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« Le programme d’intervention intitulé « Gender violence: Aggressor Intervention Program » (Programme d’intervention auprès des auteurs de violences de genre) présente une série de nouveautés par rapport à l’ancien programme  : de nouvelles approches thérapeutiques dans chaque unité et un développement plus approfondi des aspects psychologiques de la violence et du pouvoir, du contrôle et du leadership. En outre, de nouvelles séances sur la violence sexuelle, la perspective du genre et l’implication des enfants en tant que victimes de la violence ont été ajoutées. En outre, un accent particulier a été mis sur la nécessité d’aborder la question de la motivation pour le traitement et la prévention des rechutes.

  • La partie I (unités 1- 5) aborde les facteurs cliniques sur lesquels le détenu doit travailler avant de commencer l’analyse des comportements violents.
  • La partie II (unités 6-11) aborde les différentes manifestations de la violence : les aspects physiques, psychologiques et sexuels de la violence et la manipulation psychologique des enfants.

À la fin, il y a deux modules supplémentaires : l’éducation sur les différences entre les sexes et la prévention des rechutes.

La durée du programme varie de 6 mois à 1 an, en fonction d’un certain nombre de facteurs, tels que le profil du détenu, le niveau de risque de rechute ou de récidive, la durée de la peine, les circonstances dans lesquelles le programme est mis en œuvre, et l’évolution du détenu. Le nombre de séances varie de 25 (programme de base) à 50 (programme intensif). Lorsque le programme est utilisé pour remplacer l’emprisonnement standard, il y a d’abord 25 séances de présence obligatoire. Le format est soit individuel, soit collectif (thérapie de groupe), généralement fermé, avec un nombre maximum de 12 participants par session et des sessions hebdomadaires (Ruiz et al., 2010).

Programme d’intervention auprés des auteurs de violence de genre

Soource: Intervention Programs for Spanish Inmate Aggressors Convicted of Domestic Violence, The Open Criminology Journal2011, 4: 91-101

Luis Millana, Research Group on Sociopsychobiology of Aggression, Complutense University of Madrid, Spain.

Article complet: https://benthamopen.com/DOWNLOAD-PDF/TOCRIJ-4-91/

Anger Rumination Scale (ARS) Sukhodolsky DG, Golub A, Cromwell EN. (2001)

L’ERC (ARS: Anger Rumination Scale) évalue les 4 dimensions liés à l’expérience de colère

Pensées de colères à posteriori (pensées consistant à ressasser un épisode de colère récent – 6 items)
Souvenirs de colère (pensées relatives à des épisodes de colère vécus par le passé – 6 items)
Pensées de revanche (pensées marquées par l’idée de vengeance – 4 items)
Compréhension des causes (pensées visant l’analyse des causes à l’origine de la survenue de l’événement générateur de colère – 4 items)

Pensées de colère à posteriori (PP):
7- Après qu’une dispute soit finie, je continue à m’imaginer en train de me disputer
8- Les souvenirs des choses qui m’ont énervé me viennent à l’esprit avant de m’endormir
9- Chaque fois que j’éprouve de la colère, je continue à y penser pendant un long moment
14- Je reconstitue dans ma tête l’événement qui m’a mis en colère après qu’il ait eu lieu
18- Les contrariétés même mineures génèrent chez moi ds pensées qui me dérangent pendant un bon moment
19- Quand quelque chose me met en colère, je le tourne encore et encore dans ma tête

Pensées de revanche (PR)
4- J’ai pendant longtemps des pensées de vengeance après qu’un conflit ait eu lieu
6- J’ai des difficultés à pardonner les gens qui m’ont blessé
13- Des images et des fantasmes de nature violente me viennent parfois à l’esprit
16- Quand quelqu’un me met en colère, je ne peux m’empêcher de penser à la manière dont je vais me venger

Souvenirs de colère (SC)
1- je ne cesse de repenser aux expériences de colère vécues dans le passé
2- je repense aux injustices qui m’ont été faites
3- je garde en moi pendant longtemps le souvenir d’événements qui m’ont mis en colère
5- Je pense à des événements qui se sont déroulés il y a longtemps , et ils me mettent toujours en colère
15- Je me sens en colère à propos de certaines choses qui me sont arrivées dans la vie

