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ÉCHELLE DE RISQUE DE VIOLENCE (VRS-SO): VERSION POUR DÉLINQUANTS SEXUELS, ITEMS STATIQUES ET DYNAMIQUES

 Le VRS-SO (VIOLENCE RISK SCALE–SEX OFFENDER- Sexual Offender -Wong et al., 2004-2006) a été développé pour évaluer le risque des délinquants sexuels à l’aide de variables dynamiques et statiques liées à la récidive sexuelle. Il a été dérivé du VRS et possède la même plateforme que celui-ci, en partie pour faciliter le transfert des connaissances et des compétences d’un outil à l’autre.

Le VRS-SO comporte 7 variables statiques et 17 variables dynamiques et, comme dans le VRS, chaque variable est évaluée sur une échelle à 4 points (0, 1, 2, 3).

En général, des notes plus élevées indiquent que la variable est plus étroitement liée à des comportements sexuels ou non sexuels inappropriés.

Les items statiques ont été identifiés par des procédures purement statistiques ; un ensemble de variables statiques représentatives ont chacune été corrélées avec le résultat, et les prédicteurs les plus forts ont été retenus et rééchelonnés sur une échelle à 4 points.

Les items dynamiques ont été identifiés après un examen détaillé de la littérature sur le risque (par exemple, Hanson & Harris, 2000 ; Proulx et al., 1997), y compris les contributions de la théorie de la prévention des rechutes (Pithers, 1993 ; Ward & Hudson, 1998) et de la théorie de la psychologie de la conduite criminelle (Andrews & Bonta, 2003). Les variables de l’échelle ont ensuite été choisies statistiquement pour maximiser la validité du contenu de l’échelle. Comme pour l’échelle VRS, une note de 2 ou 3 points sur les variables dynamiques signifie que l’item est lié à un risque accru de récidive sexuelle, c’est-à-dire qu’il est criminogène, et doit donc faire l’objet d’un traitement. Les évaluations des étapes du changement avant et après le traitement sont identiques à celles du VRS.

Une analyse factorielle des items dynamiques a suggéré la présence de trois grands facteurs appelés déviance sexuelle (mode de vie déviant, compulsion sexuelle, planification d’infraction, cycle de délinquance sexuelle, préférences sexuelles déviantes), la criminalité (personnalité criminelle, agressivité interpersonnelle , toxicomanie, soutien communautaire, impulsivité, respect de la surveillance communautaire) et réceptivité au traitement (distorsions cognitives, capacité d’introspection, libération dans des situations à haut risque, respect du traitement). Deux des items (contrôle émotionnel et déficits d’intimité) ne se sont pas chargés (voir Olver, Wong, Nicholaichuk, & Gordon, 2007).

La structure factorielle de l’instrument est cohérente avec les principaux domaines de facteurs de risque identifiés dans la littérature (c’est-à-dire la déviance sexuelle et l’antisocialité). Il est prouvé que différents types de délinquants sexuels obtiennent des scores différents pour les trois facteurs. Par exemple, des recherches sur le VRS-SO ont montré que les agresseurs d’enfants ont tendance à obtenir des scores plus élevés en matière de déviance sexuelle et plus faibles en matière de criminalité, par rapport aux violeurs, qui présentent le schéma inverse (plus élevés en matière de criminalité et plus faibles en matière de déviance sexuelle), et aux délinquants mixtes qui obtiennent des scores assez élevés pour les deux (Olver et al., 2007).

Les scores obtenus pour chacun des trois facteurs fournissent des indications générales sur la localisation principale du risque de récidive sexuelle. Un examen plus approfondi des éléments composant les facteurs peut être utilisé pour mettre en évidence des domaines problématiques plus spécifiques à traiter. Par exemple, certains violeurs présentent des schémas d’excitation déviants (par exemple, une préférence pour les rapports sexuels avec violence) et peuvent donc nécessiter des interventions de modification de l’excitation. Cependant, pour ceux qui n’ont pas une telle préférence, l’intervention peut être axée sur d’autres aspects, comme l’agressivité, l’impulsivité et le manque de soutien communautaire. L’évaluation et le traitement doivent être intégrés ; l’évaluation doit informer le traitement de manière à ce qu’il soit ciblé et prescriptif.

Fiabilité et validité du VRS-SO

De plus en plus de recherches soutiennent la validité et la fiabilité du VRS-SO (Beggs & Grace, 2007 ; Beyko & Wong, 2005 ; Olver & Wong, 2006 ; Olver et al., 2007). Olver et al. (2007) ont examiné les propriétés psychométriques du VRS-SO dans un échantillon de 321 délinquants sexuels traités. Sur la base d’informations détaillées, les délinquants ont été évalués sur les items du VRS-SO. Suivis pendant une moyenne de 10 ans, environ 25% de l’échantillon a été condamné pour un nouveau délit sexuel au cours du suivi.  Les scores totaux du VRS-SO prédisaient significativement la récidive sexuelle (r=0,34, aire sous la courbe = 0,72) et ont démontré une fiabilité inter-juges acceptable (coefficient de corrélation intraclasse = 0,79) et une cohérence interne ( α = 0,84).

