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Les violences sexuelles, près d’une condamnation sur six relève du viol

Entre 2017 et 2022, 6 300 condamnations en moyenne par an ont été prononcées pour violences sexuelles en tant qu’infraction principale¹. Les violences sexuelles sont étudiées à travers quatre catégories d’infractions : les agressions sexuelles, les atteintes sexuelles sur mineur, le harcèlement sexuel ainsi que les viols. Cette dernière catégorie relève exclusivement du champ criminel.

Une augmentation de 14 % des condamnations pour violences sexuelles entre 2017 et 2022

Sur l’ensemble de la période étudiée, les condamnations pour agressions sexuelles sont largement majoritaires parmi les violences sexuelles (76 % du total), devant les viols (17 %), les atteintes sexuelles sur mineurs (4 %) et le harcèlement sexuel (3 %). Plus de la moitié de ces infractions à caractère sexuel ont été commises sur des mineurs (53 %). Par ailleurs, 36 % des viols sur mineurs et 30 % des agressions sexuelles sur mineur sont commis par des personnes mineures.

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Prévenir les abus sexuels sur les enfants

juillet 22nd, 2024 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

Donald Findlater réfléchit à ce qu’il faudrait faire pour éradiquer les abus sexuels sur les enfants (source: voir sur son site l’article complet).

Perspectives théoriques

Les « quatre préconditions préalables aux abus sexuels sur enfants » de David Finkelhor (1984) décrivent un processus qui implique :

  • la motivation à l’abus sexuel,
  • le surpassement des inhibiteurs internes,
  • le surpassement des inhibiteurs externes
  • et le surpassement des résistances de l’enfant.

Cinq ans plus tôt, les criminologues Cohen et Felson (1979, social change and crime rate trends: a routine activity approach) avaient proposé une « chimie de base du crime». De nombreuses personnes ont le potentiel de commettre des délits mais ne le font pas. Pour transformer leur potentiel criminel en actes criminels, elles doivent avoir l’occasion de rencontrer une cible appropriée en l’absence d’un tuteur compétent.

Eck a approfondi la réflexion sur la « prévention situationnelle » et le rôle préventif des tiers en proposant trois types de « contrôleurs de la criminalité ».

  • Le « gardien» (guardian) est la personne qui a la responsabilité et la capacité de protéger la victime potentielle, par exemple les parents ou les enseignants.
  • Les « tuteurs»  (handlers) sont ceux qui peuvent exercer une influence positive sur les délinquants potentiels, comme les parents, les amis et les collègues de travail.
  • Les « gestionnaires de lieux » (Place managers) sont chargés de superviser et de maintenir une bonne conduite dans des lieux physiques spécifiques où le risque peut se manifester, par exemple les écoles et les parcs.

La prévention développementale de la criminalité

Son objectif est essentiellement de réduire la propension à la criminalité en intervenant tôt pour prévenir les effets négatifs de certaines circonstances et expériences développementales (Smallbone & McKillop 2014). Les résultats sexuels problématiques ont été liés à l’impulsivité individuelle, à une mauvaise résolution des problèmes et à l’adversité familiale, y compris la violence domestique et l’abus de substances par les parents. Pour certains garçons, l’expérience de l’abus sexuel dans l’enfance commence à être reconnue comme un facteur de risque de délinquance sexuelle. Des interventions précoces visant à atténuer l’impact de ces expériences négatives dans l’enfance peuvent réduire le développement de la motivation à commettre des abus, y compris en réduisant les difficultés interpersonnelles auxquelles le jeune peut être confronté. Ces éléments commencent enfin à être pris en compte dans certains programmes d’intervention destinés aux délinquants condamnés.

Si l’on se réfère au modèle des « quatre conditions préalables » de David Finkelhor, on constate que le traitement des délinquants sexuels et les cercles de soutien et de responsabilité servent à accroître et à renforcer les inhibiteurs internes des délinquants ; mais les cercles créent également un groupe supplémentaire de personnes qui peuvent agir en tant qu’inhibiteurs externes efficaces contre la poursuite de la délinquance.

Le matériel de la campagne Stop it Now ! éduque le public, ce qui permet d’augmenter les inhibiteurs externes de manière générale ; et le service d’assistance téléphonique Stop it Now ! renforce les inhibiteurs internes des délinquants potentiels, tout comme il aide les autres appelants à être des inhibiteurs externes plus efficaces de la délinquance potentielle de ceux qu’ils connaissent ou qu’ils aiment. Les séminaires sur la sécurité sur l’internet organisés dans les écoles aident les parents à devenir des inhibiteurs externes plus efficaces de tout délinquant ciblant leurs enfants en ligne, et ceux organisés à l’intention des élèves contribuent à accroître la résistance et la résilience des victimes.

Un cadre global pour la prévention

Dans leur travail fondamental combinant des perspectives théoriques pertinentes, Smallbone, Marshall et Wortley (2008) ont articulé et illustré un cadre global pour la prévention des abus sexuels sur les enfants. Leur modèle de santé publique établit une distinction entre la prévention primaire (ou universelle), secondaire (ou ciblée) et tertiaire. Leur idée maîtresse est que les interventions peuvent viser à prévenir la violence sexuelle avant qu’elle ne se produise (prévention primaire ou secondaire) et après qu’elle s’est produite, afin d’éviter qu’elle ne se reproduise (prévention tertiaire).  Leur cadre situe les délinquants et les victimes dans leur contexte écologique naturel (leur envirronement) , où interviennent également des facteurs de risque et de protection. Le cadre qui en résulte nous invite à envisager des cibles pour les interventions qui :

  • empêchent les délinquants ou les délinquants potentiels de commettre des infractions ou de récidiver
  • empêchent la victimisation ou la revictimisation des enfants
  • empêchent une infraction ou une récidive au sein d’une famille ou d’une communauté spécifique,
  • empêchent un incident ou une récidive d’abus sexuel d’enfants dans une situation ou un lieu spécifique.
Cibles Prévention primaire Prévention secondaire

Prévention tertiaire

 

Délinquants ·   Dissuasion générale

·   Prévention développementale (dans l’enfance)

 

·  Interventions auprès des adolescents et des adultes masculins à risque ·  Détection précoce

·  Dissuasion spécifique

·  Traitement des délinquants et gestion des risques

Victimes            

 

· Formation à la résistance

· Renforcement de la résilience

·   Renforcement de la résilience et autres interventions auprès des enfants à risque ·   Amélioration des dommages

·  Prévention de la victimisation répétée

Situations          

 

·   Réduction des opportunités

·   Contrôler les facteurs précipitants

·      Tutelle élargie

·  Prévention situationnelle dans les lieux à risque

 

·  Plans de sécurité

·  Interventions organisationnelles

 

Systèmes écologiques               

 

·  Éducation parentale

·  Renforcement des capacités communautaires

 

·   Formation des témoins responsables

·   Tutelles habilitantes

·   Interventions auprès des communautés à risque

Interventions auprès des familles, des pairs, des écoles, des agences de services et des communautés « à problèmes ».

