Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

Archives de l'auteur : risk.assessment

A propos de risk.assessment

garofalo77

Dr Daniel ZAGURY (2001) Place et évolution de la fonction de l’expertise psychiatrique
5ème Conférence de consensus de la Fédération Française de Psychiatrie Psychopathologies et traitements actuels des auteurs d’agressions sexuelles)

L’EXPERTISE DE PRÉ-LIBÉRATION CONDITIONNELLE
Si l’expertise psychiatrique diligentée en cours d’instruction est essentiellement rétrospective, centrée sur l’état mental au moment des faits, l’expertise de pré-libération est surtout une expertise prospective [38]: elle ambitionne d’être une évaluation longitudinale à la foi s clinique, psychodynamique et criminologique. Elle est diachronique (la saisie d’un ensemble de  processus après les faits), plus que synchronique (l’état  psychique au temps de l’infraction). On a suffisamment reproché à l’examen psychiatrique d’avoir des prétentions excessives (notamment pronostiques), à l’issue d’un examen unique, photographie à un moment donné, pour ne pas souligner cette spécificité de l’examen de prélibération, qui se rapproche ainsi de la visée de la démarche clinique en situation thérapeutique.  Sa réalisation nécessite la mise à disposition du dossier pénal et des expertises antérieures. Il faudra refuser de faire cette expertise lorsque ces documents ne sont pas transmis à l’expert, car ce défaut ampute sa mission de l’essentiel. Il ne pourrait pas évaluer le cheminement du condamné depuis le début de  l’instruction. L’analyse de l’état dangereux post délictuel repose sur la comparaison de ce qu’il est au temps de l’examen et de ce qu’il était au moment de l’infraction, en reconstruisant les étapes de son parcours. C’est dire que la qualité des premières expertises conditionne dans une large mesure la qualité de l’appréciation clinique ultérieure. L’expert s’attachera à cerner l’incidence respective des facteurs situationnels, contextuels et propres à la personnalité du sujet, qui ont facilité la commission de l’infraction. La  prépondérance du circonstanciel est souvent un élément favorable du pronostic. L’enchaînement des séquences criminelles, une fois analysé à l’aide du dossier pénal, des expertises initiales, des dires du sujet, l’expert évaluera la prise de conscience de l’intéressé : Qu’a-t-il à dire aujourd’hui de son acte, avec le recul ? A-t-il pris la mesure de la gravité des faits commis ? Invoque-t-il de façon projective ou réductrice un facteur extrinsèque ? (« C’est l’alcool… La drogue… Le chômage… Ma femme… La déprime… Le destin… ») Se maintient-il en position de victime de l’acte dont il a été l’auteur ? Entrevoitil la complexité des processus ? Comment se situe-t-il désormais par rapport aux faits commis ? Par quelles étapes est-il passé ? etc. L’expert explorera de façon systématique la position subjective du condamné à l’égard de sa victime : Regrets de façade ou processus plus authentique de culpabilité, de reconnaissance du préjudice qu’il a fait subir ? L’impact du procès, la perception de chacun de ses acteurs sera abordée. L’expert s’attachera à reconstituer les étapes des processus de défense et d’adaptation à la situation carcérale. Un certain degré « d’hibernation », d’isolement, dans la première partie d’une longue peine, avec refus de toute remise en cause n’est pas en soi inquiétante, comme le montre l’expérience des soins en prison. C’est là une attitude fréquente. (suite…)

Laurent MUCCHIELLI (2004) Les caractéristiques démographiques et sociales des meurtriers et de leurs victimes, Une enquête sur un département de la région parisienne dans les années 1990

Les homicides disent beaucoup sur les fractures des sociétés où ils se produisent. Les dossiers criminels ne contiennent pas seulement des indications sur les circonstances des meurtres; ils informent très largement sur les caractéristiques biographiques des meurtriers, même s’ils sont peu prolixes sur les victimes. À partir d’une étude exhaustive des dossiers criminels jugés dans le département français des Yvelines dans les années 1990, Laurent MUCCHIELLI montre qu’appartenant dans leur quasi totalité aux classes populaires, les meurtriers sont des hommes marqués par de lourds handicaps familiaux, scolaires et sociaux, qui dans leur majorité sont inactifs et n’ont pas de vie conjugale au moment des faits. Les victimes appartiennent aux mêmes catégories sociales mais sont, plus souvent que les meurtriers, de sexe féminin. Certaines histoires de vie, dans lesquelles les individus ont peu reçu dans le passé et n’ont rien à perdre dans le présent, poussent ainsi à accorder moins de prix à la vie des autres aussi bien qu’à la sienne.