LES VARIABLES DYNAMIQUES SONT-ELLES RÉELLEMENT DYNAMIQUES ?

Bien que de nombreux travaux théoriques et empiriques aient été réalisés pour identifier les variables dynamiques putatives liées à la délinquance non sexuelle et sexuelle, peu de recherches ont abordé de manière spécifique la question de savoir si les variables dynamiques sont réellement dynamiques – c’est-à-dire établir des liens entre les changements dans les variables dynamiques et les changements dans la récidive en général ou la récidive sexuelle en particulier (Douglas & Skeem, 2005 ; Kraemer et al., 1997).

Une façon d’établir un tel lien est d’évaluer les variables dynamiques putatives à deux moments pour mesurer le changement – par exemple, avant et après le traitement. Les délinquants sont ensuite suivis après leur libération dans la communauté pour déterminer les liens entre les changements observés et la récidive. Il est essentiel que les évaluateurs des changements soient aveugles aux résultats de la récidive pour éviter les confusions et les biais potentiels. Un petit nombre d’études dans la littérature sur les délinquants sexuels l’ont fait explicitement. Hanson et Harris (2000) ont comparé 208 récidivistes sexuels à un échantillon de 201 non-récidivistes sur un grand nombre de variables dynamiques. Il s’agissait d’une étude rétrospective dans laquelle l’évaluation des comportements des délinquants a été obtenue sur les variables à deux moments (6 mois et 1 mois) avant la récidive sexuelle pour les récidivistes, ou aux deux moments précédant la collecte des données pour les non-récidivistes. Les évaluations des comportements antérieurs au délit des délinquants étaient fondées sur les informations contenues dans les dossiers et les souvenirs des agents de libération conditionnelle des délinquants, dont beaucoup avaient connaissance des résultats en matière de récidive des délinquants qu’ils supervisaient et, par conséquent, pouvaient ne pas être totalement impartiaux. Hanson et Harris (2000) ont constaté que l’augmentation de la colère entre les deux moments était associée à une augmentation de la récidive sexuelle ; il est intéressant de noter que les récidivistes étaient également plus susceptibles que les non-récidivistes d’avoir commencé à prendre des médicaments anti-androgèniques dans le mois précédant la récidive sexuelle. Les résultats de cette recherche ont permis de développer le SONAR, qui se compose de cinq facteurs stables – autorégulation sexuelle, autorégulation générale, attitudes tolérantes à l’égard de l’agression sexuelle (cognitions comme « droit au sexe, attitudes face au viol, attitudes propices à l’agression d’enfants), déficits d’intimité et influences sociales négatives – et de quatre facteurs aigus – toxicomanie, humeur négative, colère et accès aux victimes. Bien que les facteurs stables et les facteurs aigus aient contribué de manière significative à la prédiction du risque, il y avait peu de preuves que les changements dans ces facteurs étaient liés à la récidive sexuelle (Hanson, Harris, Scott, & Helmus, 2007, p. 25).

Hudson et al. (2002) ont corrélé les scores de changement pré-post de plusieurs mesures d’auto-évaluation des délinquants sexuels de 242 délinquants sexuels traités et ont trouvé des corrélations inverses modestes mais statistiquement significatifs de certaines de ces mesures (mauvaise gestion de la colère, faible empathie, malaise social) avec la récidive sexuelle – c’est-à-dire que des changements plus importants étaient liés à une récidive sexuelle plus faible. Bien que la littérature examinant le risque de violence sexuelle dynamique soit limitée à quelques études, les résultats disponibles apportent un soutien croissant à la nature changeante des variables dynamiques et suggèrent que l’amélioration ou la détérioration des domaines de besoins criminogènes des délinquants sexuels est associée à une augmentation ou à une diminution de la récidive.

La nature dynamique du VRS-SO a été testée en évaluant les éléments dynamiques du VRS-SO au début et à la fin du traitement (à environ 6 à 8 mois d’intervalle, en moyenne). De manière peut-être plus significative, les scores de changement calculés à partir des items dynamiques avant et après le traitement se sont avérés être significativement inversement liés à la récidive sexuelle après avoir contrôlé le risque actuariel (c’est-à-dire le score statique du VRS-SO) et les différences dans la durée du suivi par une analyse de survie par régression de Cox, VRS-SO statique Wald (1) = 41,33, p < .001, exp( B ) = 1,23 ; changement dynamique Wald (1) = 3,94, p < .05, exp( B ) = 0,90. En termes pratiques, une exp(B ) de 0,90 signifierait que chaque point de changement de score permettrait de prédire une diminution de 10 % de la récidive sexuelle, après prise en compte du risque. En outre, on a constaté que le changement de traitement prédisait mieux la récidive chez les délinquants à haut risque ( r = -0,15, p < 0,05), qui ont plus à changer, que chez les délinquants à faible risque ( r = -0,01, ns ) qui ont moins à changer – c’est-à-dire en raison de l’effet plancher. Lorsque les scores de changement ont été examinés sur les trois facteurs après contrôle du risque statique, seuls les scores de changement de déviance sexuelle étaient significativement associés à des réductions de la récidive sexuelle, Wald (1) = 3,73, p = 0,053, tandis que les scores statiques continuaient à être associés à une augmentation de la récidive, Wald (1) = 42,14, p < 0,001.

