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Raymond DEPARDON (12 jours) Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience

Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d’un côté un juge, de l’autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie.

 

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Campagne soutenue par le conseil de l’Europe

ENVOYE SPECIAL (28/01/2021) « Parler pour ne plus frapper »

Condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, des auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. De quoi faire vaciller la mécanique de la violence ?

« Je n’avais pas les mots », « pour la justice ce sont toujours les hommes les coupables », « je ne savais pas que même une gifle c’est interdit »… Parfois pour la première fois, ces auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. Ils ont tous été condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, par le parquet de Vesoul.

Confrontés aux conséquences de leurs gestes

Des éducateurs, des psychologues vont tenter de les confronter aux conséquences de leurs gestes, sur leur famille, sur eux-mêmes. Deux jours pour essayer de faire vaciller la mécanique de la violence.

Un reportage de Perrine Bonnet, Claire-Marie Denis et Mikael Bozo diffusé dans « Envoyé spécial » le 28 janvier 2021.  

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European Network for the Work with Perpetrators of Domestic Violence

 

Lignes directrices pour l’élaboration de normes en matière de programmes de prise en charge des auteurs de violence conjugales

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

La violence masculine envers les femmes se produit dans tous les pays européens et constitue un problème grave et répandu. La violence à l’égard des femmes est une manifestation des relations de pouvoir historiquement inégales entre les hommes et les femmes, qui ont conduit à la domination et à la discrimination des hommes à l’égard des femmes et à l’empêchement de la pleine promotion des femmes, et représente une violation généralisée des droits de l’homme et un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des sexes [1].

Les États membres d’organisations internationales telles que les Nations unies et le Conseil de l’Europe, ainsi que les pays de l’UE, sont tenus par le droit international et national d’exercer une diligence raisonnable pour prévenir, enquêter sur et punir les actes de violence, que ces actes soient perpétrés par l’État ou par des personnes privées, et d’assurer la protection des victimes [2].

La violence domestique à l’égard des femmes est un comportement de contrôle de la part du partenaire intime ou de l’ex-partenaire, qui comprend, sans s’y limiter, la violence physique et sexuelle, la violence psychologique, l’isolement, l’abus économique, les menaces, l’intimidation et le harcèlement [3]. La violence contre les femmes au sein de la famille affecte également les enfants qui ont également le droit d’être protégés et de recevoir un soutien.

Les organismes qui gèrent les programmes de prise en charge des auteurs de violences portent une grande responsabilité pour toutes les personnes concernées. Le travail avec les hommes auteurs de violence domestique vise à mettre fin à la violence et à renforcer la sécurité des victimes de la violence domestique (femmes et enfants), mais il doit également être considéré comme s’inscrivant dans un processus plus large de changement culturel et politique visant à abolir les hiérarchies entre les sexes, la violence sexiste et la discrimination sexuelle ainsi que d’autres formes de violence et de discrimination personnelles et structurelles.

Des normes sont nécessaires pour assurer la qualité du travail et surtout pour garantir que la sécurité des victimes est une priorité et que le travail ne met pas en danger les partenaires ou les enfants des participants.

Références

[1] See United Nations Declaration on Violence against women 1993.

[2] See Recommendation Rec(2002)5 of the Committee of Ministers to member States on the protection of women against violence adopted on 30 April 2002.

[3] See Respect Statement of Principles and Minimum Standards of Practice 2004.

Lignes directrices 2018

Des lignes directrices pour établir des normes sont nécessaires pour assurer la qualité d’un travail efficace et sûr avec les auteurs de violence domestique. La sécurité des victimes est une priorité et les interventions doivent garantir que le travail ne met pas en danger les femmes ou les enfants.

Les programmes dans les pays européens sont différents en ce qui concerne le groupe cible, le financement, la base juridique et de nombreux autres aspects et conditions de travail. C’est pourquoi les présentes lignes directrices n’ont pas pour but de donner des instructions détaillées. Elles visent plutôt à offrir aux programmes destinés aux auteurs de délits un cadre permettant de développer des normes spécifiques pour un travail responsable et responsable.

Des mises à jour sont continuellement nécessaires pour intégrer les nouveaux résultats de la recherche et les meilleures pratiques. En tant que tel, le présent document est conçu pour être un document vivant et dynamique, soumis à un processus continu de consultation et de révision.

