Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

La pédophilie est souvent abordée comme un trouble ancré dès l’adolescence, voire l’enfance. Pourtant, un petit nombre de cas documentés mettent en lumière un phénomène troublant : des individus qui développent des comportements pédophiles après une lésion cérébrale, sans antécédents de ce type. C’est ce que les chercheurs brésiliens Lopes, Prado et de Oliveira-Souza appellent la pédophilie acquise (acquired pedophilia). The Neurology of Acquired Pedophilia de Lopes, Prado et de Oliveira-Souza (2020), publié dans Neurocase.

🧪 Une revue de 22 cas médicaux

Les auteurs ont passé en revue 22 cas publiés entre 1972 et 2018 dans la littérature médico-légale et neurologique. Tous ces patients ont développé un comportement pédophile à la suite d’une atteinte cérébrale d’origine traumatique, tumorale, dégénérative ou chirurgicale.

Quelques faits marquants :

  • Tous les cas sauf un concernaient des hommes.
  • La moyenne d’âge était de 55 ans.
  • Une majorité présentait aussi une hypersexualité, c’est-à-dire une augmentation anormale des pulsions sexuelles.
  • Dans plusieurs cas, l’intervention chirurgicale ou hormonale a permis un retour à un comportement adapté.

Les régions cérébrales en cause

Les lésions étaient presque toujours localisées dans l’hémisphère droit, en particulier dans les zones frontotemporo-insulaires, impliquées dans :

  • la régulation des pulsions,
  • la prise de décision sociale,
  • le contrôle de soi.

Fait étonnant : l’hypothalamus antérieur, souvent associé au comportement sexuel, était épargné. Cela suggère que le déclenchement du comportement pédophile serait davantage lié à un effondrement des mécanismes de contrôle moral et social, qu’à une augmentation directe du désir sexuel envers les enfants.

🧠 Une atteinte du “cerveau social” ?

Les auteurs rapprochent ces cas de la sociopathie acquise, dans laquelle une lésion cérébrale altère profondément le jugement moral, la capacité d’empathie et le respect des normes sociales. Cette perspective replace la pédophilie acquise non comme un trouble sexuel isolé, mais comme un symptôme comportemental d’un syndrome frontal plus vaste.

Autrement dit, l’individu ne devient pas pédophile au sens classique du terme (attirance érotique durable), mais agit de manière pédophile à cause de la désinhibition et de l’altération du jugement provoquées par la lésion.

⚖️ Enjeux éthiques et juridiques majeurs

Ces cas posent des questions complexes :

  • Responsabilité pénale : Un individu dont le comportement résulte d’une tumeur cérébrale ou d’une dégénérescence frontale peut-il être jugé de la même manière ?
  • Détection : Comment distinguer un trouble développemental d’un trouble acquis ?
  • Traitement : Ces cas répondent parfois bien à des interventions médicales (chirurgie, hormonothérapie, surveillance) : cela ouvre des pistes thérapeutiques nouvelles.

🔍 Un champ encore marginal mais prometteur

Même s’ils sont rares, ces cas obligent criminologues, médecins, psychiatres et juristes à collaborer. Ils montrent que certains comportements déviants peuvent émerger sans antécédents ni intentions conscientes, suite à un dérèglement neurologique identifiable.

La pornographie est omniprésente : 17 millions de Français en consomment mensuellement, dont 38% des garçons de 10-11 ans. Face à cette exposition massive, la criminologie s’interroge : la pornographie est-elle un catalyseur des infractions sexuelles ? Décryptage des recherches récentes.

Constats Épidémiologiques : Un Terrain Miné

  • Exposition précoce : 58% des garçons découvrent le porno avant 13 ans, influençant leur vision de la sexualité .
  • Violences en ligne : Au Canada (2014-2022), 45 816 affaires de pornographie juvénile ont été enregistrées, avec une hausse de 290% des cas de production/distribution .
  •  Genre et âge : 71% des victimes d’exploitation en ligne sont des filles de 12-17 ans, et 90% des auteurs de revenge porn sont des adolescents .

