Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Rapport CLEMENT (2004)  « Sur le traitement de la  récidive des infractions pénales »

Une insuffisante évaluation de la dangerosité des détenus

L’évaluation actuelle de la personnalité des détenus privilégie leur dangerosité pour eux-mêmes (risque suicidaire), pour les gardiens surveillants et leurs codétenus (risque d’agression) ou pour l’administration pénitentiaire (risque d’évasion ou de trafics divers) mais nullement pour la société et les victimes potentielles (risque de récidive). La pratique en vigueur, bien que nécessaire, n’en demeure pas moins partielle et dépourvue de tout caractère prospectif sur la dangerosité du détenu qui est généralement définie comme « un phénomène psychosocial caractérisé par les indices révélateurs de la grande probabilité pour un individu de commettre une infraction contre les personnes ou les biens. ». Or, parce que récidive et comportement dangereux ont partie liée, la mission souhaite la mise en place d’instruments spécifiques tendant à mesurer la dangerosité des détenus toute au long de leur période d’incarcération, notamment lorsqu’il s’agit de délinquants sexuels (proposition n° 14). Bien évidemment, s’agissant de comportements humains, l’établissement d’une probabilité de cette nature ne peut être certain et doit être le résultat d’une discipline aussi scientifique et sérieuse que possible. Ainsi que l’a précisé le docteur Louis Roure dans le document qu’il a remis à la mission, « lorsque l’on parle de récidivisme, se pose immédiatement la question du pronostic. Celui-ci se confond, dans une très large mesure, avec celui de l’état dangereux. Il s’agit d’une notion extrêmement importante, bien que mal connue en France. Ceci s’explique par le fait que notre pays privilégie toujours la clinique par rapport aux statistiques et à l’évaluation, malgré des efforts trop timides en matière d’épidémiologie. L’état dangereux et son pronostic, ne procèdent pas exclusivement de méthodes cliniques médicales classiques » car « il n’existe aucune méthode en soi, actuellement susceptible d’être totalement fiable dans le repérage de ce que l’on appelle l’état dangereux ».
A titre d’exemple, l’appréciation par les médecins, les magistrats ou les policiers d’un acte exhibitionniste que l’auteur risque de renouveler va être fort diverse, certains ne le considérant pas comme dangereux et contestant l’opportunité de leur intervention sur le sujet, d’autres, à l’inverse, jugeant cet acte comme hautement nuisible sur le plan social et estimant que le risque de renouvellement des faits rend le mise en cause d’autant plus dangereux. L’appréciation de la dangerosité et la mesure de la probabilité de commission d’une infraction constitue donc un exercice particulièrement délicat qui doit néanmoins être mise en œuvre au travers d’une méthodologie pluridisciplinaire associant des expertises psychiatriques, médico-psychologiques et comportementales du condamné car, « aucun secteur de la médecine ou du domaine social ne saurait rester étranger à la criminologie. S’intéresser au récidivisme, c’est s’intéresser à un des aspects principaux des deux disciplines médicales et criminologiques. La récidive c’est, étymologiquement « celui qui tombe ». On parlera de récidivisme sur le plan criminologique et de rechute sur le plan médical ».

http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rap-info/i1718.pdf

Si le lien est brisé: Rapport_clement_2004

Un exemple de programme de justice restaurative: The Forgiveness Project

The Forgiveness Project has developed a prison intervention (piloted in HMP High Down) which works towards reducing the number of victims of crime through the rehabilitation of offenders.  RESTORE is a five-day programme (running across 2-3 weeks) which comes under the Restorative Justice/Victim Awareness umbrella. The course is intended to explore the role of forgiveness in the lives of prisoners and to enhance their victim awareness by looking at the consequences of their actions on others and what might be done to repair the harm.

A half-day induction session is followed, several days later, by a 3-day workshop for between 15-24 prisoners, running across three consecutive days. This in turn is followed by a half-day follow-up session a week or so later.

Our Objectives

  • To develop empathy by helping prisoners understand the impact of their actions on others.
  • To improve emotional awareness and self esteem – which will help prisoners engage with others in ways that are respectful and worthwhile
  • To develop and enhance offenders’ communication skills through participation in a group.
  • To open prisoners’ minds to an alternative way of viewing themselves and the world, one that makes a crime-free life seem appealing and achievable.
  • To foster greater accountability – taking responsibility for past actions can create a more responsible future

The Forgiveness Project is an international charity which, among other activities, offers free digital media courses in British prisons. At the end of each course, the prisoners produce a short film on the subject of forgiveness. In this film, two long-term prisoners describe their feelings about causing death, for personal or political reasons.

