Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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P.V. TOURNIER (Juillet 2012) Prévention de la récidive des infractions pénales: Connaître pour agir, suite…

CENTRE D’HISTOIRE SOCIALE DU XXe siècle, UMR CNRS 8058 , Axe « politiques pénales et pénitentiaires dans les sociétés contemporaines »

40 ans de travaux sur la récidive en France, Bibliographie / 188 références

Comme je l’ai souvent expliqué, produire, annuellement, des taux de « récidive », par établissement n’a guère d’intérêt – c’est encore plus vrai pour les taux de suicide -. Reste que le rappel des sénateurs de la nécessité de disposer « des données relatives aux infractions, à l’exécution des décisions de justice en matière pénale, à la récidive et à la réitération » est tout à fait pertinent. Qu’ils rappellent que dans l’esprit du législateur ces missions sont à rattacher à l’ONDRP est tout aussi important. Ces questions seront, nous l’espérons, discutées sérieusement, dans le cadre de la conférence de consensus que Mme Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice compte organiser à l’automne prochain. Encore conviendra-t-il de ne pas ignorer les travaux qui ont pu être réalisés par le passé (voir les 188 références en annexe). (Paris, le 31 juillet 2012)

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Haute Autorité de Santé (2011): Dangerosité psychiatrique : étude et évaluation des facteurs de risque de violence hétéro-agressive chez les personnes ayant des troubles schizophréniques ou des troubles de l’humeur


RAPPORT D’ORIENTATION DE LA COMMISSION D’AUDITION (Mars 2011)

Le concept de dangerosité ou de risque de violence : données contextuelles et historiques
La dangerosité est une notion complexe qui s’est développée au XIXesiècle (Garofalo 1885) et qui a repris de la vigueur dans les années 1980, en lien avec un sentiment d’insécurité sociale, politique et juridique ressenti par un certain nombre de citoyens. Le mot « dangerosité » renvoie au caractère dangereux, le terme « dangereux » étant défini comme ce qui constitue un danger. Le danger est ce qui menace ou compromet la sûreté, l’existence de quelqu’un ou de quelque chose. La dangerosité est une perception subjective, qui connaît des évolutions en fonction des temps et des lieux au regard des exigences variables du droit pénal positif et de la protection de la société. Il convient, lorsque l’on parle de dangerosité, d’évoquer la notion de violence. En effet, la dangerosité est habituellement abordée comme risque de violence et, dans les études internationales, la dangerosité est étudiée sous l’angle des passages à l’acte violents ou des condamnations pour actes violents. La violence est l’acte par lequel s’exerce la force, qu’elle soit physique ou morale. Pour l’OMS (1), qui en donne une définition plus large, il s’agit de « l’usage délibéré ou la menace d’usage délibéré de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, un maldéveloppement ou une carence ». Il existe une grande diversité de comportements violents. La plupart des études se fondent sur des définitions opérationnelles des actes violents comme par exemple : frapper avec un objet ou une arme sur autrui, menacer avec un objet ou une arme, casser des objets, frapper dans les murs, avoir été condamné pour homicide, etc. La violence doit être différenciée de l’agression et de l’agressivité, l’agression étant une attaque contre les personnes ou les biens, attaque violente, avec altération chez la victime de l’intégrité des fonctions physiques ou mentales, et l’agressivité une « intention agressive sans acte agressif ». Lors de l’audition publique organisée par la Fédération française de psychiatrie sur l’expertise psychiatrique pénale en janvier 2007, les recommandations sur l’évaluation de la dangerosité dans l’expertise ont défini la dangerosité psychiatrique comme une « manifestation symptomatique liée à l’expression directe de la maladie mentale » et la dangerosité criminologique comme « prenant en compte l’ensemble des facteurs environnementaux et situationnels susceptibles de favoriser l’émergence du passage à l’acte » (2,3). Ces définitions de la dangerosité ne sont pas des définitions juridiques. Aborder la dangerosité psychiatrique ne peut se faire sans le regard de l’histoire, le développement de ce concept se rejouant de façon récurrente depuis deux siècles, et sans la référence au droit. Mais l’abord clinique reste primordial. Il doit mettre en perspective les situations répétées de violence pour mieux les comprendre et prendre en considération l’avis des patients et de leur entourage. La démarche se veut essentiellement clinique et fondée sur une pratique attentive aux dimensions éthiques et déontologiques. Il convient de rappeler qu’est traitée ici l’exception, car les comportements violents ne concernent comme acteurs qu’une petite minorité de personnes souffrant de troubles mentaux, et que beaucoup plus fréquemment ces dernières en sont avant tout les victimes.

