Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Prison et violence sont souvent associées : comme d’autres institutions d’enfermement, les prisons constituent à la fois des espaces de régulation et de production de violence. Il s’agit de comprendre la complexité des articulations entre l’institution carcérale et la violence afin de mieux identifier ce qui participe de la violence et ce qui peut permettre de la contenir, voire de l’endiguer. À partir des principaux travaux sur la violence en prison menés au cours des dernières années, nous interrogeons dans ce texte les définitions de la violence et nous mettons en avant la pluralité de ses causes avant de rendre compte des facteurs susceptibles de la réguler. Ce travail de synthèse souligne le caractère systémique de la violence en détention : comprendre le phénomène et élaborer des politiques pénitentiaires adaptées suppose d’interroger le fonctionnement même de la prison.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01961016/document

La santé incarcérée: enquête sur l’accès aux soins spécialisés en prison

« Problèmes dentaires, ophtalmologiques, traumatologiques, gynécologiques, dermato-logiques : autant de sujets sur lesquels des personnes détenues sollicitent l’OIP quotidiennement, parfois en urgence. Les difficultés d’accès aux soins spécialisés rapportées sont de différentes natures : délais d’attente pour obtenir un rendez-vous à l’unité sanitaire ou au centre hospitalier de rattachement, annulations d’extraction, renoncement à des soins pour éviter des conditions d’extraction indignes, impossibilité de faire entrer en détention le matériel médical pourtant prescrit par les soignants… Les freins à une prise en charge de qualité sont nombreux, et le suivi requis par certaines pathologies semble à bien des égards incompatible avec les restrictions imposées par la détention, tant en termes d’offre médicale que d’adaptation du cadre de vie.
La carence de soins spécialisés :
un phénomène connu, mais peu documenté
Le principe de l’égalité des soins entre personnes détenues et population générale est inscrit
dans la réforme du 18 janvier 1994 qui a transféré la responsabilité de la prise en charge sanitaire des personnes détenues du ministère de la Justice à celui de la Santé. Mais si cette réforme « a été à l’origine d’une amélioration notable de la prise en charge médicale en milieu carcéral », elle n’a pas permis de répondre aux besoins d’une population qui «cumule des facteurs de risques socio-sanitaires qui la rendent plus vulnérable aux problèmes de santé que la population générale »1. En plus d’un état de santé dégradé par rapport à la population générale, les personnes détenues voient leur santé fragilisée par des conditions de détention éprouvantes, l’insalubrité et l’absence d’activité physique favorisant la survenue et le développement de pathologies.
Malgré le caractère alarmant de ces constats, les enquêtes documentant l’état de santé des
personnes détenues et les problématiques auxquelles elles sont confrontées sont pour la plupart très anciennes, rendant illusoire toute adaptation de l’offre de soins aux besoins de la population carcérale. C’est dans ce contexte que l’OIP a décidé de conduire une étude, afin de dessiner un état des lieux de l’accès aux soins spécialisés en détention, d’en identifier les points critiques et les freins, tant pour les soins délivrés à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette étude se concentre sur les soins somatiques, car la situation des soins psychiatriques, bien que tout aussi préoccupante, est mieux documentée. Les données sur l’offre de soins étant difficilement accessibles, voire inexistantes, cet état des lieux ne peut certes être exhaustif, mais il permet d’avoir une vision plus précise de la problématique spécifique de l’accès aux soins spécialisés dans les établissements pénitentiaires français(…) »

https://oip.org/wp-content/uploads/2022/07/oip-rapport-soinsspe-07-2022-planches.pdf

 

American Council on Science and Health (2017) Un nouveau modèle permet de prédire quels patients atteints de maladies mentales ne risquent pas d’être violents

La maladie mentale est toujours stigmatisée dans la société, en particulier pour ceux qui souffrent d’une forme grave, comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Des incidents très médiatisés, au cours desquels un malade mental a commis un crime violent, ont donné naissance au stéréotype selon lequel les malades mentaux représentent une grave menace pour la société.

Il est certainement vrai que les taux de criminalité violente sont plus élevés chez les personnes souffrant de troubles mentaux graves que dans la population générale, puisque 5 à 10 % d’entre elles environ commettent un acte de violence dans les cinq ans qui suivent le diagnostic. Cependant, la grande majorité d’entre eux ne passent jamais à l’acte. La question est donc de savoir comment les psychiatres peuvent identifier le sous-ensemble de patients les plus susceptibles de devenir violents. Il existe déjà des outils d’évaluation des risques, mais la plupart d’entre eux sont peu fiables ou trop compliqués. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Seena Fazel, a mis au point un modèle qui permet de prédire avec précision quels sont les patients qui ne risquent pas de devenir violents.

L’équipe a recueilli des données sur 75 158 patients suédois âgés de 15 à 65 ans et souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Certains de ces patients ont commis un crime violent dans l’année qui a suivi leur sortie de l’hôpital ou leur rencontre avec un psychiatre. Le modèle construit par les chercheurs est basé sur une régression multiple de 16 variables différentes, telles que le statut socio-économique et la consommation de drogues.

L’équipe du Dr Fazel a constaté que deux facteurs augmentaient considérablement la probabilité qu’une personne souffrant d’une maladie mentale grave commette un crime violent : Les antécédents de crimes violents (qui multiplient le risque par cinq) et le fait d’être un homme (qui fait plus que doubler le risque). En revanche, plus un patient est âgé, moins il est susceptible de commettre un crime violent. (Voir le graphique).

