« J’étais un grand timide et je me suis transformé » : aux Baumettes à Marseille, des cours de prise de parole en public pour favoriser la réinsertion des détenus
FRANCE INFO: Une structure d’accompagnement vers la sortie est testée à la prison de Marseille, avec l’objectif d’éviter la récidive.
« Ils m’ont fait sortir plus tôt. J’avais pris un an ferme, j’ai purgé quatre mois et demi », explique un ancien détenu qui a purgé sa peine de prison aux Baumettes à Marseille. Il a bénéficié, pendant sa détention, d’une structure d’accompagnement vers la sortie (SAS). « J’étais un grand timide », confie l’ex-détenu qui a éprouvé le programme testé depuis octobre 2018 auprès de personnes condamnées à une peine, ou un reliquat de peine, de moins de deux ans.
Infirmier de profession, il explique qu’il n’avait pas réussi à s’exprimer lors de son procès pour trois récidives de défaut de permis de conduire. L’une des formations intitulée « maîtriser sa parole pour préparer sa sortie » a été bénéfique. « En faisant ces cours, je me suis transformé le jour où je suis repassé devant le juge et la procureure, dit-il. Je me suis exprimé naturellement, poliment. Ils nous ont appris des façons de faire avec les mains, les gestes pour se présenter, dire bonjour. »
J’ai répondu aux bonnes questions, au bon moment et sans stress.Un ancien détenu des Baumettesà franceinfo
Au total, 101 détenus des Baumettes peuvent bénéficier de la structure d’accompagnement vers la sortie, prévue dans le plan prison. Un premier bilan sera établi d’ici l’été. Parmi eux, Bruno Palazzolo, fondateur et dirigeant du club Toastmasters Marseille, du nom du réseau international auquel il a adhéré et qui travaille sur la prise de parole en public depuis 90 ans. Pour les détenus, « c’est apprendre à parler en prison, ne serait-ce que sur eux-mêmes, dire ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent, explique Bruno Palazzolo. Et on sait très bien qu’en prison, les émotions prennent parfois le pas sur la communication. La violence peut remplacer les mots. »
C’est une communication entre eux. Ensuite, c’est comment trouver un logement, un travail, se réinsérer socialement.Bruno Palazzolo, club Toastmasters Marseille à franceinfo
Le détenu est placé dans l’expérience de la prise de parole. On lui apprend « à improviser », poursuit le formateur, c’est-à-dire « être agile » quand on vous interroge. « C’est aussi apprendre à faire un discours de présentation de soi, qui va être utile après pour se présenter à un employeur, et apprendre à écouter un retour pour s’améliorer », conclut Bruno Palazzolo.
Raphael ROWE (2018) Inside the World’s Toughest Prisons: Norvège, la prison parfaite?
En Norvège, dans la prison de haute sécurité de Halden, cet extrait nous permet de découvrir le rôle singulier des surveillants , tourné en grande partie vers la réhabilitation et la resocialisation.
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La vie carcérale autour du monde, vue de l’intérieur.
Cette série documentaire faite par Netflix nous emmène a chaque nouvel épisode dans une prison a mauvaise réputation (ou pas) d’un pays autour du globe, allant du Costa Rica à la Norvège, en passant par la Papouasie-Nouvelle Guinée. Plutôt intéressante dans le fond, apportant une vision de l’intérieur des prisons, leurs mode de fonctionnement autour du monde, et les différences culturelles…
« Il n’y a pas de violence ici, peut-être un ou deux cas par an, affirme Fredriksen. On s’influence les uns les autres. Si tu es une tête brûlée, mais que tu vois que tout le monde se comporte comme il faut, tu as tendance à faire la même chose », note-t-il en s’adressant à nous en anglais, comme tous les prisonniers à qui nous avons parlé.
