Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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« Le programme d’intervention intitulé « Gender violence: Aggressor Intervention Program » (Programme d’intervention auprès des auteurs de violences de genre) présente une série de nouveautés par rapport à l’ancien programme  : de nouvelles approches thérapeutiques dans chaque unité et un développement plus approfondi des aspects psychologiques de la violence et du pouvoir, du contrôle et du leadership. En outre, de nouvelles séances sur la violence sexuelle, la perspective du genre et l’implication des enfants en tant que victimes de la violence ont été ajoutées. En outre, un accent particulier a été mis sur la nécessité d’aborder la question de la motivation pour le traitement et la prévention des rechutes.

  • La partie I (unités 1- 5) aborde les facteurs cliniques sur lesquels le détenu doit travailler avant de commencer l’analyse des comportements violents.
  • La partie II (unités 6-11) aborde les différentes manifestations de la violence : les aspects physiques, psychologiques et sexuels de la violence et la manipulation psychologique des enfants.

À la fin, il y a deux modules supplémentaires : l’éducation sur les différences entre les sexes et la prévention des rechutes.

La durée du programme varie de 6 mois à 1 an, en fonction d’un certain nombre de facteurs, tels que le profil du détenu, le niveau de risque de rechute ou de récidive, la durée de la peine, les circonstances dans lesquelles le programme est mis en œuvre, et l’évolution du détenu. Le nombre de séances varie de 25 (programme de base) à 50 (programme intensif). Lorsque le programme est utilisé pour remplacer l’emprisonnement standard, il y a d’abord 25 séances de présence obligatoire. Le format est soit individuel, soit collectif (thérapie de groupe), généralement fermé, avec un nombre maximum de 12 participants par session et des sessions hebdomadaires (Ruiz et al., 2010).

Programme d’intervention auprés des auteurs de violence de genre

Soource: Intervention Programs for Spanish Inmate Aggressors Convicted of Domestic Violence, The Open Criminology Journal2011, 4: 91-101

Luis Millana, Research Group on Sociopsychobiology of Aggression, Complutense University of Madrid, Spain.

Article complet: https://benthamopen.com/DOWNLOAD-PDF/TOCRIJ-4-91/


DÉBATDOC – HOMMES VIOLENTS : COMMENT PRÉVENIR LA RÉCIDIVE ? (LCP)

80% des hommes condamnés pour violences conjugales nient les faits qui leur sont reprochés, et 40% d’entre eux récidivent. Les conclusions du rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’égalité sur l’état des lieux du sexisme en France, publié le 23 janvier, s’inquiète de la prégnance du sexisme et même de la progression de la pensée masculiniste chez les 25-34 ans dans le pays. Que révèlent les groupes de parole et de sensibilisation aux violences conjugales auxquels peuvent participer les auteurs de ces violences ? Déni, traumatisme, injonctions à la virilité, quels sont les schémas qui se répètent ? Comment prévenir la récidive ?
Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Aline De Rolao, psychologue clinicienne , spécialisée notamment en violence conjugale et intrafamiliale, psychologue au sein du CPCA IDF (Centre de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales) et Mathieu Palain, journaliste et romancier, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis, Dans la tête des hommes violents (Les Arènes), une enquête immersive dans groupes de parole, dans une Maison des femmes et à des auditions judiciaires.

LCP fait la part belle à l’écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales….autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l’occasion d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

« La violence psychologique, c’est de la violence tout court ». Campagne de sensibilisation à la violence psychologique dans le couple. Une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Wallonie et de la CoCoF

Le contrôle coercitif est une forme insidieuse et continue de violence, souvent dans un contexte conjugal et principalement constitué de micro-agressions répétées au quotidien. Il peut inclure des incidents de violence et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces, de l’isolement et des restrictions arbitraires.

Description

Définition

C’est le professeur Evan Stark qui, en 2007, conceptualise le contrôle coercitif dans son ouvrage-phare Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life. Il y explique que les hommes ont recours au contrôle coercitif comme outil de subordination des femmes. Stark estime que les hommes se sont adaptés à l’avancée des droits des femmes en adoptant des « stratégies de contrôle et de domination moins ouvertement visibles, plus subtiles, mais tout aussi dévastatrices ». Stark rapproche le contrôle coercitif d’une cage dans laquelle la victime se sent prise au piège.

