Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Les Multi-level Guidelines (MLG) de Hart et Cook, développés par Alana N. Cook, Stephen D. Hart et Randall Kropp, sont un outil d’évaluation des risques de violence de groupe (GBV), un concept défini comme des blessures physiques intentionnelles et non consensuelles perpétrées par des individus influencés par un groupe auquel ils appartiennent ou sont affiliés. Cela inclut des formes comme le terrorisme, la violence de gang, le crime organisé et même les acteurs isolés s’identifiant à un groupe.
Il repose sur 16 facteurs de risque répartis en quatre domaines : individuel, individuel-groupe, groupe et groupe-sociétal. Chaque facteur est évalué pour sa présence et sa pertinence, et l’outil fournit une formulation pour estimer la probabilité de violence future, de dommages physiques graves et d’imminence de violence.
Utilisation et validation
Les évaluations se font généralement par une équipe incluant un expert sur le groupe concerné. La recherche indique que les MLG ont été validés avec une bonne fiabilité inter-évaluateurs et sont utilisés dans plusieurs juridictions, notamment en Amérique du Nord et en Europe.

Les auteurs recommandent d’utiliser le MLG en conjonction avec d’autres outils pertinents d’évaluation du risque pour évaluer les personnes connues pour avoir commis ou soupçonnées d’avoir commis des actes de violence de groupes terroristes, ainsi que les personnes susceptibles d’être exposées à un risque de violence d’un groupe terroriste. Le MLG peut également être utilisé pour analyser dans quelle mesure la violence terroriste perpétrée par une personne doit être considérée comme étant le fait d’un groupe ou d’un individu (acteur isolé).

La structure du MLG s’inspire directement de celle des lignes directrices du Jugement Professinnel Structuré (JPS) couramment utilisées, et en particulier de la troisième version du Historical-Clinical-Risk Management-20 (HCR-20 V3 ; Douglas, Hart, Webster, & Belfrage, 2013). La procédure d’administration du MLG comprend sept étapes :

  • les évaluateurs recueillent des informations pertinentes sur le cas (étape 1) ;
  • examinent la présence et la pertinence de 16 facteurs de risque de base, ainsi que tout facteur de risque spécifique au cas (étapes 2 et 3) ;
  • élaborent une formulation intégrative du risque de terrorisme sur la base des facteurs de risque présents et pertinents (étape 4) ;
  • élaborent des scénarios de terrorisme futur sur la base de la formulation, ainsi que des plans de gestion basés sur ces scénarios (étapes 5 et 6) ;
  • et communiquent diverses opinions conclusives sur la nature des risques posés par la personne (étape 7).

Les 16 facteurs de risque de base de la deuxième version du MLG (la première version en comptait 20) reflètent quatre niveaux conceptuels ou domaines de la dynamique : individu, individu dans le groupe, groupe et groupe dans la société.

Le domaine individuel comprend des facteurs pertinents pour les personnes en tant qu’individus, indépendamment des groupes auxquels elles appartiennent ou sont affiliées (par exemple, les problèmes de santé mentale). Ces facteurs ont été modelés directement sur ceux du HCR-20 V3 ; en effet, le manuel du MLG permet aux évaluateurs d’utiliser les facteurs de risque du HCR-20 V3 pour remplacer les facteurs du domaine Individuel du MLG.

Le domaine Individuel-Groupe comprend les facteurs relatifs aux identités, aux attitudes et aux rôles des personnes vis-à-vis des groupes (par exemple, l’identité basée sur le groupe).

Le domaine du groupe comprend les facteurs liés aux processus et aux structures du groupe, indépendamment de la personne (par exemple, les normes du groupe).

Enfin, le domaine groupe-société comprend les facteurs liés au contexte social plus large dans lequel le groupe existe et fonctionne (par exemple, les conflits intergroupes).

