujourd’hui
Jean Pinatel

Déviance ut Société. Genève, 1977, vol. I, No. 1 , p. 87-93
Tribune : Les criminologies
LA CRIMINOLOGIE D’AUJOURD’HUI
Jean PINATEL
Aujourd’hui, comme hier, l’objet de la criminologie est la genèse et la dynamique du crime. Il s’ensuit que la théorie criminologique doit fournir une définition du crime, susceptible de dégager le principe d’une approche ouvrant de vastes perspectives à une recherche conduite selon une méthodologie rigoureuse.
La question qui, à partir de là, se pose est celle des relations de la criminologie ainsi conçue avec la politique criminelle.
I. La théorie et les principes heuristiques de base A. La définition du crime et le domaine de la criminologie Crime, délit, infraction sont des termes équivalents du point de vue criminologique. L’essentiel est de bien délimiter le domaine qu’ils recouvrent. Ce qu’il faut préciser, une fois pour toutes, c’est que la criminologie ne confie pas au droit pénal le soin de délimiter son domaine. Pour qu’il y ait crime du point de vue criminologique, trois conditions sont nécessaires :
1. condition historique : il faut que le fait considéré ait été incriminé, sous des modalités variables, tout au long de l’histoire du droit pénal.
2. condition psycho-sociologique : il convient que ce fait soit considéré comme crime par les groupes qui constituent l’Etat moderne.
3. condition clinique : il faut que ce fait soit vécu comme crime par son auteur.
Dans cette perspective criminologique, le crime se traduit toujours
par l’aggression d’un membre du groupe contre des valeurs permanentes, acceptées par le groupe et dont la transgression exige un effort d’autolégitimation particulièrement intense de la part de l’infracteur.
Il suit de là que le domaine de la criminologie est restreint. En particulier, les actes et comportements qui varient dans le temps et l’espace (infractions liées à la morale sexuelle, crimes sans victime, phénomènes de déviance) ne lui appartiennent pas en propre.

B. L’approche de la genèse et de la dynamique du crime
Le principe de l’approche de la genèse et de la dynamique du crime peut être exposé à partir d’une allégorie géométrique dont j’ai trouvé l’idée chez MENDES CORREA. Imaginons un cône et plaçons au sommet l’acte criminel. Les facteurs biologiques et sociaux (du milieu personnel) en occuperont la circonférence basilaire, la périphérie de la base, la personnalité du délinquant sera au centre de la base, la situation criminelle dans laquelle le délinquant se trouve placé sera
localisée dans l’axe du cône. Des génératrices peuvent relier directement les facteurs biologiques et les facteurs du milieu personnel à l’acte délictueux, mais dans la majorité des cas, ces facteurs n’ont qu’une influence indirecte sur le crime par l’intermédiaire de la personnalité et de la situation. Il faut ajouter que ce cône est plongé dans la société globale d’où émanent des stimuli pouvant jouer une action inhibitrice ou favorisante sur les facteurs biologiques et du milieu personnel.
Ce qui résulte de cette allégorie géométrique, c’est que la personnalité du délinquant est au centre de l’approche de la dynamique du crime.

C Le modèle de la personnalité criminelle
L’instrument qui va permettre de développer cette approche est le modèle de la personnalité criminelle. Il faut préciser, afin d’éviter tout malentendu, que ce modèle ne renvoie pas à une variante anthropologique et fixiste — comme le type criminel lombrosien — . D’une part, il postule qu’il n’y a pas de différence de nature entre délinquant et non-délinquant. Seules des différences de degré ou de structure peuvent les distinguer, comme d’ailleurs elles peuvent permettre de différencier les délinquants entre eux. D’autre part, il admet que la personnalité est dynamique, qu’elle n’est jamais fixée mais toujours évolutive.
Le modèle de la personnalité criminelle a été élaboré, à partir d’une vaste exploration de la littérature criminologique. Cette exploration a permis de découvrir :