D’autres facteurs statistiquement significatifs, mais ayant un impact moindre sur le risque de violence, sont la consommation antérieure d’alcool ou de drogues, les épisodes antérieurs d’automutilation et le fait d’être hospitalisé. Il convient toutefois de garder à l’esprit que ces facteurs peuvent ne pas être à l’origine de la violence, mais plutôt servir d’indicateurs de la gravité de la maladie mentale. En effet, les malades mentaux ont souvent recours à l’automédication et les malades mentaux graves sont plus susceptibles d’être hospitalisés ou placés en institution.

Il est important de noter que le modèle a une valeur prédictive négative de 99,5 %. Cela signifie que si le modèle prédit qu’il est peu probable qu’un patient donné commette un crime violent, il y a 99,5 % de chances que le pronostic soit correct. En d’autres termes, comme l’écrivent les auteurs, « parmi les personnes identifiées comme présentant un faible risque, 199 sur 200 n’ont en fait pas commis d’infraction violente dans l’année qui a suivi ».

Malheureusement, la valeur prédictive positive n’était que de 11 %. Cela signifie que si le modèle prédit qu’un patient est susceptible de commettre un crime violent, il n’y a que 11 % de chances qu’il le fasse. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour améliorer cet aspect du modèle.

L’identification précise des patients souffrant de troubles mentaux graves qui sont probablement inoffensifs permettra aux psychiatres, aux responsables de la santé publique et aux forces de l’ordre de concentrer leur temps et leurs ressources limités sur les patients à plus haut risque. Ce modèle constitue donc une avancée considérable.

Source: Seena Fazel, Achim Wolf, Henrik Larsson, Paul Lichtenstein, Susan Mallett, Thomas Fanshawe. « Identification of low risk of violent crime in severe mental illness with a clinical prediction tool (Oxford Mental Illness and Violence tool [OxMIV]): a derivation and validation study. » Lancet Psychiatry. Online first. Published: 4-May-2017. DOI: 10.1016/S2215-0366(17)30109-8

[Les journées d’études des éducateurs pénitentiaires de l’AP de 1958 exposent les problémes de formation, de pratique des éducateurs pénitentiaires . Mais elles ont été également  l’occasion d’un exposé du Dr LAFFON exposant les théories (datées) et les méthodes de prise en charge de l’époque concernant les prisonniers. On y parle observation, méthode d’intervention, distinctions subtiles en les regrets et les remords ou comment aborder les prisonniers aux « abords difficiles »… Mais ce qu’on peut y lire 64 plus tard sur le suicide, l’homosexualité, la masturbation est… parfois ahurissant, parfois choquant…  mais trés éclairant sur l’époque…  ]

Mardi  24  juin  1958: Résumé  de  l’exposé  présenté  par  M.  le  Docteur  LAFON

Médecin-Chef  de  la  Section  Henry  COLLIN  à  l’hôpital  psychiatrique  de  Ville juif

Problèmes  psychopathologiques posés  par  les  détenus

En  cette  matière,  l ’éducateur  est  l ’assistant  du  médecin  psychiatre  de  l ’établissement;  il  doit,  par  une  observation  particulière des  manifestations  psychopathologiques  du  sujet  dont  il  communiquera  les  détails  au  praticien,  permettre  à  celui-ci  de  mieux étayer  son  diagnostic  et,  éventuellement,  d ’établir  un  traitement dont  les  effets  seront  suivis  et  contrôlés.

1— MÉTHODE  D ’OBSERVATION

L’étude  du  dossier,  du  passé  du  sujet,  ses  antécédents,  son milieu.

  • L ’observation  proprement

A )  L ’étude  du  dossier :

En  premier  lieu,  il  est  bon  d ’avoir  une  bonne  connaissance  du dossier.  Certains  crimes  ou  délits  révèlent  parfois  une  anomalie certaine.

Les  antécédents  mentaux,  personnels,  doivent  être  recherchés.

L ’hérédité  ne  se  manifeste  pas  de  façon  frappante,  le  plus  souvent,  mais  explique  une  certaine  fragilité  qui  rend  le  sujet  plus vulnérable  lors  d ’une  attaque  par  la  maladie  (exemple  fièvre typhoïde).

Les  antécédents  sociaux,  la  vie  du  milieu  familial  forment aussi  une  source  intéressante  de  renseignements.

B) L ’observation proprement  dite  :

Elle  est  pratiquée  d ’abord  sur  un  sujet  détenu  en  cellule. Cette  méthode  présente  certains  avantages  :  facilité  des  contacts, confiance,  qui  éliminent  les  réactions  d ’amour-propre  (plus  précisément  de  «fausse  honte»),  l ’interaction  du  groupe. Mais  aussi  des  inconvénients  :  une  vue  factice  du  sujet  en raison  du  comportement  artificiel  qu’impose  ce  régime,  ce  qui  peut fausser  le  jugement. En  particulier :  certains  s’adaptent  trop  bien  à  ce  régime. Trop  passifs,  trop  indifférents,  ils  laissent  présager  des  tendances schizoïdes  qui  peuvent  s’aggraver  et  les  conduire  à  la  démence précoce. Certains  sont  tout  simplement  opportunistes. D ’autres  réagissent,  s’aigrissent,  car  le  régime  est  éprouvant, surtout  pour  ceux  qui  ont  des  tendances  psycho-pathologiques.