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

version originale

L’Union européenne vient de publier le manuel « Engage » à destination des professionnels de première ligne pour repérer et inciter les hommes auteurs de violences conjugales à se faire aider. 

En Europe, plus d’une femme sur cinq a subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur compagnon ou ex-compagnon et 43% ont subi des violences psychologiques. En réaction, l’Union européenne vient de publier un manuel à destination des “professionnels de première ligne” pour repérer, prendre en charge et inciter ces auteurs à se faire aider. D’après les chiffres de la HAS, les médecins généralistes sont les premiers concernés puisque 3 à 4 femmes sur 10 présentes dans les salles d’attente seraient victimes de violences conjugales et 1 victime sur 5  a consulté en premier lieu un médecin suite à un incident

S’il ne s’agit en aucun cas de prendre en charge les auteurs de violences et d’identifier le processus qui a conduit aux violences, le manuel insiste toutefois sur plusieurs impératifs : repérer des signes indiquant des violences conjugales dans un discours, aborder le problème de manière directe, encourager et motiver l’auteur à suivre un programme spécialisé mais aussi ; fournir les informations et coordonnées de programmes disponibles.

Engage: un manuel à destination des “professionnels de première ligne”

Si le lien est brisé: Manuel Engage

Le manuel a également pour vocation de casser les idées préconçues. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la violence “ne s’explique pas par le fait que l’agresseur cesse de se maîtriser. La plupart du temps, il s’agit au contraire d’un choix qu’il fait dans le but de contrôler sa compagne ou ex”, précise le guide. Six “tactiques” sont généralement employées pour cela : domination, humiliation, isolement, menaces, intimidation, déni et culpabilisation.

Repérer chez un homme les signes de violences conjugales

Le manuel propose trois manières de fonctionner pour repérer un homme auteur de violences conjugales : un questionnement systématique appliqué à tous, un repérage basé sur des indices ou à partir d’informations d’un tiers. Dans le cas du questionnaire, il est préconisé d’insister sur la notion “systématique” afin d’éviter les suspicions qui pourraient mettre les victimes en danger. A charge ensuite au médecin d’établir si l’information doit rester confidentielle dans un souci de protection des victimes ou si elle peut être rendue publique, dans le cas par exemple où l’auteur sait que les faits sont connus.

Le manuel fournit également une liste d’indices permettant de mieux les repérer. D’abord par rapport au discours de l’homme :

  • si sa vision des relations de couple traduit en réalité des violences (physique, sexuelle, affective, économique, sociale)
  • la jalousie ou une envie de “contrôler” sa compagne
  • des opinions sexistes ou misogynes envers les femmes en général
  • des déclarations d’énervement, des insultes

Mais aussi et surtout, il liste une série d’indices dans le comportement qui peuvent être repérés lors de la consultation :

 

Aborder avec l’homme la question des violences conjugales 

Pour aborder avec l’auteur, les violences et la situation, le manuel préconise…

de passer de questions générales ouvertes à des questions plus spécifiques et plus concrètes quant au recours possible à la violence. En voici une illustration :

 

Comment agir concrètement ? Le médecin ou professionnel peut par exemple…

accepter les minimisations le temps de l’échange, ou examiner le point de vue d’un proche pour faire prendre conscience à l’auteur les conséquences de leur violence sur autrui. Le manuel conseille également de conserver des notes détaillées des échanges qui pourront être utiles pour des échanges avec d’autres services ou en cas de procédure juridique.

 

Motiver les auteurs de violence à se faire aider 

Les professionnels de santé peuvent se retrouver confrontés à un refus ou une opposition nette de la part des auteurs de violences conjugales à se faire aider.  Le manuel conseille de ne pas les mettre “face à la leur mauvais comportement”, mais d’essayer de “renforcer leurs propres valeurs et leurs propres raisons de changer”. L’objectif est donc de responsabiliser l’homme et ne pas hésiter à lui expliquer que beaucoup d’autres hommes ont déjà été aidés par des centres spécialisés.

Guider vers un programme pour les auteurs de violences 

Le médecin peut guider l’homme auteur de violences syndicales vers un programme spécialisé. S’il n’existe pas de programme à proximité, une prise en charge individuelle peut être envisagée. Le manuel invite les professionnels à établir un protocole destiné aux auteurs afin de pouvoir les contacter et leur donner le plus de détails possibles. Les professionnels doivent aussi informer l’homme de la raison pour laquelle il est adressé à ce programme.