1. que certains traits de personnalité se retrouvaient dans toutes les recherches : ce sont Fégocentrisme, la labilité, l’indifférence affective et l’agressivité.
2. que d’autres traits de personnalité n’ont pas le même caractère d’universalité : ce sont les traits de tempérament (certains délinquants sont des actifs, d’autres des passifs), les aptitudes (physiques, intellectuelles, socio-professionnelles qui diffèrent selon les sujets) et les besoins (nutritifs, sexuels qui sont également affectés d’un fort coefficient de variabilité).
Ces résultats sont des faits. Ils sont susceptibles de vérification.
D. Les principes heuristiques de base
Ces faits ont été colorés d’une interprétation ayant des fins heuristiques. J’ai, en effet, posé en principe :

1. que Pégocentrisme, la labilité, l’indifférence affective et l’agressivité constituent le noyau central de la personnalité criminelle, qui détermine le passage à l’acte.
2. que les autres traits constituent les variantes ou variables de la personnalité criminelle et n’ont d’influence que sur les modalités du passage à l’acte, à savoir sa direction, sa réussite et ses motivations.
Ce faisant, j’ai doté la recherche criminologique d’un modèle spécifique permettant, d’une part, l’étude du passage à l’acte et, d’autre part, l’approche de la société globale. Il s’agit, en premier lieu, de mettre en lumière l’action et l’interaction des traits de personnalité dans le mouvement qui finit par se condenser dans l’acte criminel. Il s’agit, en second lieu, de dégager les aspects de la société globale susceptibles de favoriser et stimuler le jeu de ces mêmes traits à l’échelle individuelle.
Autrement dit, le modèle de la personnalité criminelle se situe à la charnière du clinique et du sociologique. Sur le plan clinique, il ouvre des perspectives de plus en plus fines d’analyse. Sur le plan sociologique, il permet de prendre en considération les déterminismes globaux. Sa portée heuristique n’a pas besoin, dans ces conditions, d’être soulignée.
II. La recherche à mener et la méthodologie à employer
Deux domaines doivent être distingués en ce qui concerne la recherche à mener et la méthodologie à employer, à savoir la criminologie pure et la criminologie sociale.
A. Criminologie pure
Le domaine de la criminologie pure est par excellence celui de la genèse et de la dynamique du crime. Quatre recherches doivent être menées à bien de ce point de vue.
a) Le déterminisme direct du crime
II se développe surtout à propos des actes subits et irréfléchis et met en jeu des mécanismes d’ordre psychophysiologique (colère) ou psychopathologique (alcoolisme, débilité, épileptoïdie) ou pathologique (psychose).
La recherche à mener et les méthodes à employer relèvent essentiellement de la psychiatrie criminelle, non de la criminologie pure.
Cette dernière n’est pas concernée par les types psychiatriquement définis.
b) La formation de la personnalité
II s’agit de saisir Faction et l’interaction des facteurs biologiques et du milieu personnel (inéluctable, occasionnel, choisi, subi) qui ont influencé la formation de la personnalité. La recherche peut être menée à partir d’une approche documentaire (dossiers), clinique (participation à l’observation) et expérimentale (grâce à des techniques actives, comme le psychodrame). Elle exige des précautions rigoureuses (élimination des biais tenant au langage, aux présupposés théoriques et aux
représentations sociales des praticiens). Autrement dit, les données ne doivent pas être prises telles qu’elles, mais épurées.
Du point de vue méthodologique, il faut appliquer ici la règle des niveaux d’interprétation (se limiter à rassembler les données se rapportant au sujet et laisser de côté celles concernant l’acte et le phénomène) et la règle de l’approche différentielle (il faut toujours un groupe-témoin de non-délinquants).
Sur le plan du traitement des données, il faut recourir à l’analyse statistique (analyse factorielle essentiellement) et à la présentation de biographies (études de cas).
c) Le passage à l’acte
A partir d’une situation déterminée (spécifique, non spécifique, mixte) se développe un processus criminogène (acte grave, de maturation criminelle). Ce qu’il faut rechercher c’est la spécificité de la réponse apportée par une personnalité à telle situation et la manifestation de cette personnalité dans les diverses étapes du passage à l’acte.
Autrement dit, la personnalité doit être étudiée dans le mouvement du passage à l’acte.
La règle méthodologique essentielle est celle de la primauté de la description. En dehors de l’observation directe des passages à l’acte survenus en institution, cette description ne peut être que rétrospective : c’est la grande différence entre la médecine et la criminologie. Elle repose sur l’analyse documentaire (dossier judiciaire, autobiographie du sujet) et l’investigation clinique (interview et questionnaire). Les précautions rigoureuses exigées dans l’approche de la formation de la personnalité se retrouvent nécessairement dans cette recherche. Quant au traitement des données, il doit essentiellement prendre la forme de biographies (études de cas).

