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FRANCE CULTURE (25 mars 2025) Faut-il un régime carcéral spécifique pour les plus gros trafiquants de drogue ?

Après l’évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra, le gouvernement veut isoler les plus gros trafiquants soient emprisonnés dans des quartiers de très haute sécurité. Est-ce nécessaire ou est-ce un recul des droits fondamentaux ?

Avec
  • Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL)
  • Valérie Dervieuxmagistrate, présidente de chambre, déléguée générale du Syndicat Unité Magistrats SNM FO

L’évasion de Mohamed Amra en mai 2024, lors d’un transfert sous escorte, a provoqué un choc. Deux agents pénitentiaires ont été tués. L’affaire a mis en lumière la capacité de certains trafiquants à continuer à diriger leurs réseaux criminels depuis leur cellule. En réaction, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a proposé un régime carcéral d’exception pour les narcotrafiquants les plus dangereux, inspiré du modèle italien appliqué aux mafieux. L’idée est de regrouper ces détenus dans des « quartiers de lutte contre la criminalité organisée », dans deux prisons à très haute sécurité. Les prisonniers seraient soumis à un isolement très strict : limitation drastique des communications, visites derrière hygiaphone, fouilles systématiques, usage massif de la visioconférence pour les procédures judiciaires. L’objectif est d’empêcher toute activité criminelle depuis la prison, et inciter certains à collaborer avec la justice pour sortir de ce régime strict. L’Observatoire international des prisons, des syndicats de magistrats, d’avocats et de directeurs pénitentiaires dénoncent un régime qui porterait atteinte aux droits fondamentaux, notamment pour les personnes encore en attente de jugement. Le Conseil d’État, saisi par le gouvernement, a validé le principe mais a demandé des aménagements, comme la réduction de la durée d’affectation à deux ans renouvelable. La proposition de loi visant « à sortir la France du piège du narcotrafic », débattue depuis le 17 mars à l’Assemblée nationale, a été votée aujourd’hui. Les mesures concernant la prison seront-elles efficaces et compatibles avec l’État de droit ?

Le programme canadien STR8UP, basé à Saskatoon, en Saskatchewan, est une initiative visant à aider les individus à quitter les gangs et à se réintégrer dans la société. Fondé en 1987, il s’adresse principalement aux hommes et aux femmes, souvent âgés de 15 à 30 ans, qui présentent un risque élevé de récidive et souhaitent changer de vie. Voici une analyse détaillée des étapes et des composantes du programme, basée sur des informations collectées le 20 mars 2025.
Contexte
STR8UP opère dans le centre et le nord de la Saskatchewan, avec des branches à Saskatoon et Prince Albert. Il est soutenu par divers partenaires, notamment United Way, le Département des Affaires autochtones et du Développement du Nord, et la Société John Howard. Le programme a déjà permis à 65 hommes et femmes de quitter les gangs, démontrant son impact significatif. Il s’appuie sur une approche communautaire et culturelle, intégrant des pratiques autochtones pour soutenir la guérison et la réhabilitation.

Étapes et composantes du programme

Le programme STR8UP ne présente pas explicitement des étapes linéaires, mais ses composantes et conditions suggèrent un processus structuré. Voici une description détaillée, organisée en étapes logiques :

1.Engagement initial et conditions préalables

    • Les participants doivent d’abord manifester leur intention de quitter la vie de gang. Cela inclut de « laisser tomber leurs couleurs » (symbole de leur affiliation à un gang) et de faire connaître publiquement leur désir de changer.
    • Ils doivent également s’engager à respecter des conditions spécifiques, telles que :
      • Traiter leurs problèmes d’addiction, par exemple en participant à des programmes comme les Alcooliques Anonymes (AA), à des activités spirituelles autochtones ou à des églises.
      • Être honnêtes et éviter la manipulation ou le mensonge.
      • Être humbles et abandonner leur attitude de rue, souvent associée à la culture des gangs.
      • S’engager pour une période de 4 ans dans le programme STR8UP, un engagement symbolique reflétant que la guérison et la réhabilitation prennent du temps.
    • Ces conditions sont essentielles pour poser les bases d’un changement durable et pour préparer les participants à intégrer les autres composantes du programme.

2. Formation et éducation culturelle

    • Une fois engagés, les participants bénéficient de présentations éducatives sur les dangers de la vie de gang et des addictions. Ces sessions visent à sensibiliser les participants aux conséquences de leur mode de vie précédent et à les motiver à changer.
    • Une composante clé est l’intégration d’enseignements culturels autochtones, incluant des cérémonies comme les sweat lodges (huttes de sudation) et les cérémonies du Sundance. Ces activités sont facilitées par des aînés et des conseillers culturels, qui aident les participants à comprendre le respect des femmes et à exprimer leurs émotions sans violence.
    • Le programme inclut également des cercles traditionnels hebdomadaires, où des enseignements, des prières, des chants et des rituels de purification (smudging) sont pratiqués. Ces cercles sont incorporés dans les prisons fédérales et provinciales pour les hommes et les femmes, permettant aux participants incarcérés d’accéder à ces ressources.

3. Engagement communautaire et soutien pratique

    • Les participants sont encouragés à s’engager dans des activités communautaires, y compris des programmes de mentorat et des camps culturels d’été pour les jeunes. Ces initiatives visent à renforcer leur sentiment d’appartenance et à leur offrir des modèles positifs.
    • STR8UP fournit un soutien pratique dans des domaines essentiels, tels que :
      • Recherche de logement, crucial pour les participants souvent sans-abri ou en situation précaire.
      • Recherche d’emploi, avec des opportunités de développement professionnel.
      • Soutien éducatif, pour ceux qui souhaitent reprendre leurs études ou obtenir des qualifications.
      • Assistance générale pour l’intégration communautaire, y compris des services de gestion de cas pour coordonner ces efforts.
    • Ces services sont offerts sur site et hors site, dans divers lieux communautaires, pour répondre aux besoins des participants à différents stades de leur parcours.

4. Objectifs personnels et visions à long terme

    • Le programme STR8UP vise à transformer les participants en citoyens responsables, parents aimants et partenaires fidèles. Ces visions sont détaillées comme suit :
      • Devenir de meilleurs parents : Connaître le nom et la date de naissance de leurs enfants, tenir leurs promesses, et développer des relations parentales positives.
      • Être un partenaire fidèle : Développer des relations saines et respectueuses, en contraste avec la culture des gangs, qui peut souvent inclure des relations abusives.
      • Être un citoyen responsable : Obtenir une pièce d’identité, éviter la conduite en état d’ivresse, trouver un emploi ou poursuivre des études, et respecter les lois.
    • Ces objectifs sont intégrés dans le processus, avec un suivi continu pour s’assurer que les participants progressent vers ces buts sur la durée du programme de 4 ans.
Caractéristiques supplémentaires et impact
  • Cible démographique : Le programme s’adresse principalement aux hommes et aux femmes, souvent âgés de 15 à 30 ans, qui ont été évalués comme ayant un haut risque de récidive. Il n’y a pas de restrictions d’âge strictes, mais les participants sont généralement adultes.
  • Approche culturelle : Une caractéristique notable est l’intégration des pratiques autochtones, qui aide les participants, souvent issus de communautés autochtones, à se reconnecter à leur identité culturelle et à trouver des moyens de guérir. Cela inclut des enseignements sur la non-violence et le respect, particulièrement importants pour traiter les dynamiques de violence contre les femmes et au sein des relations.
  • Résultats mesurés : Le succès est mesuré par le maintien de la sobriété et le fait de rester hors de prison. À ce jour, 65 hommes et femmes ont quitté les gangs grâce au programme, démontrant son efficacité.
  • Défis et réplicabilité : Les principaux défis incluent l’obtention de financement et la nécessité de transparence dans les mesures de succès gouvernementales. Le programme est considéré comme réplicable, à condition d’avoir un financement adéquat, un personnel formé et empathique, et des espaces pour les activités.
Le programme STR8UP illustre l’importance d’une approche multidimensionnelle, combinant éducation, soutien pratique et pratiques culturelles pour la réhabilitation. Pour les régions où des initiatives similaires manquent, comme en France, adapter un modèle comme STR8UP, avec un focus sur les pratiques culturelles locales, pourrait être bénéfique. Des recherches supplémentaires pourraient explorer les barrières à la réplication dans d’autres contextes.
Conditions et engagements initiaux
Condition/Engagement
Description
Abandonner les couleurs
Déclarer publiquement l’intention de quitter le gang et laisser tomber les symboles.
Traiter les addictions
Participer à des programmes comme AA, spiritualité autochtone, ou église.
Honnêteté et humilité
Être honnête, éviter la manipulation, et abandonner l’attitude de rue.
Engagement de 4 ans
S’engager pour une durée de 4 ans, symbolisant le temps nécessaire à la guérison.
Composantes et services offerts
Composante/Service
Description
Présentations éducatives
Sensibilisation aux dangers des gangs et des addictions.
Enseignements culturels autochtones
Cérémonies comme sweat lodges et Sundance, avec aînés et conseillers.
Cercle traditionnel hebdomadaire
Enseignements, prières, chants, smudging, aussi en prison.
Engagement communautaire
Mentorat, camps d’été, et activités communautaires.
Soutien pratique
Aide pour le logement, l’emploi, l’éducation, et l’intégration.
Visions et objectifs à long terme
Vision/Objectif
Description
Devenir de meilleurs parents
Connaître les enfants, tenir promesses, développer relations positives.
Être un partenaire fidèle
Développer relations saines et respectueuses, contrastant avec la culture de gang.
Être un citoyen responsable
Obtenir ID, éviter conduite en état d’ivresse, travailler/étudier, respecter lois.