En France:

Le rapport de l’Arcom  indique:

  • 2,3 millions de mineurs (soit 30 % d’entre eux) ont visité au moins un site pornographique chaque mois en 2022
  • Cela représente un million d’augmentation depuis 2017 : +600 000 mineurs (+36 %) .

⏱ Temps et fréquence de consommation

  • En moyenne, les mineurs passent 50–54 minutes par mois, soit environ 7 minutes par jour, sur ces sites
  • Par comparaison, les adultes regardent en moyenne 2 heures par mois (16 min/jour)

👦👧 Par âge et genre

  • Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons consultent des sites pornographiques chaque mois :
    • 12–13 ans: 51 %
    • 14–15 ans: 59 %
    • 16–17 ans: 65 %
  • Les filles sont moins concernées :
    • 12–13 ans: 31 %
    • 14–17 ans: de 27 % à 31 %
  • À l’échelle de tous les âges, les hommes fréquentent 2,5 fois plus ces sites que les femmes (53 % vs 20 %)

📱 Appareils et usage

  • 75 % des mineurs accèdent via smartphone, rendant l’accès moins contrôlé par les adultes
  • 9 % des mineurs les consultent quotidiennement

🎯 Portée et contexte

  • En moyenne, les mineurs représentent 12 % de l’audience des sites pornographiques .
  • L’exposition des mineurs à la pornographie est devenue massive et comparable à celle des adultes (adultes = 36–37 %, mineurs = 30 %) .
  • L’accès via smartphone, hors de la surveillance parentale, constitue un vrai défi.
  • Les résultats montrent une forte progression depuis 2017, en lien avec la multiplication des écrans et une insuffisance des contrôles d’âge réels.

✅ En résumé

  1. 1 mineur sur 3 en France accède chaque mois à des sites pornographiques.
  2. Les garçons dès 12 ans sont particulièrement concernés.
  3. La vérification d’âge était souvent trop permissive (cliquez-ici pour certifier sa majorité), amenant l’Arcom à renforcer les contraintes réglementaires.
  4. Smartphones = terrain privilégié pour l’accès non encadré.

Le Débat Scientifique : Lien avec les violences sexuelles: corrélation ou Causalité ?

Le lien avec les violences sexuelles
– Plusieurs méta-analyses (ex : Wright et al., 2016 ; Harkness et al., 2015) ont montré une association positive modérée entre consommation de pornographie violente et comportements agressifs sexuels ou attitudes sexistes/misogynes.

Cette corrélation est plus marquée :

  • chez les hommes jeunes,
  • en cas de consommation fréquente,
  • lorsque la pornographie met en scène des scénarios de domination/violence explicite.

Consommation problématique et risques accrus

  • Hyperconsommation / usage compulsif : certains travaux (ex : Kraus et al., 2016) montrent que les individus ayant une consommation pathologique de pornographie présentent davantage de comportements transgressifs, y compris de violence sexuelle.
  • Risque accru dans les populations à traits antisociaux ou troubles du contrôle des impulsions.

Violences conjugales et pornographie

  • Quelques études indiquent un lien entre la consommation régulière de pornographie violente et des comportements de contrôle, d’humiliation ou de coercition sexuelle dans les couples (ex : Bridges et al., 2020).
  • Toutefois, la relation n’est ni systématique ni causale, et reste modérée : d’autres facteurs médiateurs sont essentiels (histoire d’attachement, sexisme, niveau d’empathie, etc.).

🧠 Impacts Neurologiques et Comportementaux : Un Cerveau Réorganisé

– Désensibilisation : Une étude allemande (2014) montre une réduction de l’activité cérébrale face à des stimuli pornographiques standards, poussant vers des contenus plus extrêmes .