Domaine
Description
Exemples de facteurs
Individuel
Facteurs liés à l’individu lui-même
Antécédents de violence, troubles mentaux
Individuel-groupe
Interaction entre l’individu et le groupe
Engagement idéologique, rôle dans le groupe
Groupe
Caractéristiques internes du groupe
Structure hiérarchique, objectifs violents
Groupe-sociétal
Relation du groupe avec la société
Soutien communautaire, impact sociétal

La présence de chaque facteur de risque est évaluée sur une échelle de trois points (N = aucune preuve de la présence du facteur de risque, P = preuve possible ou partielle de la présence du facteur de risque, O = preuve de la présence certaine du facteur de risque).

L’évaluation de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) se fait également sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les évaluations de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) sont également effectuées sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les opinions conclusives formulées sont les suivantes :

  • Violence future, également connue sous le nom de priorité des cas, reflétant la probabilité globale que la personne commette des violences en groupe à l’avenir ;
  • Préjudice physique grave, reflétant le risque que toute violence en groupe commise par la personne à l’avenir entraîne des blessures mortelles ou mettant sa vie en danger ;
  • et Violence imminente, reflétant le risque que la personne commette des violences en groupe dans un avenir proche.

Chaque facteur est évalué pour sa présence (Oui, Partiel, Non) et sa pertinence (Faible, Moyenne, Haute). Contrairement à certains outils, les MLG n’incluent pas de facteurs protecteurs spécifiques, mais les évaluateurs sont encouragés à inclure des facteurs protecteurs individualisés.

Les 20 facteurs de risque du MLG V1 (source):

DOMAINES FACTEURS DE RISQUE
Domaine individuel

 

I1. Comportement violent
I2. Escalade dans le comportement violent
I3. Comportement criminel non violent
I4. Problèmes résultant de la victimisation
I5. Problèmes de santé mentale
I6. Manque d’intégration pro-sociale
Domaine individuel et collectif

 

IG1. Identité de groupe
IG2. Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3. Engagement envers le groupe
IG4. Attitudes négatives à l’égard de l’extérieur du groupe
Domaine du groupe

 

G1. Violence au sein du groupe
G2. Escalade de la violence de groupe
G3. Normes de groupe violentes
G4. Cohésion du groupe
G5. Leadership violent fort
G6. Groupe isolé
Domaine du groupe et de la société

 

GS1. Menace intergroupe
GS2. Injustice perçue
GS3. Statut social extrême du groupe
GS4. Instabilité sociale
Voici la liste des items du MLG V2 à 16 Items (source):
Domaine Facteur de risque
Individuel I1 Problèmes de conduite (ATCD de violences)
I2 Problèmes d’attitude (mode de pensée antisocial)
I3 Problèmes d’adaptation sociale
I4 Problèmes de santé mentale
Individuel-Groupe IG1 Forte identité de groupe
IG2 Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3 Engagement fort envers le groupe
IG4 Attitude négative envers les personnes extérieures au groupe
Groupe G1 Antécédents de violence
G2 Normes ou objectifs violents
G3 Forte cohésion
G4 Forte structure de leadership/pouvoir
Groupe-Société GS1 Grande taille/ forte portée
GS2 Isolation sociale
GS3 Opère dans un contexte/environnement instable
GS4 Menacé par d’autres groupes ou en conflit avec eux
Ces facteurs sont basés sur un modèle écologique de la violence de groupe, prenant en compte les interactions entre l’individu, le groupe et la société. Les facteurs du domaine individuel, par exemple, sont modélisés d’après les facteurs de l’outil HCR-20 V3, tandis que les domaines groupe et groupe-sociétal incluent des éléments comme la structure hiérarchique ou l’impact sociétal, qui reflètent des dynamiques plus larges.