 

Dilemmes professionnels et légaux 

Quand faut-il signaler aux autorités une situation à risque pour la sécurité ou le bien de la femme et/ou des enfants ? En quoi le rôle du professionnel peut-il être impacté par les obligations légales ? Et comment faire, dans ce cas, pour maintenir le lien avec l’homme ?

Le manuel insiste sur…

la nécessité de prendre en compte trois critères : l’aspect professionnel (les règles qui encadrent le comportement professionnel afin de protéger le bien-être et les droits de l’usager), l’aspect personnel (faisceau de principes et de jugements devant une situation donnée) et l’aspect légal (les violences étant des délits, elles doivent dans certains cas être signalées aux autorités compétentes). Les médecins doivent aussi se préserver de ces situations qui peuvent les atteindre personnellement, en essayant de travailler le plus possible en équipe, conserver des activités extérieures et faire des pauses.

Conséquences médicales

Les femmes victimes de violences conjugales sont deux fois plus sujettes à la dépression, deux fois plus susceptibles d’être dépendantes à l’alcool, ont 1,5 fois plus de risque d’être contaminées par le HIV, la syphilis, les chlamydias ou les gonorrhées.

Chez les enfants, assister à des scènes peut entraîner de la crainte et de l’anxiété, de la honte, des troubles du sommeil et même une dépression. Physiquement, ces enfants peuvent présenter des maux de ventre ou des maux de tête ainsi qu’une perte de concentration.

Source : le contenu de ce manuel se fonde sur une recension d’articles et d’ouvrages spécialisés, ainsi que la collaboration de professionnel.les de première ligne, d’auteurs de violences et d’expert.es travaillant avec des auteurs, ayant accepté de participer à des discussions de groupe, ou à des entretiens. Ces derniers ont été conduits dans trois pays européens (Espagne, France, Italie).

Voir sur: https://www.egora.fr

FRANCE CULTURE, Emission de bien commun d’Antoine Garapon (03/12/2008) Rétention de sûreté côté psy : le cas des délinquants sexuels

La décision d’une rétention de sûreté repose en grande partie sur le critère de « dangerosité » qui dépend lui-même d’une évaluation du risque de récidive que présente un condamné. Un tel pronostic, nécessairement aléatoire, requiert l’expertise des psychiatres dont le rôle est alors essentiel et la responsabilité engagée.

INTERVENANTS
  • médecin psychiatre, expert auprès des tribunaux
  • Psychiatre des hôpitaux français, spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale, chef de service et expert auprès de la cour d’appel de Paris

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/retention_surete_LE_BIEN_COMMUN_03.12.2008.mp3

Questionnaire sur les styles de colère

Handbook of Anger Management and Domestic Violence Offender treatment

Ronald T. Potter-Efron (2015)

Une unité d’analyse primaire dans l’évaluation comportementale de la colère est l’épisode discret de colère, une période de temps qui s’étend du moment où quelque chose se produit qui déclenche la colère d’une personne, jusqu’au moment où le problème est résolu ou abandonné. Des épisodes comme celui-ci peuvent se produire en quelques secondes, en particulier pour les personnes qui décrivent leur colère comme impulsive et rapide, ou qui s’étalent sur des années pour celles qui ne peuvent pas se défaire de blessures perçues.

Mon nom pour l’événement déclencheur, qu’il provienne d’une source externe ou qu’il soit généré en interne, est une « invitation à la colère ». La plupart des gens reçoivent chaque jour de nombreuses invitations à la colère. Les personnes qui développent des problèmes de colère sont généralement ceux qui acceptent un plus grand nombre de ces invitations que les autres. Mais la simple quantité n’est qu’un aspect intéressant lié à la prise en compte des épisodes de colère. La question la plus importante est de savoir exactement comment les gens réagissent aux invitations de colère qu’ils reçoivent. Ma co-auteure, Patricia Potter-Efron, et moi-même avons publié , grâce à l’observation clinique, au moins onze modèles de réponse cohérents. Ces schémas sont appelés « styles de colère ». Les styles de colère sont des façons répétées et prévisibles dont les gens gèrent les situations dans lesquelles ils pourraient se mettre en colère ou le font.