Le  régime  cellulaire  est  strict,  disciplinaire;  il  fausse  donc  le comportement. A   Villejuif,  le  malade  isolé  n ’a  ni  vin,  ni  alcool,  ni  possibilité matérielle  d ’action  indisciplinée.  La  « sagesse»  est  ainsi  « obligatoire ».  On  ne  peut  en  tirer  aucune  indication  qui  permette  de présumer  du  comportement  futur.

En  conclusion,  se  méfier  pendant  cette  période  d ’une  vue  subjective  du  sujet  qui  pourra  être  démentie  par  la  suite  dans  la  vie du  groupe.

Le  délit :  Les  motifs  que  donne  le  détenu  de  son  délit  sont  à noter.  Cependant,  personne  n’accepte  une  dévalorisation  totale; le  détenu  utilisera  donc  le  plus  souvent  un  système  d’excuses  pour la  société,  mais  aussi  pour  lui-même,  afin  de  se  revaloriser  à  ses propres  yeux. Il  convient  de  ne  pas  démolir  ce  système  brutalement  mais, plus tard,  lentement  autant que possible, sans qu’il  en ait  conscience.

Les  abords  difficiles  :  Aborder  les  sujets  difficiles  par  la  bande, en  les  laissant  venir  eux-mêmes  au  sujet  brûlant.  Les faire  écrire (correspondance,  autobiographie,  romans  même).  Ils  se  livrent assez  facilement,  inconsciemment.  Les  délirants  surtout.

L ’observation  visuelle,  par  le  judas,  est  à  prohiber.  Elle  est sans  intérêt  et  déplaisante;  elle  n ’apporte  rien  à  l ’observateur.

L ’observation  en  commun :  Cette  nouvelle  période  présente pour  l ’observation  quelques  inconvénients,  contrepartie  des  avantages  de  l ’isolement.

Le  codétenu est un peu  le  confident naturel  du sujet ;  il échappe un  peu  à  l ’observateur. Mais  elle  a  l ’avantage  de  rendre  plus  objective  l ’observation. Les  faits  journaliers;  attitude  au  travail,  goûts,  affinités  pour  certains  groupes,  minutie,  désordre,  etc.,  seront  consignés  et  permettront  de  dégager  les  tendances,  la  personnalité  du  sujet.

2— LES RÉACTIONS QUE  PEUT PRÉSENTER LE  DÉTENU

Il  n ’y  a  pas  discontinuité  dans  les  différentes  manifestations réactionnelles,  mais  une  progressivité  qui  va  des  réactions  subnormales  aux  réactions  pathologiques. Tout  délinquant  est  déjà  un  peu  déséquilibré,  surtout  les multidélinquants.

Il  ne  faut  pas  ainsi  songer  à  obtenir  d ’eux  une  adaptation  trop parfaite.  Les « mous »  sont  anormaux  eux  aussi  ! Les différentes  catégories  de  réactions  que  l ’on  peut  observer sont  :

  • a) Réactions d ’excitation;
  • b) Réactions de  dépression;
  • c) Réactions de  persécution;
  • d) Réactions discordantes;
  • e) Réactions de  caractère  sexuel;
  • f) Réactions de simulation

a) Réactions d’excitation.

Fréquentes  en  cellule,  à  l ’isolement,  chez  ceux  qui  sont  un peu  déséquilibrés,  frustes,  petits  débiles,  à  la  vie  antérieure  semi-sauvage.  Leur  comportement  peut  être  comparé  à  celui  d’une  bête sauvage  que  l ’on  vient  de  mettre  en  cage.  Ces  réactions  s’atténuent  par  la  suite.  Chez  les  hyperémotifs  également,  à  la  suite  de contrariété,  énervement,  dû  à  diverses  causés  souvent  ignorées. Le  praticien  dispose  dans  ces  cas  de  médicaments  inoffensifs  :  les « tranquillisants »,  qui  atténuent  rapidement  ces  manifestations  et les  font  disparaître. La crise  de  nerfs  :  une  réaction  d ’excitation  plus  grave  est  la crise  de nerfs,  décharge  d ’une  tension  nerveuse  qui  s’est  accumulée. Elle  se  présente  sous  la  forme  de  cris,  mouvements  désordonnés d ’une  certaine  ampleur,  elle  ressemble un  peu à la crise épileptique. La  différence  est  parfois  difficile  à  déceler  pour  un  observateur:  non  qualifié.  Notons  que  « la  crise  de  nerfs »  est  consciente, annoncée;  elle  a  une  cause,  elle  est  choisie,. spectaculaire,  bruyante, et  peut  être  assez  longue. La  crise  épileptique  est  brutale,  imprévue,  discrète  dans  ses manifestations,  de  peu  de  durée,  5  minutes  environ,  sauf  dans  le cas  de  crises  en. chaîne,  fait  qui ‘est  très  rare.

La  crise  d’agitation  se  présente  sous  la  forme  de  coups  désordonnés,  bris  de  matériel,  carreaux,  etc. Pour  arrêter  ces  manifestations,  neutraliser  le  sujet  au  moyen d’une  grande  couverture  ou un  grand  drap,  jeté  sur  la tête,  ce  qui permettra  de  le  ligoter,  sans  lui  faire  de  mal. On  dispose  dans  ce  cas  aussi  d ’un  médicament  (le  Largactil) ;  administré  en  injection,  il  donne  de  bons  résultats  et  évite  le  ficelage,  le camisolage.