Retrouvez ici l’ensemble des vidéos/témoignages réalisés par the forgiveness project

B. Gravier, Y. Lustenberger (2005) – L’évaluation du risque de comportements violents : le point sur la question 

La survenue d’un acte violent pose la question de la structure psychique de celui qui commet cet acte. L’anticipation de la dangerosité va bien au-delà de cette question. Elle doit tenir compte du contexte, de ce que l’auteur peut induire chez ceux qui l’approchent et de la réponse qui va suivre l’évaluation. Les travaux récents préfèrent se focaliser sur l’évaluation du risque de comportements violents. Un certain nombre d’instruments ont ainsi été élaborés pour contribuer à cette évaluation. Ceux-ci sont de deux sortes : certains privilégient la définition d’une probabilité statistique, dite actuarielle, d’autres contribuent à l’élaboration de jugements cliniques. La psychopathie, sa définition et sa compréhension tiennent une place centrale dans ce processus qui permet de définir un certain nombre d’indicateurs utiles autant à la gestion qu’à l’élaboration d’une clinique du risque violent.

http://senon-online.com/Documentation/telechargement/3cycle/Droit/ENM/ENM%202009/gravier.pdf

Haute Autorité de Santé (2006) – Audition publique, Prise en charge de la psychopathie  (15 et 16 décembre 2005), Paris (Ministère de la Santé et des Solidarités), Rapport d’orientation (Mai 2006)

Pour le grand public, la psychopathie est une notion péjorative et inquiétante. Elle est essentiellement perçue à partir des comportements agressifs les plus visibles. En témoigne l’utilisation dans le langage courant du mot psychopathique pour tout comportement violent qui fait peur ou qu’on ne comprend pas. Nourrie de nombreuses références cinématographiques, la représentation du psychopathe violent et délinquant reste forte. Malgré la force de ces représentations, les psychopathes n’ont jusqu’à présent été l’objet d’aucune politique publique spécifique. Ils voyagent, sans beaucoup de coordination, entre la rue, le secteur psychiatrique, la prison et les structures d’hébergement et de réinsertion sociale. Les multiples professionnels concernés s’accordent pour dire qu’ils existent en grand nombre et qu’ils ne font pas l’objet d’une prise en charge à la hauteur des enjeux. Il s’agit là d’un consensus fort.

Psychopathie – Recommandations.pdf (78.44 Ko)

HauteAutoriteSante(2005)-Psychopathie RapportOrientation (335.83 Ko)

Psychopathie -Textes des experts.pdf (1.82 Mo)

 

L’utilisation croissante de méthodes actuarielles dérivées des principes utilisés par les sociétés cl’assurances constitue l’une des tendances les plus frappantes dans l”évolution clés politiques pénales aux États-Unis. Évaluation et prévisions de risques, utilisation d’algorithmes, « prolage  » des criminels – ces méthodes font maintenant partie intégrale du paysage pénal et de la lutte contre la criminalité. L’illustration la plus marquante est le recours, lors du choix de la peine ou des décisions de remise en liberté conditionnelle, à des outils statistiques conçus pour évaluer la probabilité de << dangerosité future ››. L’utilisation du profilage racial par la police ou par les forces antiterroristes, l’évaluation de la dangerosité dans les remises en liberté sous caution, dans le choix de la peine capitale. ou les fameuses « three-strikes-laws »› votées en Californie sont d’autres illustrations de cette évolution. l.,a prédiction est aujourd’hui de rigueur dans les domaines bureaucratisés de la police et de la prison aux États-Unis : plus qu’une commodité, elle est devenue une nécessité.

Critique du champ pénal à l’âge actuariel, CAHIERS PARISIENS 3 :785-808 (2007); University of Chicago, Center in Paris

G. SERIO, S. AIGROT, N. LONGUET, J. DAUMAL,  D. RIVALS-HAULLER (2003); Prise en charge des psychopathes graves au quartier de la maison centrale de Château-Thierry

Contrairement à la procédure d’affectation antérieure, la nouvelle procédure d’affectation dans sa paradoxalité, cible très clairement les psychopathies graves comme critère d’affectation, alors que nous recevions auparavant, avec la même paradoxalité, une majorité des psychotiques chroniques. Ce recentrage sur ce que nous appellerons le noyau dur des psychopathies est à la fois un défi diagnostique, thérapeutique et pronostique.

prise_en_charge_des_psychopathes_a_chateau_thierry

Il ne s’agit certes pas d’excuser les crimes commis mais de transformer les faits divers en récits de vie, afin de les appréhender autrement et de les prévenir.

Comme le rappelle Sophie Marinopoulos, psychologue, psychanalyste, dans le livre Temps d’arrêt « Infanticides et néonaticides », l’infanticide prend généralement place dans les troubles de la parentalité. Ceux-ci peuvent se décliner sous différentes formes de liens, susceptibles pour certains de conduire à la mort de l’enfant.

– les liens impossibles, comme dans les cas d’abandon ;
– les liens insaisissables, comme dans les cas de délaissement ;
– les liens discontinus, comme dans les cas de carence ;
– les liens violents, comme dans les cas de maltraitance ;
– les liens déplacés, comme dans les cas d’abus sexuel ;
– les liens meurtriers, comme dans les cas d’infanticide ;
– les liens vides, comme dans les cas de néonaticide.
– ….

Cet ouvrage tend à une compréhension profonde, intérieure, qui va là où les émotions surgissent et créent des enjeux psychiques souvent insoupçonnables, à l’origine de chaque histoire singulière.

http://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/TA_WEB-45-Infanticide-1.pdf