Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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VERS UNE DÉTENTION ÉDUCATIVE (juillet 1951) Rapport sur le Centre national d’orientation de Fresnes
Présenté le 26 juillet 1951 au Congrès de Gôteborg (Suède) par le Révérend Père VERNET, Aumônier du Centre d’orientation, Membre de la Société internationale de psychotechnique

Les enquêtes sociales apportent donc des éléments intéressants dont certains ne seraient pas fournis par le sujet. Mais il est bon de s’assurer, en cours d’entretien, de l’exactitude des données de l’enquête. L’entretien, (comme tout entretien dans un examen psychotechnique) doit apporter par l’étude de l’histoire personnelle, familiale, sociale du sujet, du passé scolaire et professionnel, des renseignements sur le développement « longitudinal » de personnalité (les tests n’apportant des indications que sur l’aspect présent et momentané de la personnalité). Il peut permettre ainsi, par la compréhension des événements passés, la prédiction des attitudes et des comportements futurs (et cela est particulièrement important pour les délinquants).
Contrairement à ce qui est fait habituellement pour les non-délinquants, aucune note n’est prise pendant l’entretien. En effet, le fait d’écrire devant le sujet occasionne un blocage plus ou moins total et renforce certainement la tendance au mensonge : « Les écrits restent… faisons-nous plus jolis que nous sommes». Dans l’ensemble, les délinquants se prêtent de bonne grâce à l’entretien, une fois mis en confiance. Cette mise en confiance est parfois très difficile à obtenir. D’une manière générale, l’entretien ne doit jamais apparaître au détenu sous la forme d’un interrogatoire, ce qui lui rappellerait « l’instruction » de son affaire et le mettrait immédiatement sur ses gardes. Au contraire, l’interview doit être conduit de façon à donner au sujet l’impression d’être engagé dans une conversation impromptue avec quelqu’un dont les bonnes intentions sont évidentes. Dans ce même ordre d’idées, le psychotechnicien évite de parler du délit au début de l’entretien : il n’en sera question que dans l’ordre chronologique des faits rapportés.
Un aspect important de l’entretien est l’étude de la motivation (la motivation étant comprise comme « l’ensemble des facteurs qui rendent compte de tout acte, tout mouvement, toute pensée»). Etude particulièrement importante chez les sujets qui vont « apprendre » un métier : qu’est-ce qui les a déterminés à choisir ce métier plutôt qu’un autre ? Etude également importante chez les détenus qui vont «exercer» un métier : pourquoi préféreraient-ils exercer tel métier ? est-ce parce qu’il ressemble à celui qu’ils exerçaient précédemment ? ou bien est-ce simplement pour avoir des conditions de détention meilleures ? C’est souvent cette dernière motivation qui se fait jour. L’entretien doit permettre également de savoir quels sont les projets d’avenir du sujet : quel métier a-t-il l’intention d’exercer après sa détention ? en a-t-il la possibilité ?

Vers une detention educative, Rapport sur le CNO 1951

 

A fundamental attribution error? Rethinking cognitive distortions.

Shadd Maruna (Queen’s University Belfast, Northern Ireland, UK) and Ruth E. Mann (HM Prison Service, London, UK) The British Psychological Society (2006)

A propos de la notion de distorsion cognitive chez les criminels: ne pas reconnaître les faits est-il prédicteur de la récidive? La « reconnaissance des faits » est-il un phénomène d’adaptation avant l’expression d’un « remord »? Enfin, les buts thérapeutiques doivent-ils être révisés en conséquences des résultats des travaux menés sur le sujet? 

The notion of ‘cognitive distortion’ has become enshrined in the offender treatment literature over the last 20 years, yet the concept still suffers from a lack of definitional clarity. In particular, the umbrella term is often used to refer to offence-supportive attitudes, cognitive processing during an offence sequence, as well as post-hoc neutralisations or excuses for offending. Of these very different processes, the last one might be the most popular and problematic. Treatment programmes for offenders often aim to eliminate excuse-making as a primary aim, and decision-makers place great weight on the degree to which an offender “takes responsibility” for his or her offending. Yet, the relationship between these after-the-fact explanations and future crime is not at all clear. Indeed, the designation of post hoc excuses as criminogenic may itself be an example of fallacious thinking. After all, outside of the criminal context, post hoc excuse-making is widely viewed as normal, healthy, and socially rewarded behaviour. We argue that the open exploration of contextual risk factors leading to offending can help in the identification of criminogenic factors as well as strengthen the therapeutic experience. Rather than insist that offenders take “responsibility” for the past, we suggest that efforts should focus on helping them take responsibility for the future, shifting the therapeutic focus from post hoc excuses to offence-supportive attitudes and underlying cognitive schemas that are empirically linked to re-offending.

Maruna___Mann__A_fundamental_attributi.pdf

maurinComment briser cette mécanique infernale dans laquelle « le fait divers » réactive les peurs primaires de l’opinion publique ? Comment restaurer la justice dans son véritable rôle protecteur, les magistrats dans la dignité de leur fonction et les services de probation dans leur finalité réintégratrice ? Selon nous, en réactivant l’esprit critique, en entretenant un devoir d’exigence intellectuelle dans les réponses pénales apportées. Car le « laxisme » ne provient pas du recul du « tout carcéral » mais d’une pensée à court terme faisant abstraction des apports de la recherche. C’est dans cet esprit que le Garde des Sceaux, Madame TAUBIRA, impulsait en septembre 2012 une conférence de consensus pour la prévention de la récidive : « L’opinion a été intoxiquée par un discours sommaire, qui consiste à dire que chaque délinquant est un criminel en puissance qu’il faut enfermer. Est-ce que dans ce pays, les gens ont renoncé au raisonnement et à l’intelligence ? Ne peut-on pas débattre du sens de la peine, du fait que le tout-carcéral augmente le risque de récidive ?