En résumé, les analyses des changements confirment que les items dynamiques du VRS-SO sont dynamiques, c’est-à-dire que les changements positifs sont liés à une réduction de la récidive. Les résultats sont également conformes au principe du risque (Andrews et Bonta, 2003), c’est-à-dire que le traitement a plus d’impact sur les délinquants à haut risque que sur ceux à faible risque.

Les résultats sont également conformes au principe du risque (Andrews et Bonta, 2003), c’est-à-dire que le traitement a plus d’impact sur les délinquants à haut risque que sur ceux à faible risque.

Les résultats des analyses du score de changement de VRS donnent des résultats similaires (Lewis et al., 2008). Les scores de changement de VRS étaient inversement corrélés aux récidives criminelles avec violence ( r = -0,26, p < 0,001) après plus de 6 ans de suivi post-traitement – autrement dit, un changement de traitement plus important était lié à des taux plus faibles de récidive avec violence. La relation entre le changement de traitement et la récidive violente s’est maintenue après avoir contrôlé la durée du suivi et le niveau de risque avant traitement à l’aide d’analyses de survie par régression de Cox.

VRS-SO_feuille_codage (trad fr)

VRS-SO Calculator & Scoring Workbook

Franca CORTONI (CICC 2022) Meilleures pratiques en matière d’interventions pour les auteurs d’agressions sexuelles

Conférence-CICC du 1er mars 2022 de Franca Cortoni, professeure titulaire de psychologie criminologique à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et chercheure au CICC.
Plus de détails: https://www.cicc-iccc.org/fr/evenements/conferences/meilleures-pratiques-en-matiere-dinterventions-pour-les-auteurs-dagressions-sexuelles

Résumé

Un certain nombre d’études ont conclu que le traitement des comportements délinquants sexuels réduit avec succès la récidive. Cependant, un certain nombre de méta-analyses ont également conclu que les preuves de l’efficacité du traitement des délinquants sexuels sont, au mieux, faibles, surtout en raison de modèles expérimentaux inadéquats. Quelles sont donc les composantes efficaces du traitement appuyées par des données empiriques, et que devrions-nous faire pour améliorer nos pratiques? Cette conférence donnera un aperçu des composantes et des données empiriques qui appuient (ou non!) leur utilisation dans le traitement. Les approches de traitement et les questions de réceptivité seront également abordées, car il s’agit de composantes intégrales dont il faut tenir compte lors de la conception et de la mise en œuvre d’un programme de traitement fondé sur des données empiriques conçu pour réduire la récidive sexuelle. La conférence se terminera par une discussion sur les implications et la nécessité de recherches futures.

 

FRANCE CULTURE, Série documentaire LSD (2022) l’Inceste

La perception sociale et culturelle de l’inceste a évolué au fil des siècles. « Au Moyen Âge, l’inceste était considéré comme un acte consenti et non comme une violence sexuelle imposée à l’enfant. Dans la société patriarcale du XIXe siècle, on faisait peu de cas des atteintes à l’intégrité morale des enfants violentés. Le déni et la loi du silence dominaient. »

Mais comment la société n’a-t-elle pas saisi plus tôt l’impact de cette monstruosité ? Comment a-t-elle laissé faire l’inceste ?

On sait désormais qu’entre 5 et 10% des Français ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance, le plus souvent dans la sphère familiale. Pourtant, le système juridique est gravement défaillant. 70% des affaires d’inceste sont classées sans suite. De nombreuses autres aboutissent à un non-lieu. 1% seulement des auteurs d’inceste sont sanctionnés pénalement. Première cause, la lenteur des enquêtes, mais aussi la non-reconnaissance de la parole des victimes. Pourtant, il s’agit bien d’un crime. La caution du déni, l’aliénation parentale, sont des concepts qui marchent et des mécanismes qui disent aussi quelque chose de la société que l’on fait.

Aujourd’hui, la reconnaissance de cette violence incestueuse et l’affirmation de l’enfant comme sujet de droits nous feraient-elles espérer la fin de la domination et de la toute-puissance ? Va-t-on enfin être capable d’être dans la culture de la protection, d’anticiper les faits par le repérage systématique et de pouvoir recueillir la parole des victimes ? En immersion à la brigade de la famille, en pleine audition de victimes de la CIIVISE, au CHU de Montpellier, en prison ou autour d’une table familiale, les mots sont dits. Vont-ils enfin être entendus ?

Une série documentaire de Johanna Bedeau eMarie-Laure Ciboulet.

Épisode 1 : La loi du silence

 L’inceste serait un « tabou », un acte interdit qui toucherait au sacré ou à l’impur et dont la transgression, rare, serait tenue secrète, au risque de polluer la société. »

Stop !
Stop ! Crédits : mrs – Getty

La perception sociale et culturelle de l’inceste a évolué au fil des siècles. “ Au Moyen Âge, l’inceste était considéré comme un acte consenti et non comme une violence sexuelle imposée à l’enfant “. “ Dans la société patriarcale du XIXe siècle, on faisait peu de cas des atteintes à l’intégrité morale des enfants violentés. Le déni et la loi du silence dominaient “.