Compréhension des causes (CC)
10- J’ai eu des périodes où je ne pouvais pas m’empêcher de réfléchir à un conflit en particulier
11- J’analyse les événements qui me mettent en colère
12- Je pense aux raisons qui font que les gens me traient mal
17- Quand quelqu’un me provoque, je réfléchis à pourquoi cela m’arrive moi

« Revenir sur un événement pour en comprendre le sens ou par exemple pour fantasmer une autre issue ne relève pas de la même stratégie cognitive. Les différences de stratégie mises en place par les individus s’accompagnent de différences dans leurs répercussions aussi bien d’un point de vue affectif, cognitif que comportemental et social. Par exemple, fantasmer une autre issue peut éviter d’éviter le comportement disruptif, ou peut être un moyen de retrouver un sentiment de contrôle en retravaillant un souvenir source de frustration ou de victimisation. Une approche différentiée des contenus de la rumination intéresse alors, aussi bien par exemple l’étude des comportements d’agression que celle visant les processus de reconstruction du souvenir . À notre connaissance, seule l’échelle de rumination de la colère (Anger Rumination Scale [ARS] propose une approche multidimensionnelle de la rumination de colère ». Reynes, E.; Berthouze-Aranda, S.E.; Guillet-Descas, E.; Chabaud, P.; Deflandre, A. (2013). Validation française de l’échelle de rumination de colère (ARS). L’Encéphale, 39(5), 339–346. doi:10.1016/j.encep.2012.11.006

ERC-echelle_de_rumination-de_la_colere

 

Évaluation des représentations sociales concernant la violence: EFAE-20

Échelle Française de représentation de l’agression expressive (20 items)  (’aprés le questionnaire EXPAGG sur les représentations sociales de la violence in : CAMPBELL A, MUNCER S, COYLE E, Social representation of aggression as an explanation of gender differences: a preliminary study. Aggrerszw Be/my 1992 ; 18 (2) : 95-108.  ; ARCHER J, HAIGH A. Do beliefs about aggressive feelings and actions predict reported levels of aggression? Br J Soc Pyschol 1997 ; 36 (1) : 83-105.)

Ce questionnaire, dénommé EFAE-20 (Échelle française des représentations de l’agression expressive à 20 items), est inspiré du questionnaire EXPAGG utilisé dans des travaux britanniques sur les représentations sociales de la violence (35> 36) et a donné lieu a une procédure de validation en français (PATY B. La violence a l’école : étude d’une représentation sociale comme facteur de stress des enseignants [Thèse de doctorat de psychologie]. Reims : Universite de Reims Champagne-Ardenne, 2004) .

Il comporte 20 items destinés à recueillir les explications privilégiées par le répondant lorsqu’il s’agit de comprendre pourquoi on peut être violent. Les réponses se font sur une échelle en quatre points allant de 1 (pas du tout d”accord) à 4 (tout à fait d’accord).

Cette échelle permet de mesurer deux facteurs :

le premier facteur regroupe des items pour la plupart relatifs à une conception de la violence comme expressive. C’est le modèle frustration-agression qui sous-tend ce facteur de représentation.
Le second facteur correspond à une représentation plus instrumentale et plus contrôlable de la violence. Il regroupe des items où l’usage de la violence est présenté comme ayant une certaine finalité.

Le premier facteur regroupe des items pour la plupart relatifs à une conception de la violence comme expressive. C’est le modèle frustration-agression qui sous-tend ce facteur de représentation. Deux items “Les gens violents emploient souvent la force simplement parce qu’ils ne voient pas d’autres moyens d’agir” et “Les personnes violentes utilisent tout simplement leur agressivité lorsqu’il leur faut agir”, bien qu’évoquant l’idée “d’utiliser ou d”employer la violence” (vision a priori instrumentale de la violence), saturent le plus sur ce facteur. C’est très certainement le caractère excusable qui est ici mis en avant. En additionnant les items composant ce facteur, on mesure donc une conception naïve d’une violence ayant souvent comme origine la frustration (sous la forme de la jalousie par exemple), des violences subies auparavant ou encore des humiliations (comme le manque de respect). La dimension mesurée par ce facteur est appelée “conception de violence expressive” (à la suite de frustrations). Basé sur dix items, ce score peut théoriquement varier de 10 à 40. A titre indicatif, la note moyenne de référence pour des adultes, enseignants d’une trentaine d’années est de 27 (SD = 4,15) .