Chaque prisonnier est jumelé à un agent correctionnel, qui élabore un programme de réadaptation sur mesure, avec la collaboration de psychologues et de travailleurs sociaux. Les relations entre gardiens et prisonniers n’en sont que plus amicales, souligne le gardien Ole Christian, 27 ans, dont le quotidien compte de nombreux moments de détente avec les détenus. Prendre cinq minutes pour discuter autour d’un café, jouer une partie de backgammon ou de cartes, voilà l’approche norvégienne, selon lui : « Ce n’est pas “nous et eux”, mais “nous”. Ensemble, comment est-ce qu’on peut changer les choses ? »
Lasse Andresen, gardien de prison depuis 38 ans — et dans cet improbable pénitencier depuis l’ouverture —, en a vu d’autres. « Ici, c’est comme si je venais travailler dans une école. »
Il tient cependant à rappeler que Halden reste une prison. Avec des restrictions semblables à celles des établissements à sécurité maximale : utilisation limitée d’Internet, lettres ouvertes avant d’être remises aux destinataires, appels téléphoniques d’au plus 20 minutes par semaine, couvre-feu à 20 h 30, une seule visite hebdomadaire. Et puis il y a les murs de sept mètres, visibles à travers les arbres qui ceinturent le complexe…
Halden essaie de reproduire la vie en société. L’impression de normalité se manifeste jusque dans les sentiers qu’empruntent les prisonniers pour aller à l’école ou chez le médecin.
Selon le psychologue Jan Berglund, cette illusion est réconfortante. À leur arrivée, la plupart des détenus souffrent d’anxiété, laquelle disparaît petit à petit dans cette société en microcosme. « Dans une prison américaine, l’anxiété ne partira jamais. Ici, tu peux avoir l’impression que tout va bien, que tout est normal. »
Pour les besoins de son dernier documentaire Where to invade next(en français, « Où envahir maintenant ») le célèbre réalisateur Mickael Moore s’est rendu en Norvège. Son objectif : comparer le système carcéral américain avec celui des Norvégiens.
En cherchant la réhabilitation plutôt que la vengeance, elles offrent à ce pays l’un des taux de récidive les plus bas du monde (20% contre 80% aux USA !).
Regardez cet extrait de Where to invade next (VO) :
Principe de normalité dans le Service correctionnel
La peine est la restriction de la liberté ; aucun autre droit n’a été supprimé par le tribunal qui a prononcé la peine. Par conséquent, le condamné a les mêmes droits que tous les autres qui vivent en Norvège.
Nul ne peut purger sa peine dans des circonstances plus strictes que celles qui sont nécessaires à la sécurité de la communauté. Par conséquent, les délinquants doivent être placés dans le régime de sécurité le plus bas possible.
Pendant l’exécution d’une peine, la vie à l’intérieur ressemblera autant que possible à la vie à l’extérieur.
La possibilité d’appliquer le principe de normalité est bien sûr limitée par des raisons de sécurité et le cadre de la gestion correctionnelle, les différences dans les prisons et le personnel, les infrastructures et les ressources financières. Pourtant, le principe de base est là, et il faudra s’en écarter en s’appuyant sur l’argumentation. Il faut une raison pour refuser ses droits à un délinquant condamné, pas pour les lui accorder.
Modèle d’importation
Les services essentiels à la réinsertion sont fournis à la prison par des prestataires de services locaux et municipaux. Les prisons n’ont pas leur propre personnel qui fournit des services médicaux, éducatifs ou de bibliothèque. Ceux-ci sont importés de la communauté. Le modèle d’importation offre également différents services religieux et du clergé Les avantages sont les suivants :
Une meilleure continuité dans la prestation des services – le délinquant aura déjà établi le contact pendant son incarcération ;
Implication de la communauté dans le système pénitentiaire – interconnexions plus nombreuses et meilleures et amélioration de l’image de la prison et des détenus.
Les services en question sont financés par d’autres organismes car ils font partie des droits de tout habitant de Norvège.