« Nous avons constaté une association négative significative entre le nombre d’heures consacrées à la pornographie par semaine et le volume de matière grise dans le noyau caudé droit (P < 0,001, corrigé pour les comparaisons multiples), ainsi qu’avec l’activité fonctionnelle pendant un paradigme de réactivité aux stimuli sexuels dans le putamen gauche (P < 0,001). La connectivité fonctionnelle entre le noyau caudé droit et le cortex préfrontal dorsolatéral gauche était négativement associée au nombre d’heures consacrées à la consommation de pornographie ».

– Altération du cortex préfrontal : Zone responsable du contrôle des impulsions, érodée par une consommation intensive .
– Risques sanitaires : Association entre porno régulier et dépression, pratiques sexuelles non protégées, et multiplication des partenaires .

⚙️ Théorie des Scripts Criminels : De la Consommation à l’Infraction

Selon Fortin et al.(2017), certains cyberdélinquants suivent un parcours séquentiel :
1. Pornographie légale → Pornographie juvénile (recherche de stimuli nouveaux).
2. Distribution de matériel (intégration à des réseaux).
3. Leurre d’enfant (contact en ligne).
4. Passage à l’acte physique (agression ou production de contenus).
Important : Seule une minorité (moins de 10%) franchit toutes les étapes, souvent des individus présentant des vulnérabilités préexistantes (isolement, troubles psy) .

Facteurs médiateurs et modérateurs clés

✔️ Attitudes préexistantes : la pornographie violente renforce surtout les tendances existantes chez les sujets ayant déjà des croyances sexistes ou des traits de personnalité à risque (par ex. machiavélisme, narcissisme, psychopathie).

✔️ Contexte culturel : le lien entre pornographie et violence varie selon les normes sociales et l’accessibilité à l’éducation sexuelle.

✔️ Nature des supports : la pornographie « mainstream » (par ex. gratuite sur les grandes plateformes) est parfois imprégnée de scripts de domination, même sans violence explicite.

Pornographie non violente :

  • Les études sont plus nuancées. La consommation de pornographie dite « conventionnelle » n’est pas systématiquement associée à des comportements violents.
  • Certaines recherches suggèrent même des effets de substitution ou de catharsis (ex : Diamond, 2009), réduisant le passage à l’acte.

Le rôle du contexte sociétal
La pornographie n’est pas un facteur isolé : elle s’inscrit dans une culture sexiste (films, séries, jeux vidéo) où la domination masculine est normalisée . Exemple : 90% des vidéos porno contiennent des violences pénalement répréhensibles (rapport HCE, 2023) .

Voici un état des lieux synthétique et rigoureux des recherches récentes (jusqu’en 2024) sur les liens entre consommation de pornographie et violence, en particulier violence sexuelle et violences conjugales :

 

Critiques méthodologiques

Ferguson & Hartley (2009) soulignent des biais de confirmation et l’absence de preuves causales solides .

  • Causalité difficile à établir (corrélations, pas de preuve formelle de cause à effet).
  • Études expérimentales limitées pour des raisons éthiques.
  • Les échantillons reposent souvent sur des populations d’étudiants ou d’internautes volontaires, limitant la généralisation. (Hatch et al. (2020))
  • La pornographie est hétérogène : violence explicite, domination soft, érotisme féministe… peu d’études différencient suffisamment les contenus.

 Perspectives récentes et futures

  • Exploration des effets de la VR Porn (réalité virtuelle) sur les scripts sexuels et les comportements agressifs : résultats encore très préliminaires.
  • Études longitudinales : tentatives d’observer les trajectoires individuelles sur plusieurs années.
  • Intérêt grandissant pour la pornographie genrée ou éthique : effets potentiellement protecteurs ou neutres.
  • Approches neurobiologiques en cours sur l’impact des consommations intensives (réduction de l’empathie ? augmentation de l’habituation ?).

📌 En résumé :

Type de pornographie Lien avec violence Niveau de preuve Commentaires
Violente (viol, domination) + (modéré) Moyen à fort Effet amplifié chez profils à risque.
Non violente / mainstream ± (controversé) Faible à modéré Pas de preuve solide de causalité directe.
« Éthique » ou féministe -/0 (neutre) Faible Effet potentiellement protecteur.