Chaque style peut être utilisé de manière appropriée dans certaines situations. Cependant, les gens ont des problèmes lorsqu’ils abusent ou détournent un ou plusieurs styles, par exemple lorsqu’une personne développe une habitude de colère morale excessive et s’indigne pour des transgressions éthiques mineures.

Le questionnaire sur les styles de colère (adapté et modifié de Potter-Efron et Potter-Efron, 2006) est conçu pour aider les conseillers à identifier les styles de colère qu’une personne en particulier utilise fréquemment.

Questionnaire sur les styles de colère

Consignes : Veuillez répondre aux 33 questions suivantes par oui ou par non en encerclant la réponse la plus correcte en fonction de la façon dont vous gérez habituellement votre colère.

Il n’y a pas de réponses correctes. Si vous pensez que la meilleure réponse serait « Parfois », essayez quand même de choisir la meilleure réponse « oui » ou « non », mais ajoutez la lettre « P » à votre réponse.

1. J’essaie de ne jamais me mettre en colère.

Oui/Non

2. Je suis très nerveux quand les autres se mettent en colère.

Oui/Non

3. J’ai l’impression de faire quelque chose de mal quand je suis en colère.

Oui/Non

4. Je dis souvent aux gens que je ferai ce qu’ils veulent, mais j’oublie souvent.

Oui/Non

5. Je dis souvent des choses comme « Oui, mais… » et « Je le ferai plus tard ».

Oui/Non

6. Les gens me disent que je dois être en colère, mais je ne sais pas pourquoi ils disent cela.

Oui/Non

7. Je m’en veux beaucoup.

Oui/Non

8. Je « garde » ma colère et j’ai ensuite des maux de tête, des maux d’estomac, etc.

Oui/Non

9. Je me donne souvent des noms affreux comme « nul », « égoïste », etc.

Oui/Non

10. Ma colère monte très vite.

Oui/Non

11. J’agis avant de réfléchir quand je suis en colère.

Oui/Non

12. Ma colère disparaît assez rapidement.

Oui/Non

13. Je me mets vraiment en colère quand les gens me critiquent.

Oui/Non

14. Les gens disent que je suis facilement blessé et que je suis trop sensible.

Oui/Non

15. Je me fâche facilement quand je me sens mal dans ma peau.

Oui/Non

16. Je me mets en colère pour obtenir ce que je veux.

Oui/Non

17. J’essaie d’effrayer les autres avec ma colère.

Oui/Non

18. Je fais parfois semblant d’être très en colère alors que je ne le suis pas vraiment.

Oui/Non

19. Parfois, je me fâche juste pour avoir de l’excitation ou de l’action.

Oui/Non

20. J’aime les émotions fortes qui accompagnent ma colère.

Oui/Non

21. Parfois, quand je m’ennuie, je commence à me disputer ou je me bagarre.

Oui/Non

22. J’ai l’impression d’être tout le temps en colère.

Oui/Non

23. Ma colère me semble être une mauvaise habitude dont je ne peux me défaire.

Oui/Non

24. Je m’énerve sans réfléchir – ça arrive, c’est tout.

Oui/Non

25. Je suis souvent jaloux, même quand il n’y a pas de raison.

Oui/Non

26. Je ne fais pas beaucoup confiance aux gens.

Oui/Non

27. Parfois, j’ai l’impression que les gens me cherchent.

Oui/Non

28. Je me mets très en colère lorsque je défends mes croyances et mes opinions.

Oui/Non

29. Je me sens souvent indigné par ce que d’autres personnes disent et font.

Oui/Non

30. Je sais toujours que j’ai raison dans une dispute.

Oui/Non

Chaque série de trois questions décrit un style de colère distinct. Plus précisément,

Questions 1-3 : Évitement de la colère
Questions 4-6 : Colère sournoise (passif-agressif)
Questions 7-9 : La colère tournée vers l’intérieur
Questions 10-12 : Colère soudaine
Questions 13-15 : Colère basée sur la honte
Questions 16-18 : Colère délibérée
Questions 19-21 : Colère excitatrice
Questions 22-24 : Hostilité habituelle
Questions 25-27 : Colère fondée sur la peur (paranoïa)
Questions 28-30 : Colère morale
Questions 31-33 : ressentiment/haine

J’ai trouvé ce questionnaire très utile pour planifier les priorités de traitement. (Toutefois, veuillez noter que la fiabilité et la validité de ce questionnaire n’ont pas fait l’objet de recherches). Fondamentalement, personne qui répond « oui » aux trois éléments d’un ensemble utilise certainement et probablement trop ce style de colère dans la vie quotidienne. Même une ou deux réponses positives méritent qu’on s’interroge soigneusement sur le moment, le lieu et la personne avec laquelle le client utilise ce style de colère particulier.
Les paragraphes suivants décrivent brièvement chaque style de colère.