Mécaniques et conséquences

Le contrôle coercitif a une dynamique genrée puisqu’il est surtout infligé à des femmes par des hommes. Les professeurs Isabelle Côté et Simon Lapierre décrivent le contrôle coercitif comme des « micro-régulations du quotidien ». Le contrôle coercitif peut comprendre des incidents de violence précis et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces voilées, de l’isolement et des restrictions arbitraires imposées par l’agresseur. Cela conduit la victime à vivre de l’isolement, de l’auto-culpabilisation, de l’hypervigilance, et une diminution de l’estime personnelle et de l’autonomie. Certaines victimes ont rapporté des niveaux élevés d’anxiété et des crises de panique.

Le contrôle coercitif peut inclure des actes de violence physique. Si elle survient, la violence physique n’est pas un événement distinct ou exceptionnel de la dynamique relationnelle: elle est plutôt un outil déployé par l’agresseur pour contrôler la victime. Le conjoint violent peut menacer de recourir à la force, et parfois y recourir, comme stratégie pour instaurer un climat de terreur et réaffirmer son contrôle. Un unique épisode de violence physique peut d’ailleurs « suffire à terroriser une victime pendant plusieurs années ». On note aussi que la présence du contrôle coercitif dans une relation est un prédicateur de violences aggravées, y compris de violences sexuelles, de féminicides et de filicides.

Modes opératoires du contrôle coercitif

Selon le modèle de Duluth développé par le DAIP – Domestic Abuse Intervention Program de la ville éponyme, aux Etats-Unis, l’auteur des violences établit son pouvoir et son contrôle de différentes manières (recensées dans le graphique synthétique « La roue du pouvoir et du contrôle »). Le recours à la violence physique et sexuelle, qui est représentée sur le pourtour de la roue, n’en est qu’une, presque marginale. Les autres sont le recours à l’intimidation, le recours à la violence émotionnelle, l’isolement, le fait de nier les violences et d’inverser la culpabilité, le fait de se servir des enfants pour atteindre sa conjointe, le fait de recourir aux menaces, le fait de recourir aux violences économiques et administratives ; et enfin, le fait d’utiliser ses privilèges masculins, ce qui permet de comprendre pourquoi les violences conjugales sont prioritairement le fait d’hommes, engagés dans des relations hétérosexuelles. Ces grandes catégories peuvent se décliner de mille manières telles que : le fait d’imposer des règles de conduite arbitraires (par exemple, l’imposition d’un couvre-feu ou l’obligation de répondre à un texto dans un délai de deux minutes) ; le fait de conduire dangereusement sous l’effet de la colère alors que la victime est passagère ; le fait d’accuser la victime d’infidélité ; le refus de consentir à un traitement médical ou à une thérapie pour un enfant qu’il co-parente avec la victime ; le contrôle de l’habillement de la victime ; le chantage au suicide, par exemple,.

Le contrôle coercitif est un cumul de tactiques abusives qui existent les unes par rapport aux autres. Cela signifie qu’une personne qui accuserait sa partenaire d’infidélité à une reprise, dans une relation autrement saine, ne commet pas nécessairement de contrôle coercitif. Cet événement sera constitutif d’un abus si il fait partie d’un schéma plus large d’humiliation, de micro-gestion et d’isolement.

Impacts négatifs du contrôle coercitif sur les enfants

Dans un contexte familial, le contrôle coercitif est un choix parental qui est préjudiciable aux enfants. Les enfants sont souvent exposés aux abus subis par leur parent, et peuvent être ciblés ou même utilisés par leur père pour contrôler leur mère. Par exemple, une étude qualitative menée au Royaume-Uni a révélé que les pères abusifs empêchent souvent leurs enfants d’interagir avec leurs mère et grands-parents, de rendre visite à leurs ami.e.s et de participer à des activités parascolaires. La chercheuse Emma Katz explique que le contrôle coercitif place les enfants dans un monde « isolé » et « contraint », ce qui peut empêcher leur croissance émotionnelle. Une autre étude a documenté comment le parent abusif parvient parfois à contrôler sa conjointe ou son ex-conjointe en recrutant leurs enfants pour saper leur relation avec leur mère, et l’isoler davantage au sein de l’unité familiale.