 🛡️ Stratégies Préventives : Éducation et Régulation

– Dialogue avec les adolescents : Expliquer que le porno est une fiction violente, basée sur le non-consentement (Fabienne El Khoury) .
– Blocage des sites: L’Arcom tente de limiter l’accès, mais l’hébergement à l’étranger complique la tâche  (frequentation_des_sites_adultes_par_les_mineurs)
– Outils policiers : Au Canada, le Projet Arachnid scanne le web pour supprimer les contenus illégaux .

 💡 Ni Diabolisation, Ni Banalisation: « La pornographie n’est qu’un maillon d’une chaîne de violences préexistantes »* (Ludi Demol Defe) .

Les recherches montrent que :
1️⃣ Le porno aggrave les vulnérabilités individuelles (addiction, désinhibition).
2️⃣ Il normalise des scripts sexuels violents, surtout chez les jeunes sans éducation sexuelle.
3️⃣ Son rôle causal direct dans les infractions reste difficile à isoler.

Références-clés  :

Patrick Lussier (2018) La delinquance sexuelle

Dans La délinquance sexuelle (2018), Patrick Lussier propose une analyse criminologique exhaustive du phénomène, déconstruisant mythes et présupposés et réorientant le débat vers une approche fondée sur la gestion du risque et des preuves empiriques .

L’un des apports de l’ouvrage est l’examen critique des instruments actuariels et structurés d’évaluation du risque de récidive sexuelle, combinant facteurs statiques (antécédents criminels, caractéristiques démographiques) et dynamiques (intérêts sexuels, compétences relationnelles, soutiens sociaux). Les chapitres « Moneyball et la stratégie correctionnelle » et « Risque, probabilités et récidive sexuelle démystifiés » s’intéressent notamment aux modalités de construction de ces échelles et aux facteurs de risque qu’elles retiennent.

Qui est patrick Lussier?

Patrick Lussier, professeur titulaire de criminologie à l’Université Laval, publie sous la direction de Marc Le Blanc un volume de 408 pages structuré en 18 chapitres, depuis une mise en perspective historique jusqu’aux enjeux contemporains de la « nouvelle pénologie ». L’ouvrage se divise en trois grandes parties :

  1. Fondements criminologiques et sociolégaux (chap. 1–4), où l’auteur défend l’urgence d’une analyse globale et rigoureuse du délinquant sexuel, distincte des visions purement psychiatrique ou sexologique .

  2. Instruments et gestion du risque (chap. 12–15), comprenant un panorama des registres publics, des outils actuariells (Statique-99, RRASOR, SORAG…) et structurés (SVR-20), et une démystification des notions de probabilité et de récidive .

  3. Trajectoires de vie et désistance (chap. 16–17), explorant les facteurs conduisant à l’abandon de la criminalité et les défis éthiques liés aux politiques de registre et de notification.

Principaux instruments d’évaluation du risque

1. Instruments actuariels statiques

  • RRASOR (Rapid Risk Assessment for Sex Offense Recidivism) :
    4 items simples fondés sur les données de dossier : antécédents d’infractions sexuelles, victime(s) non apparentée(s), victime(s) masculine(s) et âge de l’auteur (< 25 ans). Cet outil, développé par Hanson (1997), révèle un AUC oscillant entre 0,62 et 0,77 selon les études .

  • Statique-99 (Hanson & Thornton, 2000) :
    Échelle à 10 facteurs statiques, incluant :

    1. Âge à la condamnation (≥ 25 ans)

    2. Jamais cohabité durablement

    3. Condamnation pour violence non sexuelle (actuelle et antérieure)

    4. ≥ 4 prononcés de peine antérieurs

    5. Antécédents d’infractions sexuelles

    6. Infractions sexuelles sans contact

    7. Au moins une victime de sexe masculin

    8. Au moins une victime sans lien de parenté

    9. Au moins une victime inconnue

    10. Autres condamnations

  • Statique-99R : version révisée (2016) avec codage affiné et pondération améliorée de l’âge, permettant une calibration empirique plus précise des probabilités de récidive sur 5 et 10 ans .