Trois styles de colère, les styles cachés, ont une caractéristique commune : les personnes qui les utilisent ne sont pas ou peu conscientes de leur colère et/ou sont incapables de l’accepter.

Le premier de ces styles est appelé « évitement de la colère », un style de colère pratiqué par les personnes qui croient que la colère est mauvaise, effrayante ou inutile. Ces personnes ne peuvent pas utiliser la colère de manière appropriée dans leur vie quotidienne. Au lieu de cela,
ils ont tendance à nier, à ignorer et à minimiser leur colère. Incapables d’écouter les messages de leur colère, ces personnes se retrouvent souvent empêtrées dans des situations qu’elles n’aiment pas mais auxquelles elles ne peuvent échapper. L’objectif thérapeutique des personnes qui évitent systématiquement la colère est de les aider à apprendre comment accepter et utiliser leur colère.

Le deuxième style de colère cachée est l’agression passive, que nous appelons « colère sournoise » dans notre livre. Les personnes passives agressives se sentent souvent impuissantes et dominées par les autres. Ils ont tendance à ne pas s’affirmer et ruminent de l’amertume, méprisant les personnes qui, dans leur vie, essaient de les contrôler. Cependant, les passifs agressifs ont découvert une tactique qui permet de vaincre ces puissants adversaires. Ils frustrent complètement les autres par leur inaction, faisant de l’inaction une sorte d’art qu’ils maîtrisent. Malheureusement, l’agressivité passive, lorsqu’elle est utilisée à outrance, piège les utilisateur dans un état d’inertie perpétuelle. Maîtrisant l’inaction, leur vie stagne et devient sans but. Par conséquent, le traitement des personnes passives agressives doit mettre l’accent sur l’aide à leur apporter pour qu’elles développent des buts et des objectifs positifs dans la vie, en plus de les aider à s’affirmer et à exprimer leur colère.

La « colère tournée vers l’intérieur«  est le troisième style caché. Les personnes présentant ce type de comportement évitent le conflit en redirigeant leur colère contre les autres vers une cible plus sûre, elles-mêmes. Elles développent souvent des comportements d’auto-négligence, d’auto-sabotage, d’autoaccusation, d’auto-attaque et même d’autodestruction. L’intervention avec ces personnes peut consister à les aider à se donner la permission de reconnaître et d’utiliser leur colère maîtrisée. Malheureusement, l’agression passive, lorsqu’elle est trop utilisée, piège les utilisateurs dans un état d’inertie perpétuelle. Maîtrisant l’inaction, leur vie stagne et devient sans but. Par conséquent, le traitement des personnes passives et agressives doit mettre l’accent sur l’aide à leur apporter pour qu’elles développent des buts et des objectifs positifs dans la vie, en plus de les aider à s’affirmer et à exprimer leur colère.

Quatre styles de colère peuvent être regroupés sous le terme de « styles explosifs ».

Les personnes ayant ces styles démontrent périodiquement leur colère par des explosions dramatiques. La « colère soudaine » est le plus facilement reconnaissable de ces styles, dans lequel la colère se manifeste par des éclats rapides, généralement intenses et de courte durée. Les personnes qui ont de fortes tendances à la colère soudaine réagissent souvent bien aux stratégies classiques de gestion de la colère, comme la prise de temps d’arrêt, qui visent à retarder l’expression de la colère suffisamment longtemps pour que la personne reprenne le contrôle.

La « colère basée sur la honte » est un autre style explosif. Ici, les individus convertissent rapidement les sentiments de honte en colère et en rage. Ils s’attaquent ensuite à leurs agresseurs, les personnes qu’ils croient honteuses ou qui pourraient avoir l’intention de le faire. La présence d’une quantité invalidante de colère basée sur la honte peut être associée à la violence domestique (Dutton, 1998), car les partenaires intimes déclenchent le plus souvent (à la fois accidentellement et parfois intentionnellement) la honte de leur partenaire. Les personnes ayant ce type de colère sont souvent instables et physiquement dangereux. Ils ont souvent besoin d’une thérapie à long terme qui s’attaque à la honte qui sous-tend leur colère et leur agressivité.