d) L’influence de la société globale
Elle peut être mise en lumière par une double approche :
1. la première part de la personnalité et s’élève à la société globale;
elle recherche dans cette dernière l’existence de facteurs
susceptibles de favoriser le développement des traits personnels en
relation avec le passage à l’acte;
2. la seconde part de la société et redescend vers la personnalité; elle
recherche les mécanismes par lesquels les stimuli globaux
atteignent le milieu personnel et, à travers lui, la personnalité.
Pour ce qui concerne la première approche, il faut recourir
essentiellement à la technique de l’étude des cohortes, qui est susceptible par
la comparaison de plusieurs cohortes, de faire saisir les influences
différentes de la société globale à diverses périodes historiques.
Quant à la seconde, elle se présente avant tout et surtout comme
devant mettre en oeuvre une technique socio-culturelle de type
ethnologique appliquée à l’étude des milieux personnels et des sous-cultures
qui s’y rattachent.
L’approche statistique globale et le traitement des données qu’elle
dégage constituent dans les deux cas des explorations préalables.
En bref, sur le plan de la criminologie pure, il est possible de
prolonger la position théorique par des recherches effectives. Mais,
force est de reconnaître que les techniques dont nous disposons, ne
sont pas toujours à la hauteur des recherches que nous définissons.
B. Criminologie sociale
Elle se propose d’apporter un point de vue criminologique dans le
domaine de la pathologie sociale. Elle aborde ainsi des problèmes
généraux étudiés principalement sous l’angle de l’hygiène sociale
(alcoolisme, toxicomanies, pathologie mentale, suicide, conduites
homosexuelles et dérèglements de la vie sexuelle, prostitution, vagabondage)
ou dans la perspective de la science politique (violence, avortement,
accidents de la circulation et du travail, fraudes commerciales et
fiscales).
La méthode à suivre est la méthode différencielle. L’application du
modèle criminologique à ces phénomènes doit permettre de saisir dans
quelle mesure ils ressemblent et divergent des phénomènes délin-
quantiels fondamentaux.
Pour les techniques, il suffit de renvoyer à ce qui a été exposé à
propos de la criminologie pure.

III. Les relations avec la politique criminelle
Les relations de la criminologie avec la politique criminelle
existent dans trois champs définis : l’administration de la justice, le
traitement des délinquants et la prévention du crime.
A. Administration de la justice
L’étude de l’administration de la justice est dominée par les
techniques des sciences sociales : analyses de système, analyses de
contenu, interviews et simulations, sondages d’opinion. C’est grâce à ces
techniques que l’efficacité de l’institution, les idéologies qu’elle
véhicule, les comportements qui s’y développent (sentencing) et l’image
qu’elle reflète sont étudiés.
Ces techniques, utiles pour faire connaître le cadre des
applications criminologiques, sont insuffisantes pour mettre en lumière les
influences du milieu judiciaire (et policier) sur la personnalité des
délinquants. Elles doivent donc être complétées par un recours à la
psychologie judiciaire, aujourd’hui négligée, et aux techniques de
recherche clinique. Les processus d’étiquetage, de stéréotypie, de
stigmatisation doivent être envisagés dans cette optique clinique.
De ce point de vue, l’étude de l’administration de la justice
intéresse, non seulement la politique criminelle, mais la criminologie
pure (formation de la personnalité).
B. Traitement des délinquants
Le traitement des délinquants se propose d’exercer une influence
sur leur personnalité soit par des techniques d’entretien, soit par des
techniques de comportement. Il constitue un domaine, où des
découvertes fondamentales intéressant la criminologie pure peuvent être
faites. En particulier, le point de savoir quel est le degré d’évolution
d’une personnalité ne peut être décelé qu’à travers le traitement.
Cette recherche clinique, dont la recherche active et l’observation
clinique sont les clefs de voûte, est susceptible d’aller beaucoup plus
loin que les recherches déjà entreprises, comme, par exemple, la
recherche evaluative statistico-mathématique ou la recherche socio-culturelle
de type ethnologique menée à bien dans les prisons (communauté
carcérale).
Mais la clinique est surtout une pratique. A ce titre, des
instruments de diagnostic, de pronostic et de définition du programme de
traitement doivent être mis au point, à partir du modèle de la
personnalité criminelle. Ce dernier peut dès lors, devenir le support du concept
d’état dangereux.