  • SORAG (Sex Offender Risk Appraisal Guide, Quinsey et al., 1998) :
    Actuariel à 14 items, dérivé du VRAG, intégrant antécédents criminels, échec de libération conditionnelle, psychopathie (PCL-R), alcoolisme, statut conjugal, âge lors de l’infraction et caractéristiques des victimes. Principalement orienté vers la prédiction de la récidive violente (incluant la récidive sexuelle) .

    • A vécu avec ses deux parents biologiques jusqu’à l’âge de 16 ans
    • Inadaptation à l’école primaire
    • Antécédents de problèmes d’alcool/drogue
    • Situation matrimoniale
    • Antécédents criminels en cas de condamnation ou d’inculpation pour des délits non violents avant l’infraction de référence
    • Antécédents criminels en cas de condamnations ou d’inculpations pour des infractions violentes avant l’infraction de référence
    • Nombre de condamnations pour des délits sexuels antérieurs
    • Antécédents d’infractions sexuelles à l’encontre de filles de moins de 14 ans uniquement
    • Échec de la libération conditionnelle
    • Âge au moment de l’infraction
    • Répond aux critères du DSM-III pour tout trouble de la personnalité
    • Répond aux critères du DSM-III pour la schizophrénie
    • Résultats du test phallométrique
    • Nombre de points sur la liste de contrôle de la psychopathie – révisée
  • VRAG (Violence Risk Appraisal Guide, Quinsey et al., 1998) :
    Similaire au SORAG mais centré sur la récidive générale violente. Quelques versions révisées (VRAG-R) ont montré une AUC≈ 0,63–0,75 pour la récidive sexuelle et non sexuelle .

  • MnSOST-R (Minnesota Sex Offender Screening Tool–Revised) et RM2000 (Risk Matrix 2000) : Instruments britanniques combinant multiples facteurs statiques (nombre de victimes, type d’infraction, victimes masculines, antécédents de violence non sexuelle, etc.) .

2. Instruments structurés à composantes dynamiques

  • SVR-20 (Sexual Violence Risk – 20, Boer et al., 1997) :
    20 items codés en vulnérabilités ou forces, répartis en : facteurs sexuels (intérêts déviants, paraphilies), dynamiques relationnelles (congruence émotionnelle avec la victime, empathie), maîtrise de soi, gestion des émotions, soutien social, vécu psychosocial (stress, abus de substances, santé mentale) .

  • STABLE-2007 et Acute-2007 : composantes de l’RSVP (Risk for Sexual Violence Protocol), évaluant respectivement les facteurs de risque « stables » (pulsions, déviance sexuelle, intimacy deficits) et « aigus » (état émotionnel, proéminence de fantasmes, accès à des victimes).

Facteurs de risque récurrents

Catégorie Facteurs statiques Facteurs dynamiques
Antécédents criminels Infractions sexuelles antérieures, violences non sexuelles, nombre de peines antérieures
Victimes Victime masculine, victime non apparentée, victime étrangère Préférences sexuelles déviantes, paraphilies ciblées (enfants, viol)
Démographie et relations Âge (< 25 ans/R), célibat, jamais cohabité durablement Compétences sociales, empathie, relations intimes (stabilité, conflits)
Psychopathologie et traits Psychopathie (PCL-R), personnalité antisociale, échec libération Maîtrise de soi, impulsivité, régulation émotionnelle, alcool/drogue
Soutien et environnement Soutien communautaire/familial, stress de vie, intégration sociale

Perspective de Patrick Lussier

Lussier plaide pour une « nouvelle pénologie » axée sur la prédiction et la gestion du risque plutôt que sur l’idéologie punitive ou la psychothérapie standardisée . Il souligne toutefois les limites des outils purement statiques (absence de prise en compte des besoins criminogènes modifiables) et préconise l’intégration de facteurs dynamiques pour orienter la prise en charge et la prévention. L’ouvrage de Patrick Lussier offre un cadre rigoureux pour comprendre le phénomène des infractions sexuelles et la récidive. En décrivant et comparant les principaux instruments d’évaluation — de RRASOR à SVR-20 — il met en évidence les facteurs de risque (criminels, démographiques, relationnels, psychologiques) et insiste sur la nécessité d’allier rigueur empirique et prise en compte des dimensions dynamiques pour améliorer la prédiction et la prévention de la récidive sexuelle.