Rehabilitatation des membres de gangs de rue, de reseaux criminels…

La réinsertion des membres de gangs reste un défi, avec un besoin d’approches plus ciblées. Les programmes aux États-Unis et au Canada montrent une approche proactive, avec des services intégrés et une portée régionale ou mondiale. Ces programmes soulignent l’importance d’une approche multidimensionnelle, combinant éducation, emploi et soutien psychologique.

« Depuis de nombreuses années, les gangs de rue constituent une importante préoccupation dans les milieux communautaires, scolaires, sociaux, judiciaires et académiques. Depuis les premiers travaux de Frederic M. Thrasher au début du 20e siècle, les recherches sur ce sujet n’ont cessé de croître pour littéralement exploser depuis vingt ans. Des thèmes aussi variés que la formation, la composition et la structure des gangs de rue, les caractéristiques personnelles et sociales des personnes qui les composent, leurs activités délinquantes et les stratégies d’action pour faire face au phénomène sont traités, année après année, par des scientifiques de tous horizons: sociologues, criminologues, psychologues, ethnographes et anthropologues. Alors que la recherche américaine remonte à plus d’un siècle, celle menée au Québec et au Canada est beaucoup plus récente et moins documentée, et les écrits sont encore relativement rares. Ils sont toutefois de plus en plus nombreux et la nécessité de faire le point, en français, sur la production et l’évolution du savoir sur le phénomène s’impose.

Ce traité se veut le premier ouvrage francophone sur la question et réunit une trentaine de spécialistes – professeurs, chercheurs, praticiens et étudiants – québécois, canadiens, américains et européens qui présentent le résultat de leurs travaux et le fruit de leurs réflexions, en jetant un regard renouvelé sur ce phénomène. Vitrine des meilleurs travaux québécois, il témoigne de la diversité de la production scientifique, tant au point de vue de sa forme que de son contenu et offre un accès aux écrits anglo-saxons des auteurs les plus prolifiques et influents du domaine. De plus, ce livre d’introduction intègre au sein d’un seul et même ouvrage les savoirs utiles pour la formation des étudiants et des différents acteurs de tous les milieux concernés par la question et soucieux d’en connaître davantage.

Les questions relatives aux définitions et aux mesures du phénomène, à ses manifestations sur le plan national et international, ainsi que les activités délinquantes et la violence qui lui sont associées sont abordées, puis est exposée la manière dont les médias de l’ère internet traitent le phénomène. La culture des groupes, les profils personnels et sociaux des personnes qui les fréquentent, leurs familles, ainsi que l’expérience singulière des filles sont présentés. Une grande place est accordée aux troubles de santé mentale chez les délinquants associés aux gangs, aux risques qu’ils prennent tous les jours et aux facteurs de protection et d’intégration sociale – des thèmes qui ne bénéficient pas encore de tout l’intérêt qu’ils méritent. »

Un modèle multidimensionnel

« Les limites liées à l’utilisation de la typologie, jointes aux problèmes d’iden­­tification des membres, nous ont amenés à nous pencher sur la viabilité d’un modèle multidimensionnel de l’appartenance aux gangs de rue pour rendre compte de l’hétérogénéité du phénomène. Deux principaux motifs nous ont poussés à nous tourner vers une structure multidimensionnelle plutôt que catégorielle. Premièrement, il n’existe pas d’appui empirique solide à l’idée qu’il existe une frontière naturelle entre le délinquant membre et celui qui ne l’est pas: l’appartenance aux gangs n’est fort probablement pas taxonomique, mais bien dimensionnelle. Deuxième­ment, l’appartenance aux gangs de rue n’est pas unidimensionnelle: plusieurs composantes indépendantes (mais liées) sont nécessaires pour bien saisir le phénomène.

Dans leur ouvrage sur les modèles de mesure, Bertrand et Blais (2004) définissent le modèle comme une représentation simplifiée d’un phénomène. Pour être utile, le modèle doit avoir certaines caractéristiques particulières, dont celles d’être précis et parcimonieux. Dans le cadre de nos travaux, nous avons donc organisé les principales caractéristiques des délinquants membres en nous fondant sur quatre dimensions:

  • 1) la participation aux activités criminelles;
  • 2) la présence de traits psychopathiques et d’impulsivité;
  • 3) l’adhésion à la culture de gang;
  • 4) la place occupée dans le réseau et la structure du gang.

Les deux premiers paramètres concernent donc des caractéristiques génériques de la délinquance, tandis que les deux derniers sont spécifiques des gangs. L’ensemble de ces paramètres a été jugé crucial pour comprendre les membres. Ces quatre dimensions découlent de la convergence de trois sources de données: l’analyse des typologies, les principaux travaux issus de la littérature scientifique et finalement l’analyse du contenu de groupes de discussion avec des experts du phénomène. La figure 1 présente le modèle à quatre grands paramètres qui peuvent être mesurés à l’aide de différents indicateurs. Plutôt que de s’efforcer de déterminer qui est membre ou non, il est possible alors de définir la place qu’occupe un délinquant dans cet espace multidimensionnel.

D’abord, pour bien saisir les caractéristiques du délinquant membre, il est nécessaire de considérer la nature de ses activités criminelles. Depuis plus de vingt ans, l’étude des comportements délinquants passés ou de la carrière criminelle a fait d’importants progrès. Elle consiste généralement dans la description de la séquence longitudinale des délits commis par un même délinquant. Elle fait intervenir différents paramètres, dont la précocité, la variété, la spécialisation et le nombre de crimes commis.

Ensuite, les délinquants associés aux gangs de rue sont plus que de jeunes hommes en manque d’occasions légitimes issus de milieux défavorisés. En effet, ce sont souvent d’abord et avant tout des délinquants qui trouvent dans ces groupes un environnement compatible avec leur mode de vie. En fait, les délinquants membres présentent plus précocement que les autres des troubles de comportement, de l’hyperactivité, des attitudes délinquantes et des comportements violents (Thornberry et coll., 2003). Ils sont décrits comme agressifs, cruels envers les autres, impulsifs, colériques et irritables, en plus d’avoir de la difficulté à gérer leurs conflits. Ils sont irresponsables, incapables d’entretenir des relations significatives, manquent de jugement, manipulent les autres et sont souvent superficiels. De telles descriptions correspondent en tous points aux descriptions des personnalités antisociales et psychopathiques.