 

Donald Findlater : après une carrière dans le service de probation à gérer le travail avec les délinquants sexuels, Donald a rejoint l’organisation caritative de protection de l’enfance, The Lucy Faithfull Foundation, en 1995 pour diriger le seul centre résidentiel d’évaluation et de traitement pour les hommes ayant fait l’objet d’allégations ou de condamnations pour abus sexuels sur des enfants – Wolvercote Clinic – au Royaume-Uni. Depuis, il a été à l’origine d’un certain nombre de développements en matière de prévention des abus sexuels sur les enfants, notamment les cercles de soutien et de responsabilité, Parents Protect et Stop it Now ! Royaume-Uni et Irlande.

Ward, T. and Siegert, R.J. (2002) Toward a Comprehensive Theory of Child Sexual Abuse: A Theory Knitting Perspective. Psychology, Crime and Law, 8, 319-351.

Le modèle des parcours ou des « cheminements » de Ward et Siegart  (Pathways Model)  suggère qu’un certain nombre de voies différentes peuvent conduire à un comportement sexuellement abusif. Sur la base de différents groupes de symptômes, Ward et Siegert ont identifié cinq voies causales différentes pour le développement d’un comportement sexuel délictueux :

  • déficits d’intimité
  • processus de pensée déviants,
  • dérégulation émotionnelle,
  • cognition antisociale (s’arroger un droit (entitlement) et peu de considération pour les besoins émotionnels et psychologiques d’autrui)
  • et de multiples mécanismes dysfonctionnels impliquant tous les symptômes associés aux voies précédentes.

Dans le modèle, les facteurs de stress situationnels servent de déclencheurs aux agressions sexuelles, et les déclencheurs spécifiques varient selon le profil particulier des causes sous-jacentes de chaque individu.
Les données provenant d’autres domaines de la psychologie soutiennent le modèle de parcours de Ward et Siegert, mais la théorie ne bénéficie que de peu de soutien direct dans la recherche sur les délinquants sexuels, et il existe des des preuves qui suggèrent que les individus dans les cinq parcours partagent un grand nombre de traits communs (Simon, 1997, 2002). Néanmoins, le modèle des parcours présente un certain nombre de nombreux points forts, notamment une description approfondie des facteurs impliqués dans la délinquance sexuelle et sa capacité à unifier les aspects prometteurs d’autres théories.

 

Comme les théories antérieures sur les délits sexuels, le modèle des parcours de Ward et Siegert affirme qu’un mécanisme est prédominant pour chaque auteur de délit sexuel. Cependant, il s’appuie sur les travaux de Hall et Hirschmann en identifiant les voies de la délinquance. Ce modèle a été formulé à l’aide d’une approche d’intrication théorique, en prenant les meilleurs éléments des modèles précédents et en les intégrant dans un cadre unique.

 

 

pour aller plus loin, en particulier vers l’exploration de causes neurobiologiques à l’agression sexuelle : Doucet, C. (2004). L’étiologie de l’agression sexuelle : vers l’intégration de la composante neurobiologique. Psychiatrie et violence, 4. 

Source: Levenson, J. S., & Grady, M. D. (2016). The influence of childhood trauma on sexual violence and sexual deviance in adulthood. Traumatology, 22(2), 94–103. https://doi.org/10.1037/trm0000067

Résumé: L’objectif de cette étude était de déterminer l’influence de divers types d’adversité dans l’enfance sur la déviance sexuelle ultérieure et le comportement sexuellement violent. Les données ont été recueillies auprès de plus de 700 délinquants sexuels condamnés dans le cadre de programmes de traitement ambulatoire et en milieu fermé dans l’ensemble des États-Unis. À l’aide de l’échelle ACE (Adverse Childhood Experiences) en 10 points, les participants ont été interrogés sur les mauvais traitements subis pendant l’enfance et sur les dysfonctionnements familiaux. Pour les délinquants sexuels de sexe masculin, les facteurs qui prédisent de manière significative la déviance sexuelle sont les abus sexuels pendant l’enfance, la négligence émotionnelle et le fait d’avoir des parents non mariés. Les facteurs qui prédisaient de manière significative une délinquance sexuelle violente comprenaient la violence physique dans l’enfance, l’abus de substances dans le foyer dans l’enfance, la maladie mentale dans le foyer et le fait d’avoir un membre de la famille incarcéré. Les scores ACE étaient significativement plus élevés pour les délinquants généralistes que pour ceux spécialisés dans les crimes sexuels. Les résultats soulignent la nécessité pour les cliniciens d’évaluer l’existence d’une adversité précoce, de comprendre le rôle des événements traumatiques dans le développement de la criminalité et des comportements abusifs, et d’utiliser des pratiques de conseil tenant compte des traumatismes. En termes de politique, investir dans des services de prévention pour les enfants maltraités et les familles à risque est une étape importante pour rompre le cycle de la violence interpersonnelle et de la criminalité dans nos communautés.

Comparaison des scores ACE des délinquants sexuels masculins avec la population générale (Levenson et. al., 2016)

  • Abus sexuel X 3
  • Abus physique X 2
  • Violence verbale X 13
  • Négligence émotionnelle et appartenance à un foyer brisé X 4
  • Moins de 16 % des délinquants sexuels ont déclaré zéro ACE
  • Plus de 50 % d’entre eux ont 4 ACE ou plus

Voir égalment, sur le même sujet, et l’implication pour les prises en charge: “Hurt People Hurt Other People”: The Link Between Past Trauma and Sexual Offending, Melissa D. Grady, Jill S. Levenson, Jessica Glover, Shelley Kavanagh, Katharine Carter , Sexual Offending: Theory, Research, and Prevention, 2022, Vol. 17

Les chercheurs, les cliniciens et les décideurs politiques cherchent depuis longtemps à comprendre les causes profondes de la violence sexuelle. Récemment, le traumatisme a fait l’objet d’une attention particulière en tant que facteur potentiel de développement de la délinquance sexuelle (Creeden, 2009 ; Grady et al. 2017 ; Levenson, 2020) en raison des taux élevés et bien documentés d’expériences négatives dans l’enfance (ACE) chez les personnes qui ont été victimes de violences sexuelles (Abbiati et al., 2014 ; Drury et al., 2017 ; Levenson et al., 2015 ; Levenson et al., 2016 ; Levenson, Baglivio, et al., 2017 ; Reavis et al., 2013). La recherche démontre les relations directes et indirectes entre divers ACE et le comportement criminel subséquent (Tripodi & Pettus-Davis, 2013 ; Wolff & Shi, 2012), y compris la délinquance sexuelle (Grady, Yoder, et al., 2021 ; Marotta, 2021 ; Yoder et al., 2020 ; Yoder et al., 2019). Bien que la littérature soit de plus en plus abondante, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle des traumatismes dans le développement des comportements sexuellement violents afin d’éclairer les efforts de prévention et d’intervention.

