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FRANCE CULTURE (émission « les pieds sur terre 12/05/2020) « david le braqueur »

Né dans la banlieue de Caen, David a commencé à voler à quatorze ans.

David, un nouveau gentleman cambrioleur ?

Il s’est spécialisé dans la neutralisation des alarmes, passant des magasins aux banques. Pour y parvenir, la violence n’était jamais loin. Pourtant, David n’a jamais franchi les limites qu’il s’est fixées. Par principe, certes, mais aussi par chance.

« Je me rends compte que je suis très bon dans le vol à l’étalage. Et là, je me dis, je vais m’en sortir par la délinquance. »

Pendant sa cavale qui a duré un an, il s’est fait appeler David Lupin, puis il est allé se livrer à la police, par amour pour sa femme (enfin, c’est ce qu’il dit). Gentleman cambrioleur ou pas, éthique professionnelle ou hasard de la vie, en tous cas, il n’a pas tué, il n’a pas blessé, c’est un début. David a passé des années en prison pour y réfléchir, et il nous raconte son histoire et sa morale…

  • « Je viens de Caen, j’habitais une tour rue Montcalm mais on l’appelait la rue « Non-calme ».
  • « Quand je suis né, mon père était en semi-liberté, la journée il venait me voir, le soir il repartait en prison ».
  • « Avec mes amis, on avait quatorze ans, on a formé le gangs des GILASD, grouple d’intervention locale assurant la semaine et le dimanche, parce qu’on volait toute la semaine. »
  • « Mais je commençais à culpabiliser de voler chez les gens, donc ensuite je me suis spécialisé dans la neutralisation des systèmes d’alarmes, on volait dans des magasins, des supérettes. Puis à dix-neuf ans j’ai commencé à me dire que ces gens que je volais, c’était des travailleurs, pas des bourgeois. Donc je me suis tourné vers les grandes surfaces. »
  • « A vingt ans, j’ai fait ma première banque(…) J’ai voulu arrêter mais j’ai proposé avant, d’en faire une dernière, le siège de la Société Générale. Soit on était tous riches pour la vie, soit on finissait tous en prison. »
  • « Pour résumer, à cause d’un caillou, je suis allé dix ans en prison ».

Reportage : Pascale Pascariello
Réalisation : Jean-Christophe Francis

 

Le crime (1/5)

Le crime politique

Sous l’Ancien Régime, tout crime est un outrage au souverain. Après la Révolution apparaît la figure du délinquant faisant alors ressortir les caractères propres du crime politique qui vise le corps du roi puis son corps symbolique jusqu’à prendre la forme d’attentats qui ciblent le corps social.

Qu’est-ce qu’un crime ?

Nous le savons tous sans véritablement le savoir. On se le représente le plus souvent comme un attentat à la vie d’autrui.

Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune. Emile Durkheim

Ainsi, supprimer la vie d’autrui peut être légal – sur un champ de bataille ou en pratiquant l’euthanasie. Le crime ne se réduit pas à un acte immoral – donner la mort – parce qu’il est lié à un contexte social et politique qui lui confère sa nature. Il existe une différence centrale entre le crime privé et le « crime légal » (Camus), entre le crime « encadré » et le crime solitaire, entre le crime individuel et égoïste et le crime collectif et altruiste, c’est-à-dire pour une cause. Entre ces catégories se joue un jeu subtil, chacune tentant de se différencier de l’autre, voire d’en dissimuler sa part maudite.

Derrière l’évidence morale de la réprobation unanime d’un acte, ne tarde pas à se profiler l’inquiétante fragilité de la notion de crime.

Extrait musical choisi par l’invité : « attentat verbal » par Grand corps malade.

BIBLIOGRAPHIE

Le crime (2/5)

Le crime contre l’humanité

Le crime de masse résulte d’une inversion monstrueuse de la légalité : la souveraineté non seulement ne protège plus mais devient meurtrière, massacrant une partie de son peuple, le tiers de justice se fait partisan voire bourreau lui-même. Comment s’en relever ?

Saïd, 29 ans, a été en charge de la gestion des stocks de drogue d’un gros réseau. Il tente aujourd’hui de devenir infirmier. Linda, 24 ans, vient d’apprendre que son frère de 17 ans, travaille pour un réseau de drogue.

Musique de fin : Bobby Blue Bland -> Ain’t No Love In The Heart Of The City.

  • Reportage : Pascale Pascariello
  • Réalisation : Marie Plaçais

 

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/dealer_ou_pas_FC2016.mp3

FRANCE CULTURE, Emission Hors Champs (22/06/2015) Laure Adler s’entretient avec David Vallat, ex-djihadiste 

 DAVID VALLATIl fait parler de lui vingt ans après un engagement qu’il regrette.
 « Je suis un enfant de l’école de la République. » Ses parents étaient laïcs, pas particulièrement politisés. Il arrête l’école à seize ans quand il a su que ce n’était pas obligatoire. Il a l’impression qu’il y a un décalage entre le cadre scolaire et sa façon de penser, et ne sait pas comment s’épanouir dans les études. « Je me sentais capable de réussir sans diplôme. C’était un peu prétentieux, mais on l’est un peu quand on est jeune. »

A quinze ans, il voit Nuit et brouillard à l’école. « J’ai reçu le film très violemment, je n’ai pas eu assez de décryptage des images qu’on nous montrait. » 

Pendant beaucoup d’années, il passe son temps avec des amis. « J’habitais dans un espace dans la périphérie de Lyon. Et au bout d’un certain moment, quand on n’a pas de voiture, on n’a pas grand-chose à faire. »