Puis, les manifestations de la culture de gang figurent parmi les dimensions les plus citées pour définir le gang de rue et identifier les membres. Les principaux indicateurs employés pour les décrire sont l’existence d’un nom de groupe, l’attribution d’un surnom de membre, le port de couleurs distinctives, les tatouages, les graffitis et l’exhibition d’objets de luxe. Des règles, des normes et des valeurs seraient aussi précisément attachées à la culture de gang. Les membres qui les respectent sont respectés des autres, alors que ceux qui les transgressent sont ridiculisés. En plus d’être souvent institutionnalisée dans des rites initiatiques, la violence serait rattachée à un code d’honneur qui considère l’agression comme une réponse nécessaire aux actions qui nuisent à la réputation du membre et du groupe.

Enfin, l’un des vecteurs criminels les plus importants concerne le milieu dans lequel les délinquants se retrouvent et l’influence des qualités structurales du gang sur leurs comportements. Les travaux sur le lien entre l’association aux gangs et la délinquance suggèrent deux choses. La première concerne l’effet facilitateur du groupe. L’association augmenterait de manière importante le nombre d’occasions criminelles pour les délinquants, en plus d’augmenter les moyens de les saisir. La seconde proposition permet de nuancer différentes affirmations souvent faites à propos de la structure des gangs de rue. Bien que l’intégration dans une infrastructure criminelle particulièrement cohérente et organisée pourrait expliquer l’effet facilitateur des gangs, les travaux sur leur fonctionnement laissent penser que ce n’est pas le cas (McGloin, 2005; Morselli, 2009). Ces travaux suggèrent que les gangs ne sont pas des groupes structurés, efficacement organisés, mais plutôt des entités disparates, plastiques et mobiles autour desquelles gravitent des délinquants et d’autres acteurs qui sont tous plus ou moins mêlés à des activités criminelles. Bien qu’il puisse exister des organisations criminelles structurées, les actions des gangs de rue seraient l’œuvre de petites cliques ou de simples individus. Même si certains groupes comptent un grand nombre de membres, cela n’implique pas qu’ils accomplissent leurs activités criminelles de manière réfléchie et concertée. Cela peut aller à l’encontre de l’évidence, mais les gangs de rue formeraient des groupes peu cohérents, dépourvus de réel leadership et présentant des configurations flexibles et changeantes.

La structure multidimensionnelle offre plusieurs avantages par rapport à une structure taxonomique traditionnelle. D’une part, elle permet de déterminer non pas si un délinquant fait ou non partie d’un gang, mais à quel niveau il se situe dans un espace multidimensionnel. D’autre part, elle permet de limiter les problèmes relatifs à l’accord interjuges et de s’intéresser davantage aux paramètres. À cet égard, sa structure plus flexible peut faciliter les études longitudinales et permet de contourner le problème de la migration d’un type à un autre. Elle permet par ailleurs d’étudier les résultats des mesures de répression et d’intervention appliquées auprès de ces groupes et de ces délinquants.

La proposition d’un modèle multidimensionnel s’est faite de concert avec un groupe composé de cliniciens, de policiers, de gestionnaires et de chercheurs œuvrant auprès de délinquants, mineurs et adultes, associés aux gangs. L’objectif était donc d’outrepasser les discussions sur l’appartenance ou non aux gangs de rue et de se préoccuper des différents paramètres susceptibles d’influencer la trajectoire criminelle de ces délinquants, leur désaffiliation et leur risque de récidive. La préoccupation n’était plus de savoir qui est membre et qui ne l’est pas, mais plutôt de connaître les particularités de chacun des délinquants afin d’adapter efficacement les méthodes d’évaluation et d’intervention visant à réduire les risques et protéger la société. De ce point de vue, une telle démarche remet en cause la pertinence même de la notion de gang de rue et de membre comme construit théorique. »

Guay, Jean-Pierre, et Chantal Fredette, éditeurs. Le phénomène des gangs de rue. Presses de l’Université de Montréal, 2014

Gangs in prison: violence reduction and rehabilitation

« Nous avons lancé la dernière brochure sur nos services de réduction des gangs et de la violence en milieu carcéral.

Introduits pour la première fois à HMP Thameside en 2013, nous avons été sollicités pour aider à réduire le risque posé par les détenus impliqués dans des gangs. Le service Catch22 fonctionne désormais dans quatre autres prisons, avec un modèle spécifique pour les jeunes à HMYOI Feltham. Dirigé par des professionnels ayant une connaissance approfondie de la culture des gangs, ce service encourage les détenus à abandonner leur mode de vie.

L’engagement initial avec les participants permet d’identifier les problèmes liés à l’implication dans les gangs, avant que des stratégies de gestion des risques et de soutien ne soient mises en place. Grâce à notre programme d’intervention sur mesure, R.O.A.D (Rehabilitation Offering Another Direction), nous travaillons en étroite collaboration avec les participants afin d’évaluer leurs choix passés et de développer leurs compétences en matière de communication et d’adaptation pendant leur détention et au-delà. Un soutien supplémentaire permet d’identifier les possibilités d’éducation et d’emploi qu’ils pourront poursuivre après leur libération.

Si l’on ne s’attaque pas à l’affiliation aux gangs en détention, le cycle entre la violence de la rue et celle de la prison se poursuivra. Nos collaborations avec des organisations communautaires signifient que notre travail ne se limite pas à réduire la violence dans les prisons, mais qu’il permet une réinsertion réussie dans la communauté.

Cette brochure donne un aperçu des services de réduction des gangs et de la violence que nous proposons actuellement dans les prisons du Royaume-Uni.

Chaque année, Catch22 travaille avec 140 000 jeunes et adultes, concevant et fournissant des services qui renforcent la résilience et les aspirations des personnes et des communautés en Angleterre et au Pays de Galles. Dans 18 prisons, nous travaillons sur le contrôle de la détention et la gestion des délinquants, jusqu’à la médiation et la réinsertion à long terme. Nous offrons des services aux victimes et aux ressortissants étrangers en détention, et facilitons l’intervention et le soutien aux personnes en détention provisoire.

En 2022-2023, 20 156 personnes ont été soutenues par l’ensemble des services de détention de Catch22.

Nous travaillons sur l’ensemble du cycle de protection sociale. Cela signifie que nos services s’appuient sur une compréhension approfondie des problèmes qui conduisent les personnes à la criminalité, à l’implication dans des gangs et, en fin de compte, à une peine d’emprisonnement. Nos équipes s’appuient sur l’expertise de nos projets de lutte contre la toxicomanie, de nos écoles alternatives et de nos services de lutte contre l’exploitation des enfants, ainsi que sur les années de travail d’intervention précoce que nous avons menées au sein du système judiciaire.

Selon la dernière publication de l’ONS, les crimes à l’arme blanche ont augmenté de 5 % au cours de l’année écoulée, marquant une hausse inquiétante de la violence en Angleterre et au Pays de Galles (benkinsella.org.uk). Selon les registres de la police, 48 716 incidents impliquant un couteau ou un instrument tranchant ont été recensés, contre 46 367 l’année précédente (The Ben Kinsella Trust, 2024).

La sécurité supposée de l’association à un gang est convaincante, alors que les prisonniers emprisonnés et associés à un gang sont impliqués de manière disproportionnée dans des incidents violents. Nos recherches et notre expérience nous ont appris qu’il existe des moments propices à l’apprentissage pour encourager la sortie des gangs, ainsi que pour améliorer les environnements carcéraux qui connaissent des regroupements problématiques en détention, en répondant aux conséquences négatives qui découlent de l’implication des gangs en détention.

Une gestion efficace des risques est essentielle à une réhabilitation efficace. Sans elle, les équipes pénitentiaires doivent se concentrer sur la réactivité, en s’attaquant aux problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent, au lieu d’être en mesure d’élaborer une stratégie qui prévient la violence à long terme.