La  psychose  carcérale,  qui  se  présente  sous  forme  de  confusion mentale.  Il s ’agit d ’un  état pathologique ;  le malade doit être interné.

b) Réactions de  dépression.

La  tristesse  légitime  :  Elle  est  due  à  l ’incarcération,  la  frustration,  la  peine;  le  sujet  raisonne,  ne  manifeste  pas  de  confusion.

Le  remord,  qu’il  faut  différencier  du  regret,  est  extrêmement rare.  Purement  moral,  intérieur,  indépendant  du  châtiment,  il  est presque  anormal,  car  il  donne  une  impression  d’indignité  reconnue,  d ’une  auto-accusation  qui  prélude  le  plus  souvent  au  cafard, à  la  mélancolie,  et  peut  conduire  au  suicide.

Le  suicide  : Distinguer la tentative de  suicide vraie  de la fausse, celle  qui  est  simulée. Celle-ci,  d’ailleurs,  peut  quand  même  aboutir  à  la mort  de  son auteur,  quand  il  «rate»  sa  démonstration;  cela  s’est  souvent  produit. La  tentative  de  suicide  vraie  est  une  manifestation  que  l ’on peut  difficilement,  prévenir. Une  fouille  soignée  permettant  de  soustraire  tout  objet  dangereux,  une  surveillance  étroite  sont  les  moyens  matériels  dont  on dispose.,   On  peut  faire  appel  au  médecin  psychiatre  qui,  lui,  dispose de  l ’excellente  médication  qu’est  le  Largactil.  Ses  effets  sont  anesthésiants;  abattent  les.  nerfs;  permettent  de  faire  passer  au  sujet un  « cap »  difficile.  Cependant  Sénèque;  très  justement-,  déjà  écrivait  :  «En  vain  retient-on celui qui a envie de mourir… ».  Un  cas  récent  démontre jusqu’à quel point  peut  mener  l ’obstination  d ’un  candidat  au  suicide  :  « Un  désespéré  s ’est  suicidé  en  se  perçant  le  cœur  avec  une aiguille,  après plusieurs tâtonnements,  plusieurs essais infructueux ».

L ’automutilation  :  Courante  en  prison,  elle  est  difficile  à  caractériser  du  point  de  vue  psychologique.  Certaines  motivations  peuvent  être  facilement  décelées  :  désir  d ’hospitalisation  pour  tenter une  évasion,  besoin  d ’attirer  l ’attention,  réaction  mélancolique. Dans  ce  dernier  cas,  cela  peut  être  très  grave.

Le  refus  d’aliments  :  Leurs  auteurs  sont  des  opposants,  des déprimés  ou  des  délirants. Les  opposants,  les  « grévistes  de  la  faim »,  se  manifestent  d ’une façon  spectaculaire;  ils  ne  sont  pas,  le  plus  souvent,  passibles  d ’un traitement  médical  et  si  on  associe,  à  leur  grève  de  la  faim,  la  grève de  la  soif  obligatoire,  ils  se  lassent  très  rapidement,  car  le  corps humain  peut  supporter  beaucoup  plus  longtemps  le  manque  d ’alimentation  solide  que  liquide. Les  autres  cas  peuvent  être  soumis  au  médecin  psychiatre qui  dispose  de  :

1°  L ’alimentation  forcée,  par  sonde  (moyen  peu  élégant  bien sûr,  quelquefois  indispensable) ;

2°  Le  Largactil  déjà  cité,  plus  pratique,  plus  efficace  aussi clans  ce  cas.

Le  plus  important  reste  l ’alimentation  liquide.  Dans  les  cas graves,  on  pratique  l ’injection  liquide  sous-cutanée.

c) Réactions de  persécution.

Le  paranoïaque  se  caractérise  par  une  fausseté  de  jugement, une  surestimation  du  moi,  une  impression  de  persécution,  une  certaine  psychorigidité.  C ’est  le  plaideur-né.  Il  s’agit  chez  lui  d’une disposition  d ’esprit.  On  en  rencontre  beaucoup,  atteints  à  des  degrés différents  allant  jusqu ’aux  cas  les  plus  graves,  pathologiques. Chez  les  détenus  cela  peut  se  traduire  par  des  sentiments exprimés  que  l ’on  juge  exagérés.  Cependant,  il  faut  rechercher la  réalité  des  faits.  Ceux  qui  amplifient,  déforment sont :

Les  persécutés,  qui  font  un  délire  de  persécution,  accompagné quelquefois  d ’un  refus  d’aliment, causé  par  la  peur  irraisonnée.

Les  hallucinés,  qui  parlent,  entendent  des  voix, , comme si  une autre  personne  partageait  leur  cellule.; Ne  pas  confondre  avec  certaines  personnes. Parlant  seules,  sans but,  sans  raison.  Normales, celles-ci  n’ont  pas l ’attitude d’écoute.

Il  ne  s’agit  que  d ’un  monologue. L’halluciné  dialogue,  écoute.  Dans  les  réactions  de  persécution  il  ne  s’agit,  pour  lui,  que  de  « reproches »,  de  « différends ».

d) Réactions discordantes

Il  faut  penser  au  cas  des  trop  « bons »  détenus,  trop  calmes, trop  faciles,  trop  mous. Il  s  agit  d ’une  attitude  de  repli.  L ’indifférence  morale,  matérielle  est  totale,  vis-à-vis  de  tout,  famille,  entourage…  Elle  laisse présager  un  processus  dissociatif.

