Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Podcast FRANCE INTER 03.04.2012 Emission « Du grain à moudre« 

 » La criminologie a-t-elle toute sa place à l’université? »

On connaissait la guerre des polices.Voici la guerre des criminologues.Un conflit qui agite ces jours-ci le petit monde des universitaires français.
Il y a une quinzaine de jours, la criminologie faisait son entrée au Conseil national des universités (CNU), devenant ainsi une discipline à part entière, ayant donc vocation à être désormais enseignée de manière totalement autonome. Le résultat, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, d’une consultation publique ayant conduit à la conclusion suivante : « il existe une demande de formation ad hoc en ce domaine ».
A première vue, rien que de très normal.
Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, la criminologie n’était considérée jusque là, en France, que comme une sous-catégorie, liée à d’autres disciplines. Sa reconnaissance officielle permettrait donc de rattraper le retard. Sauf que cette initiative est loin, très loin, de faire l’unanimité dans la communauté scientifique. Même l’association française de criminologie est contre.Et ce pour plusieurs raisons. Sur la forme d’abord : la consultation, revendiquée par le ministère, n’aurait pas vraiment eu lieu, en tout cas les résultats n’ont pas été communiqués. Ensuite sur le fond : nombreux sont ceux qui considèrent que l’autonomisation de la criminologie ne répond pas à une nécessité pédagogique, que cette discipline ne peut en aucun cas être dissociée du droit par exemple, ou de la psychologie. Enfin, et c’est ce qui rend la problématique intéressante pour l’ensemble de la population, la reconnaissance de la criminologie comme discipline à part entière masquerait des intentions plus strictement politiques : une façon de faire passer un discours et des pratiques sécuritaires, en les faisant valider par des « spécialistes » pas vraiment au-dessus de tout soupçon, puisque proches de l’actuel pouvoir.

Invité(s) :
Alain Bauer, titulaire de la chaire de criminologie au CNAM
Martine Herzog-Evans, professeur de droit pénal et d’exécution des peines
Philippe Conte, professeur et directeur de l’Institut de criminologie de Paris
Fabien Jobard, directeur du Centre de recherches sociologiques

Les risques assumables : récidive et libération conditionnelle

Pierre Tremblay, Chloé Leclerc et Sylvie Boudreau
Criminologie, vol. 42, n° 2, 2009, p. 195-221.

Pierre Tremblay: Professeur, École de criminologie, Université de Montréal (pierre.tremblay@umontreal.ca)

Chloé Leclerc; Candidate au doctorat, École de criminologie, Université de Montréal (chloe.leclerc@umontreal.ca)

Sylvie Boudreau; Candidate à la maîtrise, École de criminologie, Université de Montréal (boudreau_sylvie@hotmail.com)

Résumé: Les décisions de remise en liberté conditionnelle reposent sur une évaluation du risque de récidive qui s’élabore autour des antécédents d’arrestations ou de condamnations du détenu. Les risques de récidive « réels » ne sont jamais vraiment étudiés. La présente étude fait état d’une enquête auprès d’un échantillon d’étudiants universitaires (N =274) sur les chances de récidive qu’ils jugeraient acceptables ou « assumables » dans une décision de libération conditionnelle. Confrontée à des mises en situation très spécifiques, la règle adoptée par les répondants semble être une règle de prépondérance : lorsque les chances de récidive sont jugées prépondérantes (70 % ou plus), ils ne prennent pas le risque de libérer le détenu ; lorsqu’elles sont jugées faibles (30 à 40 %), ils acceptent de courir ce risque. L’étude dégage le profil des décisions déviantes (trop prudentes et trop imprudentes).

Mots-clés : récidive, prise de risque, libération conditionnelle, aménagement des peines, sentencing, réhabilitation

Les risques assumables  : récidive et libération conditionnelle 

Pierrette PONCELA (2000) Les prisons et la peine

Conférence de l’UTLS

LES PRISONS ET LA PEINE

Le point de départ de notre réflexion sera la flambée d’intérêt pour cette forme de peine que sont les prisons. – Quelle(s) signification(s) peut-on lui donner ? – Est-ce une mise en question du sens de la peine elle-même ? – Sens pour qui ? – Sens par rapport à quoi ? – Est-ce un moment dans l’histoire de la prison, une sorte de crise de transformation de cette forme de peine ?