Cyber Pornography Use Inventory (CPUI)

Une étude publiée en février 2015 présente une nouvelle version du Cyber Pornography Use Inventory (CPUI), inventaire composé au départ de 32 items. Les chercheurs ont procédé à la validation d’une version de 9 items (CPUI-9) regroupés sous trois facteurs : la perception de la compulsion (items 1 à 3), les efforts reliés à l’accès (items 4 à 6) et la détresse émotionnelle (items 7 à 9).

L’inventaire permet de mesurer rapidement la dépendance à la pornographie en ligne perçue par le consommateur. L’inventaire peut se répondre sur une échelle de 1 à 7 (Pas du tout à Extrêmement) ou par Vrai ou Faux.


Inventaire de l’utilisation de cyberpornographie (Traduction libre)
(The Cyber Pornography Use Inventory-9; Grubbs et al., 2015)

1. Je crois que je suis accro à la pornographie sur Internet.
2. Même si je ne veux pas visionner de la pornographie en ligne, je me sens attiré(e) par elle.
3. Je suis incapable de cesser mon utilisation de pornographie en ligne.
4. Il m’arrive de planifier mon horaire afin d’être en mesure de me retrouver seul pour visionner de la pornographie en ligne.
5. J’ai refusé de sortir avec des amis ou d’assister à des activités sociales pour avoir l’occasion de visionner de la pornographie en ligne.
6. J’ai laissé de côté des priorités pour visionner de la pornographie en ligne.
7. Je me sens honteux(se) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
8. Je me sens déprimé(e) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
9. Je me sens mal après avoir visionné de la pornographie en ligne.


Sources.

Grubbs, J. B., Sessoms, J., Wheeler, D. M., & Volk, F. (2010). The Cyber-Pornography Use Inventory: The development of a new assessment instrument. Sexual Addiction & Compulsivity, 17, 106-126.

Grubbs, J. B., Volk, F., Exline, J. J., & Pargament, K. I. (2015). Internet Pornography Use: Perceived Addiction, Psychological Distress, and the Validation of a Brief Measure. Journal of Sex & Marital Therapy, 41(1), 83-106.

CPUI_FR

Problematic Cybersexual Behavior Scale (PCBS) de Monica M. Lackups-Fuentes (2017)

  1. Format et type de réponse

    • Le PCBS se compose d’une série d’items (tableau détaillé des items et de leur origine dans la thèse de Lackups‑Fuentes, 2017) DigitalCommons.

    • Chaque item est évalué sur une échelle de type Likert, indiquant la fréquence ou l’intensité de la pensée/comportement (par exemple 1 = « Jamais » à 5 = « Toujours », ou 1 = « Pas du tout vrai » à 7 = « Très vrai », selon la version utilisée).

  2. Structure factorielle et sous‑échelles
    Une analyse factorielle exploratoire conduite par Lackups‑Fuentes a mis en évidence trois dimensions principales du comportement cybersexuel problématique :

    1. Préoccupation (Preoccupation)

    2. Perte de contrôle (Loss of Control)

    3. Conséquences négatives (Negative Consequences) 
      Chaque sous‑échelle regroupe un ensemble d’items clairement identifiés dans le manuel de la mesure DigitalCommons.

  3. Calcul des scores

    • Score de sous‑échelle : pour chacune des trois dimensions, on additionne les notes des items qui lui appartiennent.

    • Score total PCBS : somme des scores de toutes les sous‑échelles (ou équivalente, somme directe de tous les items).

    • Interprétation : plus le score (de sous‑échelle ou total) est élevé, plus le niveau de cybersexualité problématique est important DigitalCommons.