Réhabilitation et réinsertion :

Tirant les leçons de l’expérience, nous comprenons que pour véritablement réduire cette violence, nous devons proposer une alternative à la vie en bande et donner à chaque personne les moyens de suivre une nouvelle voie. Nos praticiens en détention offrent une occasion unique de permettre cela, de sorte qu’à la libération, chacun ait les meilleures chances de se réintégrer avec succès dans la société, voire de s’y épanouir.

Prix et reconnaissance

L’efficacité de nos services de détention innovants et primés en matière de lutte contre les gangs et la violence a été reconnue :

Butler Trust Award reçu en 2015 pour les services fournis par le HMP Thameside Gang service. Le chef de détention a fait référence à « l’engagement, la passion et la conviction » de notre équipe pour créer un environnement plus sûr à HMP Thameside. Les incidents violents sont passés de 86 à 26 par mois, soit 60 victimes de moins et « 60 familles de moins qui s’inquiètent de la sécurité de leurs proches en détention ».
Le certificat Butler Trust décerné au service Gang du HMYOI Feltham en 2018 reconnaît que : « Il existe des preuves documentées de changements comportementaux positifs chez bien plus de la moitié des participants aux cours, ce qui a eu un impact positif sur la réduction de la violence à Feltham. »
L’inspecteur en chef des prisons, Peter Clarke, a déclaré : « Le partenariat de HMP Thameside avec Catch22 pour réduire la violence des gangs était innovant et efficace » à la suite d’une inspection de l’Inspection des prisons de Sa Majesté, publiée en 2017.
Le service HMP Leeds a soutenu l’unité de réduction de la violence du West Yorkshire pour mener des recherches sur les gangs et la violence au sein de l’établissement. Cette recherche a conclu ce qui suit : « La présence de Catch22 à HMP Leeds a été bénéfique à la fois pour les détenus et le personnel ». Le rapport suggère que : « On pourrait envisager d’intégrer le financement des programmes Catch22, ainsi que d’étendre les offres de Catch22 dans la mesure du possible. »
Le rapport de l’IMB publié en 2023, à la suite d’un examen au HMP Thameside, indique que « la prison dispose d’une équipe de gangs efficace qui travaille en étroite collaboration avec la police et les travailleurs communautaires pour aider à identifier et à séparer les membres les plus importants des gangs. »

Impact de notre approche

En 2023, les services de garde des gangs de Catch22 ont vu :

  • 1 480 identifications précoces
  • 80% des participants démontrent une nette amélioration de leur comportement en détention à l’issue du programme R.O.A.D.
  • 92% des résolutions de conflits aboutissent à un résultat positif
  • 80% des participants démontrent une réduction des attitudes pro-criminelles à l’issue du programme R.O.A.D.
  • 100% des participants, qui se sont engagés dans la gestion de cas complexes (CCM), démontrent une amélioration des attitudes pro-sociales
  • 100 % des médiations aboutissent à un résultat positif
  • Augmentation de 63 % des participants qui se sentent en confiance pour signaler des problèmes d’implication dans des gangs à l’issue de la formation Catch22.
  • 56 % d’augmentation des participants qui ont déclaré avoir une bonne compréhension de la culture des gangs et de la violence juvénile grave après avoir suivi la formation Catch22.

Notre approche

Le service Catch22 Gangs and Violence Reduction Custodial soutient l’administration pénitentiaire en réduisant le risque posé par les détenus impliqués dans des gangs, ce qui permet en fin de compte de réduire le nombre d’incidents violents.

Notre approche consiste à proposer des alternatives à la sécurité et au statut supposés offerts par les gangs. Il s’agit d’une stratégie qui, d’après les recherches, est plus efficace que l’approche purement répressive utilisée dans de nombreuses prisons.

Nos services sont fournis par des praticiens spécialisés dans les gangs, qui ont une expertise et une connaissance des gangs et de leur contexte, tant dans la communauté qu’à l’intérieur de la prison. Ces spécialistes identifient la nature spécifique et l’impact de l’implication des gangs au sein de l’établissement, et conçoivent des interventions ciblées en s’appuyant sur le contexte et l’expérience locaux. Ils travaillent au sein de la prison, en développant des informations avec d’autres équipes pénitentiaires, et soutiennent les accords de réinstallation et les opportunités avec les services de la communauté.

En travaillant au sein du régime pénitentiaire, mais indépendamment de celui-ci, Catch22 jouit d’une position unique et avantageuse. Cela signifie que nous sommes en mesure d’établir des relations de confiance avec les prisonniers, sans avoir à appliquer directement des mesures de punition et de sécurité.

Nos services se composent de six éléments distincts, chacun étant d’une importance vitale pour le maintien de la sécurité au sein de la prison et pour aider les personnes à modifier leur comportement.

Identification précoce et renseignements coordonnés :

Les spécialistes des gangs travaillent avec les nouveaux arrivants dans la prison pour identifier les risques et les points de tension potentiels, avant de mettre en place un plan pour prévenir les incidents liés aux gangs.

  • Programme R.O.A.D. : Le programme R.O.A.D. (Rehabilitation Offering Another Direction) fait partie intégrante de tous nos services. Nous utilisons une approche réparatrice et respectueuse des traumatismes pour permettre aux individus de réfléchir à leurs expériences et de se fixer des objectifs pro-sociaux pour leur vie.
  • Résolution des conflits et médiation : En cas d’incident violent survenu pendant ou avant la garde d’un enfant, notre service facilite les séances de médiation entre toutes les parties afin de résoudre le problème et de trouver une solution.
  • Gestion des cas complexes : Des séances individuelles permettent aux praticiens d’offrir un soutien individualisé et holistique aux principaux candidats, tels que ceux qui font l’objet d’un CSIP (actes de violence ou d’auto-isolation) ou d’un ACCT (pensées ou tentatives d’automutilation ou de suicide).
  • Réinsertion: En travaillant en étroite collaboration avec les équipes de réinsertion et de probation, nous pouvons nous assurer que les problèmes liés aux gangs sont pris en compte avant la libération et que les détenus bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour maintenir les progrès accomplis.
  • Formation : Nous développons et dispensons des formations adaptées aux besoins de chaque établissement afin d’améliorer les connaissances et la confiance du personnel dans le travail avec les personnes impliquées dans des gangs et celles qui risquent d’être exploitées.

Catch22 peut être chargé de fournir tous les aspects du service, mais nous proposons également des éléments individuels.

Identification précoce et renseignements coordonnés

Les spécialistes des gangs rencontrent les nouveaux détenus au cours du processus d’intégration, c’est-à-dire dans les 48 heures suivant leur arrivée à la prison.

Ils s’efforcent de comprendre les tensions et les rivalités au sein de la communauté afin d’identifier tout conflit potentiel. Cela leur permet de rassembler suffisamment d’informations pour recommander des lieux de résidence appropriés et les restrictions de mouvement nécessaires avant le départ de l’individu de l’unité d’insertion.

Nos équipes travaillent également avec l’établissement pénitentiaire en collaborant avec les principaux services et agences impliqués dans la prise en charge et la gestion des détenus, en contribuant à l’examen des conflits et en menant régulièrement des recherches au niveau local. Nos équipes travaillent de manière proactive avec la police, le service national de probation, le tribunal et d’autres agences afin de planifier la gestion en toute sécurité de toute personne très connue qui entre dans la prison.

Réhabilitation offrant une autre direction (R.O.A.D.)

Le programme Rehabilitation Offering Another Direction (R.O.A.D.) vise à réduire les attitudes pro-criminelles, à proposer d’autres façons de penser et à promouvoir des alternatives à la violence.

Le programme vise à développer les capacités de réflexion, à améliorer les compétences en matière de communication et à sensibiliser aux stéréotypes et à l’impact de la perception.