L’évaluation aboutit à une formulation qui communique les opinions sur trois aspects :

  • la probabilité de violence future,
  • le risque de causer des dommages physiques graves
  • et l’imminence de la violence.
Cela aide à prioriser les cas et à développer des stratégies de gestion.
Développement et validation:
Des études, comme la thèse de Cook en 2014, ont testé l’utilité et la fiabilité inter-évaluateurs avec 42 évaluateurs et 11 cas de GBV, montrant des résultats allant de médiocres à excellents pour les items, et de bons à excellents pour les domaines et opinions. La validité de contenu et l’utilité pratique ont été confirmées, avec une fiabilité inter-évaluateurs généralement excellente, bien que certaines évaluations (comme le risque de dommages graves) soient considérées comme « limitées».
Utilisation pratique
Les évaluations doivent être réalisées par une équipe, incluant au moins un expert sur le groupe concerné, et peuvent se faire avec ou sans entretien direct avec le sujet. Les preuves utilisées incluent des dossiers de santé mentale, des informations pénitentiaires et des informations de sécurité. Des réévaluations sont recommandées, avec un intervalle maximum de 12 mois.
Les MLG sont utilisés avant ou après une infraction , pour des individus à risque ou connus/suspects de GBV. Ils sont en usage en Amérique du Nord et en Europe, et sont accessibles à l’achat sans formation standardisée, bien que les évaluateurs doivent être des professionnels qualifiés dans des domaines comme la santé mentale, la justice pénale ou les services de sécurité.
En résumé, les MLG offrent un cadre structuré et validé pour évaluer les risques de violence de groupe, avec une approche flexible mais exigeante en termes de qualifications des utilisateurs. Leur utilisation continue en 2025, comme en témoigne leur présence dans des formations récentes, souligne leur pertinence dans des contextes internationaux.

Tx d’homicides en France 1990-2023

Manuel Eisner, professeur de criminologie à l’Université de Cambridge, explore dans son article « Long-Term Trends in Global Homicide: Violence, Development, and Social Change » (2023,  Annual Review of Criminology) , les tendances historiques et contemporaines des taux d’homicides à l’échelle mondiale (chifres confirmés par ceux de l’UNODC). En analysant des données provenant de plus de 100 pays sur plusieurs siècles, il met en évidence une baisse significative des homicides depuis le Moyen Âge jusqu’au XXIe siècle, avec des variations régionales marquées.

Points clés :

  1. Declin séculaire : Les taux d’homicides ont chuté dans la plupart des régions du monde depuis le XVe siècle, grâce à la consolidation des États-nations, au monopole étatique de la violence légitime (Weber), et à l’amélioration des conditions socio-économiques.
  2. Inégalités régionales : Certaines régions (Amérique latine, Afrique subsaharienne) connaissent des taux élevés persistants, liés à la faiblesse des institutions, aux inégalités, et aux marchés illicites (e.g., trafic de drogues).
  3. Impact de la modernité : La baisse récente en Europe et en Asie est attribuée à des politiques de prévention, une meilleure éducation, et une gouvernance efficace.
  4. Stagnation récente : Depuis 2010, certains pays occidentaux observent une stagnation ou une légère hausse, potentiellement liée à des fractures sociales, aux réseaux sociaux, ou à l’accès aux armes.

Implications : Eisner souligne l’importance de renforcer les institutions locales, de réduire les inégalités, et d’adapter les politiques de sécurité publique aux contextes culturels. Il appelle à une approche interdisciplinaire pour comprendre les dynamiques complexes de la violence.

Et en FRANCE?

→47.37% de hausse entre 2012 et 2024

Entre 2012 et 2023 (les données pour 2024 n’étant pas encore consolidées), les taux d’homicide basés sur les sources officielles françaises (Ministère de l’Intérieur, INSEE, ONDRP) et les analyses récentes indiquent une « remontée » significative  :

Chiffres clés pour 2012

  • Nombre total d’homicides : 665 homicides (dont environ 30 % de féminicides).
  • Taux pour 100 000 habitants : 1,01 homicide pour 100 000 habitants (sur une population de ~65,7 millions d’habitants).