L  apragmatisme  :  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  la  paresse naturelle,  habituelle. C ’est  un  processus  de  désadaptation,  il  peut  s’y  ajouter  quelques  bizarreries,  tics,  mimiques   discordantes,  rires  immotivés.  Il  peut  amorcer,  soit  lui  aussi  une  espèce  de  schizophrénie,  soit  une psychose  qui  se  manifestera  par  un  refus  d ’aliments,  par  des  réactions  impulsives,  gifles,  coups  irraisonnés.

e) Réactions de caractère sexuel

La  masturbation  banale,  peu  fréquente,  est  normale,  elle  ne pose  pas  de  problème. Trop  renouvelée,  elle  devient  anormale.  On  la  constate  chez les  débiles  mentaux,  chez  les  sujets  aux  réactions  d ’énervement par  une  espèce  de  « compensation ».

L ’homosexualité  :  Les  homosexuels  catalogués  «pédophiles» sont  le  plus  souvent  de  bons  détenus.  Ils  agissent  sur  des  enfants, ne  s’adressent  pas  aux  adultes,  en  général.  Ce  sont  des  timides, inhibés. Les  pratiquants  avec  des  adultes  posent  plus  de  problèmes

Parmi  eux  : Certains  sont  des  habituels, d’autres  acquièrent  ces  habitudes.  Ils  avaient  certainement  des tendances.  L ’incarcération  les  place  en  milieu  plus  propice  à  se laisser  aller  à  celles-ci.  On  ne  croit  guère  à  la  contamination  des adultes,  qui  n ’ont  aucune  tendance  anormale. Dans  les  habituels  distinguons  :  l ’initiative  ou  les  attaquants, la  passivité  ou  les  attaqués,  plutôt  que  les  actifs,  les  passifs. Les  attaquants  sont  les  plus  redoutables,  mais  les  attaqués, les  efféminés  en  particulier  cherchant  l ’initiative  d ’un  partenaire peuvent  être  provocants.

Quelle  attitude  adopter ?

D ’abord  ne  pas  avoir  la  hantise  de  la  possibilité  de  ces  actes en  prison.  Il  ne  faut  pas  faire  une  «psychose»  de  l ’homosexualité.  On  risquerait  de  la  créer  !  Chez  les  hommes,  elle  est  essentiellement  l ’expression  d ’un  besoin  physiologique.  L ’affectivité,  les sentiments,  interviennent  peu. Chez les  femmes,  au  contraire,  elle  est  sentimentale,  à  base d affectivité,  elle  est  le  plus  souvent  très  spectaculaire,  étalée  au grand  jour.

f) Réactions de simulation

Pure,  elle  est  rare.  Elle  survient  :  au  stade  prévention  d ’un crime  ou  d ’un  délit,  uniquement  utilitaire. Après  la  condamnation  elle  est  plus  rare,  elle  a  un  but  utilitaire  aussi,  envoi  dans  un  hôpital  en  vue  d ’une  tentative  d ’évasion  (par  exemple). En  fait,  il  y  a_le  plus  souvent,  fausse  simulation,  troubles  mal relatés,  sursimulation…,  ces  sujets  exagèrent  volontairement  des troubles  réels,  dont  ils  ont  conscience. La  simulation  est  en  réalité  difficile.  Le  simulateur,  profane  et pressé,  choisi  des  manifestations  spectaculaires,  immédiates,  qui  le fatiguent  rapidement.  Une  observation  prolongée,  le  lasse.

Un  « bon  simulateur »  devrait  procéder  lentement,  par  petites  touches, bien connaitre tous  les  symptômes  de  l ’état  pathologique choisi. Elle  est,  de  toute  façon,  pénible  au  sujet,  lui  crée  des  malaises, certains  troubles  même,  qui  le  gênent.

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Exemple de rapport en probation établi à l’aide du LS/CMI (Level of Service/Case Management Inventory)

Le Niveau de service (LS) désigne un ensemble d’instruments d’évaluation du risque et des besoins des délinquants qui ont évolué depuis sa version initiale, il y a plus de 25 ans. Toutes les versions partagent un certain nombre de caractéristiques communes essentielles. Cependant, la théorie, la recherche et la pratique ont contribué à façonner les itérations ultérieures avec diverses modifications et innovations. En outre, certaines adaptations ont été faites pour tenir compte des contextes juridiques et sociaux/culturels de la communauté internationale. Par exemple, l’âge légal d’un jeune en conflit avec la loi varie d’un pays à l’autre, tout comme les niveaux d’éducation.
Les instruments LS sont fondamentalement un outil quantitatif, composé d’éléments de risque statique et de besoins dynamiques (criminogènes), tous notés dans un format dichotomique, 0-1. Les items ont été sélectionnés pour une combinaison de raisons théoriques et empiriques  qui s’appliquent à toutes les caractéristiques démographiques, telles que l’âge, le sexe, la race et l’origine ethnique. Cependant, il existe des versions pour les jeunes (12 à 18 ans) et pour les adultes (16 ans et plus) qui se chevauchent et qui tiennent compte des différences de développement entre les adolescents et les adultes délinquants.
Les instruments LS adhèrent à un protocole de collecte de données basé sur l’entretien, bien que les évaluateurs soient encouragés à utiliser de multiples sources d’information, telles que les contacts collatéraux (par exemple, la famille, les gestionnaires de cas précédents) et les documents du dossier (par exemple, les casiers judiciaires, les rapports pré-pénaux, et les évaluations cliniques) afin d’évaluer le niveau de service des jeunes. casier judiciaire, rapports pré-pénaux et évaluations cliniques) pour noter leurs items.