Le programme a été conçu et créé par des praticiens des gangs du HMP Thameside et s’appuie sur des bases théoriques. Notre approche s’appuie sur une analyse documentaire approfondie, ainsi que sur les résultats d’une recherche menée par la Catch22 Dawes Unit en 2014.

R.O.A.D. se déroule généralement sur cinq jours, avec environ 12 participants par groupe. Cette durée peut toutefois être adaptée à chaque établissement. Le programme est interactif, pertinent et offre une forme alternative de réhabilitation qui s’est avérée plus efficace avec cette cohorte.

Résolution des conflits et médiation

Travailler avec des individus et des équipes au sein de la prison pour réduire les risques
Les spécialistes des gangs cherchent à identifier les détenus qui pourraient bénéficier d’une médiation. Les renseignements recueillis par les spécialistes des gangs leur permettent de cibler les détenus avant que les conflits ne dégénèrent en violence. Les demandes de médiation peuvent également émaner directement des détenus ou du personnel de la prison à la suite d’un incident.

La médiation aide à résoudre les différends ou les tensions persistantes, qu’ils soient apparus au sein de la prison ou qu’ils aient suivi les détenus depuis la communauté. Elle consiste à réunir les détenus pour discuter directement de l’incident, en vue d’apporter un changement durable et de réduire le risque que ces détenus représentent les uns pour les autres.

Tous les cas ne se prêtent pas à la médiation. Dans ce cas, les praticiens de Catch22 mèneront des discussions sur la résolution des conflits afin de déterminer la voie à suivre pour toutes les parties.

Nos équipes utilisent des pratiques réparatrices pour étayer les conversations. Ces pratiques encouragent l’obligation de rendre des comptes et la responsabilité de manière positive dans un environnement « sans blâme, sans honte ». En examinant l’impact des comportements, nous pouvons encourager des actions et des relations positives, tant au niveau individuel que collectif.

Gestion des cas complexes

Les services de Catch22 proposent des séances individuelles ciblées aux principaux nominaux tels que ceux qui font l’objet d’un CSIP (actes de violence ou d’auto-isolation) ou d’un ACCT (pensées ou tentatives d’automutilation ou de suicide).

Les praticiens du gang établissent des relations de confiance, de collaboration et de sens avec chaque détenu. Cela leur permet d’aborder et de remettre en question les problèmes sous-jacents à l’origine du comportement antisocial et de travailler à l’amélioration de l’avenir de l’individu.

Nous adaptons les interventions aux besoins spécifiques de chaque détenu et suivons les progrès réalisés. Les praticiens proposent un éventail d’interventions qui utilisent un discours psychologique positif pour encourager le bien-être, la réalisation de soi et le sentiment de croissance. Il s’agit là d’un élément clé de la réadaptation de la population ciblée. S’appuyant sur les principes du « Good Lives Model » (Ward et Gannon, 2006), nous utilisons des techniques d’entretien motivationnel, et nos ressources et méthodes d’intervention sont axées sur les solutions, fondées sur les points forts et tenant compte des traumatismes.

Réinsertion

Catch22 collabore avec des organisations communautaires et statutaires pour soutenir les transitions réussies de la détention vers la communauté.

Notre objectif est d’encourager les détenus à quitter leur vie au sein d’un gang. Nos praticiens s’efforcent donc d’identifier le soutien nécessaire pour permettre à l’individu de maintenir les progrès qu’il a accomplis. Dans le cadre de ce travail, nous ferons des recommandations au personnel pénitentiaire et de probation lors des réunions de planification de la réinsertion, telles que les zones d’exclusion suggérées.

La formation

Catch22 travaille avec les équipes de direction, les équipes de réduction de la violence et toutes les personnes impliquées dans le maintien d’une période de détention sûre et sécurisée. Si nécessaire, nous organisons des sessions de formation mensuelles afin de partager nos connaissances et d’explorer les tendances spécifiques au site et les tensions au sein de la communauté.

Nous avons mis au point des programmes de formation certifiés CPD pour renforcer les compétences du personnel en améliorant les connaissances, la compréhension et la confiance en soi pour travailler efficacement avec cette cohorte.

Sensibilisation aux gangs : reconnaître les signes

Cette session de formation couvre des sujets tels que:

  • la culture des gangs, la violence grave chez les jeunes et les comportements associés,
  • le chevauchement victime/agresseur,
  • l’exploitation criminelle des enfants (CCE) et les County Lines,
  • les étapes du toilettage et de l’exploitation,
  • la manière d’impliquer avec succès les utilisateurs de services, et
  • les stratégies de protection et de gestion des risques associés.

Comprendre la violence chez les jeunes
Cette session de formation couvre les sujets suivants:

  • comprendre la violence, y compris pourquoi et comment elle se produit,
  • l’impact des traumatismes sur le comportement,
  • l’exploitation, l’appartenance à un gang et leurs liens avec la violence,
  • les objectifs nationaux,
  • le travail isolé et les procédures de sauvegarde
  • des ressources pour faciliter les conversations.

Les idées de Catch22

Les données issues de la recherche sont essentielles au développement continu. Elles nous permettent de fournir des services de haute qualité tout en restant pertinents et réactifs aux besoins.

Nos services de lutte contre les gangs et la violence travaillent en étroite collaboration avec notre équipe de recherche. Ensemble, nous réunissons l’expertise académique et de première ligne pour engager et connecter Catch22 aux questions sociales émergentes et à la recherche mondiale, ce qui nous permet d’identifier les domaines de meilleures pratiques et de répondre aux lacunes de l’offre.

Catch22 s’engage à partager les enseignements tirés de la recherche et de l’expérience afin de promouvoir les meilleures pratiques et d’aider à orienter les conversations avec les décideurs politiques, à soutenir les intentions de mise en service, à informer la conception des services et à développer de futures interventions.

Éléments à prendre en compte lorsque l’on travaille avec des détenus affiliés à des gangs

La région desservie par la prison est unique : Les praticiens doivent comprendre la population de l’établissement, les problèmes de la communauté et les liens entre les deux.
Les personnes désignées par un gang peuvent ne pas reconnaître qu’elles font partie d’un gang : En particulier dans le cas des jeunes détenus affiliés à un gang, les individus peuvent avoir été préparés par d’autres ou d’anciens membres du gang et ne pas encore comprendre la nature du groupe dans lequel ils sont impliqués.
Tous les membres d’un gang ne savent pas qui sont leurs rivaux : Des réunions de sélection et d’initiation doivent être organisées dès que possible afin d’éviter que des rivaux potentiels ne se rencontrent. Un individu peut ne pas avoir rencontré les membres d’autres gangs, mais son identité peut être connue des membres de gangs rivaux, ce qui peut mettre sa sécurité en danger.
Les conflits évoluent sans cesse : Les rivaux peuvent maintenant être des alliés en prison, et les allégeances peuvent changer du jour au lendemain.
Gardez un œil sur les personnes à qui les prisonniers parlent : Les praticiens doivent observer où les prisonniers demandent à être placés et comment ils interagissent les uns avec les autres. Cela peut donner une idée de la hiérarchie au sein des gangs et des risques potentiels.