La réponse à ces questions permettra d’aborder les fondements du droit de punir, d’actualiser la pertinence de l’approche foucaldienne en termes de rationalités punitives et de proposer une réflexion d’ensemble sur le thème de la sanction à inscrire dans une économie politique du droit pénal.

 jean-François cusson, asrsQ (2007) Revue « PORTE OUVERTE », Volume XX, numéro 1 • 2007,  « Pour qu’il n’y ait plus d’autres victimes »

La problématique de la délinquance sexuelle fait beaucoup parler . On l’a vu en septembre dernier alors que l’Adq a annoncé qu’elle souhaitait tenir une consultation sur la question . Le lendemain, le gouvernement libéral a réagi en annonçant qu’il prévoyait ouvrir un établissement de détention spécifique pour les délinquants sexuels . L’emplacement de l’établissement, que l’on compare à une prison-hôpital, n’a toujours pas été annoncé, mais certains croient qu’il s’agit de Percé . Le projet, qui implique aussi le ministère de la Santé, vise à permettre une intervention favorisant le retour en société de ces délinquants . Si l’idée d’offrir un meilleur encadrement clinique pour les délinquants sexuels fait l’unanimité, le choix du lieu de l’établissement peut soulever des interrogations . Pour ces délinquants, encore plus que pour les autres, la création de liens positifs avec la communauté est primordiale . Puisqu’il est possible de penser que la majorité des délinquants qui y seront incarcérés se dirigeront dans les grands centres lors de leur réinsertion, comment penser qu’ils auront la possibilité de tisser des liens avec leur communauté de destination? N’oublions surtout pas qu’au provincial, les sentences sont très courtes et que bien peu de détenus peuvent profiter d’une longue période d’encadrement en communauté tel qu’en maison de transition . Lorsque l’on observe le travail des cercles de support et de responsabilité, l’importance du lien avec la communauté est manifeste . C’est souvent au pénitencier que s’amorce l’implication d’un cercle . « évidemment, explique jean-jacques Goulet (coordonnateur des cercles de soutien et de responsabilité pour le québec), les bénévoles connaissent les grandes lignes du dossier de l’individu qui a préalablement accepté de partager cette information» . Une fois que les bénévoles recrutés acceptent d’aller de l’avant, une rencontre est tenue au pénitencier afin que tous puissent faire connaissance . Par la suite, les bénévoles et le détenu pourront décider s’ils désirent poursuivre leur engagement dans ce processus . Une fois que tout le monde a donné son accord, il est possible de développer une certaine alliance entre les participants ; ces bénévoles poursuivront alors leur implication lors du retour en société du contrevenant et deviendront des personnes-ressources lorsqu’il connaîtra des difficultés . À Montréal, les cercles de soutien et de responsabilité sont administrés par l’Aumônerie communautaire de Montréal . dans le milieu anglophone, les cercles sont présents depuis déjà quelques années et c’est le Montreal South-West Community Ministries qui en assume la responsabilité . du côté francophone, explique jeanjacques Goulet, les cercles ont fait leur apparition depuis environ trois ans . «Nous avons environ une dizaine de cercles actifs » .  (suite…)

Rapport d’information de l’assemblée nationale sur le suivi des auteurs d’infractions à caractère sexuel du 29/02/2012, par M. ÉTIENNE BLANC, Député.