Mais comment la société n’a-t-elle pas saisi plus tôt l’impact de cette monstruosité ? Comment a-t-elle laissé faire ? Le philosophe Marc Crépon, explique que “notre imaginaire collectif, toutes nos institutions et depuis très, très longtemps reposent sur la croyance que la famille est un espace de protection“ et poursuit-il “c’est pour ça, que dans le cas de l’inceste, le poids du silence est plus terrible que nulle part ailleurs. Il y a un redoublement du silence parce que le piège est le suivant : non seulement la famille, cet espace-là, nous détruit, mais on se sent pris en otage de cette destruction elle-même en ne voulant pas du même coup détruire la famille“.

Aujourd’hui la reconnaissance de cette violence incestueuse et l’affirmation de l’enfant comme sujet de droits nous feraient-elles espérer la fin de la domination et de la toute-puissance ? Une toute-puissance dont témoignent les victimes : “ ce qui m’écrabouillait, c’était son pouvoir et son abus de pouvoir sur nous. Ça veut dire que lorsqu’il dépassait les bornes sexuellement, c’était de la même manière qu’il dépassait les bornes dans toutes les situations de la vie, “ et qu’analyse l’anthropologue Dorothée Dussy, “ l’inceste sert à inculquer de façon violente, mais massive et radicale les rapports de domination. “

Une plongée dans l’histoire de ce crime généalogique sous le poids du secret pour interroger la

manière dont il prospère dans les silences familiaux, les peurs des enfants et les sentiments destructeurs de culpabilité.

Un documentaire de Johanna Bedeau et Marie-Laure Ciboulet.

Épisode 2Police justice au cœur du déni

La caution du déni, l’aliénation parentale, des concepts qui fonctionnent et des mécanismes qui disent aussi quelque chose de la société que l’on fait.

On sait désormais qu’entre 5 et 10% des Français ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance, le plus souvent dans la sphère familiale. Pourtant, le système juridique est gravement défaillant. 70% des affaires d’inceste sont classées sans suite. De nombreuses autres aboutissent à un non-lieu. 1% seulement des auteurs d’inceste sont sanctionnés pénalement. Première cause, la lenteur des enquêtes comme le rappelle l’avocate Cécile De Oliveira : “ Là où la justice devrait être vraiment perfectible, c’est dans les délais de traitement de ces affaires“. Cette lenteur, comme en témoignent les victimes est une souffrance supplémentaire : “ Moi en l’occurrence, je suis mort émotionnellement. J’ai eu une anesthésie émotionnelle de 11 ans et demi, jusqu’à mes 34 ans au sortir du procès le 29 mai 2013. “

Un autre problème est la non-reconnaissance de la parole des victimes. Pourtant, il s’agit bien d’un crime, pour Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, “ la justice, actuellement, n’est pas capable ou ne veut pas protéger les petits enfants qui parlent d’inceste. “ Alors que rappelle-t-elle “ ce qui est fondamental au départ, c’est l’audition de l’enfant, parce que c’est par l’audition de l’enfant que le magistrat va décider ou non de poursuite “, par ailleurs, elle souligne l’importance de la formation des policiers : “ Il faut que les policiers, les gendarmes soient formés et je ne dis pas seulement formés, il faut qu’ils soient volontaires pour faire ça, qu’ils aient envie de le faire. “

Edouard Durand juge pour enfants et co-président de la CIIVISE, constate également un dérèglement au niveau judiciaire : “ La mise en pratique de la loi reste insuffisamment protectrice. L’immensité des classements sans suite des plaintes déposées pour des violences sexuelles faites aux enfants et le nombre extrêmement faible de condamnations montrent que les agresseurs bénéficient, quoiqu’on dise d’un système d’impunité. “

Mais pourquoi la justice française a tant de mal à croire les victimes ? Pourquoi lorsqu’une mère porte plainte, on ne la croit pas, et on la culpabilise ?

C’est l’histoire d’une mère qui est mal reçue par justice. Une très longue histoire parmi tant d’autres.

Un documentaire de Johanna Bedeau et Marie-Laure Ciboulet.

Épisode 3 : Prendre en charge les agresseurs

Quelle est la prise en charge possible pour des hommes considérés comme dangereux ?

Homme derrière une vitre de pluie
Homme derrière une vitre de pluie Crédits : Vandervelden – Getty

Au CHU de Montpellier, dans l’unité de soins Urgence et Post-Urgence Psychiatrique de l’hôpital Lapeyronie, des patients viennent en consultations spécialisées et répondent aux questions du Dr Lacambre.