http://www.has-sante.fr

si le lien est brisé: evaluation_de_la_dangerosite_psychiatrique_-_rapport_dorientation

Dr Daniel ZAGURY (2001) Place et évolution de la fonction de l’expertise psychiatrique
5ème Conférence de consensus de la Fédération Française de Psychiatrie Psychopathologies et traitements actuels des auteurs d’agressions sexuelles)

L’EXPERTISE DE PRÉ-LIBÉRATION CONDITIONNELLE
Si l’expertise psychiatrique diligentée en cours d’instruction est essentiellement rétrospective, centrée sur l’état mental au moment des faits, l’expertise de pré-libération est surtout une expertise prospective [38]: elle ambitionne d’être une évaluation longitudinale à la foi s clinique, psychodynamique et criminologique. Elle est diachronique (la saisie d’un ensemble de  processus après les faits), plus que synchronique (l’état  psychique au temps de l’infraction). On a suffisamment reproché à l’examen psychiatrique d’avoir des prétentions excessives (notamment pronostiques), à l’issue d’un examen unique, photographie à un moment donné, pour ne pas souligner cette spécificité de l’examen de prélibération, qui se rapproche ainsi de la visée de la démarche clinique en situation thérapeutique.  Sa réalisation nécessite la mise à disposition du dossier pénal et des expertises antérieures. Il faudra refuser de faire cette expertise lorsque ces documents ne sont pas transmis à l’expert, car ce défaut ampute sa mission de l’essentiel. Il ne pourrait pas évaluer le cheminement du condamné depuis le début de  l’instruction. L’analyse de l’état dangereux post délictuel repose sur la comparaison de ce qu’il est au temps de l’examen et de ce qu’il était au moment de l’infraction, en reconstruisant les étapes de son parcours. C’est dire que la qualité des premières expertises conditionne dans une large mesure la qualité de l’appréciation clinique ultérieure. L’expert s’attachera à cerner l’incidence respective des facteurs situationnels, contextuels et propres à la personnalité du sujet, qui ont facilité la commission de l’infraction. La  prépondérance du circonstanciel est souvent un élément favorable du pronostic. L’enchaînement des séquences criminelles, une fois analysé à l’aide du dossier pénal, des expertises initiales, des dires du sujet, l’expert évaluera la prise de conscience de l’intéressé : Qu’a-t-il à dire aujourd’hui de son acte, avec le recul ? A-t-il pris la mesure de la gravité des faits commis ? Invoque-t-il de façon projective ou réductrice un facteur extrinsèque ? (« C’est l’alcool… La drogue… Le chômage… Ma femme… La déprime… Le destin… ») Se maintient-il en position de victime de l’acte dont il a été l’auteur ? Entrevoitil la complexité des processus ? Comment se situe-t-il désormais par rapport aux faits commis ? Par quelles étapes est-il passé ? etc. L’expert explorera de façon systématique la position subjective du condamné à l’égard de sa victime : Regrets de façade ou processus plus authentique de culpabilité, de reconnaissance du préjudice qu’il a fait subir ? L’impact du procès, la perception de chacun de ses acteurs sera abordée. L’expert s’attachera à reconstituer les étapes des processus de défense et d’adaptation à la situation carcérale. Un certain degré « d’hibernation », d’isolement, dans la première partie d’une longue peine, avec refus de toute remise en cause n’est pas en soi inquiétante, comme le montre l’expérience des soins en prison. C’est là une attitude fréquente. (suite…)

Laurent MUCCHIELLI (2004) Les caractéristiques démographiques et sociales des meurtriers et de leurs victimes, Une enquête sur un département de la région parisienne dans les années 1990