Étude de cas avec utilisation du LS/CMI

 Rapport d’admission en probation

Nom : Louise Lake

Âge : 37 ans

Date : 1er avril 2017

Motif de l’évaluation

Mme Lake commence une période de probation de six mois.  Elle a plaidé coupable à un chef d’accusation de possession de stupéfiants dans le but d’en faire le trafic. Les conditions de la probation sont minimes et impliquent de se présenter à la demande de l’agent de probation. Selon le rapport de police, Mme Lake a été trouvée avec 200g de cannabis lors d’une descente de police dans un club de danse local. Il s’agit de la première condamnation de Mme Lake est sa première condamnation en tant qu’adulte. Pendant l’entretien, Mme Lake s’est présentée comme une femme coopérative et amicale. Elle a répondu librement à toutes les questions et a semblé franche dans sa discussion de la situation actuelle.

Antécédents criminels

Les documents officiels n’indiquent aucun antécédent criminel.  Mme Lake a déclaré qu’elle n’a jamais été arrêtée par la police, que ce soit en tant qu’adulte ou en tant que mineure. Au contraire, elle se décrit comme une citoyenne respectueuse des lois et a honte de ses démêlés avec la justice. Mme Lake a déclaré que l’infraction de possession résulte du fait qu’elle détenait le cannabis pour son mari, décrit comme un consommateur récréatif. Elle a nié avoir consommé du cannabis elle-même et a déclaré que la police n’avait pas d’autre choix que de l’arrêter parce « j’étais en possession de cannabis ».

Éducation/Travail

Mme Lake s’est décrite comme ayant toujours aimé l’école et n’ayant jamais eu de difficultés comportementales. Elle a poursuivi ses études jusqu’à l’obtention d’un diplôme de l’université locale il y a 10 ans. Elle a obtenu un diplôme en commerce et est actuellement employée par le grand magasin Best-Thing où elle est comptable. Son employeur est au courant de la présente infraction mais son emploi n’est pas menacé.

Le grand magasin Best-Thing est l’employeur de Mme Lake depuis qu’elle a obtenu son diplôme universitaire. Son employeur la décrit comme une excellente travailleuse et une employée appréciée par le personnel. Mme Lake a déclaré qu’elle aimait beaucoup son travail et qu’au fil des ans, elle s’était vu confier de plus en plus de responsabilités, ce qu’elle trouve à la fois stimulant et gratifiant. Son superviseur est également un ami proche de la famille qui l’a beaucoup soutenue pendant la procédure judiciaire. Mme Lake travaille dans un bureau avec quatre autres employés. Ils semblent avoir une très bonne relation collégiale. Ils semblent avoir une très bonne relation collégiale, passant les pauses café ensemble et jouant dans une équipe de bowling de l’entreprise.

 Famille/conjugalité

La consommation de cannabis de M. Lake est une préoccupation de longue date pour Mme Lake. Elle n’a jamais apprécié sa consommation de cette substance, même si elle était relativement peu fréquente (une fois par mois). Ils se sont disputés par le passé et ces disputes sont devenues plus fréquentes à mesure que leur fille grandissait. Mme Lake estime que cette consommation de drogue est un mauvais exemple pour leur enfant (bien que son mari n’ait jamais consommé de cannabis en présence de leur fille). La condamnation actuelle a encore aggravé la tension dans le couple, mais Mme Lake nie que la situation soit devenue si intolérable au point de vouloir demander la séparation. Mme Lake a déclaré qu’il n’y avait pas de problème d’attitudes de « pouvoir et de contrôle » dans leur relation, mais elle a fait remarquer que ses problèmes judiciaires étaient directement liés à sa relation avec son mari.

Les parents de Mme Lake vivent en ville et lui rendent régulièrement visite. Mme Lake est particulièrement proche de sa mère. Elles déjeunent ensemble au moins une fois par semaine et son oncle et sa tante, qui sont à la retraite, s’occupent de la fille pendant que Mme Lake et son mari sont au travail. Un seul membre de la famille de Mme Lake a eu des démêlés avec la justice. M. Lake a été condamné pour possession d’un stupéfiant il y a trois ans.

Loisirs

Mme Lake est membre de l’équipe de bowling de son entreprise ainsi que des organisations locales Neighbourhood Watch et Block Parents. Ces deux dernières activités impliquent des réunions mensuelles, la préparation d’un bulletin d’information et une activité périodique de collecte de fonds. En plus de ces activités, Mme Lake fait partie d’un club de lecture du quartier et, pendant l’été, elle aime faire jardinage. En hiver, elle prend des cours de ski le week-end.

Fréquentations

De ce qu’elle en sait, aucun des amis de Mme Lake n’a eu affaire au système de justice pénale. En fait, elle a du mal à s’imaginer fréquenter quelqu’un qui a été arrêté par la police. Mme Lake a indiqué que ses deux amis les plus proches (un collègue de travail et un vieil ami d’enfance) sont au courant de la présente infraction et en sont choqués. Cependant, elles ils considèrent cet événement comme une circonstance inhabituelle qui ne risque pas de se reproduire. En fait, l’un de ses amis l’a conduite au rendez-vous pour cet entretien.