  4. Seuils et repères

    • À ce jour, aucun seuil clinique universel n’a été formellement établi ; Lackups‑Fuentes fournit cependant dans sa thèse des statistiques descriptives (moyennes, écarts‑types) et des percentiles pour l’échantillon de validation, permettant de repérer les scores « élevés » (p. ex. > M + 1 SD).

    • Pour une utilisation clinique ou en recherche, il est recommandé de comparer les scores obtenus aux normes publiées dans la version originale de la thèse ou dans les études subséquentes de validation.


Références
Lackups‑Fuentes, M. M. (2017). Development and validation of a measure of cybersexual addiction (Thèse de doctorat). Eastern Michigan University.

Traduction FR: 

Problematic Cybersexual Behavior Scale_FR

Questionnaire des Croyances Anticipatoires, Soulageantes et Permissives (ASP)

développé par Robin, Hautekeete et Vanderstukken (2008) pour évaluer les distorsions cognitives des auteurs d’agression sexuelle sur mineur.

1. Objectif et contexte

L’ASP a été conçu pour identifier trois types de croyances facilitant le passage à l’acte pédophile et/ou minimisant la responsabilité morale :

  • Croyances anticipatoires : justification a priori (« si je le fais, ça ne posera pas de problème… »)

  • Croyances soulageantes : stratégies cognitives de réduction de la culpabilité (ex. « ça ne compte pas vraiment comme une agression »)

  • Croyances permissives : attitudes tolérantes vis‑à‑vis de l’acte (« c’est acceptable si l’enfant est consentant »)

Ce questionnaire s’inscrit dans une démarche de repérage des distorsions cognitives chez des populations à risque ou en traitement psycho‑judiciaire.

2. Structure et format

  • Nombre d’items : 30 (10 par dimension)

  • Échelle de réponse : Likert 0–4 (0 = « Pas du tout d’accord » à 4 = « Tout à fait d’accord »)

  • Durée : 10–15 minutes

  • Population cible : adultes auteurs d’infractions sexuelles sur mineur, en prison ou en suivi ambulatoire

3. Dimensions et définitions

 

Dimension Définition Exemple d’item
Anticipatoires Croyances justifiant par avance l’acte, en sous‑estimant ses conséquences « Je suis sûr que l’enfant comprendra mieux mes gestes affectueux »
Soulageantes Mécanismes cognitifs visant à réduire la culpabilité après l’acte « Ce qu’on a fait n’est pas vraiment grave »
Permissives Attitudes tolérant ou normalisant l’acte selon certaines conditions « S’il y a consentement, je ne vois pas ce qu’il y a de mal »

4. Modalités de passation et scoring

Nombre d’items : 30, répartis aléatoirement

    • Sous-échelles :

      • A (anticipatoires) : 10 items

      • S (soulageantes) : 10 items

      • P (permissives) : 10 items

    • Validation : Chaque item a été affecté à sa catégorie par des juges experts (pertinence et lisibilité contrôlées) Haute Autorité de Santé.

    • Calcul des scores :

      • Score A, S, P : somme des 10 items de chaque sous-échelle (0–40 points)

      • Score total A.S.P. : somme des 30 items (0–120 points)

    • Interprétation :