En présence d’un délinquant déterminé le problème est toujours
de porter un jugement de valeur sur sa personnalité et d’émettre un
pronostic, compte tenu du traitement possible, quant à son
comportement ultérieur. C’est parce que le modèle de la personnalité criminelle
rend possible un diagnostic et un pronostic d’état dangereux que la
clinique criminologique peut fonctionner d’une manière non aléatoire.
C. Prévention du crime
C’est dans le domaine de la prévention du crime que les rapports
entre la criminologie et la politique criminelle sont susceptibles de
s’avérer les plus vastes.
La recherche qu’il convient d’entreprendre dans ce domaine doit
être basée sur le modèle de criminalité qui se développe. De ce point de
vue, l’on distingue trois grands modèles de criminalité : le modèle des
pays en voie de développement, où la criminalité est fille de la misère et
constitue une réaction biologique de survie, le modèle des pays en
guerre révolutionnaire, dans lesquels la criminalité est intégrée dans son
processus, le modèle post-industriel dans lequel l’organisation du crime
et le crime en col blanc coexistent avec la violence (violence ludique des
jeunes, violence dans la rue) et les délits liés à l’abus des drogues. Ces
trois modèles interfèrent et interréagissent, d’ailleurs, les uns sur les
autres. C’est dans la connaissance de ces modèles et de leur interaction
que réside l’objet même de la criminologie comparée.
Ce qui paraît s’imposer à nous, c’est que la politique sociale et
l’évolution politique dominent pour les deux premiers modèles
l’élaboration d’un programme de prévention. Mais ces orientations sont
insuffisantes pour ce qui concerne le troisième modèle, quel que soit, au
surplus, le régime politique en cause. C’est qu’en effet la criminalité
rattachée au développement économique et social est liée, non à un
type d’organisation politique et économique, mais au progrès fulgurant
du facteur scientifique et technique et à ses incidences d’ordre
physique, intellectuel et surtout moral. C’est parce que l’homme est
désorienté dans le monde que la science et la technique ont édifié, que
nos problèmes sont ce qu’ils sont.
Il est à peine besoin de souligner combien le modèle de la
personnalité criminelle est susceptible de mettre en lumière les aspects crimi-
nogènes de la société post-industrielle et de l’orienter vers la recherche
de nouvelles structures élaborées en partant de l’homme et de ses
besoins et susceptibles de contribuer à sa promotion.
Jean PINATEL
Société Internationale de Criminologie
4, rue de Mondovi
Paris 1er

COLLOQUE Psychiatrie en prison Organisé par Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris en partenariat avec l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP) le 25 juin, au Palais du Luxembourg

Première table ronde :

  •   Ouverture du colloque

 Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne)

  • Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL)

« L’accès aux soins psychiatriques en milieu carcéral »

  • Sébastien Saetta, sociologue, auteur d’une thèse sur les experts psychiatres dans les affaires criminelles et membre du conseil d’administration de l’ « OIP »

« Entre pénalisation et médicalisation »

  • Dr Thomas Bosetti, médecin psychiatre à l’Habitat Alternatif Social de Marseille, coordinateur chez « Médecins du monde »

« Proposition de recherche interventionnelle d’alternative à l’incarcération des personnes vivant avec des troubles psychiatriques, sans domicile et déférées en comparution immédiate »

  • Eric Pechillon, professeur de droit public à l’Université Bretagne-Sud

« Le droit peut-il être un instrument utile pour améliorer la qualité du soin en détention? »

  • Juliane Pinsard, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature

« Coopération interprofessionnelle durant l’incarcération et après la sortie »

Deuxième table ronde :

  • Dr Michel David: président de l’ « Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP) » et psychiatre à la maison d’arrêt de Coutances

« La psychiatrie en milieu pénitentiaire : maintenir le cap sanitaire »

  • Dr Emeline Chaigne, présidente du Syndicat des praticiens exerçant en prison, praticienne hospitalière, responsable de l’unité sanitaire du centre de détention de Bédenac