Progression vers la réintégration
Conformément au principe de normalité, la progression d’une peine doit viser à réintégrer la communauté. Plus un système est institutionnalisé, plus il sera difficile de revenir à la liberté. Par conséquent, on procédera à la libération graduelle des prisons de haute sécurité vers les prisons de sécurité inférieure, en passant par les maisons de transition et finalement l’exécution de la peine en dehors de la prison à moins que des raisons de sécurité ne l’exigent autrement.
La probation est stimulée et les services correctionnels s’efforceront de mettre en place un processus dans le cadre duquel l’exécution de la peine sera adaptée aux risques, aux besoins et aux ressources de chacun, à moins que des raisons de sécurité ne prédisent le contraire.
Le contenu de la condamnation
Les services correctionnels ont la possibilité d’exécuter une peine par le tribunal de diverses manières et de lui fournir diverses formes de contenu.
Une peine d’emprisonnement inconditionnelle peut être mise en œuvre par le placement dans différents types de niveaux de sécurité. En outre, il est possible de purger tout ou partie de sa peine dans un établissement de traitement ou de soins spéciaux lorsque le système pénitentiaire n’est pas en mesure de traiter le type spécifique de problèmes que présente le délinquant, par exemple une dépendance grave.
Dans certaines conditions, jusqu’à la moitié d’une peine d’emprisonnement sans condition peut être purgée à domicile.
Les services correctionnels peuvent remplacer une peine d’emprisonnement sans condition d’une durée maximale de quatre mois par la détention à domicile avec surveillance électronique au moyen d’un bracelet à la cheville. Le délinquant doit être actif pendant la journée – à l’école, au travail, etc. – et à la maison à des moments donnés. Tout manquement aux conditions peut entraîner l’emprisonnement ou la réclusion. La détention à domicile avec surveillance électronique est également possible comme solution de rechange pour les quatre derniers mois d’une peine plus longue.
Il est possible d’être mis en liberté conditionnelle après avoir purgé les deux tiers de la peine et un minimum de 74 jours. En période de probation, la personne condamnée devra se présenter au bureau de probation à des heures régulières, s’abstenir de consommer de l’alcool et se conformer à toute autre condition particulière qui lui a été imposée.
Organisation
En raison de la configuration géographique particulière du pays et de sa faible densité de population, ainsi que de l’intention de laisser le délinquant purger sa peine aussi près que possible de l’endroit où il vit, un nombre relativement important de prisons est nécessaire. Au total, la Norvège a une capacité d’un peu plus de 3 600 cellules dans 37 unités pénitentiaires et 59 prisons. Près de 70 % d’entre eux sont de haute sécurité.
La plus grande prison d’Ullersmo a une capacité de 400 cellules. La plus petite prison ne compte que 15 détenus et la moyenne est d’environ 70.
La Norvège n’a pas de prisons spéciales pour les personnes en détention provisoire. Les prévenus en détention provisoire peuvent demander à être isolés des condamnés, mais ils peuvent aussi demander à être placés dans des unités réservées aux condamnés.
La peine d’emprisonnement la plus longue en Norvège est de 21 ans, bien que le nouveau Code pénal prévoie une peine maximale de 30 ans pour les crimes liés au génocide, aux crimes contre l’humanité ou à certains autres crimes de guerre. La peine moyenne est d’environ 8 mois. Plus de 60 % des peines d’emprisonnement inconditionnelles peuvent aller jusqu’à trois mois, et près de 90 %, moins d’un an.
Il n’y a pratiquement pas d’évasions de prison en Norvège et plus de 99 % de tous les détenus en congé temporaire reviennent à l’heure.
Quelque 3 600 équivalents temps plein sont employés dans l’administration pénitentiaire et environ 325 sont en probation.
Personnel pénitentiaire
En Norvège, les agents pénitentiaires suivent une formation de deux ans à l’Ecole pénitentiaire, où ils perçoivent leur plein salaire et sont formés dans diverses matières telles que la psychologie, la criminologie, le droit, les droits de l’homme et l’éthique.