 

Par rapport à la population générale, les personnes qui ont commis des infractions sexuelles ont déclaré des taux plus élevés d’abus sexuel, de violence physique, de violence verbale et de négligence émotionnelle das l’enfance, et ils étaient plus susceptibles d’avoir été élevés par des parents célibataires dans des foyers turbulents (Drury et al., 2017 ; Levenson et al., 2016). Par rapport aux autres adolescents pris en charge par la justice juvénile, les jeunes qui ont commis des infractions sexuelles présentaient des taux de prévalence significativement plus élevés de de violence physique, d’abus sexuel, de négligence physique et de dysfonctionnement du ménage (Levenson, Baglivio, et al., 2017). En outre, les chercheurs ont constaté des corrélations entre le nombre d’événements défavorables vécus dans l’enfance et la gravité et la fréquence de la violence et des comportements délinquants (Levenson & Grady, 2016 ; Levenson & Socia, 2016 ; Marotta, 2021).
Les personnes ayant fait l’objet d’une condamnation pénale pour des délits sexuels ont tendance à présenter des taux plus élevés de traumatismes complexes, définis comme l’accumulation de traumatismes multiples qui sont souvent chroniques et incessants (Courtois, 2004 ; Drury et al., 2017 ; Levenson et al., 2016 ; Levenson & Socia, 2016 ; Stensrud et al., 2019). Les événements traumatiques sont vécus de manière unique par chaque personne, et leurs impacts varient en fonction de la signification attachée à l’expérience et des caractéristiques de résilience de chacun (SAMHSA, 2014).

Les traumatismes de l’enfance ne sont pas directement à l’origine de la délinquance, mais un niveau plus élevé d’adversité précoce est associé à un début d’activité sexuelle précoce et à des taux plus élevés de maladies sexuellement transmissibles, de délinquance sexuelle, de promiscuité et de prostitution (Dietz et al. , 1999 ; Hillis et al., 2000 ; Levenson, Willis, et al., 2017 ; Naramore et al., 2017).
Les enfants maltraités sont donc plus susceptibles d’adopter des comportements sexuels à risque et de violer les limites d’autrui.

 

Résumé de “Hurt People Hurt Other People”: The Link Between Past Trauma and Sexual Offending
Contexte : De plus en plus de recherches documentent les taux élevés de traumatismes chez les personnes qui ont commis des délits sexuels. Pourtant, la relation entre la victimisation antérieure et la délinquance sexuelle subséquente n’est toujours pas claire. Objectif : En incluant les voix et les perspectives des personnes reconnues coupables d’infractions sexuelles, nous avons cherché à renforcer la compréhension des professionnels sur le lien entre la victimisation et la délinquance.
Méthode : Cette étude qualitative a utilisé une enquête en ligne pour recueillir des données auprès d’individus condamnés pour des infractions sexuelles (n = 195) dans le but de comprendre  leurs perceptions du lien entre le traumatisme et la délinquance et ce qu’ils aimeraient que les prestataires de services de soins connaissent de ces liens.
Résultats : L’analyse des données a permis de dégager cinq grands thèmes : Relation entre le traumatisme et la délinquance (n = 91), la reconnaissance du lien (n = 57), les effets spécifiques du traumatisme (n = 48), traitement individualisé (n = 34) et reconnaissance de l’humanité (n = 26).
Conclusions : Les participants ont perçu un lien étroit entre leur propre victimisation et les infractions sexuelles subséquentes. En outre, ils ont formulé des recommandations spécifiques à l’intention des soigants, y compris l’individualisation du traitement en mettant l’accent sur l’humanité et la compassion. Les implications pour une pratique et une politique tenant compte des traumatismes sont discutées.

 

Idées reçues sur la délinquance sexuelle parentale

Source : La délinquance sexuelle parentale  , Prof Jane Goodman-Delahunty & Kate O’Brien, School of Psychology &Australian Graduate School of Policing and Security

Une étude de l’ Australian Institute of Criminology  a compilé les données des AICS pris en charge entre 1989 et 2003 au « Cedar Cottage » (N=215) : tous des abuseurs intrafamiliaux (pères ou beaux-pères), d’âge moyen de 39,7ans, la majorité avaient un emploi stable (68%), la majorité était dans une relation à long terme (64% étaient mariés, 22% comme si), sur une période de suivi de 4 à 19a (moyenne de periode de suivi=9,1a).

Les données compilées de l’étude australienne  des Prof Jane Goodman-Delahunty & Kate O’Brien, a montré que:

Idées reçues (donc fausses!):

  • La plupart des délinquants parentaux n’ont pas de liens biologiques avec les victimes
  • La plupart des victimes sont post-pubères
    • [voir l’infographie sur l’âge des victimes]
    • [Finkelhor (1986) passe en revue les facteurs de risque de maltraitance chez les filles. La vulnérabilité tend à être plus élevée chez les filles âgées de 10 à 12 ans, et les filles victimes sont plus susceptibles d’avoir vécu sans leur père naturel et avec un beau-père, d’avoir eu une mère employée à l’extérieur du foyer, ou malade ou handicapée, d’avoir été témoin de conflits parentaux et d’avoir une mauvaise relation avec l’un de leurs parents)]
    • [A noter que les femmes qui ont été violées avant l’âge de 18 ans sont deux fois plus susceptibles d’être violées adultes (Krug et al., 2002)]
  • Les garçons sont les principales victimes
    • [voir l’infographie sur la répartition des victimes]
    • [Pour les filles, l’agresseur est plus souvent un membre de la famille ou une connaissance. Les garçons sont plus nombreux que les filles à être abusés par des inconnus (Finkelhor (1986)]
  • La plupart des auteurs d’infractions ont été victimes d’abus
    • [Bien que les abus subis puissent augmenter le risque de comportements criminels, tous les délinquants n’ont pas été victimes d’abus, et tous les individus ayant subi des abus ne deviennent pas délinquants]
  • Les enfants extrafamiliaux sont à risque
    • [Une étude réalisée par l’Institut National d’Études Démographiques (INED) en France révèle que parmi les femmes ayant été victimes d’agressions sexuelles durant leur enfance, une grande partie des agresseurs étaient des membres de la famille]
    • [une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a montré que près de 80 % des violences sexuelles sont commises par des personnes connues de la victime, souvent des membres de la famille]
  • L’abus est généralement un événement isolé.
    • [voir l’infographie sur la fréquence des abus]
  • Les infractions pénétratives sont rares.
    • [voir l’infographie sur la nature des abus]
  • Les risques de récidive sont similaires aux autres délinquants sexuels d’enfants.
    • [Les agresseurs d’enfants qui ciblent uniquement des victimes à l’intérieur de leur famille (auteurs d’inceste) présentent un risque de récidive systématiquement plus faible que les autres délinquants sexuels (Hanson et Bussière, 1998)]
    • Voir également l’étude d’Hanson et Harris sur le sujet (2004)
  • Les délinquants sexuels parentaux ne commettent que des délits sexuels

Nature et fréquence des comportements infractionnels répertoriés

Délinquance sexuelle parentale

  • Effets durables et dévastateurs sur les victimes et les familles ; « coûts oppressifs substantiels » (Broadhurst & Ferrante (1992). Crime and Justice Statistics for Western Australia)
  • Sous-représentation, diminution du nombre de poursuites, peu de condamnations, courtes peines, rareté de l’incarcération
  • Recherche visant à identifier les délinquants sexuels à haut risque dans les prisons, principalement extrafamiliaux, peu intrafamiliaux
  • Le profil de risque des délinquants sexuels parentaux est peu développé
  • Besoins criminogènes, facteurs de protection et de risque mal définis
  • Outils d’évaluation du risque insensibles à ce sous-groupe
  • Les initiatives visant à gérer la délinquance parentale peu développées
              = pas de politique fondée sur des données probantes pour les délinquants à faible risque