L’étude met en évidence la manière dont un auteur de violences peut « plaisanter et jouer, dépense de l’argent pour eux [les enfants] ou les emmener faire des choses » afin de former une alliance, ce qui peut amener les enfants à considérer le parent violent comme « amusant » et à blâmer le parent non-violent pour l’abus. [notre traduction]

Aussi, les enfants sont privés de la disponibilité émotionnelle de leur parent abusé. La thérapeute Danielle McLeod a expliqué comment un père abusif peut « s’attaquer au rôle parental de la victime » et cibler le respect des enfants pour leur mère. Cette tactique laissera souvent les mères « émotionnellement épuisées et distantes » puisque leur conjoint ou ex-conjoint les fait sentir “qu’elles n’ont plus rien à donner en tant que parent”.

 

Facteurs de risque

Ce sont majoritairement des hommes qui font subir le contrôle coercitif à leur conjointe. Ces violences perdurent souvent dans un contexte post-séparation. La rupture est un moment particulièrement dangereux pour les femmes qui subissent un contrôle coercitif, qui deviennent alors à risque de subir des violences graves, notamment le féminicide et le filicide

Source: wikipedia

Voire aussi: https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jr/peut-can/peut-can.pdf

Ces dernières années, des recherches révolutionnaires en neurosciences ont fondamentalement modifié notre compréhension de l’impact des traumatismes sur les individus sur les plans psychologique, physiologique, émotionnel et social.

La phase initiale de l’étude ACE a été conduite par les hôpitaux Kaiser, entre 1995 et 1997 (17 000 patients).

L’étude a été menée par le Professeur Vincent Felitti, chef du service de médecine préventive de l’établissement du Kaiser Permanente à San Diego en Californie, et le Docteur Robert Anda, épidémiologiste au Centre de Contrôle et Prévention de Maladie (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) à Atlanta.

Les premières données ont été analysées et publiés en 1998, suivies de 81 publications jusqu’en 2012. L’étude kaiser a établi que:

  • La maltraitance et le dysfonctionnement familial dans l’enfance contribuent aux problèmes de santé des décennies plus tard.
  • Celles-ci incluent les maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, le cancer, les accidents cérébrovasculaires et le diabète, qui sont les causes les plus courantes de décès et d’invalidité aux États-Unis.
  • Les expériences négatives de l’enfance sont courantes.
  • 28% des participants à l’étude ont signalé des abus physiques et 21%, des abus sexuels.
  • Beaucoup ont également déclaré avoir vécu un divorce ou la séparation de leurs parents, ou avoir un parent souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie.
  • Les expériences négatives de l’enfance se produisent souvent simultanément.
  • 40% de l’échantillon initial ont déclaré avoir vécu au moins deux traumatismes et 12,5%, au moins quatre.
  • Étant donné que les ACE sont dépendants les uns des autres, de nombreuses études ultérieures ont examiné leurs effets cumulatifs plutôt que les effets individuels de chacun des traumatismes.
  • Les expériences négatives vécues durant l’enfance ont une relation dose-effet avec de nombreux problèmes de santé.
  • Après avoir suivi les participants au fil du temps, les chercheurs ont découvert que le score ACE cumulatif d’une personne présentait une relation forte et progressive avec de nombreux problèmes de santé, sociaux et comportementaux tout au long de la vie, y compris des troubles liés à l’utilisation de substances.

CDC-Kaiser Permanente adverse childhood experiences (ACE) study (1998).

L’étude a été initialement publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine (Felitti VJ, Anda RF, Nordenberg D, Williamson DF, Spitz AM, Edwards V, Koss MP, Marks JS.Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death in adults: The Adverse Childhood Experiences (ACE) StudyExternal Web Site IconAmerican Journal of Preventive Medicine 1998;14:245–258. (en anglais) )

Elaborée à partir des résultats des ACE studies, la théorie polyvagale (Stephen Porges S. (2011). The Polyvagal Theory : Neurophysiological Foundations of Émotions, Attachment, Communication, Self regulation, New York, Norton.) propose une explication innovante aux réactions incontrôlées du sujet dans son environnement. Les informations sont identifiées comme des signaux de danger ou de sécurité, ce qui ouvre des perspectives cliniques pour la prise en charge du psychotraumatisme.

Issue des neurosciences, la théorie polyvagale apporte un nouveau regard sur la compréhension des réactions physiologiques et psychologiques des individus face à l’environnement, et tout particulièrement sur les réactions des sujets souffrant de stress post­-traumatique. En déclinant le système nerveux autonome non plus en deux sous-systèmes antinomiques (sympathique et parasympathique), mais comme un système plus complexe offrant trois voies de réponses possibles, la théorie polyvagale propose une explication innovante aux réactions incontrôlées du sujet dans son environnement : les informations sont traitées et identifiées comme des signaux de sécurité ou de danger. Nous pouvons alors appréhender les symptômes post-traumatiques comme des manifestations de défense ou de survie que l’organisme déclenche selon sa lecture de la situation et son évaluation de la menace.