Dans ce centre ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles toute l’équipe tente d’apporter des soins pour les personnes présentant des déviances ou perversions sexuelles. Linda Tromeuleue, psychologue clinicienne évoque leur profil : “ Si je reste sur une approche psychologique, ce qui est constaté, c’est un problème narcissique de très, très grande envergure chez quasiment chacun d’entre eux, ce sont des sujets souvent très égocentriques, très centrés sur eux-mêmes, rigides, qui ne critiquent pas leur manière de voir et d’appréhender les choses. “ Par ailleurs, elle ajoute que ces sujets “ ont un rapport pathologique au secret. On pourrait même dire à la vérité. Si bien d’ailleurs que lorsque nous les prenons en charge, ils se taisent. Ils dissimulent, ils minimisent, ils banalisent. “

Outre les entretiens individuels et la thérapie de groupe certains sont aidés de médicaments anti-androgènes, ou via une reprise de parole avec la famille. Ouvert depuis une dizaine d’années, le service assiste à des demandes qui ne cessent d’augmenter, en 2021, plus de 400 personnes ont été suivies. Ainsi, le Dr Mathieu Lacambre explique : “ Il s’agit de patients qui sont orientés soit par la justice ou après une condamnation pour avoir commis une infraction à caractère sexuel depuis la cyber pédopornographie jusqu’à des agressions sexuelles sur mineurs ou des viols. Et puis, on a une petite portion congrue qui est en train d’augmenter progressivement, d’année en année, de patients qui viennent spontanément. “

En France, cette clinique de la prévention, au carrefour de la psychologie et de la criminologie, est compliquée à mettre en marche, tant il existe des réticences de la société à s’occuper des agresseurs comme le confirme la psychiatre Magali Bodon “ Bien sûr qu’il faut prendre en charge les auteurs pour qu’il y ait moins de récidives, qu’il y ait moins d’actes et moins de victimes. Mais, je crois que très honnêtement, il y a quelque chose de l’ordre d’une résistance. Ça passe moins bien de s’occuper des auteurs quand même. “

Un documentaire de Johanna Bedeau et Marie-Laure Ciboulet.

Épisode 4Enfin une prise de conscience collective

On dit souvent aux victimes d’inceste « il faut parler », mais n’est-ce pas d’abord à la société et aux professionnels de l’enfance de provoquer cette parole ?

Mains devant les yeux de l'homme et de femme surpris de bouche
Mains devant les yeux de l’homme et de femme surpris de bouche Crédits : adl21 – Getty

Est-on en train de vivre un moment historique ? “ Va-t-on enfin être capable d’être dans la culture de la protection, d’anticiper les faits par le repérage systématique et de pouvoir recueillir la parole des victimes “ s’interroge Edouard Durand juge pour enfants et co-président de la CIIVISE. Va-t-on réussir à voir ce que l’on ne voulait pas voir : ces criminels incestueux qui comme le dénonce Pierre Levy Soussan expert psychiatre, “ ont réussi à s’invisibilité, ont profité de toutes les failles, y compris de l’idéologie : de l’idéologie de certains juges, de l’idéologie de certains élus. Ils ont abusé de nos points aveugles. Le tabou de la violence sexuelle parentale n’a d’égal que le totem du lien biologique. “

Dans un bureau du ministère de la santé, dans un foyer ou en pleine audition de victimes dans une ville de France, Edouard Durand et Nathalie Mathieu recueillent la parole pour mieux soigner et protéger. La société va-t-elle enfin prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles pendant l’enfance et la gravité des traumatismes éprouvés par les victimes ?

Au cœur de cette commission il y a le recueil des témoignages pour mieux protéger les victimes. Mais il y a aussi la construction d’un meilleur savoir, pour les pouvoirs publics et pour la société, pour mieux comprendre le phénomène et surtout mieux le repérer. Des enquêtes, des recherches, et un programme de prévention pour éviter que ne continue ce que constate la psychiatre Muriel Salmona : “ Tout est fait pour que les victimes ne puissent pas parler. La majorité des victimes de ces violences sexuelles sont hyper traumatisées. Avec des mécanismes de survie qui sont extrêmes, donc en état de choc traumatique continuel, “ une parole trop longtemps mise de côté comme en témoignent souvent les victimes : “ j_’ai quand même beaucoup parlé, beaucoup parlé, sans être entendu_“.

Telle sera la mission de la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants dans laquelle notre documentaire sera plongé.

Un documentaire de Johanna Bedeau et Marie-Laure Ciboulet.

Relation entre les types de déni et les objectifs de traitement recommandés par Salter (1988) pour la prise en charge des délinquants sexuels.

(Salter, A. C. (1988). Treating child sex offenders and victims. London: Sage).

Salter (1988)

Objectifs recommandés du programme de traitement

Objectifs du traitement

Reformulés en fonction du type de déni à réduire

Participation physique  

Déni du délit

 

Acceptation de la responsabilité du délit

 

Déni de l’ampleur, de la responsabilité

 

Compréhension intellectuelle de la chaîne du délit et des techniques thérapeutiques

 

Déni de la planification, de la déviance sexuelle, de la rechute potentielle.

 

Compréhension émotionnelle de l’impact du délit

 

Déni de l’impact sur la victime

 

Tentatives de changement de comportement

 

Déni de la responsabilité, de la planification, de la déviance sexuelle, du potentiel de rechute.