Traitement en détention inefficace

  • Politique axée sur l’évaluation, le traitement, l’enregistrement et la détention des délinquants sexuels extrafamiliaux à haut risque (Inhibition de la divulgation, réduction du nombre de signalements, diminution des poursuites judiciaires)
  • Abuseurs sexuels parentaux évalués comme à faible risque (score 0-1 avec la STATIC-99R)
  • Les peines courtes empêchent la mise en place d’un traitement
  • Recherche d’une détention qui protège, exclusion du traitement
  • Traitement de groupe destiné aux délinquants extrafamiliaux
    • Effet négligeable sur les délinquants à faible risque (Andrews & Bonta, 2006)
    • L’exposition à des délinquants à haut risque augmente la récidive chez les délinquants à faible risque (Wakeling et al 2012)
  • Pas de preuve d’un traitement efficace en détention
    • plus de bénéfices à participer à des interventions moins intensives

Gestion du risque des abus sexuels parentaux

  • « Risque faible » mais pas “absence de risque” ; conséquences pour les victimes
  • Sous-type de délinquant sexuel infantile insuffisamment étudié
  • Déficit de politique pénale, nécessité d’évaluer les options alternatives
  • Viabilité de réponses communautaires inconnue
  • Peu de programmes de déjudiciarisation, rares évaluations formelles (Exception : NSW Pre-trial Diversion Program (1992 ; 2009)
  • Le risque dynamique est la clé de la gestion
  • Les instruments de mesure du risque sont insensibles aux facteurs dynamiques chez les délinquants sexuels parentaux: Recommandation de l’auteure d’utiliser la VRS-SO, l’Échelle de risque de violence – Version pour délinquants sexuels (VRS-SO, Wong, Olver Nicholaichuk & Gordon 2003))

 

Jane Goodman-Delahunty est professeur à la faculté de droit de l’université de Newcastle et membre du tribunal civil et administratif de Nouvelle-Galles du Sud. Formée en droit et en psychologie cognitive, elle mène des études empiriques transdisciplinaires afin de promouvoir des pratiques fondées sur des preuves pour améliorer la justice. Elle a obtenu plus de 9 millions de dollars de financement pour ses recherches et a publié plus de 200 articles et ouvrages scientifiques. Elle a été professeur invité en Chine, en Angleterre, à Hong Kong, en Inde et au Japon. Nommée membre de l’American Psychological Association en 1996, elle a été rédactrice en chef de Psychology, Public Policy, and Law. Avant d’occuper un poste universitaire en Australie, elle a pratiqué le droit pendant 20 ans dans les secteurs privé et public. Elle a été juge administratif pour la Commission américaine pour l’égalité des chances en matière d’emploi et médiatrice auprès de JAMS. Le professeur Goodman-Delahunty a dirigé des projets de recherche internationaux et formulé d’importantes recommandations pour la réforme de la justice sur des sujets tels que le harcèlement sexuel, les interrogatoires de police, les processus d’interrogation, l’interprétation juridique et l’évaluation des blessures psychologiques. Le professeur Goodman-Delahunty travaille au niveau international en tant qu’expert consultant en matière de mémoire humaine, de comportement des jurés et d’agressions sexuelles sur des enfants et des adultes.

Delinquance sexuelle parentale_goodman-delahunty

Lussier et al. (2011) ont constaté qu’un petit nombre de délinquants sexuels (11 %) étaient responsables de plus de 300 délits sexuels, ce qui contraste avec les 40 % qui étaient responsables d’un délit sexuel chacun.

Source: Lussier, P., Bouchard, M. & Beauregard, E. (2011). Patterns of criminal achievement in sexual offending: Unravelling the “successful” sex offender. Journal of Criminal Justice, 39, 433–444.

Résumé: « Objectif : La présente étude examine les variations significatives de la « réussite » criminelle chez les délinquants sexuels. Pour examiner le délinquant sexuel « prospère», l’étude propose un concept de réussite dans la délinquance sexuelle défini comme la capacité de maximiser les gains d’une opportunité criminelle tout en minimisant les coûts.

Méthodes : L’étude est basée sur un échantillon de délinquants sexuels masculins adultes condamnés, à l’aide de données longitudinales rétrospectives.

Résultats : Les résultats de l’étude montrent une grande variation dans les réalisations criminelles, une variation qui n’est pas corrélée avec la sévérité des peines infligées ou les scores de risque actuariel obtenus par ces délinquants. Les délinquants qui se spécialisent dans les crimes sexuels se révèlent être les plus productifs et les moins détectés. Deux types de délinquants performants émergent, le premier s’appuyant sur ses antécédents conventionnels pour cibler une victime qui peut être abusée de manière répétée pendant une longue période sans être détectée. Le second est un délinquant plus jeune qui réussit dans le sens où il est capable de mener à bien des agressions sur plusieurs victimes.

Conclusions : Les résultats suggèrent que le délinquant sexuel qui réussit n’est pas « détecté » une fois qu’il entre dans le système de justice pénale, et qu’il n’est pas non plus traité d’une manière qui pourrait le dissuader de récidiver sexuellement à l’avenir.

Lorsque l’on examine le ratio événement-victime, il est clair que la norme est de ne commettre qu’une seule infraction contre la même victime. Au total, plus de 40 % de cet échantillon se caractérisent par un ratio de productivité de 1 ou moins. En revanche, à l’autre extrémité du continuum, un peu plus de 11 % de l’échantillon avait un ratio de productivité supérieur à 300. Deuxièmement, ce qui semble avoir facilité un ratio événement-victime élevé pour les délinquants les plus productifs, c’est leur capacité à retarder la détection. Alors que pour les délinquants les moins productifs, le délai moyen entre le début de l’infraction et la sanction était légèrement inférieur à 16 mois, il était proche de 20 ans pour les délinquants les plus productifs (>600 et plus). Troisièmement, la productivité des délinquants n’est manifestement pas liée à la peine. Ainsi, le fait de commettre une ou 300 infractions contre la même victime conduit, plus ou moins, à la même peine d’emprisonnement. Il s’agit également d’une question d’évitement des coûts, c’est-à-dire que les délinquants les plus productifs ont reçu la même peine (plus ou moins) que les délinquants moins productifs, même s’ils ont été impliqués dans un nombre beaucoup plus élevé d’actes criminels.