Les homicides disent beaucoup sur les fractures des sociétés où ils se produisent. Les dossiers criminels ne contiennent pas seulement des indications sur les circonstances des meurtres; ils informent très largement sur les caractéristiques biographiques des meurtriers, même s’ils sont peu prolixes sur les victimes. À partir d’une étude exhaustive des dossiers criminels jugés dans le département français des Yvelines dans les années 1990, Laurent MUCCHIELLI montre qu’appartenant dans leur quasi totalité aux classes populaires, les meurtriers sont des hommes marqués par de lourds handicaps familiaux, scolaires et sociaux, qui dans leur majorité sont inactifs et n’ont pas de vie conjugale au moment des faits. Les victimes appartiennent aux mêmes catégories sociales mais sont, plus souvent que les meurtriers, de sexe féminin. Certaines histoires de vie, dans lesquelles les individus ont peu reçu dans le passé et n’ont rien à perdre dans le présent, poussent ainsi à accorder moins de prix à la vie des autres aussi bien qu’à la sienne.

http://www.laurent-mucchielli.org/

si le lien est brisé: Article_Population_version_francaise 

Dossier spécial « Récidive sexuelle »

Aujourd’hui encore, persiste un discours assimilant des délinquants sexuels aux figures du «prédateur sexuel» et du «serial killer». Cependant les travaux sur lesquels reposent ces représentations portaient sur un petit nombre de cas extrêmes et extraordinaires: le contraire de la représentativité. Les recherches sur lesquelles s’appuient les articles publiés dans le présent dossier sont d’une toute autre facture; elles visent la rigueur, l’exactitude et la représentativité. C’est animé par ces soucis que Jean Proulx a décidé de lancer au cours des années 1990 une vaste enquête ayant pour but d’étudier systématiquement et le plus complètement possible un échantillon de délinquants sexuels réunis avec le plus grand soin. Ainsi, entre 1995 et 2000, tous les détenus ayant commis une agression sexuelle entrant dans un pénitencier du Québec furent invités à participer à la recherche. Pas moins de 593 individus condamnés à une peine de plus de deux ans d’incarcération acceptèrent. Quelques années plus tard, en 2006-7, Jean Proulx et son équipe relancent les sujets de l’échantillon initial dans le but d’étudier leur récidive et l’éventuel effet du traitement. Sensiblement à la même époque, Karl Hanson entreprenait une série d’études sur la prédiction de la récidive sexuelle à partir de gros échantillons de détenus canadiens et en réalisant des méta-analyses des recherches réalisées dans plusieurs autres pays. Pour informer les lecteurs de la Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique des résultats de ces travaux, nous avons réuni dans ce dossier spécial cinq articles qui répondent à autant de questions.
La première question visait à savoir si les traitements offerts en milieu carcéral aux agresseurs sexuels faisaient baisser leur probabilité de récidive. Plus précisément, Anouck Marchand et Jean Proulx se sont demandés si les agresseurs sexuels qui reconnaissent leurs délits, qui connaissent les stratégies de prévention de la récidive et collaborent au traitement, récidivent moins que les autres. La réponse mise de l’avant est à la fois nuancée et surprenante. La deuxième question est la suivante: Comment les agresseurs sexuels ayant retrouvé la liberté après une incarcération expliquent-ils, pour les uns, pourquoi ils ont récidivé et, pour les autres, pourquoi ils n’ont pas récidivé? C’est dans les discours des premiers intéressés que Catherine Rossi, Maurice Cusson et Jean Proulx ont été chercher la réponse. Le lecteur constatera que les délinquants sexuels interrogés fournissent une version inédite de leur cheminement et de leurs efforts pour éviter de retourner sous les verrous. Ces mêmes sujets n’avaient pas seulement évoqué les raisons pour lesquelles ils avaient, ou non, récidivé, en outre, ils ne s’étaient pas gênés pour dire ce qu’ils pensaient des traitements reçus au pénitencier. L’analyse de leurs propos conduit Rossi, Cusson et Proulx à répondre à une troisième question: Les délinquants sexuels pensent-ils qu’ils ont cessé d’agresser sexuellement à cause du traitement ou pour d’autres raisons ?