 

Affirmation de soi et volonté d’aider les autres membres du groupe à éviter la rechute

 

Relation entre le déni et les objectifs recommandés par Green (1995) pour un programme de traitement des délinquants sexuels

(Green, R. (1995). Comprehensive treatment planning for sex offenders. In B. K. Schwartz & H. R. Cellini (Eds.), The sexual offender: Corrections, treatment, and legal practice (pp. 10-1–10-9). Kingston, NJ: Civic Research Institute).

Green (1995)

Objectifs de prise en charge recommandés

Objectifs reformulés en termes de type de déni à réduire
1. Admettre sa culpabilité  

Déni de l’infraction, de son ampleur

 

2. Acceptation de la responsabilité  

Déni de la responsabilité

 

3. Comprendre la dynamique de l’infraction  

Déni de la planification

 

4. Identification du cycle de déviance Déni de planification, de la déviance sexuelle, du potentiel de rechute

 

5. Faire une restitution  

Déni de l’impact sur la victime

 

 

Source:

SANDRA L. SCHNEIDER; ROBERT C. WRIGHT, University of South Florida (2004) UNDERSTANDING DENIAL IN SEXUAL OFFENDERS , A Review of Cognitive and Motivational Processes to Avoid Responsibility

 

Résumé:

Le traitement des délinquants sexuels est régulièrement compliqué par la présence du déni.

Cet article examine comment le déni est lié à la volonté d’assumer la responsabilité des pensées et des actions liées au délit et comment les conceptualisations du déni se sont développées et ont évolué au fil du temps.

Les multiples facettes du déni sont décrites en détail, ainsi qu’une évaluation de la manière dont les différentes formes de déni sapent l’acceptation de la responsabilité tout au long du traitement. Des éléments probants sont présentés pour montrer que la résistance et le déni sont souvent liés à des processus cognitifs et motivationnels qui sont généralement considérés comme des objectifs fondamentaux du traitement plutôt que comme des obstacles à celui-ci. Les auteurs proposent que le déni soit mieux compris comme l’acceptation d’explications qui réduisent la responsabilité et sont renforcées par des croyances déformées et des processus de pensée autodestructeurs. L’article se termine par une discussion sur la richesse des informations cliniques contenues dans les différentes expressions du déni et sur les avantages des stratégies de traitement conçues pour les évaluer et les surmonter.

Quels étaient les idées reçues sur le viol en 1976? Quels étaient les manifestation de la « culture du viol il y 45ans?

L’archive de l’INA , un microtrottoir sur la question du viol, livre des réponses qui sont pour certaines proprement ahurissantes…

 

PROJET DE RECOMMANDATION CONCERNANT L’ÉVALUATION, LA GESTION ET LA RÉINSERTION DES PERSONNES ACCUSÉES OU RECONNUES COUPABLES D’UNE INFRACTION SEXUELLE ET SON PROJET D’EXPOSÉ DES MOTIFS

La présente Recommandation a été élaborée sur la base des travaux du Conseil de l’Europe et d’autres organisations compétentes, dont l’Union européenne, l’Organisation des Nations Unies, la Confédération européenne de la probation (CEP), EuroPris, l’Association internationale pour le traitement des délinquants sexuels (IATSO), l’Organisation nationale pour le traitement des délinquants sexuels (NOTA), les Centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS), l’antenne néerlandaise de l’Association pour le traitement des délinquants sexuels (NL-ATSA) et l’Association pour le traitement des délinquants sexuels (ATSA).

PRINCIPES FONDAMENTAUX

1. Il importe que les services pénitentiaires et de probation gèrent et s’efforcent d’assurer la réinsertion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle en fonction du risque qu’elles représentent et conformément aux normes et principes qu’ils appliquent aux autres personnes dont ils ont la charge.

2. Des mesures concrètes devraient être prises pour répondre aux besoins particuliers des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, notamment leur détention séparée pendant leur séjour en prison, si ceci est considéré comme nécessaire, et une gestion spéciale de leur cas pendant leur détention et sous probation.

3. La prévention de la délinquance sexuelle et la réponse qui lui est apportée sont plus efficaces dans un cadre interinstitutionnel, qui passe par des institutions partenaires et facilite le partage des informations, de l’expertise et des ressources, afin d’établir un projet commun de gestion des risques et de réinsertion sociale efficace.

4. Le comportement pénalement répréhensible doit être examiné dans sa globalité, en tenant compte des facteurs comportementaux, sociaux, psychologiques et sanitaires.

5. Les interventions et les traitements doivent être fondés sur des données probantes, être proportionnés et s’inscrire dans une méthode globale qui aide les individus à remédier à leurs comportements délictueux.

6. Le fait de faciliter la coopération des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle est essentiel dans tous les aspects d’une réinsertion efficace, notamment l’évaluation et la gestion des risques, ainsi que les traitements et les interventions.

7. Des projets individualisés d’exécution de la peine doivent être convenus au début de la peine, se poursuivre jusqu’au terme et devraient être régulièrement mis à jour. Lors de la rédaction et de la mise en œuvre du projet d’exécution de la peine, l’opinion et la collaboration de la personne concernée devraient être recherchées, dans la mesure du possible, afin de créer une vision commune de sa réinsertion sociale.