Patrick Lussier (Université de Laval) École de travail social et de criminologie , Faculté des sciences sociales , Université Laval

Projets en cours:

  • Déconstruire la notion de risque de récidive sexuelle : un observatoire international des recherches et des pratiques
  • Les enfants présentant des troubles du comportement sexuel : Les services spécialisés influencent-ils leur trajectoire au sein des services de protection de l’enfance ?
  • Une étude évaluative quasi-expérimentale d’un programme de traitement des délinquants sexuels en milieu carcéral
  • Les voies de la violence et de la désistance
    Examen du rôle et de l’impact de la réceptivité individuelle à l’intervention et de son impact sur le retour dans la communauté et la réintégration après la libération de la prison
  • Exploitation sexuelle chez les mineurs – Centre Jeunesse de Québec
  • Un examen longitudinal du risque et des besoins à travers les trajectoires de délinquance d’intermittence et de désistance
  • Comportements sexuels non normatifs chez les enfants – Étude longitudinale prospective d’enfants et de familles orientés vers le système de protection de l’enfance
  • Une étude longitudinale sur la désistance de la criminalité chez les individus précédemment condamnés pour un crime sexuel
  • L’étude longitudinale de Vancouver sur le développement psychosocial des enfants
  • Traitement, adaptation psychosociale et récidive chez les agresseurs sexuels (GRAS)

Voir aussi: Repeat Rape and Multiple Offending Among Undetected Rapists,  David Lisak University of Massachusetts, Boston &  Paul M. Miller Brown University School of Medicine Providence 

  • Dans un échantillon d’étudiants universitaires de sexe masculin ayant déclaré des comportements répondant aux définitions légales du viol mais n’ayant jamais été poursuivis, la majorité (n = 76) était responsable de presque tous les viols (439 sur 483)
  • 44 étudiants ont déclaré un acte chacun. (Lisak & Miller, 2002).

La typologie criminelle de Ressler, développée par Robert K. Ressler et ses collègues du FBI dans les années 1970 et 1980, a été influente dans le domaine du profilage criminel. Cependant, son utilisation actuelle est moins répandue qu’auparavant.

Voici quelques points clés à considérer :

  1. Évolution des méthodes : Les techniques de profilage criminel ont considérablement évolué depuis l’époque de Ressler. Des approches plus empiriques et basées sur des données ont gagné en importance.
  2. Critiques : La typologie de Ressler a fait l’objet de critiques concernant sa validité scientifique et son applicabilité universelle.
  3. Utilisation mixte : Bien que certains éléments de la typologie de Ressler puissent encore être utilisés dans certains contextes, elle n’est généralement plus considérée comme l’outil principal dans les enquêtes criminelles modernes.
  4. Nouvelles approches : Des méthodes plus récentes, comme l’analyse comportementale et l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’analyse des données criminelles, ont pris de l’importance.
  5. Formation : La typologie peut encore être enseignée dans certains programmes de formation en criminologie ou en psychologie forensique, mais plutôt comme un élément historique du développement du profilage criminel.

Voir sur le sujet : Who invented the classification of organized, disorganized and mixed serial killers?

Qu’est-ce que cette typologie tueurs organisés/désorganisés?

Afin de proposer de nouvelles classifications, le FBI a clairement utilisé la psychiatrie et le DSM-III, puis sa version ultérieure, le DSM-IV. C’est là que se trouve l’origine de sa fameuse classification en tueurs en série organisés / tueurs en série désorganisés / et tueurs en série mixtes, comme l’ont reconnu quatre des premiers agents à l’origine du BSU du FBI (Behavioral Science Unit), à savoir Robert K. Ressler, John Douglas, Roy Hazelwood et Dick Ault.

John E. Douglas M.S.Robert K. Ressler M.S.Ann W. Burgess R.N., D.N.Sc.Carol R. Hartman R.N., (1986) Criminal profiling from crime scene analysis, Behavioral science and the law, Volume4, Issue, Autumn (Fall) 1986

Hazelwood, R. R., & Douglas, J. E. (1980). The Lust Murderer (pp. 18-22). FBI Law Enforcement Bulletin, US Department of Justice.

Burgess, A. W., Hartman, C. R., Ressler, R. K., Douglas, J. E., & McCormack, A. (1986). Sexual homicide: A motivational model. Journal of Interpersonal Violence, 1(3), 251–272

Burgess, Burgess, Douglas, Ressler, Crime Classification Manual, Ed. Jossey-Bass, 1997.

Burgess Ann, Hazelwood Robert, Practical Aspects of Rape Investigation – A Multidisciplinary Approach, Ed. CRC Press, 1995

Cette classification est en réalité une traduction en langage policier et criminologique du DSM-IV, dont ils sont les parents.

« Nous avions besoin d’une terminologie qui ne soit pas basée sur le jargon psychiatrique pour définir les différents types de délinquants et pour que la police et les autres agents chargés de l’application de la loi puissent la comprendre » (Robert K. Ressler) (Robert K. Ressler y Tom Shachtman (1998) I have lived in the Monster, New York, St. Martin’s Press).

« Il ne sert à rien de dire à un agent que ce qu’il recherche est une personnalité psychotique si cet agent n’a pas de formation en psychologie ; nous devions parler aux policiers en des termes qu’ils puissent comprendre et qui les aident dans leur recherche de meurtriers, de violeurs et d’autres criminels violents. Au lieu de dire qu’une scène de crime présentait des preuves d’une personnalité psychopathique, nous avons commencé à dire à l’agent que la scène de crime était ‘organisée’ et que l’auteur possible l’était aussi, alors que dans une autre scène, l’auteur pouvait être ‘désorganisé’, lorsqu’un trouble mental – schizophrénie ou psychose – était présent » (Robert K. Ressler)

La troisième catégorie, celle des tueurs en série mixtes, qui présentent des caractéristiques des deux groupes, comme l’Américain Jeffrey Dahmer, qui a assassiné 17 hommes, ou l’Espagnol Manuel Delgado Villegas, « El Arropiero », est la dernière qu’ils ont créée.

« Nous avions besoin d’une terminologie qui ne soit pas basée sur le jargon psychiatrique pour définir les différents types de criminels et pour que la police et les autres agents chargés de l’application de la loi puissent la comprendre » (Robert K. Ressler)

LE TUEUR EN SÉRIE ORGANISÉ =  PSYCHOPATHE

Dans la classification du FBI, le tueur organisé correspond à la définition du psychopathe, le criminel qui souffre d’un trouble de la personnalité antisociale. Ce type de tueur planifie ses crimes à l’avance et utilise des ruses ou des tromperies pour réduire ses victimes, qui sont généralement des étrangers.

Il efface les empreintes et les traces qu’il a pu laisser et modifie la scène du crime pour désorienter les enquêteurs. C’est un type de tueur qui s’améliore à chaque crime. Ils se perfectionnent avec l’expérience et sont très difficiles à attraper.

Beaucoup d’entre eux transportent, lorsqu’ils partent à la « chasse », ce que l’on appelle la « mallette de l’agresseur ». Il s’agit de cordes, de menottes, de rubans adhésifs ou de tout type d’objet qui sera utilisé plus tard pour immobiliser leur victime.

Ils sont tellement intelligents qu’il est tout à fait normal qu’après leur capture, ils se fassent passer pour fous ou prétendent avoir souffert d’un trouble mental transitoire, ce qui impliquerait, dans les deux cas, que la personne n’était pas maîtresse d’elle-même et ne se rendait pas compte de ce qu’elle faisait.