http://www.polymedia.ch/htdocs/Files/Criminologie/CR-archives/RICPTS_2009-04.pdf

SENON; LOPEZ; CARIO (2008) Psychocriminologie, Clinique, prise en charge, expertise (Dunod)

Le « must have » pour découvrir les différents aspects de la psychocriminologie! (nouvelle édition 2012)

La psychocriminologie s’intéresse à la fois aux auteurs et aux victimes d’infractions pénales. Éclairer la pratique clinique, aider au positionnement des professionnels, répondre aux questions de l’expertise psychiatrique pénale et de l’examen médico-psychologique pénal des auteurs et victimes, tels sont les objectifs de cet ouvrage. Introduction générale Statistiques criminelles et victimologiques, présentation du modèle théorique psychodynamique avec les auteurs, problèmes d’interprétation clinique… Agressologie Dangerosité, clinique du passage à l’acte, comportements déviants, clinique des auteurs de violences sexuelles, adolescents difficiles, responsabilité pénale, examen médico-psychologique, violence des malades mentaux, outils d’évaluation, facteurs criminogènes, injonction de soin… Victimologie Évolution de la pensée victimologique, définition de la victime, instruments internationaux, mouvements associants, dispositif de protection de l’enfance, droits des victimes, réparation des préjudices, accompagnement social, expertise médico-psychologique, justice restaurative… Ce livre, le premier du genre, s’adresse à tous les professionnels confrontés aux auteurs et victimes d’infractions pénales : soignants, psychiatres, psychologues, infirmiers, magistrats, avocats, experts judiciaires, travailleurs sociaux, médecins légistes…

Consultable sur http://nouvellebibliotheque.com/

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Actes de la Conférence nord-américaine de psychologie de la justice pénale et criminelle 2007

TABLE DES MATIÈRES

Section A : Enjeux de la psychologies de la justice pénale et criminelle
Problèmes systémiques et résultats correctionnels : Élargir le champ de la psychologie correctionnelle (C.B. Clements, R. Althouse, R.J. Ax, P.R. Magaletta, T.J. Fagan, & J. S. Wormith)
Élargissement du champ d’application du modèle d’évaluation et de traitement correctionnel fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (RBR) (D.A. Andrews)
Lignes directrices structurées pour l’évaluation de la qualité des études (L. Helmus)
Conflit sexuel et coercition (V. Quinsey)
Section B : Évaluation du risque
Le point sur l’évaluation du risque de violence : Le jugement clinique a-t-il un rôle à jouer? (M. Rice)
Comparaisons entre les sexes fondées sur le Questionnaire d’autoévaluation (QAE) : Un instrument d’évaluation du risque de récidive violente et non violente)
Évaluation de la validité prédictive de l’outil Youth Level of Service/Case Management Inventory (K. Bechtel, C.T. Lowenkamp, & E. Latessa)
Prévision de la récidive chez les délinquants adultes : Étude prospective en quatre phases (S.L. Brown & E. Zamble)
Conversion de l’échelle d’évaluation des besoins des délinquants sexuels en instrument d’autoévaluation (SONAR-SR) (M. Chajewski & K.A. Markus)
Section C : Interventions )
Risque, besoins et réceptivité : méthode heuristique d’évaluation de la qualité des interventions auprès des délinquants (G. Bourgon, R.K. Hanson, & J. Bonta)
Le traitement empire-t-il l’état des psychopathes? Examen méta-analytique (C.L. Tanasichuk & J.S. Wormith)
Méta-analyse éclairée du point de vue de la psychologie des études sur les résultats des traitements donnés aux délinquants sexuels (R.K. Hanson & G. Bourgon)
Le programme d’auto-modification du comportement cognitif du Vermont : argument en faveur d’une classification adaptée aux risques (C.M. Sadler & T.A. Powell)
Prédiction du décrochage des programmes intensifs de traitements des délinquants violents au canada (R. Gobeil & R. Serin)

NACCJPC20Proceedings_Fr_Feb20081.pdf