Le second facteur correspond à une représentation plus instrumentale et plus contrôlable de la violence. Il regroupe des items où l’usage de la violence est présenté comme avant une certaine finalité. De même, c’est surtout l’image de la violence urbaine, liée aux quartiers difficiles et aux ghettos, qui y est présentée comme inéluctable ou en tout cas comme une sorte de conduite nécessaire à la survie dans ces quartiers. Exemples : “Les jeunes issus de quartiers difficiles sont obligés de recourir à des comportements violents pour s’en sortir” et “Ne jamais être agressif, c’est prendre le risque de se faire marcher sur les pieds”.
Les items évoquant d’éventuelles solutions à ces formes de violence “Il est possible d”empêcher la violence en augmentant le nombre de policiers dans les rues” et “En punissant ou en éduquant plus efficacement, il doit être possible d’éviter la plupart des actes de violence” (solutions cohérentes avec le modèle d’apprentissage de l’agression) se retrouvent avec les saturations les plus fortes sur ce second facteur. Pour résumer, ce type de représentation sociale de la violence est celui d’une violence instrumentale et urbaine dont les causes sont sociales ou identitaires, à laquelle on trouve des justifications, et surtout que l’on conçoit comme évitable par l’éducation, la punition ou la répression. La dimension issue de ce facteur est appelée “conception de la violence instrumentale et curable”. Basée sur huit items, la mesure peut en théorie varier de 8 à 32. A titre indicatif, la note moyenne de référence pour des adultes, enseignants d’une trentaine d’années est de 17,90 (SD =3,59) (30).

Deux mesures sont donc fournies par l’administration de ce questionnaire EFAE-20 : la conception de la violence comme expressive et la conception de la violence comme instrumentale et curable.

EFAE20

Les institutions pénales aux Etats-Unis connaissent depuis quelques années une multiplication des usages d’algorithmes prédictifs (« risk-assessment tools ») permettant l’estimation probabiliste des risques de récidive. Plusieurs travaux examinent de façon critique les méthodes de construction de ces algorithmes, ainsi que leurs effets en termes de reproduction des inégalités socio-économiques et raciales dans un système pénal déjà caractérisé par de fortes discriminations, mais on en sait peu sur la façon dont ces algorithmes prédictifs sont utilisés dans les tribunaux américains.

Pour étudier ces algorithmes en pratique, la sociologue Angèle Christin a conduit un terrain ethnographique dans plusieurs tribunaux aux Etats-Unis. Elle a effectué plus de 70 heures d’observations ethnographiques en suivant les juges, les procureurs, les greffiers, les administrateurs des tribunaux et les analystes de données dans leurs activités quotidiennes. En plus de ces observations, elle a mené près de 40 entretiens avec des agents de probation, des juges, des procureurs, des avocats de la défense, des greffiers, des administrateurs de tribunaux et des développeurs impliqués dans la construction d’outils d’évaluation des risques de récidives. A partir de ce terrain, Angèle Christin examine les pratiques décisionnelles des juges et procureurs à l’heure des algorithmes. Ses résultats témoignent de l’écart entre les usages des algorithmes, souhaités par leurs promoteurs, ou critiqués par leurs détracteurs, et leurs usages réels, dont les effets sur l’activité judiciaire sont nuancés. (…)

Alors que les critiques adressées à ces modèles prédictifs portent essentiellement sur leur opacité, votre recherche révèle les résistances des magistrats à ces algorithmes. Pouvez-vous nous préciser quel est l’usage réel des outils de prédiction de la récidive ?