Il se dit alors qu’il a trois options : soit le banditisme, soit le prolétariat, soit le retour aux études. A dix-neuf ans, il se convertit à l’islam. « Beaucoup de mes amis étaient musulmans mais en savaient peu sur leur propre religion. » Il commence alors à lire des ouvrages sur l’islam, et surtout le Coran.« J’avais besoin de connaître la culture et les croyances de mes amis. » C’est plus tard qu’il bascule dans le politique.
Les événements de Bosnie le poussent à partir pour combattre. « C’est sur place que je me suis radicalisé… »

Invité(s) :

David Vallat, ex-djihadiste

 

https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11189-25.06.2015-ITEMA_20770734-0.mp3

JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: 

« Les grands criminels difficiles à coincer »

FRÉDÉRIC OUELLET

Les grands criminels ont beaucoup moins de probabilités de se faire arrêter que les petits délinquants, malgré tous les efforts que déploient les services policiers.

C’est ce que révèle une étude effectuée conjointement par les criminologues Frédéric Ouellet et Martin Bouchard, respectivement affiliés à l’Université de Montréal et à la Simon Fraser University, en Colombie-Britannique.

Pour arriver à cette conclusion, les deux chercheurs se sont basés sur les témoignages de quelque 172 détenus incarcérés pour un crime non violent dans cinq prisons de la région montréalaise.

En se basant sur leurs revenus et activités criminelles ainsi que sur leur nombre d’arrestations ou d’emprisonnements sur une période de trois ans, les criminologues ont déterminé que, plus un criminel a du succès, plus il a de probabilités d’éviter les arrestations.

«Plus ton pay-off (revenu par crime) est élevé, moins tu t’exposes à des risques. Dans une transaction de drogues, Maurice «Mom» Boucher ne touche à rien. Un mafieux comme Rizzuto non plus. C’est le petit trafiquant qui risque tout. Les grands peuvent rester impunis pendant très longtemps», expose Frédéric Ouellet.

Un « talent » criminel

Les deux chercheurs ont également établi que les criminels les plus puissants détiennent un savoir-faire qui les protège, à court ou moyen terme, des arrestations.

«Normalement, plus tu commets de crimes et que tu t’exposes, plus tu risques d’être arrêté. Mais certains délinquants sont si compétents qu’ils réussissent à contrer l’effet de l’exposition», poursuit M. Ouellet.

Ces nouvelles données, croit ce dernier, pourront donner un sérieux coup de pouce aux policiers qui cherchent à épingler les grands criminels.

«Dans notre prochaine étude, nous irons encore plus loin pour décortiquer le savoir-faire criminel. Plus on va en savoir là-dessus, plus il sera facile de les combattre», affirme Frédéric Ouellet.

Néanmoins, si les grands criminels peuvent éviter la justice pendant un certain temps grâce à leur habileté, ils ne peuvent pas s’en sauver à jamais.

«Tous les délinquants que nous avons interrogés sont en prison. Oui, les criminels les plus compétents peuvent commettre des crimes plus longtemps avant de se faire prendre. Mais les happy ends sont rares.»

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(suite…)

FRANCE CULTURE (28.11.2012) Emission « Sur les docks »: Visage de la justice (3/3) : « Ici règne une paix criminelle » 

Un documentaire de Patrick Boudet, Razis Metlaine et Guillaume Baldy

Ici, règne la paix. C’est clair ! Les quartiers de banlieue qui traitent de « grosses affaires » ne doivent attirer l’attention ni des policiers, ni des médias. Mais, derrière ce calme apparent qui profite bien sûr aux habitants (peu d’incivilités, pas de voitures brulées…), le trafic de drogue bat son plein. Il se déploie en impliquant quelques habitants de la cité dont certaines familles au-dessus de tout soupçon – lesnourrices– qui stockent à leur domicile de la drogue ; et surtout des mineurs qui guettent l’arrivée de la police et orientent les acheteurs vers le revendeur.

Ces jeunes mineurs de 14 à 17 ans gagnent jusqu’à 3.000 euros par mois et, plus tard, s’ils sont efficaces, deviennent revendeurs, lieutenant, puis caïd. Un véritable « modèle » d’ascension sociale ! Leur embrigadement va de pair avec la fascination d’être enfin un bonhomme : celui qu’on respecte. Beaucoup en rêve ! Participer au trafic de drogue est le moyen le plus rapide pour trouver sa place dans une société qui les ignore. 

 

Face à cela, le travail des éducateurs et des magistrats est d’autant plus difficile qu’ils n’ont que des paroles et des sanctions à proposer pour espérer déclencher chez ces mineurs le déclic qui les fera sortir de cet engrenage rémunérateur. 

Sur le terrain, la police peine à éradiquer ce banditisme qui s’apparente aux sociétés du crime les plus élaborées comme la camorra. Quant aux politiques locaux, doivent-ils se satisfaire de la régression des incivilités ou s’alarmer de cette épidémie silencieuse ? 

Ce documentaire s’attache à décrypter une aliénation insidieuse, l’enfermement dans une condition sociale qui satisfait les mafias et construit de l’échec pour mieux asservir les victimes du système. 

Avec : Stéphane Gatignon, Maire de Sevran, Seine-Saint-Denis; Jean Pierre Rosenczveig, Président de Tribunal pour Enfant de Bobigny; Sameya et Hocine, éducateurs; Dave Maboungo, policier, UNSA Police; Et les jeunes Kamel et Seybou

Production : Patrick Boudet et Razis Metlaine; Réalisation : Guillaume Baldy; Prise de son : Patrice Klein et Nicolas Mathias