Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Gilles Rondeau ; Jocelyn Lindsay ; Serge Brochu ; Normand Brodeur (2006) Application du modèle transthéorique du changement à une population de conjoints aux comportements violents

criviff_mLe modèle transthéorique soutient que les individus doivent passer par cinq stades de changement appelés précontemplation, contemplation, préparation, action et maintien pour arriver à modifier un comportement problématique. Il stipule également que le passage d’un stade à l’autre s’accompagne d’une évolution de la perception des coûts et des bénéfices associés au changement, ainsi que du sentiment d’efficacité personnelle. L’étude réalisée visait d’abord à vérifier si ces concepts s’appliquent à des hommes ayant des comportements violents envers leur partenaire, une problématique où le modèle suscite un intérêt grandissant. Elle visait également à vérifier s’il existe une relation entre la violence rapportée par les individus, leur tendance à blâmer leur partenaire et les stades de changement. Elle visait finalement à déterminer l’utilité du modèle pour prédire quels hommes choisissent de ne pas s’inscrire aux programmes d’aide qui leur sont proposés suite à des entrevues d’évaluation et lesquels décident d’abandonner avant la fin.

Les hypothèses de l’étude ont été vérifiées auprès de deux échantillons d’hommes québécois fréquentant des programmes d’aide aux conjoints aux comportements violents. Le premier était composé de 255 hommes déjà engagés dans des groupes d’aide et le second de 302 hommes reçus en entrevue d’accueil et d’évaluation. Dans le cadre de la recherche, trois instruments de mesure développés aux États-Unis par Levesque et Pro-Change ont été traduits en français, soit le University of Rhode Island Change Assessment for Domestic Violence (URICA-DV2), l’Échelle de balance décisionnelle et l’Échelle des tentations.

 

Des analyses de regroupement effectuées à partir de l’URICA-DV2 ont fait ressortir six profils empiriques de répondants. Les profils Réticent, Non engagé et Action contradictoire correspondent au stade de précontemplation et forment de 22 à 30% de l’échantillon. Le profil Préparticipation représente le stade de contemplation et regroupe de 24 à 31% des répondants. Les profils Action – faible crainte de rechute et Action – crainte élevée de rechute constituent deux variantes du stade d’action et comptent pour 47% des répondants. Comme prévu, les stades étaient reliés à deux des variables étudiées, soit les bénéfices que les répondants associent à la modification de leur comportement et la tendance à blâmer la partenaire. Dans le premier cas, les répondants du stade d’action percevaient nettement plus de bénéfices au changement que leurs pairs du stade de précontemplation. Dans le second cas, ils étaient moins portés à jeter le blâme sur leur partenaire. Les stades n’étaient toutefois pas reliés aux tentations de recourir à la violence ou à l’exercice de la violence de la façon dont on s’y attendait. Les répondants du stade de précontemplation se sont en effet déclarés moins tentés d’utiliser la violence et ont rapporté moins de violence verbale que ceux du stade d’action. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car les précontemplateurs ont obtenu des scores plus élevés que leurs pairs sur l’échelle de désirabilité sociale qui leur a été administrée. Finalement, il a été impossible de prédire les différentes formes de désistement des programmes à l’aide des stades de changement. L’emploi d’une stratégie de changement appelée prise de conscience a été la seule variable du modèle transthéorique utile pour prédire la décision des répondants d’abandonner leur groupe d’aide avant la fin.

https://www.raiv.ulaval.ca/sites/raiv.ulaval.ca/files/publications/fichiers/pub_103.pdf

Si le lien est brisé: application modele transtheorique

Voir aussi: Thèse Normand Brodeur (2006) LES STRATÉGIES DE CHANGEMENT EMPLOYÉES PAR DES HOMMES AYANT DES COMPORTEMENTS VIOLENTS ENVERS LEUR CONJOINTE

oms-fr-10kb-La présente série de sept exposés, à l’intention des défenseurs, des concepteurs et agents de mise en oeuvre de programmes et autres intéressés, résume les données factuelles concernant l’efficacité des sept principales stratégies suivantes de prévention de la violence interpersonnelle et auto-infligée :

  1. favoriser des relations sûres, stables et épanouissantes entre les enfants et leurs parents et dispensateurs de soins;
  2. développer des aptitudes à la vie quotidienne chez les enfants et les adolescents;
  3. réduire la disponibilité et la consommation nocive de l’alcool;
  4. réduire l’accès aux armes à feu, aux armes blanches et aux  pesticides;
  5. promouvoir l’égalité entre les sexes;
  6. changer les normes culturelles qui favorisent la violence;
  7.  offrir des programmes de dépistage des victimes ainsi que des programmes de soins et de soutien aux victimes.

www.who.int/violenceprevention/publications/en

CRI-VIFF – Recherche colloque violence femmes et intra-familiales

CICC (18/03/2014) Julie Lefebvre : Comment comprendre l’homicide d’une femme par son conjoint ?

L’homicide conjugal est un phénomène actuel dans notre société. À tous les ans, on dénombre des cas d’homicides conjugaux perpétrés par un homme au Québec.
À quoi ressemble ce phénomène plus spécifiquement? Est-il stable d’une année à l’autre? Comment comprendre qu’un homme tue sa conjointe ou son ex-conjointe? Est-il possible de prévenir un tel geste? L’objectif de cette conférence consiste à présenter le
profil des hommes qui commettent un homicide conjugal au Québec et également, d’apporter des pistes de
réflexion pour mieux comprendre ce type d’homicide.