L’image qui se dégage de mon analyse ethnographique soulève la question de la résistance des magistrats aux algorithmes. De nombreux juges et substituts du procureur m’ont en effet expliqué qu’ils ne voyaient pas l’intérêt de se servir de ces outils, qu’ils voyaient d’un œil critique pour un ensemble de raisons : les magistrats les trouvaient opaques, critiquaient leur commercialisation par des entreprises privées cherchant à gagner de l’argent en rognant sur la qualité des outils, se plaignaient de n’avoir pas été formé aux méthodes statistiques, et faisaient finalement plus confiance aux méthodes « traditionnelles », c’est-à-dire la lecture du dossier et l’audience avec le prévenu, pour prendre leur décision. Ce faisant, les magistrats défendaient souvent leur expertise professionnelle contre l’automatisme des algorithmes. Cela pouvait en amener certains à ignorer volontairement les scores de risque de récidive. Ceci dit, et c’est une des limites de la méthode ethnographique, je n’ai observé que quelques tribunaux aux Etats-Unis ; mes résultats ne sont donc pas représentatifs. Mais cela permet en tout cas de nuancer l’idée d’une justice prédictive et entièrement automatisée…

 

Ces résultats témoignent de l’écart entre les usages souhaités (et critiqués) des algorithmes et leurs usages réels et nuancent leurs effets sur l’activité judiciaire. Toutefois, vous indiquez qu’au travers de la mise en œuvre de ces algorithmes se joue un déplacement du pouvoir discrétionnaire des magistrats vers les travailleurs sociaux. En quoi ce déplacement est problématique ?

L’un des éléments frappants qui ressort de mon enquête tient en effet aux formes de déplacements du pouvoir discrétionnaire que l’on observe lorsque les outils algorithmiques sont mis en place. Lors de mes entretiens avec les travailleurs sociaux des services de mise en détention provisoire, il est clairement apparu qu’ils savaient très bien comment manipuler l’algorithme afin d’obtenir le résultat qu’ils pensaient approprié. A force d’utiliser ces instruments, ces travailleurs sociaux avaient acquis un savoir pratique précieux : ils comprenaient quelles étaient les variables qui comptaient le plus pour le calcul du score. Mais les magistrats, eux, étaient généralement démunis face aux algorithmes, dont ils ne comprenaient pas le fonctionnement. C’est finalement à ce niveau-là que s’effectue la transformation la plus problématique : en essayant de « rationaliser » un point précis de la chaîne pénale (ici, la décision judiciaire prise par les magistrats) via les algorithmes, on se retrouve face à un déplacement du pouvoir discrétionnaire vers des segments de l’institution qui sont finalement moins visibles que ceux que l’on essayait de réformer. C’est l’une des ironies de nombreux projets de réformes par les algorithmes, et c’est également pour cette raison qu’il est important de regarder de près ce que j’appelle les « algorithmes en pratiques ».

L’article complet: https://linc.cnil.fr/angele-christin-les-methodes-ethnographiques-nuancent-lidee-dune-justice-predictive-et-entierement

(merci Hans!)

A propos de l’auteure:

Angèle Christin est assistant professor au département de Communication et professeure affiliée au département de Sociologie et au programme en Sciences, Technologie et Société de l’Université Stanford ; et chercheure associée de l’institut Data & Society. Elle est également titulaire de la Chaire Sorbonne Université – IEA de Paris « Changements majeurs » au titre de l’année 2019-2020. Angèle Christin est l’une des spécialistes du champ des études algorithmiques aux Etats-Unis qu’elle étudie au travers d’une approche ethnographique pour analyser comment les algorithmes transforment les valeurs professionnelles, l’expertise et les pratiques de travail.

Pour aller plus loin :


DÉBATDOC – HOMMES VIOLENTS : COMMENT PRÉVENIR LA RÉCIDIVE ? (LCP)

80% des hommes condamnés pour violences conjugales nient les faits qui leur sont reprochés, et 40% d’entre eux récidivent. Les conclusions du rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’égalité sur l’état des lieux du sexisme en France, publié le 23 janvier, s’inquiète de la prégnance du sexisme et même de la progression de la pensée masculiniste chez les 25-34 ans dans le pays. Que révèlent les groupes de parole et de sensibilisation aux violences conjugales auxquels peuvent participer les auteurs de ces violences ? Déni, traumatisme, injonctions à la virilité, quels sont les schémas qui se répètent ? Comment prévenir la récidive ?
Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Aline De Rolao, psychologue clinicienne , spécialisée notamment en violence conjugale et intrafamiliale, psychologue au sein du CPCA IDF (Centre de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales) et Mathieu Palain, journaliste et romancier, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis, Dans la tête des hommes violents (Les Arènes), une enquête immersive dans groupes de parole, dans une Maison des femmes et à des auditions judiciaires.