  • Intérêts communs et personnalités : Tous les jeunes ne sont pas affiliés à des gangs et tous les incidents violents ne sont pas motivés par des rivalités entre gangs. Lorsqu’ils entrent en détention, les jeunes peuvent souvent trouver du réconfort en se regroupant avec d’autres jeunes qui ont des intérêts communs ou des perspectives et des personnalités partagées. Ce point est détaillé dans la recherche « Gangs in Prison » de 2014 menée par l’unité Dawes au HMP Thameside.
  • Chaque personne a d’autres problèmes que son appartenance à un gang : Outre leur association avec des gangs, les individus peuvent avoir besoin d’une aide supplémentaire pour faire face à un deuil, à un traumatisme ou à la violence dont ils ont probablement été témoins.
  • C’est en établissant la confiance que nous apprenons : Seules des relations de confiance permettent d’obtenir des informations et de relier les points. Il est impératif de fixer des limites à ce qui est partagé et d’être conscient de la manière dont nous le divulguons si nécessaire.
  • Renseignez-vous sur les pseudonymes ou les surnoms que peut avoir une personne : Ces informations faciliteront le suivi des conversations entre détenus et des conversations que les détenus ont avec vous.
  • Les conflits en ligne peuvent déborder sur la vie réelle et les médias sociaux peuvent être le catalyseur de violences graves : Même si ceux qui se trouvent dans la prison ne devraient pas y avoir accès, les nouveaux arrivants ou ceux qui discutent avec des amis à l’extérieur de la prison peuvent prendre connaissance d’informations concernant des individus ou des groupes rivaux.
  • Évitez les suppositions : Bien qu’il existe de nombreuses tendances et de nombreux modèles que nous observons dans le cadre de notre travail avec les personnes désignées par les gangs, il est essentiel que nous abordions l’ensemble de notre travail en nous rappelant que chaque cas, et chaque personne, est unique.
  • Baser tout le travail sur la recherche : Le document de recherche « Gangs in Prison » publié par l’unité Dawes (avec le soutien de l’équipe du HMP Thameside), donne un aperçu approfondi des complexités des gangs et des conflits, et des avantages des « moments d’enseignement » dans le milieu carcéral.

Qu’est-ce qui fait un bon praticien ?
FIABLE :
Les intervenants en matière de gangs estiment qu’il s’agit là de la première qualité requise pour réussir dans leur rôle. Il est essentiel d’interagir avec les détenus et d’établir une relation de confiance avec eux pour les soutenir.

CONNAISSANCE :
Il est impératif d’être bien informé et curieux de la culture des gangs et des communautés spécifiques. Il est essentiel de comprendre le paysage pour travailler avec ces groupes.

PATIENT :
Travailler avec des membres de gangs n’est pas un processus linéaire et, parfois, les progrès sont lents. Les spécialistes des gangs se donnent à fond, même lorsque l’impact n’est pas immédiatement évident.

RÉSILIENT :
Travailler dans un service pénitentiaire de première ligne comporte des défis. Les praticiens de la lutte antigang sont capables d’avoir une vision d’ensemble et de rebondir après les échecs subis par les personnes qu’ils soutiennent.

HONNÊTE :
Nous gérons les attentes et évitons de faire des promesses que nous ne pouvons pas tenir. Notre rôle au sein de la prison est spécifique et limité, et nous devons être en mesure de dire aux prisonniers ce qui est possible ou non dans le cadre de nos attributions.

EXPÉRIMENTÉS :
La plupart des personnes avec lesquelles les praticiens de gangs travaillent ont connu des difficultés et des épreuves dans leur vie. Nous devons comprendre cela et l’impact que de telles expériences de vie peuvent avoir.

PASSIONNÉS :
Le métier de praticien en matière de lutte contre les gangs est difficile, mais la conviction que nous pouvons faire la différence est ce qui nous permet de tenir le coup les jours les plus difficiles.

EQUILIBRÉS:

Nous sommes aussi à l’aise pour parler à un directeur de prison qu’à un prisonnier, et nous pouvons établir des relations de confiance avec chacun d’entre eux. Travailler pour Catch22 offre un certain degré d’indépendance, mais il y a aussi un devoir de partager les informations et d’assurer la sécurité du personnel et des prisonniers.

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Programme « Catch 22 »  & R.O.A.D (UK)

R.O.A.D (Rehabilitation Offering Another Direction) : Mis en œuvre par Catch22 au Royaume-Uni, ce programme est spécifiquement conçu pour les prisonniers impliqués dans des gangs. Lancé à HMP Thameside en 2013, il s’étend maintenant à quatre autres prisons et inclut un modèle spécifique pour les jeunes à HMYOI Feltham. Il se concentre sur l’évaluation des choix passés, le développement des compétences de communication et de coping, et l’identification d’opportunités éducatives et professionnelles post-libération. En 2022-2023, Catch22 a soutenu 20 156 individus à travers ses services en milieu carcéral, démontrant un impact significatif (Catch22 – Gangs in Prison: Violence Reduction and Rehabilitation).

« Notre approche se concentre sur l’offre d’alternatives à la sécurité et au statut supposés offerts par les gangs.
sécurité et au statut supposés offerts par les gangs. Il s’agit d’une stratégie qui, d’après les recherches, est plus efficace
que l’approche purement répressive utilisée dans de nombreuses prisons.
Nos services sont fournis par des praticiens spécialisés dans les gangs qui ont une expertise et une connaissance des gangs et de leur contexte, tant dans la communauté qu’à l’intérieur de la prison.

Les spécialistes des gangs identifient la nature spécifique et l’impact de l’implication des gangs au sein de l’établissement, et conçoivent des interventions ciblées en s’appuyant sur du contexte local et de l’expérience. Ils travaillent au sein de la prison, en développant des informations avec d’autres équipes pénitentiaires, et soutiennent les accords de réinsertion avec les services de la communauté.
En travaillant au sein du régime pénitentiaire, tout en étant indépendant de celui-ci, Catch22 jouit d’une position unique et avantageuse. Cela signifie que nous sommes en mesure d’établir des liens de confiance avec les prisonniers, sans avoir à renforcer directement les punitions et les mesures de sécurité. »

Nos services se composent de six éléments distincts, chacun étant d’une importance vitale pour le maintien de la sécurité au sein de la prison et pour aider les personnes à modifier leur comportement.

  • 1. IDENTIFICATION PRÉCOCE ET RENSEIGNEMENTS COORDONNÉS
    Les spécialistes des gangs travaillent avec les nouveaux arrivants dans la prison pour identifier les risques et les points de tension potentiels, avant de mettre en place un plan visant à prévenir les incidents liés aux gangs.
  • 2. PROGRAMME R.O.A.D
    Le programme R.O.A.D. (Rehabilitation Offering Another Direction) fait partie intégrante de tous nos services. Nous utilisons une approche réparatrice et respectueuse des traumatismes (trama informed) pour permettre aux individus de réfléchir à leurs expériences et de se fixer des objectifs pro-sociaux pour leur vie.
  • 3. RÉSOLUTION DES CONFLITS ET MÉDIATION
    En cas d’incident violent survenu pendant ou avant la détention, notre service facilite les séances de médiation entre toutes les parties afin de résoudre le problème et de trouver une solution.
  • 4. GESTION DES CAS COMPLEXES
    Des séances individuelles permettent aux praticiens d’offrir un soutien individualisé et holistique aux principaux candidats, tels que ceux qui font l’objet d’un CSIP (actes de violence ou d’auto-isolation) ou d’un ACCT (pensées ou tentatives d’automutilation ou de suicide).
  • 5. RÉINSERTION
    En travaillant en étroite collaboration avec les équipes de réinsertion et de probation, nous pouvons nous assurer que les problèmes liés aux gangs sont pris en compte avant la libération et que les détenus bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour maintenir les progrès accomplis.
  •  6. FORMATION
    Nous développons et dispensons des formations adaptées aux besoins de chaque établissement afin d’accroître les connaissances et la confiance du personnel dans le travail avec les personnes impliquées dans des gangs et celles qui risquent d’être exploitées.
    Catch22 peut être chargé de fournir tous les aspects du service, mais nous proposons également des éléments individuels.

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Si le lien est brisé: 1596_GangsInPrisonUpdates_03

Depuis quelques années , à l’initiative du Tribunal pour mineurs de Reggio de Calabre , une action de coordination a été lancée entre les composantes institutionnelles et sociales qui s’occupent à divers titres de la protection des mineurs à travers  le programme « Libre de choisir », qui consite principalement à  éloigner les enfants des contextes mafieux et à les former à des métiers pour rompre avec les reseaux criminels.