Encinas de Munagorri Rafael (1999) La recevabilité d’une expertise scientifique aux États-Unis;  Revue internationale de droit comparé. Vol. 51 N°3. Juillet-septembre. pp. 621-632.


Résumé:

Quelles sont les règles de preuve qui gouvernent la recevabilité d’une expertise scientifique ?

Au terme d’une évolution en trois étapes, la Cour Suprême des États-Unis a posé des conditions de recevabilité qui conduisent les juges à apprécier les connaissances scientifiques des experts.

url :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1999_num_51_3_1825

rorschachLe tournant décisif de ces dernières années est l’arrêt Daubert rendu le 28 juin 1993 par lequel la Cour Suprême des États-Unis a bouleversé les conditions de recevabilité d’une expertise scientifique. Le sens du revirement est clair : alors que les juges pouvaient s’en remettre à ce qui est généralement admis par les spécialistes en un domaine donné, ils sont désormais invités à s’assurer que les experts appelés devant les tribunaux présentent les garanties scientifiques suffisante. (…) Quelles sont les garanties que doit présenter un  expert, et à quels moyens les juges disposent-ils pour s’assurer de la fiabilité de l’expertise ? Quels sont les contours et le domaine de l’expertise scientifique ? Est-elle une expertise particulière à laquelle s’applique un régime spécial ou constitue-t-elle le droit commun de l’expertise ? De manière plus générale, on peut se demander comment les juges parviennent à concilier la recherche de la vérité des faits avec l’ incertitude générée par l’évolution des connaissances. Au-delà de problèmes relatifs au droit de la preuve, il s’agit aussi de prendre en compte les nouvelles articulations entre la science et le droit, la connaissance et la décision, le savoir et le pouvoir. On ne fera ici que signaler le mouvement du droit positif amorcé aux États-Unis. Il consiste à rendre plus restrictives les conditions par lesquelles une expertise scientifique est recevable devant les tribunaux. (…)

En conclusion, il est possible de présenter l’évolution des conditions de recevabilité d’une expertise scientifique aux États-Unis à partir de l’attitude des juges à l’égard de la science. Au cours d’une première période qualifiée de pragmatique, alors que les sciences appliquées restent discrètes dans la vie quotidienne, les juges ne font qu’apprécier la compétence de l’expert sur le plan professionnel. Attitude d’indifférence à l’égard de la science dont ils peuvent se permettre de tout ignorer. Au cours d’une seconde période où la science prospère sous la bannière d’un progrès devenu accessible et visible sur le plan matériel, les juges doivent apprécier si les connaissances de l’expert correspondent à celle généralement admises par la communauté de spécialistes. Attitude de confiance où ils doivent s’informer de l’état positif des connaissances scientifiques. Au cours de la période la plus récente, où la science et les technologies sont omniprésentes, les juges doivent apprécier la validité des connaissances scientifiques utilisées par l’expert. Attitude critique qui suppose de disposer d’une culture scientifique élémentaire. En définitive, au cours de ces trois périodes définies à gros traits, les conditions de recevabilité se cumulent plus qu’elles ne se substituent les unes aux autres. Pour conserver leurs prérogatives sur les faits, les juges semblent devoir s’investir dans une compréhension de plus en plus approfondie de la science . Au-delà de l’évolution, il importe de bien prendre en compte l’élan mutuel par lequel la compréhension entre juristes et scientifiques est appelée à s’établir. Est-il besoin de rappeler, par delà leurs traditions et utopies respectives, que le droit et la science participent de l’unité de la culture ?

Lire l’article sur Persee.fr

Lire aussi: Daubert Asks the Right Questions: Now Appellate Courts Should Help Find the Right Answers (suite…)

La très (très) intéressante communication de Martine Herzog Evans du colloque du CHU de Rennes et du CRIAVS de Bretagne est en ligne sur son site! Merci à elle!

Cette communication est intitulée « Quelle place pour l’évaluation dans l’injonction de soins ». Intervention sur: La perception par les JAP de l’expertise. Une recherche empirique » 

A l’écoute de cette communication, outre les problèmes logistiques posés, l’expertise psychiatrique peut-elle rester l’Alpha et l’Oméga de l’évaluation dans le champ pénal?  Quelle place l’institution, et en particulier le SPIP, peut-elle prendre dans cette pratique de l’évaluation, auprès notamment des magistrats? Et avec quels outils?

Presentation Evans Rennes Jan 31 2014

http://herzog-evans.com/wp-content/uploads/2012/08/Communication-Evans-Colloque-Rennes-31-Jan-2014.mp3

 

Les tribunaux font de plus en plus appel aux experts-psychiatres pour rendre leur décision. L’accusé est-il irresponsable? L’enfant dit-il la vérité? L’inculpé est-il dangereux pour la société? Le verdict du psy est parfois contesté mais toujours décisif. A travers cinq faits divers survenus en Suisse romande – dont l’affaire du Grand-Pont à Lausanne et le triple infanticide de La Chaux-de-Fonds – Temps Présent mène l’enquête sur les relations complexes qu’entretiennent la psychiatrie et la justice. Jeudi 31 mai 2007 à 20h05.
Un reportage de Blaise Piguet et Jean-Philippe Ceppi Image : Pierre-Alain Jaussi Son : Charles Wicki Montage : Robert Mabillard