LCP fait la part belle à l’écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales….autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l’occasion d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

« La violence psychologique, c’est de la violence tout court ». Campagne de sensibilisation à la violence psychologique dans le couple. Une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Wallonie et de la CoCoF

Le contrôle coercitif est une forme insidieuse et continue de violence, souvent dans un contexte conjugal et principalement constitué de micro-agressions répétées au quotidien. Il peut inclure des incidents de violence et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces, de l’isolement et des restrictions arbitraires.

Description

Définition

C’est le professeur Evan Stark qui, en 2007, conceptualise le contrôle coercitif dans son ouvrage-phare Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life. Il y explique que les hommes ont recours au contrôle coercitif comme outil de subordination des femmes. Stark estime que les hommes se sont adaptés à l’avancée des droits des femmes en adoptant des « stratégies de contrôle et de domination moins ouvertement visibles, plus subtiles, mais tout aussi dévastatrices ». Stark rapproche le contrôle coercitif d’une cage dans laquelle la victime se sent prise au piège.

Mécaniques et conséquences

Le contrôle coercitif a une dynamique genrée puisqu’il est surtout infligé à des femmes par des hommes. Les professeurs Isabelle Côté et Simon Lapierre décrivent le contrôle coercitif comme des « micro-régulations du quotidien ». Le contrôle coercitif peut comprendre des incidents de violence précis et des stratégies de contrôle moins visibles, notamment du gaslighting, des menaces voilées, de l’isolement et des restrictions arbitraires imposées par l’agresseur. Cela conduit la victime à vivre de l’isolement, de l’auto-culpabilisation, de l’hypervigilance, et une diminution de l’estime personnelle et de l’autonomie. Certaines victimes ont rapporté des niveaux élevés d’anxiété et des crises de panique.

Le contrôle coercitif peut inclure des actes de violence physique. Si elle survient, la violence physique n’est pas un événement distinct ou exceptionnel de la dynamique relationnelle: elle est plutôt un outil déployé par l’agresseur pour contrôler la victime. Le conjoint violent peut menacer de recourir à la force, et parfois y recourir, comme stratégie pour instaurer un climat de terreur et réaffirmer son contrôle. Un unique épisode de violence physique peut d’ailleurs « suffire à terroriser une victime pendant plusieurs années ». On note aussi que la présence du contrôle coercitif dans une relation est un prédicateur de violences aggravées, y compris de violences sexuelles, de féminicides et de filicides.

Modes opératoires du contrôle coercitif

Selon le modèle de Duluth développé par le DAIP – Domestic Abuse Intervention Program de la ville éponyme, aux Etats-Unis, l’auteur des violences établit son pouvoir et son contrôle de différentes manières (recensées dans le graphique synthétique « La roue du pouvoir et du contrôle »). Le recours à la violence physique et sexuelle, qui est représentée sur le pourtour de la roue, n’en est qu’une, presque marginale. Les autres sont le recours à l’intimidation, le recours à la violence émotionnelle, l’isolement, le fait de nier les violences et d’inverser la culpabilité, le fait de se servir des enfants pour atteindre sa conjointe, le fait de recourir aux menaces, le fait de recourir aux violences économiques et administratives ; et enfin, le fait d’utiliser ses privilèges masculins, ce qui permet de comprendre pourquoi les violences conjugales sont prioritairement le fait d’hommes, engagés dans des relations hétérosexuelles. Ces grandes catégories peuvent se décliner de mille manières telles que : le fait d’imposer des règles de conduite arbitraires (par exemple, l’imposition d’un couvre-feu ou l’obligation de répondre à un texto dans un délai de deux minutes) ; le fait de conduire dangereusement sous l’effet de la colère alors que la victime est passagère ; le fait d’accuser la victime d’infidélité ; le refus de consentir à un traitement médical ou à une thérapie pour un enfant qu’il co-parente avec la victime ; le contrôle de l’habillement de la victime ; le chantage au suicide, par exemple,.