Le délinquant organisé (Ressler et al. 1988)
(a) Il semble planifier ses meurtres.
(b) Il cible ses victimes.
(c) Il exerce un contrôle sur le lieu du crime.
(d) Il utilise souvent une ruse pour prendre le contrôle d’une victime.
(e) Il est adaptable et mobile, et apprend d’un crime à l’autre.
(f) Il utilise souvent des moyens de contention et des kits de viol.
(g) Il utilise sa propre arme et l’enlève une fois qu’il a terminé, afin d’éviter les empreintes digitales.
(h) Il s’efforce d’effacer les empreintes digitales et le sang de la scène de crime.; parfois, ce besoin d’éviter d’être détecté signifie que le suspect laisse la victime nue ou  décapitée.
(i) Il prélève des « trophées » sur la scène du crime. Ces trophées sont  le reflet des fantasmes du suspect après le crime et la reconnaissance de  ce qu’il a accompli.
(j) Il vivra apparemment une vie normale. Il peut être raisonnablement séduisant et grégaire et se sentir supérieur à presque tout le monde.
(k) Il met en scène le crime pour confondre la police. Il va délibérément tromper la police en laissant de fausses traces sur les lieux du crime.

LE TUEUR EN SÉRIE DÉSORGANISÉ = MALADE MENTAL (souvent)

Le deuxième type de tueur en série est le désorganisé, qui correspond au psychotique, au malade mental, presque toujours de type schizophrène, paranoïaque ou délirant, comme Francisco García Escalero, le « mendigo asesino » (tueur de mendiants), auteur de 10 meurtres à Madrid.

Ressler et al. (1988) soulignent que la désorganisation peut être  le résultat de la jeunesse, du manque de sophistication criminelle, de la consommation de drogues et d’alcool et/ou d’une déficience mentale ».

Ce criminel est souvent animé par des délires et des hallucinations. Il « entend » par exemple des voix qui le poussent au meurtre, est saisi d’une jalousie infondée, interprète des gestes ou des regards provocateurs chez sa victime, se sent persécuté, pense que quelqu’un lui a jeté un sort ou se croit un élu qui doit remplir une mission par mandat divin.

La personne désorganisée ne planifie pas ses crimes et ne choisit pas ses victimes de manière logique. L’emplacement de la scène du crime reflète la confusion et le désordre qui règnent dans son esprit. Les victimes sont souvent gravement blessées en raison de la résistance qu’elles opposent à une attaque par surprise.

Dans de nombreux cas, une telle scène présente des caractéristiques mixtes. Le crime peut avoir commencé comme un meurtre organisé et s’être désorganisé sous l’effet de divers facteurs, comme dans le cas de Manuel Delgado Villegas dans le crime de Garraf ou comme dans le cas d’Edmund Kemper, un « placard » de plus de deux mètres, qui a tué 9 personnes.

« Lust Murder »

« le meurtre de luxure (lust murder) est unique et se distingue de l’homicide sadique par l’implication d’une attaque mutilante. fondamentalement, deux types d’individus commettent des meurtres de luxure : la personnalité non sociale organisée et la personnalité asociale désorganisée. Le type nonsocial organisé éprouve du rejet et de la haine pour la société dans laquelle il vit. son hostilité se manifeste ouvertement et le meurtre de luxure en est l’expression finale. Le type asocial désorganisé éprouve également de la haine pour son monde, mais il est replié sur lui-même, intériorisé, jusqu’à ce qu’il passe à l’acte en commettant le meurtre. Certains facteurs peuvent indiquer le type de personnalité impliqué dans un meurtre de luxure : l’emplacement du corps, les preuves de torture ou de mutilation avant la mort, les traces de sang de la victime, les preuves de viol et la disponibilité de preuves matérielles sur la scène du crime. Le crime est prémédité, mais il s’agit d’un crime d’opportunité dans lequel la victime n’est généralement pas connue du meurtrier. Le recours au profilage psychologique dans ce type de crime peut aider à déterminer le type de personnalité en cause, mais ne doit pas modifier ou remplacer les mesures d’enquête prescrites (Hazelwood & Douglas, 1980)

Burgess (1986) propose quant à lui un compte rendu complet de l’agression sexuelle sadique et propose un modèle motivationnel dans lequel les fantasmes sadiques et les structures cognitives soutenant l’acte de meurtre sexuel, occupent une place centrale. L’hypothèse de cinq phases de développement en interaction est avancée :

(1) des environnements sociaux inefficaces au début de la vie qui altèrent les liens d’attachement ;
(2) des événements traumatiques formateurs, tels que des modèles déviants et l’expérience d’abus, qui génèrent des fantasmes de contrôle et d’agression comme moyens d’adaptation ;
(3) des réponses structurées telles que l’isolement social, l’autoérotisme et la rébellion qui limitent les expériences interpersonnelles correctives, et le développement de structures cognitives favorisant une vision autojustificatrice et antisociale du monde et de soi ;
(4) des actions envers les autres, telles que la cruauté envers les enfants et les animaux, qui renforcent la violence et retardent le développement de l’empathie ;
(5) un filtre de rétroaction qui entretient les schémas de pensée déviants.
(Ce modèle est similaire aux modèles sociocognitifs de la délinquance agressive)

La Behavioral Science Unit (BSU)

La BSU du National Center for the Analysis of  Violent Crime du FBI est un département spécialisé dans l’enquête et la capture de tueurs en série sur l’ensemble du territoire américain. Elle est né en 1972 au siège du FBI à Quantico, en Virginie, mais elle a connu son essor sous les deux mandats du président Ronald Reagan (1981-1989), en réponse aux taux de criminalité élevés qui sévissaient aux États-Unis au début des années 1980.

Un tueur en série pouvait tuer des femmes et des hommes dans plusieurs États – comme c’était le cas – et, en raison de l’absence d’une force de police nationale aux États-Unis, à l’instar de la police nationale ou de la Guardia Civil en Espagne, et du manque de coordination entre les 50 polices d’État, les 3 033 polices de comté et les polices locales, il pouvait parcourir le pays sans même être détecté.

Les importantes ressources humaines et matérielles du FBI et son budget renforcé lui ont permis d’occuper une position de coordination nationale dans le domaine des enquêtes sur les crimes difficiles à élucider, dans lesquels les victimes et les tueurs n’ont aucune relation préalable. Il a également utilisé les moyens informatiques les plus modernes disponibles à l’époque.

Homicide narcisso-sexuel (lust murderer)

Il s’agit du meurtre ou de l’assassinat qui est commis afin d’éprouver une jouissance sexuelle et/ou narcissique.

En l’absence de mobile classique ou apparent (crapuleux, personnel ou affectif), on parlera de motivation narcisso-sexuelle d’ordre pathologique à des degrés divers. L’homicide narcisso-sexuelle n’est pas uniquement une perversion sexuelle.  L’intention du tueur s’exprime tout autant  dans le viol de la victime que dans la toute-puissance qu’il exerce sur elle. Plus le narcissisme prend pied dans la réalité, plus la pathologie du criminel l’emporte sur la raison.

L’homicide narcisso-sexuel est VIOLENT par définition.

Il s’accompagne souvent de :

  • Sadisme (acharnement, mutilation, égorgement décapitation, castration, énucléation, éventration, éviscération, …)
  • Nécrophilie

Mais un simple étranglement ou un empoisonnement peuvent suffire, dès lors que les circonstances du crime témoignent de l’agonie ou de la résistance de la victime.