La plupart des détenus en Norvège ont un agent de contact qui les aide dans leurs contacts avec des tierces parties comme les fournisseurs de services ou les fonctionnaires du système correctionnel. L’agent de contact peut aider le détenu à trouver la façon la plus appropriée de purger sa peine et de remplir sa demande.
En Norvège, le personnel pénitentiaire n’est pas armé et compte environ 40 % de femmes.
Probation
Il y a 17 bureaux de probation dans 40 localités. Les bureaux de probation sont responsables de l’application des sanctions communautaires, comme la peine communautaire, le programme contre la conduite en état d’ébriété, la libération sur permis, la détention à domicile avec ou sans surveillance électronique, et de la rédaction des rapports prédécisionnels. Une peine communautaire est imposée par le tribunal et peut aller de 30 à 420 heures. Le bureau de probation chargé de l’exécution de la peine procédera ensuite à un entretien préliminaire avec le délinquant et établira le contenu de la peine. Il peut s’agir (en partie) de travail non rémunéré et d’autres activités jugées importantes pour prévenir la récidive chez le délinquant.
Récidive
Une étude indépendante publiée en 2010 a montré que le nombre de personnes libérées de prison ayant récidivées dans un délai de deux ans était de 20 %.
Le bref séjour de Klaus Barbie, en 1983, dans le lieu où il avait enfermé Jean Moulin fut un moment d’exception dans l’ultime période de Montluc. La prison avait fini par acquérir une réputation de calme et elle était promise à une fermeture proche.
Le bref séjour de Klaus Barbie, en 1983, dans le lieu où il avait enfermé Jean Moulin fut un moment d’exception dans l’ultime période de Montluc. La prison avait fini par acquérir une réputation de calme et elle était promise à une fermeture proche. Celle-ci intervint pour l’aile des hommes en 1997 et pour le secteur des femmes en 2009.
S’est posée alors la question du destin du site. France Domaine aurait voulu le valoriser – entendez : le vendre. L’université Lyon III, qui a fini par s’appeler Jean Moulin, l’utiliser pour ses étudiants. Le préfet de l’époque préféra tendre l’oreille à l’association des rescapés qui rappelait ce qui s’était passé ici en 1943-1944. La prison était sous le contrôle des Allemands; plus de 9000 personnes y furent enfermées; deux seulement purent s’en évader- ce sont les personnages du film de Bresson, « Un condamné à mort »; les autres, à commencer par les juifs, n’avaient pas d’autre perspective que l’exécution ou la déportation.
Intervint finalement le classement de Montluc et, dès 2010, le début de son ouverture au public. Mais la sédimentation des histoires en cet endroit est telle qu’il est impossible de polariser exclusivement l’attention sur la seule période 43-44. Depuis l’ouverture en 1921, ont séjourné ici, outre les victimes de la Section spéciale de Vichy et des nazis, des collaborateurs entre 1945 et 1954, des détenus de droit commun, hommes et femmes, et aussi des insoumis envoyés par les tribunaux militaires, et enfin 75 condamnés à mort algériens entre 1958 et 1971 dont onze furent exécutés. On a même vu arriver une équipe de télévision chinoise qui venait enquêter sur le passage, dès 1921 de Zhou en Laï qui faisait partie des étudiants-ouvriers chinois amenés en France pour les besoins de la Première Guerre et devenus récalcitrants.
Il n’y a guère en France, parmi les lieux pénitentiaires, que l’abbaye-prison de Clairvaux qui nécessite une telle variété de points de vue pour être visitée et un peu comprise.
Dans le film de Bresson, le personnage principal voit surgir dans sa cellule un petit bonhomme informe qui a mené jusque-là une vie aveugle. « Est-ce que je savais ? », lui dit le petit bonhomme. Le personnage principal répond : « Il fallait savoir ». C’est l’intention de l’exposition « Traces » ouverte actuellement au Mémorial Prison de Montluc : « Il faut savoir ».