8. Les organismes qui gèrent les personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient collaborer, le cas échéant, avec les collectivités locales pour faciliter les méthodes de gestion des risques et la réinsertion sociale des individus.

9. Dans la mesure du possible, des dispositions doivent être prises pour éviter les interruptions de traitement ou d’interventions, particulièrement lors du passage d’une personne entre une prison et un service de probation.

10. La coopération internationale devrait être facilitée, le cas échéant, conformément aux règles de protection des données et aux accords internationaux, dans le but d’assurer la protection des citoyens et en même temps de garantir un niveau de protection approprié des données personnelles.

III. ÉVALUATION DES RISQUES ET DES BESOINS

11. L’évaluation des risques devrait avoir lieu le plus tôt possible dans le processus de justice pénale, en appliquant une procédure officielle définie et en utilisant des outils d’évaluation des risques validés, afin de permettre la définition éclairée des projets d’exécution de la peine, de gestion et ainsi que des rapports pré-sentenciels lorsque les tribunaux l’exigent.

12. Une évaluation des risques approfondie et régulièrement actualisée devrait être la condition préalable de toute prise de décision éclairée au sujet de la gestion, des interventions et du traitement des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle.

13. En cas de craintes de troubles psychiatriques, il convient d’effectuer une évaluation des risques en tenant compte des expertises, diagnostics et traitements psychiatriques éventuels.

14. Les professionnels de l’évaluation des risques doivent être impartiaux et objectifs dans leur évaluation.

IV. GESTION, INTERVENTIONS ET TRAITEMENT EN PRISON

15. L’évaluation des risques devrait être effectuée ou actualisée lors de l’admission en prison. Les détenus accusés ou reconnus coupables d’une infraction sexuelle devraient, si possible et si besoin, être placés dans un quartier d’évaluation et d’orientation distinct afin de faciliter ce processus.

16. Si l’évaluation des risques indique que les sanctions ou mesures appliquées en milieu ouvert peuvent favoriser la réadaptation et la réinsertion, il convient d’envisager, en conformité avec le droit national, la condamnation assortie de sursis ou la libération conditionnelle anticipée du détenu, qui peut s’accompagner d’un suivi et d’une obligation de se soumettre à des interventions ou de suivre un traitement.

17. Il importe que des mesures de protection soient mises à la disposition des personnes détenues accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle lorsque leur application s’avère nécessaire pour éviter qu’elles ne deviennent des victimes et pour accélérer leur motivation à changer.

18. Les personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient, dans le cadre de leur projet d’exécution de la peine, avoir accès à des interventions et/ou à un traitement visant à remédier à leur comportement délictueux, dont l’engagement positif et la réussite devrait être prise en compte dans les décisions de libération anticipée. Dans la mesure du possible, les personnes accusées d’une infraction sexuelle peuvent également accepter de bénéficier de traitements et/ou interventions appropriés pendant leur détention.

V. GESTION, INTERVENTIONS ET TRAITEMENT EN PÉRIODE DE PROBATION

19. Tout projet d’exécution de la peine doit être adapté individuellement. Il importe que les projets d’exécution de la peine tiennent systématiquement compte des restrictions qui pourraient être imposées à la personne et des services disponibles localement et qu’ils privilégient la coopération interinstitutionnelle, afin de faciliter autant que possible le respect du projet par l’intéressé.

20. Le personnel de probation qui élabore un projet individualisé d’exécution de la peine est chargé d’assurer la mise en œuvre dans son domaine de compétence et a l’obligation de rendre des comptes. Le personnel de probation devrait rencontrer les personnes sous leur assistance et/ou supervision à intervalles réguliers, conformément à leur risque et à leurs besoins.

21. Les personnes sous suivi probatoire, reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient avoir accès à des interventions et/ou à un traitement visant à remédier à leur comportement délictueux et à répondre à leurs besoins.

22. La personne sous suivi probatoire doit être informée des exigences et obligations qui la concernent pendant sa période de probation, des restrictions auxquelles elle peut être soumise, ainsi que de leur éventuelle modification ultérieure.

23. A l’issue du suivi probatoire, le projet d’exécution de la peine devrait être réexaminé, si nécessaire, concernant toute restriction en cours ou même achevé, et les dossiers conservés ou détruits de manière appropriée, conformément au droit interne.

VI. COLLECTE DES DONNÉES, PARTAGE D’INFORMATIONS ET TRAVAIL EN PARTENARIAT

24. Seules les données pertinentes devraient être traitées au sujet d’une personne accusée ou reconnue coupable d’une infraction sexuelle et tout traitement de données doit être conforme aux règles internationales et nationales pertinentes en matière de protection des données.

25. Une attention particulière devrait être accordée à la réglementation rigoureuse du traitement et du partage des données dans le cadre des enquêtes et des procédures pénales, y compris des règles spécifiques concernant la responsabilité des organisations y participant.

26. Des lignes directrices internes et un système de sanctions efficaces devrait être mis en place pour lutter contre la manipulation négligente ou l’utilisation abusive intentionnelle de ces données.

27. Les procédures de conservation et de destruction des données doivent être rigoureusement réglementées et périodiquement révisées.