Répartition et contexte

  1. Typologie des homicides :
    • Violences intrafamiliales : Environ 200 homicides (dont 148 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint).
    • Règlements de comptes : Environ 10 % des cas, liés au crime organisé ou au trafic de drogues.
    • Autres motifs : Conflits interpersonnels, violences crapuleuses, etc.
  2. Armes utilisées :
    • Armes blanches (40 %), armes à feu (30 %), autres méthodes (30 %).
  3. Comparaison européenne :
    • La France se situait légèrement au-dessus de la moyenne de l’UE (0,8 pour 100 000 en 2012), mais bien en dessous de pays comme les États-Unis (4,7) ou le Brésil (25,2). (Références:  Rapport annuel ONDRP 2013; INSEE, bilan démographique 2012 )

Chiffres clés pour 2024:

  • Nombre total d’homicides : 980 victimes (source)
  • « Sur l’année 2024, le nombre d’homicides diminue (-2 %) pour la première fois depuis 2020, tandis que les tentatives d’homicide poursuivent leur nette progression (+7%), avec un rythme d’augmentation proche de celui observé depuis 2016 (+8 % par an), mais en ralentissant toutefois par rapport aux deux années précédentes ». (source)

Répartition par typologie

  1. Violences intrafamiliales et conjugales :
    • 30 % des homicides (soit ~270 cas), dont 85 % de victimes féminines (environ 150 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint).
    • Principales armes : armes blanches (40 %), strangulation/coups (30 %), armes à feu (20 %).
    • Contexte : Malgré les mesures renforcées (Grenelle 2019, bracelets anti-rapprochement), la persistance des féminicides reflète des lacunes dans la protection des victimes.
  2. Règlements de comptes et trafics illicites :
    • 25 % des homicides (~225 cas), majoritairement liés au trafic de drogues (guerres de territoires, narcobanditisme).
    • Zones critiques : Marseille (40 % des règlements de comptes en France), Paris (banlieues sensibles), Lille et Strasbourg.
    • Armes utilisées : Armes à feu dans 70 % des cas (pistolets automatiques, AK-47).
  3. Conflits interpersonnels (hors famille) :
    • 20 % des cas (~180 homicides), souvent liés à des disputes (voisinage, conflits économiques, violences de rue).
    • Profil des auteurs : Majorité d’hommes jeunes (18–35 ans), souvent sous l’emprise d’alcool ou de drogues.
  4. Autres motifs :
    • Crimes crapuleux (vols avec violence, cambriolages mortels) : ~15 %.
    • Homicides en détention : ~10 cas annuels.

Répartition géographique

  • Île-de-France : 25 % des homicides (dont 50 % liés au trafic en Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise).
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) : 20 % (dont Marseille, épicentre des violences liées aux stupéfiants).
  • Grand Est et Hauts-de-France : 15 % chacun (trafic transfrontalier, réseaux criminels).
  • Zones rurales : 10 % (violences conjugales souvent sous-déclarées).

Facteurs contextuels en 2023

  1. Trafic de drogues :
    • Explosion des marchés de cocaïne et cannabis, avec des revenus estimés à 3,5 milliards d’euros annuels.
    • Concurrence accrue entre clans (ex. : Yoda, DZ Mafia) pour le contrôle des « points de vente ».
  2. Armes illégales :
    • 30 % des homicides commis avec des armes à feu, souvent issues du trafic est-européen.
    • Hausse des armes de guerre saisies (2023 : +15 % vs 2022, selon la DGSI).
  3. Crise socio-économique :
    • Précarité, chômage des jeunes et fracture territoriale exacerbent les tensions dans les quartiers prioritaires.
  4. Impact des politiques publiques :
    • Plan « quartiers de reconquête républicaine » : Déploiement de 3 000 policiers supplémentaires dans les zones sensibles.
    • Lutte contre les violences conjugales : 45 000 interventions policières mensuelles pour protection des victimes.

Pour des données définitives :

FRANCE CULTURE (émission « les pieds sur terre 12/05/2020) « david le braqueur »

Né dans la banlieue de Caen, David a commencé à voler à quatorze ans.

David, un nouveau gentleman cambrioleur ?

Il s’est spécialisé dans la neutralisation des alarmes, passant des magasins aux banques. Pour y parvenir, la violence n’était jamais loin. Pourtant, David n’a jamais franchi les limites qu’il s’est fixées. Par principe, certes, mais aussi par chance.