MOTIVATIONS

Dominante sexuelle: 

  • Agression dans les parties érogènes
  • Corps dénudé, viol objectal, viol symbolique, introduction d’objets dans les orifices du corps…

Dominante narcissique

  • Mutilation, éviscération….
  • Objets fétichistes à côté du corps, messages obscènes …

Absence de mobile apparent :

Le mobile se définit comme l’ensemble des buts rationnels et apparents par lesquels s’explique une infraction.

Pour s’approprier de l’argent, pour jouir sexuellement, pour gagner du pouvoir…

Le mobile est l’élément qui relie l’assassin à sa victime. Or, les motivations du tueur à système  sont suffisamment singulières pour être incomprises A PRIORI.

Le tueur à système n’est donc pas un meurtrier normal, animés par des mobiles affectifs ou crapuleux.

On a, à ce stade, l’impression d’avoir affaire à un pervers qui aime tuer ou un fou en liberté.

La victime est REIFIÉE (DEPERSONNALISÉE)

Cela signifie que le tueur l’a complètement déshumanisée pour assouvir ses fantasmes criminels.

  • Elle est très souvent inconnue du tueur, ou peu connue (
    • Ceci n’est pas incompatible avec une phase d’approche, de séduction ou de manipulation plus ou moins longue.)
  • Le tueur n’éprouve aucun sentiment à l’égard de sa victime
    • Il désire la connaître dans ses habitudes, dans son intimité pour savoir si elle correspond à son fantasme. Cela lui permet de monter son scenario criminel, ce qui lui permettra d’orienter les enquêteurs vers un tiers susceptible de faire un bon suspect.
  • La victime est réduite à un objet de plaisir, sexuel et/ou narcissique
    • Le tueur commet des actes violents qui compliquent ou compromettent l’identification du corps. Il peut la mutiler gravement ou simplement la retourner face contre terre en la retournant. Toute cette ritualisation de la scène de crime fait alors partie de sa signature.
  • On en déduit son extrême narcissisme
    • Certains éléments révèlent un comportement mégalomaniaque ou mythomaniaque (cas d’Albert FISH se prenant pour le Christ)

Nombre de tueurs à système mènent une DOUBLE VIE : celle de l’homme charmant, exemplaire, bon père de famille de surcroît ; et celle du pervers vorace qui  tue par plaisir.

Tueurs à systéme: Trois homicides narcisso-sexuels pour parler de tueur à système

Cette condition est posée par le F.B.I. depuis 1979.

L’idée est que dans l’hypothèse de deux crimes analogues, il s’agirait d’un simple récidiviste. Il faut savoir que sur près de 800 tueurs à système étudiés dans le monde, 98,5 % étaient des violeurs en série ou des agresseurs sexuels.  Par ailleurs, 300 d’entre eux ont été libérés et TOUS ont récidivé à court terme.

Mais les criminels sexuels ne deviennent pas tous des tueurs à système. Pour décider du caractère annonciateur de la série criminelle, on pourrait retenir dans l’homicide narcisso-sexuel, 5 critères majeurs :

  1. Le crime est violent et l’auteur n’en éprouve aucun remords
  2. Le tueur a eu des relations sexuelles avec sa victime, avant, pendant ou après sa mort
  3. La victime a été fortement dépersonnalisée, surtout après la mort
  4. Le criminel a tué pour manipuler le cadavre (transport, mutilation, trophée [tête]…)
  5. Le tueur n’a pas eu de relation sexuelle mais l’homicide présente une connotation sexuelle

Plus l’activité POST MORTEM est importante, plus le tueur est DANGEREUX et susceptible de RECIDIVER.

Une période d’accalmie sépare les passages à l’acte

Un tueur à système n’est pas un tueur de masse, c’est-à-dire un meurtrier qui dans un court laps de temps va  tuer plusieurs personnes souvent sous l’emprise d’un coup de folie.

Ce n’est pas un le père de famille qui tue tous ses proches avant de se suicider.

C’est un chasseur.

Le scenario d’un meurtre sur l’autre est souvent analogue :

Le mode opératoire évolue. La signature psychologique, elle, ne change pas.

Définition du mode opératoire :  le mode opératoire est ce que fait le criminel lorsqu’il commet son crime.

Définition de la signature : la signature est ce que n’était pas obligé de faire le criminel  pour commettre son crime. C’est ce que doit accomplir l’auteur pour se réaliser lui-même.

Le comportement POST mortem du criminel constitue une grande partie de la signature, puisque l’homicide est accompli. C’est donc l’expression la plus visible de son fantasme. C’est ce qui donne un sens à sa vie, ce qui structure son être. Il ne peut donc que le répéter.

Les passages à l’acte présentent des similitudes d’espace-temps

Un tueur à système opère généralement sur  un même territoire de chasse.  Il agit récemment aux abords d‘une ville où il a un point d’attache, temporaire ou non.

Plus il est ORGANISE = plus il contrôle la situation

  • Plus les facteurs ESPACE / TEMPS prennent une importance à ses yeux
  • Les lieux et les dates prennent souvent une dimension symbolique
  • On peut parler alors de scène de crime multiple car le lieu de rencontre est différent du lieu du crime, lui-même différent du lieu de dépôt du corps –sans compter le lieu de séquestration, d’agression, de premier dépôt….

Plus il est INORGANISE = moins il contrôle la situation

  • Il passe brusquement à l’acte. Il ne gère pas son temps et rentre rapidement chez lui ou fuit pour être en sécurité.
  • La manipulation du cadavre est pour lui très importante.
  • Son fantasme le détourne plus ou moins de la réalité et des repères espace-temps.

L’homicide narcisso-sexuel ORGANISE :

Renvoie à un tueur MOBILE qui a un véhicule BIEN ENTRETENU.

  • Mode d’approche : Il capture sa victime suite à une conversation ou une escroquerie au lieu de recourir à la force physique.
  • Choix de la victime: La victime lui est souvent inconnue. Il la sélectionne selon ses critères personnels.
  • Mode opératoire: Il opère des retenues avant le passage à l’acte (séquestration) pour maintenir un contrôle sur elle. Il commet des actes sexuels ante et peri mortem. On parlera de sadisme, sexuel ou non, du vivant de la victime.
  • Scène de crime : reflète son contrôle, en particulier celui du sang
  • Arme: est une arme choisie qu’il porte sur lui
  • Le transport du corps: Le corps est souvent transporté, à partir du lieu du crime, puis dissimulé.
  • Apparence du tueur: Un homme soigné , avenant d’apparence athlétique.