Problèmes d’alcool/de drogue

Mme Lake nie avoir jamais eu un problème de drogue ou d’alcool. Elle n’a jamais expérimenté aucune drogue et a exprimé sa consternation quant au fait que son mari consomme encore du cannabis. Les drogues « dures » sont considérées comme des substances qui peuvent détruire la vie d’une personne et elle espère que sa fille ne sera jamais exposée à ces dangers. Mme Lake boit socialement et avec modération. Elle boit un verre de vin dans des occasions spéciales, son dernier verre ayant été pris lors de la fête de départ à la retraite d’un collègue le mois dernier. La description de la consommation d’alcool et de drogues de Mme Lake est confirmée par son mari et sa mère qui ont été interrogés par l’examinateur.

État d’esprit/Orientation

Mme Lake a admis qu’elle était en possession de cannabis et estime que l’agent qui a procédé à l’arrestation l’a fait de manière appropriée: « Leur travail consiste à faire respecter la loi ; à long terme, c’est bon pour tout le monde ». Elle pense qu’une récidive est peu probable : Elle espère retrouver une vie plus normale, travailler et continuer à s’impliquer dans sa famille et sa communauté.  Tout à fait prête à accepter la peine que le tribunal a jugée appropriée, elle estime que le juge a pris une décision juste et est heureuse que la probation ait été la décision finale. Je lui ai expliqué la probation et la possibilité qu’il y ait des conditions restrictives accompagnant l’ordonnance de probation. Mme Lake a compris et a dit : « Quoi qu’il en soit, j’espère que l’agent de probation pourra m’aider à mettre cette partie de ma vie derrière moi ».

Comportement antisocial

Mme Lake s’est présentée sans la moindre indication d’un comportement antisocial. Il n’y avait pas de personnalité antisociale, d’antécédents de comportement antisocial, de pensée antisociale et aucun modèle de comportement qui évoque un trouble généralisé.

Autres problèmes du client

Aucun autre indicateur de risque ou de besoin spécifique n’était présent. De même, une exploration des problèmes financiers, de l’hébergement, de la santé et des questions émotionnelles/personnelles n’ont révélés aucun problème.

Le revenu familial combiné de Mme Lake et de son mari est de 93 000 $. M. Lake travaille comme architecte paysagiste. Ils possèdent leur propre maison et une voiture de trois ans. Mme Lake nie avoir des difficultés à payer l’hypothèque ou la voiture. En fait, ils ont été en mesure d’économiser de l’argent pour des voyages de vacances chaque année et pour l’éducation future de leur fille de huit ans. Ni Mme Lake ni son mari n’ont jamais bénéficié d’une quelconque forme d’aide sociale.

La maison des Lake se trouve dans un quartier tranquille et bien établi de la ville. Ils vivent dans la même résidence depuis huit ans. Mme Lake est membre de l’association des parents du quartier et est capitaine de quartier pour Neighbourhood Watch.  L’année dernière, ils ont rénové leur cuisine et leur salle de bains. Mme Lake espère que cette maison sera leur résidence pour de nombreuses années à venir.

Selon la mère de Mme Lake, cette dernière a toujours été une enfant joyeuse et sociable. Mme Lake s’est bien adaptée à l’école et n’avait aucun problème médical. Elle a nié avoir jamais vu un conseiller ou un professionnel de santé mentale et décrit sa vie comme très satisfaisante. Son seul souhait est que son mari cesse de consommer du cannabis.

Résumé et recommandations

Mme Lake apparaît comme une femme mûre et sincère qui semble avoir commis une erreur qu’elle souhaite oublier. Les résultats du LS/CMI la placent dans la fourchette de risque/besoin très faible. Son score était de 2. Les délinquants avec des scores similaires ont montré une très faible probabilité de récidiver. Le seul domaine qui présentait un potentiel pour un traitement ciblé était sa relation avec son mari, leurs désaccords sur la consommation de cannabis de ce dernier, et sa volonté apparente de « transporter » la substance à au moins une occasion.

Plan de gestion du cas en milieu ouvert

J’ai discuté du conseil conjugal avec Mme Lake et elle va explorer les services disponibles dans une agence locale de services à la famille. Cette agence est connue pour favoriser le conseil conjugal structuré à court terme avec une attention particulière à la qualité et à l’équité dans les relations interpersonnelles Il n’y a pas de considérations particulières liées à la réceptivité au-delà de la possibilité que les attitudes de « pouvoir et de contrôle » soit un problème de femmes.

Notamment, le conseil conjugal pourrait bien s’appuyer sur les nombreux points forts relevés dans ce cas. Ils comprennent les antécédents criminels, l’éducation/l’emploi, les loisirs, les fréquentations, les attitudes/état d’esprit et le schéma de comportement. Une fois que la consultation est en cours et que les progrès sont confirmés par le conseiller et les participants, je prévois une fermeture rapide favorable.

Jeff Atlas

Agent de probation chargé de l’accueil

Résumé de sortie de la gestion de cas

Nom : Louise Lake

Âge : 37 ans

Date : 29 septembre 2017

Arrière-plan :

Mme Lake a reçu une période de probation de six mois pour possession de cannabis. Elle a été évaluée à l’admission comme un cas à très faible risque avec une multitude de forces. Assignée à une supervision minimale, elle a été orientée vers un organisme de services familiaux pour une consultation conjugale. Le seul facteur criminogène identifié était une insatisfaction conjugale centrée sur la consommation occasionnelle de cannabis par son mari. On s’attend à une clôture rapide et favorable du dossier.