Jean-Pierre a passé six mois derrière les barreaux, Saïd quatre ans. Le jour de leur sortie de la maison d’arrêt de Fresnes, ils font leurs premiers pas dehors.
En 1985, Jack Lang avait lancé les activités culturelles dans les prisons. Plus de 30 ans plus tard, la culture est un outil essentiel dans les 188 établissements pénitentiaires de France pour la réinsertion des détenus et la prévention de la récidive. Reportage à la prison des femmes de Versailles.
A la maison d’arrêt pour femmes de Versailles, chaque mardi, des activités culturelles sont proposées à la soixantaine de détenues.• Crédits : BEAUGRAND Véronique 23 nov 2011 PHOTOPQR/LE PARISIEN – Maxppp
La maison d’arrêt de Versailles est située en plein centre ville. Depuis 10 ans, le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés y programme, chaque année, au mois de mai, un concert dans l’enceinte même de l’établissement. Ce mardi après midi, c’est la chanteuse italienne Kicca, coup de coeur du festival, qui est venue enchanter les oreilles d’une quinzaine de détenues. Pour l’une d’elles, âgée de 56 ans, c’est une vrai respiration.
Au départ, l’accueil est réservé mais, grâce à l’énergie des musiciens, les détenues se mettent à battre la mesure, taper des mains. Puis elles vont chanter et même pour l’une d’entre elles se mettre à danser. Autour, les portes et les verrous de la prison, le crachin incessant des talkies-walkies des surveillantes, une femme qui se met à hurler dans les étages. Mais le concert continue. Le reportage de Cécile de Kervasdoué :
Concert de jazz en prison
Concert de jazz à la maison d’arrêt de Versailles
Kicca et son guitariste Hervé Samb venus donner un concert à la maison d’arrêt pour femmes de Versailles• Crédits : Cécile de Kervasdoué – Radio France
On est là pour leur apporter une heure de liberté par la musique. Elles sont détenues, oui, mais c’est avant tout des êtres humains et la culture est un droit pour tous.
La chanteuse Kicca et son guitariste Hervé Samb
Si le droit à la culture a été réaffirmé en 1998 en France, la culture s’est depuis fait une place dans les établissements pénitentiaires. 67 coordinateurs culturels proposent ainsi une fois par semaine des activités culturelles de pratique ou de découverte d’oeuvres. Au même titre que le travail psychologique ou la formation professionnelle, la culture en prison est considérée comme un outil essentiel de réinsertion et de prévention de la récidive.
Si on ne fait rien pour préparer la sortie des détenus, ils se retrouvent à nouveau devant la justice.
Laure Thomas, directrice pénitentiaire d’insertion et de probation au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) des Yvelines.
Au Canada, ce modèle a permis de réduire la récidive de 63%. En France, il fonctionne avec les financements des ministères de la Justice et de la Culture. Mais aussi, surtout, si les structures culturelles locales jouent le jeu. C’est le cas en Île-de-France, où elles sont très nombreuses. C’est moins vrai en province.
Ear Hustle brings you the stories of life inside prison, shared and produced by those living it.
Deux détenus de la prison d’État de San Quentin en Californie veulent faire entendre la réalité de leur quotidien, de l’intérieur. Earlonne Woodset Antwan Williams, qui servent respectivement des peines de 31 et 15 ans d’emprisonnement, ont lancé le 14 juin un podcast avec l’aide de l’artiste américaine Nigel Poor. Tous les trois se sont rencontrés lors d’un cours de photographie donné par l’artiste au sein de la prison.
Il s’agit d’une série de dix épisodes intitulée « Ear Hustle » – diminutif familier d’ »eavesdropping » qui signifie « écouter en douce » – diffusée sur le réseau anglophone Radiotopia. Le podcast se positionne déjà dans « le top 5 des programmes audio les plus téléchargés sur iTunes aux États-Unis« , comme le rapporte Courrier International.