Le contrôle coercitif est un cumul de tactiques abusives qui existent les unes par rapport aux autres. Cela signifie qu’une personne qui accuserait sa partenaire d’infidélité à une reprise, dans une relation autrement saine, ne commet pas nécessairement de contrôle coercitif. Cet événement sera constitutif d’un abus si il fait partie d’un schéma plus large d’humiliation, de micro-gestion et d’isolement.

Impacts négatifs du contrôle coercitif sur les enfants

Dans un contexte familial, le contrôle coercitif est un choix parental qui est préjudiciable aux enfants. Les enfants sont souvent exposés aux abus subis par leur parent, et peuvent être ciblés ou même utilisés par leur père pour contrôler leur mère. Par exemple, une étude qualitative menée au Royaume-Uni a révélé que les pères abusifs empêchent souvent leurs enfants d’interagir avec leurs mère et grands-parents, de rendre visite à leurs ami.e.s et de participer à des activités parascolaires. La chercheuse Emma Katz explique que le contrôle coercitif place les enfants dans un monde « isolé » et « contraint », ce qui peut empêcher leur croissance émotionnelle. Une autre étude a documenté comment le parent abusif parvient parfois à contrôler sa conjointe ou son ex-conjointe en recrutant leurs enfants pour saper leur relation avec leur mère, et l’isoler davantage au sein de l’unité familiale.

L’étude met en évidence la manière dont un auteur de violences peut « plaisanter et jouer, dépense de l’argent pour eux [les enfants] ou les emmener faire des choses » afin de former une alliance, ce qui peut amener les enfants à considérer le parent violent comme « amusant » et à blâmer le parent non-violent pour l’abus. [notre traduction]

Aussi, les enfants sont privés de la disponibilité émotionnelle de leur parent abusé. La thérapeute Danielle McLeod a expliqué comment un père abusif peut « s’attaquer au rôle parental de la victime » et cibler le respect des enfants pour leur mère. Cette tactique laissera souvent les mères « émotionnellement épuisées et distantes » puisque leur conjoint ou ex-conjoint les fait sentir “qu’elles n’ont plus rien à donner en tant que parent”.

 

Facteurs de risque

Ce sont majoritairement des hommes qui font subir le contrôle coercitif à leur conjointe. Ces violences perdurent souvent dans un contexte post-séparation. La rupture est un moment particulièrement dangereux pour les femmes qui subissent un contrôle coercitif, qui deviennent alors à risque de subir des violences graves, notamment le féminicide et le filicide

Source: wikipedia

Voire aussi: https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jr/peut-can/peut-can.pdf

Ces dernières années, des recherches révolutionnaires en neurosciences ont fondamentalement modifié notre compréhension de l’impact des traumatismes sur les individus sur les plans psychologique, physiologique, émotionnel et social.

La phase initiale de l’étude ACE a été conduite par les hôpitaux Kaiser, entre 1995 et 1997 (17 000 patients).

L’étude a été menée par le Professeur Vincent Felitti, chef du service de médecine préventive de l’établissement du Kaiser Permanente à San Diego en Californie, et le Docteur Robert Anda, épidémiologiste au Centre de Contrôle et Prévention de Maladie (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) à Atlanta.

Les premières données ont été analysées et publiés en 1998, suivies de 81 publications jusqu’en 2012. L’étude kaiser a établi que:

  • La maltraitance et le dysfonctionnement familial dans l’enfance contribuent aux problèmes de santé des décennies plus tard.
  • Celles-ci incluent les maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, le cancer, les accidents cérébrovasculaires et le diabète, qui sont les causes les plus courantes de décès et d’invalidité aux États-Unis.
  • Les expériences négatives de l’enfance sont courantes.
  • 28% des participants à l’étude ont signalé des abus physiques et 21%, des abus sexuels.
  • Beaucoup ont également déclaré avoir vécu un divorce ou la séparation de leurs parents, ou avoir un parent souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie.
  • Les expériences négatives de l’enfance se produisent souvent simultanément.
  • 40% de l’échantillon initial ont déclaré avoir vécu au moins deux traumatismes et 12,5%, au moins quatre.
  • Étant donné que les ACE sont dépendants les uns des autres, de nombreuses études ultérieures ont examiné leurs effets cumulatifs plutôt que les effets individuels de chacun des traumatismes.
  • Les expériences négatives vécues durant l’enfance ont une relation dose-effet avec de nombreux problèmes de santé.
  • Après avoir suivi les participants au fil du temps, les chercheurs ont découvert que le score ACE cumulatif d’une personne présentait une relation forte et progressive avec de nombreux problèmes de santé, sociaux et comportementaux tout au long de la vie, y compris des troubles liés à l’utilisation de substances.