Le projet est né dans le but d’aider les jeunes qui vivent dans des contextes de criminalité organisée de nature mafieuse à se libérer de ces logiques qui lient les plus jeunes membres des familles mafieuses à un projet de vie criminel. Mais en même temps, cela s’est également révélé être une grande opportunité pour les adultes, en particulier les femmes et les mères , qui se trouvent dans une situation familiale et relationnelle mafieuse contre leur gré ou, après avoir payé leur dette à la société, croient que la mafia ne peut plus être le contexte dans lequel ils peuvent continuer à vivre et à élever leurs enfants.

Concrètement, il envisage la possibilité d’éloigner les mineurs de leur famille, et éventuellement la faisabilité d’assurer une véritable alternative aux membres de la famille qui se dissocient de la logique pénale, en prévoyant une relocalisation temporaire dans d’autres régions d’Italie. Au fil des années, nous avons suivi 49 situations – individuelles et familiales – soit plus de 120 personnes . Actuellement, nous accompagnons 24 situations de différentes manières : une cinquantaine de personnes, dont une dizaine de familles et quelques couples de frères et sœurs.

Il est né comme un protocole interministériel et voit la participation active de la société civile . Dans la dernière version du 31 juillet 2020, elle a été signée par : le Ministère de la Justice, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère de l’Éducation, le Ministère de l’Université et de la Recherche, la Présidence du Conseil des Ministres – Ministre de l’Égalité des Chances et de la Famille, la Direction Nationale Antimafia et Antiterroriste, la Conférence Épiscopale Italienne, le Tribunal pour Mineurs de Reggio de Calabre, le Parquet près le Tribunal pour Mineurs de Reggio de Calabre, le Parquet près le Tribunal de Reggio de Calabre, Libera. Associations, noms et chiffres contre la mafia. Le Protocole était, en plus d’une grande œuvre, aussi la légitimation formelle d’une action de grande responsabilité civile qui avait déjà été menée depuis un certain temps. Depuis des années, les mêmes personnes qui font partie des réalités institutionnelles demandent l’aide de notre Association, pour certaines situations délicates de sécurité personnelle, qui concernent des mineurs ou des adultes. Souvent nous nous sommes retrouvés, et nous nous trouvons, dans l’urgence d’aider une personne ou une cellule familiale, à changer d’environnement parce que leur maison, leur ville ne sont plus des endroits sécuritaires. Il est important de prendre en compte qu’actuellement les personnes, mineures ou majeures, même si elles souhaitent se dissocier en s’éloignant du milieu criminel d’origine, ne peuvent pas être adéquatement protégées par l’État car elles n’appartiennent pas à la figure juridique, actuellement prévue, du « collaborateur de justice »  ou du « témoin de justice ».

Retirés simultanément de leur territoire et de leurs contextes familiaux respectifs, ces enfants ont l’opportunité de découvrir des horizons culturels, sociaux, affectifs et psychologiques différents, enrichissant leur vie d’expériences caractérisées par une saine et grande vitalité. En même temps, ce projet permet aux travailleurs de la justice pour mineurs, aux travailleurs sociaux, aux psychologues, aux familles d’accueil et aux communautés de travailler libres des pressions environnementales du contexte d’origine. Le but du projet n’est pas d’endoctriner , mais simplement de démontrer à ces enfants , pendant un certain temps, qu’en dehors des espaces clos de leurs maisons, il existe un autre monde, une alternative au style de vie qu’ils ont connu jusqu’à ce moment-là … On ne leur demande pas de renier leurs pères et mères, mais de s’offrir l’opportunité de se poser la question : « Est-ce que je veux vraiment l’avenir – cet avenir criminel – que ma famille a déjà choisi pour moi ? ». La thèse sur laquelle nous partons est en effet que parmi ces sujets criminels, nous sommes certains que beaucoup, s’ils avaient vécu des contextes différents, auraient exercé leur liberté de choix de manière plus décisive : en choisissant des actions alternatives à celles criminelles. Ce n’est pas un chemin sans difficultés, cependant, le soin apporté à chaque parcours individuel, l’absence d’automatismes et de froideur bureaucratique, rendus possibles à de nombreuses reprises par une bonne collaboration entre les institutions et la société civile, conduisent également à des résultats inattendus.

Contraste efficace avec la culture mafieuse.  Free to Choose s’est immédiatement révélé être un outil puissant pour combattre la culture mafieuse : dès les premiers instants, les mères des garçons, épouses de chefs de la mafia, ont compris que ce que le Projet offrait était une réelle opportunité tant pour leurs enfants que pour elles-mêmes. Ainsi naît un chapitre inattendu et conséquent, où l’on sent que l’adhésion des femmes mafieuses à ce Projet, en plus de les conduire à écrire des pages de vie nouvelle dans leurs histoires personnelles, conduit à saper cette réalité familiale monolithique qui constitue l’un des points forts de la culture mafieuse.

Rôle de la société civile. Les institutions publiques, y compris judiciaires, malgré de nombreuses limitations dues à des pratiques difficiles à saper, sont invitées à mettre en jeu, dans ce projet, les conditions nécessaires et indispensables pour qu’un jeune puisse expérimenter une possibilité différente de regarder et de repenser sa propre vie. Mais nous avons constaté que la différence, pour un résultat positif, se fait par l’implication de la société civile , des « gens ordinaires » qui dans la vie de tous les jours nous font percevoir qu’il est possible de recommencer, qui partagent les nombreuses peurs et les joies des petits pas vers une plus grande autonomie de pensée et de choix. Des présences amicales qui partagent les difficultés de l’école ou du premier emploi , la présence d’associations ou de groupes de personnes disposés à accompagner avec empathie et humanité ces chemins de nouveaux départs, des présences amicales qui sont cruciales pour que les enfants et les adultes impliqués dans le Projet puissent puiser dans ces ressources d’humanité et de liberté qui sont restées longtemps cachées en eux-mêmes.

Nouvelles perspectives.  Offrir la possibilité, aux personnes conditionnées par la culture criminelle mafieuse, de choisir de changer ou non leur vie : c’est un projet qui pour nous a un rêve implicite, que les Institutions, la Société Civile et nos propres communautés demandent la disponibilité concrète pour favoriser l’avenir d’un nouveau pays. Construire ensemble un pays où les Institutions et la Société Civile, chacune selon ses responsabilités, offrent une alternative concrète et efficace pour que les garçons et les filles puissent choisir, loin du conditionnement criminel, en regardant avec espoir l’avenir de leur vie. Tout cela signifie éliminer la motivation qui pousse souvent de nombreux jeunes à commettre des délits, parce qu’on ne leur a pas présenté d’alternatives concrètes.

Les Multi-level Guidelines (MLG) de Hart et Cook, développés par Alana N. Cook, Stephen D. Hart et Randall Kropp, sont un outil d’évaluation des risques de violence de groupe (GBV), un concept défini comme des blessures physiques intentionnelles et non consensuelles perpétrées par des individus influencés par un groupe auquel ils appartiennent ou sont affiliés. Cela inclut des formes comme le terrorisme, la violence de gang, le crime organisé et même les acteurs isolés s’identifiant à un groupe.
Il repose sur 16 facteurs de risque répartis en quatre domaines : individuel, individuel-groupe, groupe et groupe-sociétal. Chaque facteur est évalué pour sa présence et sa pertinence, et l’outil fournit une formulation pour estimer la probabilité de violence future, de dommages physiques graves et d’imminence de violence.
Utilisation et validation
Les évaluations se font généralement par une équipe incluant un expert sur le groupe concerné. La recherche indique que les MLG ont été validés avec une bonne fiabilité inter-évaluateurs et sont utilisés dans plusieurs juridictions, notamment en Amérique du Nord et en Europe.

Les auteurs recommandent d’utiliser le MLG en conjonction avec d’autres outils pertinents d’évaluation du risque pour évaluer les personnes connues pour avoir commis ou soupçonnées d’avoir commis des actes de violence de groupes terroristes, ainsi que les personnes susceptibles d’être exposées à un risque de violence d’un groupe terroriste. Le MLG peut également être utilisé pour analyser dans quelle mesure la violence terroriste perpétrée par une personne doit être considérée comme étant le fait d’un groupe ou d’un individu (acteur isolé).

La structure du MLG s’inspire directement de celle des lignes directrices du Jugement Professinnel Structuré (JPS) couramment utilisées, et en particulier de la troisième version du Historical-Clinical-Risk Management-20 (HCR-20 V3 ; Douglas, Hart, Webster, & Belfrage, 2013). La procédure d’administration du MLG comprend sept étapes :

  • les évaluateurs recueillent des informations pertinentes sur le cas (étape 1) ;
  • examinent la présence et la pertinence de 16 facteurs de risque de base, ainsi que tout facteur de risque spécifique au cas (étapes 2 et 3) ;
  • élaborent une formulation intégrative du risque de terrorisme sur la base des facteurs de risque présents et pertinents (étape 4) ;
  • élaborent des scénarios de terrorisme futur sur la base de la formulation, ainsi que des plans de gestion basés sur ces scénarios (étapes 5 et 6) ;
  • et communiquent diverses opinions conclusives sur la nature des risques posés par la personne (étape 7).

Les 16 facteurs de risque de base de la deuxième version du MLG (la première version en comptait 20) reflètent quatre niveaux conceptuels ou domaines de la dynamique : individu, individu dans le groupe, groupe et groupe dans la société.

Le domaine individuel comprend des facteurs pertinents pour les personnes en tant qu’individus, indépendamment des groupes auxquels elles appartiennent ou sont affiliées (par exemple, les problèmes de santé mentale). Ces facteurs ont été modelés directement sur ceux du HCR-20 V3 ; en effet, le manuel du MLG permet aux évaluateurs d’utiliser les facteurs de risque du HCR-20 V3 pour remplacer les facteurs du domaine Individuel du MLG.

Le domaine Individuel-Groupe comprend les facteurs relatifs aux identités, aux attitudes et aux rôles des personnes vis-à-vis des groupes (par exemple, l’identité basée sur le groupe).

Le domaine du groupe comprend les facteurs liés aux processus et aux structures du groupe, indépendamment de la personne (par exemple, les normes du groupe).

Enfin, le domaine groupe-société comprend les facteurs liés au contexte social plus large dans lequel le groupe existe et fonctionne (par exemple, les conflits intergroupes).

Domaine
Description
Exemples de facteurs
Individuel
Facteurs liés à l’individu lui-même
Antécédents de violence, troubles mentaux
Individuel-groupe
Interaction entre l’individu et le groupe
Engagement idéologique, rôle dans le groupe
Groupe
Caractéristiques internes du groupe
Structure hiérarchique, objectifs violents
Groupe-sociétal
Relation du groupe avec la société
Soutien communautaire, impact sociétal

La présence de chaque facteur de risque est évaluée sur une échelle de trois points (N = aucune preuve de la présence du facteur de risque, P = preuve possible ou partielle de la présence du facteur de risque, O = preuve de la présence certaine du facteur de risque).

L’évaluation de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) se fait également sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les évaluations de la pertinence (c’est-à-dire de la pertinence fonctionnelle par rapport à la perpétration d’actes de violence) sont également effectuées sur une échelle de trois points (faible, modérée ou élevée).

Les opinions conclusives formulées sont les suivantes :

  • Violence future, également connue sous le nom de priorité des cas, reflétant la probabilité globale que la personne commette des violences en groupe à l’avenir ;
  • Préjudice physique grave, reflétant le risque que toute violence en groupe commise par la personne à l’avenir entraîne des blessures mortelles ou mettant sa vie en danger ;
  • et Violence imminente, reflétant le risque que la personne commette des violences en groupe dans un avenir proche.

Chaque facteur est évalué pour sa présence (Oui, Partiel, Non) et sa pertinence (Faible, Moyenne, Haute). Contrairement à certains outils, les MLG n’incluent pas de facteurs protecteurs spécifiques, mais les évaluateurs sont encouragés à inclure des facteurs protecteurs individualisés.

Les 20 facteurs de risque du MLG V1 (source):

DOMAINES FACTEURS DE RISQUE
Domaine individuel

 

I1. Comportement violent
I2. Escalade dans le comportement violent
I3. Comportement criminel non violent
I4. Problèmes résultant de la victimisation
I5. Problèmes de santé mentale
I6. Manque d’intégration pro-sociale
Domaine individuel et collectif

 

IG1. Identité de groupe
IG2. Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3. Engagement envers le groupe
IG4. Attitudes négatives à l’égard de l’extérieur du groupe
Domaine du groupe

 

G1. Violence au sein du groupe
G2. Escalade de la violence de groupe
G3. Normes de groupe violentes
G4. Cohésion du groupe
G5. Leadership violent fort
G6. Groupe isolé
Domaine du groupe et de la société

 

GS1. Menace intergroupe
GS2. Injustice perçue
GS3. Statut social extrême du groupe
GS4. Instabilité sociale
Voici la liste des items du MLG V2 à 16 Items (source):
Domaine Facteur de risque
Individuel I1 Problèmes de conduite (ATCD de violences)
I2 Problèmes d’attitude (mode de pensée antisocial)
I3 Problèmes d’adaptation sociale
I4 Problèmes de santé mentale
Individuel-Groupe IG1 Forte identité de groupe
IG2 Rôle ou statut violent dans le groupe
IG3 Engagement fort envers le groupe
IG4 Attitude négative envers les personnes extérieures au groupe
Groupe G1 Antécédents de violence
G2 Normes ou objectifs violents
G3 Forte cohésion
G4 Forte structure de leadership/pouvoir
Groupe-Société GS1 Grande taille/ forte portée
GS2 Isolation sociale
GS3 Opère dans un contexte/environnement instable
GS4 Menacé par d’autres groupes ou en conflit avec eux
Ces facteurs sont basés sur un modèle écologique de la violence de groupe, prenant en compte les interactions entre l’individu, le groupe et la société. Les facteurs du domaine individuel, par exemple, sont modélisés d’après les facteurs de l’outil HCR-20 V3, tandis que les domaines groupe et groupe-sociétal incluent des éléments comme la structure hiérarchique ou l’impact sociétal, qui reflètent des dynamiques plus larges.

L’évaluation aboutit à une formulation qui communique les opinions sur trois aspects :

  • la probabilité de violence future,
  • le risque de causer des dommages physiques graves
  • et l’imminence de la violence.
Cela aide à prioriser les cas et à développer des stratégies de gestion.
Développement et validation:
Des études, comme la thèse de Cook en 2014, ont testé l’utilité et la fiabilité inter-évaluateurs avec 42 évaluateurs et 11 cas de GBV, montrant des résultats allant de médiocres à excellents pour les items, et de bons à excellents pour les domaines et opinions. La validité de contenu et l’utilité pratique ont été confirmées, avec une fiabilité inter-évaluateurs généralement excellente, bien que certaines évaluations (comme le risque de dommages graves) soient considérées comme « limitées».
Utilisation pratique
Les évaluations doivent être réalisées par une équipe, incluant au moins un expert sur le groupe concerné, et peuvent se faire avec ou sans entretien direct avec le sujet. Les preuves utilisées incluent des dossiers de santé mentale, des informations pénitentiaires et des informations de sécurité. Des réévaluations sont recommandées, avec un intervalle maximum de 12 mois.
Les MLG sont utilisés avant ou après une infraction , pour des individus à risque ou connus/suspects de GBV. Ils sont en usage en Amérique du Nord et en Europe, et sont accessibles à l’achat sans formation standardisée, bien que les évaluateurs doivent être des professionnels qualifiés dans des domaines comme la santé mentale, la justice pénale ou les services de sécurité.
En résumé, les MLG offrent un cadre structuré et validé pour évaluer les risques de violence de groupe, avec une approche flexible mais exigeante en termes de qualifications des utilisateurs. Leur utilisation continue en 2025, comme en témoigne leur présence dans des formations récentes, souligne leur pertinence dans des contextes internationaux.