« Je me rends compte que je suis très bon dans le vol à l’étalage. Et là, je me dis, je vais m’en sortir par la délinquance. »

Pendant sa cavale qui a duré un an, il s’est fait appeler David Lupin, puis il est allé se livrer à la police, par amour pour sa femme (enfin, c’est ce qu’il dit). Gentleman cambrioleur ou pas, éthique professionnelle ou hasard de la vie, en tous cas, il n’a pas tué, il n’a pas blessé, c’est un début. David a passé des années en prison pour y réfléchir, et il nous raconte son histoire et sa morale…

  • « Je viens de Caen, j’habitais une tour rue Montcalm mais on l’appelait la rue « Non-calme ».
  • « Quand je suis né, mon père était en semi-liberté, la journée il venait me voir, le soir il repartait en prison ».
  • « Avec mes amis, on avait quatorze ans, on a formé le gangs des GILASD, grouple d’intervention locale assurant la semaine et le dimanche, parce qu’on volait toute la semaine. »
  • « Mais je commençais à culpabiliser de voler chez les gens, donc ensuite je me suis spécialisé dans la neutralisation des systèmes d’alarmes, on volait dans des magasins, des supérettes. Puis à dix-neuf ans j’ai commencé à me dire que ces gens que je volais, c’était des travailleurs, pas des bourgeois. Donc je me suis tourné vers les grandes surfaces. »
  • « A vingt ans, j’ai fait ma première banque(…) J’ai voulu arrêter mais j’ai proposé avant, d’en faire une dernière, le siège de la Société Générale. Soit on était tous riches pour la vie, soit on finissait tous en prison. »
  • « Pour résumer, à cause d’un caillou, je suis allé dix ans en prison ».

Reportage : Pascale Pascariello
Réalisation : Jean-Christophe Francis

 

Le crime (1/5)

Le crime politique

Sous l’Ancien Régime, tout crime est un outrage au souverain. Après la Révolution apparaît la figure du délinquant faisant alors ressortir les caractères propres du crime politique qui vise le corps du roi puis son corps symbolique jusqu’à prendre la forme d’attentats qui ciblent le corps social.

Qu’est-ce qu’un crime ?

Nous le savons tous sans véritablement le savoir. On se le représente le plus souvent comme un attentat à la vie d’autrui.

Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune. Emile Durkheim

Ainsi, supprimer la vie d’autrui peut être légal – sur un champ de bataille ou en pratiquant l’euthanasie. Le crime ne se réduit pas à un acte immoral – donner la mort – parce qu’il est lié à un contexte social et politique qui lui confère sa nature. Il existe une différence centrale entre le crime privé et le « crime légal » (Camus), entre le crime « encadré » et le crime solitaire, entre le crime individuel et égoïste et le crime collectif et altruiste, c’est-à-dire pour une cause. Entre ces catégories se joue un jeu subtil, chacune tentant de se différencier de l’autre, voire d’en dissimuler sa part maudite.

Derrière l’évidence morale de la réprobation unanime d’un acte, ne tarde pas à se profiler l’inquiétante fragilité de la notion de crime.

Extrait musical choisi par l’invité : « attentat verbal » par Grand corps malade.

BIBLIOGRAPHIE

Le crime (2/5)

Le crime contre l’humanité

Le crime de masse résulte d’une inversion monstrueuse de la légalité : la souveraineté non seulement ne protège plus mais devient meurtrière, massacrant une partie de son peuple, le tiers de justice se fait partisan voire bourreau lui-même. Comment s’en relever ?

Saïd, 29 ans, a été en charge de la gestion des stocks de drogue d’un gros réseau. Il tente aujourd’hui de devenir infirmier. Linda, 24 ans, vient d’apprendre que son frère de 17 ans, travaille pour un réseau de drogue.

Musique de fin : Bobby Blue Bland -> Ain’t No Love In The Heart Of The City.

  • Reportage : Pascale Pascariello
  • Réalisation : Marie Plaçais

 

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/dealer_ou_pas_FC2016.mp3

FRANCE CULTURE, Emission Hors Champs (22/06/2015) Laure Adler s’entretient avec David Vallat, ex-djihadiste 

 DAVID VALLATIl fait parler de lui vingt ans après un engagement qu’il regrette.
 « Je suis un enfant de l’école de la République. » Ses parents étaient laïcs, pas particulièrement politisés. Il arrête l’école à seize ans quand il a su que ce n’était pas obligatoire. Il a l’impression qu’il y a un décalage entre le cadre scolaire et sa façon de penser, et ne sait pas comment s’épanouir dans les études. « Je me sentais capable de réussir sans diplôme. C’était un peu prétentieux, mais on l’est un peu quand on est jeune. »

A quinze ans, il voit Nuit et brouillard à l’école. « J’ai reçu le film très violemment, je n’ai pas eu assez de décryptage des images qu’on nous montrait. » 

Pendant beaucoup d’années, il passe son temps avec des amis. « J’habitais dans un espace dans la périphérie de Lyon. Et au bout d’un certain moment, quand on n’a pas de voiture, on n’a pas grand-chose à faire. »

Il se dit alors qu’il a trois options : soit le banditisme, soit le prolétariat, soit le retour aux études. A dix-neuf ans, il se convertit à l’islam. « Beaucoup de mes amis étaient musulmans mais en savaient peu sur leur propre religion. » Il commence alors à lire des ouvrages sur l’islam, et surtout le Coran.« J’avais besoin de connaître la culture et les croyances de mes amis. » C’est plus tard qu’il bascule dans le politique.
Les événements de Bosnie le poussent à partir pour combattre. « C’est sur place que je me suis radicalisé… »

Invité(s) :

David Vallat, ex-djihadiste

 

https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11189-25.06.2015-ITEMA_20770734-0.mp3

JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: 

« Les grands criminels difficiles à coincer »

FRÉDÉRIC OUELLET

Les grands criminels ont beaucoup moins de probabilités de se faire arrêter que les petits délinquants, malgré tous les efforts que déploient les services policiers.

C’est ce que révèle une étude effectuée conjointement par les criminologues Frédéric Ouellet et Martin Bouchard, respectivement affiliés à l’Université de Montréal et à la Simon Fraser University, en Colombie-Britannique.

Pour arriver à cette conclusion, les deux chercheurs se sont basés sur les témoignages de quelque 172 détenus incarcérés pour un crime non violent dans cinq prisons de la région montréalaise.

En se basant sur leurs revenus et activités criminelles ainsi que sur leur nombre d’arrestations ou d’emprisonnements sur une période de trois ans, les criminologues ont déterminé que, plus un criminel a du succès, plus il a de probabilités d’éviter les arrestations.

«Plus ton pay-off (revenu par crime) est élevé, moins tu t’exposes à des risques. Dans une transaction de drogues, Maurice «Mom» Boucher ne touche à rien. Un mafieux comme Rizzuto non plus. C’est le petit trafiquant qui risque tout. Les grands peuvent rester impunis pendant très longtemps», expose Frédéric Ouellet.

Un « talent » criminel

Les deux chercheurs ont également établi que les criminels les plus puissants détiennent un savoir-faire qui les protège, à court ou moyen terme, des arrestations.

«Normalement, plus tu commets de crimes et que tu t’exposes, plus tu risques d’être arrêté. Mais certains délinquants sont si compétents qu’ils réussissent à contrer l’effet de l’exposition», poursuit M. Ouellet.

Ces nouvelles données, croit ce dernier, pourront donner un sérieux coup de pouce aux policiers qui cherchent à épingler les grands criminels.

«Dans notre prochaine étude, nous irons encore plus loin pour décortiquer le savoir-faire criminel. Plus on va en savoir là-dessus, plus il sera facile de les combattre», affirme Frédéric Ouellet.

Néanmoins, si les grands criminels peuvent éviter la justice pendant un certain temps grâce à leur habileté, ils ne peuvent pas s’en sauver à jamais.

«Tous les délinquants que nous avons interrogés sont en prison. Oui, les criminels les plus compétents peuvent commettre des crimes plus longtemps avant de se faire prendre. Mais les happy ends sont rares.»

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(suite…)