La colère « excitatrice«  représente le troisième style de colère explosive. Les personnes ayant des tendances à la colère excitatrice recherchent en fait leur colère parce que le fait de s’énerver et de se disputer déclenche des sentiments d’excitation et d’intensité. Elles auront besoin d’aide pour s’engager sur la voie de la modération et de l’apaisement, ainsi que pour trouver des moyens pro-sociaux pour exprimer leur besoin d’excitation.

Le dernier style explosif peut être appelé « colère délibérée ». La colère délibérée est affichée délibérément afin d’intimider les autres. Les personnes qui utilisent régulièrement la colère délibérée ont découvert une réalité simple en deux mots : « la colère fonctionne ». Parce qu’elles obtiennent ce qu’elles veulent lorsqu’elles se mettent en colère, elles continuent à le faire, apparaissant parfois extrêmement furieuses alors qu’elles ne sont pas du tout en colère. Les personnes qui présentent ce schéma devront être confrontés à la nécessité de simuler leur colère pour en tirer un profit instrumental. Ils doivent aussi souvent apprendre d’autres façons de demander aux autres ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin, car ils ont tendance à avoir de mauvaises aptitudes sociales et de communication.

Les quatre derniers styles de colère courants sont appelés les styles chroniques. Les personnes qui utilisent fréquemment ces styles ont développé des schémas de colère à long terme qui les maintiennent en colère, amers et pleins de ressentiment.

La « colère habituelle » est le nom que je donne au style chronique initial. Les personnes en colère habituelle pensent et agissent généralement de manière à perpétuer leur colère. La colère devient leur émotion par défaut, apparaissant automatiquement dans des situations où les autres ressentiraient d’autres émotions ou n’auraient aucune réaction affective. Par exemple, une personne habituellement en colère pourrait réagir au fait qu’on lui dise qu’on l’aime avec agacement (« Pourquoi dire cela tout le temps ? Cela me dérange ») ou répondre aux éloges au travail avec une attitude défensive (« Oh bien sûr, ils disent qu’ils aiment mon travail, mais ils essaient juste de me faire travailler plus dur »). Le traitement cognitif de la colère habituelle est très approprié, car il met l’accent sur les processus de pensée automatiques et irrationnels.

La « paranoïa« , ou plus généralement la « peur » ou la « colère de méfiance » est le deuxième style de colère chronique. Ici, la colère est projetée sur les autres et ensuite défendue avec une colère et une agression « défensive ». Il en résulte que les individus paranoïaques deviennent hyper-vigilants et vivent dans un monde où l’on ne peut faire confiance qu’à peu de personnes, voire aucune, et où le danger d’attaque est imminent. Le traitement des personnes ayant de fortes tendances paranoïaques doit d’abord viser à les aider à reconnaître l’étendue de leur projections et ensuite de les aider à se sentir plus en sécurité et plus confiants.

La « colère morale » est un autre style chronique. Les personnes qui se mettent en colère moralement perçoivent continuellement leur colère comme justifiée, juste, pour une cause plus grande que leur propre intérêt. Comme tous ces styles, la colère morale peut être bien ou mal utilisée. Utilisée au mieux, la personne moralement en colère devient un défenseur d’une cause socialement significative. Utilisée à mauvais escient, les gens enroulent le manteau de la justice autour d’eux et refusent de l’enlever, traitant même les plus petits conflits comme des batailles morales et transformant les opposants en diables et en monstres. Les conseillers qui travaillent avec ce type de personnes doivent s’efforcer d’aider ces personnes à devenir plus empathiques et à accepter le point de vue des autres.

Le dernier style de colère est appelé « ressentiment/haine ». Les personnes qui nourrissent du ressentiment ont tendance stocker des incidents dans lesquels elles se sentent maltraitées au lieu d’essayer de gérer chacun d’entre eux en temps voulu. Avec le temps, leur colère devient rigide et inflexible et se transforme en un sentiment de haine solidifié. Ceux qui leur ont fait du mal sont méprisés et traités comme des gens détestables et impardonnables. Cette colère peut durer de quelques semaines à des décennies et est très résistante à l’intervention. Le traitement de la haine est généralement axé sur le concept de lâcher prise des vieilles blessures et de reprendre le cours de la vie. Le terme clé est le « pardon ».