Gestion de cas

Mme Lake et son mari ont pris contact très tôt avec l’agence familiale et sont entrés dans un processus structuré à travers une approche comportementale, axée sur une relation équitable. Avec seulement quatre semaines, le mari s’est engagé à cesser de consommer de la drogue et Mme Lake s’est engagée à ne pas avoir de contact avec la substance ou avec son mari pendant une période de consommation.

Après quatre contacts supplémentaires, le conseiller et les Lake ont signalé à l’agent de probation que leurs objectifs de conseil avaient été atteints. Les contacts téléphoniques entre la famille et le conseiller ont été planifiés à raison d’une fois par mois pendant les trois mois suivants.

Clôture du dossier

Après les huit premières semaines, le dossier a été clôturé, étant entendu que l’agent de probation (ou Mme Lake ou le conseiller) pouvait prendre contact à tout moment jusqu’à la fin de la période de probation officielle de six mois.

Sarah Repaz

Agent de probation et de gestion des cas

 

(Pour un examen du LS/CMI de Mme Lake, voir Andrews, Bonta, & Wormith (2004), p. 81-94.)

Le désistement assisté : ce que c’est et comment ça marche, Criminologie, Presse de l’université de Montréal, Volume 53, numéro 1, printemps 2020, Sous la direction de Isabelle F.-Dufour et Marie-Pierre Villeneuve

« Red flags »: Évaluer le risque dans les cas de violence conjugale

Encyclopedia of domestic violence, 2007, Routledge

 

1.Antécédents de violence à l’égard d’un partenaire intime (Le premier et le plus important des signaux d’alarme est un antécédent de violence à l’égard d’un partenaire intime (Campbell et al. 2003a ; Websdale 1999 ; Wolfgang 1958)

2.Séparation ou éloignement imminent ou effectif (« Les femmes qui se séparent de leur partenaire violent après la cohabitation courent un risque accru de fémicide, en particulier lorsque l’agresseur est très contrôlant  », Campbell et al 2003)

3.Possessivité obsessionnelle ou jalousie morbide

4.Menaces de mort Les femmes dont le partenaire les menaçait de meurtre étaient 15 fois plus susceptibles d’être tuées que les autres femmes » (Campbell et coll. 2003 »)

5.Consommation d’alcool et de drogues (Campbell et al. (2003) ont constaté que les femmes dont le partenaire était  » ivre tous les jours ou presque tous les jours  » avaient 4,1 fois plus de risques de mourir que les femmes battues dont le partenaire n’avait pas ce comportement.)

6.Chômage (« l’absence d’emploi de l’agresseur était le seul facteur de risque démographique qui prédisait de manière significative les risques de féminicide après avoir contrôlé une liste complète de facteurs de risque plus proches, multipliant les risques par quatre par rapport au cas des agresseurs ayant un emploi » (Campbell et al. 2003)

7.Présence de beaux-enfants («Les cas où un enfant de la victime par un partenaire précédent vivait dans le foyer augmentaient le risque d’homicide entre partenaires intimes ». Campbell 2003)


Jordan et al. (2004) ont réalisé une analyse documentaire et citent les facteurs suivants qui augmentent la probabilité qu’une femme soit blessée ou tuée lors d’un épisode de violence domestique. Ces facteurs sont les suivants :

accès de l’agresseur à des armes à feu 

tentative de séparation du partenaire 

exposition à la violence parentale 

la violence a commencée avant le mariage 

rapports sexuels forcés

abus de la victime pendant la grossesse

consommation d’alcool par la femme

antécédents de violences par le partenaire

antécédents d’agressions générales par l’homme

menaces de tuer la femme ou de se suicider

contrôle des activités de la femme

Jordan, C., Nietzel, M., Walker, R., & Logan, T.K. (2004). Intimate partner violence. New York: Springer.


Capaldi et al. (2012) ont passé en revue des études qui décrivaient les facteurs de risque pour la survenance de la violence domestique au sein d’une relation. Les conditions suivantes augmentent la probabilité de violence domestique :

1.le jeune âge 

2.les privations telles que le chômage et les faibles revenus 

3.l’appartenance à un groupe minoritaire 

4.l’exposition aux mauvais traitements pendant l’enfance 

5.les troubles du comportement pendant l’enfance et l’adolescence ainsi qu’un diagnostic de trouble de la personnalité antisociale chez les adultes 

6.la consommation de drogues chez les deux sexes et la consommation d’alcool principalement chez les femmes 

7.anxiété et dépression principalement chez les femmes

8.émotivité négative – consistant en une volatilité émotionnelle, un mauvais contrôle des impulsions,

9.une attitude défensive et de la jalousie ;

10.attitudes hostiles des hommes envers les femmes ;

11.croyances pro-violentes chez les deux sexes ;

12.couples qui se fréquentent plutôt que des partenaires mariés ;

13.faible satisfaction dans la relation ;

14.conflits importants dans le couple.

15.Un lien à l’attachement insécure a également été constaté, en particulier entre la violence domestique et la préoccupation ou l’évitement, mais ces résultats sont mitigés.

Capaldi, D.M., Knoble, N.B., Shortt, J.W., & Kim, H.K (2012). A systematic review of risk factors for intimate partner violence. Partner Abuse, 3(2), 231–280.

 Certains facteurs de protection contre la violence dans les relations amoureuses ont également été notés. Il s’agit notamment d’un comportement parental positif et impliqué, de l’encouragement des comportements non violents et du soutien des pairs.