Pour la session 2011-2012, la mission d’information relative à l’exécution des décisions de justice pénale a souhaité se consacrer au suivi des auteurs d’infractions à caractère sexuel, tant dans sa composante judiciaire et pénitentiaire que dans sa dimension médicale et psychologique. Les infractions à caractère sexuel, particulièrement choquantes, appellent en effet une double réponse de la part des autorités publiques. Conscients de leurs actes et ne souffrant que pour une faible part d’entre eux de pathologies proprement psychiatriques, les auteurs d’infractions à caractère sexuel sont pénalement responsables ; mais, leurs actes révélant un comportement déviant et, bien souvent, d’importants troubles de la personnalité ou du comportement, ces individus relèvent aussi du soin. Aussi le traitement pénal de ces infractions présente-t-il certaines particularités.
Depuis le début du XIXe siècle, l’institution judiciaire s’est tournée vers le monde médical pour tenter, dans un premier temps, de répondre à la question de la responsabilité de l’auteur d’un acte sexuel déviant, puis dans le but de prévenir la récidive. Un glissement s’est opéré dans la façon dont la société appréhende les violences sexuelles. D’immoraux, ces actes sont devenus pathologiques. Le recours à la science a constitué un moyen, pour la société, de se rassurer face à des atteintes aux personnes et à leur intimité de moins en moins tolérées au fur et à mesure de la « civilisation des mœurs ». Le psychiatre, en particulier, est sommé de jouer un rôle de premier plan dans la prise en charge de ces personnes perçues comme particulièrement dangereuses. Votre rapporteur s’est attaché, en premier lieu, à analyser le bien-fondé de ces représentations. Les auteurs d’infractions à caractère sexuel sont-ils des délinquants comme les autres ? Présentent-ils, comme certaines affaires particulièrement médiatisées le suggèrent, un risque de récidive plus élevé que les auteurs d’autres types d’actes délictueux ? Quelles sont les causes de leurs passages à l’acte et les facteurs susceptibles d’être maîtrisés par l’intervention de la justice ? Répondre à ces questions est un préalable indispensable à la réflexion qui anime ce rapport.

(suite…)

Massil Benbouriche, Aude Ventéjoux, Mélody Lebougault et Astrid Hirschelmann (2012)

L’évaluation du risque de récidive en France: Expérience et Attitudes des Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation

Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, Mars 2012

Résumé 
Alors que la prévention de la récidive constitue un enjeu majeur, l’objectif de cette étude était d’interroger l’expérience des Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (CPIP), travaillant en milieu ouvert, quant à l’évaluation du risque de récidive des personnes placées sous main de justice. Les résultats obtenus à l’aide de l’analyse de contenu d’entretiens semi-directifs réalisés auprès de 15 CPIP indiquent très clairement le recours au jugement professionnel non structuré afin d’élaborer un plan de gestion du risque de récidive. Si l’implantation d’une approche structurée en France pourrait permettre de s’assurer d’une plus grande fiabilité des évaluations effectuées, les conditions d’implantation d’outils standardisés, dont la perception qu’en ont les CPIP, constituent des déterminants essentiels de l’évolution nécessaire d’une pratique professionnelle.

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/2/60/74/77/EVALUATION-DU-RISQUE-RECIDIVE-PAR-CPIP.pdf

si le lien est brisé: EVALUATION-DU-RISQUE-RECIDIVE-PAR-CPIP(1)

  Yann COUZIGOU (2011) De la réinsertion à la prévention de la récidive : quel processus de professionnalisation pour les Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation ?

CNAM (Conservatoire National des arts et métiers, Chaire de travail social et Intervention Sociale); Master de recherche Travail social, action sociale et société

La question de départ
Les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP) prennent en charge l’ensemble des mesures de justice en milieu fermé, c’est-à-dire en détention, comme en milieu ouvert : les peines alternatives à l’incarcération, les aménagements de peine, les contrôles judiciaires et depuis peu, les mesures de sûreté. Ces services, dépendant de l’Administration Pénitentiaire, ont été récemment médiatisés lors de l’affaire dite « de Pornic», en janvier 2011 : une jeune femme y a été sauvagement assassinée par une personne, placée sous main de justice et récemment sortie de détention sans suivi effectif par le SPIP à l’extérieur. Les médias nationaux ont largement relayé les difficultés rencontrées par ces services face à la surcharge de mesures engendrées par les différentes politiques pénales passées et présentes. La mise en cause publique par le Gouvernement de l’action des Juges d’Application des Peines de la juridiction nantaise et des Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (CPIP) a créé un mouvement , unique à ce jour, de l’ensemble des personnels de justice, des magistrats aux agents administratifs, mouvement qui s’est poursuivi dans les SPIP une partie de l’année 2011. Ce fait divers a surtout, à notre sens, confirmé de manière criante le manque de visibilité de l’action des SPIP aux yeux du grand public, malgré leur rôle charnière au sein de la Justice Pénale, rôle réaffirmé par la loi Pénitentiaire du 24 novembre 2009.

http://static.iquesta.com/fichiers/theses/Sociologie/processus-professionnalisation-conseillers-penitentiaires-insertion-probation-couzigou.pdf