C’est avec cette philosophie que nous avons souhaité, dans ce premier dossier d’information « La recherche au service de la Probation », faire un état des lieux, non exhaustif, des recherches relatives au processus de sortie de la délinquance. La fascination exercée par « le risque », la « dangerosité », entraîne une focalisation médiatique et politique sur ceux de nos concitoyens qui réitèrent. La récidive est ressentie comme une pandémie des sociétés modernes, un mal endémique contre lequel il convient de se protéger par tous les moyens. Pourtant, s’il y a peu de consensus en science sociale et encore moins en criminologie, il est au moins un point non contesté, la délinquance n’est qu’une étape transitoire dans le parcours de vie. Les travaux menés par l’école de la désistance ont ainsi montré que le processus de sortie était présent chez tous les délinquants même persistants. En interrogeant les désistants, ces études permettent de percevoir les facteurs qui supportent ou facilitent les sorties de délinquance. Elles font entrevoir de nouvelles clés de compréhension et des axes innovants d’intervention. En définitive l’école de la désistance nous oblige à repenser la place du contrevenant et la question du traitement de la déviance au sein de notre société.

Sommaire

  • I- L’émergence de la désistance dans le champ d’étude criminologique (Par Noëlie BLANC CPIP)
  • II- Un processus naturel et dynamique (Par Yann MAURIN CPIP)
  • III- Les facteurs exogènes de la désistance (Par Yann MAURIN CPIP)
  • IV- Les facteurs psychologiques de la désistance (par Yann MAURIN CPIP)
  • V- L’interaction de facteurs externes et internes (Par Noëlie BLANC CPIP)
  • VI- L’impact de l’incarcération sur le processus (Par Noëlie BLANC CPIP)

 

RECHERCHE et PROBATION

  • Sur le même thème voir le film « indispensable » qui présente les théories de la desitance, réalisé par l’IRISS (2012), intitulé  The Road from Crime (Vost)

 

RTS (juin 2013) Sortie de Prison (Marche à l’Ombre)

Comment les détenus vivent-ils après la prison? Que fait-on pour éviter la récidive? (1/3)

 Mise au point a suivi trois prisonniers au moment de retrouver la liberté à Bellechasse. Les étapes qui vont les conduire à leur sortie font l’objet d’un feuilleton documentaire de trois épisodes.

Sortie de Prison II (Marche à l’Ombre)

Les trois détenus de Bellechasse goûtent à la liberté chacun à leur manière.. un peu, beaucoup … ou assortie d’une expulsion du territoire… le feuilleton continue.

Comment les détenus vivent-ils après la prison? Que fait-on pour éviter la récidive? (3/3)

Que se passe-t-il pour les détenus une fois qu’ils sont relâchés ? Une sortie de prison, ça se prépare. Mise au point a suivi trois prisonniers au moment de retrouver la liberté. Nous avons suivi les étapes qui vont les conduire à leur sortie dans un feuilleton documentaire en trois épisodes.

Nous avions rencontré Lila KAZEMIAN le 14 et 15 février 2013, à Paris, à l’occasion de la Conférence de Consensus pour la Prévention de la Récidive, dans laquelle elle intervenait en qualité d’expert au sujet des prédicteurs de désistance.

Elle nous avait fait part, lors d’une discussion, de son projet de recherche au sein de différents établissements pénitentiaires parisiens. Cette étude, qui s’inscrit dans une recherche comparative avec d’autres pays, avait pour but d’explorer les mécanismes de réinsertion sociale mis en œuvre en milieu carcéral. Afin de mieux cerner les obstacles à la réinsertion, le projet devait explorer différentes dimensions rattachées aux caractéristiques sociales et psychologiques des détenus, aux perceptions de la qualité des services de réinsertion disponibles en prison, ainsi que les conditions nécessaires à une réinsertion sociale après le retour à la vie libre.

Focus sur une Recherche en cours

Et demain la même chose chez nous…?  

The Ministry of Jusitce announced its plans to privatise up to 70% of probation’s core work  on 9 May 2013. Napo belives that the true motivation behind this is to drive down costs and an ideological commitment on the part of the government to the private sector being the preferred bidder as opposed to state run services.

If these plans proceed it will lead to fragmentation of the service, staff cuts (that is how the government will make its savings and the companies their profit) and will compromise public protection.

Napo is campaigning vigourously to defend the Probation Service from this threat.

Sign the e-petition

« Au cœur de la prison de Forest »

Une après-midi de juillet dans les dédales de la prison de Forest. Jean-Marc, chef de quartier, sert de guide. Première étape, un trio, soit une cellule de 9 mètres carrés où la promiscuité règne en maître. A Forest, la surpopulation est telle que des cellules conçues pour être individuelles au départ sont désormais destinées à accueillir trois personnes, 23 heures sur 24, avec un détenu qui dort à terre.

 Fermeture prévue pour 2017

Prévu pour 400 détenus, Forest en compte 600. Après être passé par un pic de 750 l’année dernière.  Avec la construction de la future prison de Haren, l’établissement pénitentiaire devrait définitivement fermer ses portes en 2017.

Voir l’article sur RTL.be