 

Calculer son score ACE avec le Questionnaire ACE: 

Score ACE: 

Score ACE égal à 1

  • 1,2 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,5 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 2 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 1,6 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 1,7 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,04 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
    2 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 3,5 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1,25 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,06 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 1,6 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,04 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE égal à 2

  • 1,7 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,7 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 10 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,1 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
    1, 4 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 2,2 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 4 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1, 5 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,4 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 2,2 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,1 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE égal à 3

  • 2,3 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,9 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 22 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,2 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2,3 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,9 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 2,8 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 4,5 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1, 5 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,5 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 2,3 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,3 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE supérieur ou égal à 4

  • 2,6 fois plus de risques d’être fumeur
  • 2,1 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 40 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,1 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2,9 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,9 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 4,8 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 9 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1,7 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,5 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 3,1 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,5 fois plus de risques d’être obèse

QUestionnaire ACE:

questionnaire-sur-les-experiences-traumatiques-de-lenfance

VIDEO VOST:

 

Voir aussi sur le sujet: https://www.ifemdr.fr/etude-de-felitti-sur-les-experiences-negatives-de-lenfance/

Pour en savoir plus, voici trois autres excellentes vidéos explicatives:



« Le SARA-V3 est un ensemble de directives de jugement professionnel structuré (JPS) pour l’évaluation et la gestion du risque de violence entre partenaires intimes (Intimate Partner Violence: IPV).
La violence entre partenaires intimes est définie comme toute atteinte physique réelle, tentative, ou menace d’atteinte à l’intégrité physique perpétrée par un homme ou une femme à l’encontre d’une personne avec laquelle il ou elle a, ou a eu, une relation intime et sexuelle. Cette définition est inclusive : elle ne se limite pas  aux actes qui entraînent des blessures physiques ou la mort ; elle ne se limite pas aux relations dans lesquelles les partenaires sont ou ont été légalement mariés; elle ne se limite pas au sexe de la victime ou de l’auteur.
Elle est également cohérente avec l’observation selon laquelle la violence entre partenaires intimes est pandémique dans nos sociétés, quelle que soit la nature de la relation. En ce sens, il a une application potentiellement plus large que d’autres instruments d’évaluation  du risque qui utilisent des définitions plus étroites de la violence conjugale.
Conformément aux recommandations des lignes directrices dans le domaine des soins de santé, telles que celles formulées par l’American Psychological Association  (APA, 2002), l’élaboration du SARA-V3 a été fondée en partie sur un examen systématique des recherches existantes. En conséquence, l’utilisation du SARA-V3 peut être considérée comme une pratique fondée sur des données probantes, guidée par des données empiriques ou soutenue par des données empiriques. Conformément aux recommandations de l’APA, le développement du SARA-V3 a pris en compte les normes de pratique existantes, des codes éthiques et des lois pertinentes. Le SARA-V3 aide les évaluateurs à exercer leur meilleur jugement; il ne remplace pas la discrétion professionnelle. Son objectif est d’introduire un cadre systématique, normalisé et pratique pour la collecte et la prise en compte des informations lors de la prise de décisions concernant le risque de violence entre partenaires intimes.

Format
Les facteurs pris en compte dans le SARA-V3 sont divisés en trois domaines. La nature de la violence entre partenaires intimes comprend 8 facteurs liés au modèle de tout comportement d’IPV perpétré par la personne évaluée.

  • Les antécédents et la nature des violences conjugales (8 items).
  • Les facteurs de risque de l’auteur sont 10 facteurs reflétant l’adaptation psychosociale et les antécédents de la personne évaluée.
  • Les facteurs de vulnérabilité de la victime sont 6 facteurs reflétant l’adaptation psychosociale

En général, les facteurs du premier domaine aident l’évaluateur à caractériser la gravité de l’IPV de la personne évaluée ; ceux du deuxième domaine, les caractéristiques de la personne évaluée qui peuvent être associées à la décision de s’engager dans la violence entre partenaires intimes; et ceux du troisième domaine, les caractéristiques de la victime qui peuvent être associées à la décision de s’engager dans un comportement d’autoprotection. Les évaluateurs ont également la possibilité de documenter d' »autres considérations », qui sont des facteurs de risque rares ou inhabituels pertinents pour le cas en question.