http://www.laurent-mucchielli.org/

si le lien est brisé: Article_Population_version_francaise 

Dossier spécial « Récidive sexuelle »

Aujourd’hui encore, persiste un discours assimilant des délinquants sexuels aux figures du «prédateur sexuel» et du «serial killer». Cependant les travaux sur lesquels reposent ces représentations portaient sur un petit nombre de cas extrêmes et extraordinaires: le contraire de la représentativité. Les recherches sur lesquelles s’appuient les articles publiés dans le présent dossier sont d’une toute autre facture; elles visent la rigueur, l’exactitude et la représentativité. C’est animé par ces soucis que Jean Proulx a décidé de lancer au cours des années 1990 une vaste enquête ayant pour but d’étudier systématiquement et le plus complètement possible un échantillon de délinquants sexuels réunis avec le plus grand soin. Ainsi, entre 1995 et 2000, tous les détenus ayant commis une agression sexuelle entrant dans un pénitencier du Québec furent invités à participer à la recherche. Pas moins de 593 individus condamnés à une peine de plus de deux ans d’incarcération acceptèrent. Quelques années plus tard, en 2006-7, Jean Proulx et son équipe relancent les sujets de l’échantillon initial dans le but d’étudier leur récidive et l’éventuel effet du traitement. Sensiblement à la même époque, Karl Hanson entreprenait une série d’études sur la prédiction de la récidive sexuelle à partir de gros échantillons de détenus canadiens et en réalisant des méta-analyses des recherches réalisées dans plusieurs autres pays. Pour informer les lecteurs de la Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique des résultats de ces travaux, nous avons réuni dans ce dossier spécial cinq articles qui répondent à autant de questions.
La première question visait à savoir si les traitements offerts en milieu carcéral aux agresseurs sexuels faisaient baisser leur probabilité de récidive. Plus précisément, Anouck Marchand et Jean Proulx se sont demandés si les agresseurs sexuels qui reconnaissent leurs délits, qui connaissent les stratégies de prévention de la récidive et collaborent au traitement, récidivent moins que les autres. La réponse mise de l’avant est à la fois nuancée et surprenante. La deuxième question est la suivante: Comment les agresseurs sexuels ayant retrouvé la liberté après une incarcération expliquent-ils, pour les uns, pourquoi ils ont récidivé et, pour les autres, pourquoi ils n’ont pas récidivé? C’est dans les discours des premiers intéressés que Catherine Rossi, Maurice Cusson et Jean Proulx ont été chercher la réponse. Le lecteur constatera que les délinquants sexuels interrogés fournissent une version inédite de leur cheminement et de leurs efforts pour éviter de retourner sous les verrous. Ces mêmes sujets n’avaient pas seulement évoqué les raisons pour lesquelles ils avaient, ou non, récidivé, en outre, ils ne s’étaient pas gênés pour dire ce qu’ils pensaient des traitements reçus au pénitencier. L’analyse de leurs propos conduit Rossi, Cusson et Proulx à répondre à une troisième question: Les délinquants sexuels pensent-ils qu’ils ont cessé d’agresser sexuellement à cause du traitement ou pour d’autres raisons ?

http://www.polymedia.ch/htdocs/Files/Criminologie/CR-archives/RICPTS_2009-04.pdf

«A mon tour d’être le monstre…» Violences sexuelles infligées par des femmes
par Claudia MELCHER

Revue internationale de CRIMINOLOGIE et de POLICE technique et scientifique (2002)