« L’équipe travaille depuis le laboratoire multimédia de San Quentin, pour produire des histoires qui peuvent être difficiles, souvent drôles et toujours honnêtes, offrant une vision plus nuancée des personnes vivant au sein du système carcéral américain. » peut-on lire dans le descriptif du projet.
« Cellies« , le premier de la série, parle des compagnons de cellule, et raconte l’enfer que peuvent vivrent certains détenus, terrorisés par la personne qui partage leur espace. Earlonne Woods témoigne : « Je dormais le dos au sol avec un œil ouvert. »
Chaque épisode doit être validé par les autorités. Le deuxième raconte l’histoire « d’un homme qui a du payer le prix fort pour obtenir la loyauté de son gang ». D’autres thèmes tel que la mode, les animaux de compagnie, l’isolement, la famille, sont abordés dans le reste de la série.
« N’oubliez pas votre cadre légal par rapport à la légitime défense, si je dois riposter, faut que ce soit nécessaire… »
Au milieu d’un groupe d’élèves surveillants plus ou moins musclés, nus pieds sur un tatami, le formateur, 15 ans d’expérience à la prison de Fresnes, enseigne comment parer les coups, en cas d’agression au couteau par un détenu. « Je vois le couteau, déjà, je montre mes mains. Pas de veines face à lui, parce que là, il peut couper. Donc simultanément, je vais enlever mon bassin, bloquer, frapper. A partir de là, il va aller au sol, sur le ventre. Et on finit, hyperflexion du poignet, pour récupérer le couteau. « Les élèves répètent l’exercice en boucle. « Là, ce que je leur apprends, c’est le cas extrême », explique le formateur. « Si jamais ils sont obligés de se défendre, c’est une des défenses. C’est comme les gestes de premier secours. Et nous, notre priorité, c’est la maîtrise de l’individu, donc c’est vraiment un travail en équipe, maîtriser pour arriver au menottage. » Un bruit strident retentit dans une autre salle de l’école. Le cours suivant porte sur la détection des objets interdits en prison. Magnétomètre en main, face au portique de sécurité, une enseignante détaille comment détecter tous les objets interdits en détention : armes à feu, stupéfiants, nourriture, argent, et téléphone. « Pourquoi le téléphone c’est interdit ? », interroge la prof. « Parce qu’ils risquent de communiquer avec l’extérieur ! »répond du tac au tac. « Téléphoner pour appeler sa maman, c’est pas grave », rappelle l’enseignante. « Mais il y a les risques d’évasion ! », renchérit un élève.
L’évasion spectaculaire de Redoine Faïd a marqué tous les élèves, à la moyenne d’âge de 28 ans, aux profils très divers : certains ont le baccalauréat, d’autres sont d’anciens légionnaires. Damien, lui, est un sportif de haut niveau, champion de marche athlétique. « En fait, mon souhait, ce serait de devenir moniteur sportif par la suite, pour pouvoir permettre aux détenus de se réinsérer à travers le sport. Moi, j’ai un vécu personnel et j’ai remarqué que des personnes qu’on disait destinées à devenir des « voyous », c’est à travers le sport que ça leur a permis d’évoluer en tant qu’homme ».
La directrice, Sophie Bleuet voudrait que tous les élèves retiennent surtout des valeurs d’humanisme.
« La valeur phare, c’est celle de l’exemplarité, pour inspirer le respect aux détenus »
Un véritable incendie se déclenche dans une cellule factice. Les élèves surveillants, un peu paniqués, apprennent à manier l’extincteur…
Dans les prisons françaises, il y a deux départs de feu par jour, souvent provoqués par des détenus désespérés. Apprendre à repérer les risques de suicide est aussi devenu un cours central à l’École nationale de l’administration pénitentiaire, où sont formés, à la fois les surveillants, les directeurs de prison, et les conseillers d’insertion et de probation.