Applications

Le SARA-V3 est destiné à être utilisé par les professionnels de la justice pénale, de l’aide aux victimes, de la sécurité, de l’enseignement postsecondaire, de la santé et de la santé mentale travaillant dans divers contextes où des plaintes de violences entre partenaires intimes sont déposées. Dans le système de justice pénale, l’évaluation des risques est pertinente à un certain nombre de moments : pendant l’enquête policière, avant le procès, avant la comparution devant le tribunal, avant la condamnation de l’auteur de l’infraction et avant sa libération.
Dans le système de justice civile, l’évaluation des risques est pertinente pour la protection des victimes potentielles, en particulier dans le contexte du tribunal de la famille, de la protection de l’enfance et des questions de santé et de sécurité au travail. Dans le cadre des soins de santé, l’évaluation des risques est pertinente lorsqu’il s’agit d’établir des priorités ou de trier les cas en vue d’une prestation de services. Elle peut également s’avérer utile lors de la prise de décisions concernant les interventions les plus appropriées et les plus susceptibles d’être efficaces pour un cas donné ».

(The Spousal Assault Risk Assessment Guide (SARA), P. Randall Kropp and Andrea Gibas- 2015)

Nature des violences conjugales :

Les antécédents comprennent :

Facteurs de risque de l’auteur :

Problèmes avec :

Facteurs de vulnérabilité de la victime :

Problèmes avec :

 

N1. Intimidation

N2. Menaces

N3. Atteintes physiques

N4. Atteintes sexuelles

N5. Violence conjugale grave

N6. Violence conjugale chronique

N7. Escalade de la Violence conjugale

N8. Violation de la supervision liée à la Violence conjugale

P1. Relations intimes

P2. Relations non intimes

P3. Emploi/finances

P4. Traumatisme/Victimisation

P5. Comportement antisocial général

P6. Trouble mental majeur

P7. Trouble de la personnalité

P8. Consommation de substances psychoactives

 

P9. Idées violentes/suicidaires

P10. Distorsions cognitives à propos de la violence conjugale

 

V1. Obstacles à la sécurité

V2. Obstacles à l’indépendance

V3. Ressources interpersonnelles

V4. Ressources communautaires

V5. Attitudes ou comportements

V6. Santé mentale

 

Pour en savoir plus:

SARA: outil d’évaluation du risque de violences conjugales (outil de jugement clinique structuré)

La violence domestique est-elle courante ?

Les chiffres varient considérablement en fonction de la « définition » de la violence conjugale ou domestique.

Un examen approfondi de ces études a été réalisé par Desmarais et al. (2012). Ils indiquent que, toutes études confondues, environ une femme sur quatre (23,1 %) et un homme sur cinq (19,3 %) ont subi de la violence physique dans le cadre d’une relation intime.

En outre, ils ont constaté que près d’un cinquième (19,2 %) des personnes ont déclaré avoir subi des violences physiques dans le cadre d’une relation intime au cours de l’année précédant l’étude. Cependant, ils notent que les études varient énormément en ce qui concerne les taux de violence interpersonnelle signalés et diffèrent dans leurs définitions de la violence intime. (Source: Potter-Efron 2012)

2020 morts violentes dans le couple

(« Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2020 », ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes)

  • L’auteur est majoritairement masculin, le plus souvent, vivant en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle.
  • La dispute et le refus de la séparation demeurent les principaux mobiles du passage à l’acte.
  • Les faits sont en majorité commis au domicile du couple, de la victime ou de l’auteur, sans préméditation, principalement avec une arme à feu ou une arme blanche.
  • La victime est très majoritairement de sexe féminin, le plus souvent de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle.
  • Dans 52 % des cas, la présence d’au moins une substance susceptible d’altérer le discernement de l’auteur et/ou de la victime (alcool, stupéfiants, médicaments psychotropes) est constatée au moment des faits.
  • 35 % des femmes victimes avaient déjà subi des violences antérieures.
  • 67 % de celles-ci avaient signalé ces violences antérieures aux forces de sécurité intérieure et parmi elles 75 % avaient déposé une plainte antérieure, ce qui représente 18 % du total des victimes féminines

Quel sexe commet des actes de violence domestique ?