28. Dans les pays où il existe des registres ou des systèmes de signalement public des personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle, l’intéressé devrait être informé intégralement de cette politique. Lorsque des informations ont été divulguées à son sujet à autrui, l’intéressé et les institutions concernées doivent en être informés.

29. Il convient de conclure des accords bilatéraux et multilatéraux d’échange d’informations à des fins de protection du public, conformément à la réglementation nationale et internationale en vigueur en matière de protection des données.

VII. VICTIMES ET SOUTIEN DE LA COLLECTIVITÉ

30. Le droit des victimes de recevoir des informations concernant la libération des personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle devrait être établi et clarifié par le droit national.

31. Le cas échéant, les services pénitentiaires et les services de probation devraient se concerter avec d’autres organismes de justice pénale ainsi qu’avec les services d’aide aux victimes et d’autres organismes, selon le cas, pour veiller à ce que les besoins des victimes soient satisfaits et pour éviter que la victimisation ne se poursuive.

32. Les interventions visant le soutien et la mobilisation de la collectivité peuvent être utilisées au besoin, mais elles doivent être approuvées par l’organisme de probation et ne remplacent pas la supervision de la probation elle-même.

33. La participation aux interventions de justice restaurative, si appropriée, devrait être facilitée en fournissant des renseignements sur la nature, la pertinence et l’accès à ces interventions.

VIII. SÉLECTION ET FORMATION DU PERSONNEL

34. Les critères de recrutement et de sélection du personnel travaillant avec des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient tenir compte des capacités personnelles et des qualifications professionnelles des candidats, afin de garantir la compétence de prise en charge de telles personnes.

35. Le personnel pénitentiaire et de probation devraient être formé afin de faciliter la réadaptation et la réinsertion sociale des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, grâce à un programme d’activités de traitement et/ou d’intervention basé sur des données probantes, des échanges professionnels et une assistance.

36. Les programmes de traitement et d’intervention mis en œuvre par le personnel pénitentiaire et de
probation spécialement formé devraient être étroitement encadrés par des professionnels qualifiés.

37. Le personnel devrait recevoir une formation appropriée et continue pour s’assurer qu’il est à jour et capable de remplir sa mission à un niveau de qualité élevé.

38. Un soutien continu et une assistance permanente devraient être fournis au personnel qui exerce ses activités auprès de personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, car il peut souffrir de traumatismes indirects et de symptômes aggravés par le stress et faire l’objet d’une stigmatisation.

IX. STRATÉGIE DE COMMUNICATION ET DE RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

39. Les politiques et pratiques liées à l’évaluation, à la gestion et à la réinsertion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient être rendues publiques et accessibles.

40. Les services pénitentiaires et les services de probation devraient disposer d’une stratégie de communication claire et désigner un membre du personnel comme porte-parole du service.

41. Aucun membre du personnel ne devrait s’entretenir avec les médias au sujet de l’évaluation, du traitement ou de la gestion d’une personne accusée ou reconnue coupable d’une infraction sexuelle sans autorisation du supérieur hiérarchique.

42. Tous les communiqués de presse à fort impact médiatique doivent faire l’objet d’une stratégie d’information médiatique claire et bien définie, élaborée au préalable et conforme aux règles de protection des données.

X. RECHERCHE, ÉVALUATION ET DÉVELOPPEMENT

43. Il importe que la recherche et l’évaluation relatives à la détermination de la peine et à la gestion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, ainsi qu’aux traitements et/ou interventions, soient soutenues et financées en vue d’évaluer régulièrement les bonnes pratiques établies.

44. La collecte de données statistiques et la réalisation d’études et d’évaluations devraient être effectuées par les services pénitentiaires et de probation, mais lorsque cela s’avère possible et approprié, cette démarche devrait se faire en partenariat avec des chercheurs externes, y compris des institutions académiques et d’autres organes qui possèdent une expertise et une expérience dans le domaine de ces recherches.

Projet de recommandation européenne AICS Février 2021

Kurt BUMBY accusé de viol sur mineur

janvier 30th, 2021 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

D’après l’article du Columbia Missourian daté du 19 décembre 2019 (lien fourni), Kurt Bumby, psychologue spécialisé dans le traitement des délinquants sexuels à Columbia (Missouri), a été inculpé pour sodomie au premier degré et attouchements sexuels sur une victime majeure. Ces accusations remontent à un incident survenu en 2018, selon les documents judiciaires.

État des suites judiciaires  :

Procédure pénale :

  • Les charges retenues (sodomie au premier degré, un crime de classe B au Missouri passible de 5 à 15 ans de prison) suggéraient une affaire grave. Cependant, aucune information publique récente (procès, condamnation ou classement de l’affaire) n’est disponible en ligne.

Cette affaire soulève des questions sur la cohérence entre l’expertise professionnelle et les comportements personnels. Si les charges étaient confirmées, cela illustrerait un cas rare mais grave de « expert-délinquant« , un phénomène étudié en criminologie.

Pour en savoir plus sur ses travaux:

Evaluation des distorsions cognitives des abuseurs sexuels d’enfants: la Molest Scale de Bumby (1996)