Résumé
Jusqu’à présent, l’abus sexuel d’enfants par des femmes a été rarement documenté. Il est donc impossible, à l’heure actuelle, d’avoir recours à des catégories de structures de la personnalité consolidées empiriquement pour les femmes criminelles. Il est cependant possible d’approcher ce phénomène par le biais de différentes typologies, développées dans le cadre du travail de consultation et de projets de recherche sur des groupes toutefois petits. A côté de l’approche théorique, l’attention porte sur la perspective des femme elles-mêmes. Six interviews narratives et autobiographiques ont été menées avec des femmes condamnées pour abus sexuel d’enfants, incarcérées actuellement ou suivies sur le plan thérapeutique par des centres de consultations. L’article tente de ne pas isoler l’abus ou le crime sexuel mais plutôt de le considérer dans le contexte de la vie des femmes qui l’ont commis.

RICPTS_2002-04-

Accéder à la revue complète: http://www.polymedia.ch/htdocs/Files/Criminologie/CR-archives/RICPTS_2002-04.pdf

L’appropriation des normes nationales par les « street level bureaucrats » :

l’exemple des Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation

Hakim Bellebna Ceraps-Lille 2

Ils sont nombreux à rejeter l’idée de devenir de simples constructeurs d’une base de données sur les personnes placées sous main de justice qui seraient appréciées par un autre, en l’occurrence les juges d’application des peines. Pour nombre de CPIP, il y aurait une trop forte propension de la part de la « japerie » à faire une lecture partielle des informations sur le parcours des condamnés en les déconnectant de la réalité sociale à laquelle ils doivent faire face et aussi de son évolution tout au long du suivi. Prenons l’exemple d’un cas qui nous est rapporté par un agent du SPIP de Braimac.

« Sincèrement, pour avoir parlé avec des magistrats, je me suis aperçu qu’il y avait une dimension entre la population pénale, ou sous main de justice, et eux, qui était absolument…. Catastrophique. Y a un JAP, une fois qui m’a appelé, avec qui j’avais et j’ai toujours de bonnes relations… Et en fait, avec la personne qui était suivie, on avait décidé de faire une conversion jour-amende. Ça veut dire qu’il doit payer une somme tous les jours, et de ce fait là c’est sa peine. Il m’a dit : « je l’ai condamné à 30 jours amendes à 15, 20 euros je sais plus trop », et il m’appelle parce qu’il est content, pour lui, il l’avait aidé. Mais je lui ai dit : « vous vous rendez compte ? Il a le RMI, comment voulez-vous qu’il paye ?… ».  Pourtant c’est un magistrat qui n’était pas frais moulu de l’école… il s’est pas rendu compte de ça, pourtant je fais des rapports et  tout sur les ressources. Et là, c’est un exemple en particulier, mais j’en ai plein d’autres »

 La rétention et la sélection des informations, et donc le « raccourcissement » des écrits, sont des moyens de s’assurer que l’appréciation que chaque agent fait du suivi d’une personne dont il à la charge sera partagée par les autres acteurs de la chaîne pénale.

En dehors des usages voués à la circulation de l’information sur le condamné, les agents voient dans les décisions prises sur informatique et les repères écrits datés, un outil de traçabilité et d’évaluation quantitative de leurs activités. De ce fait, dans certaines situations, comme au SPIP 44, le traitement administratif, entendu comme la saisie informatique des données de suivi, devient un outil de repli de la part des CPIP pour prévenir la sanction. Les agents ont le sentiment de « travailler sous surveillance », de ce fait, ils jouent avec les traces écrites pour attester d’une prise en charge « effective » (du point de vue quantitatif) des dossiers pour faire face à l’évaluation dont ils sont l’objet et se prémunir des mises en accusation par l’administration, qui plus est traumatisantes en ce qui concerne les services de Loire-Atlantique. Cette application mécanique de la méthode prescrite comme produit d’une stratégie de protection de la part des CPIP est typique du phénomène qui lie intérêt et obéissance que Weber décrit en ces termes : « on obéit à la règle lorsque l’intérêt à lui obéir l’emporte sur l’intérêt à lui désobéir ».