Un débat depuis une trentaine d’années..

d’après les enquêtes françaises: surreprésentation de la victimisation des femmes (enquête « cadre de vie » de l’INSEE): différence de nature, fréquence, gravité

Medeiros et Straus (2007) ont passé en revue de manière approfondie les recherches sur les taux d’agression domestique selon le sexe. Ils affirment que les données de plus de 200 études soutiennent la conclusion selon laquelle les hommes et les femmes agressent leurs partenaires de sexe opposé à peu près au même rythme.

La gravité en revanche est dissymétrique, sans commune mesure: La plupart des hommes sont plus grands et plus forts que leurs partenaires féminines et ils commettent donc davantage d’actes de violence grave.

La violence domestique est-elle unidirectionnelle ou bidirectionnelle?

Les hommes constituent la grande majorité des auteurs de violence conjugale.

L’étude de Langhinrichsen-Rohling et al. (2012) indique néanmoins que 57,9% des épisodes de violence domestique sont bidirectionnels, ce qui signifie que les deux parties ont participé.

Raisons invoquées pour expliquer ou justifier les actes de violence domestique

Un examen des motivations des délinquants dans le cadre du programme PASK (Partner Abuse State of Knowledge) a révélé que les motivations les plus fréquemment invoquées étaient :

a)le désir de se venger pour avoir été blessé émotionnellement par l’autre personne ;

b)l’expression de colère, de jalousie ou d’autres sentiments difficiles à exprimer ;

c)le stress ;

d)une tentative d’attirer l’attention de l’autre (Langhinrichsen-Rohling, McCullars et Misra, 2012).

Les hommes et les femmes ont avancé ces raisons à peu près dans les mêmes proportions.

Hamel (2014) décrit les résultats d’une recherche basée sur un instrument qu’il a contribué à créer, « l’échelle des motifs de la violence » ( Reasons for Violence Scale). Parmi les motifs régulièrement constatés figurent:

  • ­ la jalousie (50 % des délinquantes et 32 % des délinquants)
  • ­et les représailles (71 % des délinquantes et 61 % des délinquants).

­Ce groupe de l’échantillon a également déclaré un plus haut taux d’autodéfense (65 % des femmes et 57 % des hommes).

Relation entre la colère et la violence domestique

De nombreuses études indiquent une forte corrélation entre les niveaux élevés de colère et les comportements de violence domestique. (ex: les conjoints violents ont des niveaux de colère, d’hostilité et de dépression plus élevés que les non-violents (Maiuro et al., 1988 ; Margolin et Wampold, 1981).

La colère est plus étroitement liée à la violence expressive qu’à la violence instrumentale (ex: les « cobras » de Jacobsen et Gottman (1998)).

«Terrorisme conjugal » vs Violence situationnelle (Kelly et Johnson, 2008)

« les hommes mariés violents sont généralement plus en colère que les hommes mariés non violents, tout comme les hommes plus jeunes qui entretiennent une relation » (Babcock et al. (2004).

Les instigateurs d’actes de violence conjugale font état de niveaux de colère et d’hostilité plus élevés que chez les hommes non violents (Norlander et Eckhardt, 2005).

Un excès de colère et une incapacité à gérer sa colère sont des problèmes spécifiques d’un pourcentage important de personnes orientés vers un traitement pour les auteurs de violences domestiques.

D’ou l’Intérêt, selon certains auteurs, d’inclure une formation aux techniques de gestion de la colère comme élément important de la plupart des programmes de traitement des auteurs de violences domestiques. (Potter-Effron 2015)

 

⚖️Trop souvent les femmes ne témoignent pas de ce qui leur est arrivé.
👉Pourtant en 2014, l’agence de l’Union européenne pour les droits fondamentaux s’est attelée à la tâche. 42 000 femmes, originaires des 28 pays de l’UE ont été interrogées et les résultats, sans doute en dessous de la réalité, sont assez édifiants.
👉1 femme sur 3 victime de violences physiques et/ou sexuelles depuis l’âge de 15ans en Europe.
👉 Pour celles qui ont vécu des violences physiques, 67% des auteurs étaient des hommes
👉 c’est 97% d’hommes en cas de violences sexuelles.
👉22% des femmes qui ont une relation avec un homme ont déjà subi des violences de leur partenaire.
👉Parmi elles. seulement 1 victime sur 3 fait part de ces faits à la police