« La prise en charge sanitaire globale des personnes détenues  et des profils sanitaires spécifiques et particuliers »

  • Dr Fadi Meroueh, praticien hospitalier, chef de service de l’unité sanitaire de la maison d’arrêt de Villeneuve -les- Maguelone

« État des lieux et problématique en évolution au sein des UCSA »

  • Dr David Touitou, psychiatre intervenant au Pôle SMPR-UHSA à la prison de Fresnes

« Soins spécifiques en UHSA »

  • Jean-Marie Delarue, ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL)

« L’effet des soins psychiatriques en détention »

  • Conclusion

 

Toutes les infos sur: https://estherbenbassa.eelv.fr/videos-du-colloque-psychiatrie-en-prison-qui-a-eu-lieu-le-25-juin-au-senat/

FRANCE CULTURE (2018) cycle d’émissions « A voix nues », consacrées à l’expert Daniel ZAGURY (Fevrier 2018)

Daniel Zagury (1/5) : Un avenir à Chevilly-Larue

Pour comprendre ce qui pousse certains hommes à commettre des actes monstrueux, la justice fait appel à l’expert psychiatre Daniel Zagury, ainsi amené à écouter et décrypter de nombreux tueurs en série comme Guy Georges, Patrice Alègre ou Michel Fourniret, et plus récemment des terroristes.

C’est poussé par son appréhension du corps en souffrance et par la peur de la mort que Daniel Zagury s’intéressera à la psychiatrie pendant ses études de médecine.

En associant très tôt ses impressions littéraires avec cette discipline, il se passionne pour la clinique et rejette l’intellect dépourvu d’affect.

Attentif à ce qu’il va transmettre, il pense qu’il est possible d’apaiser la souffrance de l’autre.

Liens

Publications de Daniel Zagury (cairn.info)

Daniel Zagury, passion psy, article de Flore Thomasset (la-croix.com)

Docteur Daniel Zagury : «Chez les terroristes islamistes, il y a très peu de malades mentaux avérés» – Propos recueillis par Eric Favereau (liberation.fr)

Daniel Zagury (2/5) : La psychiatrie ordinaire

Depuis 1997 Daniel Zagury est chef de service du centre psychiatrique du Bois de Bondy en Seine Saint-Denis. Tout au long de son parcours à l’hôpital ou en prison, il a exploré et analysé les actes médicaux légaux des malades mentaux psychotiques, et ceux présentant des troubles graves de la personnalité.

Daniel Zagury (3/5) : L’expertise de l’horreur

Psychiatre des hôpitaux, spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale mais aussi expert auprès de la Cour d’appel de Paris, Daniel Zagury cherche à mieux saisir le fonctionnement de certains hommes qui commettent des actes atroces « ce qui l’amène à côtoyer le plus effroyable de l’humanité ». 

Daniel Zagury (4/5) : Le procès pénal

Expert auprès des tribunaux Daniel Zagury a régulièrement témoigné dans d’importantes affaires criminelles mettant en cause des tueurs en série.

Retour sur une expertise qui consiste à mettre en lumière les caractéristiques, les aspects particuliers de la personnalité du tueur, les circonstances et les mobiles affectifs qui déclenchent une telle conduite.

Tout l’enjeu est de regarder le mal en face en entrant en relation avec l’autre sans aucune fascination.

Daniel Zagury (5/5) : La banalité du mal

Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles consacrés au parricide, au crime passionnel et aux tueurs en série, Daniel Zagury oblige la société à admettre que l’horreur absolue n’est pas étrangère à l’homme ordinaire.

En allant au delà des acquis psychiatriques, il tente de comprendre comment sont fabriqués de tels êtres humains.

FRANCE CULTURE (29/03/2018) Emission « Matières à penser » avec Antoine Garapon: Le basculement dans la barbarie

Comment expliquer que les actes les plus barbares soient souvent commis par des « hommes ordinaires » ?

Daniel Zagury, expert devant les juridictions criminelles, apporte des éléments de réponse à cette question qui a été posée pour la Shoah et qui revient aujourd’hui avec le terrorisme islamiste voire avec les tueries de masse

(La barbarie des hommes ordinaires, L’Observatoire, 2018).

Bibliographie: La barbarie des hommes ordinaires : ces criminels qui pourraient être nousDaniel Zagury Editions de l’Observatoire, 2018