 Alexis de Tocqueville, Oeuvres complètes, tome IV, Écrits sur le système pénitentiaire en France et à l’étranger

Heffer Jean (1986)  Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Année   1986, Volume  41, Numéro 3,  pp. 724-726

tocqueville

Tocqueville

Pour ceux qui s’imaginent que notre temps souffre de maux de plus en plus aigus, on ne peut que conseiller la lecture des écrits de Tocqueville. Ils s’apercevront rapidement que les choses évoluent lentement et que dans ce domaine nous n »avons guère avancé, en dépit du ton péremptoire que prennent  ici ou là les avocats ou les adversaires d’une réforme des prisons(…)
Pour bien comprendre les écrits de Tocqueville, il faut savoir ce qu’est une prison française autour de 1830 : essentiellement une vaste salle où s`entassent les détenus, prévenus ou condamnés ; cette promiscuité ne favorise pas la régénération morale, dans la mesure ou ce sont les pires criminels qui imposent leur échelle de valeurs. L’homosexualité qui y sévit épouvante les belles âmes éprises de vertu. L*inégalité de traitement dont bénéficient les plus aisés scandalisent ceux qui voudraient que la prison soit réellement la sanction d’une faute envers la société. Les entrepreneurs extérieurs qui donnent  du travail aux détenus sont en fait les personnages les plus importants de l’établissement ; lors du recensement industriel qui a été effectué sous la monarchie de Juillet, la plus grande firme textile, en termes d”emplois, est dans la maison centrale de Clairvaux dans l’Aube, spécialisée dans la filature, le tissage et la fabrication des calicots, avec 2 163 ouvriers (1 490 hommes, 483 femmes et 190 enfants payés respectivement 0,60, 0,45 et 0,35 franc par jour), 515 métiers et 12 800 broches. Bref, comme le remarquent Tocqueville et Beaumont, la France a des prisons mais elle est dépourvue de systéme pénitentiaire.

http://www.persee.fr/articleAsPDF/

Si le lien est brisé:

article_ahess_0395-2649_1986_num_41_3_283304_t1_0724_0000_000

The quality of probation supervision – a literature review

Centre for Criminological Research November 2012, University of Sheffield and University of Glasgow

By Joanna Shapland, Anthony Bottoms, Stephen Farrall, Fergus McNeill, Camilla Priede, Gwen Robinson
Publication Date: March 2012

This review focuses on what research has revealed is seen as ‘quality’ in probation supervision. It is written to assist the National Offender Management Service (NOMS) and to link into their Offender Engagement Programme, so it is principally concerned with England and Wales, but literature from other countries has also been searched and is included to compare and contrast with the experience in England and Wales.
Ideas as to what is ‘quality’ depend of course on what the key purposes for probation and for supervision within probation are thought to be. These have changed over time and with ideas of what the criminal justice system as a whole is intended to do, and they are also affected by the deep-seated legal cultural traditions of that country and the history of its probation service. As we shall see, research has only rarely addressed ‘quality’ per se, whether from the perspective of those managing the service, those supervising or those being supervised. However, ideas of ‘quality’ are intrinsically tied up with ideas of ‘effectiveness’, ‘best practice’ and the often deeply felt, but rarely articulated views about ‘what we are really here to do’. We have, therefore, cast our net wide in terms of what to include, though we try to bring the discussion back to ‘quality’ and what it is at each point.
The review follows on from the review by McNeill and Weaver (2010), also for NOMS, which looked at the literature on desistance, or what affects offenders1 stopping offending, and so we have not repeated those lessons here. This review is though very much influenced by the desistance literature, because current views about quality in probation generally are strongly influenced by what is linked to helping to stop offenders offending. The research indicates that desistance is affected by offenders’ own agency (decisions on desistance and offending), their personal and social context, and being able to surmount practical obstacles to successfully leading a non-offending life in the community (obtaining money legitimately, having somewhere to live, growing social ties to prosocial others). Some of the literature on surmounting practical obstacles stems from areas outside criminology, such as dealing with people with multiple social problems, what helps in getting people generally into work or housing the homeless, or referring people to other agencies. We have deliberately sought to bring together these studies into the review, even if they have not been used in probation previously, but have tried to link them into what may be helpful in probation practice at the end of each section.

http://www.sheffield.ac.uk/polopoly_fs/1.159010!/file/QualityofProbationSupervision.pdf

si le lien est brisé:  QualityofProbationSupervision