Ted BUNDY: Fils choyé de ses parents qui sont, en réalité, ses grands parents, puisque celle qu’il considérait comme sa sœur était en réalité sa mère. Antécédents psychiatriques : Aucun Comportement pendant l’enfance : Elève ambitieux, réussite scolaire, études de droit. Convivialité. Intégration socio-professionnelle : Très bonne. Fréquentation des mieux intellectuels et politiques. Participe, en tant que volontaire, à des actions sociales. Bénéficie de sympathie générale et de l’admiration des femmes. Ses rêves de réussite se voient couronnés par les fiançailles avec une jeune fille blonde,  issue de la grande bourgeoisie. Malheureusement pour lui, la famille de la fiancée rompt les liens. Bundy accuse le coup avec orgueil et se lie avec une jeune femme qui reste, pendant des années, sa maîtresse attitrée. Quotient intellectuel : au-dessus de la moyenne. Choix des victimes :  Jeune fille blonde. Relation à la victime avant l’acte :   Gentillesse, séduction, comportement rassurant. Mode opératoire : Après avoir convaincu la victime de l’accompagner (parmi les dernières, une fillette de 12 ans qui accepte de l’aider à retrouver une adresse), il l’assomme avec une matraque gardée dans sa manche, la viole et la torture en même temps. Après la mise à mort, il disperse le corps sur le territoire de plusieurs Etats, retourne pour les déterrer et les violer de nouveau. Parfois, il mord et consomme. Sa voiture dispose d’un système de blocage de la porte arrière. Il peut se déguiser en policier pour mieux arriver à ses fins. Comportement après l’acte : Extrêmement organisé, attentif à tous les détails qui empêchent la police de l’identifier. Après son premier interrogatoire en qualité de témoin suspect, il fait semblant d’aider la police. S’estimant plus intelligent que ses poursuivants,  il néglige certains détails lors de ses derniers crimes.  Deux évasions.

L’homicide narcisso-sexuel INORGANISE :

Renvoie à un tueur qui passe à l’acte de manière spontanée, IMPULSIVE et sous le coup de facteurs émotionnels.

  • .Mode d’approche : Il capture sa victime en recourant s’il le faut à la force physique.
  • Choix de la victime: La victime lui est souvent connue, au moins de VUE. Il agit dans sa propre zone géographique. En cas de pluralité de victime, elles ne se ressemblent pas
  • Mode opératoire: Il effectue une attaque-éclair. Le dialogue avec la victime et le temps de séquestration est quasi-nul. Il commet des actes sexuels POST-MORTEM (nécrophilie sexuelle)
  • Scène de crime : Le lieu du crime est choisie au HASARD et laissé en désordre, avec des preuves matérielles et souvent, l’arme du crime.
  • Arme: Il utilise une arme d’OPPORTUNITE qui peut être prise sur place.
  • Le transport du corps: Le corps reste en vue avec de nombreuses traces de sang.
  • Apparence du tueur: Un homme négligé et réservé de type asthénique (longiforme passif).

Otis TOOLE: Jacksonville, Floride. Né en 1947, mort en 1996. Reconnu coupable de 6 meurtres en 1984 alors qu’il en confessait une centaine. (108) Violé depuis son plus jeune âge par son père, puis par son beau-père, poussé à la prostitution par sa sœur Drusilla avant ses 15 ans et initié à la sexualité et à l’ensemble des perversions connues, travesti en femme dès son plus jeune âge par sa mère, initié à des rituels sataniques par sa grand-mère (authentique sorcière qui detterre les cadavres) qui le surnommera « l’enfant du diable ». Souffre-douleur de ses camarades à l’Ecole. A des érections lorsqu’il met le feu dès ses 5 ans. Commet son premier meurtre à 14 ans en écrasant un véhicule sur une personne. QI de 75 (mentalement attardé) Deviendra l’amant de Henry Lee Lucas, autre tueur à système

L’homicide narcisso-sexuel MIXTE :

Renvoie à un tueur qui emprunte des caractéristiques des deux modèles précédents.

Plusieurs cas de figure :

-Il se peut qu’il y ait deux auteurs, l’un organisé, l’autre pas.

– la jeunesse ou la vieillesse du criminel

– la dépendance à des drogues ou à l’alcool

– la survenance d’événements inattendus ou de stresseurs externes

– la résistance imprévue de la victime

– ….

Albert FISH. New York, (1870-1936), 64 ans au moment de son arrestation. Avoue au moins 100 victimes. L’expert qui l’a écouté considère que le nombre d’enfants victimes s’élèverait à 400. Condamné à mort et exécuté sur la chaise électrique dans la prison de Sing Sing en 1936. Il a fallu s’y prendre à 2 reprises car les aiguilles faisaient court-circuit. Fut l’un des plus grands pervers de l’histoire du crime.Albert FISH:  New York, (1870-1936), 64 ans au moment de son arrestation. Avoue au moins 100 victimes. L’expert qui l’a écouté considère que le nombre d’enfants victimes s’élèverait à 400. Condamné à mort et exécuté sur la chaise électrique dans la prison de Sing Sing en 1936. Il a fallu s’y prendre à 2 reprises car les aiguilles faisaient court-circuit. Fut l’un des plus grands pervers de l’histoire du crime.

Situation familiale : Orphelin de père à 5 ans, fratrie de 12 enfants à la charge de la mère. Confié à un orphelinat où il laisse le souvenrir d’un enfant nerveux, instable, fugueur, n’ayant pas le sens de la propreté ou d’une alimentation raisonnable.

Sadique, il torture les animaux (mise à feu de la queue d’un cheval) et accepte avec un plaisir masochiste les punitions corporelles sur son corps nu. Il semble qu’il provoque souvent ces punitions  afin de ressentir du plaisir lors des fessées. Attirance pour le sado-masochisme dès l’âge de 5 ans.  Premières auto-mutilations dès 6 ans.

Marié, il a 6 enfants mais sa femme le quitte après vingt ans de mariage. Resté seul avec ses enfants, il s’en occupe et leur enseigne les pratiques sado-masochistes. Il se remarie 3 fois sans JAMAIS divorcer.  Bisexuel, il entretient des relations avec de jeunes amants.

Travail  de peu de qualité produit toute sa vie.

Antécédents psychiatriques : Plusieurs membres de sa famille sont alcooliques, déséquilibrés ou déments. Lui-même est plusieurs fois interné pour de courte durée.  Adorait s’introduire dans l’anus des boules de coton imbibés d’essence pour ensuite y mettre le feu.  Prend l’habitude de consommer de la chair humaine, de l’urine et des excréments humains.  A très vite entendu des voix , Dieu lui demandant de tuer.

Comportement pendant l’enfance : Cruauté, instabilité, agitation.

Intégration socio-professionnelle : Sous des apparences de bonhomie et de gentillesse, ses tenues d’ouvrier et de fermier lui confèrent un aspect rassurant.  Occupe les fonctions de peintre en bâtiment.

Quotient intellectuel : au-dessus de la moyenne.

Choix des victimes :  Femme, homme  et surtout enfant. Il choisit surtout des  enfants noirs car les autorités ne cherchent pas à élucider leur disparition.

Relation à la victime avant l’acte :   Gentillesse,  comportement rassurant, serviable, caractère effacé en dehors des périodes de « chasse ». Fait inoffensif.

Mode opératoire : Il séduit les enfants en leur offrant des bonbons ou quelques pièces de monnaie.  Il les attache, et les torture pendant plusieurs jours avant de les tuer. Acte de cannibalisme fréquent.

Explications données : Il dira : « il faut que je sacrifie des enfants comme Abraham, son fils Isaac ».