      • Scores élevés → forte présence des croyances dysfonctionnelles correspondantes

Item Énoncé Sous‑échelle
1 Le besoin sexuel des hommes est incontrôlable. A
2 Il y a moins de crainte à avoir dans le cadre de relation sexuelle avec un enfant. S
3 Avoir une relation intime avec un enfant soulage de la dureté du monde adulte. S
4 Dans une relation sexuelle avec un enfant, on se sent fort. A
5 Avoir une relation sexuelle avec un enfant, c’est lui montrer qu’on l’aime bien. A
6 Un enfant a besoin qu’un adulte fasse son éducation sexuelle en l’initiant au sexe. P
7 C’est agréable de savoir qu’on peut facilement se faire du bien sexuellement avec un enfant. A
8 Caresser un enfant avec une intention sexuelle permet de se sentir mieux. S
9 Dans le cadre d’une relation sexuelle avec un enfant, on se sent aimé. A
10 Si une personne n’utilise pas la force pour avoir une relation sexuelle avec un enfant, l’enfant aimera cela. P
11 Avoir une relation sexuelle avec un enfant est un moyen d’évasion. S
12 Se rapprocher sexuellement d’un enfant est le seul moyen pour réduire sa souffrance. S
13 Quelqu’un qui montre ce qu’est le sexe à un enfant est quelqu’un de bien. P
14 Avoir une activité sexuelle avec un enfant est une question de culture. P
15 Dans certaines cultures, c’est acceptable. P
16 Les enfants sont bien souvent des séducteurs et acceptent d’avoir une relation sexuelle parce qu’ils le veulent bien. A
17 On se sent moins anxieux dans le cadre d’une relation sexuelle avec un enfant. S
18 L’enfant qui a une relation sexuelle avec un adulte n’en est pas perturbé. P
19 On a davantage confiance en soi dans le cadre d’une relation intime avec un enfant. A
20 Généralement, un enfant nous accepte tel qu’on est. A
21 Les gens qui disent qu’un enfant n’a pas de sexualité se trompent. P
22 Il est agréable de lire dans le regard d’un enfant que l’on est sexuellement attrayant. A
23 Il n’y a pas de mal à se faire du bien avec un enfant. P
24 Il est valorisant d’initier un enfant au sexe. P
25 Avoir une relation sexuelle avec un enfant permet de se sentir mieux. S
26 Cela me tranquillise d’avoir une relation intime avec un enfant, car il est encore pur. S
27 Ça soulage d’être sexuellement proche d’un enfant. S
28 Avoir une relation sexuelle avec un enfant permet de se sentir moins nul. S
29 Le bonheur ne peut se trouver que pendant une relation sexuelle avec un enfant. A
30 Du moment que ça part d’une bonne intention, les gens ne font rien de mal en étant sexuellement proches d’un enfant. P

5. Utilisations cliniques et judiciaires

  • Évaluation initiale : repérer les croyances à travailler en thérapie (TCC, gestion de la récidive).

  • Suivi : mesurer l’évolution des cognitions au fil du programme de traitement.

  • Recherche : comparer profils cognitifs selon les typologies d’infractions sexuelles.

Références

Questionnaire des croyances anticipatoires

Un pédophile abstinent est une personne qui ressent une attirance sexuelle envers les enfants, mais qui choisit de ne pas agir sur cette attirance en s’abstenant de tout comportement sexuel impliquant des mineurs. Cette abstinence peut inclure l’évitement de contacts sexuels avec des enfants ainsi que la non-consommation de pornographie enfantine. Ce terme est souvent évoqué dans des contextes psychologiques ou thérapeutiques, notamment dans le cadre de la prévention des abus sexuels sur les enfants.
  • Définition claire : La pédophilie désigne une attirance sexuelle pour les enfants, généralement avant la puberté. L’abstinence, dans ce cas, signifie que la personne reconnaît ses pulsions mais s’engage activement à ne pas les concrétiser, que ce soit par des actes physiques ou par la consommation de contenus illégaux.
  • Motivations : Ce choix peut être guidé par des raisons personnelles (morale, peur des conséquences), légales (éviter des sanctions) ou par un accompagnement thérapeutique visant à contrôler ces attirances sans nuire à autrui.
  • Exemples de prise en charge : Des initiatives, comme le programme « Dunkelfeld » en Allemagne, offrent un soutien aux individus pédophiles qui souhaitent rester abstinents. Ces programmes proposent des thérapies pour gérer les pulsions et réduire les risques d’actes répréhensibles.
  • Distinction importante : Il est essentiel de différencier les pensées ou attirances (qui ne sont pas punissables par la loi tant qu’elles restent internes) des actions (qui sont illégales et nuisibles). Un pédophile abstinent se situe dans cette zone où les pulsions existent mais ne se traduisent pas en comportements.