CDC-Kaiser Permanente adverse childhood experiences (ACE) study (1998).

L’étude a été initialement publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine (Felitti VJ, Anda RF, Nordenberg D, Williamson DF, Spitz AM, Edwards V, Koss MP, Marks JS.Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death in adults: The Adverse Childhood Experiences (ACE) StudyExternal Web Site IconAmerican Journal of Preventive Medicine 1998;14:245–258. (en anglais) )

Elaborée à partir des résultats des ACE studies, la théorie polyvagale (Stephen Porges S. (2011). The Polyvagal Theory : Neurophysiological Foundations of Émotions, Attachment, Communication, Self regulation, New York, Norton.) propose une explication innovante aux réactions incontrôlées du sujet dans son environnement. Les informations sont identifiées comme des signaux de danger ou de sécurité, ce qui ouvre des perspectives cliniques pour la prise en charge du psychotraumatisme.

Issue des neurosciences, la théorie polyvagale apporte un nouveau regard sur la compréhension des réactions physiologiques et psychologiques des individus face à l’environnement, et tout particulièrement sur les réactions des sujets souffrant de stress post­-traumatique. En déclinant le système nerveux autonome non plus en deux sous-systèmes antinomiques (sympathique et parasympathique), mais comme un système plus complexe offrant trois voies de réponses possibles, la théorie polyvagale propose une explication innovante aux réactions incontrôlées du sujet dans son environnement : les informations sont traitées et identifiées comme des signaux de sécurité ou de danger. Nous pouvons alors appréhender les symptômes post-traumatiques comme des manifestations de défense ou de survie que l’organisme déclenche selon sa lecture de la situation et son évaluation de la menace.

 

Calculer son score ACE avec le Questionnaire ACE: 

Score ACE: 

Score ACE égal à 1

  • 1,2 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,5 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 2 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 1,6 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 1,7 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,04 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
    2 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 3,5 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1,25 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,06 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 1,6 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,04 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE égal à 2

  • 1,7 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,7 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 10 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,1 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
    1, 4 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 2,2 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 4 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1, 5 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,4 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 2,2 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,1 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE égal à 3

  • 2,3 fois plus de risques d’être fumeur
  • 1,9 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 22 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,2 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2,3 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,9 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 2,8 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 4,5 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1, 5 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,5 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 2,3 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,3 fois plus de risques d’être obèse

Score ACE supérieur ou égal à 4

  • 2,6 fois plus de risques d’être fumeur
  • 2,1 fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque
  • 40 fois plus de risques d’usage de drogues en intraveineuse
  • 2,1 fois plus de risques de promiscuité sexuelle (plus de 50 partenaires)
  • 2,9 fois plus de risques de contracter une infection sexuellement transmissible
  • 1,9 fois plus de souffrir d’une maladie hépatique
  • 4,8 fois plus de risques d’être victime de violence physique si l’on est une femme
  • 9 fois plus de risques d’être victime d’une agression sexuelle si l’on est une femme
  • 1,7 fois plus de risques d’être un « binge drinker » (consommation de grandes quantités d’alcool en un temps réduit)
  • 1,5 fois plus de risques de contracter un cancer
  • 3,1 fois plus de risques de développer un problème de santé mentale
  • 1,5 fois plus de risques d’être obèse

QUestionnaire ACE:

questionnaire-sur-les-experiences-traumatiques-de-lenfance

VIDEO VOST:

 

Voir aussi sur le sujet: https://www.ifemdr.fr/etude-de-felitti-sur-les-experiences-negatives-de-lenfance/

Pour en savoir plus, voici trois autres excellentes vidéos explicatives: